• l’année dernière
Actualité politique, tensions avec la Russie, projet de loi sur la fin de vie, nos invités répondent aux question de Marie Brette et des journalistes de la presse régionale

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Bonjour, ravie de vous retrouver dans Extra Locale avec deux thématiques fortes et concernantes cette semaine,
00:06 la guerre en Ukraine et la fin de vie. On en parle avec deux invités, Alain Kless, l'ancien maire socialiste de Poitiers,
00:12 qui est l'auteur d'une loi qui porte son nom sur le sujet, ainsi qu'Arnaud Legal, député LFI du Val-d'Oise
00:19 et également spécialiste des questions internationales pour le groupe Insoumis à l'Assemblée Nationale.
00:24 Il est notre premier invité Extra Locale, c'est tout de suite.
00:26 [Musique]
00:42 Bonjour Arnaud Legal. Merci d'être avec nous.
00:45 Merci de votre invitation.
00:46 Nous sommes accueillis par trois journalistes de nos régions que je vais vous présenter tout de suite.
00:50 Cette semaine, nous avons le plaisir d'accueillir Luc Bourrian, rédacteur en chef à La Nouvelle République, diffusé en Nouvelle-Aquitaine et Centre Val-de-Loire.
00:58 Bonjour Marie, bonjour M. Legal.
01:00 Bonjour Luc.
01:01 Également un habitué, Jefferson Despore est avec nous, éditorialiste politique et défense au quotidien Sud-Ouest qui représente également la Nouvelle-Aquitaine.
01:10 Tout à fait. Bonjour Marie, bonjour Arnaud Legal.
01:12 Bonjour Jeff.
01:13 Et Arnaud Delomelle, de retour parmi nous, rédacteur en chef à Réel Média, un nouveau média 100% digital et 100% proximité.
01:20 Bonjour Marie, bonjour M. Legal.
01:22 Bonjour.
01:23 Voilà, les présentations sont faites.
01:25 Comme d'habitude ici, nous avons un petit questionnaire de Proust pour mieux vous connaître.
01:30 Et c'est Luc Bourrian qui va vous poser la première question de ce questionnaire de Proust.
01:34 Question politique, évidemment.
01:36 Si on enlève évidemment Jean-Luc Mélenchon, quel est votre personnage politique préféré ?
01:40 Vous pouvez invoquer des personnages de l'histoire.
01:42 Jaurès.
01:43 Jaurès.
01:44 Sans hésitation.
01:45 Sans hésité, ok.
01:46 C'est court, efficace.
01:48 C'est peut-être pas original mais c'est écrasant.
01:53 Il pensait toujours les choses à la fois avec une théorie puissante mais en les ancrant toujours dans la réalité,
01:59 notamment sur les questions internationales.
02:01 Et ça reste une référence.
02:04 Jefferson, deuxième question de questionnaire.
02:06 Peut-être plus difficile et peut-être plus vache mais est-ce que vous auriez un patron, un grand patron préféré, un capitaine d'industrie ?
02:12 On a vu Bernard Arnault être décoré ces jours-ci.
02:15 On a entendu Vincent Bolloré à l'Assemblée nationale être auditionné.
02:19 Dites-nous.
02:20 Elon Musk aussi à l'Élysée.
02:22 Non, je n'ai pas de grand patron préféré à l'heure actuelle parce que justement il y a eu une telle financiarisation du capitalisme
02:28 que souvent l'industrie est la vache à l'aide du capital avec évidemment la complicité de ces gens qui sont eux-mêmes des financiers.
02:34 Si je devais absolument choisir un grand patron, je reviendrais beaucoup en un temps plus ancien.
02:41 Les gens qui ont pu à une certaine époque mettre en œuvre la politique industrielle du général de Gaulle,
02:47 ce genre de grands personnages dont j'ai oublié les noms précis.
02:52 Mais là, il y avait un vrai projet auquel on pouvait ou pas adhérer mais il y avait des vrais investissements productifs,
02:59 une vision pour l'avenir.
03:01 C'est des gens qui n'étaient pas cupides, qui gagnaient très très bien leur vie mais ce n'étaient pas des multimilliardaires.
03:07 Moi, je n'ai pas d'admiration pour les grands patrons multimilliardaires actuels.
03:11 Après, il y a des patrons de PME qui sûrement tous les jours essayent de faire du mieux qu'ils peuvent.
03:19 Il y a un faux des patrons.
03:20 Ah ben oui, je n'ai pas dit le contraire.
03:22 Qui font face à une concurrence terrible, qui sont beaucoup moins bien traités par l'État que les multinationales.
03:30 Quelqu'un comme Armand Lux dans le département dont je suis originaire, par exemple,
03:36 a une certaine conception des méthodes de production.
03:40 Jean-Guy Lefeuque.
03:42 Et de l'égalité salariale ou en tout cas d'une modération salariale qui me plaît bien davantage que le modèle Bernard Arnault
03:49 qui à mon avis est un modèle mortifère pour notre économie
03:53 puisque ces jeunes ne réinvestissent pas dans l'appareil productif.
03:57 Il y a une partie de l'argent qui permet de créer des emplois, de créer de la richesse, de faire rayonner le pays.
04:02 L'industrie du luxe, c'est quand même ce qui porte aussi la place de l'économie française.
04:05 Allez Arnaud, vous avez la main pour la troisième question.
04:07 Troisième question, je voudrais savoir la loi qui vous inspire le plus.
04:11 L'abolition de l'esclavage ?
04:14 Mais il y en aurait tellement.
04:16 Par exemple la loi sur la laïcité ?
04:19 Ah oui, évidemment, la loi sur la laïcité de 1905 qui est très très mal comprise, soit dit en passant,
04:23 et qui par ailleurs, ça nous ramène à Jaurès puisque c'est Jaurès lui-même qui avait bien fait comprendre
04:28 que la loi sur la laïcité n'était pas une loi anti-religion, quelle qu'elle soit.
04:32 Lui-même n'était pas un anti-clérical et il avait lui-même, en faisant comprendre cela,
04:42 permis de faire adopter cette loi.
04:44 Il avait des gens qui confondaient laïcité et athéisme d'État
04:48 et qui voulaient par exemple interdire la soutane dans la rue.
04:51 Jaurès, ça réexplique, vous allez juste aller voir la guerre civile en fait.
04:54 Jaurès, avec une vraie radicalité concrète, c'est-à-dire qu'il avait un objectif précis,
05:00 la loi de 1905, la laïcité, en finir avec les inégalités religieuses
05:07 et en finir aussi avec l'existence d'une religion officielle.
05:14 Et c'est grâce à lui et à son esprit de compromis, sur lequel il n'a pas lâché sur l'essentiel,
05:19 qu'on a eu cette loi.
05:21 – Gabriel Attal en parle beaucoup aussi cette semaine.
05:23 Je vous propose de regarder ce sondage d'ailleurs.
05:26 Petite réaction, 8 Français sur 10 pensent que la laïcité est en danger.
05:30 – La laïcité est mise en danger d'abord par la droite.
05:34 – Et la loi sur l'interdiction du pourdessin religieux.
05:37 – Oui, mais typiquement, la laïcité, le problème c'est que tout un ensemble de gens en ont fait,
05:40 maintenant, la loi de 1905, ils en ont fait une loi anti-musulmans.
05:43 Ils n'ont rien compris.
05:45 Ils en ont fait un athéisme d'État qui en plus s'appliquerait particulièrement
05:48 à une religion en particulier.
05:50 Et c'est une dérive identitaire, un usage de la laïcité.
05:53 Je suis très impressionné de voir comment les gens…
05:56 – Vous parlez de la loi, par exemple, concrètement, de la loi de 2004,
05:58 dont en fait, effectivement, Marie le Féminin est 20 ans.
06:01 C'est une loi contre la religion musulmane ?
06:03 – Non, la loi de 2004 n'est pas spécifiquement contre la religion musulmane.
06:06 Depuis, il y a eu une dérive énorme.
06:09 Quand on a l'impression qu'une dame voilée dans la rue,
06:12 c'est déjà l'antichambre du terrorisme,
06:15 et ce serait l'effondrement de notre civilisation.
06:18 Et les gens, des gens d'extrême droite et de droite,
06:21 qui historiquement ont toujours eu un problème avec la laïcité,
06:24 maintenant, ils se prévalent de la loi de 1905.
06:27 C'est quand même, je veux dire, c'est pas eux qui l'ont fait adopter.
06:30 Eux, ils confondent. Ils s'appuient maintenant sur la laïcité
06:34 pour, en fait, cibler une religion en particulier.
06:37 Alors la laïcité, c'est très clair, c'est la liberté de croire ou de ne pas croire.
06:41 – Et pourtant, il y a des atteintes à la laïcité dans les collèges,
06:43 dans les lycées, tous les jours.
06:45 – Oui, de toutes les religions.
06:48 – Je ne sais pas ce que…
06:50 – Non, non, mais c'est…
06:51 – Les atteintes à la laïcité, aujourd'hui, sont mesurées, quantifiées, et sont…
06:54 – En tout cas, les Français s'inquiètent. 80%…
06:57 – Moi, je m'inquiète aussi d'un grand sujet au collège et dans les lycées,
06:59 c'est qu'il n'y a plus de professeurs.
07:02 – C'est-à-dire ?
07:03 – Non, mais c'est-à-dire que, par exemple, M. Attal, à la rentrée,
07:05 a lancé un grand débat, totalement inadapté de mon point de vue,
07:11 pour faire oublier qu'il n'avait pas assez de professeurs à la rentrée.
07:14 Moi, dans ma circonscription, une ville comme Gonesse,
07:17 il manquait 11 instituteurs. 11 ! Dans une ville de 25 000 habitants.
07:22 Les parents étaient complètement désemparés.
07:24 Vous avez vu la situation en Seine-Saint-Denis,
07:27 en Val-d'Oise, ça se mobilise moins pour des raisons de…
07:32 l'habitat est plus dispersé, etc.
07:33 Mais la situation est catastrophique également.
07:35 Donc c'est aussi ça, en fait.
07:36 C'est des écrans de fumée, de gens qui, toute la journée,
07:40 donnent l'impression que le principal problème de l'école,
07:42 c'est l'attente à la laïcité, pour faire oublier qu'en fait,
07:45 il n'y a plus assez d'enseignants, il n'y a plus assez de moyens,
07:48 il n'y a plus assez de… les conditions d'enseignement se dégradent,
07:51 à l'école publique, et c'est un vrai problème.
07:54 Par ailleurs, les indignations sur la laïcité,
07:56 ça peut les avoir à géométrie variable.
07:58 Je rappelle par exemple que l'éphémère ministre de l'Éducation nationale
08:02 a quand même aidé une école sous contrat
08:05 à ne pas respecter son contrat avec l'État.
08:08 Parce que je rappelle que même les écoles privées…
08:09 Elle pointait également de la pointéisme des…
08:11 enfin en tout cas, les postes non-vacants dans l'école publique.
08:15 On termine par ma question rituelle, votre région de prédilection,
08:18 on l'a entendu, vous l'avez dit, c'est peut-être la Bretagne ?
08:21 Bah écoutez, on…
08:22 Où vous y êtes né ? Carré-Pouclière ? Finistère ?
08:25 Oui, j'ai un rapport particulier à la Bretagne,
08:27 et notamment au Finistère, parce que je suis dans les campagnes rouges.
08:30 Parce qu'on a tout le monde l'image de la Bretagne comme un grand tout,
08:33 mais la Bretagne est une région très politique.
08:35 Moi j'ai grandi dans les campagnes rouges,
08:37 au sens où c'était très très républicain.
08:41 Il y avait des grandes figures montagnardes
08:43 qui se sont réfugiées là quand ça a commencé à mal tourner.
08:46 Premier grenadier de la République,
08:48 la tour d'Auvergne, décorée par Napoléon,
08:50 donc j'ai grandi au milieu de tout ça.
08:52 Et aussi, ça m'a beaucoup appris à comprendre le fonctionnement,
08:54 notamment des enjeux agricoles,
08:56 puisque j'ai grandi au milieu des agriculteurs.
08:58 On va en reparler.
09:00 Et dernière chose, j'ai un grand attachement à leur esprit de lutte,
09:02 notamment pour avoir défendu leur hôpital,
09:04 dans les conditions qu'on sait.
09:06 Oui, les bonnets rouges.
09:08 Et puis la catapulte, tout ça.
09:10 Oui, ok, rouge rouge.
09:12 Je vous propose d'avancer.
09:14 Je le disais également,
09:16 vous êtes un spécialiste des questions internationales,
09:19 dans le groupe Insoumis.
09:22 Les Russes sont en train de voter actuellement
09:25 pour l'élection présidentielle,
09:27 dont l'issue paraît certaine.
09:29 Tout cela alors que les forces russes,
09:31 elles progressent à l'est de l'Ukraine,
09:33 dans une situation extrêmement tendue.
09:36 Je vous propose la question cash dans ce cadre-là,
09:38 après le jingle.
09:40 Voilà, ça va être une question cash extra, extra locale.
09:50 Et c'est Luc Bourguienne qui va la porter.
09:52 Hier soir, le président de la République s'est exprimé,
09:54 à la suite de celui que Jean-Luc Mélenchon a tweeté.
09:57 Pensez-vous comme Jean-Luc Mélenchon,
09:59 qu'Emmanuel Macron prépare la guerre ?
10:01 J'ai tweeté moi-même,
10:03 confusion de mémoire,
10:05 confusion totale du discours.
10:07 Une seule chose est claire,
10:09 Macron redit qu'il est prêt à nous placer en situation de guerre.
10:13 Prépartir la guerre, question cash.
10:15 Non, il ne l'exclut pas.
10:17 Mélenchon dit qu'il ne prépare pas la paix.
10:19 D'accord avec ça.
10:20 Évidemment.
10:21 Donc il prépare la guerre.
10:23 Qu'on ne prépare pas la paix, on fait quoi ?
10:25 Il essaye d'installer une ambiance de guerre dans la population,
10:29 un esprit belliciste, un esprit de guerre.
10:32 C'est très dangereux,
10:34 un, pour des raisons de fond,
10:36 sur lesquelles on va peut-être revenir après,
10:38 c'est que jamais dans l'histoire,
10:40 jamais dans l'histoire,
10:42 même pendant la guerre froide,
10:44 et peut-être surtout pendant la guerre froide,
10:46 les forces conventionnelles françaises,
10:48 les Etats-Unis,
10:49 se sont retrouvées en situation de guerre directe
10:51 face aux forces conventionnelles d'une autre puissance nucléaire,
10:54 et en l'occurrence, à l'époque, l'Union soviétique,
10:56 et désormais la Russie.
10:57 Ce serait donc une première.
10:58 Il faudrait peut-être rappeler aux Français les enjeux là-dessus.
11:00 Ce n'est pas Arnaud Le Galle seulement qui parle.
11:02 C'est Jean-Pierre Chevènement qui a dit
11:04 que les propos de Macron étaient irresponsables.
11:06 C'est Dominique de Villepin qui dit
11:08 qu'il faut rétablir le principe de responsabilité,
11:10 ce qui, en gros, ça veut dire la même chose en plus poli,
11:13 qui sont pour le refus de toute forme d'escalade
11:16 face à une puissance nucléaire.
11:17 La question de la lui pardon Arnaud Le Galle,
11:19 c'est de dire qu'il ne faut pas poser des limites,
11:21 laisser penser qu'on pourrait tout accepter.
11:23 Est-ce que là, on rentre dans une expression
11:25 qu'on appelle l'ambiguïté stratégique,
11:27 où il faut soit en dire très peu,
11:30 soit en dire un peu tout le temps.
11:31 L'ambiguïté stratégique suppose d'en dire très peu,
11:33 surtout quand on dispose soi-même de forces
11:36 dont tout le monde est au courant.
11:38 Sur cette question des limites, Arnaud Le Galle,
11:41 est-ce qu'il faut laisser penser à la Russie
11:43 qu'on peut tout accepter ?
11:44 Il faut surtout savoir se taire.
11:46 Mais on est le seul pays européen
11:47 qui dispose aujourd'hui de la dissuasion nucléaire.
11:49 C'est peut-être aussi pour ça
11:50 que le président de la République
11:51 se permet de prendre cette position,
11:53 qu'on l'accepte ou qu'on ne l'accepte pas.
11:54 Mais c'est un moyen de faire son.
11:55 Il se permet, mais il a très tort,
11:56 et c'est très grave,
11:57 parce que la dissuasion nucléaire,
11:58 elle ne sert pas à ça.
11:59 La dissuasion nucléaire, la doctrine est très claire.
12:03 On ne peut s'en servir que si nos intérêts vitaux sont en jeu,
12:05 et si on a, entre autres, été victime d'une première.
12:07 Je rappelle quand même,
12:08 sans vouloir faire peur aux Français,
12:10 que l'arme nucléaire, c'est une arme posthume.
12:12 Ce n'est pas un jeu, c'est une arme posthume.
12:16 C'est pour ça qu'on évite toute forme d'escalade possible
12:20 avec une autre puissance dotée.
12:23 Et entre autres, on évite de se placer
12:26 en situation de conflictualité,
12:28 de guerre directe, conventionnelle,
12:31 même conventionnelle, face à une puissance dotée.
12:33 Quand les Français, des forces spéciales françaises,
12:36 se sont retrouvés en Syrie,
12:38 quand elles soutenaient les Kurdes face à Daesh,
12:40 et elles avaient raison de le faire,
12:42 potentiellement face à des Russes
12:45 qui eux-mêmes ne soutenaient pas Daesh,
12:47 mais qui étaient sur le terrain aussi,
12:48 parce que la Syrie, c'est un théâtre d'opérations très complexe.
12:51 Les fois où il y a eu des frappes
12:53 qui risquaient de toucher l'une ou l'autre,
12:55 on se prévenait en amont.
12:57 Il y avait une sorte de téléphone rouge,
12:59 ils ne l'ont pas appelé comme ça.
13:00 Ce n'est pas par hasard.
13:01 Si vous parlez de la Russie,
13:03 Jean-Luc Mélenchon a dit en 2016
13:04 que les Russes allaient régler le problème en Syrie.
13:07 Ce n'est pas exactement ce qu'il a dit,
13:10 c'est un extrait d'une interview,
13:12 c'est que par ailleurs, nous ce qu'on disait,
13:14 c'est qu'il faut sortir de la croyance
13:18 selon laquelle en armant des djihadistes, etc.,
13:20 contre Bachar el-Assad, on va régler le problème.
13:22 Après, si vous voulez, on parle de la Syrie plus longuement.
13:24 Je voudrais revenir sur la question des limites.
13:27 On ne doit pas parler comme ça.
13:29 Quand on dit qu'on n'a aucune limite,
13:31 aucune ligne rouge, comme l'a dit le président,
13:33 et que le lendemain, son ministre des Armées dit
13:36 qu'il n'y aura jamais de troupes au sol.
13:38 Il a dit "troupe combattante".
13:40 Troupe au sol, en langage politico-militaire,
13:42 ça veut dire "troupe combattante".
13:44 Ça ne veut pas dire autre chose.
13:45 Et les militaires l'ont compris comme ça.
13:46 Et d'ailleurs, nos alliés l'ont compris comme ça aussi,
13:48 les alliés de la France, qui se sont tous désolidarisés
13:50 les uns après les autres de la déclaration du président de la République.
13:53 Il a isolé la France.
13:54 Et du coup, là, il en fait des tonnes
13:56 pour faire oublier son erreur initiale,
13:58 qui est que si on veut y tenir une ambiguïté stratégique,
14:02 on parle moins.
14:03 Ce n'est pas compatible avec l'agitation verbale
14:05 qui caractérise malheureusement le président
14:07 trop souvent sur ces sujets,
14:08 y compris quand il a encore parlé de la dissuasion nucléaire
14:10 en des termes inappropriés,
14:12 en proposant d'élargir à l'échelle européenne
14:14 quand il en a parlé le 5 février.
14:16 Mais, encore une fois,
14:18 si on veut maintenir une ambiguïté stratégique,
14:20 on reste plus flou.
14:22 Là, il a été très, très loin d'un côté
14:24 ou très, très loin de l'autre.
14:26 Et ça ne peut pas fonctionner comme ça.
14:29 Parce que c'est incompatible.
14:31 Si vous dites "on n'a aucune limite"
14:33 et que le lendemain, votre ministre de la Défense
14:35 dit "on n'en verra pas de troupe au sol",
14:37 oui, mais c'est grave, il est le chef des armées.
14:39 Donc quel serait le bon message ?
14:41 Le bon message ?
14:42 Si vous aviez les manettes...
14:44 Dans le logis...
14:45 Avec Jean-Luc Mélenchon,
14:46 quelles seraient vos prises de décision immédiates ?
14:49 Alors déjà, nous,
14:51 on rappellerait que nos prises de décision immédiates...
14:54 Non, mais c'est important.
14:55 Je vous renvoie...
14:56 On va rappeler que vous avez voté contre le plan...
14:58 On n'a pas voté contre le plan.
15:00 Si vous écoutez bien mon discours...
15:01 Si vous écoutez bien mon discours à l'Assemblée nationale,
15:03 je dis que ce débat est un simulacre.
15:05 Je dis que le plan, il est déjà signé le 16 février,
15:08 qu'il n'y a même pas besoin de le ratifier.
15:10 Soit dit en passant, c'est un acte...
15:12 Vous avez voté contre la France insoumise ?
15:14 On a voté contre un chèque en blanc.
15:16 Merci.
15:17 On a voté contre un chèque en blanc.
15:19 Le débat, il n'a pas été annoncé après la signature du plan,
15:22 le 16 février, il a été annoncé après les déclarations de Macron,
15:25 le 26 février.
15:26 Et les déclarations de Macron, le 26 février,
15:28 nous emmenaient dans une autre dimension,
15:30 qui n'avait plus rien à voir avec le plan,
15:32 avec l'accord de sécurité entre la France et l'Ukraine.
15:35 On peut parfaitement continuer à aider l'Ukraine,
15:38 telle qu'on l'aide depuis deux ans,
15:40 sans accord de quoi que ce soit.
15:41 Et je voudrais même signaler que c'est la première fois
15:43 qu'on signe un accord avec un pays déjà en guerre,
15:45 et que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle
15:47 le gouvernement, tout hypocrite qu'il est,
15:49 oublie de le préciser,
15:50 cet accord n'est même pas contraignant.
15:52 C'est une feuille de papier,
15:54 et donc, une fois de plus,
15:56 on ne sait même plus dans quelle direction ça va.
15:58 Donc c'est un piège, vous ne parlez pas de simulacres,
16:00 quand on vous écoute, le président vous emmenait
16:02 dans une stratégie pour vous obliger à vous dévoiler ?
16:04 Non, on n'a rien dévoilé du tout.
16:06 On a dit qu'on ne soutenait pas
16:08 les propos du président de la République,
16:10 qui est chef des armées,
16:12 qui, dans la Ve République, a la possibilité,
16:14 s'il le souhaite, d'engager la France en guerre
16:16 pendant quatre mois sans vote.
16:18 C'est unique dans les démocraties libérales.
16:20 Donc, de notre point de vue,
16:22 il peut vous passer tout ce qu'on veut à l'Assemblée,
16:24 M. Attal peut dire tout ce qu'il veut,
16:26 il peut nous parler d'un plan d'aide à l'Ukraine,
16:30 qui, de toute façon, avait été signé
16:32 sans qu'on nous demande notre avis en amont.
16:34 Ce qui écrase ce débat,
16:36 c'est les propos du président de la République,
16:38 chef des armées.
16:40 Ce n'est pas autre chose.
16:42 Et tout le monde l'a compris comme ça,
16:44 sinon, il n'y aurait pas eu plusieurs tribunes
16:46 d'anciens ministres de la Défense,
16:48 et nos alliés ne se seraient pas désolidarisés.
16:50 Si la Russie gagne,
16:52 c'est quand même des propos qui sont revenus
16:54 et commentés,
16:56 et il n'est pas le seul à les employer,
16:58 le président de la République, on les a entendus aussi
17:00 au Tratlantique. Si la Russie gagne,
17:02 qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce que vous proposez,
17:04 vous et LFI ?
17:06 Déjà, excusez-moi,
17:08 mais avant de savoir si la Russie gagne ou pas…
17:10 En l'occurrence, ils sont en position de force, là.
17:12 Oui, alors, le front ne bouge pas beaucoup,
17:14 ces derniers temps.
17:16 Je vous ai entendu dire tout à l'heure
17:18 que le front est figé.
17:20 L'Ukraine a raté sa contre-offensive,
17:22 les Russes ont repris un petit bout,
17:24 mais…
17:26 Ce serait quand même un problème que la Russie gagne.
17:28 Ce serait quand même un problème que la Russie gagne.
17:30 Ce qui serait surtout un problème, c'est qu'il y ait
17:32 un enchaînement vers une guerre généralisée
17:34 aux portes du continent.
17:36 Ce serait d'abord un problème qu'il y ait
17:38 une guerre généralisée aux portes du continent.
17:40 Nous, nous avons, dès le départ, dénoncé
17:42 l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
17:44 Je suis moi-même allé personnellement chercher
17:46 à l'aéroport, après les avoir aidés discrètement,
17:48 et avec l'aide de l'Élysée, je tiens à le rappeler,
17:50 parce que parfois on s'est travaillé ensemble
17:52 des opposants russes à la guerre qui étaient poursuivis
17:54 par les services russes. Donc je sais parfaitement
17:56 de quoi ils retournent. En revanche,
17:58 c'est quoi derrière ? Si la Russie gagne, quoi ?
18:00 Donc ça veut dire quoi ?
18:02 On va avoir l'armée française, on prend le risque…
18:04 Non mais je vous le dis, moi…
18:06 - On vous entend tellement critiquer
18:08 la position du gouvernement qu'on vous demande quand même…
18:10 - Quelle est la vôtre ?
18:12 - Est-ce que vous aussi vous craignez
18:14 les menaces de désinformation
18:16 que font peser les forces russes
18:18 sur l'Europe occidentale ?
18:20 - Ou est-ce que c'est une lubie aussi de l'Élysée ?
18:22 - C'est une chose très différente. J'aimerais bien qu'on parle
18:24 de cyberdéfense après, s'il vous plaît,
18:26 parce que nous on avait beaucoup de plans là-dessus.
18:28 Je reviens sur… Oui, mais attends.
18:30 Là, vous tombez dans le piège classique
18:32 qui est de faire comme si tout était
18:34 de la même nature. J'aimerais beaucoup
18:36 qu'on parle de la désinformation russe,
18:38 je vais vous en parler, et de ce qu'on propose contre.
18:40 Le problème, c'est que dans l'ambiance actuelle,
18:42 on a l'impression que cyberdéfense et guerre nucléaire,
18:44 c'est la même chose. Nous, je redis que
18:46 1) nous sommes totalement contre l'envoi,
18:48 l'idée même, la possibilité même,
18:50 parce que ça nous met dans une escalade.
18:52 Donc, ça veut dire qu'il faut faire quoi ?
18:54 Parce que, comme dans un monde binaire,
18:56 qui est le nôtre désormais, ça voudrait donc dire
18:58 "Ah, on veut laisser la Russie gagner". Non.
19:00 On retisse le fil,
19:02 y compris de ce que M. Macron lui-même
19:04 disait en décembre 2022,
19:06 il faudra trouver un accord
19:08 sur un accord de sécurité durable
19:10 dans la région, en partant
19:12 de l'intégrité des frontières,
19:14 des principes du droit international.
19:16 Il est incapable de régler les litiges de frontières
19:18 par la force.
19:20 C'est inacceptable de les régler par des invasions.
19:22 Donc, oui, nous sommes pour relancer,
19:24 parce que la diplomatie,
19:26 c'est pas autre chose.
19:28 - Donc, relancer le dialogue avec Moscou.
19:30 - Les postures morales
19:32 qui caractérisent depuis trop longtemps
19:34 notre action internationale sont le contraire
19:36 de la diplomatie. La diplomatie, c'est d'abord
19:38 parler avec ceux qui ne sont pas nos amis,
19:40 voire ceux qui sont carrément nos adversaires,
19:42 - Si les adversaires ne veulent pas entendre,
19:44 ou en tout cas, si les partenaires en face
19:46 ne veulent pas entendre... - Oui, mais ce qui serait bien,
19:48 c'est que M. Macron dise la même chose
19:50 en public qu'en privé, ou en tout cas,
19:52 quand il rencontre les chefs de parti,
19:54 parce qu'il a été le premier à dire
19:56 qu'il y avait des demandes de cesser le feu.
19:58 Et il a été le premier à dire que l'Ukraine,
20:00 le Parlement ukrainien, était prêt à négocier
20:02 aussi sur un certain nombre de choses.
20:04 Parce que là, ce qui est en train de se passer,
20:06 c'est que c'est l'épuisement général
20:08 et la montée en puissance militaire,
20:10 la volonté de croire qu'il y a une issue militaire
20:14 acceptable à ce conflit,
20:16 c'est être prêt à la généralisation du conflit
20:18 sur le territoire de l'Ukraine,
20:20 qui sera la première à être encore plus ravagée
20:22 qu'elle ne l'est déjà.
20:24 On pourra parler des conditions de reconstruction.
20:26 - On n'a pas beaucoup de temps.
20:28 Comment faire pour aider l'Ukraine,
20:30 sachant que vous êtes contre une adhésion
20:32 de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne ?
20:34 - Tout à fait. Nous, pour l'aide de l'Ukraine,
20:36 on a toujours dit, dès le départ,
20:38 avec les livraisons d'armement, s'il y a une stratégie claire.
20:40 - C'est suffisant ?
20:42 - Pour peu que ça n'affaiblisse pas les capacités
20:44 de l'armée française, parce qu'il faudrait quand même aussi...
20:46 Ils fixent la barre...
20:48 Alors, vous devriez savoir si on est dans un débat...
20:50 Je ne parle pas ici sur le plateau, mais en France,
20:52 en général, si on est dans un débat concret
20:54 ou si on est dans des postures. Parce que les mêmes
20:56 qui fixent la barre très très haut, vous allez voir
20:58 ce que vous allez voir, si la Russie gagne, etc.,
21:00 ce sont les mêmes qui nous ont mis en situation
21:02 de devoir importer de la poudre depuis l'Australie.
21:04 On ne produit plus, on n'a pas de masse critique.
21:06 Et ça, pour revenir à votre première question,
21:08 quand on a comme star LVMH
21:10 et qu'on ne s'intéresse pas
21:12 à nos propres capacités industrie stratégiques,
21:14 qu'on les laisse même, parfois, partir...
21:16 Je ne vais pas faire la liste...
21:18 - Là, vous avez une usine de poudre
21:20 qui revient à Largerac.
21:22 - Oui, elle revient. Elle sera prête au mieux en 2025.
21:24 Pourquoi on l'a enlevée ?
21:26 - Elle produisait en Suède.
21:28 - Pourquoi on l'a enlevée ?
21:30 - Ce qui produisait en Suède.
21:32 - Mais pourquoi ?
21:34 - Vous avez crédit augmenté, comme jamais,
21:36 sur l'armée, après des années de baisse.
21:38 Vous en faites crédit à ce gouvernement
21:40 et à aucun canin précédent.
21:42 - Nous, nous avons dit que nous étions pour
21:44 l'augmentation des capacités de défense,
21:46 mais qu'on n'était pas d'accord avec la doctrine.
21:48 Et la LNPM s'inscrit dans une doctrine.
21:50 Par ailleurs, je note aussi qu'au moment
21:52 où on bombe le torse,
21:54 c'est au moment aussi où on baisse
21:56 beaucoup de moyens de la diplomatie.
21:58 Parce que je ne voudrais pas qu'on dise
22:00 qu'on ne propose rien.
22:02 - Quand il s'est agi de négo...
22:04 Nous, on avait fait deux propositions.
22:06 La première, c'était sur la centrale nucléaire
22:08 de Zaporizhia. Ça concernait tout le monde
22:10 quand les combats étaient autour.
22:12 M. Mélenchon, en 2022, avait fait la proposition
22:14 que l'ONU prenne en charge le dossier.
22:16 Tout le monde a rigolé.
22:18 Six mois plus tard, l'Agence internationale
22:20 de l'énergie atomique prenait en charge
22:22 le dossier avec de l'expertise française.
22:24 Et maintenant, la question se pose à nouveau
22:26 parce que la centrale, elle est sous cloche
22:28 et elle ne pourra pas rester sous cloche éternellement.
22:30 - C'est une question de l'importation du blé ukrainien.
22:32 C'est une question de sécurité alimentaire
22:34 pour l'Afrique, etc.
22:36 C'est qui qui s'y est mis ?
22:38 Ce n'est pas la France qui a aidé,
22:40 c'est la Turquie.
22:42 Et je dis ça pourquoi ?
22:44 Au même moment où on fait des rhodomontages...
22:46 - C'est sur la situation géographique
22:48 que la Turquie a aidé.
22:50 - Non, c'est un choix diplomatique.
22:52 Et je note au passage qu'au moment
22:54 où M. Macron bombe le torse, etc.,
22:56 il réduit les moyens de notre influence
22:58 et la Turquie nous est passée devant
23:00 sur le nombre de postes diplomatiques dans le monde.
23:02 Ce sont des choses très graves parce que ça nous met hors jeu
23:04 pour être dans des processus de médiation.
23:06 - Alors, pour conclure cette partie,
23:08 on va s'adresser
23:10 à la presse quotidienne régionale.
23:12 Je vous propose trois "une"
23:14 qui n'ont rien à voir avec le conflit en Ukraine.
23:16 La "une" de Sud-Ouest sur les inondations
23:18 parce que ça a été une semaine
23:20 très inondée de part et d'autre.
23:22 - Sans transition.
23:24 - Sans transition, je suis désolée.
23:26 Difficile d'en trouver une.
23:28 Les inondations en vue du ciel,
23:30 ça c'est Sud-Ouest,
23:32 la "une" de Sud-Ouest, la "une" de la Nouvelle République,
23:34 le cri de détresse jusqu'à l'Elysée,
23:36 c'est le cri de détresse des agriculteurs.
23:38 Elle a une petite transition à voir avec,
23:40 effectivement, le blé ukrainien,
23:42 les agriculteurs, ces conditions-là.
23:44 Et 20 minutes, l'ultra-droite qui souffle sur la braise.
23:46 Est-ce qu'il y a rapidement
23:48 une "une" sur laquelle vous souhaiteriez réagir ?
23:50 - Sur l'ultra-droite ?
23:52 - Sur l'ultra-droite ?
23:54 - Pas spécifique à la Bretagne.
23:56 - Eh oui.
23:58 - Mais on a en Bretagne,
24:00 entre autres, qui a une grande tradition d'accueil,
24:02 qui est une région qui est historiquement
24:04 assez hermétique à l'extrême-droite,
24:06 à part des tout petits groupes radicalisés,
24:08 mais qui électoralement
24:10 était une région relativement hermétique
24:12 à l'extrême-droite.
24:14 On a typiquement les méthodes classiques
24:16 des réseaux d'extrême-droite,
24:18 Zemmouriste ou Le Peniste.
24:20 Ils arrivent depuis l'extérieur,
24:22 ils viennent créer un problème et ils font croire
24:24 que c'est la population locale qui le demande.
24:26 Typiquement, c'est ce qu'ils ont fait
24:28 sur le projet d'accueil de réfugiés
24:30 à Calac, en centre-Bretagne.
24:32 C'est pas la population locale qui s'est mobilisée.
24:34 C'est quelques ultra...
24:36 Enfin, quelques quasi-néo-nazis,
24:38 assumés comme tels,
24:40 qui ont politisé
24:42 la chose à leur manière.
24:44 - Il arrive aussi qu'il y ait des réticences locales.
24:46 - Qu'il y ait des réticences, ça peut arriver
24:48 et qu'il puisse y avoir du débat.
24:50 C'est la même chose que le discours
24:52 sur le grand remplacement,
24:54 le discours néofasciste,
24:56 soyons très clairs,
24:58 qui a pu émerger à cet endroit-là,
25:00 à cette occasion.
25:02 Je rappelle par ailleurs que,
25:04 en Bretagne comme ailleurs,
25:06 l'ultra-droite est extrêmement dangereuse.
25:08 Je le dis parce que
25:10 ça, c'est pareil, c'est le...
25:12 On l'entend pas assez.
25:14 - Mais à l'heure actuelle ?
25:16 - Il y a énormément de groupes
25:18 d'ultra-droite qui sont armés,
25:20 qui représentent des menaces sévères.
25:22 Il ne se passe pas une semaine sans que la DGSI en parle.
25:24 Et à l'Assemblée,
25:26 il y a quelques années, l'ancien directeur de la DGSI
25:28 l'avait bien dit, la première menace
25:30 en France d'action violente
25:32 terroriste, c'est l'ultra-droite.
25:34 - On terminera là-dessus.
25:36 Merci beaucoup, Arnaud Le Gall.
25:38 - Merci à vous. - Pour ces réponses, ces éclairages.
25:40 Avant de passer à notre deuxième thématique
25:42 et à notre deuxième invité,
25:44 on va évoquer la fin de vie
25:46 dont on a beaucoup parlé cette semaine.
25:48 Je vous propose ce territoire hebdo
25:50 qui revient sur les inondations, sur les crues.
25:52 Territoire hebdo submergé,
25:54 signé Roselyne Pagès.
25:56 - Intempéries,
26:02 champs inondés, grandes marées
26:04 et fleuves qui débordent,
26:06 une bonne partie de la France subit les assauts
26:08 pluviométriques du mois de mars.
26:10 - C'est quand même extraordinaire,
26:12 c'est quand même un truc qu'on voit que tous les 10 ans, à peu près.
26:14 - À Libourne,
26:16 la Dordogne est sortie de son lit.
26:18 Placée en vigilance orange crue,
26:20 la Gironde ne comptait plus
26:22 les quais submergés cette semaine.
26:24 Comme ici à Bordeaux,
26:26 les pieds dans l'eau et ces quartiers
26:28 engloutis par la Garonne.
26:30 - Il va y avoir un gros travail d'enlèvement
26:32 des gros déchets qui vont apparaître,
26:34 de balayage et de nettoyage
26:36 au Karcher et à l'eau
26:38 pour tout ce qui est boue qui va être transporté
26:40 par l'eau, en fait.
26:42 - C'est un retour
26:44 historique sur la Côte Picarde,
26:46 le phénomène des grandes marées.
26:48 Un événement qui ne décourage pas
26:50 les badauds.
26:52 - On est venus pour la semaine et c'est tombé
26:54 en même temps que les grandes marées,
26:56 donc oui, c'est formidable.
26:58 - Pour les plus téméraires, la baignade
27:00 est même revigorante.
27:02 - C'était super aujourd'hui.
27:04 Pas trop de vagues, parce que les grosses vagues,
27:06 c'est crevant. Un vrai moment de joie dans l'eau.
27:08 - Mais le plaisir peut s'avérer mortel.
27:10 Un coefficient de marée
27:12 qui culmine à 116 sur le littoral,
27:14 de quoi mettre les bénévoles
27:16 de la SNSM sur le qui-vive.
27:18 - Il y a de forts courants
27:20 et avec les bancs de sable,
27:22 ça fait des tourbillons,
27:24 on a envie d'embarquer.
27:26 - Mieux vaut donc se renseigner et rentrer
27:28 au moins 3h30 avant la pleine mer
27:30 ou composer le 196
27:32 pour toute urgence.
27:34 Un champ de désolation.
27:38 - En sorgé d'eau, les terres de ce maraîcher bio
27:40 du Finistère ont asphyxié
27:42 ses choux-fleurs et ses carottes.
27:44 - On a vraiment eu une cuvette ici
27:46 avec une marre d'eau, il y avait 20 cm d'eau
27:48 à certains moments après des grosses nuits
27:50 ou des journées de pluviométrie importante.
27:52 - La boue en a invité un désirable.
27:54 Le coup de grâce pour les agriculteurs bretons,
27:56 déjà éprouvés par la tempête
27:58 qui arane,
28:00 est contraint de décaler les dates de plantation.
28:02 - Je dois semer de l'orge de printemps.
28:04 Normalement, c'est fin février,
28:06 mi-mars. Là, c'est pas possible.
28:08 On va devoir attendre encore quelques jours,
28:10 quelques semaines, en attendant la fenêtre météo
28:12 pour pouvoir le faire.
28:14 - Leur colère n'en finit pas non plus
28:18 de déborder.
28:20 A Bordeaux, devant l'hôtel de région,
28:22 ce tracteur a tenté de forcer
28:24 le barrage policier.
28:26 Réplique immédiate des forces de l'ordre.
28:28 - Arrêtez !
28:34 - Une manifestation sous tension
28:36 des agriculteurs, venus de toute la Nouvelle-Aquitaine,
28:38 à l'appel de la coordination rurale.
28:40 Ils ont ensuite investi
28:42 la séance plénière
28:44 pour faire entendre leur voix.
28:46 A l'origine de la contestation,
28:48 la politique agricole mise en place
28:50 par la région.
28:52 - Je veux être avec tous les élus.
28:54 Que ce qu'on a à dire soit entendu par tous les élus
28:56 et pas que les représentants.
28:58 - On va faire une plénière dédiée
29:00 à l'agriculture,
29:02 pour voir, parce qu'il y a une méconnaissance
29:04 des actions qui sont faites au niveau de la région.
29:06 - Trop de contraintes environnementales.
29:08 C'est honteux.
29:10 - Les affrontements se sont poursuivis
29:12 toute la journée dans le centre-ville.
29:14 Un CRS a été blessé.
29:16 - Entre-temps, Alain Claes nous a rejoint.
29:24 Bonjour Alain Claes. - Bonjour.
29:26 - Ancien maire socialiste de Poitiers,
29:28 porteur de la loi Claes Léonetti,
29:30 et journaliste de la Fin de Vie dont nous allons parler
29:32 dans cette deuxième partie.
29:34 Vous êtes également membre du comité consultatif national d'éthique.
29:36 - Et rapporteur.
29:38 - Je vous présente les trois journalistes
29:40 qui vont vous interroger cette semaine.
29:42 Et chacun d'eux va vous poser
29:44 une petite question du questionnaire de Proust
29:46 pour mieux vous connaître.
29:48 Luc Bourriane, qu'on a présenté tout à l'heure,
29:50 représente la Nouvelle République.
29:52 Il a une petite question pour vous.
29:54 - Oui, c'est une question rituelle, monsieur Claes.
29:56 Quelle est la personnalité politique
29:58 de la Vème République ?
30:00 Pas d'interme.
30:04 - Jefferson, deuxième question du questionnaire noble.
30:06 - Alain Claes, comme on va parler de Fin de Vie,
30:08 vous avez un rapport à côté de vous.
30:10 Juste une question peut-être un peu plus légère et décalée.
30:12 Est-ce qu'il y a un livre qui vous a plu récemment ?
30:14 - J'ai relu Swaig.
30:16 Et en particulier
30:18 les livres qu'il a écrits sur l'Europe.
30:20 - Stéphane Swaig.
30:22 - Mais sujet d'actualité avec les européennes.
30:24 - Ce livre est d'actualité.
30:26 - À relire donc.
30:28 - Lequel de Stéphane Swaig ?
30:30 - L'Europe.
30:32 - Arnaud Delhomme.
30:34 - Dernière question.
30:36 Votre nom est associé à une loi
30:38 que l'on connaît presque tous,
30:40 la loi Claes-Leonetti.
30:42 Une autre loi qui vous a marqué profondément ?
30:44 - Ça va être pas hors de règle ça,
30:48 parce que je vais vous répondre. La peine de mort.
30:50 - L'abolition de la peine de mort.
30:52 - C'est cohérent avec votre première réponse.
30:54 Robert Bannater.
30:56 - J'ai beaucoup parlé avec Robert Bannater
30:58 sur le sujet de la fin de vie.
31:00 - On revient sur la fin de vie.
31:04 Mais juste avant,
31:06 je termine quand même par mon petit questionnaire.
31:08 Votre région de prédilection,
31:10 bon, ça semble assez logique,
31:12 vous êtes Poitvin.
31:14 - Oui, né à Poitiers, élu à Poitiers.
31:16 - Nouvelle-Aquitaine ?
31:18 La grande Nouvelle-Aquitaine ?
31:20 - Ou le petit Poitou-Charente.
31:22 - C'était Poitou-Charente,
31:24 et il y avait le débat entre le centre,
31:26 la région centre et la région bordelaise.
31:28 Historiquement,
31:30 Poitiers avait plus de relations avec le centre,
31:32 que ce soit en matière universitaire
31:34 ou CHU,
31:36 qu'avec la Nouvelle-Aquitaine.
31:38 Mais ça se passe bien.
31:40 - Très bien. Allez, on évoque la fin de vie,
31:42 ou plutôt l'aide à mourir.
31:44 Vous savez qu'il y a une question cash ici,
31:48 dans cette émission extra-locale.
31:50 Exceptionnellement,
31:52 en général ce sont les journalistes en plateau
31:54 qui vous la posent,
31:56 exceptionnellement c'est une personne hors du plateau
31:58 qui va vous la poser,
32:00 personne que vous connaissez particulièrement,
32:02 c'est une surprise.
32:04 Il s'agit de Jean Léonetti,
32:06 qui a une question cash pour vous,
32:08 et avec laquelle vous allez pouvoir échanger
32:10 est-ce que Jean Léonetti nous entend ?
32:12 C'est vous qui avez co-signé,
32:14 avec Alain Cley, la première loi,
32:16 la deuxième loi,
32:18 sur la fin de vie de 2016,
32:20 qui porte vos deux noms.
32:22 Vous voyez, Jean Léonetti,
32:24 maire d'Antibes.
32:26 Quelle serait la question cash
32:28 à poser Alain Cley,
32:30 sur ce sujet ?
32:32 - Bonjour Jean.
32:34 - Bonjour Alain.
32:36 D'abord, pardon de ne pas être très cash,
32:38 mais d'être sincère,
32:40 je suis très heureux de te revoir.
32:42 - Moi aussi.
32:44 - Parce que la période que nous avons passée
32:46 à l'inclin, c'est moi-même,
32:48 on n'est pas du même bord
32:50 de l'hémicycle.
32:52 On a respecté nos différences
32:54 et on a convergé,
32:56 on va dire en dépassement,
32:58 pour rester dans ce que dit
33:00 généralement le président de la République,
33:02 sur un texte de loi qui a été voté
33:04 à l'unanimité.
33:06 Je me souviens d'un moment un peu émouvant,
33:08 où tous les deux, nous allions voir
33:10 le président de la République,
33:12 François Hollande,
33:14 et le Premier ministre,
33:16 et on leur a remis ce texte.
33:18 Et au moment où on leur a remis,
33:20 on avait fait un préambule tous les deux,
33:22 dans lequel on disait
33:24 "Aucune loi n'a d'intérêt
33:26 s'il n'y a pas un développement
33:28 des soins palliatifs".
33:30 Et donc,
33:32 s'il y a une question cash, mais pas piège,
33:34 la question que je te poserai,
33:36 c'est "Est-ce que tu es toujours
33:38 dans cette idée que
33:40 plutôt que des lois, il faudrait
33:42 au préalable, ou de manière parallèle,
33:44 développer intensément
33:46 les soins palliatifs dans notre pays ?
33:48 - Tu as tout à fait raison.
33:50 Tu as tout à fait raison,
33:52 et je pense que
33:54 la prochaine loi,
33:56 ça sera un enjeu.
33:58 Et nous l'avons développée ensemble
34:00 en 2016.
34:02 Je dis aux journalistes qui sont là,
34:04 la loi des soins palliatifs,
34:06 et je parle sur le contrôle de gens,
34:08 date de 1999.
34:10 Aujourd'hui,
34:12 il reste encore
34:14 20 départements,
34:16 - 25 même, je crois.
34:18 - 21.
34:20 - Une vingtaine de départements
34:22 qui n'ont pas encore
34:24 d'unité de soins palliatifs.
34:26 Donc c'est une priorité,
34:28 pas une priorité uniquement financière,
34:30 c'est une priorité en termes
34:32 de formation des médecins,
34:34 une priorité en termes de formation
34:36 en continu, une priorité
34:38 en termes de recherche,
34:40 et une priorité
34:42 de la place des soins palliatifs
34:44 dans l'organisation de l'hôpital.
34:46 Car pour celles et ceux
34:48 qui nous écoutent, qui nous regardent ce soir,
34:50 le soin palliatif
34:52 c'est bien souvent assimilé
34:54 au dix derniers jours.
34:56 Tout l'enjeu aujourd'hui,
34:58 et c'était ce que nous disions en 2016,
35:00 c'est que les soins
35:02 palliatifs
35:04 puissent être dans un continuum.
35:06 Je veux dire par là que lorsqu'un diagnostic
35:08 est posé, d'un cancer par exemple,
35:10 que dès ce moment-là,
35:12 parallèlement au traitement
35:14 curatif, il puisse y avoir
35:16 des soins d'accompagnement,
35:18 des soins palliatifs. Et je crois que c'est
35:20 le pari que nous devons faire.
35:22 C'est une question de budget.
35:24 Aujourd'hui, le budget, je parle
35:26 sur le contrôle de gens, 1,7 milliard.
35:28 Le projet
35:30 du gouvernement
35:32 aujourd'hui c'est de rajouter 1 milliard.
35:34 - 10% d'augmentation.
35:36 - Mais j'y insiste,
35:38 ce n'est pas qu'une question de moyens.
35:40 Il faut convaincre aussi, en particulier,
35:42 la conférence des doyens.
35:44 Vous savez qu'il n'y avait pas
35:46 de PUPH jusqu'à présent
35:48 en soins palliatifs. Je crois
35:50 qu'il y a récemment une nomination
35:52 qui a eu lieu à Grenoble.
35:54 - Est-ce que ça va dans le bon sens ?
35:56 - Pardon, excusez-moi.
35:58 - Est-ce que ça va dans le bon sens ce milliard supplémentaire ?
36:00 - Oui, mais je crois que
36:02 Jean a raison.
36:04 La culture palliative
36:06 en France,
36:08 au CHU de Poitiers, il y a
36:10 un centre qui fonctionne parfaitement
36:12 bien, mais est à développer
36:14 très fortement.
36:16 Je crois qu'aujourd'hui, développer
36:18 à l'hôpital, développer
36:20 dans les structures médico-sociales,
36:22 mais développer aussi
36:24 à domicile. - Un chiffre en passant,
36:26 moins de 2% des pratifiants hospitaliers
36:28 disposent d'une compétence et d'une expérience
36:30 de soins palliatifs. Ça rejoint... - Tout à fait.
36:32 Et souvent, quand on regarde,
36:34 mais Jean est médecin, il le sait mieux que moi,
36:36 quand on regarde un peu
36:38 la carte des soins palliatifs,
36:40 ce sont souvent des généralistes
36:42 qui se spécialisent
36:44 dans les soins palliatifs.
36:46 - Est-ce que c'est pas dommage, comme vous parlez
36:48 justement des soins palliatifs et d'accompagnement,
36:50 c'est la nouvelle terminologie,
36:52 n'est-ce pas dommage
36:54 d'avoir encore à attendre la présentation
36:56 de ce plan qui est prévu pour fin mars,
36:58 si je ne m'abuse, et qui arrive
37:00 donc après les annonces du président,
37:02 cette semaine, particulièrement sur
37:04 l'aide à mourir, on va se recentrer là-dessus après.
37:06 - Écoutez... - N'aurait-il pas fallu
37:08 faire l'inverse ? - C'est toute la difficulté
37:10 des lois. Vous avez
37:12 vécu, comme moi, il y a quelques jours,
37:14 l'inscription dans la Constitution
37:16 de l'IVG.
37:18 Vous avez... Beaucoup de journaux ont consacré
37:22 récemment
37:24 des articles pour montrer la difficulté
37:26 aujourd'hui, pour des femmes,
37:28 de pouvoir accéder
37:30 à l'IVG. Parfois,
37:32 il n'y a pas de centre dans certains départements.
37:34 Sans parler de la culpabilisation
37:36 qui peut exister. Entre la loi
37:38 et la mise en place
37:40 de la loi, il faut
37:42 parfois beaucoup de temps.
37:44 Un autre exemple, avec Jean-Léon Etyd,
37:46 et directives anticipées. Vous savez
37:48 combien de... - Français.
37:50 - Pardon ? - Combien de Français ont...
37:52 - ...ont écrit leurs soins palliatifs ? - 8%, peut-être ?
37:54 - 12%. - 12%.
37:56 Parce que c'est assez méconnu, finalement.
37:58 On ne connaît pas bien, même en France.
38:00 Ça vaudrait le coup que vous nous rappeliez. La loi existante aujourd'hui,
38:02 la sélection profonde et continue.
38:04 Est-ce que les Français...
38:06 On dit que les Français sont à 90% pour l'euthanasie.
38:08 Est-ce que les Français sont finalement
38:10 assez informés de ce qui se passe
38:12 aussi dans les hôpitaux ? La sélection profonde et continue.
38:14 Je suis persuadé que beaucoup d'entre nous
38:16 ne sont pas au courant. - Alors, écoutez.
38:18 - La loi que laisse les...
38:20 - Il y a eu 4 lois
38:22 en cil télégraphique
38:24 qui ont été votées depuis 20 ans.
38:26 La loi de 99,
38:28 on vient d'en parler, les soins palliatifs.
38:30 La loi de 2002, cette loi de Kouchner,
38:32 qui a permis,
38:34 suite à un débat en collégialité,
38:36 à un patient de demander l'arrêt de ses traitements.
38:38 - La loi Leonetti.
38:40 - La loi de 2005, oui,
38:42 de Jean Leonetti, sur l'obstination
38:44 des raisonnables. On s'est rendu compte
38:46 que le progrès scientifique ou le progrès technique
38:48 peut conduire à maintenir en vie
38:50 artificiellement un certain nombre de personnes.
38:52 Donc...
38:54 Donc, cette loi
38:56 a été importante. Et la loi de 2016,
38:58 avec 3 nouveaux droits,
39:00 les directives anticipées,
39:02 la personne de confiance et la sélection profonde
39:04 et continue jusqu'au décès. - Alors,
39:06 Jean Leonetti va nous quitter. Est-ce que vous êtes
39:08 tous les deux d'accord avec ce nouveau
39:10 projet de loi présenté par le président de la République
39:12 sur l'aide à mourir ? Est-ce que vous êtes d'accord
39:14 tous les deux ?
39:16 - Je crois pas. - Ah !
39:18 - Je ne pense pas.
39:20 On vous écoute, Jean.
39:22 - Il y a quelques désaccords,
39:24 mais on en a toujours parlé. Et on s'est retrouvé
39:26 à un dîner chez le président de la République
39:28 sur ce sujet où chacun d'entre nous s'est exprimé.
39:30 - Alors, expliquez, Jean Leonetti,
39:32 qu'il ne vous semblait pas tout à fait d'accord avec votre collègue.
39:34 - La première des choses, c'est ce qu'on vient de dire.
39:36 Le premier obstacle, c'est ça.
39:38 Et le président a repris, d'ailleurs,
39:40 ce terme. Il ne faut pas une loi par défaut.
39:42 C'est-à-dire,
39:44 on ne peut pas se trouver dans une situation
39:46 dans laquelle on dit "je ne peux pas vous soulager,
39:48 je n'ai pas les moyens pour le faire,
39:50 et donc, par contre,
39:52 je peux vous proposer
39:54 une issue fatale,
39:56 le thalassie ou le suicide assisté".
39:58 Ça, ce serait
40:00 une situation qui serait intolérable.
40:02 Et comme vient de le dire Alain Gless,
40:04 il y a 20 départements
40:06 dans lesquels il n'y a pas d'unité de soins palliatifs.
40:08 Pas d'unité de soins palliatifs.
40:10 L'unité, il faut bien comprendre que c'est l'endroit
40:12 où on reçoit les malades les plus complexes,
40:14 les plus difficiles,
40:16 et forcément les plus désespérés.
40:18 C'est là qu'on prend les malades
40:20 qui expriment des désirs de mort.
40:22 Et on divise par 5
40:24 la demande de mort dans ces unités.
40:26 Donc, il ne faudrait pas,
40:28 il ne faudra pas.
40:30 Et malheureusement, c'est possible
40:32 que cette loi soit
40:34 une loi par défaut,
40:36 c'est-à-dire qu'on se trouve
40:38 avec des Français inégaux devant la loi,
40:40 et pire, inégaux devant la mort.
40:42 Ça, c'est le premier point.
40:44 Le deuxième point
40:46 qui me paraît
40:48 important, c'est le flou.
40:50 L'aide à mourir, vous savez,
40:52 ça peut tout être. Ça peut être les soins palliatifs,
40:54 le thalassie, le suicide assisté.
40:56 Il faut qu'à un moment donné,
40:58 on dise les choses.
41:00 Moi, j'ai dit assez clairement
41:02 à ce repas où nous étions ensemble
41:04 que pour moi,
41:06 le suicide est un droit
41:08 ou plutôt un droit-liberté.
41:10 Ce n'est pas forcément un droit créant,
41:12 c'est un droit qu'on réclame.
41:14 Mais au fond, l'éthique, c'est toujours un combat
41:16 entre la liberté, l'autonomie
41:18 de la personne qu'on doit respecter
41:20 et en même temps, sa vulnérabilité, sa fragilité
41:22 pour lesquelles on doit être
41:24 solidaire et fraternel.
41:26 Et donc, je pense que dans le contexte
41:28 français aujourd'hui,
41:30 cette loi va déséquilibrer
41:32 l'équilibre entre la solidarité
41:34 et la liberté,
41:36 entre la liberté et la fraternité.
41:38 Et il va le faire du côté
41:40 de la liberté alors qu'on sait que
41:42 quelqu'un qui souffre va plus facilement
41:44 demander la mort puisque
41:46 comme Alain Claes le disait,
41:48 on meurt encore assez mal en France
41:50 parce que les lois ne sont pas connues,
41:52 le président l'a reconnu dans son interview,
41:54 elles ne sont pas appliquées et parce qu'on n'a pas mis
41:56 les moyens pour arriver au moins
41:58 à avoir sur le territoire français
42:00 des situations de soins paliers.
42:02 - Merci beaucoup Jean-Léon Nettie.
42:04 Alain Claes va vous répondre.
42:06 Merci beaucoup, le maire
42:08 Alain Nortive.
42:10 Sur ces deux points,
42:12 notamment sur cette loi
42:14 par défaut et sur ce coup...
42:16 - Non, écoutez, il n'y a pas de loi par défaut.
42:18 - Je reprends les propos que j'ai entendus.
42:20 - La seule question
42:22 qui se pose,
42:24 est-ce que la loi de 2016
42:26 auquel on a contribué,
42:28 Jean-Léon Nettie et moi-même,
42:30 répond
42:32 à toutes les situations
42:34 en tant qu'auteur de la loi ?
42:36 Je vous réponds
42:38 que non. - Mais le projet de loi
42:40 tel que présenté par le président de la République
42:42 ne répond pas à certains cas.
42:44 - Mais attendez,
42:46 pour celles et ceux qui nous regardent,
42:48 peut-être un peu d'ordre.
42:50 J'ai été rapporteur du comité consultatif
42:52 national sur ce sujet.
42:54 Et la question que nous nous sommes posées,
42:56 j'ai abordé les soins palliatifs.
42:58 Je vous ai dit les orientations qu'il faut,
43:00 il faut accélérer et il faut
43:02 répliquer la communauté médicale.
43:04 Concernant l'aide
43:06 à mourir, c'est l'expression
43:08 que j'ai utilisée en tant que rapporteur
43:10 de l'avis,
43:12 et c'est l'expression que le président de la République
43:14 a retenue.
43:16 La question qui a été posée,
43:18 est-ce que l'aide
43:20 à mourir est
43:22 éthiquement acceptable ?
43:24 Est-ce que notre société,
43:26 en France, aujourd'hui, en respectant
43:28 tous les avis,
43:30 peut aller apporter
43:32 une réponse à cette demande
43:34 individuelle ?
43:36 La réponse qui a été faite
43:38 au comité consultatif national
43:40 d'éthique a été de répondre "oui".
43:42 Et oui à un certain
43:44 nombre de conditions, on va y en venir
43:46 tout à l'heure.
43:48 Simples les conditions.
43:50 Que la personne puisse exprimer sa demande.
43:52 Cette demande
43:54 concerne une personne qui est
43:56 atteinte d'une maladie
43:58 incurable,
44:00 dont le pronostic vital
44:02 est engagé à court
44:04 ou moyen terme.
44:06 Et nous envisageons les deux
44:08 solutions, les deux situations
44:10 possibles d'aide à mourir.
44:12 La personne qui est capable physiquement
44:14 de faire le geste, et la personne
44:16 qui n'est pas capable de faire le geste
44:18 et appeler à un intérieur.
44:20 C'est ni un droit, comme a dit le président de la République,
44:22 c'est ni
44:24 une liberté nouvelle, c'est un espace
44:26 du possible. Je vais vous dire quelque chose
44:28 pour résumer la chose
44:30 et après je me tairai.
44:32 Vous savez, dans ces situations-là,
44:34 c'est pas le choix
44:36 entre la vie et la mort.
44:38 La mort, elle est là.
44:40 La question qui se pose
44:42 pour certaines
44:44 personnes,
44:46 c'est choisir
44:48 le moins pire des chemins.
44:50 Et est-ce que la question
44:52 qui se pose pour le Parlement,
44:54 le Sénat et l'Assemblée,
44:56 est-ce que la société doit
44:58 prendre en compte cette demande ?
45:00 Et tout le sujet qu'il y a,
45:02 c'est trouver un équilibre entre la solidarité
45:04 de la société,
45:06 la société vis-à-vis des personnes
45:08 les plus vulnérables, c'est les soins palliatifs,
45:10 c'est l'accompagnement,
45:12 mais c'est aussi l'autonomie
45:14 de la personne. Autonomie
45:16 et solidarité
45:18 ne s'opposent pas, c'est un équilibre,
45:20 un chemin qu'il faut trouver.
45:22 - Et vous, on vous entend dire que la loi
45:24 sur la fin de vie qui arrive vient compléter
45:26 selon vous des lacunes, est-ce que ça veut dire
45:28 que vous exprimez aussi un regret de ne pas l'avoir fait
45:30 dès 2016 ? Pourquoi ne pas l'avoir fait
45:32 en 2016 ? - Il ne faut pas avoir
45:34 de regret.
45:36 La question qui nous
45:38 était posée
45:40 par le président de la République et
45:42 le Premier ministre, était de dire
45:44 quelles solutions peut-on apporter
45:46 lorsque le pronostic vital
45:48 est engagé à court terme ?
45:50 Et je réponds, et je suis d'accord
45:52 avec Jean,
45:54 à court terme, une sédation profonde
45:56 est continue jusqu'au décès,
45:58 et la solution peut régler
46:00 un grand nombre
46:02 de situations.
46:04 Pour moi, c'est une aide à mourir.
46:06 Pour Jean,
46:08 parce que je veux être honnête dans ce débat,
46:10 je crois qu'il va être toujours très rigoureux dans ce débat,
46:12 ce n'est pas une aide à mourir,
46:14 c'est
46:16 la conséquence d'un
46:18 soulagement de la douleur
46:20 qui peut conduire à la mort.
46:22 - La question de la temporalité aussi.
46:24 - Sur ce sujet-là, est-ce que vous estimez que ce projet
46:26 de loi peut permettre de ramener
46:28 un tout petit peu d'égalité, si on peut utiliser ce mot,
46:30 entre ceux qui aujourd'hui ont le choix
46:32 de partir en Suisse ou en Belgique, les moyens
46:34 financiers de partir en Suisse ou en Belgique
46:36 pour programmer leur mort et mettre un terme
46:38 à leur souffrance, et des pratiques
46:40 qui ont été dénoncées par certains, notamment
46:42 je pense à Olivier Falorni, député de Charente-Maritime,
46:44 que vous connaissez, qui a dit dans Sud-Ouest qu'il y avait
46:46 des euthanasies clandestines en France.
46:48 Est-ce que là on revient,
46:50 ce projet de loi peut permettre d'offrir
46:52 enfin ce choix et d'éviter cette question
46:54 de moyens financiers ? - Écoutez,
46:56 nous sommes cinq citoyens autour de la table,
46:58 au-delà de nos qualités,
47:00 nous avons en tête,
47:02 soit dans nos familles,
47:04 soit dans les proches,
47:06 des morts difficiles.
47:08 Qu'il y ait sur le territoire français,
47:10 au-delà de l'aide à mourir,
47:12 des inégalités sociales et territoriales,
47:14 à l'évidence.
47:16 A l'évidence.
47:18 Donc il faut mettre en place,
47:20 et c'est un des mots
47:22 de notre députée républicaine,
47:24 la fraternité, c'est-à-dire
47:26 accompagner la personne,
47:28 accompagner les proches jusqu'au bout.
47:30 C'est le plan des Sénats des soins palliatifs.
47:32 - Avant de conclure,
47:34 je vous propose de regarder ce
47:36 reportage qui vient de Rael Média
47:38 sur
47:40 un chien
47:42 qui vient dans ses services
47:44 de soins palliatifs.
47:46 La présence d'un animal est souvent très importante.
47:48 - On l'a abordé récemment pour savoir
47:50 si on autorisait
47:52 les animaux dans les EHPAD.
47:54 - On regarde.
47:56 - Mon chien, il est là en soutien.
47:58 Il est là.
48:00 J'ai Lucky, mon compagnon de travail.
48:04 Il apporte beaucoup
48:06 aux services, il apporte beaucoup
48:08 aux patients, aux soignants,
48:10 aux familles.
48:12 Allez, Luck.
48:14 Monsieur, bonjour.
48:16 Tu viens ?
48:18 - Bonjour, le chien.
48:20 Tu viens voir ta malade préférée ?
48:22 Elle est là.
48:24 Il permet de développer
48:26 des sensations autres que la sensation
48:28 de la maladie et de penser
48:30 à autre chose. Ça permet de s'évader.
48:32 Ça me fait du bien
48:34 et ça lui fait sûrement du bien.
48:36 Il est autant soignant que sa maîtresse.
48:38 On se trouve à l'unité de soins palliatifs
48:40 qui se trouve sur la ville d'Antibes.
48:42 Je suis infirmière dans ce service
48:44 depuis 10 ans à peu près.
48:46 J'ai Lucky, mon compagnon
48:48 de travail.
48:50 Un chien âgé de 5 ans
48:52 qui m'accompagne
48:54 quand je vais travailler.
48:56 Hors temps,
48:58 on s'accompagne dans les randonnées,
49:00 on fait des grandes balades.
49:02 Sinon, il vient travailler avec moi.
49:04 Il apporte de la joie
49:06 et il a un rôle
49:08 de médiateur, je dirais.
49:10 Il apaise les gens, je trouve.
49:12 Lucky !
49:14 Ça y est, ça y est.
49:16 Quelqu'un a...
49:18 Je rebondis juste.
49:20 Après avoir repris plusieurs documentaires
49:22 sur les soins palliatifs, on s'aperçoit
49:24 qu'il y a toujours... Vous le disiez tout à l'heure.
49:26 Le nombre de personnes
49:28 qui demandent à mourir en arrivant en unité
49:30 de soins palliatifs qui, après quelques jours...
49:32 Demain, je me souviens d'un monsieur
49:34 qui a dit une fois... Moi, j'essaie de grappiller
49:36 chaque seconde. On voit que ces soins palliatifs
49:38 apportent parfois du réconfort,
49:40 qui ne sont pas assez développés.
49:42 J'ai une question complémentaire par rapport à la loi
49:44 aujourd'hui telle qu'elle est présentée.
49:46 - Sur ce point, c'est trop mal. Vous avez raison.
49:48 Il y a des cas inverses, mais sur ce point,
49:50 il y a raison.
49:52 J'en ai vu moi-même, c'est vrai.
49:54 - Je rebondis sur le projet de loi.
49:56 Les malades qui ont des maladies dégénératives,
49:58 qui ont parfois des...
50:00 Je pense à Chantal Sébire, qui avait le visage déformé, etc.
50:02 Est-ce que la loi pourra être appliquée
50:04 dans le cadre de ces pathologies-là ?
50:06 Parce que le pronostic vital n'est pas
50:08 engagé forcément à court terme.
50:10 - Bien entendu,
50:12 on ne va pas faire une liste de maladies.
50:14 C'est exclu aujourd'hui,
50:16 car c'est le Parlement
50:18 qui aura le dernier mot.
50:20 Mais dans le projet de loi
50:22 qui va être soumis au Conseil des ministres,
50:24 est exclu des enfants,
50:26 qui est un sujet...
50:28 - Ce qui n'est pas le cas en Belgique.
50:30 - C'est un sujet par lui-même,
50:32 et certaines pathologies,
50:34 comme maladie d'Azeim.
50:36 Mais vous avez des pathologies,
50:38 on pense tous à la maladie de Charcot,
50:40 où le pronostic vital n'est pas
50:42 à court terme,
50:44 mais qui peut rentrer éventuellement
50:46 dans le cadre de ce projet de loi.
50:48 - Je vous propose de terminer
50:52 par les trois unes
50:54 que j'ai présentées à notre précédente invitée.
50:56 Trois unes de la presse quotidienne régionale
50:58 que vous représentez,
51:00 qui termine sur d'autres sujets.
51:02 "Sud-Ouest" a titré récemment
51:04 sur les inondations qui affectent la région,
51:06 vue du ciel.
51:08 "La Nouvelle République" titre sur le cri
51:10 de détresse jusqu'à l'Elysée d'un agriculteur.
51:12 Et "20 minutes" sur l'ultra-droite
51:14 qui souffle sur la Braise.
51:16 - Sur l'ultra-droite ?
51:18 - Sur l'ultra-droite également,
51:20 comme notre précédente invitée. Pourquoi ?
51:22 - Je crois que c'est un risque.
51:26 Et le populisme, c'est un risque
51:28 très fort dans notre pays.
51:30 Je crois que...
51:32 Je vais vous parler de Poitiers.
51:34 Je crois qu'au niveau local,
51:36 les élus doivent se battre
51:38 avec leurs moyens.
51:40 Et je vais vous citer deux exemples.
51:42 Ça va vous paraître un peu hors-sol.
51:44 La culture scientifique et technique.
51:46 Je pense que c'est un sujet
51:48 qui peut permettre
51:50 de faire des choses
51:52 qui sont très efficaces
51:54 et qui vont permettre
51:56 d'aider la démocratie
51:58 en évitant les fake news.
52:00 Regardez ce qui s'est passé pendant le Covid.
52:02 Et puis, accueillir l'autre.
52:04 Que l'autre n'est pas forcément l'ennemi.
52:06 Il y a, à Poitiers,
52:08 une structure,
52:10 le toit du monde,
52:12 qui fait ce travail.
52:14 - Merci beaucoup, Alain Claes,
52:16 d'être venu nous rendre visite.
52:18 Merci à vous trois.
52:20 On se retrouve la semaine prochaine.
52:22 Sous-titrage Société Radio-Canada
52:24 ♪ ♪ ♪
52:26 ♪ ♪ ♪
52:28 ♪ ♪ ♪
52:30 ♪ ♪ ♪
52:32 ♪ ♪ ♪

Recommandations