Chaque jour, découvrez la pépite du jour dans la France Bouge avec Elisabeth Assayag.
Retrouvez "La pépite" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-france-bouge-academie
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00:00 *Musique*
00:02 Europe 1, le talent de la France Beauge
00:05 C'est vous Sarah Cheruio, vous êtes la fondatrice d'Otisiel, votre entreprise a 10 ans ?
00:10 Oui c'est ça, on vient de fêter nos 10 ans.
00:12 Oui, alors on revient un petit peu sur le parcours comme ça on apprend à mieux vous connaître.
00:16 Vous avez fait des études de lettre, de littérature, vous avez été dans une école de commerce aussi ?
00:21 Spécialisée dans le numérique, oui.
00:23 Spécialisée dans le numérique, pourquoi être allée vers l'autisme ?
00:27 Alors c'est des rencontres, on en parlait tout à l'heure, la sérendipité, moi je dis souvent, les rencontres, les heureux hasards.
00:34 J'ai rencontré une association de parents d'enfants avec autisme il y a 10 ans,
00:38 et c'est une maman qui se rendait compte que son enfant qui n'arrivait pas à le regarder dans les yeux,
00:43 arrivait très bien à utiliser son téléphone qui était tactile, parce que c'est très intuitif d'utilisation, ça va capter son attention.
00:51 Et donc elle m'a dit, toi qui travaille dans le numérique, est-ce que tu ne voudrais pas réfléchir à faire des applications utiles sur téléphone,
00:58 qui lui permettent d'avancer et d'apprendre ?
01:00 Beau challenge !
01:01 Oui, beau challenge ! Autisiel est né, vous allez pitcher pendant une minute, et puis on va rentrer dans le détail.
01:08 Vous êtes prête ? Allez, top chrono, on vous écoute.
01:11 Alors donc chez Autisiel, on développe des applications sur tablette et smartphone pour faciliter la vie des personnes autistes,
01:18 et faciliter leur inclusion sociale.
01:20 Avec une équipe de chercheurs et d'associations, on a créé une suite d'applications qui s'appelle Amikeo,
01:25 qui va transformer une simple tablette tactile en un compagnon pour l'enfant ou l'adulte,
01:30 et ce compagnon va l'aider dans son quotidien.
01:33 Par exemple, il va retrouver un agenda simplifié pour le guider dans sa journée,
01:38 avec une diminution du stress qui peut être liée au changement d'activité,
01:42 des tutoriels aussi pour gagner en autonomie,
01:46 avec des accompagnements pour se brosser les dents, se faire à manger, s'habiller par exemple.
01:51 Il va pouvoir aussi utiliser des pictogrammes pour communiquer, pour exprimer ses émotions, une douleur,
01:56 et puis aussi des exercices pour travailler les apprentissages cognitifs fondamentaux.
02:00 La force de nos applications, c'est qu'elles sont très personnalisables,
02:04 pour s'adapter à un large spectre de besoins, on en a parlé tout à l'heure, et de profils.
02:09 Et on va ensuite remonter de la donnée statistique,
02:12 pour les professionnels et les parents qui suivent les progrès à distance.
02:16 Donc juste un chiffre, aujourd'hui on enregistre 450 000 téléchargements dans le monde,
02:20 nos applications sont traduites en 6 langues,
02:22 en France on travaille avec plus de 750 écoles et établissements,
02:26 et notre actualité c'est l'emploi, puisqu'on vient de sortir une nouvelle solution
02:30 pour adapter les postes de travail aux besoins des personnes autistes, et améliorer leur emploi.
02:34 Merci Sarah Cheruboff, CEO et fondatrice d'Otisiel.
02:37 Ce qui nous intéresse avec vous là, c'est la partie emploi,
02:40 on a vu la partie enfant, avec vaincre l'autisme,
02:43 justement Clara Léger, les chiffres sur l'autisme dans le monde professionnel ?
02:48 C'est l'AG FIP qui vient de publier son observatoire Autisme et Emploi,
02:51 parmi les chiffres qui en ressortent, 57% des personnes autistes adultes sont en activité,
02:57 que ce soit en emploi ou en formation,
02:59 elles sont 47% à avoir été accompagnées justement pour pouvoir travailler.
03:04 En France on estime qu'il y a environ 300 000 personnes autistes dans le milieu professionnel.
03:08 C'est plutôt encourageant, parce qu'il y a ce qu'on appelle un peu la rupture de parcours,
03:13 c'est-à-dire qu'arrivé à l'âge de 16 ans, il n'y a plus grand-chose pour accueillir les autistes.
03:18 Vous, avec les tablettes, avec les applications Sarah Cheruboff,
03:21 concrètement, quels services proposez-vous aux entreprises
03:25 pour qu'elles aient une politique d'inclusion plus importante à l'égard des personnes autistes ?
03:30 C'est vrai qu'on parlait des chiffres à l'instant, si on regarde les chiffres en milieu ordinaire,
03:33 là on est à 0,5% des adultes autistes.
03:36 Donc en milieu ordinaire, c'est une entreprise classique.
03:38 Exactement. Donc on est très très très loin et très en retard en France par rapport à d'autres pays.
03:42 Vous allez à Londres, vous allez dans une épicerie, vous allez croiser une personne autiste
03:46 qui est commis d'épicerie. En France, vous ne voyez jamais ça.
03:49 Donc pour l'instant, il y a beaucoup de choses à mettre en place.
03:51 Et donc nous, on fournit en fait une solution qui s'appelle le Coach Abilio,
03:55 sur tablettes là encore, qui va permettre de développer les savoir-faire,
03:58 les savoir-être et les connaissances des travailleurs autistes.
04:01 C'est-à-dire que cette tablette, on va distinguer, on va détecter en quoi la personne est plus capable ?
04:08 C'est ça. Alors en fait, ça va la guider sur son poste de travail.
04:12 Donc sur sa tablette, il a son emploi du temps de la journée.
04:15 Donc il sait quelles tâches vont se dérouler après.
04:19 Il a sa liste de tâches et ensuite, il va avoir des tutoriels simplifiés
04:23 pour l'aider à réaliser des tâches complexes.
04:25 Parce qu'une difficulté en fait des travailleurs,
04:27 et ce qui freine l'employabilité des travailleurs autistes,
04:30 c'est souvent leur manque d'autonomie.
04:32 C'est ce que disent les employeurs.
04:33 Moi, je n'ai pas le temps d'être derrière une personne
04:35 pour lui dire ce qu'elle doit faire dans sa journée, dans quel ordre.
04:38 Donc là, la tablette prend le relais.
04:40 Elle lui dit précisément quel est son emploi du temps.
04:43 Et pour les tâches complexes qui sont difficiles à réaliser ou difficiles à mémoriser,
04:47 la tablette va guider la personne comme un petit coach qui sera tout le temps avec lui.
04:52 Aujourd'hui, au moment où on parle, Sarah Chirio,
04:55 sur Europe 1, vous êtes la fondatrice d'Otisiel.
04:57 Avec qui avez-vous vendu, auquel genre d'entreprise vous avez vendu vos tablettes
05:01 pour pouvoir insérer des personnes autistes ?
05:03 Oui, alors on travaille avec des entreprises en milieu ordinaire,
05:07 des restaurants inclusifs, notamment Papi et Papillon par exemple.
05:10 On travaille aussi avec les Cafés Joyeux,
05:12 donc on n'est pas dans l'autisme, mais il y en a aussi.
05:14 Et puis, on a aussi également beaucoup des AT,
05:18 des entreprises adaptées, donc là plutôt dans le milieu protégé,
05:21 dont on parlait tout à l'heure, qui sont équipées de ces solutions.
05:24 Grâce à votre solution, vous mettez davantage à l'aise aussi les employeurs,
05:28 parce qu'ils vont avoir plus de facilité, puisqu'il y a cette tablette qui va les aider.
05:32 Et comment est-ce que vous les formez,
05:34 ou comment vous formez les personnes autistes à utiliser cette application sur les tablettes ?
05:38 Alors on fait des formations en direct,
05:40 après en fonction des niveaux, là encore une fois, il faut toujours adapter les logiciels,
05:44 c'est-à-dire qu'on a certaines personnes qui vont simplement utiliser les tutoriels qui sont proposés,
05:49 et on en a d'autres qui ont plus de capacités,
05:51 qui vont se créer elles-mêmes dans l'application,
05:54 leurs propres tutoriels, leurs propres points de repère, pour pouvoir travailler.
05:58 Ça coûte combien pour une entreprise d'utiliser vos services ?
06:01 Alors aujourd'hui, on a moins de 500 euros pour les packs tablettes avec les logiciels.
06:05 L'objectif, c'est d'être le plus accessible possible.
06:08 Nous, on est une entreprise solidaire d'utilité sociale,
06:10 qui a un agrément qui s'appelle ESUS,
06:13 qui fait que du coup, on essaye vraiment de travailler à l'accessibilité prix des produits.
06:17 Et puis aujourd'hui, la plupart...
06:19 Elles existent, ce genre de tablettes, aux Etats-Unis ?
06:21 Comment sait-il que 95% des autistes ici ne travaillent pas,
06:24 alors qu'aux Etats-Unis, 40% ont un emploi,
06:27 18% en Grande-Bretagne, comme vous le disiez tout à l'heure ?
06:30 La philosophie, c'est quoi ? C'est une histoire de culture ?
06:33 C'est vraiment une histoire de culture.
06:35 Tout à l'heure, on parlait des initiatives de proximité.
06:39 Tout à fait, alors il y a l'éducation, et puis il y a aussi une question de culture.
06:43 Pour avoir dialogué récemment avec une entreprise dans les espaces verts,
06:46 je leur parlais de travailleurs, moi, que je connais, qui sont autistes,
06:50 qui travaillent extrêmement bien dans les espaces verts et qui sont en ESAT,
06:53 en leur disant "mais vous pourriez embaucher, vous êtes en demande de main-d'oeuvre,
06:57 vous pourriez embaucher des travailleurs autistes".
06:59 Ils vous disent quoi ? "Ah non, non, on ne sait pas gérer, on ne sait pas faire".
07:02 Il y a vraiment une question de sensibilisation, d'éducation du grand public,
07:06 parce que l'inclusion, ça marche dans les deux sens.
07:08 Il faut outiller les personnes, mais il faut aussi sensibiliser les employeurs qui vont accueillir ces personnes.
07:13 - Mamette Sajidi, patron de Ventre le Signe. - Si vous me permettez aussi, parce que je suis dedans,
07:17 donc moi le concept pour l'insertion professionnelle, il est créé en 2007,
07:20 impossible à mettre dans le système, parce qu'en fait il faut retenir que
07:24 il ne faut pas quand même que l'entreprise se paye les difficultés d'une personne autiste.
07:28 Et donc pour nous, dans notre constat, c'est qu'il faut accompagner la personne avec des informations,
07:33 y compris avec des outils tablettes, etc., parce qu'on travaille avec des technologies.
07:36 - Oui, c'est ce que propose Sarah Simeon. - C'est que ce temps-là, il y a un jeune
07:40 qui va prendre six mois pour apprendre son poste, un an, deux ans,
07:43 et là ça doit être le médico-social qui suit.
07:46 C'est pas l'entreprise qui se paye ça, il faut que l'entreprise soit ouverte pour tolérer cet apprentissage
07:51 et une fois que la personne apprend le poste, on crée l'emploi.
07:54 Et ça c'est nécessaire, c'est pour ça que les personnes autistes ne sont pas employées,
07:58 parce que c'est d'une résistance et d'une incompréhension dans l'accompagnement de ces personnes.
08:02 - Peut-être que c'est une erreur de considérer l'autisme comme une maladie.
08:05 Il ne faut pas la considérer comme telle, dans les entreprises.
08:08 - Si on en parle comme maladie, c'est dans le cadre médical et scientifique, pas psychiatrique.
08:13 - Ce que je voulais juste rajouter, c'est aussi pour faciliter l'inclusion,
08:17 c'est la data, la donnée. On parle aujourd'hui des données qui sont remontées.
08:21 Nous, la chance qu'on a avec nos logiciels, c'est qu'on va pouvoir capter et donner une photographie
08:25 des compétences de la personne. Cette photographie, elle est objective,
08:29 et quand on la met sous les yeux des employeurs, ils se rendent compte.
08:32 - Ils se rendent compte que c'est factuel. - C'est factuel.