Maire de Porto-Vecchio et Président de la Communauté de Communes Sud Corse, Jean-Christophe Angelini est l’invité de la rédaction de France Bleu RCFM et de notre rendez-vous chaque lundi à 8h15 ‘’O Sgiò Merre’’.
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00:00 Tout de suite donc, bonjour Jean-Christophe Angéligne, merci d'être avec nous ce matin.
00:04 Bonjour à tous, merci.
00:05 Alors, transformer Porto Vé, rendre la ville à ses habitants, c'est votre crédo depuis que vous avez été élu.
00:12 Première mission, et elle est importante, c'est le logement dans une ville qui concentre près de 63% de résidences secondaires.
00:18 Porto Vé, on ne se cache pas, c'est une zone tendue.
00:21 Le déséquilibre flagrant entre la demande de logement à l'année et l'offre.
00:25 Inverser la tendance, c'est donc votre priorité.
00:28 Quels outils avez-vous mis en place ?
00:30 Alors, on a effectivement dit dès 2020, et pendant la campagne auparavant, et durant des années encore,
00:36 où nous étions dans l'opposition, que le logement était la première souffrance des Porto Vékiens.
00:41 Effectivement, aujourd'hui, par-delà le nombre important de résidences secondaires qui posent un certain nombre de débats,
00:49 on a un parc de résidences principales qui est minoritaire, qui n'est pas toujours en très bon état,
00:55 et une difficulté d'accéder à la propriété, bien sûr, mais dans bien des cas, également à la location.
01:00 Donc, on a entrepris d'inverser la tendance.
01:02 Les outils, premièrement un PLU.
01:04 Alors, il faut préciser que votre commune n'a pas de PLU.
01:07 Tout à fait.
01:08 Donc, en ce moment, vous faites du cas par cas en fonction de la RNU.
01:11 Exactement, au RNU, que les élus connaissent bien, Règlement National du Urbanisme,
01:15 donc en gros, au cas par cas, sans vision de long terme, sans outils de planification,
01:19 sans possibilité d'offrir des réponses massives.
01:22 Par-delà le fait d'urbaniser ou pas une parcelle, en termes de vision, de l'espace public, de réappropriation,
01:29 on l'a dit, de l'intégralité du territoire, mais également d'alternatives en matière d'agriculture,
01:35 d'accès au territoire villageois, rural, à l'intérieur de la commune, à la montagne.
01:41 Pour nous, le PLU, c'est ça.
01:42 C'est bien sûr donner du logement à tous, organiser l'activité économique,
01:46 mais également se réapproprier la réalité de la population.
01:49 Permettre à des habitants de bénéficier de leurs parcelles, c'est ça ?
01:53 Exactement, parce qu'on a souvent cette image, je dirais ce cliché par certains côtés,
01:59 d'une ville exclusivement touristique, mais pour te dire qu'il faut la connaître,
02:03 c'est 60% des habitants qui vivent dans les villages et dans l'intérieur,
02:07 c'est une ruralité extrêmement marquée, c'est une tradition agricole ancienne,
02:11 bien sûr la cité du sel, mais pas seulement le Liège, l'usine à Liège,
02:15 les usages traditionnels artisanaux, c'est une économie touristique
02:20 que l'on assume totalement, autour de laquelle pour notre part, on n'a pas de schizophrénie,
02:25 on la vit, on en vit, on la développe, mais en même temps de façon durable,
02:30 annualisée, résiliente, en protégeant l'environnement, le patrimoine, la culture.
02:34 Donc oui, avec, je le disais, un plan local et urbanisme.
02:37 Il sera pré-compte ce PLU ?
02:38 On va le voter entre mai et juin 2024, plus vraisemblablement en juin.
02:43 Donc il sera prêt dans un mois, puisqu'il faut poser le stylo, comme on dit, assez vite,
02:48 et le voter ensuite, après le dernier PADD, donc deux mois après.
02:53 Il y a ce plan logement très ambitieux, 2023-2033 sur 10 ans.
02:58 Tout à fait. 1000 logements. Je veux rappeler que le PLU va nous permettre,
03:02 au-delà des 1000 logements qui ont été prévus à Cazas,
03:05 de créer en gros 2800 logements à titre principal.
03:10 Vous le disiez, 63% de résidence secondaire.
03:14 Mon objectif, il est simple. Vous parliez de transformer,
03:17 transformer la vie des gens, c'est d'abord leur donner un toit.
03:20 Donc 2023-2033, on inverse la tendance, on rééquilibre, au moins 50/50.
03:27 Et si on le peut, très clairement, dans ce qui restera la première station touristique de Corse,
03:32 plus de 50% de logements principales.
03:35 Alors justement, dans ces 1000 logements, est-ce qu'il y a des logements sociaux,
03:38 dans une commune où il y a quand même un peu plus de 20% de pauvreté ?
03:42 Tout à fait. C'est le premier adjoint, Michel Giraski, je veux le dire,
03:45 parce qu'il fait un travail qui est remarquable, dans une équipe où chacun le sait,
03:49 je délègue et on délègue énormément.
03:51 Donc c'est lui qui pilote avec une cellule très active ce sujet-là.
03:57 1000 logements en gros décomposés de la manière suivante.
04:00 Un petit tiers de logements sociaux. On est aujourd'hui à peu près à 12-13%.
04:05 Notre objectif, c'est effectivement de monter de 20 à 25,
04:08 même si on n'est pas soumis aux fameux quotas que beaucoup d'autres maires connaissent.
04:12 Pour le reste, on aura de l'intergénérationnel, du saisonnier, du LLI,
04:17 du loyer locatif intermédiaire, qui permet d'être logé et ensuite d'être propriétaire
04:22 à des conditions tarifaires, dirons-nous, ou de prix.
04:25 Voilà, justement, est-ce que tout ça va permettre de faire baisser les loyers ?
04:28 Parce que, bon, il y a des loyers, il y a quand même 30% de votre population
04:33 qui ne peut pas accéder au marché du neuf. 5000 euros le mètre carré, c'est énorme.
04:38 Est-ce que cette politique avec ce PLU, ces logements, va faire inverser un petit peu la tendance ?
04:42 C'est très exactement notre objectif politique.
04:45 Baisser le coût à l'allocation, qui a considérablement augmenté ces dernières années.
04:50 Baisser le coût du foncier et bien sûr baisser le coût du logement.
04:54 Toutes choses qui sont à notre portée, avec les effets conjugués, je le répète,
04:59 du plan local d'urbanisme voté dans quelques deux ou trois mois,
05:02 de la stratégie à Casas, 1000 logements en 10 ans, donc 100 logements nouveaux,
05:07 100% en résidence principale, donc en termes de vitesse de croisière,
05:12 et bien sûr, je l'ai dit, une stratégie globale d'urbanisation et d'aménagement du territoire
05:17 beaucoup plus respectueuse. Le PLU de 2008 prévoyait, de manière à mon avis
05:22 échevelée, inconsidérée, d'ouvrir à l'urbanisation près de 2000 hectares.
05:27 Nous allons avec ce PLU en ouvrir 200 sur 20 ans.
05:30 - Ce qui est assez important. - Tout à fait.
05:32 - Il y a également des choses que vous faites pour réinjecter dans la commune.
05:36 Il y a par exemple cette taxe d'habitation sur les résidences secondaires, 40% de majoration.
05:41 Il y a également une taxe sur les logements vacants.
05:45 - Vacants, oui. - Exactement.
05:47 Et puis, sur le nouveau port de Porteauveu, qui est un petit peu décrié,
05:51 vous dites aussi, vous allez prendre au plaisancier pour réinjecter dans la ville,
05:56 pour des infrastructures. Vous êtes un petit peu le Robin des bois de l'extrême-sud.
06:00 Donc, prends aux riches pour donner aux pauvres.
06:02 - Je n'irai pas jusque-là. Mais une chose est certaine, c'est que, oui,
06:05 et je l'assume totalement, vous savez, tout le monde vous le dira, je parle des élus,
06:10 on ne peut distribuer ou partager que ce que l'on crée.
06:13 Moi, je ne veux pas, c'est un choix politique, d'une commune qui soit ultra-dépendante
06:17 de l'argent public, ultra-dépendante du logique de rente, futel touristique,
06:22 ultra-dépendante d'un certain nombre de systèmes anciens qui sclérose et qui empêche.
06:27 Moi, j'ai été élu avec l'ensemble de l'équipe que j'ai l'honneur de diriger
06:30 sur un contrat simple. Transformer la ville, changer la vie des gens.
06:34 Ce n'est pas des mots. Je lisais mon ami Thierry Domingue qui écrivait
06:38 au sujet des villes conquises par des autonomistes, des nationalistes,
06:41 et plus généralement, qui ont connu une alternance après une longue période
06:45 sans alternative. C'était le cas de Porteauveu que sur près d'un siècle.
06:49 Il disait que la rupture intervenait souvent au niveau des symboles.
06:53 C'est tout ce que je n'aime pas. J'aime bien les symboles comme tout le monde,
06:57 mais ce que je préfère, c'est les réalités. Moi, ce qui m'importe, c'est que les choses
07:00 aillent mieux à la fin de mon mandat qu'à son début. Donc oui, changer la vie des gens,
07:05 et c'est vrai, se servir du port, comme d'un levier de recette, pour redistribuer
07:09 une partie des gains aux portevequiers, au sens du service public que l'on doit,
07:13 école, crèche, éducation, culture, sport, équipement public, ça me paraît fondamental.
07:19 Jean-Christophe Angélini, les portevequiers pourront, ou d'autres même,
07:22 vous poser des questions entre 8h15 et 8h30, ce sera dans le forum.
07:25 Merci à tout à l'heure.