• il y a 9 mois
"On fait toujours payer la dette aux plus pauvres", s'indigne ce jeudi sur France Inter Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa, au lendemain de l'annonce d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage. Après deux réformes en 2019 et 2023, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mercredi sur TF1 une nouvelle réforme cette année, avec comme piste la réduction de la durée d'indemnisation de plusieurs mois pour les chômeurs.

Dominique Corona qualifie cette annonce d'"inacceptable". "C'est toujours sur les mêmes qu'on appuie, tout cela n'est pas très sérieux", s'agace-t-il. Il estime que derrière ce projet de réforme, le gouvernement "veut faire des économies sur les chômeurs et veut faire payer la dette aux chômeurs". "On voit bien que ce sont les plus précaires qui sont visés", fustige le syndicaliste. Il regrette ainsi l'absence de "mesure sur les plus hauts revenus et sur les entreprises".

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Transcription
00:00 Il est 6h21, il y aura bien une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
00:04 Gabriel Attal l'a confirmé hier soir sur TF1.
00:06 Le Premier ministre aimerait notamment réduire la durée d'indemnisation des chômeurs.
00:10 C'est l'une des solutions avancées pour redresser les comptes publics.
00:13 Bonjour Dominique Corona.
00:15 Bonjour.
00:16 Vous êtes le secrétaire général adjoint de l'UNSA, chargé de la protection sociale
00:19 au sein de ce syndicat.
00:20 Gabriel Attal demande à sa ministre du Travail Catherine Vautrin d'ouvrir des négociations
00:25 avec les partenaires sociaux sur l'assurance chômage.
00:27 Vous à l'UNSA, vous avez rendez-vous avec la ministre au mois d'avril.
00:30 Vous irez dans quel état d'esprit ?
00:31 Ecoutez, dans un esprit, une fois de plus, on se dit, voilà, le dialogue social c'est
00:37 on veut de toute façon faire des économies sur les chômeurs, on veut faire payer la
00:41 dette aux chômeurs et donc il n'y a pas grand-chose à négocier.
00:44 Quand on écoute le Premier ministre, on te l'a déjà écrit, on veut baisser l'indemnisation
00:48 des chômeurs, on veut réduire le temps d'indemnisation.
00:51 Donc on voit bien effectivement que c'est les plus précaires qui sont visées et aucune
00:56 effectivement mesure sur les plus revenus, sur les entreprises, rien.
01:00 Donc la dette, on la fait payer toujours aux plus pauvres.
01:03 C'est inacceptable, ce n'est pas dû en même temps ça.
01:05 C'est toujours sur les mêmes qu'on appuie.
01:07 Je vous rappelle qu'il y a eu déjà une grosse réforme de l'assurance chômage qui
01:10 est en train de se mettre en place là.
01:13 Donc tout ça n'est pas très sérieux.
01:14 Gabriel Attal, lui, il explique en fait qu'il veut faire bouger le système.
01:18 Il dit "je ne veux pas attaquer les chômeurs, m'en prendre aux chômeurs, je veux favoriser
01:22 le retour à l'emploi en bougeant le système, inciter davantage à l'activité pour au
01:27 final faire des économies".
01:28 Oui c'est ça et je crois que les chiffres c'est sur 6,1 millions de demandeurs d'emploi,
01:32 il n'y a que 2,6 millions qui sont indemnisés pour une moyenne de 1033 euros.
01:38 Vous pensez vraiment qu'on est heureux à 1033 euros et qu'on veut rester au chômage
01:41 en moyenne ? Donc on voit bien que c'est une vue d'esprit, c'est une fable.
01:44 On nous raconte une histoire et on oublie de nous dire qu'au même moment, les entreprises
01:49 du GAC 40 explosent leurs bénéfices.
01:51 On oublie de nous dire que la Bourse de Paris a fait des records historiques qui n'ont
01:55 jamais été atteints il y a moins de 15 jours.
01:57 Et bien sûr, on nous montre le doigt les chômeurs.
02:00 Parlons plutôt des entreprises, je crois que les entreprises 440 c'est 150 milliards
02:05 à peu près de croissance supplémentaire financière.
02:09 Vous voyez bien qu'il y a quand même une difficulté.
02:11 Alors quelles sont les autres options justement ? Le Premier ministre l'a dit hier, j'attends
02:14 des propositions crédibles de la part des partenaires sociaux.
02:18 Quelles propositions lui faites-vous ?
02:19 Crédibles, on n'arrête pas de lui faire des propositions, c'est ça le problème.
02:22 Je pense que soit il ne l'entend pas, soit il ne nous comprend pas.
02:26 Mais s'il ne nous comprend pas, c'est un vrai problème quand même.
02:28 Parce que quand on est un homme politique, on doit entendre, comprendre et essayer d'adapter
02:31 son discours.
02:32 Quelles sont les propositions ?
02:33 1) Taxation des transactions financières.
02:36 Aujourd'hui, tout est taxé sauf les transactions financières.
02:38 Excusez-moi, ça pose quand même une petite difficulté.
02:40 2) Est-ce qu'on ne peut pas créer, comme un groupe d'experts l'a proposé à la Commission
02:44 de l'Europe, une imposition sur le capital en Europe ?
02:49 Est-ce qu'on ne peut pas le mettre en place ?
02:51 3) Est-ce qu'on ne peut pas regarder les exonérations de cotisations sociales ?
02:54 Aujourd'hui, 75 milliards d'exonérations de cotisations sociales.
02:59 On ne demande rien aux entreprises en échange.
03:01 C'est la seule politique publique où on donne de l'argent à tout le monde, tous
03:06 les employeurs, sans leur demander "vous en avez fait quoi ?"
03:10 C'est quand même assez incroyable.
03:11 Moi, je trouve avec mes impôts, je ne dis pas qu'il ne faut pas les donner, je n'en
03:16 sais strictement rien.
03:17 Mais quand même qu'on pose le débat de l'utilité ou de la non-utilité, il me semble
03:20 essentiel.
03:21 Pour redresser les comptes publics, vous, vous allez voir du côté des recettes.
03:25 Il faut augmenter les recettes, pas faire des économies, pas réduire les dépenses.
03:28 Je vais vous donner un exemple sur l'assurance maladie.
03:31 Nous avons un vieillissement de la population.
03:33 On a repoussé l'âge égal à la retraite, donc on sait qu'on aura plus d'arrêts maladie,
03:37 plus de maladies chroniques, plus de problématiques au travail en termes de santé.
03:42 Les médicaments coûtent de plus en plus cher.
03:44 Si vous n'avez pas les recettes en fosse, si vous n'augmentez pas vos recettes, vous
03:47 savez que de toute façon les dépenses vont augmenter plus vite que les recettes.
03:51 Donc oui, il faut faire des économies, oui, il faut lutter contre la fraude.
03:54 La fraude, effectivement, des professionnels de santé, la fraude est la plus importante
03:58 sur l'assurance maladie et pas sur les patients, contrairement à ce qu'on peut là encore
04:01 entendre.
04:02 Vous voyez bien que si vous ne trouvez pas des recettes supplémentaires, vous êtes
04:05 quand même dans une situation difficile.
04:07 Et les recettes, mais ce n'est pas que moi qui le dis.
04:09 Je crois que Mme Gaëlle Braune-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, a parlé
04:14 des super profits.
04:15 Quand vous voyez que je crois que Total Energy a augmenté de plus de 4% ses dividendes à
04:20 19,6 milliards d'euros, vous pouvez vous dire quand même, quand on est dans une économie
04:25 de guerre, quand il faut faire des efforts, il faut qu'ils soient partagés, que tout
04:28 le monde y aille.
04:29 Mais Gabriel Attal a rappelé hier que le gouvernement avait déjà taxé davantage
04:32 quelques entreprises très profitables.
04:34 Oui, c'était, ah oui, beaucoup.
04:36 D'ailleurs, vous avez remarqué, si vous voulez, c'est bien pour ça que certaines
04:40 députées de la majorité commencent à y revenir.
04:41 On voit bien que tout ça, c'est de la fable.
04:43 Une fois de plus, c'est de la poudre aux yeux.
04:44 On voit bien qu'effectivement, le gouvernement fait semblant de dire "Oh, on a taxé les
04:49 hauts patrimoines.
04:50 Oh, on a taxé effectivement les entreprises."
04:51 Sauf que ce n'est pas vrai dans les faits.
04:53 Quand on regarde concrètement.
04:55 Ce n'est pas vrai ou ce n'est pas suffisant ?
04:56 Ce n'est pas suffisant.
04:57 Ce n'est pas pareil.
04:58 Je suis d'accord avec vous.
04:59 Ce n'est pas suffisant.
05:00 Ce n'est pas suffisant.
05:01 C'est-à-dire qu'on a fait là encore une fois de plus semblant.
05:04 Et donc au bout d'un moment, il ne faut pas faire semblant.
05:07 Et puis sur les comptes publics, il serait peut-être temps quand même.
05:11 Parce que très franchement, au mois de décembre 49-3, on adopte le budget de la France.
05:16 Un mois et demi après, même pas, on nous dit "on s'est trompé".
05:18 Alors soit on s'est trompé.
05:19 Et donc c'est un peu grave quand même.
05:23 Soit on n'a pas dit peut-être totalement la vérité aux parlementaires.
05:26 Et c'est aussi grave au niveau démocratique.
05:28 Vous pensez que le gouvernement savait que le déficit allait se creuser davantage et
05:31 l'a caché ?
05:32 Mais visiblement, le gouverneur de la Banque de France l'avait annoncé.
05:35 L'OCDE, les prévisionnistes l'avaient annoncé.
05:37 On voyait bien qu'il y avait quelques difficultés dans ce budget.
05:39 Donc il serait peut-être temps aussi qu'on se mette tous d'accord sur "c'est quoi
05:42 la dette ?".
05:43 "Comment est constituée cette dette ?".
05:44 "Qu'est-ce qu'il y a à l'intérêt de cette dette ?".
05:45 Qu'on soit un peu transparent.
05:46 C'est vraiment une question de démocratie.
05:49 Et je le dis, je sens la colère dans le pays.
05:52 Nous sentons de moins en moins la colère dans le pays.
05:54 Il faut faire très attention.
05:56 Et au moins vous êtes d'accord avec ce constat du gouvernement ?
06:00 C'est que pas question de laisser filer le déficit et d'aggraver la dette.
06:03 Il faut au moins faire quelque chose.
06:04 Vous n'êtes pas d'accord sur la méthode, mais sur le constat vous êtes d'accord.
06:06 Un, il faut regarder effectivement la dette, comment elle est constituée.
06:09 Deux, il faut regarder s'il faut faire des investissements supplémentaires.
06:12 Moi je vous le dis, les transitions qui arrivent écologiques, numériques, si on ne prend pas
06:17 garde, si on ne prépare pas le pays, si on ne prépare pas les salariés avec des investissements
06:22 dans la formation nécessaire, alors à ce moment-là on va vers des catastrophes.
06:25 Et là, ça te coûtera encore bien plus cher plus tard.
06:28 Je vous donne un exemple.
06:29 Il faut effectivement qu'on forme les gens et on nous dit qu'on va mettre une taxe sur
06:33 le compte personne de formation.
06:34 C'est antinomique !
06:35 Merci beaucoup Dominique Corona.
06:38 On va rester sur cet exemple.
06:39 Le secrétaire général adjoint de l'UNSA vous est-il invité du 5-7 ?

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