Le Jour où tout a basculé - Je suis sous l'emprise d'un gourou - E17S2
Category
🎥
Court métrageTranscription
00:00 *Générique*
00:24 Cécile est une femme active, épuisée par son quotidien.
00:29 -Si on compte plus, je te jure, je vais craquer.
00:31 Pour gérer son stress, elle suit sa collègue Léa chez Didier, un thérapeute bien particulier.
00:35 -Plus vous versez, plus je vous libère.
00:38 -Oui mec.
00:39 Sous l'emprise de ce gourou, Cécile va très vite perdre pied.
00:43 -Mettez des distances entre vous et vos proches.
00:45 -Je m'énerve pas, je suis obligée.
00:47 -C'était plus un homme quoi.
00:49 Pierre, son mari, arrivera-t-il à la sortir des griffes de ce manipulateur ?
00:53 *Générique*
00:59 Tomber sous l'emprise d'un gourou est plus fréquent qu'on ne le pense.
01:01 Il y aurait 700 000 adeptes de sectes en France.
01:04 La plupart sont victimes de manipulateurs qui ont un but commun.
01:08 Celui de porter atteinte à votre portefeuille.
01:11 Et puis il y en a d'autres, qui vont encore plus loin.
01:14 Ils veulent porter atteinte à votre intégrité physique.
01:17 Cette histoire est inspirée de faits réels.
01:21 Nous sommes à Paris.
01:23 Il est 18h30.
01:24 C'est la sortie des bureaux.
01:26 Cécile et Léa travaillent dans le même service d'un groupe d'assurance.
01:30 Tous les soirs, c'est le même refrain.
01:32 -Oh la la, quelle journée.
01:34 On va nous achever.
01:36 J'ai mes problèmes de palpitations qui recommencent.
01:39 Je sais pas comment tu tiens toi, moi je suis crevée.
01:41 Quelle heure il est ?
01:42 18h30, faut que je rentre.
01:44 Tu viens ? -Non, pas ce soir, j'ai quelque chose.
01:46 Après sa journée de travail, Cécile n'a aucun répit.
01:49 Elle s'empresse de rentrer chez elle et renter.
01:52 À peine arrivée, elle enchaîne les tâches ménagères.
01:57 Cette maman de 42 ans n'a pas une seconde pour elle.
02:00 Entre les enfants, son mari et le travail...
02:03 -Bonjour, mon coeur.
02:04 ...ces journées ne sont pas de tout repos.
02:06 -C'est pas la mêlée, toi.
02:08 -Je suis occupée, ça se voit pas.
02:10 -Ils sont où, les enfants ?
02:12 -Ils font leur devoir, comme d'habitude.
02:18 -Tu cherches quoi, là ?
02:19 -Tu fais des steaks, ce soir ?
02:21 -Bah oui !
02:22 Une petite entrée, des coquilles Saint-Jacques, ça tirait.
02:25 Et un petit boileau au chocolat en dessert, ça te va ?
02:27 -Je vois pas ce que j'ai de mal.
02:29 -Et merde, bouffe-le tout seul, ton steak !
02:31 Moi, j'aime toucher.
02:32 -J'ai pas compris pourquoi elle a réagi comme ça, ce soir-là.
02:36 C'est vrai qu'elle s'occupait de beaucoup de choses à la maison.
02:40 Mais bon... Il y avait pas que ça.
02:42 Je sentais que depuis la rentrée, ça n'allait pas.
02:47 Son boulot la stressait, elle était constamment énervée.
02:50 Les enfants et moi, on savait plus comment l'aborder.
02:54 -Cécile est à bout.
02:57 Pierre n'a rien vu venir.
02:59 Surpris par la réaction de sa femme, il tente de comprendre.
03:03 -Tu me comptes pas ?
03:04 -Non.
03:08 Laisse-moi.
03:11 -Rien n'y fait.
03:14 -Cécile se mure dans le silence.
03:16 Pierre est désemparé.
03:18 -La nouvelle direction mise en place début mai nous imposait un rythme de travail démentiel.
03:25 Fallait faire du chiffre, trouver des nouveaux adhérents,
03:28 tout ça pendant des heures au téléphone.
03:30 Moi, j'en pouvais plus de cette cadence.
03:32 J'étais de plus en plus énervée, fatiguée.
03:35 J'explosais la moindre remarque de Pierre.
03:38 -Cécile ne va pas mieux.
03:41 La dispute de la veille avec son mari lui laisse un goût amer.
03:44 Elle se confie à Léa, sa collègue et amie.
03:48 -Léa, je me suis encore disputée avec Pierre.
03:51 Enfin, c'est plutôt moi qui me suis embrouillée pour une bêtise.
03:55 J'en peux plus, je te jure, je vais craquer.
03:58 Je sais pas comment tu fais, toi, on dirait qu'il y a rien qui t'attend.
04:01 -Ouais, c'est ça, en plein temps.
04:03 Je me fais aider par quelqu'un.
04:04 -Vraiment ? Par qui ?
04:05 -Tout bibe ?
04:06 -Non, toi, on a pas du tout envie qu'on te bourne antidépresseur.
04:08 Non.
04:09 Plutôt opter pour un spécialiste,
04:11 gestant du stress et remise en forme mentale.
04:13 -Ah ouais ?
04:15 -J'y vais ce soir. Pourquoi tu m'accompagnes pas ?
04:17 -Oh non, moi je suis pas trop aux médecines parlées, ça me dit rien.
04:20 -Ah, t'as vraiment tort. Je sais pas ce que tu rates.
04:22 -Ce matin-là, je me sentais au bout du bout.
04:26 Je me sentais sombrée.
04:27 Mais il fallait que je me sorte de cet état de stress qui était permanent.
04:31 Quand Léa m'a proposé son spécialiste,
04:34 sur le coup, j'ai pas adhéré.
04:37 Je me méfiais de tous ces gens qui s'autoproclament thérapeutes.
04:39 -Cécile vit de plus en plus mal le stress du travail.
04:43 Ce soir, en sortant,
04:45 elle est sur le point de craquer.
04:47 -Bertier, là, il est resté plus d'une heure collé à côté de moi, là.
04:49 Non mais t'imagines ?
04:51 Tout ça, me poser des questions, là, moi, du genre
04:53 "Alors, combien de minutes vous passez par appel ?"
04:55 "J'avais envie de l'égorger !"
04:57 J'en peux plus, là, j'en peux plus.
04:59 Il faut que je fasse quelque chose.
05:01 -Pourquoi tu m'accompagnes pas ?
05:03 C'est le type dont je t'ai parlé ce matin.
05:05 -C'est lui, là, ce soir. Allez, c'est l'occasion.
05:07 -Ouais, OK. Après tout, qu'est-ce que je risque ?
05:10 Allez, je t'accompagne.
05:11 Ce soir-là, j'étais tellement au bout du rouleau
05:14 après la journée que j'avais eue
05:15 que j'étais prête à faire tout et n'importe quoi
05:17 pour...
05:18 pour me libérer de ce stress
05:20 et pour trouver une vie à peu près normale,
05:22 à peu près équilibrée.
05:23 Du coup, quand Léa m'a proposé de l'accompagner,
05:26 j'ai accepté sans réfléchir.
05:29 -Léa arrive à traîner Cécile avec elle chez Didier,
05:32 le spécialiste de la gestion du stress.
05:34 -C'est là ?
05:35 -Bah oui, pourquoi ?
05:36 -Je sais pas, c'est pas très engageant.
05:38 -Allez, attends de voir.
05:40 -C'est en proche banlieue parisienne
05:42 que Didier a installé sa salle de méditation.
05:44 Une salle un peu particulière
05:48 qui n'inspire pas confiance à Cécile.
05:50 Ce garage fait office de lieu de rencontre.
05:54 Didier inculque sa méthode par petits groupes.
05:59 Léa en fait partie.
06:02 Ils se réunissent régulièrement,
06:04 plusieurs fois par semaine.
06:05 -Excusez-moi pour le retard.
06:07 Je vous présente Cécile.
06:08 -Bienvenue parmi nous, Cécile.
06:10 Tu es ici chez toi si tu veux t'installer.
06:13 -Cécile n'est pas très à l'aise.
06:15 Cela n'échappe pas à Didier,
06:17 le maître de cérémonie.
06:18 -Cécile, sans te connaître, je sens que tu es stressée.
06:22 Je dirais même qu'il était grand temps
06:24 que tu viennes me voir.
06:25 -Oui, effectivement, je suis très stressée.
06:27 Quand je suis arrivée devant le domicile de Didier,
06:29 j'étais prise d'un doute.
06:31 Il exerçait dans son garage.
06:33 C'était pas très sérieux comme endroit.
06:35 Et puis après, il y a eu la séance,
06:38 ce qui s'est passé.
06:39 Et là, je me suis sentie extrêmement bien.
06:43 -Bien, concentrons-nous à présent.
06:45 Laissez pénétrer en vous
06:48 les ondes énergisantes que je vous envoie.
06:50 Inspirez.
06:52 Expirez.
06:56 Calmement.
07:00 Comme le mouvement infini des vagues dans l'océan.
07:03 Inspirez.
07:06 -2 heures plus tard.
07:08 La séance avec Didier n'est pas encore terminée.
07:11 Cécile est complètement détendue.
07:14 -Très bien.
07:15 C'est terminé pour aujourd'hui.
07:17 -Bah...
07:19 -On se revoit dans une semaine ?
07:23 Impérativement.
07:25 -Il se dégageait de cet homme, une sorte de...
07:28 Je sais pas, quelque chose de très positif.
07:31 Un charisme.
07:33 Un charisme extraordinaire.
07:35 -Didier, c'est charmé, c'est fidèle.
07:39 Il sait surtout comment attirer de nouveaux adeptes.
07:42 Il raccompagne Cécile et Léa jusque dans la rue.
07:45 -T'inquiète pas, Cécile, je vais te libérer de tout ton stress.
07:48 Te dégager de tous tes carcans.
07:50 Tiens, pour commencer,
07:52 tu devrais détacher tes cheveux.
07:54 Tu vois ? Regarde.
07:56 Ils sont comme toi, ils ont besoin de respirer.
07:59 -Ah oui, c'est vrai, ça fait du bien.
08:01 -Tu vois ?
08:02 Bon, je vous dis à la semaine prochaine.
08:05 Si tu veux commencer avec nous, c'est 70 euros par séance.
08:08 D'accord ?
08:10 Très bien.
08:11 Rentrez bien.
08:14 -Sur le coup, j'étais un petit peu étonnée que Didier me demande de libérer mes cheveux.
08:18 Après, j'ai compris.
08:20 J'ai compris que c'était une façon de me libérer.
08:22 De commencer à me libérer, moi-même.
08:24 Quant au prix des séances, 70 euros, c'était pas donné.
08:27 Mais bon, c'était un petit sacrifice pour ma santé.
08:31 -Cécile rentre chez elle.
08:34 Elle a l'intention de cacher son escapade du soir à son mari.
08:37 Elle ne veut pas l'inquiéter.
08:39 -Ah bah, te voilà !
08:40 T'as vu l'heure ?
08:41 T'étais où ?
08:42 -Ah bah, je voulais te prévenir.
08:45 J'étais prise de cours.
08:47 Je suis sortie un peu plus tôt du boulot et...
08:49 Je suis allée faire de la gym.
08:51 -D'accord, mais enfin bon...
08:52 T'as fait plus un coup pareil, quoi.
08:54 J'étais mort d'inquiétude.
08:56 Enfin bon, en même temps, bonne initiative.
08:58 C'est vrai qu'il vaut mieux y aller que de payer un abonnement pour rien.
09:00 -Oui, c'est ce que je me dis.
09:02 Ça peut me faire que du bien.
09:04 -Et...
09:06 Et où est ton sac de sport ? T'as fait comment ?
09:08 -C'est Léa.
09:09 Elle m'a passé le nécessaire.
09:11 Tu sais, elle a toujours tout un barda dans son sac.
09:14 J'y suis allée avec Léa.
09:16 Tu sais, ma collègue.
09:17 -Ah d'accord, OK.
09:18 Je dois pas le justifier.
09:20 -J'ai donné à manger aux enfants et je t'ai laissé quelque chose.
09:22 Dis, mon coeur.
09:25 Tu dois te détacher les cheveux plus souvent.
09:27 -Je vais aller embrasser les enfants avant le dîner.
09:31 -C'était pas le genre de Cécile de pas prévenir.
09:35 Moi, j'ai mis ça sur le compte du fait qu'elle était surmenée.
09:38 Et puis en fait...
09:41 Moi, ça m'arrangeait plutôt qu'elle se prenne en main.
09:44 Le sport, ça pouvait lui faire que du bien.
09:47 -J'avais pas envie de m'embrouiller avec mon mari.
09:50 En 10 ans de vie commune, je le connais.
09:52 Il est très rationnel.
09:54 Si je lui ai parlé du magnétisme de Didier, il m'aurait prise pour une folle.
09:57 -Cécile supporte de moins en moins les exigences de sa direction.
10:02 Pour gérer cette pression, elle est de retour chez Didier.
10:06 Elle met beaucoup d'espoir dans cette deuxième séance.
10:09 -Voilà, c'est parfait.
10:13 Se purifier totalement.
10:16 C'est ça, la clé.
10:18 Mais comment y arriver ?
10:19 Eh bien, peut-être...
10:21 En s'éloignant de tout ce qui est sale et négatif.
10:25 Donnez-moi des exemples. Je vous écoute.
10:27 -Le bruit ?
10:28 Les gaz d'échappant des voitures ?
10:31 -Oui, oui.
10:32 C'est un bon début, Cécile.
10:33 Mais moi, je parle de quelque chose de plus concret,
10:35 auquel on ne pense pas forcément, malheureusement.
10:37 -L'argent.
10:39 -L'argent ! Oui, Léa, l'argent !
10:41 Bien sûr !
10:42 L'argent est l'élément le plus négatif, le plus impuissant.
10:46 Le plus négatif, le plus impur qui existe,
10:48 car il mène à tous les vices.
10:50 Dégagez-vous de son emprise malsaine.
10:52 Et aussi autre chose.
10:53 Mettez des distances entre vous et vos proches.
10:56 Ils vous étouffent.
10:57 -Ca, c'est difficile.
10:58 Je ne me vois pas me mettre à l'écart de mes enfants, de mon mari...
11:01 -Tu as raison.
11:02 Mais il va falloir que tu apprennes à être avec eux
11:05 et en même temps, t'étacher d'eux.
11:07 Tu dois y arriver.
11:09 Vous devez avoir confiance en moi.
11:11 Je suis votre guide.
11:14 Et je suis le seul qui peut vous conduire sur les voies de la guérison.
11:17 N'est-ce pas, Léa ?
11:19 -Oui, maître.
11:20 -Cécile ?
11:28 Qui suis-je ?
11:30 -Vous êtes notre maître.
11:35 -Parfait !
11:37 Vous êtes sur le chemin qui mène à la réussite.
11:41 Ah, autre chose.
11:43 Purifiez votre organisme en mangeant très peu.
11:45 Et un dernier petit détail,
11:47 n'oubliez pas votre participation de 90 euros.
11:50 -Excusez-moi, maître, je croyais que c'était 70 euros.
11:54 -Cécile, tu es encore très attachée au matériel,
12:00 mais c'est normal au stade où tu es.
12:02 Je vais t'aider à te débarrasser de tout ça.
12:05 Mais il faut que tu saches une chose.
12:07 Les sommes que je vous demande
12:11 sont reversées, et j'insiste sur ce point,
12:13 sont reversées intégralement à des actions humanitaires en Afrique.
12:16 -Pardon, excusez-moi, je savais pas.
12:19 -Les augmentations sont symboliques.
12:22 Elles correspondent à des paliers d'aptitude.
12:25 Plus vous versez,
12:26 plus vous vous libérez.
12:29 C'est ainsi.
12:31 Fin de la séance.
12:33 -Quand il nous a dit qu'il redistribuait l'argent qu'on lui donnait,
12:37 j'ai trouvé ça remarquable.
12:40 Bon, passer de 70 à 90 euros, ça m'arrangeait pas,
12:44 mais il avait peut-être raison.
12:46 Fallait se détacher de l'argent.
12:47 -De retour chez elle,
12:50 les conseils du gourou résonnent encore à l'oreille de Cécile.
12:53 Détachement, distance.
12:55 Convaincue, elle compte bien les mettre en pratique.
12:58 Ce changement de comportement ne passe pas inaperçu auprès de son mari.
13:03 -Ca va pas ? -Si, si. Pourquoi ?
13:10 -Non, ça va.
13:11 Tu me demandes pas où sont les enfants ?
13:14 -Si, si, j'allais te le demander.
13:16 -Faut rester dormi chez un copain.
13:18 Et comme demain, on est samedi, je vais me coucher.
13:20 -C'est bien. Je vais me coucher.
13:21 -Ce soir-là, j'ai eu l'impression que Cécile était comme...
13:26 déconnectée.
13:29 Normalement, la première chose qu'elle me demande le soir en rentrant,
13:32 c'est "Où sont les enfants ?"
13:34 Là, rien du tout.
13:38 Elle était comme...
13:40 absente...
13:41 ailleurs.
13:43 -Cécile est devenue une fidèle adepte de Didier de son enseignement.
13:47 Depuis un mois, elle se rend chez lui avec Léa.
13:50 Et ce n'est pas sans conséquence.
13:52 Cécile débourse à chaque séance près de 100 euros.
13:55 -Il faut donner beaucoup,
13:58 beaucoup, beaucoup plus pour se détacher.
14:01 -Mais pour ce gourou, Cécile a encore beaucoup de chemin à faire.
14:04 -Je sens le doute en toi, Cécile.
14:07 -Non, maître.
14:08 -Ne me dis pas non, je le sens.
14:09 Savez-vous la chance que vous avez de m'avoir pour guide ?
14:13 -Nous le savons, maître.
14:14 -Alors écoutez mes paroles et vous vaincrez.
14:16 Un autre conseil.
14:18 Débarrassez-vous de tout ce qui est précieux pour vous, à vos yeux,
14:21 comme les bijoux de famille, par exemple.
14:24 Et apportez-les-moi.
14:26 Si vous franchissez ce pas libérateur,
14:29 vous serez sur la voie de la sagesse et de la vérité.
14:36 -Ce passe ici ?
14:37 -Oui, maître.
14:39 -C'est bien. N'oubliez pas.
14:42 Le bien est ici.
14:47 Le mal est à l'extérieur.
14:50 Fin de la séance.
14:56 -Quand il nous a demandé d'emmener les bijoux auxquels on tenait particulièrement,
15:00 sur le coup, ça m'a interpellée.
15:02 C'était quand même énorme, ce qu'il nous demandait de faire.
15:05 Puis après, j'ai réfléchi, je me suis dit que c'était dans la logique de son enseignement.
15:09 Il fallait se prouver des choses à soi-même.
15:12 C'était passer des paliers, des sortes de challenges,
15:17 pour progresser.
15:19 -Pierre est de plus en plus inquiet par l'étrange comportement de sa femme.
15:24 Ce soir, il a prévu de lui parler.
15:28 Pour cela, il est au petit soin.
15:30 -Ah, coucou, chérie.
15:32 C'est la télé, Jim ?
15:35 Tu dois avoir faim, non ?
15:36 Les enfants sont chez ta mère, comme prévu.
15:39 Et comme on est tous les deux...
15:42 Je vous ai préparé des cuisses de poulet, vos champignons et la crème.
15:49 C'est moi, ça.
15:51 -C'est gentil.
15:53 J'ai pas faim.
15:55 -Mais comment ça, t'as pas faim ?
15:57 Tu reviens de la gym, tu dois avoir faim.
15:59 Écoute, ça va pas, il faut qu'on parle tous les deux.
16:03 T'es vraiment bizarre, en ce moment.
16:05 -Pourquoi je suis bizarre ? J'ai pas faim, c'est tout.
16:09 -C'est vrai, t'as pas besoin de t'énerver pour ça non plus.
16:11 -Je m'énerve pas !
16:12 Je suis fatiguée.
16:13 Je vais me coucher.
16:14 -Elle mangeait presque plus.
16:17 Elle s'occupait plus des enfants.
16:20 J'avais même l'impression qu'ils existaient plus pour elle.
16:24 Et puis, elle se négligeait de plus en plus.
16:29 Elle, qui était si coquette, elle partait le matin à peine coiffée, pas maquillée,
16:34 avec des fringues pas repassées.
16:36 C'était plus la même, quoi.
16:40 Vous savez, moi, j'étais inquiet, j'étais vraiment inquiet.
16:45 -Une fois par mois, Pierre se penche sur les comptes du ménage.
16:51 -C'est quoi, tous ces retraits en espèces ?
16:53 70...
16:55 90...
16:57 100...
16:58 -Ce matin, il fait une découverte qui ne le rassure pas.
17:02 -Bonjour, mon aimant.
17:04 Tu peux venir voir un instant, s'il te plaît ?
17:07 C'est quoi, tous ces retraits en espèces ?
17:11 -Ah, ça...
17:13 J'ai prêté de l'argent à Léa.
17:15 Elle a eu une galère avec sa voiture.
17:17 -D'accord, mais bon, il s'agit quand même du conjoint, tu pourrais me prévenir.
17:21 -Ouais...
17:23 En même temps, c'est pas la mort, l'argent, ça va, ça vient.
17:27 -Bon, tu permets ? Je vais prendre une douche, je suis vannée.
17:29 Cécile est courte, la conversation.
17:32 Après tout, ses dépenses la concernent et elle ne veut pas s'attarder dessus.
17:36 -En 10 ans de mariage, elle ne m'a jamais rien caché, elle faisait la moindre dépense et elle m'en parlait.
17:40 Alors, cette réflexion sur l'argent, ça m'a plutôt surpris.
17:45 Cécile est de plus en plus accro aux méthodes de Didier.
17:49 Suite à ses conseils, elle a quasiment arrêté de s'alimenter.
17:53 Elle est de plus en plus faible.
17:55 -Qu'est-ce qui t'arrive ?
17:56 -Je me sens pas bien, Léa.
17:58 Je crois que je vais rentrer chez moi.
18:00 -Cécile, déconne pas.
18:02 Tu vas aller dans un hôpital psy, tu vas faire une dépression.
18:05 Il faut que tu tiennes le coup.
18:07 Dis-moi que tu crois en Didier, dis-le moi.
18:10 -Je crois même qu'on le vit.
18:11 OK.
18:13 OK, je vais venir.
18:16 En plus, je crois qu'il va être fier de moi, ce soir.
18:19 Je franchis le pas, Léa.
18:25 Allez, on y va.
18:26 Je me sentais de plus en plus faible.
18:29 J'avais des palpitations, des étourdissements, des vertiges.
18:33 Mais Léa avait raison, je pouvais pas arrêter.
18:37 Sinon, je mettais mon état psychologique en danger.
18:39 Il fallait que je tienne, coûte que coûte.
18:41 Et puis, c'était pour Didier, c'était pour qu'il soit fier de moi.
18:44 De mes progrès.
18:47 Les séances avec Didier se multiplient et la cadence s'accélère.
18:53 Ce matin, à la demande du gourou,
18:55 Cécile a pris soin d'emporter les bijoux hérités de sa grand-mère.
18:59 Parmi eux, un collier de perles auquel elle tient beaucoup.
19:02 -Bonsoir, maître.
19:04 -Bonsoir, Cécile.
19:05 -Je vous ai apporté ce que vous m'avez demandé.
19:07 -Félicitations.
19:15 Je suis fier de toi.
19:16 Tu progresses bien.
19:17 Mais il faut continuer.
19:21 Je suis certain que tu as de la valeur chez toi dont il faut te libérer.
19:24 Je te dis tout ça pour ton bien, Cécile.
19:27 D'accord ?
19:28 -Oui.
19:29 Oui, maître. Je sais que c'est pour mon bien.
19:32 -Ne l'oublie jamais.
19:33 -C'était fou.
19:37 Ce soir-là, j'avais donné à Didier sans aucune arrière-pensée les bijoux de ma grand-mère.
19:41 J'étais complètement soumise à ce qu'il me demandait de faire.
19:48 J'étais persuadée que si je le faisais pas, j'étais perdue.
19:53 -Cette séance est particulièrement importante pour Didier.
19:57 Il a convoqué son groupe et compte passer à la vitesse supérieure avec Cécile.
20:03 -Cécile, j'aimerais te parler.
20:06 -Oui, maître.
20:07 -Je te laisse.
20:08 -Sois ce soir.
20:09 -Ouais, ce soir.
20:10 -Léa m'a dit...
20:15 ...pour tes malaises.
20:17 -Ah bon ?
20:18 J'ai des palpitations, des étourdissements...
20:21 -T'inquiète pas, c'est normal.
20:23 Écoute.
20:25 Moi, je peux t'aider à évacuer plus rapidement tes énergies négatives.
20:29 Il suffit de faire des impositions des mains sur tout le corps.
20:32 Surtout au niveau du cœur.
20:34 Tu fais un blocage.
20:42 C'est évident.
20:44 -Ah bon ?
20:46 -Hm.
20:47 Tiens, déshabille-toi.
20:49 Mets-toi en sous-vêtements.
20:50 Et allonge-toi.
20:52 -Ce matin-là, j'étais comme un zombie.
20:58 Incapable de penser, de résister à quoi que ce soit.
21:02 J'étais fatiguée par ce régime.
21:04 Quand Didier a posé ses mains sur moi,
21:07 qu'il a commencé à me...
21:08 à me caresser, j'ai pas...
21:10 j'ai pas réagi.
21:12 J'étais comme une poupée de chiffon.
21:15 J'étais comme une poupée de chiffon.
21:16 Jusqu'alors, y avait eu grand mari.
21:22 -Pierre est collectionneur de timbres,
21:27 une passion qu'il cultive depuis son plus jeune âge.
21:29 Cet après-midi, il s'est acheté une série rare
21:33 et s'apprête à la ranger dans son album.
21:36 -Vas-y, va partir.
21:37 -Impossible pour Pierre de mettre la main
21:45 sur son album de timbres.
21:46 -Enfin, on l'a piqué ou quoi ?
21:47 La collection de timbres, ça a été comme un dépliqué.
21:50 Ça, plus les vêtements en espèces...
21:53 Pour moi, y avait vraiment quelque chose de pas clair.
21:56 En plus, son comportement était de plus en plus étrange.
21:59 Oui, j'ai vraiment commencé à croire
22:02 qu'il y avait quelqu'un dans sa vie.
22:03 -Cécile a rendez-vous avec Didier pour une séance privée.
22:06 Ne pouvant plus justifier ses dépenses,
22:09 elle a dérobé l'album de timbres de Pierre.
22:11 Pierre a deviné ce qui se passe.
22:14 Il la suit de très près.
22:15 -Ce jour-là, j'ai décidé de la suivre
22:18 pour savoir où elle allait vraiment.
22:20 C'est sûr que quand j'ai vu rentrer dans ce pavillon,
22:24 ça m'a fait un choc.
22:26 Pour moi, vous voyez, y avait plus de doute.
22:31 Elle avait un amant.
22:32 C'est sûr que j'aurais pu forcer la porte à cet enfoiré.
22:37 Mais bon...
22:41 Je préférais que Cécile me dise la vérité les yeux dans les yeux.
22:46 -Pierre a bien fait de suivre sa femme.
22:49 -Au secours !
22:50 -Cécile !
22:51 -Cécile !
22:52 -Cécile, c'est moi !
22:53 -C'est moi !
22:54 C'est moi !
22:55 -Qu'est-ce qui se passe ?
22:57 Qu'est-ce qui se passe ?
22:58 -Cécile !
23:00 -Cécile !
23:01 -Il m'a violée !
23:02 Il m'a violée !
23:04 -Je me suis retrouvée toute seule chez Didier.
23:12 Personne n'était là.
23:13 Il m'a proposé de faire une séance d'imposition des mains,
23:16 comme le matin.
23:17 C'est là qu'il m'a violée.
23:22 -Quand Cécile a prononcé le mot "viol",
23:26 moi, j'ai pété un câble.
23:27 Voilà.
23:28 Il fallait que je tue le mec qui avait fait ça.
23:30 -Les cris de Cécile alertent un voisin.
23:34 -C'est ceci, madame.
23:36 -Appelez la police.
23:37 Appelez la police.
23:38 Parce que la police, il va le tuer.
23:40 Appelez la police.
23:42 -Si ce voisin n'avait pas alerté la police,
23:44 je crois que cet enfoiré ne ferait plus partie de ce monde.
23:47 Mais bon...
23:50 T'es quand même dans un sale état.
23:54 -L'enquête a démontré que Didier, le gourou,
23:57 avait abusé sexuellement d'autres personnes.
23:59 Désormais, il purge une peine de 10 ans de prison pour vol
24:03 et viole sur personnes vulnérables.
24:05 Il n'a pas eu le temps d'écouler les bijoux
24:08 et la collection de timbres.
24:09 Cécile et Pierre ont donc pu récupérer leurs biens.
24:12 Depuis ce drame, Léa, toujours aussi naïve,
24:15 s'est tournée vers un autre manipulateur peu scrupuleux.
24:18 Cécile, quant à elle, se remet doucement de cette épreuve.
24:21 Elle est désormais suivie par un psychiatre.
24:24 Pierre, son mari, est à ses côtés et l'épaule du mieux qu'il peut.
24:27 -Cette émission est maintenant terminée.
24:33 Je vous donne évidemment rendez-vous très vite pour un nouveau numéro.
24:36 Et si vous voulez nous retrouver sur les réseaux sociaux,
24:39 je vous propose de taper, le jour où tout a basculé, page officielle.
24:43 ...