Plus d'un an et demi après la disparition du petit Émile, les équipes de gendarmerie continuent leurs investigations. Ils viennent de mener une fouille dans une église du Haut-Vernet, là où habitait l'enfant. On reste stupéfait devant la saisie d'une jardinière : un bac à fleurs peut-il devenir une pièce centrale dans une enquête pareille ? Écoutez l'analyse de François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale.
Regardez L'invité de Yves Calvi du 14 mars 2025.
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00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:04Il est 18h17, bonsoir François Daoust.
00:07Bonsoir Yves Calvi.
00:08Vous êtes ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale.
00:11Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL.
00:13Plus d'un an et demi après la disparition du petit Émile,
00:16les équipes de gendarmerie continuent leurs investigations.
00:19Ils viennent d'ailleurs dominer une fouille dans une église du Haut-Vernay,
00:22là où habitait l'enfant.
00:23Et on reste stupéfait devant la saisie d'une jardinière, d'un bac à fleurs.
00:26François Daoust, un bac à fleurs peut devenir une pièce centrale dans une enquête pareille ?
00:31Tout peut devenir une pièce centrale dès lors que ça porte des indices.
00:35Donc là, selon la taille de la jardinière,
00:38est-ce que si c'est une petite jardinière, on va plutôt rechercher un objet
00:42ou des éléments ayant peut-être appartenu à l'enfant par exemple,
00:46qui pourraient être significatifs ?
00:49Si c'est une jardinière beaucoup plus importante,
00:52l'hypothèse de « on cache le corps un instant dans une grande jardinière
00:56et après on s'en débarrassera plus tard » peut être envisagée,
00:59encore que ça semble compliqué.
01:02Tout dépend de la taille de la jardinière, des témoins, etc.
01:07Donc, tout peut être intéressant
01:10et ça correspond aux déclarations du procureur de la République
01:13qui avaient dit qu'ils ne fermaient aucune porte et qu'elles seraient toutes vérifiées.
01:17Alors, je précise et j'essaye de répondre en tout cas à certaines de vos questions.
01:20Il s'agit en effet d'une jardinière de taille, on va dire,
01:23qui avait pour fonction d'empêcher les véhicules de pénétrer dans le cimetière.
01:26Tout ça paraît quand même surréaliste,
01:29en tout cas pour les personnes comme moi qui n'ont pas de notion de ce qu'est vraiment une enquête.
01:33Pour vous, ça a un sens ?
01:35Ça a un sens, parce que qu'est-ce que c'est qui nous amène à faire cette recherche
01:40autour de la jardinière et dans la jardinière,
01:43puisqu'elle a été envoyée à l'IRCGN, laboratoire de la gendarmerie,
01:47pour de plus en plus d'analyses,
01:50savoir quel type de traces elles peuvent porter,
01:53si tant est qu'elles en possèdent.
01:56C'est dans une enquête comme ça, on le sait,
01:59le village du Auvergné et dans son ensemble
02:04n'ont pas une propension à la parole d'une manière aisée, ni au témoignage.
02:09En revanche, là, et c'est quelque chose qui est connu,
02:13on sait parfaitement que derrière, il y a énormément de lettres anonymes.
02:18Elles doivent être toutes vérifiées,
02:21de la plus construite à la plus absurde.
02:25On ne peut pas passer à côté, ça fait partie de l'enquête.
02:28Il se trouve que les gendarmes l'ont d'ailleurs vidé de son rosier
02:31pour analyser le bac à fleurs à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie.
02:35Là aussi, on est quand même très surpris.
02:37Tous ces actes d'enquête, moi je suis le fil de votre intervention,
02:41ont un sens très clair pour vous ?
02:43Oui, il faut absolument fermer toutes les portes possibles, imaginables,
02:47même sur des déclarations qui sont parfois un petit peu légères.
02:53Mais passer à côté, ne pas le faire, c'est risquer de se tromper,
03:00de négliger une piste et surtout un élément indiciel.
03:04C'est à partir de là qu'il faut passer derrière et fermer la porte.
03:08Même si c'est parfois rocambolesque, ça sort de l'imagination de quelqu'un ou autre,
03:14il n'empêche, ça a été émis, il faut vérifier et on fermera définitivement cette porte.
03:20François Daoust, une source proche de l'enquête indique à la rédaction d'RTL qu'il s'agit de vérification.
03:25Que signifie le terme de vérification dans une enquête de gendarmerie ?
03:29Généralement, quand on a des vérifications,
03:32il peut y en avoir de plusieurs types en fonction des éléments que l'on a.
03:36Mais là, ça pourrait parfaitement correspondre à un témoignage qui soit de manière orale,
03:41donc connu ou anonyme, de façon à vérifier si les dires de la personne qui donne le renseignement
03:48sont corrects ou au contraire sont imaginaires.
03:51Dans cette enquête au moment où nous parlons, la piste criminelle peut toujours être une des pistes ?
03:56Elle peut toujours l'être, le procureur ne l'a pas fermée.
04:00Est-ce qu'on la privilégie par rapport au fait que l'enfant ait chuté
04:04ou qu'il se soit déshydraté et qu'on ne l'ait pas trouvé ?
04:07Ça, c'est une hypothèse.
04:09Le fait qu'il y ait eu un accident qui ait été dissimulé
04:14ou le fait qu'il y ait un crime derrière ?
04:18On sent bien que le crime derrière, la troisième hypothèse du crime, n'est pas forcément la plus importante.
04:24Mais ne serait-ce que celle de l'accident et avec une dissimulation de corps,
04:30celle-là, il faut aussi la fermer si tant est qu'elle soit fermée
04:34ou au contraire, qu'il passera en numéro 1.
04:38On évoque d'ailleurs une lettre anonyme adressée à la gendarmerie d'il y a près d'un mois.
04:43J'ai envie de vous dire, en pareille circonstance, des lettres anonymes, on doit recevoir beaucoup, non ?
04:47Oui, alors que vous évoquiez le fait qu'il n'y ait qu'une lettre anonyme reçue il y a un mois,
04:53m'étonnerais presque, parce qu'en l'espèce, il y en a, je pense, plusieurs dizaines.
04:58Et entre celles qui sont vraiment très très farfelues,
05:02comme la piste d'un oiseau qui aurait pris l'enfant, etc.,
05:06comme ça avait été évoqué à une époque ou autre,
05:08et celles qui donnent des éléments qui pourraient être des éléments vérifiables,
05:13en l'espèce, comme cette jardinière par exemple,
05:15eh bien, ça sera automatiquement vérifié,
05:19pour ne pas passer à côté d'un renseignement qui pourrait être déterminant.
05:23Alors, il semble que ce soit le cas, puisque celle-là aurait vraiment intéressé les enquêteurs,
05:27d'où le déplacement dans la fameuse chapelle du Hameau.
05:30Est-il fréquent de venir fouiller dans une église, dans un lieu de culte ?
05:36Alors oui, fouiller dans un lieu de culte,
05:40avec tout le respect que l'on doit à ces lieux, quels qu'ils soient,
05:44eh bien, ça fait partie d'un certain nombre d'enquêtes,
05:48et dès lors qu'il y a des éléments cachés, une recherche de témoignages,
05:52ou dans le témoignage, ou la lettre qui peut donner quelques éléments,
05:56en disant, j'étais à tel endroit, et j'ai vu ça, ça, et il s'est passé ça,
06:00il faut se remettre en situation, pour vérifier que si la personne
06:04avait la capacité de bien voir, de cacher,
06:08ou au contraire, si on est dans le fantasme, et le développement,
06:12j'ai une idée, mais c'est peut-être la bonne, je vais quand même le dire aux gendarmes.
06:16Général Daoust, dans cette affaire, aucune garde à vue, je dis bien,
06:20aucune garde à vue n'a eu lieu. Qu'est-ce que ça vous inspire comme commentaire ?
06:24Alors, comme commentaire, ça m'inspire,
06:28tout simplement que, pour l'instant, on n'a pas trouvé une petite ficelle
06:32qui réunisse, qui permette de lier l'effet
06:36ou quelque fait à une personne en particulier. Et pour mettre
06:40quelqu'un à garde à vue, il vaut mieux avoir un dossier bien construit,
06:44avec des éléments matériels, des éléments de témoignages et indiciels,
06:48de façon à ce que la garde à vue soit constructive, pour amener la personne
06:52à raconter sa vérité, ou, comment elle le voit,
06:56plutôt que de faire une garde à vue qui serait à l'influence pour espérer
07:00soutirer des aveux, quels qu'ils soient. La garde à vue,
07:04ça ne peut marcher qu'une seule fois, une fois qu'elle a été utilisée.
07:08Vous avez dit garde à veue pour garde à vue,
07:12c'est intéressant, comme quoi le métier, ça reste dans la tête de ceux qui l'ont pratiqué ?
07:16C'est peut-être un petit lapsus,
07:20mais toujours est-il qu'il faut absolument derrière
07:24que ça soit étayé, parce que les 24 ou 48 heures
07:28de garde à vue, s'il n'y a aucun élément derrière,
07:32dès qu'ils sont terminés, on ne pourra plus réentendre la personne dans la même affaire.
07:36Je ne l'ai pas oublié, il y a un mois sur RTL, vous évoquiez la possibilité
07:40que cette enquête ne soit jamais élucidée.
07:44Vous l'envisagez pourquoi,
07:48ou c'est juste pour nous préparer au fait qu'il puisse ne pas y avoir de réponse un jour
07:52sur les conditions de la disparition de cet enfant ?
07:56Tout simplement, ça fait partie aussi d'une quatrième hypothèse, mais une hypothèse de travail
08:00qui fait qu'on n'arrivera pas à trouver des éléments
08:04ni matériels, ni témoignages qui seront suffisants,
08:08soit pour dire qu'effectivement l'enfant s'est perdu et il est mort déshydraté
08:12sur ces petites collines, soit
08:16on a été face à un accident qui a été caché.
08:20Donc là aussi, si on n'a pas tous ces éléments,
08:24une fois que toutes les investigations et les vérifications
08:28de toutes les lettres et témoignages seront faites, le procureur de la République
08:32refera une communication ou pas,
08:36les juges garderont l'affaire où ils la classeront,
08:40ou au contraire la laisseront ouverte
08:44en espérant qu'il y ait des éléments qui permettent de repousser la prescription,
08:48mais il est possible qu'on soit devant
08:52un grand point d'interrogation aussi à la fin.
08:54Donc, excusez-moi un oui ou un non, parce que nous arrivons à la fin de cet entretien,
08:58mais lorsque la gendarmerie indique que toutes les pistes restent étudiées à ce jour,
09:02celle de l'accident individuel, celle de l'accident causé par une tierce personne,
09:06ou bien la piste criminelle, il faut le prendre au pied de la lettre et comme tel.
09:10Tout à fait, oui.
09:12Merci infiniment François Daoust, ancien directeur de l'Institut de Recherche Criminelle
09:16de la Gendarmerie Nationale. Je signale que votre livre Police Technique
09:20et Scientifique, le choc du futur, co-écrit avec Jacques Pradel,
09:24est paru aux éditions du Rocher. Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
09:28Sachez que dans moins que dix minutes, c'est l'ancien pilote de Formule 1, Jean, allez-y, qui sera notre invité.
09:32Avec lui, nous évoquerons la nouvelle saison de Formule 1 qui démarre dimanche en Australie.
09:36Après une édition 2024 très intense, à quoi faut-il s'attendre ?
09:40Que pense-t-il du nouveau prodige français Issa Kadjar ? Je lui poserai toutes ces questions à 18h40.