Député LIOT de la seconde circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva est ce lundi 10 juin l'invité de la rédaction de France Bleu RCFM.
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00:00 Jean-Philippe Sacoivy va bonjour. Bonjour.
00:02 Après le triomphe du Rassemblement National, Emmanuel Macron a décidé hier soir de dissoudre l'Assemblée Nationale.
00:10 Il a eu raison, il a raison le président de la République de redonner la parole au peuple ?
00:15 Je crois tout simplement qu'il fait ce que son opposant lui demandait de faire, à savoir renationaliser les élections européennes, premièrement.
00:22 Deuxièmement, il fait un coup de poker assez hasardeux, puisque ça veut dire qu'il cherchera une majorité plurielle autour de lui demain, si tant est qu'elle puisse se composer.
00:32 Ou mise sur une cohabitation pour essayer d'user le Rassemblement National au pouvoir.
00:37 On est dans le cadre d'une grave crise politique et historique pour la France.
00:41 À vous entendre, c'est un pari risqué. Comment expliquer cette victoire écrasante du Rassemblement National, y compris et surtout en Corse,
00:49 où pourtant le parti de Jean-Marie Le Pen, il y a une certaine continuité, a toujours pris position contre l'autonomie ? C'est un paradoxe.
01:01 Je crois surtout que, sans vouloir minimiser ce qui s'est passé, puisque les scores sont importants, vous avez raison,
01:06 c'est qu'on a assisté à un débat qui a été très nationalisé et quelque chose qui a été polarisé, et polarisé volontairement, y compris de la part du président de la République.
01:14 Donc c'est un vote sanction, surtout contre le gouvernement. D'ailleurs, Gérald Darmanin le reconnaissait lui-même sur les plateaux hier.
01:19 Et ce vote sanction s'est retrouvé aussi en Corse. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des peurs, des craintes, des choses sur lesquelles il faut entendre les électeurs.
01:25 Moi, je fais toujours la différence entre les électeurs et les États-majors. Quand on sait que les États-majors sont, par exemple,
01:30 l'Assemblée Nationale contre les amendements sur la spéculation immobilière ou contre le CHU, puisqu'ils n'ont pas assisté aux votes, il y a des paradoxes.
01:37 Effectivement, vous avez raison. J'insiste aussi sur le fait qu'on assiste en Corse, malgré tout, à une distanciation vis-à-vis des Européennes,
01:44 une Europe vue trop lointaine, technocratique, financière.
01:46 - Il peut y avoir à la fois des nationalistes français et des nationalistes corses. - Mais il n'y a pas que des nationalistes corses qui ont voté, même s'il y en a.
01:51 Il n'y a pas que des nationalistes corses qui ont voté l'URN.
01:53 - Mais ce sont les nationalistes corses qui ont réalisé 70% des suffrages en 2021. - Attendez, je suis désolé de vous dire que lorsque vous regardez...
01:58 Écoutez, il y a des nationalistes corses qui ont voté le Rassemblement National, bien évidemment, mais regardez les communes de droite.
02:04 Si la droite s'effondre et que le Rassemblement National existe, c'est quand même des gens de droite qui ont voulu miser en "vote utile"
02:10 sur Marion Maréchal et sur le Rassemblement National. Il ne s'agit pas de nier les choses, il s'agit d'affirmer ce qui se passe.
02:16 Et moi, je crois, malheureusement, que le débat national a trop polarisé ce scrutin,
02:22 que la principale victime, c'est le président de la République et le gouvernement lui-même d'abord,
02:26 que je ne crois pas que ce soit la question de l'autonomie qui était en jeu dans ce scrutin, quand on connaît des jeunes qui sont allés voter pour Roger Macron.
02:32 - Effectivement, mais la liste conduite par Guillaume Lacroix, sur laquelle se trouvait Philippe Meignier, réalise moins de 1%.
02:41 - Écoutez, si vous voulez faire un raccourci entre le vote territorial et un éffondrement éventuel, je crois que c'est vraiment très court.
02:47 Franchement, je pense qu'on est face à une crise très grave. Et je crois qu'à mon avis, l'enjeu de résumer ça est très court.
02:54 - Bien sûr, mais je vais faire un rapport très direct. Est-ce qu'aujourd'hui, est-ce que ce matin, Jean-Félix Aquavive, le processus d'autonomie de la Corse est mort ?
03:01 - De facto, elle est entre parenthèses, à tout le moins. C'est factuel. Aujourd'hui, il y a vacances du pouvoir.
03:07 Aujourd'hui, il faut élire un Parlement. Donc il y a vacances du pouvoir. Et bien sûr, il faudra attendre ce qui se passera le 7 juillet au soir
03:16 pour savoir s'il continuera sous les mêmes formes ou si on sera dans une autre dimension, peut-être de logique frontale et défendre l'intérêt de la Corse
03:24 face à des forces politiques qui ne veulent rien entendre. Parce que c'est ça qui est en jeu aujourd'hui. Ça va au-delà des personnes.
03:29 Je crois que c'est l'idée même. La Corse est happée par quelque chose qu'il a dépassé, par un débat national, un débat européen lié à la guerre en Ukraine.
03:38 Et aujourd'hui, ça risque de provoquer une situation en Corse totalement différente. Oui, c'est ça le danger. Alors qu'il y avait la possibilité d'avoir une alternative
03:46 grâce à ce processus. Aujourd'hui, il y a un gros point d'interrogation. Et donc, justement, l'enjeu de ces scrutins...
03:50 - Si le RRG gagne, c'est fini ? - Fini. Rien n'est jamais fini en politique. On est venu de loin.
03:55 On est venu de loin. Je parle du nationalisme corse. Et on pourra peut-être aller encore loin. Je pense qu'on en a connu, malheureusement, des choses beaucoup plus graves.
04:02 Néanmoins, ça posera la question de manière beaucoup plus frontale entre l'intérêt de la Corse et l'intérêt d'un État-major qui verra les choses totalement différentes,
04:10 qui vise, quoi qu'on en dise, à assimiler la question corse dans le cadre national de manière totalement normalisée sur les questions et les revendications que l'on porte.
04:18 Donc oui, il y a un enjeu de défendre l'intérêt de la Corse et d'une certaine vision de la Corse dans cette élection.
04:22 - Et pour le défendre, Jean-Félix Sarkozy, serez-vous candidat le 30 juin dans la deuxième circonscription de la Haute-Corse ?
04:28 - Alors, à l'heure où on me parle, je me tiens prêt, évidemment. J'appellerai mes deux autres collègues, les trois mousquetaires qui faisaient partie du groupe Lyotte.
04:35 On concertera largement dès aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, on a une situation qui dépasse nos propres personnes.
04:40 Il s'agit de maintenir l'idée du mouvement national, l'idée de l'autonomie dans ce cadre-là. Je pense qu'il se justifie, et ce sera aux Corses de le dire,
04:47 d'avoir une forte présence, justement, dans ce contexte-là ou ailleurs. Ça sera un petit peu très balkanisé.
04:52 Donc il faut montrer que la Corse est responsable et affiche un visage fort. Mais on concertera toujours aujourd'hui que le président du Conseil exécutif
04:59 et d'autres pour faire en sorte que les conditions de la victoire politique et du message politique soient suffisamment claires.
05:05 - On peut dire que vous serez candidat ?
05:06 - En tout cas, je suis candidat au fait d'être candidat, évidemment. Mais je tiens à dire qu'il faut concerter aujourd'hui.
05:11 Je suis en posture de combat et déterminé à faire en sorte que tout le travail entrepris aille au bout.
05:16 Merci Jean-Felix Agboisdi, d'avoir été notre invité.