• il y a 8 mois
Jérôme Amicel - Syndicat SNES FSU

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00:00 8h18, l'école justement en grève aujourd'hui, plusieurs syndicats appellent à une mobilisation
00:04 pour protester notamment contre une réforme prévue pour entrer en vigueur en septembre prochain
00:07 qui contient entre autres la mise en place de groupes de niveau au collège.
00:11 On en parle avec Jérôme Amicelle, le secrétaire dans le garde du syndicat SNES-FSU.
00:15 Bonjour Jérôme Amicelle, merci d'être avec nous en studio.
00:19 Alors ces groupes de niveau, dès septembre prochain,
00:22 ce sont des groupes en 6ème et 5ème en français et en maths.
00:25 En quoi c'est problématique pour vous ?
00:27 En fait, d'une part parce qu'on sait que les classes de niveau telles qu'on peut les pratiquer
00:34 dans les années 80 du XXème siècle étaient tout à fait contre-productives
00:39 pour faire progresser l'ensemble des élèves et en particulier les élèves les plus faibles.
00:43 Donc là-dessus, il y a, j'aurais de dire un demi-siècle de littérature universitaire
00:48 que ce soit en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Italie...
00:50 Pour ceux qui n'ont pas lu ces études universitaires sur le papier, ça paraît être une bonne idée.
00:55 On se dit, voilà, comme ça ils seront moins et ils pourront mieux travailler sur leurs difficultés.
01:01 Non, ce serait comme si par exemple, on voulait développer les capacités
01:07 de je sais pas, d'une groupe de personnes à courir le 100 mètres en 15 secondes
01:11 et qu'on faisait un groupe seulement de 25 secondes.
01:14 C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'émulation et on s'est dit, c'est après de tirer l'ensemble des élèves
01:19 vers le maximum de ce qu'ils sont capables de produire.
01:22 Donc à ce titre, pour nous, la mise en place du groupe de niveau,
01:26 c'est une véritable régression d'une part sur le plan intellectuel
01:30 et d'autre part, de toute façon, ça ne fera que maintenir les élèves les plus faibles dans leurs difficultés.
01:39 - Parce que pour vous, il n'y a pas de passerelle possible, une fois qu'un élève est dans tel groupe,
01:42 le moins bon par exemple, il ne passera jamais dans un autre.
01:47 - Statistiquement, ce sont des exceptions.
01:50 - Vous parlez de tri des élèves. En quoi c'est un tri ?
01:53 - Tri, ça fait un peu péjoratif.
01:56 - Oui, c'est péjoratif. Nous l'assumons pleinement.
01:59 En fait, c'est un tri scolaire, où on enlève les élèves les plus en difficulté des classes
02:06 pour les stocker ensemble.
02:09 Et c'est un tri social, parce qu'on sait que les élèves les plus en difficulté
02:13 sont les élèves de milieu les plus défavorisés.
02:15 Donc, il y a un double tri qui s'opère ainsi, et qui nous semble particulièrement néfaste
02:21 si on a pour ambition de faire réussir un maximum d'élèves.
02:27 - C'est pour ça que vous parlez d'école passéiste, conservatrice ?
02:30 - Même rétrograde, oui, on peut aller jusque là.
02:33 Oui, c'est une conception de l'école qui ne date pas de Gabriel Attal.
02:39 Jean-Michel Blanquer, là-dessus, a fait beaucoup de choses aussi.
02:42 - Gabriel Attal, qui était ministre de l'éducation avant d'être Premier ministre.
02:45 - Oui, c'était il n'y a pas si longtemps, mais c'est vrai que c'était déjà toute une époque.
02:48 Merci de le rappeler.
02:50 C'est vrai que pour nous, c'est vraiment revenir à un système éducatif qu'on a connu,
02:57 que les plus anciens d'entre nous ont connu dans les années 80,
03:00 peut-être début des années 90 du XXe siècle,
03:02 et qui a prouvé son inefficacité la plus totale.
03:05 - Bon, une fois qu'on a dit ça, Jérôme et Michel,
03:07 comment on fait pour remonter le niveau en français et en maths des élèves
03:10 qui n'est pas bon selon tous les classements internationaux ?
03:13 - Alors, déjà, il y a peut-être des choses à voir entre l'éducation nationale d'une part
03:19 et les familles d'autre part, parce qu'il y a beaucoup de choses à dire là-dessus,
03:23 et où même les médias en France, où par exemple, on a des publicités, des émissions,
03:28 où le français pratiqué est un français qu'on va qualifier de frustre.
03:32 - On va parler du français et les maths, il n'y a pas des pubs de maths à la radio ou à la télé.
03:36 - Là-dessus, c'est dire qu'on n'est pas contre des groupes de besoins.
03:40 Les groupes de besoins ont prouvé leur efficacité, mais à ponctuellement.
03:43 - C'est quoi la différence entre groupe de niveau et groupe de besoins ?
03:45 - Un groupe de besoins, c'est un groupe qu'on crée ponctuellement.
03:49 C'est-à-dire que, par exemple, dans l'emploi du temps d'une classe de 6ème,
03:52 il y a une heure, et c'est une heure où le groupe est à la...
03:56 C'est créé par l'enseignant en fonction de ce qu'il va aborder sur cette heure-là.
04:00 - C'est ce qu'on appelle l'accompagnement personnalisé ?
04:02 - On appelle aujourd'hui l'accompagnement personnalisé, qu'on appelle les groupes de besoins, il y a 20 ans.
04:06 C'est pas très nouveau. Et ça, on sait que ça marche.
04:10 Mais simplement, regrouper des élèves en difficulté toute l'année,
04:16 ça par contre, on sait que cela ne fonctionne pas du tout.
04:19 - Merci beaucoup d'être venu nous voir, Jérôme Amicelle, secrétaire d'Angare du syndicat SNES-FSU.
04:23 Journée de mobilisation du monde enseignant, anime la manifestation par 14h de la Maison Carré.
04:28 - Tout à fait.
04:29 - Bonne journée à vous, merci d'avoir été avec nous ce matin sur France Blog.
04:31 avec nous ce matin sur France Blog, Arlozer.

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