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Comment répondre aux attentes des Français sur la fin de vie ? Le député Modem, rapporteur du projet de loi sur la fin de vie, répond aux questions de Marie Brette et des journalistes de la presse régionale

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Transcription
00:00 Bonjour, ravie de vous retrouver dans Extra Locale.
00:02 Cette semaine, nous évoquerons un sujet concernant pour le moins
00:05 le projet de loi sur la fin de vie
00:07 porté par le président de la République.
00:09 Alors qu'une mission d'information du Sénat
00:11 doit rendre ses conclusions mercredi prochain,
00:13 nous recevons Olivier Falorni,
00:15 le principal façonneur de ce texte
00:17 et député de Charente-Paris.
00:18 Team Extra Locale, c'est tout de suite.
00:20 [Générique]
00:36 – Bonjour, monsieur le député. – Bonjour.
00:38 – Merci d'être avec nous durant cette petite heure
00:41 pendant laquelle vous serez interrogé par trois journalistes
00:43 de notre presse quotidienne régionale que je vous présente tout de suite,
00:46 dont certains que vous connaissez bien,
00:48 en l'occurrence Jefferson Desport qui est à ma droite,
00:51 journaliste politique, éditorialiste politique à Sud-Ouest
00:54 qui représente la Nouvelle-Aquitaine.
00:56 – Bonjour Marie. – Bonjour Jefferson.
00:58 D'ailleurs, tous les deux, vous vous rencontrez peut-être
01:01 vendredi prochain à l'occasion d'un débat sur la fin de vie
01:04 Sud-Ouest TV7, donc le 30 juin, à suivre dans vos colonnes
01:09 et sur vos antennes Jefferson.
01:10 – Avec Olivier Falorni.
01:11 – Avec Olivier Falorni qui sera présent, voilà.
01:14 Ça c'était pour la Nouvelle-Aquitaine,
01:15 on passe à la Bretagne, incarnée cette semaine par Claire Stenlain,
01:18 journaliste au Télégramme.
01:19 Voici Claire. – Bonjour Claire.
01:21 – Et Fabrice Vesser-Rodon, également un habitué chez nous,
01:24 secrétaire générale de la rédaction parisienne du groupe Ebra
01:27 qui représente la dizaine de journaux du Grand Est
01:30 et que nous avons le plaisir de recevoir également.
01:33 Bonjour Fabrice.
01:34 Voilà, les présentations sont faites, avant d'entrer dans le cœur du débat,
01:38 on commence toujours ici par un questionnaire de Proust
01:40 avec des petites questions et c'est Jefferson qui s'y colle pour la première.
01:44 – Oui, Olivier Falorni, on va faire un pas de côté
01:46 et puis en même temps on va peut-être se faire plaisir,
01:48 plutôt que de vous demander votre livre de chevet,
01:49 je vous demandais votre tweet préféré, Olivier Falorni.
01:52 [Rires]
01:55 Je pense que c'est indissociable de votre histoire.
01:58 – C'est le seul tweet que vous auriez lu dans votre vie apparemment.
02:01 – Alors vous savez, ce tweet en fait, il a une histoire particulière
02:05 parce que pour moi il a commencé par un SMS.
02:08 C'est-à-dire que quand j'ai vu…
02:09 – Alors pour ceux qui ne savent pas quand même,
02:11 c'est le fameux tweet de Valérie Trierweiler en 2012
02:15 lors des législatives où vous étiez face à Ségolène Royal
02:18 et où Valérie Trierweiler vous manifestait son soutien.
02:21 Voilà, pour résumer.
02:23 – Oui, alors quand j'ai vu effectivement
02:25 ce que j'étais en conférence de presse,
02:27 ma concurrente était en conférence de presse de l'autre côté du port
02:30 et puis je vois arriver une meute de journalistes en courant vers moi,
02:35 je me dis "qu'est-ce qui se passe ?"
02:37 On me dit "il y a un tweet, il y a un tweet",
02:38 alors je regarde les tweets, on me dit "fake news, pas fake news".
02:42 Donc moi-même je ne savais pas, je regarde mon portable
02:45 et je vois un SMS m'indiquant qu'effectivement
02:48 Valérie Trierweiler avait fait un tweet de soutien pour moi,
02:52 donc je l'ai appris quasiment instantanément,
02:56 en tout cas comme tout le monde.
02:58 – C'est comme ça que vous êtes devenu connu au plan national finalement peut-être ?
03:02 – Je crois que je suis devenu surtout connu
03:04 parce que j'ai battu Ségolène Royal,
03:05 c'est pas parce que j'ai reçu un tweet.
03:07 – Mais là ça a commencé à…
03:08 – Je crois que le tweet n'a rien changé dans le résultat.
03:10 – N'a rien changé.
03:11 Allez Claire, deuxième question.
03:12 – Alors un pas de côté aussi, on était partis pour vous poser
03:14 une question plutôt classique sur une grande figure européenne
03:18 qui vous aurait marqué, et puis en fait là, vu l'actualité,
03:20 on sait que vous êtes d'origine italienne,
03:22 votre deuxième prénom est italien d'ailleurs,
03:24 même si vous êtes né à Rochefort en Charente-Maritime.
03:27 Les Italiens font la grève des pâtes cette semaine
03:30 à cause du prix des pâtes qui est augmenté de 20%,
03:33 12% pour l'alimentation générale mais 20% pour les pâtes.
03:37 On s'est demandé quelle était votre sorte de pâte préférée ?
03:41 – Je ne suis pas très pâte à vrai dire, mais vous savez,
03:44 moi je suis effectivement issu d'une famille italienne,
03:48 mes arrière-grands-parents, mon grand-père,
03:52 mon arrière-grand-père s'appelait Gino,
03:53 mon grand-père s'appelait Gino, c'est mon deuxième prénom.
03:57 Et justement, toute la nuance est dans le deuxième prénom
03:59 comme mon père, c'est-à-dire que mes arrière-grands-parents
04:02 ont fui l'Italie fasciste, ils sont arrivés en France,
04:05 le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils n'ont pas forcément
04:07 été très bien accueillis et ils étaient dans une logique
04:11 qu'on pourrait qualifier d'assimilationniste,
04:14 c'est-à-dire qu'ils ont gommé toute leur culture italienne
04:18 pour pouvoir être plus français que les français.
04:21 Je n'ai jamais entendu parler italien à la maison.
04:24 – Et vous ne mangez pas de pâtes non plus, vous ne parlez pas italien ?
04:27 – Non, malheureusement, et ça c'est un de mes grands regrets.
04:30 C'est pour ça que quand on parle aujourd'hui d'assimilation,
04:33 d'intégration, je me dis à la fois l'assimilation
04:36 c'est quelque chose de bien parce que voilà,
04:40 on entre dans le cadre d'une culture,
04:43 mais il ne faut pas que ça gomme non plus les origines
04:47 et ça c'est un des regrets que j'ai,
04:51 c'est-à-dire que voilà, moi je n'ai pas eu de transmission
04:53 de culture italienne, mais bon, mes grands-parents
04:56 m'ont transmis beaucoup d'autres choses et notamment
04:59 le goût de la transmission puisque mon grand-père
05:02 rêvait d'être instituteur, il a fait l'école normale,
05:05 pour lui c'était le Graal, comme pour beaucoup d'immigrés
05:08 qui arrivaient à devenir les "hussards noirs" de la République
05:11 comme on les qualifiait à l'époque et voilà,
05:14 c'est cette transmission-là qui m'a…
05:16 – Vous-même, vous étiez professeur d'ailleurs ?
05:19 – Et moi je suis effectivement professeur d'histoire-géographie,
05:23 je dis "je suis" parce que c'est mon vrai métier
05:26 et que je suis député temporairement puisque c'est un,
05:31 comme tout le monde sait, un contrat à durée déterminée
05:35 ou indéterminée mais en tout cas qui est précaire.
05:37 – Vous n'enseignez pas pour l'instant,
05:38 vous avez mis votre carrière entre parenthèses.
05:40 – Oui, je ne suis plus enseignant, je suis en détachement,
05:45 d'abord parce qu'on ne peut pas être député fonctionnaire d'État
05:49 et puis ensuite parce que c'est un mandat
05:52 que je considère être à plein temps et je m'y consacre totalement.
05:57 – Fabrice, ça tombe bien, vous avez la parole,
05:59 troisième et dernière question, le président de Proust, classique.
06:03 – Et je vais être affreusement classique par rapport à…
06:04 – Mais il faut aussi, nous sommes sur public Sénat.
06:07 – Absolument, je vais vous parler de la loi,
06:10 vous en tant que législateur et on se voit aussi aujourd'hui
06:12 dans le cadre d'une loi, quelle est votre loi emblématique,
06:16 votre loi préférée contemporaine ou dans l'histoire ?
06:19 – Alors vous m'auriez posé, je me doutais un peu de cette question
06:23 puisque je regarde votre émission.
06:25 – Elle est récurrente.
06:26 – Vous m'auriez demandé, la plus belle loi selon moi,
06:31 je vous aurais dit la loi de 1905 de séparation des Églises et de l'État.
06:35 Je pense que c'est la plus belle loi de la République
06:37 et pour moi finalement, c'est cette loi qui fonde la République.
06:41 Moi je pense que la République est réellement née en 1905
06:45 parce qu'elle instaure par la séparation des Églises et de l'État
06:48 finalement le principe de laïcité qui est pour moi
06:51 un pilier fondamental de la République.
06:53 Il n'y a pas de République française sans laïcité,
06:55 la République doit être laïque.
06:57 Et donc pour moi, c'est sans doute la plus belle loi.
07:00 Mais pour répondre plus spécifiquement à votre question,
07:03 la plus inspirante, c'est une loi qui a été votée en janvier 1975.
07:08 Je pense que vous me voyez peut-être venir.
07:12 C'est une loi qui faisait suite à une situation en France sociétale
07:18 qui va peut-être vous rappeler un sujet que nous allons aborder ensuite.
07:23 Avant 1975, les femmes en France, quand elles voulaient ou devaient avorter,
07:30 elles avaient deux solutions.
07:32 Soit la clandestinité avec le recours aux faiseuses d'anges
07:35 telles qu'on les baptisait avec là encore beaucoup de faits mimes.
07:41 – Soit partir à l'étranger.
07:42 – Soit partir à l'étranger parce que des pays à nos frontières
07:45 avaient légiféré depuis quelques années sur l'avortement.
07:50 Voilà la situation qui était celle en France d'une hypocrisie
07:54 où on fermait les yeux sur une réalité, où les femmes risquaient leur vie,
07:59 en tout cas risquaient de devenir définitivement stériles.
08:02 Et pendant des années, on ne voulait pas ouvrir les yeux sur cette réalité.
08:07 Ça me rappelle étrangement une situation actuelle
08:10 où quand on parle d'aide médicale active à mourir,
08:14 nous avons aujourd'hui dans ce pays des euthanasies clandestines
08:18 ou des Françaises et des Français qui partent à l'étranger.
08:21 Donc cette loi, elle est inspirante pour moi.
08:25 Et si vous me le permettez, parce que j'avais un petit peu anticipé
08:29 cette question, uniquement cette question, je voudrais quand même rappeler,
08:33 parce que ça va peut-être éviter d'entendre des horreurs de ce type
08:37 dans quelques mois à l'Assemblée nationale sur un sujet.
08:40 Et je pense que les mots, ça sera très rapide,
08:44 les mots que j'ai relevés étaient ceux de députés
08:48 dans l'hémicycle devant Mme Veil.
08:51 Je cite Jean Foyer, député UDR, "N'en doutez pas,
08:55 déjà des capitaux sont impatients de s'investir dans l'industrie de la mort
08:59 et le temps n'est pas loin où nous connaîtrons en France ces avortoirs,
09:03 ces abattoirs où s'entassent des cadavres de petits hommes
09:06 et que certains de mes collègues ont eu l'occasion de visiter à l'étranger".
09:10 Ça a été prononcé dans l'hémicycle.
09:12 Le député Roland, "Vous avez fait le choix d'un génocide".
09:15 Le député Dahi, "Il évoque des embryons jetés au four crématoire".
09:19 Et enfin, Jacques Médecin, "Parlez de barbarie organisée
09:23 et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis".
09:26 Donc vous voyez le niveau du débat en 1975,
09:29 les insultes à l'égard de Mme Veil qui, quand même,
09:32 vous le savez bien, a été déportée au Schwitz.
09:35 On parlait de barbarie, on parlait de nazis.
09:38 J'espère qu'on évitera ce genre de propos chez les opposants.
09:43 – Vous faites un peu de prévention.
09:45 – Vous vous êtes déjà traité de nazi ?
09:47 – Sur Twitter, alors pour revenir à Twitter,
09:50 "Falorni, nazi, puisque je défends l'État nazi".
09:54 Forcément très commode et le jeu de mots est particulièrement indigne.
09:58 Mais vous savez, il y a des choses qu'on entend.
10:01 Alors ce n'est peut-être pas à ce niveau-là,
10:03 mais je veux prévenir parce que peut-être certains
10:06 pourront éviter d'avoir le rouge de la honte quelques années après,
10:09 puisqu'on voit bien aujourd'hui les grandes lois de société,
10:11 l'avortement, le mariage pour tous.
10:14 Beaucoup sont dans la pénitence, dans la repentance,
10:16 en disant "Ah si j'avais su, je l'aurais voté".
10:19 Et puis se repentent d'avoir eu des mots définitifs.
10:23 Mais moi j'ai quand même entendu un archevêque de Paris,
10:27 Monseigneur Petit, qui a quand même osé affirmer
10:30 qu'on tuait en Belgique les enfants autistes.
10:32 J'entends M. Houellebecq, l'icône des antis en aide active à mourir,
10:38 qui dit qu'une civilisation qui légalise l'euthanasie mérite de mourir.
10:42 – Voyez-vous venir…
10:43 – M. Houellebecq, je rêve, je rêve.
10:45 La morale et l'éthique promenées par M. Houellebecq,
10:49 c'est quand même assez savoureux.
10:50 – Ça sera le cœur de cette émission, mais avant une question politique,
10:53 on parlera bien sûr, vous avez parlé de la loi Veil,
10:55 bientôt on parlera peut-être 50 ans après aussi de la loi Falorni.
10:58 – Oh là là !
10:59 – Quoi qu'il en soit, avant de plonger…
11:01 – Soyons clairs, je ne me prends surtout pas pour Simone Veil.
11:04 – Vous avez fait un comparatif.
11:06 Avant d'entrer effectivement dans ce débat important concernant,
11:10 on en parlait, une question cache politique,
11:12 et ensuite on…
11:13 – Oui, Olivier Falorni, on va revenir sur la fin de vie,
11:14 bien entendu, en détail, parce qu'il y a beaucoup de nuances à apporter,
11:17 mais simplement, juste pour mieux vous connaître,
11:19 et vous situer une question de géographie politique,
11:22 pour le professeur d'histoire et de géographie.
11:25 Alors, géographie politique, parce qu'on vous a connu
11:27 au Parti Socialiste, proche du Parti Radical de gauche,
11:29 à l'Assemblée, vous avez siégé chez les non-inscrits,
11:32 puis au groupe Liberté et Territoire,
11:33 et on vous retrouve aujourd'hui dans le groupe Modem,
11:36 avec cette nuance, député indépendant.
11:39 Olivier Falorni, vous êtes ce qu'on pourrait appeler un sans-parti fixe,
11:42 est-ce que la marque Falorni, c'est juste Falorni, et rien que Falorni ?
11:45 – Alors, vous savez, moi j'ai été investi au Parti Socialiste jusqu'en 2012,
11:49 on en a parlé, j'ai quitté le Parti Socialiste,
11:52 lorsque Madame Royal a voulu s'implanter
11:56 dans la circonscription de La Rochelle et de l'île de Ré.
11:59 J'ai été exclu du Parti Socialiste, donc maintenant, il y a 11 ans,
12:03 et je ne suis plus adhérent d'aucun parti politique depuis maintenant 11 ans.
12:09 Voilà, je n'ai plus adhéré à un parti politique,
12:11 j'ai été un peu vacciné, excusez-moi,
12:14 parce que j'ai quand même été exclu alors que le Parti Socialiste
12:16 n'avait même pas appliqué ses propres règles,
12:18 puisque ce sont les militants qui choisissent les candidats,
12:21 et donc je suis proche, je suis un homme du centre-gauche,
12:24 moi je me reconnais dans la philosophie radicale socialiste,
12:28 on évoquait la loi Veil, voilà.
12:32 – Là vous êtes dans la majorité présidentielle,
12:34 vous avez fait petit à petit, il y a ce glissement,
12:36 est-ce que l'homme du centre-gauche se retrouve encore ?
12:38 – Non mais vous savez, moi je me suis présenté,
12:42 effectivement j'ai été élu trois fois député en étant indépendant,
12:45 j'ai refusé la NUPES, parce que moi je ne veux pas être soumis
12:50 aux Insoumis et à M. Mélenchon, donc j'ai refusé la NUPES,
12:53 je ne suis pas un homme de droite,
12:56 donc effectivement il fallait que je sois dans un groupe parlementaire.
13:00 Je ne suis pas adhérent au MoDem, je n'ai pas l'intention de le devenir,
13:04 nous avons des différences avec le MoDem,
13:06 je suis un homme du centre-gauche,
13:08 pour autant il fallait que je sois dans un groupe parlementaire,
13:11 j'y ai totale liberté d'action et de parole,
13:15 donc je m'y sens bien, mais je défends des convictions
13:19 qui sont celles, j'allais dire, d'un républicain laïc
13:23 assez proche de Bernard Cazeneuve pour résumer.
13:25 – Et des convictions dont on va parler avec ce débat de fond
13:29 sur la fin de vie et la dignité de mourir,
13:32 en dignité justement, c'est notre partie extra.
13:36 [Générique]
13:40 – Voilà, un débat qui nous concerne tous,
13:45 inconnus et personnalités plus connues,
13:48 un débat sociétal, même religieux,
13:52 beaucoup de questions se posent, je vous propose d'écouter
13:54 les réactions très fortes de deux ministres
13:57 que nous avions reçus précédemment sur ce plateau.
13:59 – C'est un sujet qui touche la société entière,
14:05 je pense que c'est très important quand on est sur ces sujets
14:09 de cette importance qui nous touche aussi finalement
14:12 chacune et chacun en notre fort intérieur,
14:15 je peux vous répondre de manière très personnelle,
14:17 ce n'est pas forcément un avis mais un témoignage,
14:20 parce que j'ai eu comme un certain nombre de personnes,
14:23 ma maman qui a toujours milité pour avoir une fin de vie digne,
14:28 et donc forcément je pense à elle.
14:33 – Donc ça vous approuvez une disposition qui aiderait…
14:36 – Tout ce qui peut aider justement la dignité humaine,
14:40 en tout cas, en plus moi…
14:41 – L'aide à mourir c'est quelque chose qui vous parle.
14:42 – Pour moi ça me parle et tout ce qui peut respecter la dignité humaine,
14:47 vous me trouverez sur ces sujets-là.
14:50 – J'ai malheureusement connu beaucoup de fins de vie
14:53 dont je me suis très personnellement occupé,
14:55 c'est un débat public sur lequel je n'interviendrai pas
14:58 pour me préserver personnellement, je risque de vous étonner,
15:01 mais je ne suis pas si favorable, me concernant,
15:04 en mon nom personnel, bien sûr je suis solidaire
15:06 de mon gouvernement et du Parlement,
15:08 mais je ne suis pas si favorable ni à l'accélération
15:12 ni à la législation sur ce sujet,
15:15 pour plein de raisons qui m'incombent, qui me regardent,
15:18 la loi Claes Leonetti a ses défauts, elle a aussi ses qualités,
15:21 il s'avère que le plus grand centre de soins palliatifs
15:23 Jeanne Garnier est dans ma circonscription, dans le 15ème,
15:26 que je ne connais que trop les soins palliatifs
15:28 et que je ne serai pas très présente
15:31 et je ne suis pas très pressée non plus sur ce sujet,
15:35 ni d'accélérer, ni de légiférer.
15:37 - Voilà deux points de vue bien différents
15:40 entre Olivia Grégoire, qui est plutôt contre,
15:43 et la ministre Isabelle Longville-Rome,
15:46 plutôt favorable à ce débat.
15:48 Fabrice, vous vouliez rebondir.
15:51 - Vous en avez des membres du gouvernement,
15:53 dont certains amis socialistes.
15:54 Tout est dans la nuance, elle évoque la loi Leonetti.
15:59 C'est cette loi qui fait tourner actuellement
16:02 la question de la fin de vie.
16:04 Qu'est-ce qui ne marche pas,
16:06 qu'est-ce qui est insuffisant dans la loi Leonetti aujourd'hui ?
16:09 - Alors, j'ai beaucoup travaillé sur cette loi,
16:13 j'ai présidé une mission d'évaluation
16:15 entre janvier et mars, justement,
16:19 qui avait vocation à expertiser cette loi.
16:22 Ça n'avait jamais été fait, depuis 2016,
16:25 l'Assemblée nationale, le Parlement…
16:27 - Vous avez précisé ce que c'est que cette loi, qui…
16:30 - C'est la loi qui, finalement…
16:32 - Contre l'acharnement thérapeutique, finalement.
16:34 Ce qu'on appelle le refus d'obstination des raisonnables.
16:37 - Absolument.
16:38 C'est une loi qui, effectivement, réaffirme…
16:41 - C'est ça. - C'est une réaffirmation.
16:43 Il y a eu un certain nombre de lois précédentes.
16:46 Il y a eu la loi de 99, la loi Kouchner de 2002,
16:51 la loi Leonetti de 2005, et la loi Kless-Leonetti de 2016.
16:55 La loi Kless-Leonetti réaffirme, effectivement,
16:57 le refus de l'obstination des raisonnables,
16:59 l'acharnement thérapeutique.
17:01 Il renforce les droits des patients avec…
17:04 - Ce sont un peu les directives anticipées.
17:07 - Et la désignation d'une personne de confiance,
17:10 qui a vocation à être le porte-parole du malade en fin de vie,
17:13 s'il n'est plus en mesure de s'exprimer.
17:16 Il a vocation à développer, à encourager le développement
17:20 des soins palliatifs dans ce pays.
17:23 Et dernier point, ce qui était la grande nouveauté
17:25 de cette loi Kless-Leonetti, c'était d'instaurer
17:28 la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès,
17:31 qui était censée être une forme d'alternative
17:35 à l'aide active à mourir.
17:36 C'est une forme d'aide passive,
17:38 puisqu'il s'agit de plonger une personne dans le coma
17:42 de façon irréversible, une sédation irréversible,
17:45 et d'arrêter tous les traitements,
17:47 dont la nutrition, dont l'hydratation.
17:50 Et là, on a vu que c'était une avancée importante.
17:53 C'est ce que vous nous dites.
17:55 - Mais pas suffisante. - C'est ça.
17:57 Je l'ai dit, je l'ai écrit, ça a été une avancée importante.
18:01 Le problème, c'est que la question des droits des patients,
18:04 elle n'est pas assez connue.
18:07 Les gens font très peu leur directive anticipée.
18:11 Je le dis aux téléspectateurs, faire ces directives anticipées,
18:15 ça ne porte pas malheur.
18:16 C'est 14 % apparemment.
18:19 - Soyons concrets. - Une directive anticipée,
18:22 c'est de dire "c'est une dernière volonté, expliquez-nous".
18:26 - Oui, absolument.
18:28 C'est une forme de...
18:30 On met par écrit ces volontés
18:33 lorsque nous sommes en situation de fin de vie
18:36 et pas en mesure de s'exprimer.
18:38 C'est de dire, pour l'instant,
18:40 on ne peut pas demander une aide active à mourir,
18:42 ce n'est pas dans un cadre légal aujourd'hui,
18:45 mais on peut demander à ne pas être réanimé,
18:48 on peut demander à pouvoir béné...
18:50 Pas d'acharnement thérapeutique,
18:52 même si la loi sanctionne l'acharnement thérapeutique,
18:56 en tout cas l'empêche,
18:58 mais il y a des situations encore d'acharnement thérapeutique.
19:01 C'est de dire, par exemple,
19:02 qu'on veut avoir une sédation profonde et continue
19:05 si on est en fin de vie,
19:06 sauf que la loi Claes Leonetti
19:09 permet la sédation profonde et continue
19:11 uniquement quand le pronostic vital est engagé à courte échéance,
19:15 ce qui est normal d'ailleurs,
19:16 puisque la problématique de la sédation profonde et continue
19:19 qui est très peu utilisée.
19:21 Et ça, ça doit nous interroger. Pourquoi ?
19:24 Parce qu'il n'y a pas la maîtrise du temps.
19:26 C'est à dire que c'est une forme de laisser mourir,
19:30 certains qualifient d'aide passive ou d'euthanasie passive,
19:33 c'est à dire que finalement, vous endormez la personne,
19:37 vous arrêtez de la nourrir, de l'hydrater,
19:40 parfois ça ne dure que quelques heures,
19:42 parfois ça dure plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
19:46 – Donc ça peut être assez insupportable pour la famille.
19:49 – Ça peut être absolument insupportable.
19:51 On ne sait pas si ça génère des souffrances pour le malade,
19:54 je ne l'affirmerai pas, personne ne peut l'affirmer.
19:57 En revanche, pour, j'allais dire, la dignité de la personne,
20:01 parce que quand vous avez,
20:04 et pour l'entourage c'est absolument abominable,
20:07 quand vous voyez une personne petit à petit se décharner
20:12 et ne pas en finir de mourir,
20:13 je reprends la formule du Conseil d'État
20:15 qui n'est pourtant pas adepte de formules fortes,
20:18 le Conseil d'État parlait de ces malades qui n'en finissent pas de mourir.
20:24 Donc je pense que la sédation profonde est continue
20:27 et peut utiliser parce qu'il n'y a pas cette maîtrise du temps
20:30 et que les médecins rechignent à adopter…
20:34 – C'est quand même la porte d'entrée pour un autre débat,
20:37 celui de l'aide active à mourir, Olivier Falorni,
20:39 parce que votre commission où vous avez présidé
20:41 a quand même reconnu dans ses conclusions
20:43 que la loi Claes-Leonetti répondait à la plupart des cas,
20:46 qu'il y avait un défaut d'application d'où vous venez de parler,
20:48 et en même temps on a le Conseil national d'éthique qui a dit,
20:51 ces derniers mois et qui a permis d'ouvrir ce débat,
20:53 qu'il y avait enfin une voie de passage pour avoir une aide active à mourir,
20:58 mais de manière éthique.
20:59 On est sur des nuances, la ligne de crête est vraiment très étroite,
21:02 est-ce qu'on peut aller plus loin ?
21:04 Vous allez me parler de la Convention citoyenne,
21:05 mais en tout cas ce débat est en train de prendre corps maintenant.
21:09 Oui, ce débat prend corps, effectivement.
21:12 Le comité d'éthique a émis un avis, j'allais dire,
21:16 extrêmement important, parce que pour la…
21:21 C'est presque un retournement, parce qu'il y a une évolution quand même.
21:24 C'est une évolution assez rapide en plus.
21:25 Pas un retournement, une évolution,
21:27 parce que aussi, voilà, la société évolue.
21:31 C'est la fin d'un tabou aussi.
21:33 Je pense que si on avait fait une Convention citoyenne il y a 10 ans,
21:36 il n'y aurait pas eu 76% des citoyens qui auraient…
21:39 – Qui seraient plutôt favorables.
21:41 – Vous voyez, on parlait de la loi Veil,
21:42 je ne suis pas sûr qu'à l'époque,
21:44 si on avait fait une Convention citoyenne,
21:45 les Français auraient approuvé une loi sur l'avortement.
21:48 Aujourd'hui, la question de société majeure,
21:52 qui est la fin de vie, elle arrive à maturation dans la société.
21:56 On voit toutes les enquêtes d'opinion,
21:57 on voit la Convention citoyenne qui a été un exercice remarquable.
22:00 Je le dis d'autant plus facilement que j'étais assez sceptique
22:04 sur cette Convention citoyenne, parce que je me demandais
22:06 comment cet outil allait fonctionner.
22:10 – C'était quoi, 184 personnes, c'est ça qu'ils se revoyaient ?
22:13 – Voilà. – Ils se voyaient tous les week-ends ?
22:14 – Absolument, c'est 184 personnes qui ont été tirées au sort
22:17 selon des critères représentatifs, qui ont travaillé pendant 27 jours,
22:21 de façon bénévole, 9 week-ends,
22:23 et qui ont produit un travail absolument remarquable,
22:26 et qui ont dit clairement, à 76%,
22:28 "Nous voulons une loi sur l'aide active à mourir,
22:31 on doit entendre cet appel."
22:32 Et parmi ces 187 personnes, je vous propose d'en écouter une
22:36 qui a une question pour vous, M. le député.
22:39 – Bonjour M. le député, je m'appelle Audrey Vidal,
22:41 je faisais partie de la Convention citoyenne sur la fin de vie,
22:44 et j'habite à Villers-Bannes.
22:45 J'aimerais vous poser la question suivante,
22:47 de quelle proposition de la Convention citoyenne
22:51 vous êtes-vous appuyée pour rédiger le projet de loi sur la fin de vie ?
22:56 – Je me souviens parfaitement de cette jeune fille,
22:58 parce que j'ai eu la chance d'aller à l'Élysée…
23:00 – Et loin de la fin de vie !
23:02 – … de la remise du rapport, et vous savez, c'était formidable.
23:05 La rencontre que j'ai eue avec ces conventionnels,
23:07 c'était formidable, parce qu'il y avait toutes les générations,
23:10 il y a eu un brassage d'ailleurs, il y avait cette jeune fille,
23:13 il y avait aussi une petite mamie assez âgée,
23:17 elles étaient ensemble, elles discutaient, elles échangeaient,
23:19 elles étaient d'accord.
23:20 – Elles étaient d'accord, oui.
23:21 – Elles étaient d'accord, et franchement,
23:23 c'était formidable cette Convention citoyenne,
23:25 sur la forme et surtout sur le fond.
23:27 – Alors sur le fond, réponse à la question de cette jeune fille.
23:30 L'enseignement principal que j'en tire,
23:33 ce n'est pas finalement les 76% pour,
23:36 parce que ça finalement, ça ne fait que conforter
23:39 ce que l'on voit depuis des années et des années
23:41 dans les enquêtes d'opinion.
23:42 Non, les conventionnels ont voulu aller beaucoup plus loin que ça,
23:46 c'est-à-dire, ils ont dit, quel type d'aide active va mourir ?
23:50 Et en fait, il y a un enjeu majeur demain,
23:53 c'est, est-ce qu'on va un peu sur le modèle anglo-saxon
23:56 vers le suicide assisté seul,
23:58 c'est-à-dire où on ne permet,
24:00 on permet uniquement à la personne malade en fin de vie,
24:04 et je veux quand même dire quelque chose de très important,
24:07 quand on parle de fin de vie, on ne parle pas de la vieillesse,
24:10 on parle de la maladie, de la maladie en fin de vie,
24:13 parce qu'il y a parfois confusion,
24:15 et certains opposants jouent de cette confusion,
24:18 on ne parle pas de la vieillesse,
24:20 on parle de gens qui sont atteints de maladies graves et incurables,
24:24 et malheureusement, ça touche tous les âges.
24:26 Et donc, la question c'est suicide assisté seul,
24:31 ou suicide assisté et euthanasie,
24:34 c'est-à-dire suicide assisté, vous ingérez vous-même le produit,
24:38 euthanasie, c'est un tiers, en l'occurrence un médecin,
24:41 qui vous administre le produit.
24:44 Et ça, c'est extrêmement important,
24:47 parce que si l'on allait vers le suicide assisté seul,
24:51 modèle un peu américain,
24:54 eh bien, on créerait une inégalité cruelle,
24:58 une inégalité cruelle, que je peux, si vous le souhaitez, développer,
25:03 parce que cela mettrait de côté des gens qui sont malades,
25:08 de maladies graves, incurables,
25:10 et qui répondraient à tous les critères d'éligibilité à ce droit,
25:14 mais qui ne pourraient pas être aptes physiquement à faire le geste.
25:19 Vous avez des malades en fin de vie qui ne peuvent plus bouger,
25:22 la maladie de Charcot, par exemple.
25:24 Et donc, ces gens-là, si on était sur le suicide assisté seul,
25:29 ne pourraient pas accéder à ce droit,
25:32 uniquement parce qu'ils ne sont pas en mesure de le faire physiquement.
25:35 – On ouvre un autre biais, Olivier Falorni,
25:36 parce qu'on parle beaucoup des familles et des malades,
25:38 mais il y a aussi toute la communauté médicale
25:41 qui est associée à cette réflexion.
25:42 On sait que là, le débat est vif,
25:44 parce que le serment d'Hippocrate,
25:45 ce n'est quand même pas de donner la mort.
25:47 Le suicide, l'aide active à mourir, suppose le médecin,
25:51 parce que vous disiez, comment les convaincre,
25:53 comment aborder le débat avec les professionnels de santé ?
25:56 – Alors, juste pour finir sur la question de la jeune fille,
25:59 la Convention a dit, le suicide assisté seul n'est pas possible,
26:03 il faut le suicide assisté et l'euthanasie.
26:06 Voilà la conclusion, et donc je réponds à la question.
26:10 C'est pour moi, vraiment, la lettre de mission
26:13 qu'a donnée la Convention citoyenne.
26:15 Après, les soignants.
26:16 Alors, j'entends dire que les soignants sont hostiles
26:21 à l'évolution vers l'aide active à mourir.
26:24 Sans doute une majorité.
26:26 – Parce qu'ils ont peur qu'on se retourne contre eux ?
26:29 Ils auraient peur ? Ce serait ça le…
26:31 – Vous savez, oui, dans ces grandes réformes de société,
26:37 je parlais de la loi Veil, l'ordre des médecins était contre la loi Veil,
26:41 et l'ordre des médecins a tenu des propos très durs contre la loi Veil.
26:45 Aujourd'hui, l'ordre des médecins, évidemment,
26:47 ne veut pas revenir contre la loi Veil.
26:49 Et je rappelle que le serment d'Hippocrate,
26:51 puisqu'on parle du serment d'Hippocrate,
26:52 interdisait l'avortement.
26:56 Donc le serment d'Hippocrate, il a changé à de nombreuses reprises.
26:59 Donc, sans doute que les soignants…
27:04 Je pense qu'ils n'ont pas peur des conséquences,
27:06 parce qu'aujourd'hui, c'est l'absence de loi
27:08 qui les met en difficulté.
27:09 Parce que tout le monde, même les opposants,
27:11 Jean Léonetti, qui n'est pas favorable à une évolution,
27:15 disait lui-même que, durant les années 70-80,
27:19 les médecins pratiquaient ce qu'on appelait le cocktail lithique.
27:22 Tout le monde le reconnaît, c'est-à-dire,
27:24 on faisait de l'euthanasie sans le dire.
27:26 Tout le monde le sait.
27:27 Tout le monde sait qu'aujourd'hui,
27:28 il y a des euthanasies clandestines dans ce pays
27:31 qui sont faites dans le secret,
27:32 parce que des médecins par humanité
27:34 prennent le risque d'aider et d'accélérer le décès
27:38 d'une personne qui n'en peut plus souffrir.
27:40 – Le projet de loi arrive en septembre, c'est ça, Olivier Falorni ?
27:43 C'est le calendrier ?
27:45 – Oui, conformément aux engagements du Président de la République.
27:48 Il m'a été confirmé par la ministre en charge du dossier
27:51 que le texte de loi serait présenté en Conseil des ministres
27:55 avant la fin de l'été, donc avant la fin septembre.
27:58 Et ensuite, j'espère qu'il y aura une inscription
28:00 à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale,
28:03 dans les plus brefs délais.
28:04 – Un texte qui serait adopté avec une majorité, vous le pensez ?
28:07 Quel est l'état de…
28:08 quand vous discutez avec vos collègues parlementaires,
28:10 est-ce qu'on peut s'attendre à un débat extrêmement vif,
28:12 vous l'avez dit en tout début d'émission,
28:14 rappelant les propos qui avaient été tenus en 1975 ?
28:17 – J'espère justement que ça servira de leçon,
28:20 et puis plus récemment, le mariage pour tous.
28:23 Donc je pense que certains députés…
28:25 Et puis la différence, c'est que les Français demandent ce droit,
28:28 vraiment de façon très forte.
28:31 Donc j'espère qu'on aura un débat apaisé, serein.
28:34 C'est ce qui se produit, je suis président du groupe d'études
28:36 sur la fin de vie, on fait des débats toutes les semaines
28:39 et c'est très serein, très apaisé.
28:40 – En s'alignant sur d'autres pays qui sont…
28:42 il y a plein de pays qui ont déjà légiféré sur la question.
28:46 – Je parlais de la laïcité.
28:48 On a deux pays à nos frontières de tradition catholique,
28:52 que sont l'Espagne et le Portugal,
28:54 qui ont légiféré ces dernières années sur la fin de vie
28:57 de façon extrêmement calme, sans vagues.
29:01 Et dans le monde, aucun pays qui a légiféré sur la fin de vie
29:05 ne veut revenir en arrière.
29:06 – Il y en a combien qui ont légiféré ?
29:08 – Alors, je ne saurais pas vous dire le nombre,
29:11 mais vous avez de nombreux pays, la Nouvelle-Zélande, le Canada,
29:14 l'Australie, 13 États aux États-Unis, et puis en Europe,
29:18 évidemment la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, depuis 20 ans.
29:22 – On évoque, notamment, vous l'avez évoqué,
29:25 le cas de malades qui souffrent de maladies chroniques physiques,
29:29 qu'en est-il des malades psychiques qui souhaitent une fin de vie ?
29:33 – Alors, moi dans la proposition de loi que j'ai défendue en 2021,
29:37 dont l'article 1, je le redis, parce que j'ai subi ce qu'on appelait,
29:42 et ce qu'on appelle encore, une obstruction parlementaire,
29:44 c'est-à-dire cinq députés à eux seuls,
29:47 qui d'ailleurs avaient été contre l'avortement,
29:49 contre le mariage pour tous, ont déposé des milliers d'amendements
29:53 et nous n'avons pas pu aller jusqu'au bout du texte.
29:55 Mais l'article 1, fondant le droit à l'aide active à mourir,
29:58 avec les conditions précisées d'ailleurs par la Convention citoyenne,
30:03 a été voté à 83% des députés.
30:05 Donc quelque part, c'est une forme de pré-réponse à la question que vous posiez,
30:09 y a-t-il une majorité ? Je pense que oui.
30:12 Après, ce n'est pas un sujet politicien,
30:14 c'est-à-dire qu'il n'y aura pas des positions de groupe,
30:16 chacun s'exprimera en conscience.
30:19 – Alors, qu'en est-il des malades psychiques ?
30:21 – Alors, justement, dans la… – Excusez-moi de vous reprendre.
30:25 – Dans l'APP que j'avais défendue, j'ai exclu un certain nombre de situations.
30:31 J'ai exclu les mineurs,
30:33 même si la question de la fin de vie et de la souffrance des mineurs
30:38 en fin de vie se pose, mais c'est un sujet trop sensible,
30:43 trop sensible pour eux, mais je le dis, c'est un sujet néanmoins.
30:47 – Trop sensible parce que légalement difficile à encadrer ?
30:51 – Non. – Émotionnellement, enfin.
30:53 – Émotionnellement, beaucoup plus difficile à encadrer,
30:57 et s'il devait y avoir une législation là-dessus,
30:59 il faudrait que l'encadrement soit très strict,
31:02 mais je ne souhaite pas entrer dans ce schéma
31:05 parce que la question du discernement, évidemment, est au cœur de tout.
31:10 – Justement, c'est le cas aussi des malades…
31:12 – Et les malades psychiques sont aussi exclus de ce droit
31:17 à l'aide active à mourir.
31:19 La question du discernement, j'y reviens, est posée,
31:23 et qu'on ne dise surtout pas que demain,
31:28 si on légifère en France sur l'aide active à mourir,
31:31 on va tuer les dépressifs.
31:33 La dépression n'est pas une maladie incurable,
31:37 et nous ne considérons pas que les maladies psychiques
31:42 doivent rentrer dans le champ d'éligibilité.
31:45 – C'est important de le redire.
31:46 – C'est important de le redire.
31:47 – En Belgique, apparemment.
31:48 – Alors, c'est le cas en Belgique,
31:50 puisque la loi a évolué dix ans après la loi de 2002,
31:54 ça n'était pas autorisé en 2002, la loi a évolué,
31:57 mais attention aux fake news, pour les maladies psychiques,
32:03 les règles sont beaucoup plus contraignantes,
32:06 et ça ne concerne que très peu de personnes.
32:08 Alors, tout le monde fait référence à cette jeune femme de 23 ans,
32:12 elle a rencontré plusieurs collèges de psychiatres,
32:15 et vraiment, pour que cette jeune femme ait eu droit à accéder en Belgique
32:20 à l'aide active à mourir, il a fallu vraiment qu'elle soit consultée
32:24 à de nombreuses reprises par des psychiatres,
32:26 mais en tout cas, ce n'est pas mon souhait qu'en France,
32:30 on puisse intégrer cette possibilité.
32:31 – La jeune influenceuse, là, oui.
32:33 – Avant de passer à notre deuxième partie intra,
32:35 je vous propose de regarder ce témoignage des aides-soignants,
32:39 en soins palliatifs notamment, comment font-ils ?
32:43 – Comment injecter la vie dans un service de soins palliatifs ?
32:47 Concrètement, on s'en rend vite compte que c'est plus nos qualités humaines,
32:52 plus que nos qualités infirmières, qui prennent compte à ce moment-là.
32:55 L'humour, c'est un grand mécanisme de défense, on se protège en rigolant.
32:59 – Et des fois même, on rigole avec nos patients, parce que ça leur fait du bien,
33:04 pas forcément de les voir comme des patients dans un lit…
33:07 – Ils ont besoin. – Ils ont besoin de blaguer…
33:09 – De nous raconter notre vie, de nous tuer…
33:10 – Des fois, ils sont marrants, des fois, ils nous donnent même des conseils.
33:15 – Voilà, même à proximité de la mort, il faut rire, n'est-ce pas ?
33:20 Politèche du désespoir, petite remarque avant d'enchaîner ?
33:24 – Les soins palliatifs, c'est formidable, et que l'on me comprenne bien,
33:28 j'allais dire que l'on m'entende…
33:30 – Coup de choc pour ce qui est de soignants.
33:31 – Je suis un militant incharné des soins palliatifs.
33:36 Je veux qu'on développe les soins palliatifs en France,
33:39 je veux que les 21 départements qui n'ont pas d'unité de soins palliatifs
33:42 en soient dotés, et en aucun cas, en aucun cas,
33:46 j'oppose soins palliatifs et aides actives à mourir,
33:49 ça doit être un choix possible en fin de vie.
33:53 – Et sur les proches aidants, peut-être un petit mot ?
33:55 – Un tout petit mot.
33:57 – Est-ce qu'on va assez loin pour ces familles, ces proches,
34:00 des enfants, frères et sœurs, qui accompagnent leurs proches
34:03 jusqu'au bout, parfois à domicile, pendant des semaines ?
34:06 – C'est une question importante et je crois pouvoir déjà dire
34:11 que dans le texte de loi que nous allons étudier,
34:14 il y aura une part consacrée à l'accompagnement des familles,
34:19 même l'accompagnement du deuil.
34:21 On a vu pendant la période du Covid,
34:23 à un moment, des restrictions excessives,
34:27 parfois zélées, qui ont empêché les familles
34:31 de pouvoir être aux côtés des malades en fin de vie,
34:34 de ne pas pouvoir parfois assister aux obsèques,
34:38 et on voit bien toute l'importance de ces derniers instants
34:42 avec le malade, et c'est pour ça aussi que je défends
34:44 l'aide active à mourir, parce qu'à un moment,
34:46 elle permet cette interaction, elle permet ces derniers moments,
34:49 et les témoignages en Belgique, en Suisse,
34:51 montrent bien que cette période-là, elle est importante pour les familles,
34:55 parce que c'est un moment de l'adieu qui est extrêmement fort.
34:59 – Allez, on enchaîne son transition sur des thématiques un petit peu plus…
35:04 plus gaies, qui viennent de nos régions, c'est un train.
35:08 [Générique]
35:11 Et avant d'aborder ces autres thématiques,
35:14 je vous propose ce tour des régions de l'actualité signée
35:18 Roselyne Pagès et Territoires hebdomadaires.
35:21 [Générique]
35:26 Une galère partiellement soulagée.
35:29 Aller à la médiathèque pour renouveler ses papiers d'identité,
35:32 c'est possible durant trois mois à Gradignan.
35:35 Une solution à l'engorgement et au délai d'attente qui explose,
35:39 illustration du plan d'urgence gouvernementale.
35:42 – Je n'avais pas trouvé de créneau ailleurs qu'à Coutras,
35:45 depuis le mois de janvier, et je regardais quasiment toutes les semaines.
35:49 Alors j'ai fait ma pré-demande le 19 janvier 2023,
35:52 et j'avais rendez-vous fin juin.
35:55 – Avant la création de ce centre, nous étions à 40 jours
35:59 pour obtenir un rendez-vous en moyenne sur le département.
36:03 Évidemment, il y a des villes où on attend plus longtemps que d'autres.
36:08 L'objectif, c'est d'arriver à un délai moyen de 30 jours.
36:11 Au niveau national, 66 jours sont nécessaires en moyenne
36:14 pour renouveler passeport ou carte d'identité.
36:17 C'est une simulation contre laquelle ces jeunes ne dissimulent pas leur colère.
36:25 Prise d'otages, coups de feu, hurlements,
36:28 tout était presque vrai ce jour-là à l'Open Campus de Brest.
36:31 Une poignée d'étudiants apeurés tentent alors de fuir,
36:34 sauf qu'il s'agit d'un exercice dont ils n'étaient pas au courant.
36:38 – Moi, j'étais en tremble pendant une heure, une heure et demie,
36:41 j'ai encore mal au bide là.
36:43 – Après, quand on est sortis, on nous a dit,
36:45 "Vous allez passer votre examen quand même",
36:47 alors qu'on était en pleurs, en stress, c'est pas possible,
36:51 on était complètement en état de choc, on est toujours en état de choc d'ailleurs.
36:54 – Une plainte a été déposée contre l'établissement.
36:57 La direction, elle, invoque une erreur de communication.
37:01 – Ils n'ont pas été informés puisqu'ils rentraient, eux, en salle d'examen
37:05 et le surveillant n'avait pas cette information
37:09 qu'il y allait avoir, justement, des bruits de pétards au sein du campus.
37:14 – Une cellule psychologique a été mise en place.
37:17 Il s'appelle Rémi et il a quitté la famille des diesels.
37:24 Rétrofité, ce quart thermique a été reconverti en électrique.
37:29 C'est une première en Europe, il a été décarboné sans déchet.
37:33 – Donc là, on a 4 blocs d'énergie qui sont des batteries à lithium,
37:36 qui sont notre conception, notre production, qu'on produit en France.
37:39 On a 4 autres juste de l'autre côté, ça fait 8, et 4 encore à l'arrière
37:42 pour arriver à un total de presque 200 kWh de batterie.
37:45 – On estime que, globalement, rétrofiter un quart coûtera environ la moitié
37:50 d'acheter un véhicule neuf.
37:52 – Plus écologique, plus économique, la région Centre-Val de Loire
37:56 a décidé d'accélérer vers ce modèle.
37:59 – Nous voulons engager, à l'horizon 2028 ou plus tard,
38:05 0 quart produisant du carbone.
38:09 – 10 millions d'euros par an devraient être investis
38:11 pour cette transition énergétique.
38:14 [Musique]
38:18 – Alors, y a-t-il un sujet, un reportage qui vous inspire davantage ?
38:21 Olivier Falorni.
38:22 – Tout est intéressant, ce qui s'est passé à la fac de Brest,
38:29 je le découvre, c'est consternant.
38:33 – Par exemple, le bus décarboné, le premier d'Europe, intéressant.
38:36 – Même si je veux rajouter qu'au-delà de ce truc
38:39 est complètement abracadabrant, la menace terroriste
38:43 existe toujours dans notre pays.
38:45 La menace n'est plus exogène, au sens où, probablement,
38:50 que Daesh, Al-Qaïda ne peuvent plus projeter des terroristes
38:55 sur notre territoire aussi facilement qu'ils le pouvaient avant,
38:58 mais la menace est endogène avec des terroristes
39:03 éventuellement radicalisés seuls qui peuvent…
39:05 Donc voilà, le fait de prévenir des actes terroristes en soi
39:11 n'est pas critiquable, mais il ne faut surtout pas faire
39:13 des choses pareilles, c'est consternant.
39:15 – Petite réaction sur ce bus aussi, premier d'Europe ?
39:17 – Oui, je pense que le rétrofit, c'est une filière économique à développer.
39:24 Je pense que c'est intéressant, parce qu'on le voit bien,
39:28 aujourd'hui, je crois qu'il y a en France
39:30 à peu près 20 millions de voitures et de camions.
39:33 Si on veut arriver à la neutralité carbone en 2050,
39:37 de toute façon, il faudra décarboner les transports.
39:40 Alors certes, il y aura l'interdiction de la vente de véhicules
39:44 particuliers thermiques à partir, je crois, de 2035,
39:49 mais pour autant, il faut enclencher une mécanique vertueuse.
39:52 Et je trouve intéressant de pouvoir avoir des rétrofits
39:57 sur des batteries électriques, peut-être aussi
40:00 sur du combustible hydrogène, en tout cas, peut-être
40:03 sur de l'hybride rechargeable.
40:06 Et donc, c'est intéressant, et je pense que l'expérimentation
40:09 sur les cars scolaires est pas mal, parce que ça permet
40:12 de tester aussi l'autonomie.
40:14 C'est des petits déplacements, on peut recharger
40:16 au milieu de la journée, puisque les déplacements,
40:18 c'est plutôt le matin et le soir.
40:19 Donc, je trouve que l'expérience est intéressante.
40:21 – À suivre, on vous a proposé trois vidéos venant de nos régions.
40:27 Désormais, je vous propose trois.
40:28 Une des quotidiens représentées ici, à vous d'en choisir une,
40:32 celle qui vous parle le plus, qui vous plaît le plus.
40:34 Le Télégramme, attitré récemment sur la Haute-Mer,
40:37 enfin sous protection.
40:39 Le Progrès, représenté ici par Fabrice.
40:42 Les Retraités sont de retour à l'usine.
40:46 Quant à Sud-Ouest, qui revient sur les orages,
40:50 avec tout ce dérègle, changement climatique.
40:54 Monsieur le député ?
40:55 – Je vais peut-être parler de la question de la Haute-Mer,
40:58 parce qu'elle recoupe…
41:00 – La Bretagne a l'honneur, décidément.
41:01 – J'en étais sûre.
41:02 – Parce qu'elle recoupe aussi la question environnementale
41:05 dans son général, parce que vous savez,
41:08 la moitié de l'oxygène que nous respirons,
41:12 la moitié de l'oxygène que nous respirons,
41:14 elle est fournie par la Haute-Mer.
41:18 – Et il y a 1% de la Haute-Mer qui est protégée aujourd'hui.
41:21 – Tout à fait.
41:22 – Et c'est pour ça qu'on a attitré là-dessus,
41:24 alors que l'idée, ce serait d'en protéger 30% d'ici 2030.
41:27 Il y a quand même encore un sacré chemin à faire,
41:29 même si, au bout de 15 ans, on arrive quand même
41:32 à avancer un peu sur ces questions-là,
41:35 de protéger la Haute-Mer.
41:38 – Oui, ce traité international, effectivement,
41:40 ça fait 15 ans qu'on en parle, enfin, il aboutit, c'est majeur.
41:45 C'est majeur parce que c'est la moitié de la planète.
41:48 – C'est créer des aires protégées, effectivement,
41:50 au-delà des côtes, au début de la Haute-Mer,
41:53 dans la Haute-Mer.
41:54 – Absolument, d'ailleurs, j'ai déposé,
41:56 avec un certain nombre de collègues, au début de l'année,
41:59 une proposition de résolution qui invite la France
42:02 à demander un moratoire sur les industries,
42:07 les extractions minières dans les fonds marins.
42:10 Parce que c'est vrai que pendant des années,
42:13 la Haute-Mer, pour bien comprendre,
42:15 c'est tout ce qui va au-delà de 200 000,
42:18 200 000 des côtes, c'est à peu près 370 km.
42:22 Voilà, donc on protégeait ces espaces,
42:26 ces zones économiques exclusives,
42:28 mais la Haute-Mer, finalement, était abandonnée à la pollution,
42:33 à la surpêche et à des activités d'extraction,
42:37 parfois très polluantes.
42:39 Et donc là, pour la première fois, on se dit,
42:42 ah ben oui, non mais il faut protéger ces espaces
42:45 parce qu'ils sont vitaux, parce qu'ils captent une grande partie,
42:49 une très grande partie du CO2 produit par les activités humaines.
42:53 Donc c'est un enjeu majeur, la Haute-Mer.
42:55 – On fait un petit tour de table des régions.
42:59 Allez, on commence par vous, Jefferson Desport,
43:02 et Sud-Ouest, est-ce que vous voulez continuer à parler
43:05 réchauffement climatique, canicule, agroforesterie ou aquaponie ?
43:12 – Oui, je vous laisse lancer le sujet alors.
43:14 – Vous êtes dispo ou vous avez aquaponie ?
43:18 Allez, c'est quoi aquaponie ? Vous connaissez l'aquaponie ?
43:20 Allez, une séance d'aquaponie, allez, on y va.
43:23 Dans la serre de la ferme Nouvelle à Mérignac,
43:25 les outils de jardinage les plus importants ne sont pas les bêches,
43:28 les râteaux et autres bineuses, mais de grands tubes de PVC
43:31 pour transporter l'eau d'un bassin à un autre.
43:34 Ces jardiniers exploitent un potager d'un genre un peu particulier,
43:37 salade, pieds de tomates et autres plantes aromatiques,
43:40 poussant sous cette serre de Mérignac,
43:41 non pas les racines dans la terre, mais dans l'eau.
43:44 Elles sont installées sur des radeaux flottants,
43:47 leurs racines viennent chercher, puiser dans cette eau,
43:49 leurs besoins nutritifs.
43:50 – Le fait d'être quand même immergées dans l'eau constamment,
43:56 fait que du coup, elles poussent beaucoup plus vite
43:58 qu'en agriculture traditionnelle.
44:00 – Dans ce bassin dont les courants simulent ceux d'une rivière,
44:03 il y a plusieurs centaines de truites arc-en-ciel,
44:05 l'eau dans laquelle elles nagent et se nourrissent recueillent lors d'éjections.
44:09 Cette eau d'aquaculture, riche en azote, potassium, phosphore
44:12 et autres oligo-éléments,
44:13 vient ensuite nourrir les plantes du potager flottant.
44:16 Elle circule donc quasiment en circuit fermé dans cette serre.
44:20 Ce mode de culture un peu particulier permet même d'économiser 90% d'eau
44:24 par rapport à une agriculture classique en pleine terre,
44:27 selon l'un des fondateurs de cette ferme.
44:29 – Ce modèle permet d'économiser énormément d'eau,
44:31 mais aussi d'avoir des rendements assez conséquents.
44:34 C'est-à-dire qu'on est, comme vous le voyez derrière moi,
44:36 on est sur des bacs qui sont resserrés,
44:37 il n'y a pas de passage pour les roues des tracteurs,
44:40 donc on est sur des rendements qui pourront aller de 2,5 à 10 fois plus
44:44 que l'agriculture de pleine terre.
44:45 – Cette production est vendue aux grandes surfaces et aux restaurateurs.
44:47 La ferme nouvelle dégage pour le moment un chiffre d'affaires
44:50 de 900 000 euros par an.
44:52 Sa rentabilité économique est prévue pour 2024.
44:55 – Voilà, vous connaissiez l'aquaponie et non pas Poney ?
44:58 – Non, pas très bien, j'avoue.
45:00 Mais ce qui est intéressant, c'est que l'enjeu de l'eau
45:04 va être majeur par le biais du réchauffement climatique.
45:07 Et le paradoxe, c'est que moi je suis député d'une circonscription littorale,
45:10 la Rochelle, l'Ile de Ré, et donc notre inquiétude,
45:13 c'est la montée des eaux.
45:15 Et paradoxalement, et même si ça ne l'est pas,
45:18 on va être affecté par la sécheresse
45:21 et donc la gestion des ressources dans l'eau.
45:24 Et donc il va y avoir un enjeu effectivement sur l'utilisation de l'eau
45:30 et la recherche de techniques permettant d'en consommer le moins possible.
45:35 Donc c'est une expérience intéressante.
45:37 – C'est vrai que le risque climatique, on en parle tous les jours,
45:40 notamment dans le sud-ouest, le plan bleu
45:42 va être déclenché dans les Ehpad pour lutter contre la canicule.
45:45 On en reparle après ce sujet qui concerne nos anciens.
45:49 "Douceur de France", c'est le nom de cet Ehpad
45:53 qui accueille 117 résidents permanents.
45:56 [Toc toc toc]
45:57 Tous affirment ne pas souffrir de la canicule.
46:01 – Vous en souffrez de la canicule ?
46:03 – Non, pas ici quoi.
46:04 – Pas vraiment, parce qu'ici il y a des espaces…
46:08 même ici on a la clim dans toutes les chambres,
46:10 donc il n'y a pas de problème.
46:12 – C'est en effet l'une des premières mises en œuvre du plan bleu.
46:15 La climatisation des locaux, des chambres aux espaces de vie communes.
46:19 – On adapte selon tous nos résidents, certains n'aiment pas avoir de la clim,
46:23 donc en fait dès qu'ils s'absentent de leur chambre,
46:25 on met la clim, on rafraîchit la pièce
46:27 et dès qu'on les raccompagne en chambre,
46:30 on va soit augmenter le thermostat, soit couper.
46:32 – Mais le plan bleu ne s'arrête pas là.
46:34 C'est d'abord toute une organisation humaine qui est mise en place.
46:38 – Nous formons tout type de personnel, tout type de salariés de l'EPAD,
46:42 des cuisines jusqu'aux jardiniers et nos soignants bien évidemment,
46:46 à la vigilance de nos aînés, pour qu'ils puissent donner l'alerte
46:51 très rapidement aux infirmières, à moi-même, aux médecins-coordinateurs.
46:56 – Du coup sur ton secteur, est-ce que tu as des difficultés
46:58 avec certains résidents qui refusent de boire,
47:00 à qui il faut peut-être mettre des sirops ?
47:03 – Très bien.
47:03 – Au plan soins, j'ai rajouté la surveillance hydraulique,
47:06 trois fois par jour.
47:07 – Même les menus sont adaptés aux conditions climatiques.
47:09 En plus des douches rafraîchissantes l'après-midi,
47:12 certains résidents ont la possibilité de profiter de séances de balnéothérapie,
47:18 à la fois hydratante et relaxante.
47:21 – Voilà, on passe quand même à la balnéothérapie maintenant.
47:24 – On a parlé beaucoup de fin de vie, là on part sur les EPAD,
47:26 c'est encore autre chose, c'est un autre regard,
47:27 simplement il y a eu ce scandale dans les EPAD
47:30 avec beaucoup de questions de maltraitance.
47:31 Est-ce que le député que vous êtes est attentif
47:33 dans sa circonscription à ce type d'établissement ?
47:37 – J'y suis d'autant plus attentif que j'avais la chance,
47:40 jusqu'à récemment, d'avoir mes deux grand-mères dans un EPAD.
47:44 Une est décédée récemment, mais j'ai encore une grand-mère dans un EPAD,
47:47 que je visite souvent et je mesure la difficulté du travail dans les EPAD.
47:53 C'est extrêmement compliqué parce que les personnes qui y arrivent
47:56 sont de plus en plus dépendantes,
47:58 et donc c'est un métier extrêmement difficile
48:01 et on voit bien que le métier est peu attractif
48:05 et qu'il y a des difficultés de personnel,
48:08 et tout cela entraîne sans doute des formes de maltraitance
48:12 absolument involontaires, je n'accuse pas les personnels,
48:16 sauf évidemment des cas qui relèvent de la justice,
48:20 mais des formes de maltraitance involontaire
48:24 parce qu'elles n'ont plus le temps…
48:26 – Un manque de personnel.
48:27 – Quand vous consacrez deux ou trois minutes à la toilette,
48:30 eh bien ça n'est pas faire preuve d'humanité, d'accompagnement.
48:35 – Ça manque de personnel.
48:36 – Oui, problème personnel aussi dans la maternité de Guingamp,
48:39 on part en Bretagne.
48:41 – Une maternité effectivement où l'accès à la maternité a été fermé,
48:45 suspendu, et puis là on apprend qu'il y a de nouveau une suspension
48:48 de quatre mois et qu'en fait les gens se disent
48:51 que ça va rouvrir ou pas, et ils parlent de fiasco sanitaire,
48:55 c'est-à-dire qu'il faut aller accoucher à 30 minutes, à 45 minutes,
48:59 donc en mettant la vie des mères potentiellement en péril
49:03 pour des problèmes de finances, de moyens, d'accès à du personnel.
49:10 – Oui, de toute façon on voit en France beaucoup de territoires
49:16 qui ont le sentiment d'être déclassés, d'être oubliés,
49:20 d'ailleurs ça se traduit de façon électorale,
49:22 quand on prend une carte notamment du vote Rassemblement National,
49:25 on voit bien que ce sont des territoires qui petit à petit
49:28 ont été dépouillés d'un certain nombre de services publics
49:32 et qui se sentent voilà, exclus de la solidarité nationale.
49:37 – Est-ce que la majorité présidentielle au rendez-vous Olivier Falorni,
49:40 parce que vous êtes aujourd'hui, même si vous êtes indépendant,
49:42 membre de la majorité ?
49:43 – Je pense qu'il va falloir vraiment avoir une prise en compte
49:47 et j'ose espérer à travers la politique qui va être menée
49:52 notamment à destination des territoires ruraux,
49:56 la Première Ministre est venue dans la Vienne récemment
50:00 pour annoncer des mesures pour les territoires ruraux,
50:02 vraiment je pense qu'il faut avoir une prise en compte,
50:06 par exemple on ne peut pas,
50:08 aujourd'hui ces disparitions de maternité font qu'il y a,
50:11 comme autrefois, des accouchements qui se font dans les voitures,
50:15 qui se font à domicile dans des conditions on ne peut plus précaires.
50:19 – C'est un retour en arrière.
50:20 – Ce serait une régression.
50:21 – Allez, on finit le tour de table avec le grand test quand même Fabrice,
50:24 toute dernière question, rapidement.
50:25 – Merci Marie, Olivier Falorni, vous parliez un instant des territoires ruraux,
50:28 nous sommes allés par les journaux du groupe Réport,
50:30 à la rencontre de ces collectivités locales, notamment les communes,
50:34 vous avez été maire adjoint, vous n'avez plus de mandat loco d'ailleurs ?
50:37 – Non j'ai fait le choix de…
50:38 – Favorable au cumul des mandats, retour du…
50:41 – Alors, j'ai un peu changé d'avis sur le sujet,
50:46 je pensais que le mandat unique, c'est-à-dire député sans mandat local,
50:51 c'était une bonne chose pour s'y consacrer à plein temps.
50:53 – Ce que vous faites aujourd'hui.
50:55 – Ce que je fais aujourd'hui, alors moi je suis attaché au mandat
50:59 sur circonscription, si un jour vous avez des scrutin-listes
51:02 aux législatives comme aux européennes,
51:04 vous n'aurez plus aucun député ancré sur leur territoire, je le dis,
51:08 donc l'improportionnel c'est une machine à éloigner les élus du territoire.
51:12 Mais c'est vrai que je vois un certain nombre de députés
51:15 qui n'ont jamais eu de mandat local avant, franchement c'est un vrai manque.
51:19 – Allez on termine là-dessus, merci infiniment Olivier Falorni,
51:22 on vous suivra la semaine prochaine en Gironde sur TV7 et Sud-Ouest,
51:26 merci à vous derrière vos écrans, merci à vous trois.
51:28 – Merci. – À la semaine prochaine, très bon week-end.
51:30 [Musique]

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