Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00 Pour présenter James Cameron, il suffit de dire Titanic, Terminator, Alien, Avatar.
00:07 Il fallait ouvrir en très grand les portes de la cinémathèque française pour célébrer
00:11 comme il se doit le maître incontesté du cinéma de science-fiction, celui qui trust
00:16 les sommets du box-office depuis 40 ans, le cinéaste qui sait mieux que personne allier
00:20 art et divertissement.
00:22 L'art de James Cameron, c'est le titre de l'exposition "Événements" qui vient d'ouvrir
00:26 à la cinémathèque.
00:27 Vous avez jusqu'à janvier 2025 pour découvrir des centaines de dessins, de maquettes, de
00:32 peintures, tout ce qui a germé dans la tête de James Cameron, son monde intérieur qui
00:37 a cheminé jusque sur le grand écran.
00:39 Monsieur Cameron, quelle a été votre première impression quand vous avez découvert l'exposition
00:44 il y a deux jours ?
00:45 Quand je suis entré, j'ai d'abord été saisi par le travail énorme de scénographie
00:51 effectuée, car tout avait été enfoui dans des boîtes pendant des années.
00:54 Je ne pensais pas que cela avait une valeur particulière, car ce n'était pas destiné
00:59 à être montré.
01:00 Tous les dessins que j'ai faits pour Terminator, Alien ou Abyss, c'était des documents de
01:06 travail pour parvenir à un résultat final, qui était le film lui-même.
01:10 Et en fait, j'ai pratiquement tout jeté.
01:13 Mais le fait de voir qu'il y avait un ensemble d'œuvres et qu'il y avait une cohérence
01:19 dans la progression des idées à travers les années et même les décennies, ça m'a
01:24 impressionné.
01:25 C'est presque comme une autobiographie sous l'angle de la création.
01:28 Et ça montre bien l'importance du dessin dans votre travail.
01:33 Tout part du dessin, n'est-ce pas ?
01:35 C'est exact.
01:36 Et vos camarades de classe se souviennent que vous étiez toujours en train de dessiner
01:41 des choses, soit dans les airs ou bien dans les profondeurs.
01:44 Oui, sous l'eau.
01:46 J'ai passé beaucoup de temps à dessiner des élèves dans ma salle de classe.
01:50 Par exemple, le dos d'une fille, la façon dont sa chevelure retombait, ou bien un garçon
01:54 assis sous un arbre, avec la position de ses mains sur ses genoux.
01:57 Et parfois, je dessinais mes propres mains.
02:00 En fait, l'élément humain a toujours été très important à mes yeux.
02:05 Et les visages, bien sûr.
02:06 Aimer les visages, aimer les personnages, c'était très important.
02:10 Je pense que l'imagination est essentielle, tout ce que vous pouvez imaginer de plus fou.
02:16 Mais il ne faut pas non plus manquer ce qui est au plus près, ce qui est le plus immédiat.
02:20 Je pense que ce qu'il faut en retenir, c'est que dans mon cinéma, qui est certes fantastique,
02:26 fantasmagorique, je suis en fait toujours en connexion avec les acteurs, avec les personnages.
02:32 À côté de nous, il y a ce Terminator.
02:38 Pouvez-vous nous parler de sa fabrication ? Comment est-il né ? Comment l'avez-vous
02:43 fait vivre à l'écran ?
02:44 Ce Terminator que vous voyez ici est ce que l'on appelle l'endosquelette.
02:50 Cette machine qui était à l'intérieur d'un homme est venue d'un rêve.
02:53 Une nuit où j'avais beaucoup de fièvre, car j'étais malade, j'étais à Rome et
02:57 j'étais fauché.
02:58 Je n'avais littéralement plus un souffle.
03:01 J'essayais de survivre.
03:02 Vous savez, parfois, ils mettent des petits pains sur des assiettes devant chaque chambre
03:07 d'une pension.
03:08 Je volais les petits pains pour survivre.
03:10 Et j'ai fait ce rêve et j'ai commencé à le dessiner, à dessiner ce que j'avais
03:16 vu.
03:17 C'est un peu comme un subconscient qui me racontait une histoire.
03:18 Puis j'ai trouvé de bons techniciens, des gens que je n'avais pas rencontrés auparavant,
03:24 et nous avons fait du stop motion, image après image, pour le faire vivre, car nous n'avions
03:28 pas d'effet numérique.
03:29 En 1984, il n'y avait pas d'effet numérique.
03:33 Vous savez, Monsieur Cameron, vous êtes d'une certaine manière un visionnaire, et
03:44 c'est absolument évident quand on visite cette exposition.
03:47 Merci.
03:48 Il y a 40 ans, vous nous avez averti des dangers de l'utilisation de l'IA à des fins militaires.
03:53 Alors pouvez-vous nous dire ce qui va se passer ces 40 prochaines années ?
03:56 Je ne prétends pas être un prophète.
04:01 Cela peut prendre tellement de chemins différents.
04:03 Mais le grand danger, évidemment, est la militarisation d'une IA qui serait plus intelligente que
04:09 nous le sommes.
04:10 Plus nous faisons confiance à la machine pour nous protéger de la machine, des esprits
04:15 de nos adversaires ou de n'importe quel concurrent à l'échelle mondiale, plus nous trouverons
04:20 la justification pour les rendre plus performantes, plus rapides ou encore plus intelligentes.
04:24 Et cela deviendra une course à l'armement, et nous deviendrons obsolètes dans cette
04:28 course, ou inutiles.
04:30 Je ne suis pas sûr d'être rassuré.
04:34 Ce n'est pas mon job de rassurer les gens.
04:37 En tant que raconteur d'histoire, de science-fiction, mon job, c'est de les effrayer.
04:42 Et vous réussissez parfaitement, croyez-moi.
04:45 On parlait de Terminator, le boss, donc Schwarzenegger.
04:50 Mais dans tous vos films, il y a des personnages féminins très forts.
04:53 D'où vient cette inspiration ?
04:56 Je pense que la première interprétation peut venir de ma mère, car c'est le premier
05:03 exemple avec lequel j'ai grandi.
05:04 Elle a essayé d'être aussi forte que possible si l'on tient compte des pressions sociales
05:09 de l'époque.
05:10 Elle était infirmière, elle a rejoint la réserve de l'armée canadienne.
05:14 Elle est revenue un jour avec un uniforme et un fusil.
05:16 J'ai trouvé ça plutôt cool.
05:18 Mon père, pas du tout.
05:20 Il incarnait plutôt l'image de l'homme, très autoritaire, qu'on avait à cette époque-là.
05:24 Donc oui, c'est venu de là.
05:29 Mais c'est aussi ce à quoi j'étais plus sensible dans les films que je voyais.
05:33 Les hommes forts, c'était en milieu.
05:36 Bon, ok, à l'époque des Grecs et des Romains.
05:39 Mais là, encore un homme fort, quelle surprise !
05:41 En parlant de personnages féminins forts et de dessin, j'ai découvert dans cette exposition
05:49 que c'est vous qui dessinez Rose dans cette scène du Titanic.
05:52 Vous savez, Rose nue, quand tout le monde croit que c'est M. DiCaprio.
05:56 Leonardo était un très bon acteur, mais un piètre dessinateur.
06:02 Oui, c'est moi qui ai dessiné cela.
06:04 Kate a fait des séances photos, on a essayé différentes positions des mains.
06:08 Je voulais que le visage et les mains soient en harmonie.
06:11 Et je voulais qu'on la regarde à travers les yeux de Jack.
06:14 Bien sûr, elle est magnifique, elle est voluptueuse, elle est nue, il y a de la vulnérabilité.
06:19 Mais je voulais que le dessin soit centré sur elle, en tant que personne.
06:23 Donc Kate et moi-même avons trouvé une pose qui nous convenait.
06:27 Et d'ailleurs, elle a posé en bikini, car on n'était pas si intimes.
06:31 Je ne veux pas le savoir, je ne demande rien.
06:33 Donc j'ai dû faire appel à mon imagination.
06:35 Et quand j'ai voulu lui montrer le dessin, j'ai eu Kate au téléphone.
06:38 Et je lui ai dit que j'avais fait appel à mon imagination à certains endroits.
06:41 Elle a répondu "Ce ne sont que des tétons".
06:43 Ok, donc j'ai juste dessiné des tétons.
06:46 De Piranha à Avatar, sans parler de Havis bien sûr, ou de Titanic, vous semblez être obsédé par l'eau.
06:55 Je sais exactement d'où ça vient.
06:58 J'ai grandi avec un régime strict de science-fiction et de fantastique.
07:02 Dans les films, dans les livres de science-fiction, il y avait toujours des histoires d'autres planètes, d'autres mondes.
07:07 Et puis Jacques Cousteau est arrivé et il a amené un monde totalement étranger, d'une manière inédite.
07:15 Il y avait des merveilles ici même sur notre planète.
07:18 Donc je me suis dit "Je peux faire ça".
07:23 Je ne serais sans doute pas un astronaute.
07:24 Je n'irais peut-être jamais dans une autre galaxie, mais je peux faire de la plongée.
07:28 Et j'ai appris à plonger, même si j'habitais à 600 km de l'océan.
07:32 J'ai appris à faire de la plongée sous-marine et un monde s'est ouvert à moi.
07:35 Et ça a été un coup de foudre.
07:39 Vous manifestez votre inquiétude au sujet de l'océan.
07:43 Oui, tout à fait, bien sûr.
07:45 À travers votre oeuvre et au sujet du réchauffement climatique.
07:48 Pensez-vous que les films peuvent avoir un impact et changer la façon de penser des gens ?
07:53 Je pense que c'est comme former un chœur avec des voix qui viennent de partout et qui
07:57 vous disent qu'il faut changer quelque chose, qu'il faut faire quelque chose.
08:02 Car nous devons changer notre façon de consommer, de vivre, bien des choses que les gens ne
08:06 sont pas disposés à faire.
08:08 Un seul film n'y arrivera pas.
08:10 Deux ou trois avatars n'y arriveront pas.
08:12 Il y en aura cinq.
08:14 Ok, il y en aura cinq.
08:16 Mais tout s'additionne dans notre zeitgeist, dans notre perception de l'époque.
08:21 Ce qui m'a le plus inquiété pour Avatar, c'est qu'il pourrait être rejeté, parce
08:26 que connoté comme un film environnemental.
08:28 Jusque-là, il n'y avait pas d'exemple de film environnementaux à succès.
08:32 Et les gens ont tendance à l'oublier.
08:34 Oui, bien sûr, il y avait de la 3D et plein d'autres choses.
08:37 Mais c'est un film dans lequel on lit à livre ouvert, qui est très clair sur ce qu'il
08:41 veut dire.
08:42 Nous avons eu peur qu'il soit rejeté.
08:43 Mais ça n'a pas été le cas.
08:46 Il a été pleinement accueilli.
08:47 Et à ce jour, ça reste le plus grand succès de l'histoire du cinéma.
08:51 Donc ça me permet d'être optimiste.
08:52 Les gens savent au plus profond d'eux-mêmes ce qui est important et ce qu'il faut faire.
08:56 On ne l'a pas encore fait, mais je crois que nous allons y arriver.
08:59 Donc c'est encourageant, vous voyez.
09:01 C'est positif.
09:02 Oui, oui, tout à fait.
09:03 Vous avez réalisé à ce jour 11 longs métrages.
09:09 Lequel est votre petit préféré ?
09:13 C'est comme demander lequel de mes cinq enfants j'aime le plus.
09:18 Je pense que c'est Titanic, parce que les gens avaient parié contre nous.
09:23 Et j'ai l'impression qu'avec l'équipe de création, nous avons dû faire face à
09:28 un immense défi.
09:29 Face à notre propre doute.
09:32 Et j'espère que je n'aurai plus jamais à vivre cela encore.
09:36 Mais nous avons réussi.
09:38 Je crois que c'est une bonne leçon pour tout jeune réalisateur.
09:42 Les gens vont douter de vous.
09:45 Et vous ne devez pas douter de vous.
09:47 Vous pouvez avoir tort, mais ne doutez pas de vous, parce que n'importe qui d'autre
09:52 le fera pour vous.
09:53 Merci beaucoup.
09:54 Ce fut un plaisir.