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00:00 [Musique]
00:13 Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de Face au Territoire sur TV5Monde,
00:17 vous le savez, dans 200 pays et en 22 langues, avec nos partenaires de Ouest-France,
00:21 de Nice matin, de 20 minutes, de France Anti, le magazine Le Point et le magazine Géostratégie.
00:27 Aujourd'hui, mon invité, c'est l'ambassadeur d'Ukraine en France.
00:31 Bonjour, Vadim Omelchenko, merci d'être avec nous, d'avoir réservé à TV5Monde votre présence ce matin sur ce plateau.
00:39 Alors que nous le lisons, l'actualité de cette nuit l'indique encore, l'Ukraine va mal aujourd'hui,
00:46 le front sud est attaqué et Volodymyr Zelensky a dit hier soir, en marge d'une intervention qu'il fait tous les soirs,
00:53 au peuple ukrainien, une forme d'adresse à la nation, il a dit "notre ciel et celui de nos voisins méritent la même sécurité".
01:01 C'est votre crainte que ce conflit soit un peu mis de côté par rapport à ce qui se passe dans le ciel du Proche-Orient par exemple ?
01:09 Bonjour à toutes et à tous, bonjour, chez Cyril, merci pour l'invitation.
01:18 En répondant à vos questions, je tiens à dire que je partage bien évidemment parfaitement ce qu'a dit le président Zelensky,
01:29 parce que nous avons vu déjà ce précédent lorsque l'attaque contre Israël, l'attaque massive contre Israël de la part de l'Iran a été parée par plusieurs pays,
01:43 dont certains pays membres de l'OTAN.
01:46 Et il s'est avéré que c'était possible, il est possible de défendre un pays.
01:53 Vous savez que l'Ukraine, tous les jours, subit ce genre d'attaque, chaque jour nos concitoyens meurent.
02:03 Hier par exemple, la ville de Tcherniv, c'est une ville qui n'est pas loin de Kiev, de la capitale de l'Ukraine, a été attaquée par 4 missiles de croisière.
02:14 Et ce n'était pas du tout les sites militaires qui ont été visés, c'était le centre de la ville qui a été touché, le marché notamment, il y avait du monde aujourd'hui.
02:25 Parce que nous faisons le bilan, ce matin nous savons qu'il y a eu 18 morts et 78 blessés graves.
02:35 Et lorsque mon président dit que les Ukrainiens méritent également à être protégés et ont besoin d'être protégés, j'estime qu'il a parfaitement raison.
02:45 Vadim Omechenko, ambassadeur d'Ukraine en France, et notre invité ce matin dans Face au Territoire, dans un instant, Stéphane Vernet, qui dirige la rédaction de Ouest-France à Paris, sur ce plateau avec moi.
02:55 Bonjour Stéphane Vernet, merci d'être avec nous, vous êtes rédacteur en chef délégué de Ouest-France.
03:02 Bonjour Cyril, bonjour M. l'ambassadeur, je voulais vous poser une première question concernant le nombre de morts dans ce conflit.
03:09 La BBC, qui fait des estimations régulières depuis le mois de février, qui essaye d'estimer le nombre de morts, a publié une enquête hier en disant qu'il y aurait eu au moins 50 000 morts russes,
03:21 50 000 militaires russes tués depuis le début du conflit.
03:25 Le président Zelensky lui-même a dit en février qu'il y aurait eu 31 000 morts du côté ukrainien. Où est-ce qu'on en est aujourd'hui ? Quels sont les véritables bilans de ce conflit ?
03:37 Et l'Ukraine a-t-elle les moyens, à un rythme pareil, de tenir encore longtemps dans cette guerre ?
03:46 D'abord, je fais confiance aux chiffres donnés par le président. Je sais que ces chiffres sont basés non seulement sur les données de notre ministère de la Défense, mais aussi sur les données de nos partenaires.
03:59 Ensuite, les victimes, il y en a beaucoup. Et pour nous, pour notre peuple, ce sont des pertes qui ne pourraient pas être surmontées pendant très longtemps.
04:17 Bien évidemment, les gens meurent tous les jours. Même les derniers chiffres de la part des Russes, notre ennemi, la Russie, dit qu'elle perd quatre fois plus de militaires que l'armée ukrainienne chaque jour.
04:36 Je ne sais pas sur quoi se base l'enquête de BBC, tout en respectant cette source, mais je fais confiance à notre État-major et aux chiffres qu'il donne.
04:47 Vous pensez que le nombre de militaires russes tués en Ukraine est bien supérieur à 50 000 ?
04:55 Évidemment, c'est parfaitement objectif. Tout le monde le sait. Nos partenaires aussi peuvent croire que chaque jour, il y a des échanges de tous les systèmes de renseignement de nos partenaires, de tous les États-majors avec nos partenaires.
05:12 Nous avons les informations objectives. Aujourd'hui, tout est fixé. Tous les jours, nous savons pratiquement le chiffre exact des pertes de côté.
05:20 En premier lieu, de la part des Russes, tout cela est suivi par les drones, notamment si elle est remplie de drones qui suivent chaque mort, chaque perte.
05:30 Lors de la signature de l'accord de sécurité entre la France et l'Ukraine, le président Emmanuel Macron avait évoqué la possibilité d'envoyer des troupes au sol en Ukraine,
05:41 ce qui avait déclenché de très vives réactions à travers toute l'Europe. Est-ce que cette déclaration, est-ce que c'était une bonne chose ?
05:49 Est-ce ce type de renfort que vous demandez aujourd'hui ou est-ce que l'Ukraine a besoin d'aides d'autre nature, par exemple en armement, en munitions ?
05:59 J'ai suivi de manière très attentive les réactions des médias français et des politiciens et j'ai constaté que tout le monde s'est concentré sur une seule question.
06:19 En réalité, les initiatives du président Macron concernaient un spectre large de questions et lorsque le 26 mars, il a réuni une conférence pour renforcer et accélérer l'aide à l'Ukraine,
06:32 à l'ordre du jour, il y a eu une dizaine de questions. Et lorsque les leaders de 26 pays se sont réunis, il y a eu un consensus sur toutes ces questions.
06:42 Si on devait regarder attentivement, la stratégie du président Macron, la stratégie actuelle, est basée sur deux choses.
06:52 Le premier pilier, c'est que la Russie est le facteur de déstabilisation principal dans le monde. Le deuxième pilier, c'est que nous vivons actuellement une période de déstabilisation politique auprès de notre partenaire principal, qui sont les Etats-Unis.
07:15 On ne sait pas quand est-ce que cette période sera révolue et l'Europe doit passer à sa propre sécurité.
07:22 Les initiatives du président Macron visent d'abord l'autonomie stratégique de défense européenne. Bien évidemment, la guerre en Ukraine est une guerre qui se déroule en Europe, c'est pour ça que c'est important.
07:34 Vous évoquez les rapports avec les Etats-Unis et les 60 milliards de dollars d'aide américaine qui ont été promis à l'Ukraine sont bloqués aux Etats-Unis du fait d'un partisan de Donald Trump.
07:48 Que se passerait-il pour l'Ukraine en cas de réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ?
07:54 Je pense qu'il ne se passera rien. C'est un choix du peuple américain que nous respecterons et que nous travaillerons avec celui qui lira le peuple américain.
08:08 En effet, l'Ukraine est devenue l'otage de l'agenda politique et l'otage de cette élection et nous le ressentons tous les jours.
08:24 Le fait qu'on ne donne pas des missiles pour les patriotes, le fait qu'on ne donne pas des systèmes de défense antiaérienne, nous avons vu ces résultats hier lorsque 4 missiles de croisière tombent sur une ville paisible et le résultat, il y a 18 morts et une centaine de blessés lourds.
08:42 Donc nous ressentons tous les jours les résultats de ce qui se passe aux Etats-Unis car en effet, les Etats-Unis sont le partenaire principal et le volume des armes que nous recevions de leur part, disons, c'est incomparable avec le reste.
08:57 Est-ce que de son côté, est-ce que vous estimez que la France en fait assez pour l'Ukraine ? Qu'est-ce qu'elle pourrait faire de plus ou qu'est-ce qu'elle devrait faire de plus aujourd'hui ?
09:06 Tout d'abord, nous considérons que la France fait plus qu'elle n'en peut. Aussi bien après les initiatives du président Macron qu'avant ces initiatives, la France a augmenté le nombre et la qualité de son aide.
09:31 C'est très important pour nous car la France est le leader du continent européen. Elle ne fait pas que nous aider mais elle rassemble autour de cette aide pour l'Ukraine les autres pays européens.
09:45 Ce qui est très important pour nous. Et les dernières initiatives étaient justement ces initiatives de rassemblement afin d'accélérer et d'augmenter l'aide à l'Ukraine.
09:54 La une de Ouest-France, Stéphane Vernet.
09:57 Alors nous, nous parlons des professeurs non remplacés demain, aujourd'hui, pardon, et l'alerte des parents d'élèves sur ce sujet problématique.
10:04 Merci Stéphane Vernet. Vous êtes rédacteur en chef délégué de Ouest-France. C'est le premier quotidien en langue française dans le monde.
10:10 C'est Vadim Moumelchenko, l'ambassadeur d'Ukraine en France, qui est l'invité de face au territoire. Dans un instant, Denis Carreau, le directeur des rédactions du groupe Nice Matin, est en direct et en duplex de Nice.
10:21 (Générique)
10:25 Bonjour Denis Carreau. Dans un instant, vous co-interviewerez avec moi Vadim Moumelchenko. Mais tout de suite, nous allons prendre une question posée par Armel Le Goff,
10:34 qui est directrice adjointe de la rédaction du Point, partenaire de cette émission. On écoute Armel Le Goff. Vadim Moumelchenko.
10:42 Bonjour M. Moumelchenko. Les drones semblent avoir pris une place de plus en plus importante dans le conflit que les forces ukrainiennes livrent à la Russie.
10:52 Qu'est-ce que cette technologie modifie dans un conflit aujourd'hui ?
10:57 Je vous remercie pour cette question-là, parce que la question essentielle de cette guerre, c'est la guerre d'artillerie et la guerre des drones.
11:12 Et s'il s'agit des drones, maintenant c'est un moyen de combattre, c'est le premier moyen de combattre, c'est le premier type d'arme qu'on utilise,
11:27 qu'utilise notre adversaire bien sûr. Mais c'est la guerre des drones. Et vous savez qu'il y a deux types de drones, trois types de drones, on va dire.
11:38 Le premier type, c'est le drone de renseignement. Le deuxième type, c'est le drone de combat. Et le troisième type, c'est le drone kamikaze.
11:48 Alors la majorité des chars, par exemple, la majorité des véhicules blindés, on les frappe avec des drones, avec des petits drones kamikazes.
12:02 Donc c'est extrêmement important, on a bien compris. Et on a compris que vous parliez très bien français, puisqu'on vous avait reçus il y a maintenant un an et demi sur ce plateau.
12:11 Et vous parliez, vous maîtrisiez beaucoup moins notre langue qu'aujourd'hui. Voilà, il y a eu une traduction littérale bien sûr tout au long de cette émission.
12:20 La une du Point, rapidement, Armel Le Goff, merci, vous êtes donc la directrice adjointe de la rédaction du Point, ce sont les milliards du Hezbollah.
12:28 Effectivement, en plein dans cette actualité de Nicaro, en direct de Nice, depuis le Nice matin.
12:37 Bonjour, Monsieur l'ambassadeur. Au début de la guerre, 120 000 réfugiés ukrainiens ont été accueillis en France, dont beaucoup d'ailleurs sur la côte d'Azur.
12:46 Combien en reste-t-il aujourd'hui dans notre pays ? Et ont-ils toujours l'intention de revenir en Ukraine ?
12:56 Je vous remercie de votre question. Vous avez parfaitement raison. Depuis le début de cette agression à grande échelle, 120 000 réfugiés ukrainiens sont venus en France,
13:10 essentiellement les femmes et les enfants et les personnes âgées. Actuellement, suivant les données du ministère de l'Intérieur français, il en reste 65 000.
13:24 Donc la moitié soit est revenue en Ukraine, soit est partie vers d'autres pays.
13:32 L'ambassade, durant les réunions consulaires, notamment dans votre région, lorsque nous recevons les gens, nous interrogeons nos concitoyens, et notamment au sujet de leur retour.
13:51 Suivant ces discussions, ces recherches, 65-70 % d'Ukrainiens ont l'intention de rentrer en Ukraine.
14:04 La seule chose, c'est qu'on ne sait pas quand est-ce qu'ils pourront le faire, et cela dépendra de la situation sécuritaire.
14:12 Un petit nombre de ceux qui sont certains de rester en France, ce sont des enfants qui sont scolarisés, donc ceux qui ont des enfants en bas âge dont les enfants sont scolarisés,
14:26 et ils estiment que ce serait difficile de les déraciner.
14:29 Mais je tiens à souligner que le but de l'État ukrainien est de faire revenir l'ensemble de nos concitoyens en Ukraine.
14:38 Denis ?
14:46 Depuis le début de la guerre, de nombreuses écoles ont été détruites en Ukraine.
14:54 Combien ont été reconstruites et comment fonctionne aujourd'hui le système éducatif dans votre pays ?
15:00 Je vous remercie pour cette question, une question très pertinente, et nous la posons toujours à l'ordre du jour de l'UNESCO, où je suis le président permanent de l'Ukraine.
15:18 En temps de guerre, il y a eu environ 400 écoles, je parle des écoles secondaires, qui ont été détruites, et environ 1 000 établissements d'éducation.
15:32 Évidemment, le processus éducatif se poursuit dans des conditions extrêmement difficiles.
15:39 Par exemple, à Kharkov, dans une de nouvelles technologies, on a construit une école souterraine à 1 000 élèves.
15:50 Vous imaginez les enfants qui étudient dans ces conditions, ce qui se passe dans les stations de métro, sous la terre.
16:00 Mais l'enseignement continue, les études continuent, et la seule chose que, comme vous le savez, le Russe ne peut pas marquer de succès au front,
16:10 pratiquent aujourd'hui la tactique de terreur et détruisent les infrastructures des grandes villes de millions d'habitants, comme Kharkiv, Zaporozhye, Dnipro,
16:20 où les centrales électriques sont détruites, et ces villes restent pendant quelque temps sans électricité, qu'on est en train de rétablir progressivement.
16:30 Eh bien, évidemment, cela a une influence sur tous les processus, y compris le processus éducatif des enfants.
16:35 Très rapidement, Denis Karoui, il reste une minute. Vous avez une dernière question pour Vadim Momelchenko.
16:41 Vous avez parlé des infrastructures électriques. Ces derniers jours, énormément de frappes russes privent les Ukrainiens d'électricité.
16:53 Quel est l'état de la situation aujourd'hui et comment la France peut-elle vous aider ?
17:07 En effet, ces derniers temps, la Russie a pris la tactique de terreur ouverte en frappant les centrales électriques, et 80% du potentiel s'est détruit.
17:25 J'ai participé à la réunion présidée par le président ukrainien, et cette question a été discutée.
17:33 Donc l'information est positive globalement, car malgré la destruction de ces 80% des puissances électriques de l'Ukraine, nous avons des solutions de réserve,
17:46 donc le plan B et le plan C, et nous travaillons aujourd'hui suivant le plan B.
17:51 Nous avons des puissances nécessaires afin de restaurer notre secteur énergétique.
17:58 La France nous aide, tout comme elle nous a aidés l'hiver dernier.
18:03 Nous avons reçu de la part de la France un millier de groupes électrogènes qui travaillent dans différentes villes et villages,
18:09 et nous sommes reconnaissants, et ce processus se poursuivra, et j'espère que nous restaurerons notre structure énergétique.
18:17 La une de Nice matin, cyberattaque, l'état d'alerte après l'attaque qu'a subie l'hôpital de Cannes il y a deux jours,
18:30 un problème qui devient de plus en plus important partout en France.
18:35 Merci Denis Carreau, qui dirige les rédactions du groupe Nice matin, en duplex et en direct de ses studios de Nice matin à Nice.
18:41 Dans un instant, Floreal Hernandez, qui est rédacteur en chef de 20 minutes, qui a une question à vous poser.
18:47 Vadim Olekchenko, on l'écoute.
18:50 Bonjour monsieur Olekchenko. La loi pour mobiliser plus de soldats a été promulguée mardi par Volodymyr Zelensky.
18:57 La clause qui prévoyait la démobilisation des soldats après 36 mois de service a été supprimée.
19:02 L'Ukraine n'y est pas informée contentement, voire des désertions parmi les troupes ukrainiennes sur le front.
19:08 Le Parlement a étudié trois versions de cette loi.
19:25 Plus dure, d'où nos députés ont choisi la version la plus douce de cette loi, car nous sommes un pays démocratique et chaque loi passe des tests, des épreuves,
19:45 et nous avons étudié la question du respect des droits de l'homme, de la protection des droits des citoyens de l'Ukraine.
19:55 En même temps, les députés ne pouvaient pas tenir compte de l'opinion des militaires, de l'Etat-major,
20:03 et nous avons appris que la situation sur la ligne de front, sur la démobilisation, a été repoussée.
20:15 En ce qui concerne la désertion, nous ne la voyons pas.
20:19 Peut-être que des cas isolés peuvent arriver, puisque c'est la guerre et que les gens sont vivants,
20:28 mais on a entendu parler des tendances de désertion.
20:33 — La une de 20 minutes. Voilà, quelle a une d'hier. Bien sûr, vous la voyez. Elle s'affiche. Ça sent bon, les Jeux.
20:39 Avec cette phrase humoristique, on est à 100 jours des Jeux olympiques. Dans un instant, Tom Benoît, qui dirige la rédaction du Géostratégie sur ce plateau.
20:46 — Bonjour, Tom Benoît. — Bonjour. Bonjour, monsieur l'ambassadeur.
20:52 Votre président a déclaré il y a quelques jours que le monde entier devait faire corps face à deux pays qui sèment la terreur, l'Iran et la Russie.
21:01 L'Iran et l'Arabie saoudite ont intégré l'organisation des BRICS, dans laquelle font partie donc la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil.
21:10 Est-ce que l'intégration de ces deux pays, qui sont deux partenaires commerciaux de la Russie,
21:15 mais qui sont également ennemis sur le plan géopolitique, va changer quelque chose précisément dans le rapport que la Russie peut avoir à l'Iran ?
21:23 Est-ce qu'on doit s'attendre à une véritable proximité entre la Russie et l'Iran durant les semaines, les mois et les années à venir ?
21:34 Je vais être franc avec vous. Ce n'est pas tout à fait mon domaine. Et je ne peux commenter que dans le cadre de ma mission diplomatique.
21:45 Je ne peux pas porter un jugement à tel ou tel pays, quelle que soit sa position.
21:53 Nous avons des faits. Et le seul fait dont nous disposons est que l'Iran fournit des armes à la Russie,
22:01 qui sont utilisées ensuite dans des objectifs terroristes contre la population civile.
22:07 Ce sont des faits qui sont établis par tous les établissements internationaux. Nous pouvons en parler.
22:14 Ces deux pays sont partenaires. Et nous considérons ces actions comme terrorisme. Donc ils sont partenaires dans ce genre d'action.
22:24 En ce qui concerne d'autres questions, disons que nous voyons que la Russie est sous les sanctions,
22:34 que même les pays de BRICS se joignent à ces sanctions, parce qu'ils ne veulent pas avoir l'impact des sanctions,
22:45 et la Russie devient une exclue. Si quelqu'un veut rejoindre la Russie dans ces questions, eh bien, il garde bien le face.
22:53 Pas tous les pays du BRICS, d'ailleurs. Pas tous les pays des BRICS. Et justement, l'économie russe semble être plutôt résiliente.
23:01 Le FMI a augmenté ses prévisions de croissance pour l'année à venir. Comment expliquez-vous cette résilience de l'économie russe,
23:09 qui a été victime des sanctions que nous évoquions précédemment ?
23:15 Je l'explique par de bonnes communications. A vrai dire, je suis très attentivement et je connais les chiffres.
23:31 Tout n'est pas aussi brillant comme il le présente et comme il diffuse partout. L'économie russe est proche du crash.
23:39 Et nous les aidons en cela. Vous savez qu'il était question des drones tout à l'heure.
23:49 Et durant les dernières 4 semaines, nous avons détruit 20% des puissances d'exportation pétrolière de la Russie, 20% des exportations russes.
24:02 Et c'était uniquement en l'espace de 4 semaines. Je tiens à souligner que nous l'avons fait grâce aux drones de la production ukrainienne.
24:10 Certains sites ont été touchés à une distance de 1 200 km. Donc vous voyez.
24:17 Donc tout n'est pas aussi bon. S'ils ont perdu 20% en quelques semaines, vous comprenez que cela entraînera d'autres conséquences,
24:28 non seulement militaire, puisque l'armée est privée de carburant, mais aussi l'agriculture qui en est privée.
24:36 On n'est pas là, bien évidemment, pour faire de la politique fiction. Mais si je comprends bien ce que vous dites, vous imaginez que l'économie russe
24:42 à retardement ou avec une forme d'inertie durant les mois à venir va subir des dommages plus importants que ce qu'elle a connu jusqu'à présent.
24:50 Parce que notre ministre de l'économie, par exemple, Bruno Le Maire, avait annoncé vouloir s'éteindre à genoux, je crois à l'expression "l'économie russe".
24:57 Par la force des choses, l'économie russe aujourd'hui n'est pas à genoux. Mais on peut imaginer, notamment avec l'exclusion par exemple
25:04 de la Russie, de la BRI, du Conseil de la BRI, la privation de SWIFT également, que durant l'année 2025-2026, la Russie soit réellement
25:14 exclue du monde occidental, en tout cas avec son économie en pâtisse.
25:18 Personne ne doute. Tout d'abord, je ne suis pas du tout d'accord que l'économie russe n'est pas à genoux. L'économie russe est déjà à genoux.
25:33 Je vous en assure. Parce qu'il y a beaucoup de données objectives qui en témoignent.
25:39 Deuxièmement, toutes les sanctions fonctionnent plus ou moins, certaines mieux, d'autres moins bien. Malheureusement, ils trouvent très rapidement
25:49 les moyens de les contourner. Alors l'économie russe, comme a dit un des leaders des Etats-Unis, que la Russie est une grande pompe à essence,
26:01 c'est tout ce qu'il faut savoir de l'économie russe, c'est le pétrole et le gaz. Ils n'ont pas d'industrie légère, ils n'ont pas d'industrie militaire.
26:21 Il y a encore quelques productions militaires, mais cette économie ne produit pas les choses habituelles. Aujourd'hui, elle est sous sanctions.
26:32 Le déficit de certaines catégories des produits est de plus en plus important.
26:37 La une de géostratégie, Tom Benoît.
26:39 Alors la une de géostratégie. Que se produirait-il si la France quittait l'euro ? Il serait intéressant de savoir si l'Ukraine pouvait intégrer l'euro
26:46 durant les semaines et les mois à venir. Est-ce que c'est une idée ? Une dernière seconde peut-être ? Est-ce que l'Ukraine a pour ambition d'intégrer l'euro à terme ?
26:57 Évidemment. C'est notre voie. C'est ce que nous avons choisi. Vous savez que la voie pour l'intrès...
27:07 Sur le plan monétaire. Pas seulement l'intégration dans l'UE, mais adopter la monnaie européenne.
27:12 Tout à fait. Mais ce sont des étapes. D'abord, il faut intégrer l'UE, devenir membre.
27:22 Et ensuite, vous savez, il y a des pays membres de l'UE qui, jusqu'à présent, ne font toujours pas partie de la zone euro.
27:28 Donc ça dépend de leur position. Il y a des pays qui utilisent les deux monnaies.
27:33 Par exemple, la Pologne qui a sa monnaie propre et l'euro. Donc c'est une question de l'avenir.
27:40 Merci. Tom Benoît, qui dirige la rédaction de Géostratégie magazine.
27:44 Merci de m'avoir reçu. Merci, M. l'ambassadeur.
27:46 Magazine du groupe Lafond Presse. Voilà. Cyril Boutier, qui est directeur éditorial de France Antille,
27:50 notre partenaire loin d'ici, proche du continent américain. Une question à vous poser.
27:55 Il est en duplex de Fort-de-France. On l'écoute.
27:58 Bonjour, Vadim Omelchenko. Dans nos territoires des Caraïbes, nous sommes à presque 10 000 km du front ukrainien.
28:04 Et tout ça peut nous paraître très très loin. Quels sont les arguments que vous, ambassadeur,
28:10 pourriez donner pour expliquer que ce conflit, finalement, a des répercussions sur toute la planète,
28:17 y compris pour nous qui sommes loin ?
28:20 Je salue les Caraïbes. Je n'ai pas de bonnes nouvelles. La guerre n'est pas si loin que ça de nous.
28:34 Pourquoi ? Et pourquoi elle va se rapprocher et que l'on a tant fait de la ressentir ?
28:44 Tout d'abord parce qu'il s'agit d'une agression à grand défi.
28:50 L'Ukraine, c'est un précédent exceptionnel de violations de toutes les lois, toutes les normes internationales et toutes les règles internationales.
28:59 Une région qui fait, par le fait d'une organisation de sécurité, un pays qui est membre du Conseil de sécurité de l'ONU.
29:08 Vous pouvez imaginer de quoi il s'agit dans ce précédent. Parce que si la Russie peut le faire, alors d'autres pays, en particulier les pays dictateurs,
29:19 peuvent se dire, mais eux aussi peuvent faire la même chose.
29:22 Ils peuvent se permettre de ne pas respecter les frontières, qu'on ne peut pas adopter, ne pas respecter les normes et les lois internationales,
29:29 que les conventions internationales sur lesquelles se base la sécurité internationale peuvent ne pas être respectées.
29:35 Donc si le monde entier le voit, et vous voyez qu'aujourd'hui dans le monde il y a beaucoup de pays qui sont en processus électoral,
29:44 et si les populistes voient que tout est permis, qu'on peut violer les règles, qu'il n'y a plus de lois, qu'il n'y a plus de frontières, qu'il n'y a plus de respect,
29:52 imaginez les conséquences. Et en effet, ce processus se poursuit et les conséquences peuvent être très dangereuses pour tout le monde.
30:01 – Jean-Claude Jumel, jeune commissaire d'Ukraine en français, notre invité ce matin, dans un instant,
30:04 Démetre Korkmaz de la rédaction internationale de TV5, mondé sur ce plateau.
30:07 [Musique]
30:11 Bonjour Démetre. – Bonjour.
30:13 On va parler de la question des avoirs russes. C'est une question qui revient régulièrement depuis deux ans,
30:20 mais le dossier n'avance pas beaucoup. Il y a deux jours, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a voté à l'unanimité
30:28 une résolution demandant que cet argent puisse servir à la reconstruction et à l'indemnisation des victimes ukrainiennes.
30:37 Est-ce que vous pensez que c'est là la priorité, que c'est à ça que doit servir l'argent des avoirs russes ?
30:46 Et à votre avis, qui va payer les pertes que notre pays a enregistrées en conséquence de cette guerre ?
31:00 Aujourd'hui, ces conséquences, selon les établissements internationaux, les experts internationaux, sont entre 800 milliards jusqu'à un trillion de dollars.
31:09 Vous imaginez ce chiffre ? Qui va réparer ces pertes, d'ailleurs qui augmentent tous les jours ?
31:18 Qui va compenser la France qui nous aide aujourd'hui de son propre budget ?
31:24 Qui va compenser les pertes d'autres pays qui nous aident ? Je pense que celui qui est coupable, c'est la Russie qui doit payer.
31:34 Et le fait qu'il y ait eu des gènes, des actifs avoirs, ce sont des mesures tout à fait légitimes.
31:41 Et le fait que les établissements internationaux travaillent sur les mécanismes impeccables de faire confisquer ces actifs, comment les utiliser ?
31:49 Vous croyez, Loup, que vous allez réussir à recevoir cet argent un jour ? Parce qu'il y a des dissensions au sein de l'Union européenne.
31:55 Tout le monde n'est pas d'accord. Est-ce que vous pensez que ces avoirs finiront dans les caisses de l'Ukraine ?
32:01 J'en suis certain. Tôt ou tard, cela aura lieu. Nous en sommes sûrs. Les tendances que nous observons en témoignent.
32:12 Alors, il se tient en ce moment en Italie la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.
32:20 Antonio Tajani a déclaré qu'il était important de tenir Moscou à distance.
32:27 Tenir Moscou à distance, est-ce que cela veut dire que les Occidentaux, que les Européens ne croient plus à défaire la Russie et qu'il faut simplement le tenir à distance ?
32:39 Comment vous comprenez cette déclaration ?
32:42 Je préfère la déclaration de M. Macron. Ses déclarations sont plus résolues et plus claires.
32:59 Quand il dit que le principal facteur de déstabilisation, c'est la réfédération de Russie, que la Russie ne peut pas gagner dans cette guerre, etc.
33:06 M. Macron est très résolu et a des positions claires. Pardonnez-moi, mais c'est tout à fait normal.
33:16 C'est une rhétorique normale de tenir à distance. Mais comment ne pas tenir à distance un pays qui viole tous les accords internationaux et ce qui constitue la base de notre civilisation ?
33:30 La Suisse va organiser au mois de juin une conférence de paix pour l'Ukraine. La Chine a d'ores et déjà décidé de ne pas y participer.
33:40 Qu'est-ce qu'on peut attendre d'une conférence de paix sans la Chine ?
33:45 Pas tout à fait. La Chine a dit et ses représentants l'ont déjà répété à plusieurs reprises qu'elle est d'accord de prendre part à cette conférence, qu'elle soutient les efforts à l'établissement de la paix.
34:01 Mais la Chine propose que cette conférence doit être organisée avec la participation de la Fédération de Russie, ce que nous n'acceptons pas.
34:15 Nous ne voyons pas de la part de la Fédération de Russie aucune avancée vers la paix. Et donc c'est la seule différence.
34:22 Vous estimez aujourd'hui que les conditions ne sont pas réunies pour s'installer à la même table que Moscou, que la Russie ?
34:32 Pour l'instant, nous ne voyons pas de la part de la Russie aucun signe, aucun désir de mettre fin à cette agression et de passer à des pourparlers sérieux.
34:45 Une dernière question. Les élections européennes approchent. Est-ce que vous craignez l'issue de ces élections européennes ?
34:55 Nous ne redoutons pas les résultats. Nous faisons confiance à nos partenaires.
35:02 Et nous sommes parfaitement certains que la position de l'UE n'échangera pas. Si vous voulez dire par là la menace d'augmentation des représentants des partis politiques d'extrême droite, populistes,
35:18 ce risque existe. Mais je suis persuadé que le peuple de l'Europe verra leur bon choix.
35:23 – Merci, Démetre Korkmaz. Vadim Omechenko, c'était sur ce plateau même, ici même le 23 septembre dernier,
35:32 Alain Delon dialoguait avec votre président Volodymyr Zelensky en duplex de Kiev. Regardez cet extrait avec nous.
35:42 – Bonjour. – Bonjour.
35:44 – Il est très sympathique. Je suis très heureux de vous voir et très heureux d'être en face de vous.
35:49 Il a une plus belle fin de carrière que la mienne. Il est président. Je ne suis rien du tout.
35:55 – Je n'ai jamais été un acteur aussi génial que vous.
36:00 – Je ne serai jamais un président aussi génial que vous. Aussi méritant que vous. Jamais.
36:10 Je vous remercie beaucoup. Et Dieu merci, il y a d'autres personnes qui s'engagent et qui soutiennent l'Ukraine.
36:19 – Voilà, c'était donc sur ce plateau même à votre place, même Alain Delon dialoguait avec votre président Volodymyr Zelensky,
36:25 qui a décidé de lui attribuer une récompense exceptionnelle pour un étranger. Vous allez l'annoncer ce matin.
36:34 – Je tiens à vous dire que monsieur Delon, dès les premiers jours de cette guerre de la grande échelle,
36:43 il a pris des positions à nous soutenir. Vous savez que monsieur Delon est une personne significative,
36:56 une personne très connue, une personne avec influence, très grande influence.
37:02 – Et très populaire en Ukraine aussi. – Et très populaire en Ukraine et par tout le monde.
37:06 – On le voit au Centre culturel ukrainien à Paris, à Avney-de-Messines, un hôtel particulier qui lui a appartenu dans les années 60
37:13 et qui est maintenant propriété de l'Ukraine. On le voit avec vous là. Et donc le président a décidé…
37:18 – Alors son soutien, son soutien, il était très important pour nous parce qu'avec vous, avec votre plateau,
37:27 il était diffusé par tout le monde, y compris la Chine, y compris le Japon, tout ça.
37:34 Et alors si je ne me trompe pas, cette émission, elle a eu combien ? 100 millions de spectateurs.
37:41 – Oui, beaucoup de vues. Vous savez que cette chaîne est diffusée dans 500…
37:43 – Voilà. – … dans 200 pays.
37:45 – Imaginez cette influence et cette importance pour nous de cette influence.
37:50 Et alors mon président a pris la décision de… – De décerner ?
37:58 – De décerner, monsieur De Loon, de cet ordre d'émérite ukrainien. Je vous montre.
38:06 – Magnifique. – Si vous voyez.
38:10 – Absolument, on la voit à l'antenne.
38:13 – Et j'aurai un grand honneur de transmettre cette médaille. Et je tiens à transmettre aussi,
38:19 si vous permettez, un message pour Alain Delon. Si vous permettez.
38:24 – Bien sûr, je vous en prie.
38:26 – Monsieur Delon, cher Alain, je sais que vous êtes dans une situation pas trop simple.
38:37 Et je tiens à vous dire que vous n'êtes pas seul.
38:44 Vous avez beaucoup d'admirateurs, beaucoup de gens qui vous aiment,
38:51 y compris des Ukrainiens, des Français et tout ça.
38:56 Et moi-même et mon peuple, on est toujours à votre côté, on est toujours avec vous.
39:04 – Merci beaucoup, Vadim Omelchenko. Merci pour cette annonce de décoration
39:10 de l'ordre national d'humérique ukrainien à Alain Delon.
39:14 Merci d'avoir été l'invité de "Face au territoire",
39:16 de nous avoir donné des nouvelles de votre pays, l'Ukraine.
39:20 La semaine prochaine, jeudi, la politique reprend française, européenne, reprend ses droits.
39:26 Et nous recevrons sur ce plateau Raphaël Glucksmann,
39:29 qui vous le savez était de liste aux élections européennes pour le Parti Socialiste, entre autres.
39:35 Voilà, merci, au revoir à tous et à la semaine prochaine.
39:40 [Musique]
39:58 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org