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00:00Bonjour à tous et bienvenue sur le plateau de face au territoire sur TV5MONDE. Aujourd'hui, mon invité, c'est Jean-Noël Barraud. Bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Merci d'être avec nous, Jean-Noël Barraud. Vous êtes ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. C'est important, mais toujours l'Europe avant Affaires étrangères,
00:25je m'imagine, pour montrer que c'est une préoccupation des plus importantes. On parlera de beaucoup de sujets, évidemment, dans cette émission en direct, pendant une heure avec vous.
00:34Je dois signaler qu'elle est également diffusée en flux direct sur TV78, qui est la chaîne des Yvelines, dont vous avez été député, absolument, votre département.
00:43Et donc ils sont avec nous tout au long de cette émission. Jean-Noël Barraud, une première question. Vous avez tweeté il y a quelques heures la libération d'un otage français,
00:53Olivier Grondot, 34 ans, détenu depuis 2022, accusé d'espionnage. Il était parti faire un tour du monde. Il avait été condamné à une peine de prison, de 5 ans de prison, je crois.
01:06Qu'est-ce que pouvez-vous nous dire de la libération de cet otage français qui est interdit, je crois, cette nuit ou qui arrive ?
01:12Merci d'abord pour votre invitation. C'est un sujet sur lequel j'aurai l'occasion de m'exprimer un peu plus tard dans la journée.
01:18Très bien. Il y a des problématiques de sécurité, j'imagine, qui restent présentes à l'occasion de cette libération ?
01:25Toutes ces libérations sur lesquelles nous sommes mobilisés impliquent un certain nombre de précautions, effectivement.
01:35Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères, est notre invité aujourd'hui dans Face au territoire sur TV5, mon en direct.
01:431121e jour de guerre en Ukraine. Le 23 septembre 2022, nous étions, nous, Face au territoire, les premiers à interviewer Volodymyr Zelensky à Kiev, dans ce bunker.
01:59Je voudrais que vous regardiez ça, M. le ministre.
02:03Comment allez-vous ? Comment tenez-vous ? Comment va votre forme physique ?
02:09Je me sens comme n'importe quel citoyen de l'Ukraine. Nous sommes les mêmes. Nous nous sentons de la même manière.
02:16Nous connaissons notre but. Nous sommes confiants dans notre victoire.
02:23L'Ukraine peut-elle encore gagner cette guerre ? Ils étaient confiants dans leur victoire, je rappelle la date, 23 septembre 2022.
02:32D'abord, en regardant ces images, je veux saluer la bravoure et l'héroïsme de Volodymyr Zelensky et du peuple ukrainien qui, depuis plus de 3 ans maintenant,
02:41résiste contre l'envahisseur russe. Et ce qui se joue en Ukraine, c'est bien évidemment l'avenir de ce pays dont Volodymyr Zelensky
02:50défend la souveraineté et l'indépendance. Mais ça va bien au-delà. C'est la sécurité européenne.
02:56Mais c'est aussi, d'une certaine manière, l'ordre international fondé sur le droit et la question de savoir si, oui ou non,
03:03la loi du plus fort va s'imposer en Ukraine et ailleurs.
03:07Ils peuvent encore gagner, selon vous ?
03:10La question, c'est évidemment que l'Ukraine ne soit pas en situation de capituler. C'est la raison pour laquelle, depuis 3 ans et sans relâche,
03:17nous avons soutenu les Ukrainiens. – Gagner, c'est ne pas capituler. Est-ce que c'est un concept ?
03:21– Vous savez, quand vous présentez les choses de cette manière-là, ça pourrait donner le sentiment que l'Ukraine est entrée en guerre
03:30avec l'un de ses voisins. Ça n'est pas du tout la situation. La situation, c'est celle de la Russie, de Vladimir Poutine,
03:36qui a lancé une guerre d'invasion contre l'Ukraine. Et ce sont des Ukrainiens qui, courageusement, résistent contre l'envahisseur
03:45qui, de fait, depuis 3 ans, a échoué à atteindre l'objectif qui s'était fixé, c'est-à-dire de faire capituler l'Ukraine en moins de 3 semaines seulement.
03:54– Il a pris une dimension exceptionnelle, Volodymyr Zelensky, à l'occasion de cette guerre et de la manière dont il a mené les choses,
04:02selon le regard du ministre des Affaires étrangères français.
04:05– Je crois que c'est d'abord aux Ukrainiens qu'il faut le demander. Et ils ont répondu de manière très nette,
04:10lorsque le parlement ukrainien, il y a quelques semaines seulement, a réaffirmé que Volodymyr Zelensky
04:15avait la pleine légitimité pour présider au destiné de son peuple.
04:18– Alors, je vous pose cette question parce que les Américains, notamment Donald Trump et le vice-président J.Devens,
04:23remettaient en question ce leadership de Volodymyr Zelensky. La France, elle, par la voix de son ministre des Affaires étrangères,
04:31considère qu'il reste et sera l'interlocuteur de la suite.
04:35– Évidemment, il est pleinement légitime. Il a pris cette légitimité auprès du peuple ukrainien au travers de ses représentants de la Rada.
04:44Et il est évidemment, après avoir mené pendant 3 ans son pays et son peuple dans cette guerre de résistance contre l'envahisseur,
04:54je dirais le mieux placé pour négocier un traité de paix en bonne et due forme avec la Russie qui éloignera définitivement la menace.
05:04C'est Jean-Noël Barrault, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères qui est notre invité ce matin dans Face au territoire sur TV5Monde,
05:10avec, vous le savez, en partenariat et en coproduction avec la presse quotidienne régionale.
05:14Dans un instant, donc, Stéphane Vernet de Ouest-France sur ce plateau.
05:18Bonjour Stéphane Vernet. – Bonjour.
05:23Bonjour, bonjour. L'Ukraine, j'avais une première question à vous poser concernant l'Ukraine.
05:28Le président Zelensky et le président Trump se sont parlé hier au téléphone.
05:32Apparemment, ça se passe beaucoup mieux entre eux. Pourtant, tout n'est pas clair.
05:36Que propose vraiment Donald Trump ?
05:39Une protection américaine de toutes les installations électriques ukrainiennes, ce qu'a compris Volodymyr Zelensky,
05:46ou juste de la centrale nucléaire de Zaporizhia ?
05:48– C'est l'objet des discussions que nous avons au niveau du président de la République et au mien avec nos interlocuteurs ukrainiens et américains,
05:57puisque vous avez vu que ces dernières semaines, nous avons joué un rôle de facilitateur pour que,
06:03suite à l'incident très regrettable du bureau Oval de la Maison-Blanche,
06:08que les liens puissent être renoués, puisque nous considérons que les États-Unis de Donald Trump,
06:14ayant exprimé leur intention de conduire cette guerre d'agression vers une fin définitive,
06:22que nous sommes bien placés pour faciliter ces discussions.
06:26Ce que je constate en revanche, c'est qu'aujourd'hui, le seul obstacle à la paix, c'est Vladimir Poutine,
06:32qui, lorsqu'il s'est entretenu un peu plus tôt cette semaine avec le président Trump,
06:36a semblé signaler qu'il était prêt à ce qu'on pourrait appeler une demi-trêve sur les infrastructures énergétiques,
06:46mais qui, le soir même, a bombardé l'Ukraine avec toute la force de ses drones et de ses missiles.
06:52Est-ce que la France continue à plaider pour un cessez-le-feu de 30 jours dans les airs, sur les mers et toutes les installations électriques ?
07:00Pourquoi est-ce qu'il n'est pas pleinement question de ça aujourd'hui ?
07:03Nous avons non seulement plaidé pour une trêve dans les airs, en mer et sur les infrastructures énergétiques,
07:11parce que c'était vérifiable, mais cette proposition a été retenue par les Ukrainiens,
07:16qui, lorsqu'ils ont rencontré les équipes de négociations américaines la semaine dernière en Arabie Saoudite,
07:22ont posé cette proposition sur la table.
07:25Les Américains ont demandé aux Ukrainiens d'aller un peu plus loin
07:33et de consentir à une trêve qui concernerait l'ensemble des champs de la conflictualité, y compris les combats sur le terrain.
07:41Ce à quoi, et il faut le leur reconnaître, c'est vraiment majeur, et ça, je pense, était un peu sous-estimé,
07:47les Ukrainiens ont consenti. C'est-à-dire que les Ukrainiens ont accepté une formule de cessez-le-feu
07:54qui est pour eux un vrai compromis en direction de la paix.
07:57Ce que vous disiez tout à l'heure, ce sont les Russes qui bloquent pour l'instant.
07:59Aujourd'hui, ce sont les Russes.
08:00Et c'est mesurable, Jean-Noël Barraud. C'est les Américains qui vont mesurer ça ?
08:03Non, alors...
08:04Ou est-ce qu'on aura des moyens de voir si c'est vrai ou pas ?
08:06Justement.
08:07C'est une vraie question.
08:08Justement.
08:09Les Américains ont formulé une proposition qui était facilement mesurable.
08:12Par nous ou pas par les Américains ?
08:14Par quiconque, puisque, si je puis dire, parce que si vous parlez des aires, des mers et des infrastructures énergétiques,
08:21c'est plus facile, si l'on peut dire, de mesurer s'il y a des franchissements
08:25que si vous parlez de la ligne de contact sur le terrain qui a 1300 km de long, qui fait 1300 km de long.
08:32Les Américains ont souhaité aller plus loin parce qu'ils voulaient que ce cessez-le-feu,
08:37c'est-à-dire préalable à une négociation de paix en bonne et due forme, témoigne de la bonne foi des deux partis.
08:42Les Ukrainiens ont accepté. C'est le gage de leur bonne foi. Les Russes l'ont refusé.
08:47Les Russes et les Américains se retrouvent en Arabie Saoudite dimanche pour négocier.
08:50À ce stade, il n'est toujours pas question que les Ukrainiens ou les Européens aient une place à la table des négociations.
08:55Est-ce qu'à un moment, forcément, ça viendra ?
08:59Alors d'abord, je souhaite pour ma part que les Ukrainiens et éventuellement les Européens
09:05puissent être associés d'une manière ou d'une autre aux discussions,
09:08puisqu'on voit bien que progressivement, la conversation, en tout cas la négociation,
09:13converge sur les paramètres d'un cessez-le-feu, et c'est très bien.
09:16Je pense que dès qu'un accord sur le cessez-le-feu aura été conclu,
09:22il faudra que les Européens puissent entrer pleinement dans la discussion.
09:25Et je le dis, le président de la République l'a dit lui aussi, y compris avec la Russie,
09:31pour préparer les termes d'un accord de paix en bonne et due forme
09:35qui garantissent que les hostilités seront définitivement terminées.
09:39– À ce stade, si Donald Trump et Vladimir Poutine parvenaient à un deal
09:42particulièrement défavorable aux Ukrainiens,
09:45est-ce que nous aurions vraiment les moyens de nous y opposer ?
09:48Si les Américains disent, c'est à prendre ou à laisser, vous signez,
09:53ou on coupe toutes les aides militaires, on fait quoi ?
09:56– Je crois qu'il faut poser la question aux Ukrainiens,
09:58qui ont fait la preuve de leur bonne foi en acceptant un cessez-le-feu sans conditions
10:02la semaine dernière en Arabie Saoudite.
10:04Un cessez-le-feu préalable à des négociations de paix.
10:07Si on leur propose une capitulation, pensez-vous vraiment qu'après 3 ans
10:11de combat courageux qui a tant coûté à l'Ukraine, ils déposeraient les armes ?
10:16À mon avis, ils ne l'accepteront pas.
10:18– Jean-Noël Barreau, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
10:21est notre invité ce matin dans Face au territoire sur TV5Monde.
10:23C'est le principe de cette émission.
10:24Nous partons à Marseille.
10:25Olivier Biscay, qui est directeur de la rédaction de La Provence,
10:28partenaire de cette émission, a une question à vous poser depuis Marseille.
10:31Olivier.
10:32– Monsieur le ministre, bonjour.
10:34Croyez-vous que la paix reviendra au Liban comme l'affirme,
10:38comme l'espère le chef de la Finul Haroldo Lazaro ?
10:41– Bonjour et merci pour votre question.
10:44D'abord, il y a 4 mois encore, le Liban était plongé dans une guerre
10:48qui le menaçait d'effondrement.
10:50Grâce à la mobilisation de la diplomatie française,
10:53aux côtés de la diplomatie américaine,
10:56nous avons obtenu d'abord un cessez-le-feu.
10:58Puis, nous avons facilité l'élection d'un président pour le Liban,
11:01qui n'en avait pas depuis plus de 2 ans.
11:03Puis, la nomination d'un Premier ministre.
11:05Et aujourd'hui, un nouvel espoir est né au Liban que nous voulons accompagner.
11:10Est-ce que tous les problèmes sont résolus ?
11:12Pas tout à fait.
11:13Il reste, même si les troupes israéliennes se sont presque intégralement retirées du Liban,
11:18une présence au sud du pays.
11:21Le travail de désarmement du sud du Liban, en particulier du Hezbollah,
11:26n'est pas tout à fait terminé.
11:28Mais par rapport à la situation qu'on connaissait il y a 4 mois,
11:30bien évidemment, c'est un pays totalement différent
11:33que nous avons réussi à faire émerger.
11:35On parle du Liban, il y a aussi à Gaza, en fait,
11:38l'horreur reprend avec des bombardements terrifiants.
11:40Comment se positionne la France ?
11:42Qu'est-ce qu'on peut faire pour arrêter ce conflit, en fait ?
11:45Le président de la République l'a dit hier.
11:48Je dirais que la reprise de la guerre à Gaza est dramatique,
11:51dramatique pour les populations civiles,
11:53dramatique pour les familles israéliennes
11:55qui attendent désespérément le retour des otages du Hamas.
11:58Il faut donc que les deux partis, Israël et le Hamas,
12:01s'en tiennent au terme du cessez-le-feu
12:04que Donald Trump, en arrivant, avait accéléré,
12:07et entre dans la phase 2 de ce cessez-le-feu
12:13qui avait été convenu par les partis,
12:15qui doit déboucher sur un plan pour l'avenir immédiat de Gaza
12:21sur lequel ont travaillé les pays arabes
12:23que nous soutenons dans leurs efforts
12:25pour la sécurité, pour la reconstruction
12:28et puis pour la gouvernance de Gaza
12:30qui, évidemment, ne devra en aucun cas intégrer le Hamas.
12:33J'ai une autre question concernant la région.
12:34Lundi, la Commission européenne a annoncé
12:36l'octroi d'une aide de 2,5 milliards à la Syrie sur deux ans.
12:40Pourquoi soutenir le nouveau régime
12:42après les massacres de civils qui ont eu lieu dans le nord-ouest du pays ?
12:45Si nous avons repris des échanges avec la Syrie
12:49après la chute du régime de Bachar al-Assad...
12:52– Et le président viendra-t-il à Paris, le président syrien, le nouveau ?
12:56– Je ne sais pas, ça n'est pas prévu à ce stade.
12:59– On avait parlé d'une invitation.
13:00– Ça n'est pas prévu à ce stade.
13:01Mais si nous soutenons, ou si nous avons réengagé le dialogue avec la Syrie
13:05après la chute du régime de Bachar al-Assad,
13:07c'est parce que sous l'empire de Bachar al-Assad
13:10et sous son régime criminel, des attentats terroristes
13:13ont été fomentés en Syrie, ont touché le territoire national
13:16et qu'à la chute de ce régime,
13:18eh bien Daesh, que nous avons combattu depuis dix ans
13:21avec nos alliés internationaux mais aussi locaux,
13:24les Kurdes en particulier, menacent de se reconstituer
13:27et de menacer une nouvelle fois le territoire national.
13:30Et donc, nous ne pouvions pas détourner le regard,
13:32nous ne pouvions pas enfouir notre tête dans le sable.
13:35C'est pourquoi j'y suis allé pour ma part
13:37et c'est pourquoi nous entretenons un dialogue très exigeant
13:40avec les autorités sur place pour que l'avenir de la Syrie
13:43ne laisse aucune place à une résurgence de Daesh.
13:46– Alors, une de la Provence d'abord, puisque Olivier Biscay est à Marseille,
13:50notre partenaire, on la voit derrière vous, c'est une une locale bien sûr.
13:53Et puis la une de Ouest-France, Stéphane Vernet,
13:56vous êtes éditorialiste politique à Ouest-France.
13:58– On parle des municipales, la France déjà en campagne,
14:00puisqu'on a un an des municipales.
14:02On avait parlé hier du livre blanc sur la défense européenne
14:05et du réarmement.
14:07Il y a un sommet, il y a un conseil européen qui va durer deux jours
14:10aujourd'hui à Bruxelles.
14:12Quels sont les enjeux rapidement en fait ?
14:14La France souhaite qu'il y ait un grand emprunt autour de la défense,
14:18ça ce n'est pas à l'ordre du jour.
14:20Par contre la question d'acheter européen pour se réarmer,
14:23ça c'est quelque chose qui est proposé par la France
14:25et qui va être discuté aujourd'hui et demain.
14:27– Exactement, et ce n'est pas sans lien avec la vie de nos territoires,
14:30la vie de nos communes et les élections municipales l'année prochaine.
14:33Ce qui va se passer jeudi et vendredi aujourd'hui et demain à Bruxelles,
14:37c'est la cristallisation de ce réveil stratégique de l'Europe
14:42en matière de défense, l'accord qui va se confirmer
14:46sur les paramètres financiers, la dimension financière
14:50de ce que l'Europe va mettre sur la table.
14:52La présidente de la Commission européenne a parlé
14:55des 800 milliards d'euros la semaine dernière.
14:58Ce qui importe pour nous, et ce que dira le président de la République,
15:01c'est que nous n'acceptons pas que l'argent des contriables européens
15:05aille financer l'industrie de défense d'autres régions du monde
15:09ou d'autres pays du monde.
15:10– On arrête d'acheter américains.
15:11– Pas seulement américains, c'est vrai que deux tiers
15:14de l'approvisionnement des armées européennes
15:16ces dernières années a été fait aux États-Unis,
15:18mais nous devons le rapatrier en Europe, c'est une question d'indépendance
15:21et c'est aussi une question d'attractivité et d'économie de nos territoires.
15:24– C'est aussi pour ça que vous êtes ministre de l'Europe
15:26et ensuite des affaires étrangères ?
15:28– Bien sûr.
15:29– Ça fait partie de quoi ? D'un signe qu'on veut donner ?
15:32– Je crois que c'est le président de la République, le premier,
15:35qui a ajouté le terme d'Europe à celui plus traditionnel des affaires étrangères.
15:40Ça témoigne de notre très fort engagement européen
15:43et de notre conviction que c'est au niveau européen que certains sujets,
15:46et en particulier celui de la sécurité,
15:48seront traités de manière la plus efficace au service des Françaises et des Français.
15:51– C'est donc Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et des affaires étrangères
15:54qui est notre invité en direct en face au territoire.
15:56Si vous nous rejoignez dans un instant,
15:58Tom Benoît, de Géostratégie Magazine. Merci Stéphane Vernet.
16:02– J'aurais voulu faire plus long sur la série mais...
16:06Bonjour Tom Benoît.
16:08On va parler de taxes et de droits de douane avec Jean-Noël Barraud.
16:11– Absolument. Bonjour monsieur le ministre.
16:12Alors j'ai entendu un bruit qui court pour ainsi dire.
16:14La Commission européenne pourrait taxer les produits de beauté en provenance des États-Unis.
16:19Pour le moment, les droits de douane sur les produits de beauté
16:22entre l'UE et les États-Unis sont quasiment à zéro.
16:25Alors ma question, elle est très simple.
16:27Si l'UE annonce taxer les produits de beauté,
16:30est-ce que Donald Trump ne va pas arriver en nous disant
16:32« Moi je les taxe encore plus et je taxe les cosmétiques »
16:35qui sont quand même le second pôle d'exportation de notre pays, la France, les produits cosmétiques ?
16:40– La réponse, elle est très simple.
16:42Personne n'a intérêt à une guerre commerciale, ni les États-Unis, ni l'Europe.
16:45Et ne comptez pas sur l'Europe pour porter le premier coup.
16:49Ça ne sera jamais le cas.
16:51Mais si nos intérêts sont menacés par des guerres commerciales,
16:54qu'elles soient provoquées par les États-Unis ou par d'autres,
16:56eh bien nous répliquerons.
16:58Nous l'avons fait lors du premier mandat de Donald Trump.
17:00Nous le ferons à nouveau.
17:01– Et alors on réfléchit sur un autre secteur, pour ainsi dire.
17:03Puisque les droits de douane, pour le moment, ce n'est pas sur les produits cosmétiques.
17:05On parle d'acier, de métal, de vin, par exemple.
17:08– Bien sûr, mais nous choisissons, ou plus précisément la Commission européenne,
17:11choisit les mesures de représailles pour maximiser l'impact sur, je dirais,
17:20le pays ou la région qui porte atteinte à nos intérêts.
17:23Et pour minimiser l'impact sur nos propres filières.
17:25En tout cas, c'est ce qu'on lui demande de faire.
17:27– Question subsidiaire.
17:28Je me mets dans la position de LVMH, par exemple,
17:31ou Kering, tous ces groupes de luxe qui sont de gros exportateurs de cosmétiques.
17:35Est-ce qu'il ne va pas leur venir la petite idée, un peu comme c'est AMA-CGM, par exemple,
17:39qui s'est engagé à investir 20 milliards sur les 4 prochaines années
17:42et créer 10 000 emplois aux États-Unis, de se dire,
17:44on va peut-être ouvrir quelques usines au Texas, en Californie.
17:49– Quelques filiales américaines, vous voulez dire.
17:51– Quelques filiales américaines, quelques usines, surtout,
17:53pour produire directement aux USA.
17:55Est-ce que ce n'est pas ce qui va se produire, peut-être silencieusement en même ?
17:57– Moi, ce que je crois, c'est que nous parviendrons par la conviction,
18:02et si nécessaire par la dissuasion, à une désescalade.
18:06Et comme ça a été le cas par le passé avec les États-Unis…
18:10– On peut imaginer que Donald Trump diminue drastiquement finalement
18:13les droits de douane avec l'Union européenne
18:15et abandonne un petit peu son plan de remplacer l'impôt sur le revenu aux États-Unis
18:18par les droits de douane.
18:19Est-ce que c'est ça, la grande idée de Trump ?
18:21– En tout cas, on peut espérer, souhaiter, dans l'intérêt des Américains,
18:26que la guerre commerciale entre les États-Unis et l'Europe n'ait pas lieu.
18:33Un peu comme la guerre de Troie, vous voyez.
18:35Pourquoi ? Parce que qui sont les premières victimes de cette guerre commerciale ?
18:38Je dirais que c'est l'inverse.
18:40C'est-à-dire que c'est les entreprises américaines
18:42qui sont très nombreuses en Europe, dans nos territoires,
18:44qui font travailler beaucoup, beaucoup de Françaises et de Français,
18:47qui vont être pénalisées puisqu'elles payeront plus cher le ré-export
18:50de leur production vers les États-Unis.
18:52Et puis, les deuxièmes victimes, c'est évidemment les classes moyennes américaines
18:55qui vont payer plus cher leur panier de consommation.
18:58– Une question personnelle.
18:59Vous connaissez Marco Rubio, votre homologue, le secrétaire d'État,
19:02le secrétaire d'État, je le rappelle aux téléspectateurs,
19:04c'est le ministre des Affaires étrangères américain.
19:06Vous le connaissez ? – Bien sûr.
19:07– Vous l'avez rencontré, il est comment ?
19:09Parce qu'il a l'air, pas plus timoré, mais on l'a vu dans l'échange
19:12avec Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche, il était moins présent.
19:15Vous parlez avec lui, il y a un dialogue ouvert ?
19:18– Absolument, c'est un grand expert des affaires internationales.
19:21Ce n'est pas tout à fait lui qui s'occupe des sujets commerciaux,
19:24mais sur les affaires internationales, il y a travaillé beaucoup comme sénateur,
19:30membre de la commission des affaires étrangères,
19:32il connaît parfaitement l'articulation entre les grandes crises du monde
19:36et il est de ce point de vue-là un conseiller très précieux pour Donald Trump.
19:41– On va passer à l'industrie de la défense et le financement européen.
19:45Alors j'ai entendu parler de « safe security action for Europe »,
19:49150 milliards, l'accent n'est peut-être pas au top,
19:53150 milliards apparemment qui seraient levés sur les marchés financiers
19:57par la commission européenne directement et qui reprêteraient sans faire de marge,
20:01on l'imagine, ou simplement les frais de gestion aux États.
20:04Quelle est la différence entre les 800 milliards qui ont été annoncés
20:07par Ursula von der Leyen et les 150 milliards de « safe » ?
20:11C'est-à-dire que les États vont s'endetter directement pour 600 milliards à peu près
20:16tous les États européens et l'Union européenne va s'endetter à hauteur de 150 milliards
20:20pour prêter aux États, c'est à peu près ça le ratio.
20:22– Ce que la commission a mis sur la table, c'est effectivement ces 150 milliards
20:27qu'elle va emprunter au nom des États membres qui le souhaitent.
20:30– Au nom de l'UE, non finalement au nom de la commission européenne,
20:33avec comme garantie les États membres.
20:36– Non, au nom de l'UE et au profit des États membres qui le souhaitent.
20:40Non mais c'est important.
20:41Ensuite ce qu'elle a dit, c'est je vais assouplir les règles comptables,
20:46les règles budgétaires qui s'imposent aux États membres en disant
20:49que s'ils consacrent plus d'argent à leur défense,
20:52je ne leur en tiendrai pas rigueur pour le décompte des règles des 3% de déficit.
20:56– Absolument.
20:57– Et donc en additionnant ces 150 milliards d'un côté, qu'elle va donc emprunter,
21:01et de l'autre, ce qu'elle anticipe que les États membres vont faire
21:05pour bénéficier de cette flexibilité.
21:06– On arrive aux 800 milliards.
21:07– On arrive aux 800 milliards.
21:08Et nous, ce que nous voulons, c'est d'aller plus loin.
21:10C'est d'aller plus loin avec non pas un emprunt que la commission ferait
21:13au profit des États membres, mais un emprunt comme nous l'avons eu
21:17pendant la période de la Covid, qui est un emprunt purement européen.
21:20– Safe, ça va être ça.
21:21Les 150 milliards, ça va être un emprunt purement européen.
21:23Mais qu'est-ce qu'une subsidiaire ?
21:25– Non, pas tout à fait.
21:26C'est un emprunt que la commission va lever,
21:30et les États membres resteront débiteurs de la commission européenne,
21:34ceux qui l'activent, ce qui n'était pas le cas pour le Covid.
21:36– Ce qui n'était pas le cas pour le Covid.
21:37Question, pour le moment, les revenus de la commission européenne,
21:40c'est les droits de douane, c'est la contribution des États membres.
21:43– Le président de la République a parlé, pour financer ses emprunts,
21:47de la taxe sur les services numériques.
21:48– Si la commission s'endette davantage, sa notation par les agences
21:53risque d'être abaissée si elle ne trouve pas de nouveaux moyens,
21:56finalement, de lever l'imposition, on va dire.
21:58– Je viens de vous répondre, le président de la République
22:00a parlé comme ressource pour soutenir ses emprunts
22:02de la taxe sur les services numériques.
22:03– Très bien.
22:04– La lune de Géostratégie Magazine, Tom Benoît,
22:06est-ce que vous avez des lingots d'or, monsieur le ministre ?
22:08– Je ne crois pas, mais je vais vérifier.
22:10– Vous ne croyez pas, on le sait généralement, si on en a.
22:12– Ah, votre personnel ? Non, pas du tout.
22:14Parce que je vois que c'est quand tout Brésil, l'or s'impose.
22:16– Oui, quand tout Brésil, l'or s'impose, plus de 3 000 dollars
22:18pour l'once d'or qui n'en finit pas de monter.
22:20– Incroyable, valeur refuge, finalement.
22:21– Valeur refuge, les marchés financiers qui vacillent aux États-Unis,
22:24et l'Europe qui se porte plutôt bien, par contre, les marchés européens…
22:26– J'ai d'ailleurs fait le calcul.
22:27– Personne n'y croyait.
22:28– Absolument.
22:29Et là, il est le moment, en tout cas, pour ceux qui ont investi
22:32dans les marchés européens il y a 6 mois.
22:34– Et là, en plus, ils défendent.
22:35– Ça, oui, c'est vrai.
22:36– Et vous savez, juste un dernier point, que l'État a gagné beaucoup d'argent,
22:39justement, parce qu'il avait beaucoup de part dans les valeurs de la défense.
22:41– Merci, Tom Benoît.
22:42– Merci à vous.
22:43– De la rédaction de Géostratégie Magazine.
22:45Vous restez avec moi.
22:46On part, c'est la tradition de cette émission,
22:48Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, à Lyon.
22:52C'est le groupe Hebrako, producteur de cette émission qui est à Lyon.
22:57C'est Jean-Didier Derry, qui est le rédacteur en chef adjoint du Progrès de Lyon.
23:00Vous connaissez bien cette région, d'ailleurs, pour d'autres raisons.
23:02On l'écoute.
23:03Jean-Didier Derry, à Lyon.
23:05– Monsieur Barraud, bonjour.
23:06L'entreprise Fermob, qui est basée dans l'Ain
23:09et qui est spécialisée dans la conception et la fabrication de mobiliers de jardin,
23:14a pris une décision stratégique.
23:17C'est-à-dire qu'elle a choisi d'augmenter son stock aux États-Unis,
23:21et elle prévoit de travailler avec un partenaire local,
23:25en prévision d'éventuelles taxes.
23:27Qu'est-ce que vous pouvez, aujourd'hui, nous dire
23:30pour assurer les entreprises qui travaillent avec les États-Unis ?
23:34– Le ministre VRP, aussi.
23:37– Oui, que nous allons tout faire,
23:39et c'est l'objet des discussions très fréquentes que nous avons,
23:42et notamment mes collègues, ministre de l'Économie,
23:45mon ministre délégué, Laurence Armatin, chargée du Commerce extérieur,
23:49avec leurs homologues américains, pour faire redescendre la pression,
23:53et que chacun s'aperçoive que nous n'avons aucun intérêt,
23:57les États-Unis et l'Europe, à entrer en guerre commerciale.
24:00Au contraire, dans un moment où les tensions commerciales, c'est vrai,
24:04se ravivent un peu partout dans le monde,
24:07nous avons plutôt intérêt, si je puis dire,
24:09à réduire nos barrières commerciales,
24:13de manière à ce que nos entreprises puissent bénéficier
24:16des capacités ou des possibilités offertes par nos marchés respectifs.
24:20C'est dans cet esprit-là que nous travaillons, et je le redis,
24:23si nous ne parvenons pas à convaincre,
24:25ou si nous ne parvenions pas à convaincre les autorités américaines
24:28du bien-fondé de ce diagnostic,
24:30alors nous avons des instruments de dissuasion,
24:33qui étaient déjà puissants lors du premier mandat de Donald Trump,
24:37et qui sont devenus encore beaucoup plus puissants,
24:40puisque nous avons notamment un instrument
24:42qui s'appelle l'instrument anti-coercition,
24:44qui permet, lorsque nos intérêts sont atteints,
24:48à la Commission européenne de faire appel
24:51à une très vaste palette d'outils, de répliques et de représailles.
24:57– Clément, on est en guerre commerciale,
24:59c'est la guerre du jeu du 9ème siècle.
25:00– Je ne le crois pas, je pense qu'on peut l'éviter.
25:02Je pense qu'on peut l'éviter, et je pense que nous ne sommes pas les seuls,
25:05nous, Européens, à considérer que,
25:08même si la mondialisation débridée, dérégulée,
25:13n'a sans doute pas produit que des effets positifs,
25:16bien au contraire, qu'il y a des mérites à avoir
25:19un commerce international qui soit régulé, mais qui reste ouvert.
25:23Et c'est pourquoi je pense qu'avec d'autres régions du monde,
25:25je pense à l'Asie du Sud-Est par exemple,
25:28où je me rendrai dans quelques jours,
25:30il y aura des résistances à cette tentation
25:32de la guerre commerciale à tout va.
25:35– Jean-Noël Barreau, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères,
25:38et notre invité d'en face au territoire, si vous nous rejoignez,
25:40les unes du Progrès, de Lyon, et puis de JSL,
25:43qui est le journal de Saône-et-Loire, et puis exceptionnellement,
25:46dans ce même groupe, partenaire de cette émission,
25:48le groupe ÉBRA, bien public, parce que demain,
25:50vous êtes à Dijon, en Côte d'Or.
25:52Qu'est-ce que vous allez faire en Côte d'Or ?
25:54Partez à Singapour, Pékin, la semaine prochaine,
25:56et vous êtes en Côte d'Or demain ?
25:58– Je vais rencontrer les Dijonnaises et les Dijonnais
26:01pour leur mettre les cartes en main,
26:03parce que les affaires étrangères, c'est l'affaire de toutes et tous,
26:07peut-être que jamais, dans notre histoire récente,
26:10les affaires étrangères n'ont eu autant d'impact
26:13sur notre vie quotidienne, sur la vie de notre territoire.
26:16Et donc l'objectif, c'est bien, dans un moment
26:19où on voudrait opposer aux consciences la loi du plus fort
26:27et un retour de la violence, les armes de l'esprit,
26:31et c'est tout l'objet des rencontres que j'aurai demain
26:33avec les élus engagés dans la coopération, dans les jumelages,
26:36avec les étudiants de Sciences Po,
26:38ou encore avec les lecteurs de la presse quotidienne régionale.
26:41– Demain, le bien public, Jean-Noël Barraud sera à Dijon.
26:45Dans un instant, merci Tom Benoit,
26:47directeur de la rédaction de Géo-Stratégie Magazine.
26:49On part en duplex et en direct de Nice,
26:51où Denis Carreau nous attend.
26:53Tour de France.
26:55Bonjour Denis Carreau.
26:57Alors vous avez une frontière avec l'Italie.
27:03– Absolument, bonjour Jean-Noël Barraud.
27:05Un mot sur la coopération franco-italienne.
27:07Vous avez rencontré, il y a un mois à Nice,
27:09votre homologue italien,
27:11notamment sur la question des tunnels.
27:13Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus
27:15sur l'ouverture du deuxième tube du tunnel du Fréjus ?
27:18Et également, et ça nous concerne beaucoup ici,
27:20sur la réouverture du tunnel de Tend.
27:23Elle est prévue pour le mois de juin.
27:25Or, visiblement, il y a pas mal de retard de travaux côté italien.
27:29Est-ce que cette échéance pourra être tenue ?
27:33– Nous sommes convenus, lorsque nous nous sommes rencontrés à Nice,
27:37où j'étais aux côtés de mon collègue Philippe Tabarro,
27:39ministre des Transports.
27:41– Qui était notre invité il y a 15 jours sur ce plateau.
27:43– Et local de l'étape, si je puis dire.
27:45Nous sommes convenus avec les Italiens
27:48que les travaux avancent de manière synchronisée
27:51et que les ouvertures puissent se faire au même horizon.
27:55Philippe Tabarro, mon collègue des Transports,
27:57m'a fait état des retards que vous soulevez.
27:59Et j'ai profité de ma rencontre avec Antonio Tajani,
28:02le ministre des Affaires étrangères italien, la semaine dernière,
28:05pour lui demander de tenir sa part du contrat.
28:07– Denis Caro, sur l'Algérie aussi.
28:12– Oui, Jean-Noël Barreau, l'Algérie a refusé lundi
28:15la liste de noms d'une soixantaine d'Algériens
28:17que la France souhaite expulser.
28:19Cet épisode a fait monter d'un cran supplémentaire
28:22la tension entre la France et l'Algérie.
28:25Est-ce que nous sommes au bord de la rupture avec l'Algérie ?
28:29Et est-ce qu'il faut, comme l'envisage Bruno Retailleau,
28:32remettre en cause les accords de 1968 ?
28:35– Nous voulons une relation équilibrée et constructive avec l'Algérie.
28:40Mais pour ça, il faut être deux, ça ne se décrète pas.
28:44Et ce n'est pas la France qui a refusé de réadmettre
28:49sur son sol des ressortissants en situation irrégulière,
28:53avec les conséquences dramatiques qu'on a connues encore dernièrement à Mulhouse.
28:58Ces tensions, nous n'en sommes pas à l'origine.
29:01Nous n'avons pas intérêt à ce qu'elles s'installent dans la durée,
29:05ni nous, ni les Algériens.
29:09Et pour ce qui me concerne, l'objectif, c'est bien évidemment
29:12de faire en sorte que les Algériens en situation irrégulière
29:16puissent être renvoyés en Algérie,
29:19que notre compatriote Boilem Sansal puisse être libéré,
29:23puis que nous puissions poursuivre la coopération en matière de renseignements,
29:26de lutte contre le terrorisme qui est essentiel avec l'Algérie,
29:29si nous voulons protéger les Françaises et les Français.
29:31– Et puis il y a un sujet sur la résidence de l'ambassadeur de France à Alger,
29:34qui est un monument, un bâtiment mauresque magnifique,
29:37les Algériens voudraient le récupérer ?
29:40Vous avez vu cette affaire ?
29:42Il y a eu un certain nombre de papiers dans les journaux,
29:44notamment en Algérie, disant que les Algériens
29:47mettaient la pression sur la France à propos de ces bâtiments,
29:49je crois, diplomatiques.
29:51– Ce n'est pas les messages que j'ai reçus par les voix diplomatiques à ce stade.
29:54– Dites-moi, on vous a senti un peu timoré dans ces positionnements politiques,
30:01Bruno Retailleau, Gérald Darmanin sur l'Algérie, etc.
30:04Vous faites partie de ceux qui prônent un dialogue face à des ministres
30:07qui n'en veulent plus, c'est ça ?
30:09C'est possible dans un gouvernement qui a des sensibilités
30:12aussi différentes sur des sujets aussi forts ?
30:14– Mes chers messieurs, d'abord, chacun est dans son rôle.
30:17Ensuite, si vous reprochez aux diplomates français d'être timorés,
30:22vous ne pouvez pas en même temps vous féliciter,
30:24lorsque, vous y avez fait référence tout à l'heure,
30:26ils libèrent certains de nos compatriotes
30:28qui sont détenus arbitrairement ou otages à l'étranger.
30:31– Donc, vous êtes dans votre rôle, ils sont dans le leur,
30:33en gros, c'est ça que vous me dites ?
30:34– Non, je vous dis que qualifier de timoré l'attitude des diplomates français,
30:38c'est faire une grossière erreur sur la manière dont nous travaillons,
30:42notamment lorsque, si vous regardez les choses,
30:44vous apercevrez que la France n'hésite jamais
30:47à prendre des sanctions très lourdes et à en proposer au niveau européen
30:50lorsque nous considérons qu'elles sont prises à bon escient
30:52dans l'intérêt des Françaises et des Français.
30:54– Jean-Noël Barreau est notre invité ce matin.
30:55Merci Denis Caron, vous étiez en duplex en direct de Nice,
30:58vous êtes directeur des rédactions de Nice matin,
31:00Vingt Matins et Monaco Matins,
31:01et voici d'ailleurs la une de Nice matin qu'on voit à l'écran,
31:05et c'est ce séisme.
31:06Alors, vous l'avez ressenti vous-même ?
31:08Je crois que c'était près de 5 points.
31:12– Oui, effectivement, on l'a tous ressenti, nous à Nice matin,
31:16l'immeuble a bien tremblé à 18h45 avec une autre secousse assez forte
31:22vers 22h30 et au total une vingtaine de répliques.
31:26Donc, doit-on trembler ?
31:28C'est la question que tout le monde se pose ici sur la côte d'Azur
31:31où, on le sait, nous sommes très exposés au séisme.
31:33– Merci Denis Caron.
31:34Dans un instant, Floreal Hernandez, rédacteur en chef de Vingt Minutes
31:37est sur ce plateau.
31:39Bonjour Floreal Hernandez, merci d'être avec nous.
31:42– Bonjour Cyril, bonjour.
31:43– Comment expliquer cet enthousiasme des jeunes français pour l'armée ?
31:49J'ai vu un sondage surprenant sur les 18-30 ans dans Vingt Minutes.
31:53– Ils se remobilisent, effectivement.
31:55Le 10 mars, on a publié une enquête moins jeune,
31:58qui est un format qu'on fait régulièrement
32:00avec Opinion Away derrière en tant que sondeur.
32:05Et avant même l'allocution du président de la République du 6 mars,
32:09trois quarts des sondés étaient favorables à une augmentation du budget de l'armée.
32:13C'est une bonne nouvelle pour Sébastien Lecornu ou pour Éric Lombard ?
32:17– Surtout pour Sébastien Lecornu en l'occurrence.
32:19Mais je vais vous dire, en vous écoutant, je me fais la réflexion
32:23que de la même manière que sur la question du défi
32:27du dérèglement climatique et de ses conséquences,
32:30c'est d'une certaine manière la jeunesse
32:33qui a participé à la prise de conscience.
32:36Je suis convaincu que sur le sursaut stratégique,
32:40le réveil stratégique dont nous avons besoin pour notre propre sécurité,
32:43c'est aussi la jeunesse qui contribuera assez largement
32:47à faire prendre conscience à l'ensemble du pays
32:50que ces défis sont majeurs.
32:52– Justement, dans cette étude, un jeune sur deux,
32:55dont 37% des femmes, se dit prêt à s'engager dans l'armée en cas de conflit.
33:00Est-ce qu'il n'est pas là le levier pour augmenter l'armée de réserves,
33:06les réservistes, comme le souhaite Sébastien Lecornu ?
33:09Il annonce qu'il aimerait atteindre 100 000 personnes.
33:12Est-ce qu'il y a des leviers à activer auprès de la jeunesse ?
33:15Ou peut-être même des carottes à mettre en jeu pour qu'ils viennent dans ces réservistes ?
33:19– Vous pensez réhausser les soldes ?
33:21– Peut-être, oui, il y a des choses à faire.
33:23– En tout cas, l'annonce qui a été faite à la fois par le président de la République
33:29et le ministre des Armées d'un relèvement de la réserve à 100 000 personnes
33:36tombe à propos, puisqu'elle rencontre une aspiration d'une partie de la jeunesse
33:43qui souhaite, dans ce moment où effectivement notre indépendance est en jeu,
33:48d'une certaine manière se placer sous les drapeaux.
33:52Alors, tout ça, c'est évidemment beaucoup de travail.
33:56Et je sais que le ministre des Armées a demandé à ce que ça puisse être fait
34:01le plus rapidement possible, mais je considère que c'est une bonne chose.
34:04– Dans vos dialogues en tant que ministre des Affaires étrangères
34:07avec vos homologues, le poids de l'armée française,
34:10le professionnalisme de l'armée française souvent, ça compte ?
34:13On vous regarde différemment parce que vous êtes le ministre des Affaires étrangères
34:17d'un pays qui a une armée, avec évidemment l'outil nucléaire,
34:20mais aussi une armée très professionnalisée.
34:23– Une armée d'emploi, une armée qui a combattu ces dernières années,
34:27qui a versé d'ailleurs le sang au service de la France,
34:32dans la lutte contre le terrorisme au Sahel notamment,
34:35évidemment que ça compte, et ça n'est d'ailleurs pas un hasard
34:37si pour la première fois, sans doute dans notre histoire,
34:41c'est à Paris qu'il y a quelques jours, les chefs d'état-major,
34:45les chefs des armées de la plupart des pays européens
34:48et des pays alliés de l'Ukraine se sont réunis pour réfléchir ensemble
34:52à la manière, le moment venu, une fois la paix conclue,
34:56de la garantir avec des capacités militaires ad hoc.
35:00Ça montre bien que la France est une référence dans le domaine militaire.
35:05– On l'a lu ou entendu, Emmanuel Macron n'est pas favorable
35:09à un retour du service militaire. Dans cette étude, moi jeune,
35:1432% disaient pourquoi pas, après ce que disaient les sondeurs,
35:17c'est que c'est plus facile de dire pourquoi pas
35:19quand il n'y a pas la perspective que ça n'arrive.
35:22Vous, comme moi, on est de la même génération,
35:24vous n'avez pas fait le service militaire, vous avez fait la journée citoyenne.
35:29Est-ce que vous auriez aimé le faire, vous, le service militaire ?
35:32– En tout cas, je pense qu'on a des marges d'amélioration
35:35pour offrir à la jeunesse qui souhaite participer d'une manière ou d'une autre
35:39à la vie de la nation, de le faire.
35:43Et de ce point de vue-là, on vient de parler de la réserve,
35:45mais le ministre des armées a proposé aussi une réforme de cette fameuse journée
35:49pour qu'elle soit plus substantielle et qu'elle permette justement à la jeunesse
35:55qui, pour le coup, y participe dans son ensemble,
35:58fille et garçon, toute une génération, qu'elle puisse prendre la mesure ce jour-là
36:03des enjeux mais aussi des menaces qui guettent l'avenir de la nation.
36:07– Est-ce que ça passe aussi par cette refonte qu'appelle le président de la République
36:11sur le SNU, le service national universel ?
36:15Vous connaissez peut-être vous la date de quand il va proposer cette refonte
36:18puisqu'il ne l'a pas dit à la presse régionale ce week-end.
36:20– En tout cas, pour ma part, je suis allé il y a trois semaines à peu près
36:24dans mon département, dans ma circonscription à Satori,
36:27rencontrer les jeunes d'un séjour du service national universel
36:31qui était accueilli pendant une journée par les militaires français à Satori.
36:36J'ai peu mesuré à quel point ce format de formation qui dure deux semaines
36:42avait beaucoup de sens et s'il peut s'élargir, je pense que ça sera une bonne chose.
36:46– Et dans la refonte, quels sont les besoins justement de la nation ?
36:49Il parlait de besoins de la nation, de priorités identifiées.
36:52Quelles sont-ils aujourd'hui pour cette refonte du SNU ?
36:56– Je pense que c'est d'abord et avant toute chose la prise de conscience
37:01des priorités qui doivent être les nôtres dans un monde
37:05dans lequel nous entrons, dans lequel si nous voulons être indépendants,
37:09il nous faudra être plus forts.
37:10– Est-ce que vous faites partie des… – Je suis désolé, très très vite.
37:13– Est-ce que vous faites partie de ceux qui ont pu lire le guide de survie
37:16qui va être envoyé aux Français et aux Françaises ?
37:18– Qui est inspiré, si je puis dire, d'un guide suédois
37:20que j'avais moi-même remis au Premier ministre.
37:22– Qu'est-ce qu'il y a dedans ? Alors, un peu, vous savez mieux que nous ?
37:25– Je ne l'ai pas encore reçu pour ma part, mais je pense qu'il arrivera dans ma boîte aux lettres.
37:28– Parce que Florel attend avec impatience pour le décrypter pour ses lecteurs demain minute.
37:32– C'est une chance pour la France, alors là je parle aux ministres de l'Europe,
37:36des affaires européennes, qu'elle ait cette dissuasion nucléaire
37:40et que les États-Unis montrent une forme de faiblesse, de soutien.
37:44Est-ce qu'on peut se repositionner du fait que nous ayons le feu nucléaire
37:49et qu'on puisse entretenir une ambiguïté par rapport au moment
37:52où on pourrait le déployer, disait-il la Russie ?
37:54C'est une force, la France revient fort grâce à ça, grâce au fond…
37:59Au général De Gaulle ?
38:01– D'abord, au moment où les États-Unis accélèrent leurs expressions à ce stade,
38:07sur le retrait, la diminution de leur niveau d'engagement dans l'OTAN,
38:13dans cette alliance qui garantit la sécurité de l'Atlantique Nord,
38:18l'Europe et de l'Atlantique Nord, c'est une opportunité pour les Européens
38:22de prendre la place qui sera laissée, de développer leurs capacités et leurs visions.
38:26Ensuite, s'agissant de la dissuasion nucléaire, c'est évidemment un élément central,
38:33décisif de notre indépendance, nous le devons à la vision du général De Gaulle,
38:38vision que tous ses successeurs, jusqu'au président de la République aujourd'hui,
38:42ont veillé à préserver et même à consolider.
38:46– On part, c'est le principe de cette émission, aux Antilles,
38:49on part à Fort-de-France et c'est Cyril Boutier,
38:51directeur des rédactions du groupe France Antilles,
38:53qui a une question à vous poser, Jean-Noël Barraud.
38:56– Bonjour Jean-Noël Barraud, quand on évoque les territoires d'outre-mer,
38:59on parle souvent du rayonnement qu'ils offrent à la France
39:02et surtout de la position stratégique qu'ils occupent en différents points de la planète.
39:07Dans la situation géopolitique que vous avez évoquée,
39:10comment selon vous ces territoires doivent se positionner,
39:14je pense notamment aux Antilles et à la Guyane
39:16qui aujourd'hui sont à quelques encablures des États-Unis ?
39:20– On a même, on a la chance d'une certaine manière,
39:22d'avoir des territoires d'outre-mer sur le continent américain, la Guyane.
39:27– Absolument, et grâce à nos territoires d'outre-mer,
39:30la France dispose du deuxième domaine maritime mondial
39:34et présente sur les cinq continents,
39:36si bien que jamais le soleil ne se couche sur la France,
39:39de l'Hexagone et des outre-mer.
39:42Et dans la période dans laquelle nous entrons,
39:44où les questions de sécurité se posent,
39:46et elles ne se posent pas uniquement en Ukraine,
39:48elles se posent en Afrique, elles se posent…
39:51– Dans tous les océans où on est présents aujourd'hui.
39:53– Dans tous les océans, la sécurité maritime va être un sujet majeur,
39:56et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Président de la République,
39:59lorsqu'il a fait ses voeux, présenté ses voeux aux armées
40:02un peu plus tôt cette année, leur a dit
40:05qu'au moment où nous recalibrons notre présence en Afrique,
40:09nous envisageons déjà la manière dont nous pourrions
40:12renforcer notre présence qui est déjà réelle dans nos outre-mer,
40:16puisque cette présence militaire de la France,
40:18qui est en réalité aussi une présence européenne
40:21sur les cinq continents, jouera un rôle important
40:25pour dissuader les menaces, mais aussi pour faire entendre
40:29peut-être une voix différente de celle qui voudrait mettre fin
40:33à l'ordre international fondé sur le droit.
40:35– Cette émission est bien sûr diffusée aux Antilles
40:37par le biais d'un léger décalage chez nos partenaires de France Antille.
40:41Les unes de France Antille d'ailleurs, et de France Guyane,
40:45que vous voyez apparaître des partenaires de face au territoire.
40:48Merci beaucoup Florelle Hernandez.
40:50Dans un instant, Demet Korkmaz de la rédaction internationale de TV5MONDE
40:53est sur ce plateau.
40:55– Demet Korkmaz, alors évidemment on va se préoccuper
41:00beaucoup de ce qui se passe en Afrique.
41:02– Oui, et d'abord le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger
41:07de l'OIF, des instances de l'OIF, est-ce que pour vous
41:10c'est un nouvel acte de rupture vis-à-vis de la France ?
41:13– Je le regrette évidemment, l'OIF, et on est aujourd'hui ensemble
41:19pour célébrer la francophonie, en cette semaine de la francophonie.
41:22C'est un vaste espace qui réunit plus de 300 millions de locuteurs
41:27du français, mais qui valorise aussi le plurilinguisme
41:31et qui a vocation à être un espace d'échange ouvert
41:35et qui dépasse en quelque sorte, je dirais, les clivages
41:39entre les uns et les autres.
41:41Je regrette donc que ces trois pays aient décidé d'en sortir, bien évidemment.
41:46– Vous auriez un message à leur passé aujourd'hui ?
41:49– J'ai un message pour tous les locuteurs du français,
41:52dans ces trois pays et dans les autres.
41:54La francophonie est un espace qui vous appartient,
41:57dans lequel on vous invite à développer votre créativité, vos projets.
42:03C'est d'ailleurs sur ce thème que la France a axé sa présidence
42:09du sommet l'année dernière, avec des moments forts,
42:13consacrés aux créateurs, consacrés aux entrepreneurs,
42:16parce que cet espace-là, c'est un trésor que nous avons en partage
42:19et que nous devons cultiver.
42:20– Alors, il est beaucoup question en ce moment du Rwanda.
42:23Comme vous le savez, le Rwanda a suspendu de manière brutale
42:26ses relations diplomatiques avec la Belgique.
42:29Quelle est votre réaction ?
42:31J'ai été étonnée par l'absence de réaction de la France.
42:35La crise qui déchire la région des Grands Lacs
42:38est l'une des plus graves du monde, avec 7 millions de personnes déplacées,
42:42dont 1 million de personnes déplacées depuis le début de l'année
42:45et plusieurs milliers de victimes civiles.
42:47C'est pourquoi nous appelons avec beaucoup d'insistance,
42:51et à tous les niveaux, que ce soit aux Nations Unies, à Bruxelles,
42:55ou dans les échanges que nous avons de manière bilatérale
42:58avec les acteurs sur place, à la cessation des hostilités,
43:02à la fin de l'offensive du groupe rebelle M23 dans les lacs Kivu,
43:09et puis bien sûr au retrait des forces rwandaises du Congo
43:16pour que la souveraineté et l'intégrité territoriale du Congo soient respectées.
43:20D'ailleurs, nous avons fait adopter une résolution
43:23au Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'unanimité.
43:27Et puis, ce lundi, à Bruxelles, ont été adoptées des mesures restrictives
43:32qui visent 9 individus et 1 entité responsable de violations
43:36du droit international et du droit international humanitaire.
43:38Ces sanctions tombent au moment où le Rwanda et la RDC
43:42sont engagés dans un processus de dialogue.
43:45Est-ce que c'est pour mettre la pression sur Paul Kagame ?
43:47Est-ce que c'est une pression pour l'amener à discuter et à ouvrir le dialogue ?
43:52Alors, je me félicite que les deux chefs d'État aient pu se parler directement.
43:56C'est ce à quoi je les avais invités lorsque je me suis rendu
44:00et à Kinshasa pour rencontrer le président Tshisekedi
44:03et à Kigali pour rencontrer le président Kagame.
44:06Je me félicite aussi que des échanges aient été envisagés
44:12entre le groupe rebelle M23 et le gouvernement de la RDC
44:18puisque c'était un des points sur lesquels les médias...
44:23Pour le moment, le groupe M23 n'est pas autour de la table.
44:26Mais je souhaite vivement que ce dialogue puisse tenir
44:29puisque c'est en quelque sorte la dernière brique qui manquait
44:31aux accords qui avaient été presque trouvés le 15 décembre dernier.
44:35Bref, il faut maintenant que le dialogue s'accélère
44:38pour que les hostilités cessent, que la crise humanitaire s'interrompe
44:42et que la paix revienne dans la région.
44:44À votre connaissance, le Rwanda a demandé comme condition
44:48le retrait ou la levée des sanctions de la Commission européenne.
44:52Est-ce que ça figure dans les négociations ?
44:56Quelles seraient les conditions pour que l'Union européenne
45:00retire ou lève ces sanctions ?
45:02Ce sont des sanctions qui sont réversibles par définition.
45:06Je vous le disais...
45:08Quelles mesures tangibles conduiraient l'Union européenne
45:11à lever ces sanctions ?
45:12On ne sanctionne pas pour sanctionner.
45:14L'intérêt qui est celui de l'Union européenne,
45:17c'est de veiller à ce qu'une paix juste et durable puisse intervenir
45:21dans l'équivaut en République démocratique du Congo.
45:24Je vous ai dit ce à quoi nous appelons, et nous l'avons dit,
45:28je vous le redis, aux Nations unies, à Bruxelles
45:31et au niveau bilatéral.
45:33C'est la fin de l'offensive du M23,
45:36le retrait des troupes rwandaises du Congo
45:39et puis la définition d'une paix juste et durable
45:44qui traite de toutes les causes du conflit
45:46et qui permette à la paix de revenir dans la région.
45:48Parce que sinon, que se passera-t-il ?
45:50Si la crise devait s'aggraver encore,
45:52c'est toute la région qui menace de s'embraser.
45:54Le Rwanda refuse de considérer qu'elle a des troupes en RDC,
45:59dans l'est du pays.
46:01Comment obtenir une paix juste si le Rwanda
46:05nie la présence de ses propres troupes sur place ?
46:09Nous l'avons dit et nous l'avons rappelé.
46:11Je l'ai dit moi-même aux autorités rwandaises
46:14lorsque je m'y suis rendu.
46:16L'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo
46:21doit être absolument présente.
46:22Une dernière question.
46:23La Croix d'Appel de Paris examine une requête du ministère public
46:26en vue de la mise en examen d'Agathe Abiyarimana.
46:28Vous savez, c'est l'épouse, la veuve de l'ancien président rwandais
46:33responsable du génocide des Tutsis.
46:36Cette requête du ministère public intervient au moment
46:39où Emmanuel Macron a quelque peu haussé le ton vis-à-vis du Rwanda.
46:43Est-ce que c'est une façon aussi de ménager Paul Kagame ?
46:46La justice est indépendante dans notre pays, chère madame.
46:49La justice est indépendante.
46:55Mais c'est une requête du ministère public ?
46:58La justice est indépendante dans notre pays.
47:00Merci Démetre Korkmaz, journaliste à la rédaction internationale de TV5MONDE.
47:05On va partir alors dans un endroit au plus cher à votre cœur
47:10qui est votre circonscription, puisque Wilfried Ritchie
47:13qui est le rédacteur en chef journaliste à TV78 dans les Yvelines
47:17a une question à vous poser, Jean-Noël Barraud,
47:20vous le député de la circonscription, l'ex-député.
47:23Monsieur le ministre, en tant que député des Yvelines
47:25et ministre de l'Europe et des Affaires étrangères,
47:27vous êtes à l'écoute des entreprises locales,
47:30comme en témoigne dès 2021 le PAC Rebond que vous aviez proposé.
47:33Face au contexte géopolitique marqué par des tensions internationales
47:37et économiques, comment intervenez-vous de manière concrète
47:40pour faciliter aujourd'hui l'accès des entreprises yvelinoises
47:44aux fonds européens ?
47:46Merci pour cette question.
47:48Les entreprises yvelinoises accèdent, pour certaines d'entre elles,
47:53aux fonds européens et dans ma circonscription,
47:55je pense en particulier à Carmat, le cœur artificiel,
47:59à Nexter ou encore à Védécom qui ont pu l'année dernière en bénéficier.
48:04Mais pour qu'elles en bénéficient encore,
48:07il faut-il qu'elles puissent les solliciter.
48:10C'est pourquoi j'ai décidé d'écrire à l'ensemble des bénéficiaires,
48:14que ce soit des entreprises, des universités, des centres de recherche
48:18qui ont, ces dernières années, été lauréats des fonds européens,
48:21pour les encourager, d'abord pour les féliciter d'avoir obtenu ces fonds
48:24et pour les encourager parce que ces fonds, d'une certaine manière,
48:27ils sont abondés par le budget de l'Union européenne
48:29et le budget de l'Union européenne, c'est aussi nos impôts qui le financent,
48:32si je puis dire, ou en tout cas c'est de l'argent qui est de l'argent public.
48:36Et donc il convient que toutes celles et ceux qui peuvent bénéficier de ces fonds
48:39les sollicitent et on est là pour les aider.
48:41Ce rôle de ministre de l'Europe des Affaires étrangères
48:44est assorti maintenant, je crois pratiquement depuis Laurent Fabius,
48:47d'une forme de ministre qui va aider les entreprises,
48:51qui va pousser au commerce international.
48:55Apparemment, ça ne pose pas de problème dans le dialogue avec les autres pays,
49:01d'être en même temps celui qui pousse des entreprises.
49:03Est-ce que, tantôt, vous ne vous sentez pas sur une ligne compliquée à tenir ?
49:08– Vous avez raison de rendre hommage à ce qu'on appelle la diplomatie économique
49:12que Laurent Fabius y a créée il y a 10 ans, bien sûr,
49:16et qui a permis d'une part à nos entreprises de se développer à l'export
49:23pour réduire au moins un peu ce déficit commercial dont on parle régulièrement,
49:29mais aussi à l'inverse d'attirer en France et dans nos territoires, dans les régions,
49:33et notamment celles qui ont subi de plein fouet la désindustrialisation,
49:37des investissements venant de l'étranger, venant de l'extérieur,
49:41qui contribuent justement à revitaliser… – Il y en a beaucoup, vous le mesurez.
49:45– Bien sûr, on le mesure puisque pendant 5 années consécutives,
49:49ces 5 dernières années, la France a été le pays le plus attractif
49:53pour les investissements étrangers.
49:55Et deux tiers de ces investissements étrangers profitent à des villes
49:59de moins de 20 000 habitants, c'est-à-dire non pas aux grands centres urbains,
50:03mais plutôt à ces territoires qui justement ont subi de plein fouet
50:07la désindustrialisation et qui bénéficient, grâce à ce travail
50:10de la diplomatie économique, d'un nouvel élan, d'un nouvel oxygène.
50:15– Vous vouliez revenir sur la Syrie.
50:18C'est vrai qu'on parle un peu moins de la Syrie aujourd'hui
50:21à cause de tout ce qui se passe dans le monde.
50:23Et ce matin, on a vu depuis une heure avec vous en direct
50:25le nombre de sujets qu'il a fallu aborder.
50:27Est-ce qu'on a été surpris au fond que ce leader qui s'est imposé par la guerre
50:31ne soit pas aussi, comment dirais-je, dur qu'on aurait pu l'imaginer ?
50:36Est-ce que c'était une surprise pour la France
50:38ou est-ce qu'on avait les moyens de comprendre déjà les choses ?
50:42– Je crois que tout le monde a été surpris de la rapidité de la chute
50:46du régime sanguinaire de Bachar el-Assad.
50:50Ce que je crois aussi, c'est que pour que nous puissions continuer
50:55à soutenir les autorités de transition, il faut qu'elles démontrent,
51:00comme je le disais tout à l'heure, leur ferme intention
51:03de lutter contre le terrorisme que nous voulons déraciner.
51:07– Ce n'est pas acquis, ça ?
51:10– En tout cas, il faut que nous ayons des actes concrets.
51:13Dans les messages qui nous sont adressés, ça a l'air d'être acquis.
51:16Maintenant, il nous faut des actes puisque nous combattons le terrorisme
51:21là où il grandit et c'est en Syrie qu'il grandit.
51:24Ensuite, sur les exactions qui ont été commises sur la côte à la Huit,
51:27j'ai proposé lundi dernier à Bruxelles que nous puissions prendre des sanctions
51:32contre les responsables de ces exactions qui sont intolérables
51:36et qui ne doivent jamais se reproduire en Syrie.
51:39Sinon, c'est l'avenir même du pays qui est compromis
51:42et qui pourrait sombrer dans le chaos qu'il a connu il y a quelques années encore.
51:46– Une minute.
51:47– Une dernière question sur la Syrie.
51:50Le rôle de la Turquie en ce moment, quelle position à avoir vis-à-vis
51:54de cet acteur qui a beaucoup compté dans la région ?
51:57– Eh bien, nous avons pris acte de la situation,
52:03les derniers développements à Ankara.
52:07– Est-ce qu'Ankara doit rester à Ankara ?
52:09C'est-à-dire, on voit bien, la Turquie fait des incursions à pied dans le nord.
52:13Est-ce qu'Ankara doit rester ?
52:15– En tout cas, pour la Syrie, l'intégrité territoriale,
52:18la souveraineté de la Syrie doit être respectée
52:20par toutes les puissances étrangères parce que la Syrie est presque morte
52:25d'être le jouet des influences étrangères néfastes dans la région.
52:28– C'est Jean-Noël Barraud, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
52:32qui est avec nous encore pour quelques minutes.
52:34Votre père, Jacques Barraud, a été membre du Conseil constitutionnel,
52:37plusieurs fois ministre, président de commission à l'Assemblée,
52:40plusieurs commissions.
52:41C'était une vocation familiale, la politique ?
52:44– Je ne crois pas, en tout cas, il y a sans doute une forme d'inspiration
52:48et de filiation qui d'ailleurs me relie non seulement à mon père
52:56mais à mon grand-père qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale,
53:01s'est investi dans les réseaux résistants de dissimulation des enfants juifs
53:08et dont l'histoire a sans doute contribué à me donner le sentiment
53:13que l'action politique avait du sens.
53:15– Est-ce que ça fait un ministre des Affaires étrangères quand il ne l'est plus ?
53:18Alors il devient député, bien sûr, mais est-ce qu'il y a une vie
53:21après avoir été un ministre ?
53:22– Bien sûr.
53:23– C'est-à-dire, c'est un ministre passionnant, c'est ça que je veux dire.
53:25– Vous savez, j'ai une femme et des enfants qui attendent ça avec impatience.
53:29– Ah oui, vous ne les voyez plus.
53:31– Donc il y a évidemment une vie après l'engagement politique
53:34et il y a plein de voies pour s'engager au service de son pays
53:38et au service du bien commun.
53:39Je ne m'inquiète pas de ce point de vue-là.
53:41– Oui, lesquelles seront pour vous ?
53:42– Je ne sais pas les déterminer.
53:44J'ai d'une certaine manière contribué à servir cet objectif
53:49dans ma vie civile comme enseignant et comme chercheur
53:52et sans doute qu'après ma vie politique je le ferai également.
53:55– Merci vraiment d'avoir été notre invité pendant 55 minutes en direct
53:58dans Face au territoire avec la presse quotidienne régionale.
54:01Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères
54:04et le programme continue sur TV5MONDE.
54:06Au revoir à tous.

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