• il y a 8 mois
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Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la réindustrialisation de la France.
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Transcription
00:00 Bienvenue et bonjour Eric Trappier.
00:05 Bonjour.
00:06 Et merci de votre présence.
00:07 Vous êtes le PDG de Dassault Aviation.
00:09 Je précise Eric Trappier que vous êtes un historique de la maison Dassault
00:12 avec notamment pour mission de faire de l'avion de combat à rafale un succès à l'export.
00:17 Dans un contexte de guerre, nous allons bien sûr en parler.
00:20 Vous avez aussi une autre casquette importante en tant que président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie.
00:26 La réindustrialisation de notre pays est un défi majeur.
00:29 Là encore ce sera un sujet de notre interview.
00:30 Mais tout d'abord Eric Trappier, tandis que la guerre se poursuit aux confins de l'Europe, en Ukraine,
00:35 et que de vives tensions internationales secouent le Proche et le Moyen-Orient
00:39 dans un tel décor de conflit que vous connaissez bien,
00:41 est-ce que le carnet de commande du rafale est en pleine expansion et même explosion ?
00:46 Il a été en pleine expansion depuis sa première réussite en 2015.
00:51 Et depuis on a eu un certain nombre de contrats.
00:53 Les périodes de guerre ne sont pas forcément propices pour nous de vendre plus d'avions.
00:57 Contrairement à ce qu'on peut croire.
00:59 Contrairement à ce qu'on peut croire.
00:59 Si vous regardez la guerre en Ukraine,
01:02 plutôt les États-Unis qui ont tiré "avantage" de cette guerre,
01:06 et les Européens ont acheté massivement américains.
01:09 Encore hier, les Portugais déclaraient vouloir acheter un avion américain.
01:14 Donc ça ne nous est pas "profitable" comme certains pourraient le croire.
01:20 On achète des avions de combiables pour se défendre.
01:22 Ça fait partie d'une défense.
01:23 Et la défense c'est normalement ce qui doit éviter la guerre.
01:27 Et dans la prévention.
01:29 Quasiment tous les pays du monde cherchent à se réarmer.
01:32 Et notamment grâce à la supériorité aérienne,
01:34 les chiffres des budgets de défense mondiale ne cessent de progresser.
01:38 Alors les trois pays en tête, ce n'est pas une surprise.
01:40 Les États-Unis, la Chine et la Russie.
01:42 La défense a représenté 2,3% du PIB mondial l'an dernier.
01:47 Est-ce que derrière ces statistiques, Eric Trappier,
01:49 c'est un monde en guerre ou qui se prépare,
01:52 voire pire, à une guerre plus importante encore ?
01:55 En tout cas c'est un monde qui se réarme.
01:57 Et les Européens ont pensé, après la chute du mur de Berlin,
02:01 que les guerres n'existeraient plus.
02:02 Un petit peu comme après la première guerre mondiale,
02:04 on ne disait plus jamais ça.
02:06 Malheureusement, les tensions ont ressurgi,
02:09 souvent entre voisins.
02:10 Et il est absolument important d'être prêt à faire la guerre pour l'éviter.
02:14 Donc je pense que c'est plutôt en Europe qu'est le déficit.
02:17 Et les pays se réarment.
02:19 Il faudrait que l'Europe aussi pense à se réarmer.
02:22 Pas simplement en Américain.
02:24 On va en parler, l'Europe de la défense.
02:26 Mais tout d'abord, qu'est-ce qui explique le succès à l'international du Rafale ?
02:29 Est-ce que lorsque vous signez, vous apposez votre signature,
02:32 et donc celle de Dassault, vous dites que c'est la France qui gagne ?
02:35 Oui, c'est l'équipe France qui gagne quand on signe un contrat.
02:38 Parce qu'il y a un aspect historique.
02:40 En général, on a vendu dans des pays historiquement acquis à la France et à Dassault,
02:46 comme l'Inde, où on vend depuis le début des années 50.
02:49 D'autres pays sont venus depuis.
02:51 C'est cette confiance entre Dassault et un certain nombre de pays.
02:55 Mais c'est surtout la relation stratégique qui peut exister
02:57 entre ces pays acquéreurs de Rafale et la France.
03:01 Donc c'est une combinaison entre des aspects très politiques
03:04 et malgré tout, un très bon avion.
03:07 Et ça, c'est reconnu aujourd'hui,
03:09 non seulement au moins de nos propres forces armées, armées de l'air, marines,
03:12 mais ceux qui l'ont acquis et qui l'utilisent aujourd'hui le disent haut et fort partout.
03:16 Alors beaucoup en rêvent et ne peuvent pas la voir, évidemment.
03:19 On pense à certains pays en guerre.
03:20 On pense à l'armée ukrainienne.
03:23 On sait que l'armée française forme l'armée ukrainienne.
03:25 Est-ce que des dons d'avions,
03:27 mais là je parle de Mirage 2000, sont prévus ?
03:30 On en a parlé à un moment.
03:32 Alors écoutez, ça, ce n'est pas moi qui m'en occupe,
03:34 puisque les avions ne m'appartiennent plus.
03:36 Ils appartiennent aux armées.
03:37 Et c'est une décision purement politique
03:39 de savoir si on doit transférer des avions français vers l'Ukraine ou pas,
03:45 sachant quand même qu'il faut aussi que la France préserve son outil de défense,
03:49 compte tenu justement de la situation mondiale.
03:52 Oui, il ne faut pas se déshabiller,
03:53 même si l'intention peut être jugée comme étant louable.
03:56 Absolument, mais ça c'est une décision du chef de l'État,
03:59 chef des armées, pour savoir s'il doit le faire ou pas.
04:03 Depuis le début de la guerre en Ukraine, Eric Trapie et l'invasion russe,
04:06 on entend parler de l'Europe de la défense.
04:08 C'est un serpent de mer, c'est un mythe.
04:10 Et vous venez de dire, on le savait, au début de cet entretien,
04:12 que les Portugais vont choisir et peut-être acheter américain.
04:16 Alors c'est quoi l'Europe de la défense dans ce cas-là ?
04:18 C'est un rêve qui existe déjà depuis assez longtemps.
04:23 C'est une volonté de se dire que l'Europe, si elle était un peu plus unie,
04:27 pourrait potentiellement suffire à sa propre défense.
04:32 Mais on sait que l'organisation aujourd'hui pour beaucoup de pays
04:35 de la défense de certains pays européens, c'est l'OTAN,
04:38 dans laquelle nous sommes aussi intégrés au sens de l'Alliance Atlantique.
04:42 Et ces pays-là traduisent souvent le fait que
04:46 être dans l'OTAN, être sous le parapluie américain,
04:50 nécessite d'acheter des armes américaines,
04:52 parce que les américains en font aussi une arme de guerre,
04:55 je dirais surtout une arme commerciale.
04:56 Oui, être sous le parapluie américain c'est une chose,
04:58 mais ne cesser de vanter l'Europe de la défense et acheter américain,
05:01 c'est quand même contraindicatif.
05:02 C'est un paradoxe.
05:03 Ça peut faire mal à la vie honneure que vous êtes.
05:05 C'est certain.
05:06 Aujourd'hui, on n'en tire aucun profit de cette Europe de la défense, nous d'assaut.
05:09 Heureusement, on a quand même vendu à deux pays européens,
05:12 que sont la Grèce et la Croatie, qui sont dans l'OTAN et européens.
05:16 Mais il y a quand même un sursaut en Europe qui est de dire
05:19 peut-être qu'on a été trop loin dans le désarmement
05:22 ou du moins dans le non réarmement.
05:24 Et il serait important, face aux événements,
05:27 de mutualiser un peu plus nos efforts pour arriver à remonter cet effort de défense.
05:32 Alors, industrie de l'armement et plus largement l'union des industries
05:36 et métiers de la métallurgie dont vous êtes le représentant,
05:38 nouvellement réélu d'ailleurs, Eric Trappier.
05:41 Je précise à nos auditeurs et téléspectateurs
05:43 que ça représente 42 000 entreprises qui comptent près de 2 millions,
05:48 1,6 million de salariés dans les secteurs de l'aéronautique,
05:50 de l'automobile, de l'armement, etc.
05:53 Très clairement dans les chiffres,
05:54 parce que là, vous avez un tableau de bord pour parler d'avions,
05:56 qui est assez complet, la réindustrialisation qui est enventée par les politiques.
06:00 Quand on voit les chiffres, Eric Trappier,
06:02 est-ce que ça ne pique pas un peu du nez, malheureusement, pour notre pays ?
06:05 Écoutez, d'abord, c'est une très grande fierté de conduire cette union
06:08 parce qu'il y a beaucoup d'entreprises qui sont majoritairement,
06:12 90 % des petites entreprises, toutes implantées dans les territoires.
06:16 Donc c'est vraiment la France industrielle des territoires.
06:19 Si j'ai pris cette présidence,
06:22 c'est bien pour avoir un devoir de défendre l'industrie pour la France.
06:27 Donc on accueille très favorablement la réindustrialisation voulue
06:31 après une certaine prise de conscience,
06:32 parce qu'on désindustrialise depuis 30 ans,
06:34 on n'est maintenant plus qu'à 10 % d'industrie par rapport au PIB français,
06:39 là où l'Allemagne est à plus de 20 %,
06:42 là où la moyenne européenne est à 16 %,
06:44 là où nos voisins italiens sont à 17 %,
06:47 et donc c'est une urgence absolue de réindustrialiser.
06:49 Est-ce qu'on va y arriver ?
06:51 Le maître mot, c'est la compétitivité,
06:53 tout en préservant d'une certaine manière un modèle social,
06:56 mais ce modèle social va devoir évoluer,
06:59 parce qu'il faut pouvoir se le payer.
07:00 Mais est-ce qu'on est encore un pays producteur aujourd'hui ?
07:02 Oui, on reste un pays producteur dans certains domaines,
07:05 si vous prenez l'aéronautique, ça marche,
07:08 et en plus, quand ça marche, vous voyez, c'est bon pour le pays,
07:10 parce que ça fait une balance commerciale positive,
07:13 donc ça rapporte des impôts,
07:14 ça permet de cotiser aux caisses sociales,
07:17 donc d'assurer ce modèle social français,
07:21 et donc on sent bien que l'objectif de réindustrialisation
07:24 est un bon industrie.
07:25 La vraie question, c'est comment on y arrive.
07:26 C'est ça la difficulté.
07:28 Il faut, la première partie,
07:30 le quinquennat précédent, c'est quand même baisse des impôts,
07:33 c'est très bien, baisse des impôts de production,
07:35 il faut continuer.
07:36 On n'est pas sûr que ça continue.
07:37 Vous n'êtes pas sûr que ça continue,
07:38 parce que j'ai repris les dernières déclarations
07:41 à la fois du président, du Premier ministre
07:43 et des ministres de l'économie,
07:44 on entend moins cet objectif de poursuivre l'effort
07:48 sur la diminution des impôts.
07:49 C'est pour ça qu'on a une inquiétude,
07:50 on a accueilli très favorablement cette politique de l'offre,
07:53 qui nous a permis de relancer un petit peu l'industrie,
07:56 maintenant le coût de la main d'œuvre,
07:58 le coût des charges sociales sur la main d'œuvre,
08:00 le coût encore des impôts,
08:02 même s'ils ont baissé, on l'a accueilli favorablement,
08:04 et le risque de prendre des mesures
08:07 qui ne permettraient plus un certain allégement
08:09 des charges sociales.
08:10 Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un contexte budgétaire
08:12 extrêmement contraint,
08:13 il va y avoir des choix,
08:14 et vous craignez que ce soit au détriment de certaines...
08:16 Mais là on parle de PME,
08:17 vous avez employé ce mot,
08:18 c'est la France industrielle des territoires,
08:20 c'est celle qui fait travailler, etc.
08:22 Elle peut être inquiète,
08:26 elle est inquiète aussi en Allemagne, par exemple,
08:28 parce que quand les grands s'en vont,
08:29 c'est un peu le cas de la chimie,
08:31 à cause du prix de l'énergie,
08:32 parce que le prix de l'énergie
08:33 ne va pas très bien non plus de notre côté,
08:35 même si ça va beaucoup mieux.
08:36 On a une politique de réindustrialisation
08:38 dans le nucléaire,
08:39 et c'est très bien, on va l'accompagner,
08:40 mais ça va prendre du temps.
08:41 Mais après là encore...
08:42 Voilà, donc si les grands s'en vont,
08:44 les petits vont souffrir.
08:45 Donc c'est une problématique globale,
08:47 mais c'est les petits qui souffriront en premier,
08:50 et on le voit en général,
08:52 les petites entreprises
08:53 dans les territoires proches de la Suisse,
08:55 par exemple, ont un mal fou à trouver de la main d'oeuvre,
08:57 ce qui est paradoxal aussi
08:58 dans un pays qui a toujours 7% de chômage.
09:01 Il faut travailler sur l'emploi,
09:03 et donc remettre la valeur travail au centre du village.
09:05 Alors comment ?
09:06 Parce que ça, c'est un slogan,
09:07 en tout cas employé par les politiques,
09:09 inciter au travail...
09:10 Il faut arrêter de baisser les heures de travail,
09:13 il faut arrêter de vouloir une semaine à quatre jours,
09:16 laisser les entreprises...
09:17 J'ai vu qu'à la SNCF, je parle de la SNCF,
09:19 les cheminots obtiennent des retraites anticipées.
09:21 Est-ce que ça participe du...
09:23 Comment dire ?
09:24 Du symbole d'une économie de guerre ?
09:25 Non, sûrement pas.
09:26 Il faut travailler plus dans une économie de guerre,
09:28 on le sait,
09:29 parce qu'il faut accélérer les productions.
09:31 Néanmoins, on n'est pas encore en guerre,
09:32 on ne peut pas la transformer complètement.
09:34 On nous dit le matin qu'on est en guerre.
09:36 Donc on essaye de remonter les cadences de production,
09:40 et je dis, ce paradoxe, c'est qu'on a du mal à employer,
09:43 surtout dans notre sous-traitance.
09:45 Combien d'emplois non pourvus, à peu près, des milliers ?
09:47 On a quelques milliers de...
09:49 100 000, vous pouvez dire ?
09:50 Ouais, un peu moins, peut-être 10 000 emplois
09:52 qui ne sont non pourvus dans notre secteur.
09:55 Ce sont des secteurs d'excellence,
09:56 il y a tant d'emplois non pourvus,
09:58 et un taux de chômage aussi important dans notre secteur.
10:00 Il y a une problématique, c'est la mobilité,
10:02 c'est-à-dire qu'il y a des endroits où, par exemple, dans l'automobile,
10:04 l'emploi va baisser.
10:06 On va malheureusement avoir beaucoup moins d'emplois dans l'automobile.
10:09 Il faudrait les faire venir sur l'aéronautique, par exemple.
10:12 Donc nous, UMM, avec nos centres de formation,
10:14 on a tout un réseau de centres de formation,
10:16 premier centre de formation privé en France.
10:18 On forme et on essaye de transformer ces gens
10:21 pour aller d'un secteur à l'autre,
10:23 mais il n'y a pas de mobilité géographique.
10:25 Le logement est un problème, donc...
10:27 Avec une crise profonde.
10:29 Alors, très concrètement, qu'est-ce qu'on fait, Éric Trappier ?
10:31 D'abord, comment on encourage le travail ?
10:34 Vous dites qu'il faut toucher quand même au modèle social,
10:37 mais évidemment ne pas s'aborder, si je puis dire.
10:39 Il y a une réforme de l'assurance chômage,
10:41 est-ce qu'il faut y aller ?
10:43 Oui, moi j'accompagne l'État
10:45 quand il a envie de reprendre la main sur l'assurance chômage,
10:48 mais il faut qu'il l'assume jusqu'au bout,
10:50 c'est-à-dire qu'il faut qu'il reprenne.
10:52 Je rappelle que nous sommes les entreprises,
10:54 nous cotisons 100% de l'assurance chômage.
10:56 Donc est-ce que c'est du social ?
10:58 Est-ce que c'est de la solidarité nationale
11:00 qui doit payer ceux qui ne travaillent pas ?
11:02 Ce qui est sûr, c'est qu'il faut être capable
11:05 de susciter l'envie du travail,
11:09 et non pas l'envie de ne pas travailler.
11:11 Quel levier actionnier ?
11:12 C'est actionner, pardonnez-moi,
11:13 si vous aviez une piste sur l'assurance chômage,
11:15 la durée d'indemnisation, la condition d'affiliation,
11:18 le niveau d'indemnisation ?
11:19 Oui, c'est la durée.
11:20 Peut-être les trois pour vous ?
11:21 C'est les trois, et puis surtout être capable...
11:23 Ah, donc une vraie réforme à la durée, dans ce cas-là.
11:26 Non, il faut une vraie réforme,
11:27 tout en protégeant ceux qui sont en difficulté.
11:30 Et ça, c'est la solidarité nationale qui doit le faire.
11:32 C'est possible, ce n'est pas paradoxal.
11:34 C'est sûrement paradoxal,
11:35 mais si on met les compteurs au bon endroit,
11:37 on doit pouvoir y arriver.
11:38 Et il faut pouvoir le faire en discutant
11:40 avec les organisations syndicales,
11:41 ce qui n'est pas très simple,
11:42 mais c'est quand même dans le dialogue social
11:44 qu'on arrivera à réformer le pays.
11:46 Mais c'est difficile.
11:47 Mais je me trompe de trapier,
11:49 il y a quand même une sourde inquiétude.
11:52 Vous êtes, je le rappelle ce matin,
11:54 nos auditeurs et téléspectateurs,
11:55 vous êtes le PDG de Dassault Aviation,
11:57 vous présidez l'union des industries
12:01 et métiers de la métallurgie.
12:02 Est-ce que vous dites, c'est le moment,
12:04 là, la réindustrialisation,
12:06 on doit passer du slogan à l'action ?
12:08 C'est le moment.
12:09 Sinon, le pays va continuer à se désindustrialiser
12:13 et on sait qu'un pays qui se désindustrialise
12:16 n'est pas un pays souverain.
12:17 Donc, pour gagner la bataille de la souveraineté,
12:20 on a besoin de réindustrialiser.
12:22 Donc, on a besoin des conditions,
12:23 c'est ce qu'on attend du gouvernement
12:25 et c'est ce qu'il a fait en partie,
12:26 mais qu'il faut qu'il continue,
12:28 grâce à la réforme des retraites aussi,
12:29 qui permet d'allonger un peu la durée du travail,
12:31 qui permet les conditions de travailler un peu plus,
12:35 particulièrement dans ce contexte
12:36 où on a besoin de produire.
12:37 Notre souveraineté est en jeu.
12:39 Vos paroles résonnent fort en cette période de campagne
12:41 et des élections européennes.
12:42 C'est ça qui est en jeu, souveraineté.
12:44 Alors, sur la dette, souveraineté financière,
12:46 sur la réindustrialisation,
12:47 souveraineté de notre outil de production,
12:49 ce n'est pas un défi mineur.
12:50 Ah non, ce n'est pas un défi mineur,
12:51 c'est pour ça qu'on s'y attend
12:53 et qu'on travaille pour défendre cette idée,
12:57 qui est une idée que la Ve République
13:00 et la France ont toujours soutenue.
13:01 Il faut une grande industrie.
13:03 J'ai jamais compris pourquoi on a donné
13:05 la priorité aux services face à l'industrie.
13:07 Très bien les services,
13:08 mais on a besoin d'une industrie.
13:10 Et en plus, on a plutôt été bon.
13:11 L'innovation en France,
13:12 on a des bonnes écoles d'ingénieurs.
13:14 Quand on arrive à former des compagnons,
13:16 c'est des bons compagnons.
13:17 Comment vous l'expliquez ?
13:18 Est-ce qu'il y a une forme de dépossession ?
13:19 Parce que la France était un grand pays de producteurs.
13:21 Le problème, c'est qu'il faut pouvoir se le payer.
13:23 Et il y a des moments,
13:24 il y a des choix qui sont faits entre produire,
13:26 entre...
13:27 Voilà, c'est...
13:28 Alors, certains vous diraient qu'on ne paye pas,
13:30 mais si, on paye bien dans l'industrie
13:31 par rapport à d'autres branches.
13:33 Je voulais vous parler de notre niveau de rémunération.
13:34 On a des minimas,
13:35 on a une branche exemplaire
13:36 avec une nouvelle convention collective.
13:38 On a vraiment fait ce qu'il fallait
13:39 d'un point de vue social,
13:40 en accord avec les organisations syndicales.
13:42 Donc, on est plutôt actifs dans le domaine.
13:44 Donc, c'est vraiment les conditions globales du pays
13:47 qui doivent permettre cette réindustrialisation.
13:50 Et donc, c'est la compétitivité.
13:51 On a face à nous des Américains, des Chinois, etc.
13:54 Et d'autres Européens, d'ailleurs.
13:56 Donc, il faut appliquer les règles européennes
13:58 de la même manière pour tous les pays.
14:00 Pas simplement en surtransposant un certain nombre de règles.
14:03 C'est l'enjeu des élections européennes.
14:04 Voilà.
14:05 L'accumulation des normes, aussi,
14:06 nuit au développement de l'industrie.
14:08 A bon entendeur, en ce moment.
14:09 Il y a le pays, il y a le groupe.
14:11 On va conclure, Eric Trapié,
14:12 avec votre prochaine casquette,
14:13 puisque vous allez, d'ici 2025,
14:15 chapeauter l'ensemble du groupe Dassault,
14:17 dont vous avez franchi, d'ailleurs, un à un,
14:19 les paliers de cette holding entrée tout jeune.
14:22 Quel est votre objectif des prochaines années
14:24 dans un tel groupe, aujourd'hui ?
14:25 Écoutez, je pense qu'il faudra me réinviter l'année prochaine.
14:28 Avec plaisir.
14:29 À peu près à la même époque.
14:30 Pour l'instant, je m'y prépare tranquillement.
14:32 Je connais bien ce groupe.
14:33 Je connais bien la famille Dassault.
14:35 Et donc, c'est une grande fierté, aussi,
14:37 de pouvoir aider à diriger ce groupe.
14:40 Diriez-vous, d'ailleurs, que les intérêts du pays
14:42 sont parfois calqués,
14:43 et souvent, sur les intérêts du groupe ?
14:45 Ce qui est sûr, c'est que les intérêts du groupe
14:47 sont des intérêts français, en particulier,
14:50 et en grande partie.
14:51 Donc, quand Dassault va bien,
14:53 c'est bon pour la France.
14:54 Merci, Eric Trapié.
14:55 Je vous remercie.
14:56 Je vous dis à bientôt.
14:57 C'était votre grande interview.
14:58 À bientôt. Merci.

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