• il y a 7 mois
Après la découverte d'un ossement de l'enfant par une randonneuse, le mystère demeure. Pour en parler, François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 01 avril 2024 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h-9h, RTL Matin.
00:06 RTL, il est 8h22. Bonjour François Daoust.
00:12 Bonjour.
00:13 Vous êtes l'ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
00:16 Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL ce matin.
00:18 Le crâne d'Emile, deux ans et demi, a donc été retrouvé à proximité du Haut-Vernet,
00:22 le hameau où il avait disparu depuis neuf mois.
00:24 C'est le premier tournant majeur de cette enquête ?
00:27 Oui, c'est un tournant majeur. On a vu dans un premier temps la disparition, les recherches, les secours,
00:33 puis une enquête judiciaire long cours qui commence à se mettre en œuvre parce que justement il n'y a pas de corps.
00:39 Et là, cette découverte relance l'enquête mais différemment.
00:44 C'est-à-dire qu'on part sur des pistes. C'est d'abord, un, retrouver et voir s'il y a d'autres ossements et où.
00:51 Et en fonction de ça, les différentes hypothèses de travail des enquêteurs vont se mettre en œuvre les unes derrière les autres.
00:59 Quelle est justement désormais la priorité des enquêteurs ?
01:02 La priorité des enquêteurs, c'est que les experts qui sont déplacés sur place apportent des réponses.
01:08 Pour ça, il y a plusieurs unités de l'IRCGN qui sont là.
01:11 Il y a l'unité qu'on appelle GEL, qui est le groupe État des lieux,
01:16 qui avec des tachéomètres, des géolocalisations vont refaire la topographie des lieux en amont, en aval,
01:24 pour essayer de voir et d'expliquer si le crâne qui s'est retrouvé là,
01:29 l'a été du fait d'une prédation, du fait des intempéries qu'il y a eu avant, ou si ça a été un dépôt.
01:37 On aura une réponse à cette question ?
01:39 J'espère que oui, normalement, oui. Surtout si on ne retrouve rien du tout.
01:43 Donc là, il y aura vraiment des questions qui seront derrière.
01:46 On va donc savoir de quoi est mort l'enfant et à quel moment ? Rapidement ?
01:50 Si on a le reste des ossements, et là c'est pour ça qu'il y a aussi sur place anthropologues et entomologistes,
01:57 et bien les anthropologues, pourquoi ? Parce que dans la nature, les ossements qui vieillissent,
02:03 on n'arrive pas à les retrouver, ni les distinguer d'un petit caillou, d'une petite branche.
02:07 Donc il y a cette nécessité.
02:09 Et chaque fois qu'on va retrouver, si on retrouve un ensemble d'ossements,
02:12 ça veut dire qu'on est près du lieu où le corps était initialement,
02:16 il va falloir prendre toute la faune qu'il y a autour de ce corps,
02:20 parce que cette faune va être déterminante pour savoir si le petit garçon est mort sur place,
02:24 ou si le corps a été apporté après.
02:27 Donc là, la première réponse que l'on attend, c'est de savoir si on a déposé ce crâne là où on l'a trouvé, je vous ai bien compris ?
02:34 Voilà, ça c'est la première des questions. Est-ce qu'il a été déposé, ou est-ce que c'est un effet de la nature qui l'a mené là ?
02:42 Les enquêteurs ont-ils selon vous d'ores et déjà des éléments qui leur permettent d'avoir un avis ?
02:47 Puisque meurtre, accident, c'est la question depuis le départ.
02:50 Alors là, c'est au sein du laboratoire, le département avec la médecine légale et l'anthropologie,
02:57 qui travaille déjà sur le crâne pour voir s'il y a des blessures, des enfoncements, des éléments qui pourraient déterminer soit une chute, soit un coup ou autre.
03:08 Mais je rappelle qu'il n'y a pas le reste des ossements.
03:12 Et tant qu'on n'aura pas pu reconstituer le corps de cette petite victime, qu'elle se soit perdue ou qu'il y ait l'intervention d'un tiers,
03:19 eh bien ils sont dépendants de ce qu'ils ont matériellement.
03:23 On pourra déterminer par ailleurs si Emile est mort à l'endroit où on a trouvé le crâne ?
03:28 Alors, à l'endroit où on a trouvé le crâne, à partir du moment où on n'a pas d'autres ossements sur place,
03:33 c'est certainement un autre endroit dans la nature.
03:39 Parce que si on ne retrouve rien, ça veut dire que le crâne a été déposé intentionnellement.
03:45 Si on retrouve le reste des ossements, c'est là où les entomologistes vont permettre de déterminer si les restes des insectes qui sont tout autour
03:54 sont des insectes depuis la mort de la première heure ou au contraire, ce sont des insectes 3ème ou 4ème squad
04:01 qui montreraient que le corps de petit Emile a été déposé bien appréciablement.
04:07 Et l'on sait désormais répondre à ces questions ? On en a les outils ?
04:11 En entomologie, on a les outils.
04:13 L'ancien général de gendarmerie Jean-Charles Fontbonne a été hier soir sur RTL avec Vincent Parizeau. Je vous propose de l'écouter.
04:19 La zone a été ratissée, elle a été notamment ratissée avec des chiens qui sont extrêmement performants.
04:25 On imagine assez mal qu'ils aient pu passer à côté.
04:28 Moi, je pencherais plutôt, mais encore une fois de façon complètement théorique,
04:32 pour l'hypothèse d'un corps qui aurait été placé à l'endroit où on l'a découvert ou à quelques dizaines de mètres
04:36 s'il a été déplacé par des animaux ou par des ravinements, mais qu'on aurait placé après.
04:41 Vous partagez cette analyse ?
04:42 C'est une des hypothèses.
04:44 Mais moi, j'attendrai les éléments indiciels et matériels.
04:47 Ça, c'est mon côté criminaliste qui fait que je suis sur la réserve.
04:52 Et surtout, j'ai besoin d'avoir plus d'éléments matériels pour aller dans un sens ou dans un autre.
04:58 Donc, la question à laquelle on doit répondre en ce moment, c'est le corps a-t-il pu être déplacé ?
05:02 Tout à fait.
05:03 Le crâne a été retrouvé à un kilomètre à Vol d'oiseau du Auvergnay.
05:06 Le hameau, il a disparu en juillet dernier.
05:08 On a du mal à croire que les chiens, les drones ou les caméras thermiques aient pu passer à côté.
05:12 Est-ce que c'est possible ?
05:14 Alors, il y a des artefacts qui permettent de leurrer les drones ou les caméras thermiques, etc.
05:22 Ça peut arriver.
05:23 Je cite l'affaire Chevaline où on n'avait pas vu la petite fille qui était confondue avec le halo de chaleur de sa mère.
05:31 Donc, on voit des éléments comme ça.
05:33 Il ne faut pas oublier qu'il y avait beaucoup de personnes qui ont un petit peu piétiné la zone
05:40 et qui ont pu troubler certaines façons de travailler avec les chiens.
05:48 Si c'est un chemin qui a été fait aller-retour la veille ou la veille avec l'enfant, pourquoi pas le confondre et à un moment s'arrêter ?
05:58 Mais c'est vrai qu'il y a un point d'interrogation, c'est pourquoi les chiens à un moment n'ont pas senti.
06:04 Alors qu'ils sont particulièrement efficaces dans ce type de recherche, on est bien d'accord.
06:09 Voyons les hypothèses ensemble.
06:12 Est-ce un hasard ou une mise en scène le fait d'avoir retrouvé le crâne de cet enfant ?
06:18 Là est la question.
06:21 En tant que non spécialiste et m'intéressant à cette affaire par définition, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une mise en scène.
06:27 Pardonnez-moi de brûler les choses.
06:31 N'hésitez pas à nous dire le contraire si vous pensez à quel cas.
06:34 Il peut y avoir le hasard, il ne faut jamais l'éliminer totalement.
06:38 Quand on fait les raisonnements du rasoir d'Ockham, le hasard fait parfois beaucoup de choses.
06:43 On se dit que c'est bizarre, mais c'est comme ça.
06:46 Donc l'hypothèse du hasard que le crâne de ce bébé a retrouvé là, suite à des épisodes climatiques, pourquoi pas ?
06:54 Autre hypothèse, c'est la symbolique qu'il y a derrière.
06:58 On est pour Pâques et on a l'impression de rendre à la famille en disant "ça y est, vous avez le corps de votre petit, vous pouvez commencer à faire le deuil".
07:07 - Ça a l'air d'être très catholique, on le sait. - Bien sûr.
07:10 Qui peut être, là aussi, une hypothèse de travail symbolique.
07:14 Mais dans ce cas-là, ça veut dire qu'on leur parle ? On vient de leur envoyer un message ?
07:18 Puisque si cette hypothèse qui, à un moment, dans l'enquête, fait jour, et bien ça veut dire l'appel, souvenez-vous l'appel de la maman à un moment,
07:28 qui était "on veut savoir, on veut savoir, rendez-nous le corps, rendez-nous etc."
07:33 Et bien peut-être que c'est une des hypothèses. Mais on ne peut pas aller uniquement dans ce sens.
07:39 Au moment où nous parlons, est-ce que les circonstances de la découverte sont parfaitement...
07:43 donc il s'agit d'un promeneur, d'une femme, sont clairement éclaircies à votre avis ?
07:51 - Je ne suis pas dans l'enquête, je ne sais pas, mais je pense... - C'est une des questions, quand même.
07:56 - C'est une des questions, mais je pense que celle-là, elle a dû être très rapidement traitée,
08:00 puisque la dame qui a fait cette découverte, se rendant à la gendarmerie,
08:06 elle a été entendue par les enquêteurs, pourquoi, quand, comment, quels liens,
08:11 s'il y avait des liens avec la famille ou pas, etc.
08:14 - La fameuse mise en situation auxquelles nous avons assisté la semaine dernière,
08:18 vous semble-t-elle être un déclencheur de cette découverte ?
08:21 - Je ne sais pas. Paradoxalement, s'il y avait une hypothèse plutôt vers les parents,
08:30 j'imaginerais plus la symbolique que cette mise en situation,
08:37 car derrière, la mise en situation, elle a donné ce qu'elle a donné,
08:41 peut-être pas grand-chose, ou en tout cas, elle a permis de resituer et de conforter des témoignages,
08:48 mais est-ce que c'était vraiment le déclencheur pour aller déposer les restes de la dépouille du petit dans la nature ?
08:57 Je ne sais pas, mais les enquêteurs, ils travaillent aussi.
09:00 On est sur un ensemble d'hypothèses, c'est-à-dire que paradoxalement,
09:03 on est presque au départ de l'enquête, avec plein d'hypothèses.
09:06 - On est au départ d'une nouvelle enquête. - Exactement.
09:08 - Merci infiniment François Daous, je rappelle le titre de votre livre.
09:10 [SILENCE]

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