Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Hubert de Boiredon, bienvenue dans Patron en question.
00:03Bonjour.
00:04Je suis heureuse de vous souhaiter un bon anniversaire parce que vous avez juste 100 ans.
00:08101 ans exactement.
00:11101 ans, et vous êtes donc patron d'Armor Group,
00:16ce qui m'impressionne beaucoup parce que c'est un vrai groupe avec plusieurs types d'entreprises.
00:21Tout à fait. En fait, Armor, si vous voulez, c'est une histoire d'innovation.
00:25On a été le leader du papier carbone.
00:28Oui.
00:29Des rubans de machinées à écrire, des rouleaux de fax, des cartouches d'encre, des cartouches laser.
00:34Et maintenant, on est devenu le leader mondial des consommables qui impriment les étiquettes code-barres
00:39et tout ce qui est information variable sur emballage.
00:4150 % des étiquettes code-barres sont imprimées par un consommable fabriqué en France
00:46par notre ETI, Armor Group, à Nantes.
00:49Et puis en ce moment, également, on innove.
00:51On est en train de monter une usine qui va fabriquer des composants
00:55qui vont améliorer la performance des batteries lithium-ion de 20 %.
00:59D'ailleurs, on fournit Blue Solutions.
01:01On va fournir l'ensemble des mégas et des gigafactories européennes.
01:05Donc, on s'inscrit aussi dans une dynamique de transition énergétique
01:08en appliquant notre technologie vers ce que sont les enjeux les plus marquants de la société aujourd'hui.
01:13Alors, c'était une de mes questions parce que, a priori, vous êtes pollueur.
01:17En fait, on est également un pionnier de l'économie circulaire.
01:20Par exemple, les cartouches d'impression laser que toutes les entreprises utilisent,
01:27nous allons les collecter dans les lieux publics, dans les entreprises,
01:32et nous les remettons complètement à neuf.
01:34Dans les lieux publics ?
01:35Dans les lieux publics, toutes les collectivités publiques, les ministères, etc.
01:39Et nous les collectons, nous les remettons complètement à neuf
01:43pour préserver.
01:44Une cartouche laser, c'est un kilo de matière.
01:46Bien sûr.
01:47Et en fait, nous sommes l'entreprise qui propose des solutions alternatives d'impression.
01:52On est les seuls, pratiquement, en fait, pour préserver la matière.
01:56Un kilo de matière par cartouche.
01:57Et on a tout un process pour ça parce qu'on croit que, finalement,
02:01la conviction, c'est que l'endroit où il y a le plus de matière première,
02:04c'est finalement dans l'existant.
02:06C'est dans les produits qui existent.
02:07Ce n'est pas la peine d'aller épuiser la terre de ses ressources
02:11alors qu'en fait, il y a énormément de matière à recycler,
02:14remanufacturer dans le monde.
02:16Pendant le Covid, si on n'avait pas continué de fonctionner,
02:19il n'y aurait plus de biens alimentaires et de biens pharmaceutiques
02:21pour les consommateurs parce que sans code barre,
02:25pas de traçabilité, pas de fourniture de produits.
02:27Ensuite, les batteries, c'est essentiel pour la transition énergétique.
02:31On a innové dans l'industrie solaire.
02:33Vous importez le lithium, par exemple, il vient d'où ?
02:36Alors, nous, on fournit un composant de la batterie.
02:39Donc, on ne traite pas de lithium, mais par contre,
02:41on va fournir les gigafactories qui elles-mêmes fabriquent.
02:44Vous arrivez à fabriquer en France ?
02:46On fabrique pratiquement tout en France, nos usines.
02:49C'est pour ça que je suis un fervent défenseur des ETI,
02:54parce que je pense que c'est une taille extraordinaire,
02:56de la souveraineté nationale et de la réindustrialisation de la France.
03:00Je pense que sous les entreprises de notre taille, on est 2500,
03:03c'est la taille idéale pour avoir suffisamment de poids
03:06pour investir en France.
03:08On exporte 85 % de notre production et en même temps,
03:12on crée des emplois en France.
03:14Est-ce que vous êtes écouté ?
03:15Là, quand on vous entend, c'est un bonheur.
03:17Mais est-ce que vous êtes écouté ?
03:18Parce qu'on a l'impression que les freins sont permanents.
03:21Par exemple, construire une usine, on sait que c'est un enfer
03:25pour le foncier, pour le reste, les autorisations, la méfiance.
03:29Il y a une espèce de méfiance et une tendance.
03:33Qu'est-ce que vous faites pour lutter contre ça ?
03:35Une tendance à la décroissance.
03:38Je pense qu'il faut s'engager dans une croissance d'une autre nature.
03:42Par exemple, l'économie circulaire.
03:44En fait, on croit en l'ingénieur du chiffre d'affaires
03:46sans pour autant consommer plus de matières.
03:49Je crois que ça, c'est l'avenir.
03:51En même temps, est-ce qu'on est assez écouté ?
03:53Je pense qu'il y a un vrai sujet, c'est le sujet des ETI
03:56par rapport aux petites, aux PME et par rapport aux grands groupes.
03:58En fait, il y a plein de domaines dans lesquels les ETI sont moins encouragés
04:02que les grands groupes, les ETI.
04:04Par exemple, on innove dans une nouvelle usine pour les batteries.
04:07On reçoit à peine 10 % d'appui de l'État,
04:10là où les PME et les grands groupes reçoivent 25 à 30 % de soutien.
04:14Donc, il y a un vrai problème, Patrick Martin du Medef en est informé.
04:18Oui, en fait, on est un peu en sandwich entre deux.
04:21Et alors que, si vous voulez, les ETI, c'est 5 % des entreprises,
04:24c'est 25 % des créations d'emplois.
04:26Et puis, si c'est pour dépasser le stade de la petite entreprise,
04:29c'est formidable, parce que c'est le potentiel.
04:31Et puis, c'est les ETI qui vont stimuler la croissance
04:34et la réindustrialisation de la France.
04:36En fait, en proportion, les ETI investissent beaucoup plus en France
04:39que les grands groupes qui vont investir beaucoup plus en dehors de France.
04:43Donc, mon message, c'est qu'il faut favoriser les ETI.
04:46Une entreprise comme Arbor Group, c'est un exemple typique d'entreprise
04:49qui correspond exactement à ce dont la France a besoin.
04:51Et sur l'emploi, sur les jeunes,
04:53est-ce que les jeunes sont attirés par votre métier ?
04:55Alors oui, parce que nos métiers ont du sens.
04:58On emploie 100 alternants sur 750 personnes qu'on emploie à Nantes.
05:03Donc, comme vous le voulez, on est très engagé pour la jeunesse.
05:05Pourquoi ? Est-ce que vous ne les trouvez pas « tout faits »
05:08ou par goût de les former ?
05:10Je crois que c'est vraiment par souci d'ouvrir une porte aux jeunes
05:14qui en ont besoin.
05:15Je viens d'écrire un livre qui s'appelle
05:17« Déserter ou s'engager, l'être aux jeunes qui veulent changer le monde ».
05:20Et en fait, qu'est-ce qui se passe ?
05:22C'est que les jeunes aujourd'hui sont angoissés par le chaos climatique,
05:25par l'éco-anxiété, avec la tentation de dire,
05:27en fait, l'entreprise…
05:29Ils ont les angoisses en permanence.
05:31Oui, en fait, il y a une angoisse qui est là.
05:33Et beaucoup se disent, en fait, l'entreprise,
05:36ce n'est plus un lieu pour s'engager,
05:37parce qu'en fait, l'entreprise pollue,
05:39l'entreprise, c'est de la croissance négative, etc.
05:41Or, je crois, et c'est ma conviction,
05:43que l'entreprise peut être un lieu extraordinaire
05:45de transformation de la société,
05:47pour inventer des solutions nouvelles
05:49qui combinent industrie et écologie, par exemple.
05:52Et c'est ce qu'on essaye de faire.
05:53Il faut absolument les soutenir.
05:55Faire exactement l'inverse de ce qu'on a fait
05:57sur le photovoltaïque.
05:58On a complètement délaissé
05:59et on se retrouve dépendant à 100% des Chinois.
06:01Par exemple, sur les composants pour batterie,
06:03c'est le moment de vraiment nous soutenir à 100%.
06:05Qui on a en concurrent en face ?
06:07On a des Américains qui reçoivent 40% de subventions.
06:10Il faut prendre la mesure.
06:11Formidable.
06:12On va essayer d'y arriver sans subventions
06:13parce qu'on n'en a plus les moyens.
06:14Voilà.
06:15Il faut encourager l'industrie
06:17tourner vers l'écologie.
06:18Eh bien, écoutez, je vous remercie infiniment.
06:20On va retenir ça.
06:21Et on est très satisfaits de voir
06:23que vous associez des jeunes à tout ça.
06:25Merci beaucoup.
06:26Merci beaucoup.
06:27Au revoir.