• il y a 8 mois
En ce début d'année, Mazars et FPF ont publié un baromètre sur les grandes tendances du crowdfunding en France. Un indicateur qui revient sur le contexte économique compliqué, les projets en vogue et la place de l'investissement responsable. Florence de Maupeou, directrice de Finance Participative France, et Bertrand Desportes, associé de Mazars, reviennent sur les performances de ce mécanisme d'investissement.

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00:00Et on se retrouve dans Enjeu Patrimoine, aujourd'hui on va parler du baromètre de
00:08Mazars et FPF sur les grandes tendances du crowdfunding cette année, c'est la cinquième
00:15année consécutive que ce baromètre de référence du financement participatif est publié.
00:20On va donc se demander ensemble si le crowdfunding est toujours un succès et quelles sont les
00:26grandes tendances qui se dégagent cette année dans un contexte économique un petit peu
00:30compliqué.
00:31Pour en parler, je suis ravie d'accueillir Florence de Maupoux, directrice de Finances
00:36Participatives France.
00:37Bonjour.
00:38Bonjour Pauline.
00:39Et Bertrand Deporte, associé chez Mazars.
00:41Bonjour.
00:42Bonjour Pauline.
00:43Alors commençons tout de suite peut-être avec les chiffres clés du rapport.
00:46Bertrand Deporte, que peut-on dire sur la collecte cette année, quelles sont les grandes
00:50tendances qui se dégagent ?
00:51Alors 2023 a été une année pleine de contrastes pour le crowdfunding qui enregistre pour la
00:55première fois dans l'histoire une baisse de moins 11,3%.
00:59Et pour analyser cette baisse, il faut regarder les différentes tendances sectorielles.
01:04La première d'entre elles, de manière assez marquante, c'est l'immobilier qui a enregistré
01:09un repli de moins 28%.
01:11Tout le secteur a souffert, on va y revenir, du promoteur immobilier en passant par le
01:16marchand de biens jusqu'à l'agent immobilier.
01:17Le crowdfunding n'échappe pas à cette réalité et a enregistré un véritable repli.
01:22Mais dans le même temps, il y a des dynamiques positives et la première d'entre elles je
01:26dirais que c'est l'ENR, le financement de la transition énergétique, les développeurs
01:30d'énergies renouvelables, que ce soit en photovoltaïque, en éolien, en biogaz ou
01:34encore en hydroélectricité, ont un financement qui a été positif cette année, plus 12%.
01:40Et une dernière thématique sectorielle, au titre de l'innovation, l'innovation a vraiment
01:45bien marché cette année, plus 78%.
01:47Ce qui nous amène finalement à une photographie je dirais d'ensemble qui est très contrastée,
01:52et ce qui nous permet d'échapper peut-être aux commentaires monolithiques de la baisse
01:55de l'immobilier.
01:56Finalement le crowdfunding a été très varié cette année et on va pouvoir en revenir dessus.
02:02Je dirais encore d'un mot, il y a les projets, le nombre de projets, on a plus de 150 000
02:06projets cette année, 157 000, et ça c'est particulièrement frappant.
02:10Ce qui veut dire que le crowdfunding s'inscrit bien dans les circuits de financement de l'économie
02:14et par ailleurs, et en adéquation avec les aspirations des Français, un financement
02:19de proximité, de la transparence, de l'impact.
02:22Évidemment pour 150 000 projets face à 2 milliards, ce n'est pas que des gros projets,
02:26ce sont des projets qui sont souvent de petite taille, liés à l'artisanat, au micro-entrepreneuriat,
02:31à la solidarité, mais ce sont des projets à impact, qui ont de l'impact là où ils
02:34ont lieu.
02:35Et ça c'est important, j'en ai terminé pour ce panorama d'ensemble, mais je pense
02:38qu'on va pouvoir rentrer dans le détail dans un instant avec Florence de Maupou notamment
02:43sur la collecte immobilier, mais juste avant, j'aimerais qu'on fasse un point très rapide
02:47sur les différentes manières d'investir.
02:50Donc il y a le financement participatif en dons, en prêts et en investissement, en deux
02:56ou trois mots.
02:57Est-ce qu'on peut revenir Bertrand Deporte sur ces trois modes de financement ?
03:00Il y a trois verticales dans le crowdfunding, vous les avez rappelés.
03:03Il n'y a pas de logique d'épargne, vous êtes vraiment sur une logique de don avec
03:09ou sans contrepartie.
03:10Éventuellement il y a une contrepartie quand vous financez par exemple des projets artistiques
03:13et là, dans ce cas-là, vous pouvez avoir un autographe, une place dédicacée etc.
03:18Le prêt, il y a le prêt classique et le prêt sous forme obligataire qui concerne
03:23tous les secteurs d'activité et qui est, je dirais, prépondérant dans le crowdfunding
03:27puisque cette année, sur les 2,1 milliards évoqués, c'était 1,7 milliards au titre
03:31du prêt.
03:32Là où le don évoqué juste avant, c'était plutôt 160 millions.
03:35Et enfin il y a l'investissement, là on est vraiment dans le capital des entreprises
03:38donc on prend un risque capitalistique puisqu'on devient co-actionnaire de l'entreprise financée
03:44et ça a représenté 267 millions sur l'année 2023.
03:47Je vous propose qu'on rentre dans le vif du sujet du baromètre.
03:54Florence de Maupou, on a eu le portrait avec Bertrand Deporte sur une collecte de l'immobilier
04:01un petit peu en recul.
04:02L'immobilier, c'est la locomotive du financement participatif.
04:06Comment on explique ce recul, Florence ?
04:10Oui, alors en effet, comme vous le dites, depuis quelques années, l'immobilier est
04:14vraiment prépondérant dans le secteur du financement participatif et comme l'a mentionné
04:21Bertrand, il y a eu un recul en 2023 de la collecte puisqu'on a eu une collecte de 1,1
04:26milliard d'euros pour le secteur de l'immobilier versus 1,6 milliards en 2022.
04:31Donc une baisse de la collecte de 28% sur l'année 2023 qui s'explique de manière assez
04:39naturelle, par effet de récocher, parce que le secteur de l'immobilier a connu une année
04:44difficile avec une forte hausse et une hausse très soudaine des taux d'intérêt qui a
04:50entraîné pour les ménages français des difficultés à acquérir un bien immobilier.
04:58Donc il y a eu beaucoup moins de vente de biens immobiliers de la part des promoteurs
05:02ou marchands de biens et ce qui explique du coup des projets qui sont plus compliqués
05:06à vendre ou alors sur lesquels la marge est beaucoup plus faible.
05:10Donc les acteurs du secteur de l'immobilier vont attendre pour vendre le bien immobilier
05:16pour ne pas trop rogner sur la marge initiale qui était prévue, ce qui fait que ce contexte
05:24difficile du secteur de l'immobilier a affecté le crowdfunding, les plateformes qui intermédient
05:30des projets immobiliers et on a vu aussi les tendances ces derniers mois, ces dernières
05:35années.
05:36C'est aussi un repli des plateformes plutôt vers des marchands de biens que de la promotion
05:41immobilière.
05:42Donc ça, on est plutôt sur 60% de marchands de biens versus 30% de promotion immobilière
05:53et puis après on a un peu d'aménageurs fonciers ou d'immobiliers fractionnés aussi.
05:57Mais voilà, c'est un peu ce qui se dessine sur le secteur de l'immobilier, c'est ça,
06:02c'est une baisse de la collecte pour la première année.
06:06Et à contrario, on a eu une hausse de la collecte sur ce que vous disiez, Bertrand
06:10Desportes, sur les énergies renouvelables.
06:12Comment on explique cette hausse sur les ENR, Bertrand ?
06:17Alors c'est vraiment une thématique dans l'air du temps, puis par ailleurs, il faut
06:21voir que les développeurs d'énergies renouvelables, encore une fois sur le biogaz, le photovoltaïque,
06:26l'éolien, ils voient un intérêt de financement mais aussi pour embarquer la population locale
06:31à ces projets-là.
06:32Donc il y a aussi un levier d'acceptabilité qui est trouvé par le crowdfunding puisqu'on
06:37associe la population locale non seulement à l'intérêt économique du projet mais
06:40aussi au fait de participer à quelque chose qui a du sens pour eux.
06:45Donc ça, ça a beaucoup marché, puis il y a des plateformes françaises qui sont particulièrement
06:50dynamiques sur le sujet, on peut parler d'Enerfib, l'Endosphère, l'Endopolis, l'Umo, c'est
06:55vraiment de belles success stories qui embarquent le secteur à la hausse pour atteindre plus
06:59de 12%, donc c'est particulièrement remarquable.
07:01Dans le contexte, il y a peut-être aussi une action des investisseurs d'aller diversifier
07:08leurs investissements et justement de mettre peut-être un peu moins dans l'immobilier
07:13parce que l'immobilier connaît des prorogations, des remboursements et d'aller aussi sur d'autres
07:18actifs et les énergies renouvelables ont en effet quelque chose d'assez sécurisant
07:22parce que parfois il y a derrière des gros développeurs d'énergies renouvelables qui
07:26posent des financements de projets photovoltaïques, éoliens ou que sais-je, mais du coup il y
07:30a aussi cette démarche je pense des investisseurs d'aller chercher d'autres actifs financiers.
07:34Oui, il y a une vraie qualité de signature sur ces acteurs-là qui sont solides financièrement,
07:39qui ont de la vision, de la prévisibilité sur leur business plan et c'est des projets
07:44qui sont globalement très rentables, donc en fait il y a un intérêt économique immédiat
07:46pour les investisseurs.
07:47C'est ce qui séduit l'épargnant en fait.
07:48C'est ce qui séduit l'épargnant, oui.
07:50Il y a aussi une autre tendance qu'on peut évoquer, c'est le crowd equity, plusieurs
07:57questions me viennent, déjà Bertrand ou Florence, n'importe, qu'est-ce que c'est
08:01le crowd equity Florence ?
08:02C'est devenir actionnaire d'une entreprise, crowd toujours la foule, equity c'est le
08:09capital, donc faire du crowd equity c'est moi en tant que particulier je deviens actionnaire
08:16d'une entreprise, d'une start-up et je peux devenir actionnaire à partir de 50, 100,
08:21100 euros généralement c'est le seuil limite proposé sur les plateformes et donc je prends
08:27une part du capital de l'entreprise.
08:29Mais ça séduit donc de plus en plus, pourquoi c'est si populaire Bertrand Deporte le crowd
08:35equity ?
08:36Il y a cette idée d'être co-investisseur, d'être au capital d'une entreprise, il
08:41y a des écosystèmes d'innovation extrêmement dynamiques en France, ça participe beaucoup
08:45il y a la popularisation progressive de ce mode d'investissement, il y a des émissions
08:49grand public qui ont beaucoup joué et pour 2024 on peut déjà l'annoncer il y a le
08:53dispositif du député Paul Midi sur les jeunes entreprises de croissance et les jeunes entreprises
08:57de rupture qui va vraiment favoriser aussi cet engouement vers l'investissement au capital
09:06avec un dispositif fiscal tout à fait avantageux puisqu'on peut aller défiscaliser de 30
09:11à 50% sur l'impôt sur le revenu et ça c'est tout à fait positif pour le secteur
09:17du crowd equity.
09:18Et là ça séduit aussi cette remise d'impôts, ça séduit l'épargnant aussi ?
09:23Ça devrait concourir à le séduire et puis le crowdfunding via l'equity est quasiment
09:30le seul levier qu'a un épargnant particulier d'aller sur du capital puisque les fonds
09:36communs de placement à risque ont des tickets d'entrée qui sont très élevés, là sur
09:39des plateformes vous pouvez descendre sur ce que l'évoquait Florence, des tickets
09:42à partir de 100 euros, ils popularisent quand même beaucoup ce qui rend accessible l'accès
09:45au capital parce que si vous avez une logique de business angel vous devrez aller mettre
09:49des tickets beaucoup plus élevés, là le crowd equity pour 100 euros parce que le crowd
09:53equity monte en fait des holdings de participation qui vont investir dans le capital fait que
09:58vous pouvez avoir sur la ligne de départ beaucoup plus d'épargnants investisseurs
10:03et il y a du coup un accès qui est facilité.
10:06C'est vrai que c'est important de le mentionner, pour une entreprise ce n'est pas forcément
10:10accueillir une centaine de nouveaux tout petits actionnaires à leur board parce qu'il y a
10:14souvent dans 90% des cas il y a une holding qui rassemble cette foule d'investisseurs
10:19particuliers et ce qui permet d'avoir une gestion aussi pour l'entreprise qui fait
10:23une levée de fonds en crowdfunding, en crowd equity ça permet d'avoir une gestion un peu
10:28plus facile et c'est aussi un très bel outil de communication pour une entreprise qui va
10:32faire une campagne en crowd equity parce que ça lui permet aussi de communiquer largement
10:37sur ce qu'elle fait, sur ses produits et ça lui permet aussi de proposer à ses salariés
10:43de devenir actionnaire de l'entreprise donc c'est une démarche en termes de communication
10:47et de valorisation de l'entreprise qui a aussi le vent en poupe en ce moment.
10:51Dernière question très rapide sur l'agrément PSFP, les plateformes depuis novembre dernier
10:59sont obligées de détenir l'agrément PSFP donc prestataire de services de financement
11:04participatif, très rapidement Bertrand Deporte, qu'est-ce que ça a changé pour les plateformes ?
11:09Ça a changé, ça a professionnalisé le secteur, maintenant elles ont des obligations de fonds
11:13propres réglementaires, de contrôles internes, de dispositifs de gestion des risques et puis
11:17pour l'épargnant c'est plus sécurisant parce que l'épargnant il va y avoir une séparation
11:22entre les investisseurs avertis et non avertis avec des modalités d'accès qui sont plus
11:26sécurisés et plus jalonnés donc c'est positif et c'est aussi le passeport, tu as raison Florence
11:35de le mentionner, c'est un accès à l'Europe facilité pour les plateformes qui permettent
11:39à chacune des plateformes qui ont ce PSFP d'aller vers l'Europe sans être obligé de
11:42s'implanter sur place, a contrario ça va aussi amener de nouveaux acteurs en France
11:45qui ont eu dans leur pays d'origine le PSFP.
11:48Merci beaucoup Bertrand Deporte associé chez Mazars et Florence de Maupoux, directrice
11:55de finances participatives France et quant à nous on se retrouve tout de suite dans l'œil du CGP.

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