Après la motion de censure, 3 députés face aux Français
Quelques jours après le vote de la motion de censure et la chute du gouvernement Barnier, nous avons suivi trois députés de retour en circonscription. Un pour chaque bloc de l'Assemblée. Dieynaba DIOP, députée Socialiste de la 9ème circonscription des Yvelines et Philippe SCHRECK, député Rassemblement National de la 8ème circonscription du Var ont voté la censure. Frédéric VALLETOUX, député Horizons de la 2ème circonscription de Seine-et-Marne lui ne l'a pas voté. Comment sont-ils accueillis après leur choix ? Comment expliquent-ils et justifient-ils leur vote auprès de leurs électeurs ? Comment les Français réagissent-ils à la motion de censure ? Céline Crespy, Maité Frémont et Marion Becker sont allées à leur rencontre.
Un sujet de Céline Crespy, Maité Frémont, Marion Becker, Pierre-Yves Deheunynck, Pierre Beretta et Vincent Feirrera. Montage Ilana Azencot.
C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !
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Quelques jours après le vote de la motion de censure et la chute du gouvernement Barnier, nous avons suivi trois députés de retour en circonscription. Un pour chaque bloc de l'Assemblée. Dieynaba DIOP, députée Socialiste de la 9ème circonscription des Yvelines et Philippe SCHRECK, député Rassemblement National de la 8ème circonscription du Var ont voté la censure. Frédéric VALLETOUX, député Horizons de la 2ème circonscription de Seine-et-Marne lui ne l'a pas voté. Comment sont-ils accueillis après leur choix ? Comment expliquent-ils et justifient-ils leur vote auprès de leurs électeurs ? Comment les Français réagissent-ils à la motion de censure ? Céline Crespy, Maité Frémont et Marion Becker sont allées à leur rencontre.
Un sujet de Céline Crespy, Maité Frémont, Marion Becker, Pierre-Yves Deheunynck, Pierre Beretta et Vincent Feirrera. Montage Ilana Azencot.
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NewsTranscription
00:00...
00:04En raison de l'adoption de la motion de censure
00:06et conformément à l'article 50 de la Constitution,
00:09le Premier ministre doit remettre au président de la République
00:13la démission du gouvernement.
00:15...
00:18Adieu.
00:20Quelques jours après la motion de censure,
00:22nous avons suivi 3 députés de retour en circonscription,
00:27un de chacun des blocs de l'Assemblée.
00:30...
00:31Je pense qu'il y a une grosse peine
00:33dans notre arrivée là.
00:35Une grosse peine.
00:36Il faut rester optimiste.
00:37Je pense que ça va avoir un effet un peu électrochoc.
00:42Ca a été une tristesse profonde dans l'arrivée là, quoi.
00:45Tristesse totale.
00:46Ca veut dire qu'on est dans un pays, à l'heure actuelle,
00:50où personne ne peut s'entendre.
00:51Bonjour !
00:52Je suis madame la députée...
00:55Ca inquiète, évidemment.
00:57Quelle est l'issue de ce genre de choses ?
01:00Ca va durer encore pendant 6 mois.
01:02Personnellement, j'aurais voulu que le gouvernement reste en place.
01:06Après, je comprends tout à fait.
01:08...
01:11Comment ça va ?
01:12Cette censure va créer une instabilité, c'est sûr,
01:16mais ce qui me choque un peu,
01:18c'est que notre président,
01:21il nous donne la responsabilité de ce qui se passe.
01:24...
01:31Bonjour, je suis Philippe Schreck,
01:33député Rassemblement national de la 8e circonscription du Var.
01:36Je suis de retour à Draguignan,
01:38après avoir voté la censure du gouvernement de M. Michel Barnier.
01:44Bonjour, Alexandra.
01:46Est-ce qu'on a des retours, suite à cette censure ?
01:49Vous avez eu 2 petits textos,
01:51et celui le plus récent,
01:52bonsoir, M. Schreck, bravo à vous et à Mme Le Pen,
01:55ainsi que le groupe des députés RN,
01:57de voter la censure à ce gouvernement.
01:59Barnier, encore bravo, il faut que la France change de politique.
02:03M. Antel, mes amitiés.
02:05...
02:06De quoi conforter le député dans son vote.
02:09Ce matin-là, Philippe Schreck fait la tournée
02:12des commerçants de Draguignan.
02:14Bonjour.
02:15Comment ça va ?
02:16Ca va, M. Schreck ? Vous allez bien ?
02:19Ca travaille bien ?
02:20Ca va.
02:21Bon, tant mieux.
02:22Il vient prendre le pouls.
02:24Leur situation économique est visiblement fragile.
02:28Ca va ?
02:29Ca va.
02:30Ca travaille un peu, pour elle ?
02:32Non.
02:33D'accord.
02:34C'est dur ?
02:35Bon.
02:37C'est le pouvoir d'achat ?
02:38Qu'est-ce que vous en avez pensé, là,
02:41de la censure de votre député contre le gouvernement ?
02:44J'ai pas regardé.
02:45Pour être honnête, voilà.
02:47Ca vous intéresse plus ?
02:48Ca...
02:49Vu les soucis qu'on a, franchement...
02:52Ca me passe à 3 000.
02:53Voilà.
02:54Pour l'instant, ce qui est vital, c'est le magasin,
02:58c'est notre clientèle, c'est les fêtes de Noël,
03:00le reste...
03:02On est, je pense, en ce moment, la risée du monde.
03:05Voilà.
03:06La France n'est plus crédible.
03:08Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ?
03:11Un sentiment partagé dans les commerces du centre-ville.
03:15Merci bien.
03:16Bon, ça va ?
03:17Il y a toujours le courant, malgré le gouvernement renversé.
03:21T'as toujours le courant, tout va bien ?
03:23C'est ça.
03:24Il faut qu'il y ait une fronte d'unité,
03:27si on travaille pour la France.
03:29On va se prendre des chariots à l'international, là.
03:32C'est-à-dire ?
03:33Ah, bah, moi, des coups de pied au cul aux députés, là,
03:36j'en filerai un paquet.
03:38Aux députés !
03:39Au pluriel, oui, oui, j'entends bien.
03:42C'est un très bon coup de pied.
03:43Parce que c'est un très mauvais exemple.
03:46Mais notre image est dégradée depuis très longtemps.
03:49Non, mais là, ça continue, là.
03:51Là, ça devient insupportable.
03:53Allez, ciao.
03:54Ciao, merci, bon courage.
03:55Musique douce
03:58Ici, le député est en terrain conquis.
04:01Il a été élu dès le premier tour des législatives.
04:05Les habitants comprennent son choix de voter
04:09pour la motion de censure.
04:12Bon.
04:13C'est le caca, le gouvernement, ça.
04:15Il y en a plus.
04:16Oui, il y en a plus.
04:18Un moment, on est arrivés
04:20dans une situation de catastrophe, quoi.
04:23Il faut faire quelque chose, il faut réagir,
04:26mais on est tous craintifs de l'avenir.
04:29M. Barnier aurait dû anticiper le fait
04:33qu'il avait en face de lui un groupe politique courageux
04:36qui ne voulait pas trahir le mandat et la parole donnée
04:40par les électeurs.
04:41C'est un petit péché de vanité.
04:43Il manquait 3 milliards, les retraites, c'était fini.
04:46L'indexation des retraites, on ne votait pas.
04:49Musique douce
04:52...
04:54Le Rassemblement national a fait pression
04:57jusqu'au dernier moment sur le gouvernement.
05:00Une situation qui laisse un goût amer
05:03aux députés fidèles au président de la République.
05:06Frédéric Valtout, député de la 2e circonscription de Sénéma,
05:09député d'Horizon, président de la commission des affaires sociales,
05:13et je n'ai pas voté la motion de censure.
05:15...
05:16Frédéric Valtout organise régulièrement
05:19des cafés citoyens dans sa circonscription.
05:22Celui d'Emponville était prévu bien avant la chute du gouvernement.
05:27Avant de rencontrer les habitants,
05:29le député reçoit d'abord les agriculteurs,
05:32très impactés par la censure.
05:34Redis-moi ce que vous allez perdre avec cette histoire de censure.
05:37Une enveloppe de 400 millions d'euros.
05:40C'était des mesures structurelles
05:42qui avaient été négociées au mois de janvier,
05:45mais qui devenaient de plus en plus urgentes
05:48par rapport à la conjoncture.
05:50Là, c'est un 2e coup de massue, tu comprends ?
05:52Hum.
05:54Il y a urgence. Encore une fois, il y a urgence.
05:56C'est pour sauver nos exploitations à court terme.
05:59On fait le point en début de semaine
06:01avec les services de l'Assemblée, la présidence,
06:03en fonction de si un gouvernement est canonné ou pas,
06:06comment on peut ne pas perdre le bénéfice de ces mesures.
06:09Comment ça s'écrit juridiquement ?
06:11Encore une fois, si ce calendrier venait à être trop lent,
06:15il faut négocier des mesures concrètes,
06:17soit par décret, soit local, au niveau départemental,
06:20par les préfectures.
06:21Il faut redonner un peu de souffle immédiatement.
06:24Donc si les discussions au Parlement traînent de trop,
06:27je pense qu'il faut agir d'une autre manière, rapidement.
06:33Le message sonne comme un avertissement.
06:36Dans le café, les habitants, eux,
06:38semblent désabusés par la situation politique.
06:42C'est un grand bazar, aujourd'hui.
06:44On s'y intéresse, c'est pour ça qu'on est là,
06:46mais une partie de la population, quand on parle avec eux,
06:49quand je discute avec les uns et les autres,
06:51qu'est-ce qu'on entend aujourd'hui ? On va plus aller voter.
06:54Les gens ne comprennent pas que nos élus
06:58s'intéressent d'abord, semble-t-il, à leur parcours,
07:02avant de s'intéresser à l'intérêt public.
07:05Il y avait déjà une défiance, un peu, de la classe politique
07:10et un désenchantement par rapport à la vie politique,
07:14qui était déjà fort.
07:15C'est sûr que l'épisode actuel ne va pas l'améliorer.
07:19On a l'impression que c'est le Parti socialiste qui détient la clé.
07:22En fait, tout l'enjeu, aujourd'hui,
07:25c'est comment on passe d'une majorité très relative,
07:28et effectivement de ces trois blocs, on va dire, à grands traits,
07:31à de donner un peu de stabilité aux institutions.
07:34Donc, il faut, à ce moment-là, qu'on accepte tout.
07:36On ne fera pas le programme rêvé
07:38que chacun aurait voulu pouvoir faire s'il avait toutes les manettes,
07:42mais c'est par des concessions qu'on arrivera
07:45à mener les affaires de la France, donner de la stabilité aux institutions
07:48et répondre aux urgences.
07:49On le voit, dans l'élection de la censure, en fait,
07:52c'est des petits pions.
07:53On a 500 députés qui sont 500 petits pions,
07:56qui votent comme le dictateur a dit, quoi.
07:59Est-ce qu'on aura quand même des gens qui auront un peu de puissance
08:02pour dire, là, je ne suis pas d'accord ?
08:04C'est pour ça qu'il n'y a pas de... On ne peut pas s'assembler.
08:08Parce que personne ne réagit par son propre opinion.
08:11Tout le monde réagit par rapport au grand chef.
08:13On a essayé, en attendant la censure, d'aller voir des députés
08:16pour leur dire, est-ce que vous mesurez la conséquence de la décision ?
08:19Est-ce que vous mesurez, vous êtes élus de territoires ruraux, agricoles,
08:23est-ce que vous mesurez l'impact concret de la décision que vous prenez ?
08:27Bon, après, effectivement,
08:29ils votent comme leur chef leur demande de voter.
08:32A l'Assemblée, Frédéric Walthout n'a pas réussi à convaincre.
08:37Les socialistes ont fait le choix de la censure.
08:40Bonjour, je suis Diana Badiop.
08:42Je suis la députée de la 9e circonscription des Yvelines.
08:45Cette semaine, j'ai voté la censure contre le gouvernement de Barnier.
08:49Et me voilà de retour sur ma circonscription.
08:54Pour son retour sur le terrain,
08:56Diana Badiop vient soutenir les professeurs et les parents d'élèves
08:59de son ancien lycée des Mureaux.
09:02Il multiplie les actions pour obtenir davantage de moyens.
09:06Ah, la classe !
09:10Ah, génial !
09:12Mais je peux avoir les mêmes ?
09:14Vous voulez pas venir à l'Assemblée ?
09:17C'est bien, ça ?
09:19Ah oui, vous allez bien ?
09:21Mais je crois que si je fais ça, on rentre à l'Assemblée,
09:23je vais me faire sortir.
09:26Y a que la garde républicaine qui a le droit.
09:28C'est un peu le bazar là-bas, mais on sait pas ce que ça va donner,
09:32ça va être réglé.
09:33Les gens sur le terrain vous interpellent
09:35sur la situation politique ?
09:37Sur la censure ?
09:38Oui, toute la nuit, ils me disent comment ça se passe,
09:41comment tu le sens.
09:42Je les rassure, surtout,
09:44parce qu'il y a eu beaucoup de bruit sur le fait que ce serait le chaos.
09:47S'il y avait la censure, y a pas de chaos.
09:50Plus de moyens pour le lycée de Lyon !
09:54Engager le dialogue, rassurer et expliquer,
09:58c'est la méthode de la députée.
10:00Ici, tous comprennent son vote.
10:02On a accueilli le lycée de Lyon !
10:04Je suis inspecteure des services publics.
10:07Ah, d'accord !
10:08Tu connais bien le processus.
10:10Donc, toi, tu t'es pas laissé berner par ça va être le chaos ?
10:13Non.
10:14On sait que c'est pas possible.
10:16Les institutions sont solides, ça n'existe pas.
10:18Ils parlent d'un chaos.
10:20Ah oui, et pas qu'un peu.
10:21En plus, le pire, c'est qu'ils continuent.
10:24Je les missionne à part.
10:25C'est nous qui avons pas compris.
10:27Mais c'est toujours nous, c'est toujours nous, le problème.
10:30Pour l'un des professeurs,
10:32c'est aussi l'occasion de passer un message à la députée.
10:35Je suis content que le PS s'exécute à l'isentement.
10:39En fait, en tout cas, nous, ce qu'on fait,
10:41c'est qu'on essaye d'expliquer qu'il y a un chemin
10:44pour pouvoir travailler, et ce chemin-là,
10:46il doit se faire en concertation
10:48avec toutes les forces de l'arc républicain.
10:51Mais ça veut pas dire qu'on change d'alliance.
10:53Comme on n'a pas de majorité,
10:55à un moment donné, il va bien falloir discuter avec tout le monde.
10:59C'est le message que Diana Badiop
11:02vient faire passer sur le marché de Maul.
11:04Ici, c'est une terre de droite.
11:07Si la députée entend les inquiétudes,
11:10elle assume et explique son vote.
11:14Vous comprenez que des députés,
11:16que votre député ait voté la censure ?
11:23Non, pas exactement.
11:25Non, pas exactement.
11:26Parce que pour qu'un pays aille,
11:29il faut malheureusement qu'on soit ensemble
11:32et que tout le monde fasse des concessions.
11:34C'est comme dans un couple, il faut réussir à s'entendre.
11:38Nous, on a censuré, pourquoi ?
11:40Parce que M. Barnier, il a dit que je déclenche un 49-3.
11:43Il nous a pas laissés voter.
11:45Donc, nous, s'il déclenche un 49-3,
11:47le seul moyen de dire qu'on n'est pas d'accord,
11:50c'est de censurer. C'est pour ça.
11:51Mais sincèrement, on aurait préféré ne pas avoir à censurer.
11:55Moi, j'aurais préféré ne pas être dans cet instant un peu inédit
11:58où, depuis 60 ans, on n'avait pas fait tomber un gouvernement.
12:01Mais comme vous dites, il faut faire des concessions.
12:04Mais si les concessions, elles viennent toujours du même côté
12:07et que les autres n'entendent rien, il faut que tout le monde fasse ça.
12:13Si la députée est prête à quelques concessions politiques
12:17pour la formation du nouveau gouvernement,
12:19elle attend en retour que le président fasse un pas
12:22vers son opposition.
12:25C'est pour ça qu'on lui a dit qu'il faut un ministre de gauche.
12:29Vous avez essayé à droite, ça dure trois mois.
12:31En plus, ils se sont mis dans l'amende du RN.
12:34Ca ne fonctionne pas.
12:35Eh bien, donner à la gauche l'opportunité d'essayer...
12:39Voilà, il faut laisser les parlementaires
12:42faire leur travail et voir un peu comment ça va se passer.
12:45Il ne faut pas être inquiet.
12:47Musique douce
12:49...
12:51Face aux Français et face à l'instabilité,
12:55les députés tentent de rassurer.
12:57Chacun d'entre eux sait que la stratégie
13:00de son bloc politique sera déterminante
13:03pour les futurs rapports de force à l'Assemblée.
13:06...