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Jean-Luc Pesce, le directeur général du Centre hospitalier d'Ajaccio, est ce mardi 26 mars l'invité de la rédaction de France Bleu RCFM.

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Transcription
00:00 - Jean-Luc Pesche, bonjour.
00:02 - Bonjour.
00:04 - Un peu plus d'un an après son ouverture, quel bilan dressez-vous du fonctionnement du nouvel hôpital d'Ajaccio au Stilet,
00:09 ou est-ce qu'au quotidien les moyens sont à la hauteur des ambitions ?
00:13 - Bah écoutez, en votre question, il y a deux questions en fait.
00:19 La première question, je dirais que le bilan est plutôt extrêmement positif,
00:23 tant du point de vue des patients que du personnel.
00:26 Pour les patients, je pense que pour de temps en temps on peut prêter l'oreille à ce qui se dit en ville,
00:33 on note une amélioration sensible de la qualité de la prestation, de la qualité de l'accueil,
00:38 puisque outre les murs, nous avons également changé pratiquement tous les équipements.
00:43 Donc c'est un hôpital neuf de A à Z et je crois pour rebondir sur la deuxième sous-question,
00:48 que le personnel est extrêmement satisfait aussi, les conditions de travail sont sensiblement améliorées.
00:53 Donc je crois que pour l'instant on est sur un départ, je dirais, positif.
00:59 On a voulu changer aussi certains paradigmes, on a voulu essayer d'améliorer ce qui pouvait l'être, par exemple,
01:07 et c'est vrai que j'y tiens beaucoup, la propreté des locaux.
01:11 À l'intérieur du bâtiment, comme à l'extérieur du bâtiment, j'en avais fait un peu un cheval de bataille,
01:16 et le pari est en tant que réussi, d'ailleurs je remercie tous ceux qui en sont responsables.
01:22 - Ça valait le coup d'attendre, on le rappelle, que 7 ans de travaux ont été nécessaires,
01:28 face à une dette colossale, elle s'élevait à 188 millions d'euros en 2022,
01:33 quelles mesures ont été prises depuis pour redresser la situation financière ?
01:38 - Alors écoutez, c'était la deuxième question, et là sur le plan financier,
01:42 je ne vais pas vous dire aujourd'hui que les choses sont sensiblement améliorées.
01:45 On a amélioré quand même notre activité, donc nos recettes, donc de ce point de vue là, c'est extrêmement positif,
01:50 on a pu constater notamment sur la partie chirurgie que les patients étaient au rendez-vous,
01:57 et nous faisaient confiance, et de plus en plus confiance,
02:00 il n'empêche que sur la partie dépenses, notamment la crise en Ukraine, l'inflation,
02:05 et l'absence de personnel, et donc des mesures compensatoires ont coûté de plus en plus cher,
02:10 et donc la situation financière de l'hôpital ne s'est pas sensiblement améliorée,
02:14 bien au contraire, elle s'est encore un petit peu plus détériorée.
02:17 - Alors Jean-Luc Fech, comment ce nouvel hôpital répond-il aux défis de recrutement des médecins,
02:22 par rapport notamment aux difficultés exacerbées, on le sait, par la loi RIST ?
02:27 - Alors écoutez, en ce qui nous concerne, et ce qui concerne particulièrement la loi RIST,
02:34 effectivement on en avait beaucoup parlé à l'époque, et pour nous les retentissements étaient plutôt positifs,
02:39 puisqu'on attendait de savoir ce qu'allaient faire les médecins qui étaient des médecins entre guillemets un peu nomades,
02:45 et on a pu constater, et notamment dans le secteur qui était un grand secteur en difficulté des urgences,
02:50 beaucoup de nos médecins, qui étaient des médecins intérimaires, se sont positionnés sur l'hôpital d'Ajaccio.
02:56 Donc la loi RIST, pour nous, aujourd'hui, on va en faire un bilan après quelques mois,
03:00 a plutôt des effets extrêmement positifs.
03:02 - Alors les urgences, vous en parlez, il y a d'autres spécialités qui sont en souffrance aujourd'hui à l'hôpital d'Ajaccio,
03:08 quelles sont-elles ?
03:10 - Alors on a des spécialités qui sont en souffrance à l'hôpital, mais également sur toute la Corse du Sud,
03:16 notamment dans la médecine libérale, notamment les spécialités médicales,
03:20 je pense notamment à la pneumologie, je pense à la néphrologie, je pense également à la neurologie,
03:26 où l'hôpital est le seul recours pour l'ensemble de la Corse du Sud,
03:31 mais je suis plus inquiet pour des disciplines comme la pneumologie ou la néphrologie par exemple,
03:36 où nous avons encore un ou deux praticiens, mais qui sont des praticiens âgés,
03:40 et le phénomène est à peu près le même sur la médecine libérale,
03:45 où la Corse du Sud manque aussi de médecins, et surtout manque d'avenir sur ces disciplines-là,
03:51 pour lesquelles on peut être légitimement inquiet.
03:53 - Alors sur ces disciplines-là, justement, la grogne est omniprésente chez les professionnels de santé,
03:57 les médecins et les infirmiers libéraux en tête, où se demande une revalorisation de façon générale,
04:02 comment peut-on expliquer, selon vous, cette crise du secteur de la santé en France ?
04:07 - Écoutez, elle est multifactorielle, mais je crois que s'agissant de l'hôpital,
04:15 c'est-à-dire ce que je connais le mieux, parce que sur la partie libérale,
04:18 je ne me prononcerai pas parce que c'est un sujet que je connais un petit peu moins,
04:21 à l'hôpital public, un certain nombre de choses ont été faites,
04:24 notamment pour rendre les métiers plus attractifs, financiers grâce au Ségur de la santé,
04:30 peut-être faut-il en faire un petit peu plus pour rendre les professions hospitalières, médicales, infirmières,
04:38 beaucoup plus attractives. Je pense que c'est un enjeu fort des années qui viennent.
04:42 - Est-ce qu'en Corse, la création d'un centre hospitalier ou universitaire régional
04:46 est-elle toujours considérée comme le remède à ces maux en rapport avec l'attractivité de la médecine ?
04:56 - Moi, je le vois plutôt comme un aboutissement. Nous parlions du sujet financier il y a un instant.
05:02 Je pense que déjà, il faut régler le problème financier des hôpitaux corses.
05:06 Je l'ai dit assez souvent, également à votre antenne, que nous avions,
05:11 et le Covid l'avait démontré, assumé des missions de première ligne
05:15 en ayant les moyens souvent d'hôpitaux de seconde voire de troisième ligne.
05:18 Je pense que c'est ce problème-là qu'il faut régler en premier.
05:21 Après, moi, je fais confiance aux professionnels de santé.
05:24 Pour se retrousser les manches s'il le faut.
05:27 J'en veux pour preuve, puisque nous parlions du nouvel hôpital,
05:30 alors que je n'ai rien demandé et que personne n'avait rien demandé au moment de l'ouverture du nouvel hôpital.
05:35 Beaucoup de professionnels qui n'étaient pas en poste, le matin ou l'après-midi,
05:39 sont venus aider spontanément les collègues à s'installer dans cet hôpital.
05:42 Et ça a duré plusieurs semaines. J'en ai une surprise extrêmement favorable.
05:47 J'étais vraiment très très heureux de voir cette situation-là.
05:51 Et je me suis dit à ce moment-là que nos personnels et probablement nos patients aussi,
05:56 attachaient beaucoup d'importance aux soins et à la prestation qu'on peut offrir à l'hôpital public.
06:02 Ce sera votre conclusion Jean-Luc Pech.
06:05 Merci d'avoir été notre invité de la rédaction ce matin sur RCAFM.
06:08 Je vous le rappelle, vous êtes le directeur général de l'hôpital d'Ajaccio.

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