Un écoscore affichera l’impact environnemental des vêtements en 2025
Avec Christophe Girardier, expert environnemental, président de Glimpact (société qui travaille avec de grands industriels français du textile comme Lacoste, Decathlon ou encore Dim)
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00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Roger.
00:06 Avec, je le disais, c'est à la une, un éco-score.
00:09 Pour connaître l'impact environnemental des vêtements,
00:13 c'est le label Eco Balise qui est prévu l'année prochaine.
00:17 Les détails vont être présentés tout à l'heure.
00:20 Nous sommes en ligne avec Christophe Gérardier
00:23 pour en parler en avant-première, qui est expert environnemental,
00:26 président de Grimpact.
00:28 C'est une société qui travaille avec de grands industriels français du textile,
00:32 comme Lacoste, Décathlon ou encore DIMM.
00:34 Bonjour à vous !
00:36 - Bonjour !
00:37 - Bonjour ! Alors comment est-ce que vous allez mettre en place ce système,
00:41 donc à partir de l'année prochaine ?
00:44 - Alors, d'abord, ce n'est pas nous qui allons le mettre en place.
00:49 Le gouvernement nous avait présenté son projet de méthode
00:53 pour cette problématique de l'éco-score,
00:56 qui consiste en fait à permettre, comme vous l'avez dit très bien,
00:59 aux consommateurs de comprendre l'impact d'un vêtement,
01:01 mais surtout aux acteurs d'avoir des éléments pour réduire l'impact.
01:06 Alors le problème de la méthode française,
01:10 c'est que la France veut jouer cavalier seul,
01:13 en inventant une méthode qui ne répond pas du tout
01:16 à ce que l'Europe a mis en place depuis plus de dix ans.
01:19 Donc l'Union européenne vient d'adopter le nouveau règlement sur les co-conceptions,
01:25 le 11 janvier dernier,
01:28 et propose une méthode unique, harmonisée au niveau européen,
01:33 et surtout scientifiquement fiable.
01:35 La France ignore cette méthode, avec ce projet de méthode,
01:38 transgresse ce cadre,
01:41 et va créer un éco-score franco-français,
01:45 qui ne correspond pas non seulement au résultat qu'on peut obtenir avec la méthode européenne,
01:50 mais surtout imaginez que vos auditeurs puissent avoir un vêtement
01:54 qui est noté avec un bon score en France,
01:58 mais un score qui est deux fois moindre en Allemagne,
02:01 ou encore différent en Espagne,
02:02 ça n'a pas de sens.
02:03 Donc la méthode du gouvernement aujourd'hui ignore la règle européenne,
02:07 et alors c'est d'autant plus dramatique que beaucoup d'industries,
02:12 notamment bien sûr les français,
02:14 c'est le cas de l'ACO, c'est le cas des Capelons,
02:15 c'est le cas aussi de Chantel,
02:17 ont déjà préparé l'application de ce cadre européen,
02:20 ont défini ce qu'on appelle des critères d'éco-conception conformément à cette méthode,
02:26 la France remet tout en cause,
02:28 et invente sa propre méthode,
02:30 en mettant des coefficients non seulement non conformes au cadre européen,
02:34 mais surtout arbitraires,
02:35 et c'est ça qui pose problème.
02:36 - Oui, oui.
02:37 Vous auriez voulu qu'il y ait cette grande concertation au niveau européen,
02:42 c'est-à-dire que vous dites "oui, pourquoi pas" pour cette éco-balise,
02:45 mais il faut qu'on s'entende quoi.
02:47 - Alors, attendez, l'affichage mental c'est très important,
02:51 et ça date pas, ça fait 10 ans qu'on en parle,
02:54 et moi je suis un grand supporter de l'affichage mental,
02:57 mais à deux conditions,
02:58 qu'il soit basé sur la science,
02:59 et de qu'il permette non seulement aux consommateurs de bien comprendre l'impact des produits,
03:03 et de comparer deux jeans, deux t-shirts,
03:06 mais sur des indications fiables,
03:10 mais surtout, surtout, qu'il permette aux acteurs de s'améliorer.
03:14 Aujourd'hui, la France, alors même qu'elle a participé au cadre européen scientifique,
03:20 qui a été défini par l'Europe il y a déjà un an,
03:23 est en train d'inventer une méthode qui n'est pas conforme à ce cadre,
03:27 alors même qu'il va s'imposer dans toute l'Europe.
03:29 Donc c'est une très mauvaise idée que la France décide de s'enreglisser un cadre
03:35 qui fait l'objet de 10 ans de travail avec toute la communauté scientifique,
03:38 dont celle française.
03:39 - Oui, oui.
03:40 Parce que sur le site, on le voit, du ministère de la transition écologique,
03:43 on indique que l'industrie textile génère énormément de gaz à effet de serre,
03:49 plus d'ailleurs que les vols internationaux, le trafic maritime réuni.
03:53 Et donc c'est pour ça qu'il faut agir.
03:55 Et là-dessus, est-ce que vous êtes d'accord ?
03:57 - Oui, c'est vrai.
03:59 Alors en gros, l'impact, alors d'abord, il n'y a pas que...
04:02 parce que vous voulez de l'impact carbone,
04:04 la méthode européenne dit qu'il faut s'intéresser effectivement
04:07 à l'impact carbone, c'est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre,
04:10 mais il faut s'intéresser à toutes les autres composants de la crise écologique,
04:13 par exemple l'utilisation des ressources en eau,
04:16 l'utilisation des ressources fossiles, les enjeux de la biodiversité.
04:19 La méthode européenne couvre l'impact carbone, mais tous ces enjeux-là.
04:22 Ce que propose la méthode française,
04:24 sauf que la méthode française dérange à ces règles
04:27 et ajoute des bonus ou des malus totalement arbitraires.
04:30 Donc oui, c'est très important de permettre aux consommateurs de bien se soigner
04:35 et surtout de comprendre l'impact d'un vêtement sous réserve,
04:38 qu'on ne base pas cet impact sur des critères politiques,
04:42 mais sur des critères scientifiques.
04:44 Et c'est exactement ce que l'Europe a fait, propose de faire,
04:47 et elle même l'a giflé, je vais même plus loin.
04:50 Je pense que le cadre proposé par la France
04:52 est juridiquement non conforme au cadre européen qui va s'imposer,
04:56 puisque l'Union Européenne a voté en début de cette année
05:00 le nouveau règlement sur l'éco-conception,
05:02 qui lui propose que ce soit l'Europe qui fixe la règle
05:06 pour l'ensemble des pays européens,
05:08 et surtout avec des critères objectifs et fondés sur la science.
05:12 - Bon, alors qu'est-ce qui va se passer l'année prochaine
05:15 dans les rayons justement français ?
05:18 Est-ce qu'il y aura quand même, d'une manière ou d'une autre,
05:22 cet éco-score ou pas ?
05:24 Parce que ce sont les marques volontaires qui peuvent y participer.
05:29 - Alors, écoutez, la question est très importante.
05:32 Je pense, pour être tout à fait clair,
05:34 le cadre français va être complètement ignoré
05:37 par la plupart des acteurs, pour une raison simple.
05:40 C'est que dès 2025, l'Europe va appliquer son règlement
05:46 sur l'éco-conception, qui sera appliqué en priorité
05:49 sur l'industrie textile et la chaussure,
05:51 et qui va imposer des règles européennes,
05:53 qu'évidemment, les acteurs vont suivre,
05:56 ce qui va faire qu'il va y avoir deux cas.
05:59 Donc, si la France, aujourd'hui, impose sa méthode
06:02 et va placer les acteurs dans une situation impossible,
06:06 la plupart des acteurs vont respecter le cadre.
06:08 D'ailleurs, certains le font déjà.
06:10 Le groupe Chantel, que nous avons accompagné,
06:13 applique déjà sur son site internet, pour les vêtements,
06:17 le score environnemental européen,
06:20 avant même qu'il soit totalement obligatoire.
06:22 Donc, je pense que certains acteurs suivront le cadre français,
06:27 mais qui va donner des résultats différents.
06:30 Et puis, je pense que la plupart des acteurs
06:32 vont plutôt suivre le cadre européen,
06:34 qui lui est déjà disponible.
06:35 La preuve, Chantel le fait déjà.
06:37 Des groupes comme LACOSSE, DECATHLON,
06:39 ou d'autres encore, ont déjà mis en œuvre
06:43 des stratégies industrielles pour réduire leur empreinte
06:45 et pour pouvoir préparer cet habitage,
06:47 mais européen, celui-là.
06:49 - Bon, bah écoutez, on va suivre ça.
06:51 Merci, Christophe Girardier,
06:52 expérimental environnemental et président de GLEANPAC.
06:55 C'est une société qui travaille avec
06:57 de grands industriels français sur ces sujets.
07:00 Il est 7h20 sur Sud Radio.
07:02 - Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Patrick Rocher.