Gaza : les jeunes Gazaouis prennent la parole

  • il y a 6 mois

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00:00 en communiqué par le Hamas aujourd'hui font état de 32 550 de morts dont un très grand nombre d'enfants vous le savez.
00:08 Vertigineux, le nombre d'enfants présumés tués en seulement quatre mois à Gaza est plus élevé que le nombre d'enfants tués en quatre ans dans l'ensemble des conflits à travers le monde.
00:17 C'est ce qu'assurait Mimar Sainz, souvenez-vous, le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés.
00:21 Les enfants, eux aussi, tentent de donner de la voix pour faire sortir leur témoignage de l'enclave palestinienne.
00:28 C'est l'objet de votre chronique aujourd'hui, Cyril Paillin. Bonjour, Cyril.
00:31 Bonjour.
00:31 C'est une situation, finalement, totalement inédite. De plus en plus d'enfants, de jeunes, prennent leur téléphone portable, leur micro, leur caméra
00:40 pour essayer de faire sortir ces images de l'enclave palestinienne aujourd'hui.
00:44 Oui, parce que c'est compliqué d'être un enfant dans la situation à Gaza depuis plus de cinq mois. C'est un euphémisme.
00:50 Alors les enfants, ils font ce qu'ils savent faire. Ils jouent. Alors ils jouent aux journalistes. C'est vrai. On va y revenir.
00:55 Mais comme ils pourraient jouer à la guerre, sauf que là où on joue à la guerre à balles réelles, tout est réel, en fait, dans ce Gaza d'aujourd'hui,
01:01 où on a vu cette extension du conflit avec une abolition de la séparation entre les belligérants, les combattants et les civils.
01:09 Et vous l'avez dit en préambule, eh bien un tribut extrêmement lourd à ce qu'on peut appeler des collatéraux.
01:13 Mais est-ce que les enfants sont des collatéraux ? C'est une question à laquelle l'histoire devra répondre, mais un nombre extrêmement important.
01:22 Donc ils jouent, effectivement, aux journalistes.
01:24 Parlez-nous de cette petite fille dont le visage est en train de... Elle commence à se faire connaître, cette petite fille.
01:29 C'est la petite Lama Abou Djamouz, qui est extrêmement... Un visage très familier dans l'enclave, dans la bande de Gaza,
01:36 puisque c'est une jeune reportère de 9 ans, mais qui fait aussi... C'est les réseaux sociaux.
01:41 C'est le paradoxe de l'hypervisibilité de ce conflit grâce à des témoignages qui peuvent sortir de Gaza,
01:47 mais aussi on paye le prix, l'inaccessibilité, parce que c'est impossible de rentrer dans Gaza quand on est journaliste.
01:52 Donc cette jeune consœur de 9 ans utilise les réseaux sociaux pour donner une voix, donner un visage sur le drame de Gaza.
02:02 Vous allez vous rendre compte avec l'extrait qu'on a pu traduire pour vous, puisque c'est en arabe, qu'elle a 9 ans, mais elle a les pieds sur terre.
02:10 Elle sait exactement dans quel contexte elle est en train de vivre et de grandir.
02:15 L'armée d'occupation israélienne est criminelle. Elle se livre à des exécutions sommaires dans la bande de Gaza.
02:22 C'est un massacre contre les Palestiniens. Ils tuent, violent et volent notre peuple. Et tout cela pendant le mois sacré du Ramadan.
02:29 Où êtes-vous les musulmans du monde entier ? Que faites-vous pour nous défendre, vous les pays arabes ?
02:35 Où es-tu la communauté internationale ? S'il vous plaît, venez enfin à notre secours.
02:40 Voilà, cette petite fille qui dénonce les pires atrocités, mais qui parle aussi de son quotidien, de sa condition d'enfant dans la bande de Gaza. C'est très concret.
02:49 Oui, des enfants qui racontent ce que vivent des milliers d'enfants en Gaza.
02:54 Oui, de s'émerveiller pour un morceau de savon, manger, puisque là aussi, les horreurs depuis 5 mois et demi sur Gaza n'exonèrent pas les enfants.
03:04 Loin, sans faux. Affamés, famines, malnutrition, des problèmes qu'on pensait être d'un autre âge.
03:12 Et effectivement, on pensait aussi qu'il y aurait une exception faite pour les enfants.
03:16 Donc elle raconte ça, qui est une forme de chronique quasi quotidienne de ce que vit un enfant qui devrait, en d'autres circonstances, aller à l'école, avoir un goûter.
03:26 Là, effectivement, ce n'est pas ça. Mais ce qui est intéressant, c'est, symétriquement à l'horreur qu'elle vit, son immense popularité,
03:33 et qui dépasse très très largement, notamment par la crudité de ses propos, par la force qu'elle a à son âge, qui dépasse largement les frontières de la bande de Gaza.
03:44 Donc c'est une des voix, un des visages familiers qu'on voulait vous montrer aujourd'hui, qui sort de Gaza.
03:49 Une réalité aussi qui explique que ces jeunes prennent la parole. Au moins une centaine de journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre.
03:57 Il y a aussi encore des voix adultes qui tentent de témoigner et qui sont très suivies sur les réseaux sociaux. Comment est-ce qu'on explique ce phénomène ?
04:05 Encore une fois, il faut bien faire sortir des voix quand on a ce phénomène totalement inédit dans sa durée et sa proportion de ghettoïsation de la bande de Gaza.
04:16 2,3 millions de gens qui sont bloqués sous bombardement. Et puis avec cette horreur qui a commencé le 7 octobre avec l'attaque du Hamas sur le sud d'Israël.
04:25 Et puis cette perpétuation de l'horreur dont on a l'impression qu'elle est sans fin, sans fond, ou en tout cas sans stratégie claire de l'un et l'autre de la part des belles et gens.
04:33 Donc il y a les voix. Cette jeune femme qu'on va vous présenter est extrêmement populaire.
04:39 4,5 millions de followers sur Instagram.
04:41 C'est d'ailleurs vous qui la voulez suivre vous-même Elisabeth. C'est quelqu'un d'assez important.
04:44 C'est une cinéaste de formation, une jeune cinéaste gazaouie, qui par les circonstances de sa vie quotidienne a décidé d'abord de rester, c'est important,
04:52 et aussi de devenir reporter de guerre. Donc elle utilise aussi, ça aussi c'est intéressant, les méthodes de sa génération.
05:00 C'est-à-dire qu'en fait les réseaux sociaux, TikTok, Instagram, tout ce qu'utilise tout le monde, sauf qu'elle c'est pour relater son quotidien,
05:07 qui est la guerre, avec des mots un peu plus précis que sa jeune concert de novembre.
05:11 Donc je vous propose d'écouter un extrait sur un des réseaux sociaux de Bissan Oda.
05:17 Bonjour, c'est Bissan à Gaza. Je suis toujours en vie. Il y a 2 millions de déplacés intérieurs à Gaza.
05:25 La moitié d'entre eux sont à Rafah, donc je vais vous montrer à quoi ressemblent les tentes qui servent de maison.
05:31 Nous sommes dans la zone d'Al-Mawassi à Rafah. Cette tente, vous voyez ici, ce sont les toilettes.
05:38 Là, ce sont les équipements pour la cuisine. Et là, les vélos, parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de transport.
05:46 Voilà, vous disiez que je la suivais effectivement sur Instagram.
05:50 Si ce genre de comptes sont si précieux pour nous, journalistes, c'est que la presse internationale n'a pas accès à l'enclave palestinienne aujourd'hui.
05:56 On est bien payé pour le savoir. Moi-même, ayant été basé à Jérusalem, ça fait depuis des mois que j'essaye de rentrer par l'Égypte,
06:03 parce que c'est le seul moyen indépendant de rentrer dans la bande de Gaza par Rafah. C'est totalement impossible.
06:09 Là aussi, encore une fois, dans la portée de la violence de ce conflit de part et d'autre, et de sa longueur et de l'impact sur les populations.
06:17 On parlait des enfants. On n'a jamais vu ça. Mais surtout, cette inaccessibilité qui est absolument incroyable.
06:23 C'est vraiment une sorte de... C'est un ghetto à ciel ouvert, qui est un cimetière pour enfants aussi, mais dans lequel on ne rentre pas.
06:30 Et je rappelle qu'il y a des journalistes, il y a des professionnels. Nous avons un collaborateur régulier, Rami Abou-Jamous,
06:35 qui intervient sur nos antennes, qui nous raconte en français ce qu'il se passe. Mais il y a plus d'une centaine de journalistes qui ont été tués,
06:42 parfois ciblés, les enquêtes le diront, mais en tout cas de moins en moins de voix. Et c'est pour ça qu'on doit recourir à ces témoignages,
06:49 quels qu'ils soient, quel que soit l'âge, quels que soient même les outils, qui ne sont pas résolument des outils professionnels.
06:54 C'est un outil de réseau social, mais à la guerre comme à la guerre, sachant que même les conditions d'Internet ne sont pas toujours parfaites,
07:00 puisque souvent, la bande de Gaza, notamment le sud, où il y a 1,3 million de Gazaouis réfugiés, l'Internet ne fonctionne que quelques heures par jour.
07:08 Donc c'est des conditions de travail extrêmement difficiles pour des gens qui, en plus, ne sont pas nécessairement des professionnels.
07:14 Voilà, il va falloir relater pour nous. Merci beaucoup.

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