L’avis de François Ruffin, député Picardie debout ! de la Somme à l’Assemblée nationale.
Il vient de sortir son livre : « Mal-travail: Le choix des élites », dans lequel il dresse un état des lieux de la souffrance au travail, un mal qu’il tient pour entretenu au profit de quelques grands actionnaires.
Il vient de sortir son livre : « Mal-travail: Le choix des élites », dans lequel il dresse un état des lieux de la souffrance au travail, un mal qu’il tient pour entretenu au profit de quelques grands actionnaires.
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00:00 Le plus grand des retourneurs de veste, c'est Emmanuel Macron.
00:02 Vous avez parlé d'unité nationale, mais est-ce que la gauche aujourd'hui est capable de cette unité nationale ?
00:07 Je dis ça parce que moi récemment j'ai lu ce livre de Michel Vinoque, « La gauche en France »,
00:11 et dedans il explique assez bien que le socialisme s'est fondé sur les préoccupations ouvrières,
00:18 et qu'au fur et à mesure des années, les ouvriers ne votant plus forcément pour diminuant,
00:22 la classe ouvrière diminuant, le socialisme s'est intéressé aux salariés.
00:26 Et aujourd'hui, à qui parle la gauche fondamentalement ? Parce qu'on voit que les salariés les plus précaires vont voter plus pour le RN,
00:34 les salariés moins précaires vont voter peut-être pour le parti présidentiel Renaissance.
00:37 À la présidentielle, chez les jeunes, la France insoumise fait le même score que le RN, quasiment.
00:43 À qui aujourd'hui la gauche parle et comment elle s'inscrit justement dans ce projet ?
00:47 Pour être juste, les salariés les plus précaires, ils ont voté à gauche.
00:51 C'est les salariés qui sont dans une espèce d'entre-deux qui peuvent davantage se tourner vers le RN.
00:58 Voilà. Bon. Mais c'est pas de l'ordre du détail, mais c'est la réalité des choses aujourd'hui.
01:06 Le problème de la gauche, c'est que pendant 40 ans, elle n'a pas été de gauche.
01:10 À partir du milieu des années 80, il y a eu un choix d'abandon des ouvriers en particulier.
01:17 Quand on met en place des politiques de libre-échange, quand on élargit l'Union européenne à l'Est,
01:23 que dans un coin comme le mien, qui était un coin industriel, qui demeure quand même en partie,
01:28 mais qu'on a des délocalisations en série, alors je te fais la liste un peu,
01:32 mais Magnetti-Marelli, Whirlpool, O'Neill, Goudieur, Whirlpool, il y avait eu Lave-Linge,
01:39 il y a eu le Sech-Linge, Paris-Yossèches-de-France, Abélia, et que dans cette masse-là,
01:44 ça part vers la Slovaquie, la Pologne et la Roumanie, ça veut dire que la gauche,
01:49 quand elle fait ça, elle détruit la branche sur laquelle elle est assise.
01:53 Elle détruit la classe ouvrière qui, fatalement, va aller chercher d'autres options,
01:59 d'autres solutions qui vont lui parler de protection.
02:01 Donc on a un souci aujourd'hui, c'est qu'on porte un héritage de 40 ans d'une gauche
02:06 qui n'a pas été de gauche, 40 ans d'une gauche qui a renoncé pour les gens qui votaient pour elle,
02:12 qui a détruit sa propre base.
02:14 Donc c'est un souci d'incarner ça auprès de gens qui ont pu en être dégoûtés.
02:22 Donc il y a un enjeu à ce niveau-là de retrouver un lien avec les classes populaires
02:26 qui aient une confiance qui se renoue, et ça ne se fait pas comme ça en claquant des doigts.
02:30 Et je ne dis pas que tout ça soit simple.
02:32 Donc je pense que la gauche, elle doit se réancrer dans les classes populaires,
02:36 elle doit se réancrer dans le monde du travail sans que ça soit exclusif.
02:42 Les quartiers populaires, elle doit leur parler, je dis la France des bourgs et la France des tours,
02:45 elle doit parler au mouvement féministe,
02:48 enfin il y a une conjonction de causes aujourd'hui qu'il s'agit de porter.
02:51 Mais ne pas oublier, moi c'est vrai que j'ai fondé mon journal en 99,
02:56 parce qu'on est dans un temps où, comme le reprochait Pierre Moreau à Lionel Jospin
03:03 dans sa campagne de 2002, on n'ose plus prononcer le mot ouvrier.
03:06 Ce n'est pas un gros mot.
03:07 Pourquoi ?
03:08 Pourquoi ? Parce qu'à l'époque c'était Asbine.
03:11 C'était du passé, c'était des passés, les usines ça puait et ça polluait.
03:15 Ce n'est pas des passés aujourd'hui les ouvriers.
03:16 Non, aujourd'hui je pense qu'il y a des grands changements, il y a un grand retour.
03:19 Il y a un retour de la question du travail, il y a un retour de la question ouvrière,
03:22 il y a un retour des classes populaires.
03:24 On ne vit plus le même temps.
03:26 L'industrie, le plus grand des retourneurs de l'Est c'est Emmanuel Macron,
03:32 qui en 2017 était élu sur le mot de "startup nation".
03:37 Nous sommes au début d'une nouvelle momentum.
03:41 Nous sommes au début d'une nouvelle vague.
03:45 Et c'est ici que l'on doit être,
03:47 pour investir,
03:49 pour travailler,
03:51 pour inventer,
03:53 pour lancer votre entreprise,
03:55 pour devenir un startup,
03:58 un ingénieur.
03:59 Je veux que la France soit une nation startup.
04:01 Le truc choumpéterien de la destruction créatrice.
04:04 S'il y a des vieilles usines qui ferment, tant mieux,
04:06 parce qu'au fond ça va se recréer en mieux ailleurs,
04:08 et c'est ça qui sera la création de valeur.
04:10 Voilà tout ce baratin que l'on a entendu pendant 40 ans,
04:14 et c'est l'homme qui vient te dire maintenant il faudrait industrialiser le pays.
04:17 Il faut retrouver la souveraineté.
04:18 Des mots qui lui étaient auparavant interdits.
04:20 Ce ne sont pour l'instant que des mots.
04:21 Mais enfin, dans le discours ça change, dans l'idéologie ça change.