Dans une mer tropicale, à mi-chemin entre l'Asie et l'Australie, se trouve un monde insulaire mystérieux. L’archipel indonésien a des allures de paradis, mais l’on y croise des monstres : des dragons de Komodo longs de plus de 3 mètres, des poussins zombies, des singes punks, sans oublier des cochons aux défenses qui leur percent le front. Pourquoi ces îles abritent-elles une faune si étrange ?
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00:00 Dans une mer tropicale entre l'Asie et l'Australie, s'étend un monde d'îles chargées de mystères.
00:12 Un paradis, ou presque.
00:28 Car il est peuplé de monstres.
00:30 Voici un dragon de Komodo, de plus de 3 mètres de long.
00:44 Un roi dragon.
00:48 Et ce n'est pas tout.
00:56 Cette île n'est qu'une petite partie d'un archipel de l'étrange.
01:00 Chacune de ses voisines abrite d'autres créatures extraordinaires.
01:08 Mais pourquoi les dragons n'existent-ils qu'ici ?
01:14 Et comment ces îles sont-elles devenues si particulières ?
01:23 Répondre à ces questions implique de nous lancer dans un fabuleux voyage.
01:27 Un voyage à travers le temps et l'espace.
01:34 Pour découvrir les forces qui façonnent la vie.
01:39 Et percer les mystères de la nature.
01:45 L'histoire de la vie de l'Astral.
01:49 L'histoire de la vie de l'Astral
02:16 L'île de Komodo est connue pour être le seul endroit du globe où vivent de vrais dragons.
02:22 Mais pourquoi ici ?
02:29 Ce dragon de Komodo part en quête de nourriture.
02:45 C'est la saison sèche.
02:48 Seuls quelques rares points d'eau demeurent.
02:53 Un buffle d'eau est venu pour se rafraîchir à cette source.
03:05 Le dragon de Komodo est là pour le buffle.
03:31 Ce dernier est trois fois plus gros que lui.
03:35 Mais le dragon a une arme secrète.
03:41 Une morsure empoisonnée.
03:49 Son venin provoque un choc foudroyant et inhibe la coagulation du sang.
03:58 Un coup de dent et le sort du buffle sera scellé.
04:03 Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
04:28 Il faut se faire connaître.
04:31 Bien que le dragon chasse ainsi depuis des millénaires, le buffle n'est pas sa proie naturelle.
04:39 Ce bovidé a été introduit sur Komodo il y a à peine quelques siècles par l'homme.
04:52 Alors, à quel proie naturelle ce tueur était-il destiné ?
04:57 La réponse réside dans le passé du dragon.
05:06 C'est là que se cache le premier indice pour percer le mystère de sa présence ici.
05:18 Les îles voisines recèlent encore bien d'autres énigmes.
05:22 Komodo n'est que l'une des milliers d'îles qui s'égringent ici, au cœur de l'Indonésie.
05:33 Et toutes sont extraordinaires.
05:46 Au cœur de cette multitude, Sulawesi, autrefois appelée Séléb,
05:51 se déploie comme une immense lettre K recouverte de forêts impénétrables et parsemées de volcans.
05:58 Elle aussi abrite une faune unique.
06:07 Un macaquacrête.
06:11 Un singe endémique de cette île où il a trouvé des moyens de subsister.
06:19 Il est plein de ressources,
06:26 et il a besoin de l'aide de ses amis.
06:33 Il est plein de ressources, comme tout naufragé qui se respecte.
06:38 Mais il possède d'autres caractéristiques plus surprenantes.
06:44 Les macaquacrêtes vivent en groupe parmi les plus nombreux chez les singes.
06:52 Tous arborent la même crête à la punk,
07:01 et des mimiques d'une rare expressivité.
07:05 Avec des groupes pouvant compter jusqu'à une centaine d'individus, l'entente sociale est une priorité.
07:17 C'est là que les mimiques entrent en jeu.
07:21 Ils ont une expression pour chaque situation.
07:25 « Ne me cherchez pas, je suis fort ».
07:30 « Mais je suis aussi sympa ».
07:32 « Voir très très sympa ».
07:35 « On joue ? »
07:38 « Attends, je ne suis pas d'humeur ».
07:42 Toutes ces expressions dissipent les tensions sociales,
07:47 et ont fait de cette espèce l'une des plus pacifiques du globe.
07:59 Cela dit, il n'y a guère de raison de se battre ici.
08:03 À Sulawesi, les macaquacrêtes ne sont pas à plaindre.
08:12 S'ils mangent toutes sortes d'aliments, ils raffolent surtout des fruits,
08:19 et il y en a en abondance, pour qui peut les atteindre.
08:24 Les abondances des fruits et des abondances de la nature,
08:28 sont une des raisons pour lesquelles les macaqurées sont les plus dangereuses.
08:34 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaqurées sont les plus dangereuses.
08:41 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaqurées sont les plus dangereuses.
08:49 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
08:54 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:01 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:08 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:16 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:22 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:29 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:36 Les abondances de la nature, c'est la raison pour laquelle les macaquérées sont les plus dangereuses.
09:44 Superbes, paisibles, mais étranges.
09:52 Et quand vient la nuit, les lieux se font plus étranges encore.
10:12 Quelque chose s'anime à l'intérieur d'un vieux figuier étrangleur.
10:17 Un tarsier des célèbres.
10:33 Petite créature de la nuit.
10:39 Le jour, les tarsiers restent blottis en famille au creux de l'arbre séculaire.
10:44 Le jour, les tarsiers restent blottis en famille au creux de l'arbre séculaire.
10:50 À présent, ils se réveillent.
10:54 Ces animaux sont minuscules.
11:05 A peine plus de 100 grammes.
11:08 Mais leurs yeux sont immenses.
11:14 Chacun de ses yeux est plus gros que son cerveau.
11:20 Si gros qu'ils n'ont pas la place de bouger dans leur orbite.
11:25 Alors quand le tarsier veut regarder alentour, il tourne la tête.
11:34 Elle peut pivoter jusqu'à 180 degrés.
11:37 Comme celle d'une chouette.
11:41 Ces grosses billes sont si sensibles qu'elles permettent au tarsier de voir de nuit comme nous voyons de jour.
11:50 Un clair de lune en couleur.
12:01 Mais ne vous laissez pas abuser par leurs petits airs mignons.
12:04 Ces créatures sont les seules primates strictement carnivores de la planète.
12:10 Garavoux, insectes de la nuit sous la huésienne.
12:23 La chasse est ouverte.
12:29 Leurs pattes puissantes les propulsent à travers la forêt.
12:32 Ils couvrent 40 fois leur hauteur en un seul saut.
12:37 Guidé par des yeux de chouette, ils bondissent sur des pattes de grenouilles.
12:45 Puis s'accrochent de leurs longs doigts pourvus de coussinets ventouses.
12:51 Et lorsque la proie tente de se débrouiller,
12:56 et lorsque la proie tente de se cacher,
12:59 ils la suivent de leurs oreilles ultra sensibles,
13:04 comme les chauves-souris.
13:07 [Musique]
13:31 Mais le tarsier n'est pas le seul prédateur des lieux.
13:36 Voici un piton réticulé.
13:40 Le plus grand serpent du monde.
13:50 Il est temps d'avertir le reste du clan avant qu'il ne lui serve de repas.
13:57 Les tarsiers ont encore une corde à leur arc.
14:04 On a récemment découvert que nombre de leurs cris étaient émis en ultrasons.
14:09 Une théorie avance que ces ultrasons leur servirait d'alarme secrète,
14:14 permettant d'avertir le groupe du danger,
14:17 mais à une fréquence trop élevée pour être perçu des prédateurs,
14:20 évitant ainsi de révéler leur position.
14:23 Le plus grand piton du monde passe son chemin,
14:31 et le primate le plus carnivore du monde regagne la sécurité de l'arbre familial.
14:36 Assez de sensations fortes pour cette nuit.
14:43 Enfoncez-vous plus avant, et vous croiserez d'autres animaux surprenants.
14:55 Le babirusa.
14:57 Un sanglier pourvu de défense qui lui transperce le museau,
15:09 allant parfois jusqu'à lui trouer le crâne.
15:13 Encore une créature endémique des forêts de Sulawesi.
15:23 Mais un peu difficile à avaler, même pour un piton.
15:27 Voici un ruisseau d'eau bouillante.
15:36 Chauffé par le feu souterrain du volcan voisin.
15:52 Et de la chaleur de la terre...
15:54 surgit un zombie.
15:59 Un oiseau.
16:01 C'est un oiseau.
16:24 Un poussin mâléon.
16:28 Sa mère l'a abandonné sous forme d'œufs pour qu'il incube dans le sol naturellement chaud.
16:33 À peine éclos, il est déjà en danger.
16:39 Mais ce poussin est né prêt à voler.
16:56 Il est en train de voler.
16:58 Il était moins une.
17:07 Cette forêt est décidément bien étrange.
17:19 Peut-être plus qu'aucune autre à la surface de la terre.
17:24 Mais pourquoi ?
17:26 Encore un mystère perdu dans la nuit des temps.
17:31 Comme l'origine du dragon de Komodo.
17:35 À Komodo, le passé de ce varan géant a été effacé par l'arrivée des hommes.
17:54 Pour découvrir ce qui existait auparavant, il nous faut remonter le temps.
17:59 En quelques siècles, l'environnement de ce reptile a totalement changé.
18:10 Avec l'homme sont arrivés les buffles, mais aussi des poules et des chèvres.
18:15 Tous potentiellement au menu du dragon.
18:21 Mais il y a toujours eu un seul problème.
18:29 Les chèvres étaient encore plus grandes que les poules.
18:36 Même des hommes ont été mangés.
18:39 Mais tout cela est très récent pour le dragon.
18:51 Car c'est une créature millénaire.
18:55 Quand ses ancêtres ont commencé à assiéger les points d'eau de l'île,
19:01 c'était à l'affût d'une toute autre proie.
19:05 Avant l'homme, avant le buffle, il y avait des êtres étranges.
19:11 Comme le varan, certains étaient géants.
19:24 Une cigogne aussi grande qu'un homme.
19:27 D'autres en revanche, étaient relativement petits.
19:33 Comme les stégodonins, ces anciens éléphants pigmés,
19:39 dont la taille était inférieure à celle des cigognes.
19:43 Les chèvres étaient aussi grands que les hommes.
19:52 En ces temps reculés, des troupeaux entiers hantaient ces îles.
19:57 Et c'était eux la proie préférée des dragons.
20:18 Par rapport à leur longue histoire,
20:21 ce que nous voyons d'eux aujourd'hui n'est qu'un instantané dans le temps.
20:26 En remontant les âges, nous commençons à avoir une meilleure image de l'ensemble.
20:33 Cette région est soumise à des forces telluriques
20:39 qui ont façonné la vie non seulement sur Komodo,
20:42 mais à travers toutes ces îles exceptionnelles.
20:45 Dans une clairière de la forêt soulawésienne,
20:48 une autre créature singulière va bientôt faire son apparition.
20:52 Une poule maléo.
21:11 Une poule maléo, parente du poussin de tout à l'heure.
21:15 Les maléos ne couvrent pas leurs oeufs.
21:24 Elles les enterrent, utilisant la chaleur naturelle du sol pour l'incubation.
21:29 Lorsqu'elles ne pondent pas dans le terreau géothermique du volcan,
21:35 elles jettent leurs dévolus sur des plages de sable comme celle-ci,
21:39 et directement par les rayons du soleil.
21:42 Mais creuser ce sol meuble n'est pas une mince affaire.
21:51 Si seulement elle avait de l'aide.
21:56 Voici un mâle, son compagnon.
22:06 Mieux vaut tard que jamais.
22:09 Les maléos s'accouplent pour la vie.
22:13 Ils viennent toujours l'aider à creuser.
22:16 Et elle en a bien besoin.
22:21 Les clairières comme celles-ci sont si rares
22:28 que les maléos affluent des quatre coins de l'île.
22:35 Il peut y avoir ici jusqu'à une centaine de couples,
22:38 tous avec un oeuf à enterrer.
22:41 Si notre tandem n'y prend garde,
22:46 ses voisins risquent de reboucher leurs trous à mesure qu'ils le creusent.
22:50 Vite, Madame pond,
22:58 tandis que Monsieur se charge d'écarter les importuns.
23:02 [musique]
23:05 Mission accomplie.
23:17 La suite ne leur appartient plus.
23:20 [musique]
23:25 [musique]
23:28 L'oeuf reste enfoui pendant deux mois.
23:39 Et puis, par une nuit étoilée,
23:43 le cycle se répète.
23:46 [musique]
23:51 [musique]
23:54 Mais alors que le poussin sort du sable,
24:01 ce comportement singulier fait écho au lointain passé de l'espèce
24:05 et nous donne un indice sur la raison pour laquelle
24:09 la faune est si particulière à Sulawesi.
24:12 Là encore, il nous faut remonter le temps.
24:18 [musique]
24:21 Tous les 100 000 ans environ,
24:25 la Terre connaît une importante glaciation.
24:28 [musique]
24:31 À mesure que de plus en plus d'eau se fige en glace autour des pôles,
24:37 le niveau des océans du globe diminue.
24:40 [musique]
24:45 C'est là que la situation unique de l'archipel indonésien entre en jeu.
24:49 [musique]
24:52 Des ponts terrestres se forment, reliant peu à peu l'Asie à l'Australie.
24:59 Sur les îles, la faune et la flore des deux continents se mêlent.
25:05 [musique]
25:08 Les ancêtres des Maléo étaient originaires d'Australie,
25:14 où leurs cousins enterrent toujours leurs œufs aujourd'hui.
25:17 [musique]
25:20 D'autres animaux, eux, ont fait le chemin depuis l'Asie.
25:24 [musique]
25:27 Lorsque le niveau des mers a recommencé à monter,
25:31 ce bestiaire hétéroclite s'est retrouvé pris au piège sur les îles,
25:35 [musique]
25:38 et a évolué vers davantage de singularité.
25:42 [musique]
25:45 Au cours des âges, ce phénomène s'est reproduit à maintes reprises,
25:52 donnant chaque fois naissance à de nouvelles créatures uniques,
25:56 en particulier au beau milieu de l'archipel, sur l'île de Sulawesi.
26:01 [musique]
26:04 [musique]
26:09 [musique]
26:12 Toutefois, même si les variations du niveau des océans
26:18 ont fait converger ici des animaux des deux continents,
26:21 le mélange des mondes a ses limites.
26:24 [musique]
26:27 À l'ouest, Sulawesi est bordé par une profonde fosse océanique
26:33 qui n'a jamais été à sec, même quand les mers étaient au plus bas.
26:37 Elle la sépare de sa voisine, l'île de Borneo.
26:41 [musique]
26:44 Une barrière marine immuable, large de plus d'une centaine de kilomètres.
26:49 [musique]
26:52 Au cours des millénaires, seuls de rares privilégiés sont parvenus à la franchir.
26:58 [bruit de pas]
27:04 Difficile d'imaginer les ancêtres des macaques à crête
27:07 effectuant la traversée à la nage depuis Borneo.
27:11 Pourtant, ils ne peuvent pas être venus d'Australie,
27:18 car celle-ci est entièrement dépourvue de toute espèce de singe,
27:22 alors qu'à Borneo, ils sont légions.
27:30 En outre, les preuves ADN le confirment,
27:34 Borneo est bien la terre d'origine des macaques à crête.
27:38 D'une manière ou d'une autre, ils ont donc dû traverser le détroit.
27:43 Peut-être un groupe de macaques a-t-il été emporté jusqu'ici par un tsunami,
27:48 accroché à un radeau de végétation ?
27:51 Nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses.
27:55 [musique]
27:58 Quoi qu'il en soit, c'est cet improbable traversée
28:02 qui leur a ouvert de nouvelles perspectives,
28:05 sur une nouvelle terre, loin des rivalités avec les autres espèces de singes.
28:10 [musique]
28:13 Voilà comment ces macaques ont eu la forêt toute à eux.
28:20 [musique]
28:24 [musique]
28:27 D'autres animaux ont effectué un périple encore plus incroyable.
28:36 A l'est de Sulawesi se trouve l'île d'Almaera.
28:49 Elle abrite un autre animal unique, une autre énigme.
28:54 [musique]
28:57 Voici un oiseau de paradis,
29:07 le paradisier de Wallace.
29:10 [musique]
29:13 Celui-ci est un mâle.
29:19 Il doit son nom au naturaliste Alfred Russell Wallace,
29:23 qui a été le premier à le décrire,
29:26 et le premier à s'interroger sur l'origine de la faune si singulière de cet archipel.
29:32 [musique]
29:35 C'est l'aube, et chaque journée commence de la même façon.
29:45 Il se prépare à impressionner une femelle.
29:49 Aujourd'hui sera peut-être le grand jour.
29:55 Il est l'heure de démarrer sa routine.
30:11 Dans la forêt encore baignée de pénombre, il commence par quelques vols planés,
30:17 exhibant ses magnifiques plumes dans le ciel.
30:22 Avec un peu de chance, quelque part, une femelle l'observe.
30:29 Oui, c'est son jour de chance. La voilà.
30:40 Prêt pour la phase 2 de l'opération séduction.
30:44 Il fait danser ses plumes ornementales.
30:51 Elle va adorer.
30:55 Et quand les rayons du soleil commencent à filtrer à travers la canopée,
31:03 il révèle un éclat de couleurs iridescentes, forcément irrésistibles.
31:09 [musique]
31:12 Mais non, la dame n'est pas intéressée.
31:24 Tant pis, il retentera sa chance demain.
31:28 Si seulement elle savait quels événements improbables les ont conduits jusqu'ici.
31:36 [musique]
31:39 Comme les autres animaux singuliers de Sulawesi,
31:42 le paradisier de Wallace est originaire d'autres contrées.
31:46 Ses ancêtres habitaient la vaste île voisine orientale d'Alma-Hera,
31:55 la Nouvelle-Guinée, où l'on trouve la plupart des oiseaux de paradis aujourd'hui.
32:00 [musique]
32:05 Mais l'aventure de ce paradisier est des plus saisissantes.
32:09 Cet incroyable monde insulaire a été façonné par des forces
32:19 parmi les plus explosives de notre planète.
32:22 Des forces toujours à l'œuvre de nos jours.
32:27 Lorsque les continents entrent en collision,
32:33 une violence inimaginable se déchaîne.
32:36 C'est ainsi qu'il y a une centaine de millions d'années,
32:43 une nouvelle île a jailli des flots.
32:46 Alma-Hera.
32:52 Mais elle était alors bien différente.
32:59 Saturée de soufre.
33:03 Désertique.
33:05 Et située à des milliers de kilomètres de l'autre côté de celle
33:12 que nous connaissons aujourd'hui comme la Nouvelle-Guinée.
33:16 Mais ici, la plaque océanique est en mouvement constant.
33:30 Les nouvelles îles ne restent pas longtemps en place.
33:33 Et Alma-Hera ne fit pas exception.
33:37 À mesure qu'elle se déplaçait,
33:44 elle commençait à refroidir et à verdir.
33:58 Mais le plus important restait à venir.
34:01 Après avoir dérivé pendant 15 millions d'années,
34:09 elle entra soudain en collision avec la Nouvelle-Guinée.
34:13 [Musique]
34:16 En temps géologique, l'accrochage fut bref, à peine un sursaut.
34:39 Mais juste assez long pour ramasser un minuscule passager clandestin,
34:43 l'ancêtre du paradisier de Wallace.
34:46 Et tandis que l'île reprenait son voyage vers l'ouest,
34:55 l'oiseau clandestin évoluait jusqu'à devenir l'espèce unique
34:59 que nous pouvons admirer à présent.
35:02 Ainsi, ses origines remontent à ce choc de Deutère,
35:06 lors duquel un petit paradisier de Nouvelle-Guinée
35:10 s'est embarqué sur le bateau-île Alma-Hera,
35:13 qu'il a emporté avec lui.
35:16 Au fil des millénaires, les éléments ont engendré
35:26 d'immenses bouleversements à travers tout l'archipel.
35:33 Mais une autre force y a aussi imprimé sa marque,
35:36 un phénomène plus récent.
35:39 Nous en trouvons la trace sur l'île de Flores,
35:46 juste à côté de Komodo.
35:49 En 2003, dans une grotte reculée de Flores,
35:59 des paléontologues ont fait une découverte sensationnelle.
36:03 Un crâne, préhistorique et très petit.
36:17 Celui d'un enfant ?
36:25 Impossible, ses dents étaient celles d'un adulte.
36:30 Lorsqu'un squelette presque complet fut mis au jour,
36:38 il devint évident qu'il ne s'agissait pas d'un Homo sapiens,
36:41 mais d'une espèce encore inconnue.
36:44 Un hominidé d'un petit mètre de haut,
36:51 qui avait réussi à atteindre ces îles des milliers d'années avant nous.
36:55 Cette découverte allait totalement modifier notre compréhension de la vie
37:02 sur ces terres insulaires.
37:05 Voici Homo floresiensis, l'homme de Flores,
37:18 dont la petite taille lui a valu le surnom de Hobbit.
37:22 Et ses ossements se sont révélés être ceux d'une femme adulte,
37:27 le tout premier membre de l'espèce jamais découvert.
37:31 Il y a 60 000 ans, cette caverne était leur demeure.
37:40 Et grâce à divers éléments exhumés autour du squelette,
37:44 nous savons qu'ils utilisaient probablement des outils de pierre
37:47 pour chasser le stégodon nain.
37:50 On trouve également des fossiles d'autres animaux.
38:01 Les animaux de la caverne sont souvent les plus nombreux.
38:08 Comme des dragons de Komodo, toujours à l'affût de carcasses à dévorer.
38:14 Et puis quelque chose s'est produit.
38:21 Au fond de la caverne, des morceaux de charbon suggèrent
38:30 qu'à un moment, quelqu'un a commencé à faire du feu.
38:34 Et ce n'étaient pas les Hobbits.
38:37 Homo sapiens était arrivé.
38:49 Le plus troublant, c'est qu'au même moment, l'homme de Flores disparaît.
39:02 Et ce n'est pas tout.
39:05 C'est aussi à cette époque que remontent les dernières traces
39:09 de cigognes géantes et de stégodons nains.
39:13 Peu après, les dragons de Komodo succombent également.
39:19 Quelque chose a déclenché ici une vague de disparitions sans précédent.
39:28 Et la cause la plus probable semble bien être...
39:32 nous.
39:34 Cette femme de Flores a-t-elle croisé les premiers hommes modernes ?
39:42 Est-ce notre espèce qui a précipité sa fin et celle de son monde ?
39:48 Elle seule pourrait nous le dire.
39:56 Mais si l'arrivée d'Homo sapiens a effectivement provoqué ici de tels bouleversements,
40:01 cela éclaire d'une toute nouvelle lumière l'histoire des étranges créatures de ce territoire.
40:07 Et notamment de l'une d'elles.
40:10 Longtemps, on a cru que le dragon de Komodo était natif de ces îles.
40:22 Que son évolution, comme celle de tant d'autres espèces curieuses de la région,
40:27 était le résultat de son isolement insulaire.
40:31 Mais il n'en est rien.
40:35 Remontant à des temps immémoriaux, son histoire s'est trouvée liée à la nôtre.
40:47 À présent, la dernière pièce du puzzle se met en place.
40:52 Il y a quelques années, des fossiles de varans de Komodo ont été découverts à 3500 km au sud-est
41:05 dans l'Outback australien, et à l'ouest jusque sur l'île de Java.
41:16 Autrefois, le royaume des dragons s'étendait donc à travers un immense territoire,
41:21 de l'Australie jusqu'à Komodo, et au-delà.
41:25 Il semblerait que s'ils n'existent plus que sur ces îles, c'est parce qu'ils ont disparu partout ailleurs.
41:34 Et la cause de cette disparition est très probablement nous.
41:45 Mais comment ont-ils fait pour arriver jusqu'ici ?
41:49 Les varans sont d'excellents nageurs.
42:00 Qui plus est, nous savons depuis peu que le dragon de Komodo est capable de se reproduire
42:12 sans avoir besoin de s'accoupler.
42:15 Une seule femelle suffit à peupler toute une île.
42:19 Les dragons sont donc les colonisateurs suprêmes de ce monde insulaire.
42:26 Et le roi dragon est en réalité...
42:34 une reine dragone.
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