François Filoni, le délégué territorial du Rassemblement National en Corse, est l'invité de la rédaction de France Bleu RCFM.
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00:00 Bonjour François Filoni.
00:02 Bonjour.
00:03 Si l'on s'en tient au dernier sondage et avant le scrutin de dimanche,
00:08 la liste La France revient conduite par Jordane Bardella est crédité de 33% des intentions de vote,
00:15 loin devant celle de la majorité présidentielle qui est conduite par Valérie Hayet avec 16%.
00:20 Ce qui veut dire que la régionale de l'Étape qui est en 24ème position sur la liste du RN,
00:26 Nathalie Antoine, devrait siéger au Parlement européen.
00:29 Est-ce qu'elle s'y prépare ?
00:31 Oui, elle s'y prépare depuis de nombreux mois et je peux dire même de nombreuses années
00:38 puisque nous avons fait en sorte de faire intégrer tout un programme pour la Corse au niveau du RN.
00:43 Je pense qu'aujourd'hui on est peut-être de plus en avance sur tout ce qui est de la décentralisation.
00:48 Alors justement, vous dites un programme pour la Corse.
00:51 Lorsque l'on regarde également le programme des Européennes du Rassemblement national,
00:57 on se rend compte qu'au fil du temps, le ton est peut-être moins orophobe qu'en 2019.
01:05 Mais le RN n'a pas vraiment évolué.
01:08 Il y a le Frexit de Jordane Bardella, notamment la supériorité de la Constitution française
01:12 sur les normes et les juridictions européennes.
01:15 Est-ce que ce n'est pas un petit peu antinomique finalement
01:18 de se présenter dans une Europe qu'on combat un petit peu quand même ?
01:23 Un petit peu, beaucoup ?
01:24 Je sors des caricatures que vous venez de développer.
01:28 Nous voulons nous venir pour réparer ce qui ne marche pas en Europe et consolider ce qui marche.
01:33 Toutes les caricatures qu'on peut nous faire par rapport au passé...
01:37 C'est votre programme, ce ne sont pas des caricatures.
01:39 Non, non, je pense que c'est une caricature.
01:43 Je peux vous assurer que tout ce que nous proposons pour l'Europe,
01:46 c'est une Europe où les nations et les peuples sont respectées.
01:49 Cette liste vise aussi à transformer le scrutin du 9 juin en un référendum de mi-mandat
01:54 dans le but de sanctionner le chef de l'État, Emmanuel Macron.
01:58 Ce n'est pas un peu fort dans un scrutin qui, on le sait, ne passionne pas les Français
02:02 puisqu'on table sur 50% de participation, comme en 2019 d'ailleurs ?
02:09 Si vous trouvez que c'est un peu fort, je vous rappelle que nous sommes dans un pays où 46%
02:15 des prélèvements à la source, ça veut dire que les gens n'en peuvent plus.
02:18 Tout simplement, quand vous allez faire un plein d'essence, vous faites 100 euros,
02:20 vous repartez avec 40 euros de gasoil et 60 euros de taxes.
02:24 Si vous pensez qu'on peut continuer comme ça à prélever sur les Français indéfiniment
02:28 et qu'il n'y a pas de problème, quand on voit l'actualité des faits divers en France et en Corse,
02:33 je pense qu'à un moment donné, il faut changer de cap et il faut une autre politique à la France.
02:36 Alors le RN fait de bons résultats en Corse sur des scrutins nationaux.
02:41 On l'a vu aux européennes en 2019, on l'a vu également pour la présidentielle.
02:45 Pourtant, c'est plutôt l'inverse sur le scrutin régionaux, locaux.
02:50 Alors qu'est-ce qui vous manque pour percer sur ce type de scrutin chez nous, ici ?
02:56 Je pense que nous sommes mis au travail et que la dernière élection locale,
03:01 où c'était les législatives, nos candidats, nous avons fait une moyenne de 13% sur toute la Corse.
03:06 Ce qui veut dire que pour l'ensemble des partis nationaux,
03:08 on était le premier parti au niveau national en Corse.
03:13 Je pense que là encore, on va accentuer, puisqu'on nous situe,
03:16 je pense que si demain il y a une régionale, on n'est pas loin des 18-20%.
03:20 Ça veut dire que nous sommes dans un ancrage,
03:21 parce que nous venons avec des propositions et des solutions qui sont propres à la Corse.
03:25 Je rappelle que devant nous, nous allons avoir un tsunami environnemental.
03:29 La Corse n'est pas prête, elle n'a pas les installations.
03:31 Et nous sommes les seuls à proposer la création des deux barrages d'Olivet et de Caves
03:35 qui mettront la Corse à l'abri pour les 50 ans à venir en matière d'eau.
03:38 Je rappelle que sans eau, vous n'avez pas de maraîchage,
03:41 vous n'avez pas d'agrumes, vous n'avez pas d'élevage, vous n'avez pas de tourisme.
03:44 Ça veut dire que nous venons avec des solutions concrètes.
03:47 Nous avons les transports de marchandises les plus chers de France.
03:49 Nous venons là aussi avec des solutions pour l'essence.
03:53 Dans les quelques semaines, il va passer devant le Parlement une proposition de loi du RN
03:57 pour mettre à plat ce problème de monopole sur l'essence qui fait qu'en Corse,
04:00 avec une TVA à 13 au lieu de 20, on a l'essence plus chère que sur le continent.
04:04 Voilà, on vient avec des solutions concrètes.
04:06 Ce que vous avez pu connaître par le passé du RN, du FN,
04:10 le RN n'en est plus porteur.
04:11 - Alors lorsqu'on vous écoute, il y a des propositions,
04:16 mais on a un petit peu l'impression que vous avez du mal quand même à vous structurer.
04:20 Aujourd'hui, quand on parle du RN en Corse,
04:21 on a l'impression qu'il n'y a que vous et Nathalie Antoine.
04:24 - Je peux vous dire que moi, quand j'ai repris ce mouvement il y a quatre ans,
04:30 c'était une centaine de militants.
04:31 Et aujourd'hui, je pense qu'on ne va pas tarder à atteindre la barre des mille.
04:35 Mais ce n'est pas tellement en termes de militants,
04:37 c'est en termes d'adhésion sur la population.
04:40 Je peux dire que nous avons été les seuls durant cette campagne
04:43 à faire pratiquement sur 360 communes, 280 villages.
04:46 Ça veut dire que nous sommes passés partout.
04:48 Nous avons distribué quatre tracts, à chaque fois 80 000 exemplaires
04:51 où nous nous expliquons sur ce que nous voulons pour la Corse
04:53 et les solutions que nous voulons.
04:55 Quand on aborde le problème de l'autonomie,
04:56 nous, ce n'est pas l'autonomie en elle-même qui nous fait peur.
04:59 C'est la fin des garanties collectives en matière de santé, en matière d'éducation.
05:03 Ça veut dire que tout ça, quand on voit ce qui s'est passé en Nouvelle-Calédonie,
05:06 quand on voit ce qui se passe en Polynésie,
05:08 où 56 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté,
05:12 tout ça a de quoi nous inquiéter.
05:13 Donc, nous voulons avancer.
05:15 Nous voulons redonner une respiration démocratique dans les territoires.
05:18 Mais je pense que l'article 1 de la Constitution nous le permet,
05:21 puisqu'il rappelle que la France, elle est une et indivisible, mais décentralisée.
05:25 Donc, cette décentralisation, elle doit aller encore plus loin.
05:28 On doit ramener au plus près le pouvoir des gens,
05:30 à condition qu'on y mette les barrières.
05:32 Ça veut dire qu'il faut que les systèmes de régulation et de contrôle
05:37 fonctionnent enfin dans cette île,
05:38 que l'île ne soit pas ouverte à la mafia et aux affairistes.
05:41 - Alors, juste une dernière question.
05:42 Vous êtes contre le projet d'autonomie.
05:44 Pour vous, ce projet est flou.
05:45 Ce n'est pas la solution à tous les maux de la Corse.
05:47 C'est également Nathalie Anton qui le dit.
05:49 Vous n'avez pas l'impression que dans une Corse où les nationalistes ont fait 70 %
05:54 aux dernières territoriales,
05:56 vous n'avez pas pâti un petit peu de cette position finalement ?
06:01 - Contre le projet d'autonomie ?
06:02 - Après tout, je peux vous dire qu'en tournant dans les villages,
06:04 les gens sont conscients.
06:05 Et je vous rappelle que derrière les 70 % d'un second tour,
06:10 je vous rappelle que Marine Le Pen a fait 58 % à l'élection présidentielle.
06:14 Et que ces 58 %, on ne peut pas dire...
06:16 Quand 58 % des Corses votent Marine Le Pen,
06:19 ce sont des gens qui ne savent pas ce qu'ils font.
06:20 Et quand ils votent pour Gilles Simeone, ce sont des gens très intelligents.
06:24 Donc, la démocratie, c'est respecter les votes.
06:26 Le dernier vote qui a été fait sur la Corse, il est à 58 % pour l'ARN.
06:30 Et je vous prédis que nous serons largement en tête.
06:33 Et c'est un message en même temps républicain
06:36 d'une France décentralisée que les Corses veulent.
06:39 - Eh bien, réponse donc pour le scrutin des Européennes,
06:42 ce sera dimanche. Merci François Fillon.
06:46 - C'est moi qui vous remercie. Bonne journée à vos auditeurs.