Ici Gard Lozère reçoit Boris LAPIERE, Nîmois,35ans et greffé du cœur. Il part à Paris participer à la Course du Cœur, 800km entre Paris et les Arcs du 19 au 23 mars.
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00:007h46, Maya Balduro-Frodon, nous allons évoquer encore un sujet important avec vous ce matin, le don d'organes.
00:08Oui, et on reçoit pour ça Boris Lapierre, bonjour.
00:10Bonjour.
00:11Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin.
00:14Vous êtes dans nos studios parce que vous êtes vous-même greffé du cœur.
00:18Et tout à l'heure vous allez prendre le train pour participer à la course du cœur,
00:22800 km entre Paris et la Savoie.
00:25Ça commence demain et ça dure jusqu'au 23 mars.
00:28Vous allez courir entre 10 et 15 km à peu près par jour,
00:33alors que ce n'est pas votre cœur d'origine qui bat dans votre poitrine, ça semble dingue ?
00:38Ça peut sembler dingue, mais pour moi tout à fait normal.
00:41J'ai été greffé en 2019 et depuis la Grèce j'ai repris une activité physique assez rapidement
00:48et qui me permet de faire du sport quotidiennement.
00:53Et vous allez bien alors ?
00:54Oui, très bien, oui.
00:56Est-ce que ça fait quelque chose ?
00:58Alors je ne suis pas greffé personnellement, je ne peux pas comprendre tout ce que ça représente.
01:02Je me demande donc si ça fait quelque chose d'avoir le cœur de quelqu'un d'autre dans sa poitrine.
01:06Alors absolument pas.
01:08D'ailleurs quand je cours ça peut m'arriver de me dire, quand ça paraît irréel,
01:14que les sensations sont tellement bonnes, j'ai retrouvé le même plaisir que j'avais avant.
01:18Alors en courant un petit peu moins vite, mais voilà.
01:22J'arrive à faire des distances même relativement longues à partir sur la journée.
01:28Et voilà, donc beaucoup de plaisir à courir.
01:32Quand vous dites même pas relativement vite, c'est-à-dire vous courez à combien à peu près ?
01:37Alors les coureurs en parlent en allure, donc c'est du 6 minutes au kilomètre, 5,30.
01:43Donc entre 10 et 11 km heure à peu près c'est quand même pas mal ?
01:47Oui.
01:49Pour moi c'est pas mal.
01:51Si c'est pas mal.
01:52Alors vous le disiez, votre greffe elle remonte à 2019.
01:56Vous n'avez que 35 ans, donc vous étiez jeune, vous étiez sportif.
02:00Qu'est-ce qui vous est arrivé en 2019 ?
02:03Alors j'ai eu une myocardite auto-immune.
02:06Donc c'est mon corps qui a auto-détruit mon cœur, on peut dire, pour simplifier les choses.
02:10Après vous disiez que j'étais 35 ans assez jeune.
02:14Alors c'est ce que je pensais aussi après ma greffe, c'est ce qu'on m'a beaucoup dit, c'est ce qu'on m'a dit.
02:19Malheureusement il n'y a pas d'âge pour avoir besoin d'un organe.
02:22Donc il y a même des enfants qui sont sur liste de greffe.
02:26Donc voilà, 29 ans mais...
02:29Mais finalement ça peut toucher absolument tout le monde.
02:31Ça peut toucher tout le monde, il n'y a pas d'âge pour avoir besoin d'un organe.
02:34Comment est-ce que vous avez réagi vous à l'époque quand le médecin vous dit
02:37là il va falloir une greffe de cœur ?
02:40Alors ça a été tellement brutal, d'ailleurs je me suis aperçu qu'il y avait un problème
02:45ne pensant pas que c'était une insuffisance cardiaque une fois où je suis allé courir, tout simplement.
02:49Et c'était très difficile, au bout d'une centaine de mètres j'étais obligé de reprendre mon souffle.
02:56Donc de là tout s'est enchaîné très rapidement, 4 jours après j'étais en réanimation.
03:01Une semaine après j'étais sur liste en attente d'un cœur.
03:07Et encore une semaine après j'étais greffé.
03:09Donc ça a été brutal, j'ai pas eu trop le temps de me rendre compte des choses.
03:14Quand on est en réanimation en attente d'un cœur, on n'a pas toute notre tête
03:22et c'est peut-être pas plus mal avec du recul.
03:24Vu le traumatisme que ça représente effectivement.
03:27Depuis est-ce que ça vous est arrivé de penser au donneur ?
03:31Plus qu'au donneur c'est à sa famille, parce qu'on est donneur mais souvent malgré soi.
03:37C'est la famille qui doit prendre la décision.
03:39C'est pour ça que c'est très important d'en parler avec ses proches.
03:42Parce qu'on peut, quand on discute avec les gens, on peut donner son avis.
03:48Mais ce qui est très important c'est les proches, les enfants, les parents, son mari, sa femme.
03:55Et c'est d'autant plus important que la notion de temps pour prélever un organe est très importante.
04:04Plus il est prélevé tôt, plus il y a de chances que la transplantation sur une autre personne fonctionne.
04:107h50 et demi, notre invité Maya Balduro-Frodon participe à la course du cœur.
04:15800 kilomètres entre Paris et la Savoie.
04:17Le départ c'est demain.
04:18Boris Lapierre, vous étiez déjà à l'époque de votre grève.
04:20Jeune papa avec un bébé de quelques mois.
04:23Vous l'êtes de nouveau depuis la grève.
04:26Vous êtes aussi chef d'entreprise dans la menuiserie.
04:28Votre vie elle a repris j'ai l'impression, j'espère en tout cas.
04:32Vous disiez, il n'y a pas d'âge pour avoir besoin d'un organe.
04:36Est-ce que c'est ça le message que vous aimeriez faire passer ce matin à nos auditeurs ?
04:40Oui, on voit souvent les gens qui ont besoin d'un organe.
04:45Les gens ne se l'imaginent peut-être pas.
04:48Mais des gens fatigués, en fin de vie, mais on va dire d'un certain âge.
04:54Non seulement on grève tout le monde, mais derrière on retrouve une vie normale.
05:00Mon cardiologue m'a dit une fois, il est plus qu'une vie normale.
05:05Aujourd'hui ma fille qui avait quelques mois, elle grandit avec un père.
05:08Et j'ai la chance d'avoir une deuxième fille.
05:11Donc finalement c'est ma vie qui a été sauvée.
05:14C'est une famille complète.
05:16D'où l'importance de donner des directives anticipées.
05:21De dire, je veux qu'on prélève mes organes s'il m'arrive quelque chose.
05:25Aujourd'hui on est tous donneurs selon la loi.
05:28On ne va pas prélever un organe sur une personne si la famille s'y oppose.
05:33Ce qui est tout à fait normal d'ailleurs.
05:35Donc faciliter, parce que c'est souvent brutal malheureusement.
05:42En avoir parlé à ses proches, c'est aussi leur enlever une responsabilité en cas de problème.
05:49Vous vous disiez, ça ne m'a pas sauvé seulement moi, ça a sauvé ma famille également.
05:55Votre vie elle a repris.
05:57Depuis vous avez cette vie là, mais vous avez aussi le sport.
06:01Vous faites des trails, c'est long, c'est intense.
06:04Et vous avez aussi décroché 4 médailles en ski alpin il y a 2 ans au jeu mondiaux des transports plantés.
06:10Donc c'était à Bormio en Italie.
06:12C'est devenu une drogue le sport ? C'était déjà le cas avant ?
06:15Non pas une drogue, j'ai toujours fait du sport.
06:17Alors des sports collectifs quand j'étais plus jeune.
06:20Puis beaucoup de courses à pied, du VTT.
06:23Donc effectivement il y a les jeux mondiaux de Bormio.
06:26On a des compétitions qui sont organisées pour les transplantés,
06:31qui ont vocation à promouvoir le don d'organes.
06:34Alors effectivement, quand on est sur une ligne de départ, on a notre esprit compétiteur qui parle.
06:39Mais le but premier, il est vraiment de promouvoir la réussite et le don d'organes.
06:45Très rapidement pour terminer cette interview, parce que le temps nous presse.
06:49Je sais que vous vous lancez un grand défi sportif à chaque date anniversaire de votre greffe.
06:52C'était en juillet. Vous allez faire quoi cet été ?
06:55Alors cet été, il va être avancé un petit peu peut-être,
06:58puisque je suis inscrit fin avril à une course qui est sur le Mont Ventoux.
07:02Voilà, 49 km, 2000 m de dénivelé.
07:05C'est pas mal !
07:08L'objectif est uniquement de finir.
07:10Oui, et ce serait déjà assez incroyable.
07:12Merci infiniment Boris Lapierre d'avoir été notre invité ce matin.
07:17Donc Nîmois, athlète et greffé du cœur depuis 2019.
07:20Merci et bravo surtout monsieur.