• il y a 7 mois
Eric Duverger, Fondateur - CEC (Convention des Entreprises pour le Climat)
Emery Jacquillat, Président - CAMIF & Co-fondateur de la Communauté des Entreprises à Mission
Mélanie Tisserand Berger, Présidente nationale - CJD France

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Transcription
00:00 Seules, on peut faire des choses, mais collectivement, on peut aller plus vite et surtout plus loin
00:05 et surtout être plus optimiste.
00:07 Et ce dont nous allons parler pour cette dernière table ronde de la matinée, j'accueille
00:11 tout de suite Mélanitis Ramberger, Éric Duverger et Ébri Jacques Hilla.
00:16 Installez-vous.
00:17 Le petit jeu de chaises musicales vient de commencer.
00:36 Mélanie, on va commencer avec vous.
00:40 Pourquoi selon vous les entreprises ont-elles intérêt à être plus dans la collaboration
00:48 plutôt que dans la compétition ?
00:49 Alors, pas dans la collaboration, dans la coopération.
00:57 En fait, aujourd'hui le système dominant c'est la compétition.
01:04 Dès qu'on parle de sortir de ce système-là, déjà, un des premiers obstacles qu'on observe
01:15 c'est « ah bah ouais mais ça va, c'est anti-économique, c'est anti-business ».
01:19 Alors pas du tout.
01:20 En réalité, quand on parle de compétition ou de coopération, ce n'est pas une fin
01:26 en soi, c'est un moyen au service de quelque chose derrière.
01:30 Donc, est-ce qu'on utilise la coopération pour aller changer le monde ou est-ce qu'on
01:35 utilise la compétition ? Il se trouve qu'aujourd'hui nous utilisons la compétition et on voit
01:38 ce que ça donne, puisqu'on peut être hyper performant économiquement parlant dans une
01:46 entreprise quand on est dans une forme de compétition, alors au détriment de plein
01:51 de choses puisque les externalités négatives elles sont colossales, c'est au détriment
01:55 de la santé des équipes, au détriment évidemment de l'environnement puisque quand on est
02:00 dans la compétition on fait une guerre de coûts, on va chercher à faire une guerre
02:04 sur les prix, on va chercher à réduire ces coûts.
02:07 Le coût écologique est un coût, donc on va chercher à le réduire.
02:12 Donc nécessairement, on va aller pas du tout vers une performance globale mais réellement
02:17 vers une performance économique et pas sur le reste.
02:20 Et donc sortir de ce rapport de force-là pour aller vers la coopération, c'est ce
02:25 qui nous permet de prendre véritablement en main ces enjeux qui sont les enjeux essentiels.
02:32 Là on n'a plus vraiment le choix, on entend bien qu'il faut prendre notre temps pour
02:38 amener tout le monde vers de nouveaux paradigmes, prenons quand même pas trop trop le temps
02:44 parce que c'est un petit peu la course là je crois.
02:48 C'est la raison d'être du CJD qui est né en 1938, date particulière, expliquez-nous.
02:55 Ah oui, 1938, donc on sort des grandes grèves de 36, le patronat de l'époque, on est
03:04 en pleine problématique de lutte des classes, Jean Merche qui crée le CJD ne se reconnaît
03:11 pas dans cette posture du patronat et donc décide de créer le CJD avec des valeurs
03:18 humanistes.
03:19 L'objectif étant de mettre l'économie non plus au service du profit, donc il ne
03:26 remet pas profondément en cause la propriété privée etc. bien évidemment on n'est pas
03:32 là, mais en tout cas il remet en cause la façon dont on fait du business et comment
03:41 est-ce qu'on intègre davantage nos parties prenantes et comment on les considère.
03:46 Quelques années plus tard, en 2021, Eric vous avez, vous fondez la convention des entreprises
03:56 pour le climat, inspirée de la convention citoyenne pour le climat avec pour objectif
04:01 de fédérer 150 entreprises comme la convention citoyenne pour le climat a fédéré 150 citoyens
04:11 plus de la société, nous sommes en 2024 et vous avez fédéré bien plus que 150 entreprises,
04:19 c'est plus de 1400 je crois, expliquez nous.
04:22 Déjà je suis ravi d'être ici, bonjour à tout le monde, je suis ravi d'être avec
04:27 Emery et Mélanie, parce qu'en fait tout est dans la question sur le mot de métamorphose.
04:34 Finalement moi je me suis lancé, j'ai travaillé 20 ans dans un grand groupe français qui
04:39 fabrique des pneumatiques et à un moment donné j'ai eu un déclic que ça pouvait
04:44 pas continuer comme ça.
04:45 C'était en 2020, j'ai pris un an avec une équipe pour proposer en fait un parcours,
04:53 c'était la première CEC qui allait provoquer des déclics et chez des personnes qui ont
04:57 un super pouvoir, les dirigeants d'entreprise, parce que effectivement si eux ils switchent,
05:02 en fait c'est toute l'entreprise qui va bouger plus vite.
05:05 Donc on a lancé ce premier parcours, c'était une épopée, ils ont travaillé pendant 12
05:12 jours, étalés sur 10 mois, il y a eu des transformations très profondes, y compris
05:16 je crois qu'on a des témoignages des métamorphoses, et c'est un peu notre théorie du changement
05:21 à la CEC, c'est finalement la métamorphose du monde économique qui passe d'abord par
05:27 la métamorphose, un déclenchement intérieur, finalement dans le cœur des dirigeants, et
05:34 ensuite ils peuvent emmener leur entreprise pour faire la métamorphose de leur entreprise,
05:38 et là on souhaite qu'ils aillent vers une économie à visée régénérative, donc
05:44 il faut qu'on régénère les écosystèmes.
05:45 On a trop détruit, maintenant il faut régénérer.
05:48 Et puis en fait on s'est rendu compte, moi-même aussi au cours du chemin, je pensais que la
05:53 CEC pouvait peut-être débloquer et sauver le monde, mais en fait non, il y a déjà
05:58 plein de mouvements qui étaient installés, et en fait on fait une sorte de mouvement
06:01 de mouvement pour essayer de provoquer la métamorphose du monde économique.
06:06 Alors on va en parler un petit peu après, mais en tout cas c'est fondamental et on
06:09 s'est mis dans une posture d'apporter du renfort et d'apporter aussi plein de cas
06:14 concrets, donc maintenant c'est 1400 personnes qui témoignent de leur transformation, de
06:19 leur déclic, comment elles transforment leur entreprise, et on espère qu'il y aura un
06:22 effet d'entraînement sur toute l'économie.
06:24 Merci, Emery, vous avez métamorphosé, Camille fait également, que vous présidez et vous
06:31 avez souhaité métamorphoser, en tout cas aider à la métamorphose des entreprises
06:36 en créant, en cofondant en tout cas, la communauté des entreprises à mission en 2018, qui réunit
06:43 aujourd'hui plus de 1500 entreprises, et au niveau européen aussi, non c'est ça,
06:49 c'est bien le bon chiffre, est-ce que vous pouvez nous expliquer la raison d'être
06:53 de cette coalition ?
06:54 Alors avec Camille on a eu la chance de rencontrer des chercheurs assez tôt en 2013 dans notre
07:00 parcours, qui étaient convaincus en 2008 déjà que la crise financière, c'était
07:04 pas une crise financière, c'est la crise de l'entreprise.
07:06 On avait juste oublié pourquoi l'entreprise existait, et à force d'avoir mis le profit
07:09 au-dessus de tout, finalement on a été dans le mur.
07:12 Et ils avaient dans leur laboratoire à l'école des mines, et c'est pas complètement innocent
07:17 que ce soit des ingénieurs qui repensaient l'entreprise, redesignaient le concept même
07:22 de la société, ils avaient bâti un modèle qui s'appelait à l'époque la société
07:27 à objet social étendu, que personne ne connaissait, mais en 2012-2013 on a partagé autour de
07:32 ce modèle, notamment sous l'impulsion d'un fonds à impact qu'on avait fait rentrer
07:35 dans notre capitale.
07:36 Et moi leurs travaux m'ont beaucoup parlé.
07:39 Leurs travaux c'est, prenons du temps pour redéfinir pourquoi l'entreprise existe,
07:45 et sacralisons cette raison d'être de l'entreprise en l'inscrivant dans les statuts, parce que
07:50 l'objet social d'une entreprise, d'une société, ça peut pas se limiter à juste
07:56 le partage du profit entre actionnaires.
07:57 L'entreprise elle a un vrai rôle, une vraie utilité dans la société, d'ailleurs quand
08:01 on crée une boîte c'est généralement pour résoudre un sujet.
08:03 Et en plus, si on veut vraiment transformer l'entreprise, il va falloir aussi qu'on
08:09 s'attaque à la gouvernance, à la façon dont on prend les décisions dans l'entreprise.
08:14 Et si on regarde, l'entreprise elle existe pas, la société existe en droit, elle est
08:19 qualifiée en droit, et elle est gérée par ses actionnaires.
08:22 Et le conseil d'administration est au service des actionnaires.
08:26 Et en fait personne ne défendait jusque là l'intérêt de l'entreprise.
08:30 Et donc eux ont imaginé une gouvernance dédiée à l'entreprise, qui s'appelle
08:34 aujourd'hui le comité de mission, qui est le premier organe de gouvernance qui s'attache
08:38 à défendre l'intérêt de l'entreprise et de sa mission.
08:40 Alors ils nous ont donc invité à réfléchir au pourquoi Camille existe, à quoi on sert.
08:46 Cette question assez existentielle, pourquoi on existe, on se la pose pas toujours dans
08:49 les entreprises, mais nous elle a été le théâtre de deux ans et demi de travail
08:55 et de réflexion pour sortir deux phrases, non pas que nous ne soyons pas très efficaces
08:59 à la camif, mais on a justement interrogé l'ensemble des parties prenantes.
09:03 L'entreprise c'est un projet collectif sur au fond pourquoi on existe, à quoi on
09:06 sert, qu'est-ce qui serait fondamentalement différent si tous les acteurs du marché
09:09 adoptaient les bonnes pratiques de camif, pour formuler cette raison d'être qu'on
09:12 a inscrite dans nos statuts en 2017.
09:14 Et puis on a assorti ça de cinq objectifs de mission qui sont ancrés dans notre modèle
09:19 économique.
09:20 Et on s'est rendu compte à quel point ça a été un formidable levier d'engagement
09:24 pour l'entreprise, pour ses collaborateurs, un levier d'innovation et du coup un levier
09:28 de performance.
09:29 Et ça en 2018 je me suis dit il faut qu'on le partage, il faut qu'on le fasse connaître,
09:32 ça peut pas rester au fond des mines et ça peut pas être juste quelques pionniers
09:37 qui expérimentent ces modèles.
09:38 Il faut passer à l'échelle.
09:41 Et finalement le collectif ça permet ce passage à l'échelle.
09:46 Et donc on a assez évidemment créé cette association qui est une association d'intérêt
09:50 général avec ses chercheurs, avec les quelques pionniers.
09:53 La communauté des entreprises à mission, elle est là pour offrir un cadre de partage
09:58 aux dirigeants qui souhaitent rendre leur entreprise plus contributive, qui ont passé
10:03 ce cap de la CEC et ils se sont dit "ben bien sûr il faut que je change, il faut que je
10:08 change, il faut que j'utilise l'entreprise pour changer le monde".
10:10 Parce que l'entreprise est le plus puissant levier de transformation de la société qu'on
10:15 ait à disposition.
10:16 Donc aujourd'hui il y a une urgence à transformer l'entreprise pour transformer le monde.
10:19 Mais en même temps c'est pas simple.
10:21 On voit il y a plein d'injonctions paradoxales, contradictoires entre le temps long, le temps
10:25 court, les enjeux sociaux, environnementaux, puis les enjeux économiques.
10:28 Et donc il n'y a rien de tel que l'échange entre pairs pour se donner du cœur, du cœur
10:34 à l'ouvrage.
10:35 Et donc offrir un cadre de partage aux dirigeants qui étaient de plus en plus nombreux déjà
10:38 en 2018 et qui souhaitaient rendre leur entreprise plus contributive.
10:42 Et puis continuer de nourrir et d'enrichir le modèle de l'entreprise à mission par
10:46 la pratique, par le retour d'expérience.
10:48 Former, parce que c'est évidemment par la formation aussi qu'on peut embarquer,
10:54 et faire connaître le modèle.
10:55 C'est la raison d'être de la communauté des entreprises à mission.
10:58 Et ce qui est assez chouette c'est que du coup de 2008, travaux des chercheurs, à
11:03 2018 il se passait dix ans.
11:04 Donc pas grand chose en fait, en dix ans.
11:06 Puis ensuite il y a eu une accélération, notamment avec la loi Pacte, où on a contribué
11:09 à faire reconnaître ce modèle avec la société à mission.
11:13 Donc en gros qu'est-ce que c'est qu'une entreprise à mission ? C'est une entreprise
11:16 qui met une mission au cœur de son projet, qui va transformer donc son oeuvre, ses pratiques,
11:23 et qui va transformer la société.
11:25 Et donc aujourd'hui 1500 sociétés à mission en France, grâce à la loi Pacte qui a rendu
11:31 plus célèbre que la communauté des entreprises à mission.
11:33 Et puis on a une communauté qui vit, qui se nourrit de ces retours d'expérience.
11:38 Et aujourd'hui notre conviction c'est qu'on tient là un modèle, un cadre, qui
11:45 est un cadre de progrès, c'est pas un label, c'est pas parce qu'on est à mission
11:48 qu'on est meilleur qu'une autre, mais c'est un cadre de progrès qui peut redéfinir
11:53 au fond le capitalisme.
11:55 Et ce cadre de progrès, on souhaite en faire un cadre européen, parce que j'ai la conviction
12:01 qu'en Europe on porte des valeurs, on a une histoire, on a une vision de l'économie,
12:06 on a une vision de la place de l'entreprise dans la société et de son rôle pour adresser
12:12 et pour s'attaquer aux grands défis qui sont devant nous, très différents des Américains
12:17 ou des Chinois.
12:18 Et donc il y a une forme d'urgence à bâtir ce modèle européen de l'entreprise à mission
12:23 et c'est ce que j'essaie de faire en ce moment.
12:25 Oui, en ce moment, c'est tout à fait d'actualité.
12:28 Mélanie, en préparant cette table ronde, vous avez déclaré qu'un chef d'entreprise
12:32 doit d'abord se déconstruire personnellement pour pouvoir embrasser le collectif.
12:37 Est-ce que vous pouvez développer ?
12:38 Alors, c'est vrai pour le chef d'entreprise, mais en fait c'est vrai pour tout le monde
12:42 collectif.
12:43 Pourquoi je parle de déconstruction ? Parce que le nom, le mot ayant été lâché, allons-y,
12:51 capitalisme.
12:52 Nous vivons dans cette espèce de croyance qu'il n'existe qu'un seul modèle qui soit
12:58 acceptable pour notre société qui est le capitalisme.
13:01 Puisque dès qu'on dit, si on le challengeait, ah non mais le communisme c'est encore pire.
13:07 Oui, alors non mais pardon, il y a autre chose en fait.
13:10 Mais c'est très difficile de déconstruire ça.
13:13 Et c'est normal que ce soit difficile parce qu'on grandit là-dedans.
13:17 On a des schémas qui nous sont apportés par notre éducation, qui nous sont apportés
13:23 par l'école, etc.
13:25 Par l'histoire.
13:26 On rappellera quand même que l'histoire est écrite par les gagnants.
13:29 Et donc tout ça fait qu'on vient nous apporter des éléments d'analyse de la société qu'il
13:38 faut pouvoir aussi venir déconstruire profondément et venir comprendre la raison pour laquelle
13:47 on est ici en tant qu'être humain.
13:50 Et ça, ça me semble essentiel.
13:52 Et ce mécanisme de déconstruction là, il est hyper compliqué, mais hyper essentiel
13:59 aussi parce que c'est ce qui va nous empêcher de tomber justement dans une...
14:05 On parlait de greenwashing tout à l'heure.
14:07 Le greenwashing totalement assumé, on le crame assez facilement.
14:13 Et il y a celui où on croit vraiment que non mais c'est fait avec du cœur.
14:18 Sauf que c'est fait avec des croyances aussi qui nous empêchent de réellement disrupter
14:24 le système.
14:25 Meilleur exemple, le coût des véhicules électriques.
14:29 En réalité, quand on parle de décarboner les véhicules et qu'on prend un bulldozer
14:40 à essence qui va aller détruire une forêt, on va mettre un autre bulldozer qui sera électrique,
14:47 jackpot, qui va aller détruire pareil la forêt.
14:50 Et donc, encore une fois, c'est la finalité de nos actions.
14:54 C'est quoi l'objectif ? Et c'est ça qui est important.
14:56 Et pour ça, il faut cette déconstruction.
14:58 Merci Mélanie.
15:00 La CEC vient de lancer hier soir, Eric, son nouveau parcours à destination des professionnels
15:09 de la communication justement sur les nouveaux imaginaires dont on a parlé dans cette matinée.
15:14 Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ? Qui sont les participants, les heureux participants ?
15:20 Oui, avec plaisir.
15:23 On a en fait, nous, dans notre stratégie de la CEC, on a deux dimensions.
15:29 Une, c'est de lancer des parcours pour engager des dirigeants sur leur métamorphose sur
15:35 les territoires, donc maintenant, partout en France.
15:38 Et on sent que c'est là que se crée la résilience et la coopération, d'ailleurs, entre entreprises
15:42 mais aussi pouvoir public et monde associatif.
15:44 Il y a quelque chose qui se joue à cet endroit-là.
15:46 Mais on sait aussi que pour transformer l'économie française et qu'il y ait une bascule culturelle,
15:51 une vraie bascule, on a besoin aussi de certains métiers, certains secteurs qui ont un super
15:56 pouvoir de transformation.
15:57 Donc, on a commencé par les métiers du consulting, puisqu'ils parlent à l'oreille des dirigeants,
16:01 donc pour influencer le monde économique.
16:03 On a en ce moment le monde financier qui travaille et on sait que la finance irrigue toute l'économie.
16:08 Ils sont à mi-parcours.
16:09 Ils ont déjà fait trois sessions sur six.
16:10 Et hier soir, on a lancé les nouveaux imaginaires.
16:13 C'est aussi des nouveaux imaginaires, donc c'est pour les médias, les boîtes de com,
16:17 de production, les scénaristes.
16:19 On met tous ces gens autour de la table.
16:21 Il reste encore dix places dans ce parcours.
16:23 Donc, il y a des gens qui se sentent appelés.
16:24 Et effectivement, ça rebondit sur Colin Dermelani, c'est l'enjeu pour les nouveaux imaginaires,
16:32 c'est de déconstruire les imaginaires en place et notamment qu'est-ce qui est beau,
16:36 qu'est-ce qui est un modèle de réussite, de succès aussi pour les jeunes générations.
16:39 Et pas de forcer un nouvel imaginaire, mais d'ouvrir de nouveaux imaginaires dans lesquels
16:46 on va se remettre dans une économie qui est souhaitable.
16:49 Donc, c'est vraiment ça l'ambition.
16:50 Merci Emry.
16:52 Vous êtes également membre fondateur de la coalition, une autre coalition.
16:57 Vous êtes de toutes les coalitions, Emry.
17:00 Business for Tomorrow qui réunit depuis le 1er février, c'est assez récent, 15 réseaux
17:06 d'entreprises européens et nationaux, soit plus de 100 000 entreprises.
17:11 Est-ce que vous pouvez nous expliquer la raison d'être de cette coalition ?
17:16 Plus on sera nombreux, plus on sera forts.
17:18 Notre conviction, maintenant on est 17 réseaux partout en Europe, c'est qu'avec l'entreprise
17:26 qu'on va pouvoir changer les choses et qu'il faut aller encore plus loin.
17:31 Et dans chaque pays, offrir ce cadre et partager ces cadres existants.
17:36 La coalition a pour objectif de promouvoir les valeurs de divers acteurs, ça va de l'économie
17:45 sociale et solidaire et donc des valeurs de partage du pouvoir, de partage de la valeur
17:49 dans l'entreprise et apporter ces questions-là au fond en Europe.
17:53 Reconnaître également l'importance et la place de l'économie sociale et solidaire
17:58 en Europe et promouvoir l'émergence de cadres, notamment du cadre légal de l'engagement
18:04 de l'entreprise avec le Purpose Driven Company qui est un de nos chevaux de bataille pour
18:13 en faire un modèle européen.
18:14 Je crois que plus on sera nombreux, plus vite on ira.
18:19 On l'a fait à Bruxelles il y a quelques semaines, le jour où on était bloqué par
18:26 les tracteurs et c'était pas choisi mais c'était assez intéressant parce qu'on
18:33 sent aujourd'hui qu'il y a vraiment un push back assez fort sur l'inflation des normes
18:39 etc.
18:40 Et en même temps on sent qu'il y a une forme d'urgence donc il y a un paradoxe là.
18:43 Il y a un rejet des normes environnementales parce qu'elles sont trop contraignantes et
18:48 surtout parce qu'elles sont pas suffisamment accompagnées et parce qu'elles ne sont pas
18:53 suffisamment équitables.
18:54 Aussi c'est le rôle des états et le rôle de l'Europe c'est d'arriver à bâtir
18:59 un territoire où il y a de l'équité dans l'accès au marché.
19:02 Moi en tant qu'agriculteur je ne supporte pas de devoir répondre à plein de questions
19:05 et à faire plein de paperasses administratives sur la norme environnementale si par ailleurs
19:09 je vois sur le marché ou sur les étals de marché des produits qui ne respectent absolument
19:14 rien de tout ce qu'on m'oblige et qui viennent de l'autre bout de la planète.
19:18 C'est pas normal donc il y a un besoin d'équité qui est très fort.
19:21 Et en même temps je pense que c'est bien qu'on ait des états qui par la réglementation
19:30 font bouger les choses mais on a besoin surtout de faire en sorte que l'ensemble des entreprises
19:35 se bougent et pas uniquement les plus vertueuses.
19:37 Voilà ce que je pourrais dire sur cette coalition.
19:42 Merci.
19:43 Mélanie on a parlé de rôle modèle.
19:50 Selon vous il faut faire évoluer nos modèles de réussite et essayer de se poser la question
19:55 de ce que l'on veut faire croître comme société.
19:58 Oui nos modèles de réussite.
20:03 Je vous donne juste une petite anecdote.
20:06 J'étais à une plénière en Occitanie il n'y a pas longtemps et le conférencier
20:16 nous a fait toute une conférence d'une heure et demie en prenant des modèles de
20:22 réussite.
20:23 Canon.
20:24 Donc on est vraiment dans les nouveaux imaginaires.
20:26 Donc qui sont les nouveaux modèles de réussite ? Et bien on est toujours sur les Elon Musk
20:32 et les machins et les Bezos.
20:36 Et donc en fait on est toujours dans cette espèce de super héros qui n'en est pas
20:41 un pour moi bien évidemment mais ces espèces de super héros qui auraient tout réussi
20:46 eux tout seuls.
20:47 Alors déjà non c'est complètement faux.
20:50 Et est-ce que réellement on a envie de ressembler à ces modèles là de réussite ? Et là
20:56 où il y a un gros gros travail à faire c'est qu'est-ce que collectivement puisqu'on
21:01 parle des collectifs qu'est-ce que collectivement qu'est-ce que entre toutes ces associations
21:06 qui oeuvrent pour que les choses bougent quels sont les nouveaux modèles qu'on a
21:11 envie de mettre en avant ? Et pas quels sont les nouveaux modèles individuels mais quels
21:16 sont les nouveaux modèles collectifs qu'on a envie de mettre en avant ? Et ça ça me
21:20 semble essentiel parce que tant qu'on agira sur l'individu le 1 le 1 quoi on sera toujours
21:31 dans ces espèces de problématiques d'ego qui commencent quand même vraiment à nous
21:35 courir sur le haricot parce qu'on n'en peut plus en fait des ego.
21:39 Et de ça il faut qu'on en sorte et donc mettons en avant les entreprises qui réussissent
21:45 et qui ne tiennent pas à un individu qui tiennent à un collectif d'individus.
21:49 Alors oui ça peut être impulsé à un moment donné et d'ailleurs pas toujours par la
21:53 personne qui est en haut.
21:54 C'est quand on propose quand on parle de la quête de sens des collaborateurs et que
22:00 c'est eux qui peuvent parfois nous dire mais en fait là ça c'est ce qu'on produit là
22:04 c'est de la merde on va arrêter tout de suite ça.
22:06 Mais ça c'est super il faut être en capacité de les entendre d'où la déconstruction
22:10 dont on a parlé aussi tout à l'heure.
22:12 Et donc en fait ces collectifs d'entreprises qui sont capables de proposer des nouvelles
22:17 choses qui ne tiennent pas à un individu ça c'est formidable.
22:22 Alors il faut péter les héros.
22:23 Sans transition Eric vous êtes pour ringardiser celles et ceux qui ne bougent pas assez.
22:32 C'est fort.
22:33 J'aimerais faire un écho sur ce que disait Dominique Steyler tout à l'heure.
22:38 C'est qu'en fait on ne réussira pas en posant un jugement moral sur les gens.
22:44 En disant il y a les bons dirigeants les mauvais dirigeants.
22:47 C'est beaucoup plus complexe que ça.
22:49 En revanche on peut réussir avec un changement culturel.
22:54 Et c'est pour ça que j'utilise le mot ringardiser.
22:57 C'est pas pour dire à quelqu'un moralement c'est pas clean ce que tu fais.
23:03 C'est pour dire non en fait là tu es démodé.
23:06 Ce comportement cette vision de succès ce discours sur plus grand sur plus fort sur
23:11 part de marché très vainqueur.
23:13 En fait ce discours là il est ringard.
23:16 Il est devenu ringard.
23:17 Et mettre en face ces nouveaux imaginaires de succès de c'est le beau.
23:22 C'est une entreprise justement il y a plein de leaders.
23:25 Il y a une distribution du leadership.
23:26 On s'aperçoit que le management par le care en fait déploie les talents et donner envie
23:32 de ce nouveau modèle de réussite.
23:34 Et en fait il ne faut pas non plus se mentir on est en 2024.
23:37 En fait toutes les courbes sur les limites planétaires sont en train d'exploser.
23:41 Donc on a une seule chance.
23:44 Ça c'est ma conviction personnelle.
23:46 C'est une bascule culturelle de cet ordre là qui soit fulgurante qui se passe en quelques
23:51 années avant 2030.
23:54 Je pense qu'en France c'est possible.
23:56 D'ailleurs on est sur cette table ronde quand je vois la matinée qu'on a aujourd'hui tous
23:59 les mouvements qui sont installés tous ensemble en faisant écosystème en faisant coalition.
24:03 On peut faire monter la vague faire grandir cette bulle petite bulle aujourd'hui de cette
24:09 nouvelle économie mais qu'elle devienne majoritaire.
24:11 Donc oui il faut essayer de ringardiser des comportements pour que très très vite ça
24:16 bascule de l'autre côté.
24:17 Et là peut être on a une chance.
24:18 Merci Emery.
24:19 Le mot de la fin je vois qu'on est qu'on arrive au terme de cette table ronde.
24:24 Expliquez nous pourquoi pour vous vous militez pour une communication plus simplifiée.
24:32 Pas forcément.
24:35 Non mais je pense que si on veut bouger il y a trois acteurs.
24:43 Il y a le consommateur.
24:44 Il y a l'entreprise.
24:46 Et il y a les Etats.
24:47 Et il faut éviter d'attendre que chacun bouge pour se mettre en action.
24:51 Il faut passer du triangle de l'inaction à la roue de l'action.
24:55 Je pense pour le consommateur le problème aujourd'hui principal qu'on a c'est la part
24:59 d'attention.
25:00 L'attention elle dure un quart de seconde quand on choisit un produit.
25:04 Et donc il lui faut donner des clés de lecture.
25:07 Si on veut changer l'acte de consommation.
25:09 Oui il y a la communication.
25:11 On peut consommer moins et mieux.
25:13 Mais quand on est dans un rayon comment on change l'acte de consommation.
25:16 Moi je crois beaucoup à la vertu de la transparence.
25:18 Si on donne les clés au consommateur de comment est fabriqué un produit dans quelles conditions
25:24 sociales environnementales.
25:25 Peut être qu'il va changer sa façon d'acheter.
25:28 Et peut être qu'il ne va pas privilégier le premier prix parce qu'il va s'apercevoir
25:31 le désastre écologique et social derrière.
25:34 Et ça c'est un coût qui va payer tôt ou tard qu'on va payer tôt ou tard.
25:38 Et donc c'est pour ça que je suis par exemple le parrain du Planet Score qui a un outil
25:43 dans l'alimentaire pour mettre une valeur sociale et environnementale à un produit.
25:49 Mais qui se bat aussi contre une trop grande simplification.
25:52 On est dans un sujet qui est écosystémique donc qui est très complexe.
25:57 Si on n'adresse que le sujet du carbone alors il faut manger du poulet élevé en batterie
26:03 parce que c'est beaucoup moins carboné que le poulet bio élevé en pâturage en plein
26:09 air.
26:10 C'est un problème parce que c'est pas ça qu'on veut.
26:12 On ne veut pas inciter les consommateurs à manger plus de poulet élevé en batterie.
26:16 Et donc là il y a eu une grande bataille sur l'affichage environnemental en Europe
26:20 en ce moment sur est ce qu'on fait juste l'affichage du CO2 et dans ce cas là on
26:24 envoie tous les consommateurs acheter des produits intensifs.
26:27 Ou est ce que on tient compte d'autres sujets plus complexes les sols, l'eau, le bien-être
26:33 animal.
26:34 Donc des genres de batailles là elles sont importantes parce que quand on a mis en place
26:39 un affichage environnemental et qu'en plus il est réglementaire il faut pas qu'on se
26:42 trompe.
26:43 Il faut pas qu'on envoie les clients.
26:45 Et donc aujourd'hui on parle beaucoup du carbone.
26:48 Moi j'ai été frapper ce matin le plan média décarboné.
26:52 Ok c'est bien mais objectivement c'est pas tellement le gros problème de l'investissement
26:58 média.
26:59 Le gros problème de l'investissement média c'est qu'est ce qu'on dit.
27:01 C'est quel message on véhicule.
27:03 C'est ça le sujet.
27:04 Le plan média de Camille pourrait peut-être sans doute un peu décarboné mais objectivement
27:08 c'est pas le sujet.
27:09 Vraiment.
27:10 Donc ne nous trompons pas de bataille.
27:13 Et donc je suis plutôt contre l'hyper simplification mais je pense qu'on a quand même besoin
27:19 de clés de lecture.
27:20 C'est paradoxal encore ce que je dis mais tout est paradoxal de façon.
27:24 Et je pense que là aussi le rôle des états est important.
27:27 Il peut jouer par la réglementation.
27:28 Il peut jouer aussi par la fiscalité.
27:30 J'ai remis un rapport l'année dernière au ministre Béchu sur la TVA circulaire.
27:34 Est-ce que c'est bien normal de taxer de la même manière un produit éco conçu fabriqué
27:39 en France d'un produit qui vient de l'autre bout de la planète et qui a détruit les
27:42 ressources.
27:43 Est-ce que c'est bien normal de taxer la réparation alors que le produit a déjà été taxé et
27:48 qu'en fait aujourd'hui un consommateur sur deux ne répare pas son produit parce que
27:51 ça coûte plus cher que d'acheter du produit premier prix neuf.
27:53 Non.
27:54 Donc il y a besoin d'une TVA plus basse pour les produits issus de l'économie circulaire
28:00 et pour la réparation.
28:01 Le rôle de l'état il est aussi là et de montrer que l'écologie n'est pas forcément
28:05 punitive.
28:06 Au contraire.
28:07 Elle doit remettre de l'équité.
28:08 Elle doit revaloriser les entreprises qui s'engagent et permettre à ces entreprises
28:15 de devenir les leaders de demain.
28:17 Merci beaucoup à tous les trois.
28:18 Merci à vous.
28:19 Merci à vous.
28:20 Merci à vous.
28:21 Merci à vous.
28:22 Merci à vous.

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