Du sexisme dans le sport… et à l’écran

  • il y a 6 mois
Vendredi 23 février : cours de cinéma par Béatrice Barbusse, sociologue, ancienne sportive de haut niveau.

Du sexisme ordinaire aux violences sexuelles, dont les dénonciations se font désormais plus nombreuses, de la question d’une « nature masculine » du sport à celle de la féminité des sportives, retour sur le sexisme dans le sport et les représentations du sport au féminin.
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00:00:00 (...)
00:00:08 Merci beaucoup.
00:00:09 Bonjour à tous et à toutes.
00:00:11 Quel sujet le sexisme dans le sport ?
00:00:16 J'ai une heure, une heure et quart, nous avons, pour les questions.
00:00:20 Je pourrais remplir, je pense, d'exemples pendant au moins le double, sinon plus.
00:00:27 Mais avant de commencer, on va d'abord essayer de s'accorder sur le mot sexisme,
00:00:35 parce que je me rends compte souvent, quand on parle du sexisme,
00:00:40 qu'on n'y met pas forcément la même chose derrière,
00:00:44 et que c'est une des raisons d'ailleurs pour laquelle, c'est comme pour les stéréotypes de genre,
00:00:50 je me rends compte que c'est une des raisons pour lesquelles on a du mal à faire avancer les choses,
00:00:54 parce qu'en fait, les gens ne savent pas de quoi ils parlent et de ce dont il s'agit précisément.
00:00:58 Donc, je vous propose de prendre un certain nombre de définitions,
00:01:04 et puis, moi j'en ai de ces deux définitions,
00:01:07 mais juste pour vous dire, pour ceux qui ne le savent pas,
00:01:09 c'est que la première fois qu'est apparu ce mot, c'était en 1965,
00:01:13 et il apparaîtra seulement dans le dictionnaire français en 1978.
00:01:19 Mais, pourquoi je vous donne ces dates ?
00:01:20 Parce que, quand il est apparu en 1978 dans le dictionnaire français,
00:01:25 donc, c'était pas non plus... c'est récent, je pense que la plupart d'entre nous ici...
00:01:32 Non, il n'était pas né, non. Je retire ce que je viens de dire.
00:01:35 Non, non, je retire ce que je viens de dire.
00:01:37 Il y en a, il nous semble, quelques-uns en tout cas, à être nés avant.
00:01:40 Et lorsqu'il est donc paru dans le dictionnaire français,
00:01:43 Simone de Beauvoir, que je ne me présente pas, je pense,
00:01:46 a dit, on l'a interrogée sur cet événement, pour lui demander
00:01:49 qu'est-ce que vous pensez de l'entrée de ce mot dans le dictionnaire,
00:01:52 et elle a dit "Nommer, c'est dévoiler, et dévoiler, c'est déjà agir".
00:01:56 C'est pour ça qu'il me semble effectivement important de revenir sur la définition de ce mot.
00:02:00 Et tenez-vous bien, je vous ai mis ici, en haut à gauche,
00:02:04 la définition qu'en donne le Conseil de l'Europe.
00:02:07 C'est une définition que le Conseil de l'Europe en a donnée en...
00:02:11 2019.
00:02:13 Donc hier. Voilà, hier.
00:02:16 Donc il a fallu quand même attendre pas mal de temps pour que les institutions,
00:02:20 la européenne en l'occurrence, et puis la française avec le Conseil à l'égalité,
00:02:24 pour qu'on s'accorde sur au moins le sens du mot que l'on doit donner à "sexisme".
00:02:31 Alors, je ne vais pas relire, puisqu'on les avait devant vous,
00:02:33 et que je suppose que vous savez relativement bien lire,
00:02:36 mais du coup, on peut retenir en tout cas que c'est une attitude
00:02:39 qui consiste à avoir des comportements discriminants,
00:02:42 comme on va le voir tout à l'heure,
00:02:44 c'est-à-dire à séparer et à distinguer des individus selon leur sexe,
00:02:48 donc d'un côté les hommes et de l'autre côté les femmes,
00:02:51 surtout dans le sport, puisque le sport a la particularité
00:02:54 d'avoir une vision très binaire des sexes.
00:02:57 Et cette binarité dans le sport, j'aurais pas l'occasion ici de le développer,
00:03:01 mais elle est entendue comme étant fixe et absolument pas fluide,
00:03:05 ce qui d'ailleurs pose la question aujourd'hui,
00:03:07 vous en entendez peut-être parler pour ceux qui s'intéressent au sport,
00:03:10 ceux qui posent la question des intersexes, des transidentitaires,
00:03:15 pardon, dans le sport, que ce soit les intersexes ou que ce soit l'étranger,
00:03:19 mais le sexisme, c'est surtout, et c'est la deuxième partie de la définition
00:03:23 qui est très certainement, et qui est la plus importante,
00:03:26 à installer une hiérarchie entre les deux sexes.
00:03:30 C'est ça qui est véritablement le sexisme.
00:03:32 Quand j'interviens, vous voyez, avec des jeunes de collège ou de lycée,
00:03:36 bon, ils disent "ben c'est faire une différence entre les hommes et les femmes",
00:03:39 mais qu'est-ce que ça veut dire, faire une différence ?
00:03:41 Faire une différence, ça veut pas dire nécessairement considérer
00:03:44 qu'il y a une catégorie qui est supérieure ou inférieure à l'autre.
00:03:48 C'est faire une différence, on peut très bien faire une différence
00:03:50 et mettre ces différences à égalité. Là, ce n'est pas le cas.
00:03:53 Et donc dans le sexisme, il y a bien une hiérarchisation des deux sexes,
00:03:56 c'est ce que, en effet, François Zeretti, un anthropologue célèbre,
00:03:59 appelait la valance différentielle des sexes, et ce, quelles que soient les époques,
00:04:04 même si les différences et la hiérarchisation peuvent être différentes d'une époque à l'autre.
00:04:10 Bien, ayant défini le sexisme ainsi, c'est différencier les deux sexes
00:04:16 et en faire une hiérarchie, là, je n'ai pas eu besoin quand même de vous le dire,
00:04:20 évidemment, c'est le sexe masculin qui est considéré comme supérieur par rapport au sexe féminin.
00:04:25 Ah ben, ça tombe bien, parce que le milieu sportif,
00:04:28 enfin, quand je dis "quand ça tombe bien", c'est pour ma démonstration, bien sûr,
00:04:31 le milieu sportif est particulièrement sexiste, pourquoi ?
00:04:34 Ben, tout simplement parce que ces fondements culturels,
00:04:37 ce qui a fondé culturellement le sport depuis ses origines,
00:04:40 je vais vous en parler un petit peu,
00:04:42 ces fondements culturels sont essentiellement virilistes,
00:04:45 et je vais définir aussi ce que j'entends par virilistes, et sexistes.
00:04:49 Pour illustrer ce que je viens de vous dire, je vais commencer par...
00:04:53 Bon, il y en a très certainement qui l'ont déjà entendu,
00:04:56 mais je vais commencer par citer deux phrases à un siècle d'intervalle.
00:05:00 La première, elle est de...
00:05:02 Ça m'embête à chaque fois de citer son nom, mais je vais le faire quand même.
00:05:06 Mais comme je citerai par la suite son homologue féminin, je vais pouvoir le citer.
00:05:11 Donc la première, elle est de Pierre de Coubertin,
00:05:13 ça tombe bien, dans une année des Jeux Olympiques et Paralympiques français, qui est 2024.
00:05:17 Donc on a cité souvent Pierre de Coubertin,
00:05:20 et notamment cette phrase, qui, voilà,
00:05:23 "Une Olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte."
00:05:29 "Les Jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes."
00:05:32 "Le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs."
00:05:36 C'est lui-même qui a créé les Jeux Olympiques modernes, bien sûr,
00:05:40 et ça explique donc pour quelle raison il n'a pas voulu de femmes au départ,
00:05:44 même s'il y avait quelques aristocrates qui ont pu participer aux premiers Jeux Olympiques.
00:05:48 Il refusait que les femmes participent à certaines disciplines,
00:05:51 notamment l'athlétisme, qui était la discipline phare des Jeux Olympiques
00:05:54 à la fin du 19e et au début du 20e siècle.
00:05:57 Et il faudra qu'une femme se lève pour que nous ayons le droit
00:06:01 de participer aux Jeux Olympiques, comme je vous le dirai tout à l'heure.
00:06:04 Un siècle après, quasiment, cette phrase de Pierre de Coubertin date de 1912.
00:06:09 Un siècle après, 1998, donc pas tout à fait, mais quand même, un autre homme,
00:06:16 alors ancien sportif, et quel ancien sportif, est ministre des Sports.
00:06:21 David Douillet, pour ne pas le citer.
00:06:24 « Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline,
00:06:28 ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant.
00:06:31 Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer. »
00:06:34 Ça a le mérite d'être clair en même temps.
00:06:37 Dans ces propos de David Douillet et de Pierre de Coubertin,
00:06:44 on y trouve des choses sur lesquelles j'insisterai plus tout à l'heure,
00:06:47 notamment les raisons pour lesquelles on nous a refusé de faire du sport
00:06:50 et notre présence dans le milieu sportif.
00:06:52 Les petites filles, elles ont très bien intériorisé le fait
00:06:57 que le sport ne s'était pas tellement fait pour nous.
00:07:00 Pour illustrer ce que je vais vous dire, on va passer à un extrait,
00:07:04 attendez, je le présente, mais je ne vais pas dire le contenu de l'extrait,
00:07:07 mais d'un film qui s'appelle Marinette, qui est le premier biopic
00:07:12 sur une sportive française, en France, Marinette Pichon,
00:07:16 ancienne internationale de football, qui aujourd'hui travaille au Canada.
00:07:20 C'est un extrait.
00:07:49 Tu vas finir par me tuer, toi.
00:07:52 T'aimes ça, taper devant le ballon ? Tu veux jouer ?
00:08:06 Je peux pas.
00:08:07 Pourquoi pas ?
00:08:08 Parce que je suis une fille.
00:08:10 C'est pas une raison, ça.
00:08:12 Tiens, mets ça et file sur le terrain.
00:08:15 Allez, vas-y.
00:08:18 Qu'est-ce qu'il y a, les gars ? Vous avez jamais vu une fille ?
00:08:21 Elle a deux pieds, comme vous, donc elle peut s'en servir.
00:08:25 Un peu de nouveauté, ça vous fera pas de mal.
00:08:28 Dans cet extrait, il y a une phrase qui m'a particulièrement marquée,
00:08:46 c'est "je peux pas". Pourquoi tu peux pas ?
00:08:48 Parce que je suis une fille.
00:08:50 Elle l'avait intériorisée, c'était l'époque, on est dans la première moitié des années 1980.
00:08:57 On doit être en 1984-85, si on essaie de repérer un peu les choses.
00:09:01 Et effectivement, à cette époque, elle avait bien intériorisé le fait
00:09:05 que le football, c'était pas pour elle.
00:09:07 Je peux pas m'empêcher de présenter ici des pionnières,
00:09:11 même si tout à l'heure, je parlerai un peu de pionnières.
00:09:13 Mais merci de ta présence, Annie Fortems, qui est ici présente,
00:09:17 qui est une des premières footballeuses des années 1970,
00:09:20 qui fait partie des créatrices du club de Juvisy,
00:09:23 ancienne internationale de football.
00:09:25 Elle est restée pas très longtemps, l'équipe de France.
00:09:27 On va pas dire pourquoi, mais si ça avait été aujourd'hui,
00:09:30 je pense que l'entraîneur ne serait plus là.
00:09:34 Voilà, j'en dis pas plus.
00:09:35 Merci de ta présence, Annie, parce que c'est grâce à des femmes comme toi
00:09:38 que Marinette a pu, après, faire du football.
00:09:42 Parce qu'il y a des femmes qui se sont louvées,
00:09:44 comme je le dirai un peu plus précisément tout à l'heure.
00:09:48 Bref, vous avez compris que les femmes n'étaient pas les bienvenues dans le sport.
00:09:52 Alors, on va faire, pour comprendre un peu plus les choses
00:09:54 et aller un peu plus loin, on va faire un peu d'histoire,
00:09:56 et notamment d'histoire du sport brièvement.
00:09:59 Le sport a été importé d'Angleterre, en France.
00:10:02 Le sport au sens moderne du terme, c'est-à-dire une activité qui est compétitive,
00:10:06 qui est organisée, institutionnalisée, où il y a des règles, etc.
00:10:09 C'est le baron Pierre de Coubertin qui a introduit le sport,
00:10:13 qui a importé le sport d'Angleterre en France à la fin du 19e siècle.
00:10:16 Et quand le baron Pierre de Coubertin est allé chercher une activité,
00:10:21 comme le sport, ce n'était pas par hasard.
00:10:25 Il faut quand même que je remette les choses dans leur contexte.
00:10:28 Il faut savoir, on est dans le deuxième tiers du 19e siècle,
00:10:33 et il a été profondément marqué par la défaite de 1870,
00:10:38 dans la guerre franco-prussienne, donc de la défaite de la France,
00:10:42 la guerre de 1870-71 où elle perd l'Alsace-Moselle.
00:10:46 Et puis, à la deuxième tiers du 19e siècle, c'est une période de changement de société
00:10:51 que connaît l'Europe, en l'occurrence, et pas seulement la France.
00:10:55 Un peu plus tardivement pour la France, deuxième révolution industrielle,
00:10:59 c'est un moment où se pose ce qu'on appelait à l'époque la fameuse question sociale,
00:11:03 avec des mots MAUX sociaux, tels que la délinquance, la prostitution, l'alcoolisme, etc.
00:11:10 C'est d'ailleurs l'époque où naît la sociologie, comme science.
00:11:14 On se pose la question de savoir comment régénérer socialement, mentalement, psychologiquement,
00:11:19 ces hommes et ces femmes, et surtout les hommes pour le baron de Pierre de Coubertin,
00:11:23 pour faire une France un peu plus brave, un peu plus grande, un peu plus solide,
00:11:27 mentalement et physiquement.
00:11:29 Il va se révéler en Angleterre, et là il va découvrir le sport comme activité,
00:11:33 qui répond à ces questions.
00:11:35 Et donc pour lui, le sport est un outil à multiple usage.
00:11:39 Il dira d'ailleurs qu'il a plein de petites vertus, notamment celle de fédérer des individus,
00:11:45 mais surtout, le sport aura pour avantage de pouvoir construire un homme fort,
00:11:50 et sain, physiquement et moralement.
00:11:53 "Mens sana et incorpore sano", comme on pourrait dire au fond.
00:11:57 Ses références à lui en Angleterre, je vous ai dit, sont les public schools.
00:12:01 Il a été marqué particulièrement par ces écoles, qui n'ont rien de public,
00:12:05 d'ailleurs ce sont des écoles privées pour former les futurs cadres de la nation britannique.
00:12:11 Et le sport dans les public schools est pensé par...
00:12:15 C'est comme une école du self-government, du gouvernement de soi, du fair play,
00:12:19 du désintéressement, de la bonne santé physique.
00:12:23 Ça a été d'ailleurs repris par tout cela, par le scoutisme,
00:12:28 par des associations d'hommes comme le YMCA, etc.
00:12:32 Donc la chrétienté musculaire anglo-américaine à l'époque,
00:12:35 c'est de même période, au début du XXe siècle en tout cas.
00:12:38 Donc il a été fortement marqué par ça, et puis par une autre époque, plus antérieure,
00:12:44 parce que c'était aussi un amateur de l'histoire antique,
00:12:48 et donc fortement marqué par l'époque antique,
00:12:50 là avec les fameux Jeux Olympiques, qui marquaient ces fameux Jeux Olympiques,
00:12:54 une période de trêve, et qui ont été à l'époque,
00:12:57 qui se voulaient être en tout cas, un instrument de construction d'une communauté nationale,
00:13:02 mais aussi surtout chez les Grecs notamment, mais aussi chez les Romains après,
00:13:06 que l'activité participait aussi à la construction d'un homme viril.
00:13:11 Donc l'activité physique, parce qu'on va parler de sport,
00:13:14 mais l'activité physique en tout ça, pour les Grecs,
00:13:17 participait au dressage des corps et des esprits masculins.
00:13:19 Et on recherchait notamment au travers de l'activité physique,
00:13:23 des qualités morales comme des facultés là aussi d'auto-contrôle,
00:13:26 de force, de courage, de vigueur, de combativité,
00:13:29 dont bien entendu l'archétype étaient les athlètes Achille ou Hercule.
00:13:34 Donc il s'est inspiré de cette époque antique, des publics schools,
00:13:39 pour considérer que le sport, et je le recite,
00:13:43 apparaît au fond comme le symbole même de la virilité.
00:13:47 Donc pour lui, c'était vraiment une activité formatrice
00:13:50 qui éduque, vous l'avez compris, les hommes surtout,
00:13:53 à la force, au désir de conquête, au goût de la compétition,
00:13:57 de l'exploit, de la performance, de la violence,
00:13:59 de la brutalité, d'esprit de sacrifice.
00:14:01 L'esprit de sacrifice.
00:14:03 Comme on dit dans le sport, l'esprit d'équipe.
00:14:05 Quand vous demandez à un sportif qui fait un sport collectif
00:14:07 qu'est-ce que c'est que l'esprit d'équipe, il dira souvent
00:14:09 "je fais don de mon corps à l'équipe".
00:14:12 C'est ça, moi je l'ai entendu, j'ai fait du sport collectif,
00:14:15 du handball, et c'est ce qu'on nous répétait.
00:14:18 Également l'esprit de guerrier.
00:14:20 Et là aussi dans le sport, on l'entend souvent
00:14:22 "avec lui ou avec elle j'irai à la guerre", sans aucun problème.
00:14:25 Les mots et la rhétorique guerrière est souvent reprise
00:14:27 dans les causeries par les entraîneurs, souvent.
00:14:30 Donc c'est particulièrement le cas, vous l'avez compris,
00:14:33 du sport de compétition et de haut niveau.
00:14:36 Parce que le sport de compétition de haut niveau
00:14:39 est fondé aussi sur ce qu'on appelle le dolorisme.
00:14:41 Le dolorisme, c'est l'exaltation de la douleur.
00:14:44 C'est l'esprit de sacrifice, le sens de la discipline.
00:14:48 Il faut avoir mal pour y arriver dans le sport.
00:14:51 Si vous n'avez pas mal, c'est que vous ne vous êtes pas assez entraîné.
00:14:56 Tout simplement.
00:14:58 Et donc la douleur est quelque chose de totalement banalisé,
00:15:02 de totalement normalisé pour un sportif.
00:15:04 Avoir mal c'est tout à fait normal.
00:15:06 C'est comme vous n'avez pas mal que ce n'est pas normal.
00:15:08 Et donc on passe son temps évidemment à...
00:15:11 parfois à prendre des anti-inflammatoires, des choses comme ça,
00:15:14 pour pouvoir continuer à faire du sport malgré la douleur.
00:15:18 Donc on le voit, c'est une activité où le vérilisme,
00:15:25 et là je vais le définir,
00:15:26 où le vérilisme est particulièrement présent.
00:15:29 Et d'ailleurs les historiens, un historien notamment comme George Vigarello,
00:15:32 dans un excellent ouvrage que je vous conseille si vous aimez l'histoire en général,
00:15:39 donc trois tomes sur l'histoire de la vérilité,
00:15:41 dans un de ses articles, George Vigarello dans "Vérilité sportive"
00:15:44 nous dit que le sportif est l'archétype de l'homme viril.
00:15:49 C'est le symbole de la vérilité même.
00:15:52 Et on peut aller même plus loin que simplement en disant qu'il est le symbole de la vérilité.
00:15:59 On peut avec Olivia Gazalet qui a écrit un excellent livre également "Le mythe de la vérilité"
00:16:04 dire que c'est même le symbole du virilisme.
00:16:08 Le vérilisme, qu'est-ce que c'est ?
00:16:10 C'est une manifestation exacerbée de la vérilité masculine.
00:16:16 Le vérilisme au fond c'est un modèle qui, et je la cite,
00:16:20 "enjoint à l'homme à faire sans cesse la démonstration de sa puissance,
00:16:24 de sa force et de son succès".
00:16:26 C'est en quelque sorte au fond une sacralisation de la force, du pouvoir, du désir de conquête
00:16:33 et encore une fois de l'instant guerrier et de la brutalité.
00:16:36 De ce point de vue, l'idéologie viriliste est porteuse de violence.
00:16:41 Et dans le sport, la violence est partout présente.
00:16:45 Elle est langagière.
00:16:47 Inutile de vous dire que le langage que j'emploie quand je suis dans le milieu sportif,
00:16:50 parce que vous ne m'avez pas dit mais je suis dirigeante sportive,
00:16:52 donc je suis assez régulièrement dans le sport,
00:16:54 le langage que l'on emploie et que j'emploie dans le sport n'est pas du tout le même
00:16:58 que celui que j'emploie devant vous ou que j'emploie dans mon métier d'universitaire
00:17:01 avec mes étudiants par exemple quand je fais cours.
00:17:05 Il y a des mots, une rhétorique qui est particulièrement violente dans le sport.
00:17:10 La manière de le dire également.
00:17:12 Et puis il y a une violence aussi comportementale, physique.
00:17:17 Voilà, on tape, on pousse, on se bouscule.
00:17:20 Donc c'est quelque chose de considéré comme étant normal.
00:17:24 Je ne sais pas si vous l'avez vu, quand Hervé Renard,
00:17:28 donc entraîneur de football a été nommé sélectionneur de l'équipe de France féminine,
00:17:34 il a été beaucoup observé forcément,
00:17:39 et son premier discours dans les vestiaires a été fortement discuté sur les réseaux sociaux
00:17:48 et notamment par une ancienne footballeuse professionnelle qui a eu malheur,
00:17:54 comme moi d'ailleurs, mais je l'ai fait peut-être plus discrètement, je n'en sais rien.
00:17:59 Mais Mélissa Plazza, c'est pour ne pas la nommer,
00:18:03 qui est une slameuse aujourd'hui, qui est docteur en psychologie sociale,
00:18:07 donc elle ne sait pas simplement de quoi elle parle,
00:18:11 elle a critiqué justement cette violence langagière et corporelle
00:18:15 qu'avait Hervé Renard dans les vestiaires en disant,
00:18:19 elle avait mis de mémoire, ce genre de discours ne passerait pas par exemple en entreprise.
00:18:24 Donc je ne veux pas ici le remimer, mais c'est "ouais, tata", voilà.
00:18:28 Et c'est vrai que je me disais, en le voyant,
00:18:31 jamais de la vie je ne ferais un discours motivationnel comme ça à des étudiants,
00:18:35 il n'y a que dans le sport qu'on peut voir ça.
00:18:37 Et bon là, Mélissa s'est prise un... comment dire...
00:18:40 Elle s'est très clairement harcelée,
00:18:42 elle a été obligée de fermer son compte pendant quelques jours,
00:18:45 parce qu'il y a tous les masculinistes du milieu sportif qui ont dit
00:18:50 "mais c'est bon, tu ne connais rien, arrête de parler, tu n'es qu'une femme".
00:18:53 Bon là, quand on l'a revue, apparaissent des propos d'une violence sexiste importante.
00:18:58 On peut aussi, pour montrer l'importance de cette brutalité, de cette violence dans le sport,
00:19:04 je pense à la blessure à la dernière coupe du monde de rugby d'Antoine Dupont.
00:19:08 Je ne sais pas si c'est pour ceux qui ont regardé,
00:19:10 c'est quand même important, il est ouvert, il a subi une opération ici à la mâchoire,
00:19:14 au niveau de la mâchoire, de la paupière.
00:19:16 Bon, mais le coup, moi j'ai vu le coup qu'il a pris,
00:19:21 c'est même difficile à regarder,
00:19:24 et pour autant, il a joué trois semaines après.
00:19:27 Et pendant ces trois semaines, tout le monde disait "mais est-ce qu'il va jouer, est-ce qu'il ne va pas jouer ?"
00:19:31 Mais oui, il va jouer, ne vous inquiétez pas, c'est un homme, c'est un rugbyman quand même.
00:19:34 Donc oui, il a joué.
00:19:36 Alors qu'il ne viendrait à aucun d'entre nous, en ayant cette blessure, d'aller jouer au rugby.
00:19:41 Mais il est entraîné pour, on va vous dire.
00:19:43 Pour cette exaltation de la douleur, le dolorisme, de cette brutalité, de cette violence.
00:19:47 C'est quelque chose qui est tout à fait normal dans le milieu sportif.
00:19:51 Toujours pour revenir au virilisme,
00:19:53 Olivia Gazalet nous dit au fond que le virilisme, pour le définir plus précisément,
00:20:00 c'est une idéologie faite d'obéissance, de force physique, de courage martial,
00:20:09 de mépris de l'intéresse, de maîtrise de soi, d'esprit de sacrifice, d'énergie conquérante,
00:20:14 du sens de l'honneur, du goût pour la compétition, l'exploit et la performance,
00:20:18 de mépris de la douleur, de contrôle des émotions et d'horreur de l'effémination.
00:20:24 On y est, puisque aussi dans le sport, il y a un rejet de l'homosexualité,
00:20:31 une homophobie extrêmement importante, même si certaines paroles aujourd'hui se libèrent.
00:20:35 Dans tous les travaux, en tout cas que j'ai pu lire à ma connaissance,
00:20:39 qu'ils soient en histoire, qu'ils soient des travaux sociologiques,
00:20:43 qui s'intéressent à la virilité, à chaque fois, le sport est toujours, toujours, toujours cité.
00:20:50 Donc dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi les femmes sont exclues
00:20:55 de cet environnement, de ce milieu.
00:20:58 La question, c'est un sexisme qui, et ça peut, je reprends,
00:21:05 ça peut déboucher sur un sexisme radical et très excluant.
00:21:09 C'est-à-dire que, vous avez compris qu'on leur a interdit très tôt le sport, aux femmes,
00:21:14 mais à un point qu'on a presque du mal quand même à imaginer.
00:21:18 On va le voir dans cet extrait de Catherine Switzer,
00:21:22 qui est la première femme qui a couru un marathon officiellement,
00:21:26 quand je dis officiellement, c'est-à-dire avec un dossard,
00:21:29 et pour s'inscrire et pour pouvoir faire ce marathon de Boston,
00:21:34 il a fallu qu'elle cache son prénom.
00:21:36 Alors le temps était pluvieux, ça tombait bien,
00:21:39 elle a mis une capuche aussi pour qu'on ne voit pas ses cheveux longs,
00:21:42 et elle a pu s'inscrire officiellement, mais tant qu'à point Switzer,
00:21:46 vous ne savez pas si c'est un homme ou une femme,
00:21:48 elle a eu un dossard, le fameux dossard 261,
00:21:51 et elle va nous raconter, vous allez voir les images.
00:21:55 Sans dossard officiel, Bobby Gibb décide de se fondre discrètement
00:21:59 dans le peloton des coureurs, anonyme,
00:22:02 et sans trop attirer l'attention sur elle.
00:22:04 Mais l'année suivante, en 1967,
00:22:07 les circonstances sont très différentes pour Catherine Switzer.
00:22:11 J'ai signé mon nom K.V. Switzer.
00:22:13 C'est quelque chose que j'ai commencé à faire en haut de l'école,
00:22:16 car mon nom était encore mal prononcé sur mon certificat de naissance,
00:22:19 et quand l'entrée est venue avec Arnie et d'autres membres du équipe,
00:22:22 ils ont pensé que c'était un homme.
00:22:24 Quand on est arrivé à Boston,
00:22:36 il faisait pleuve et neige jusqu'à Boston la nuit précédente,
00:22:40 et le matin de la course, il faisait vraiment pleuve.
00:22:44 Donc, quand on a commencé à marcher ensemble,
00:22:47 je me trouvais dans un veste de baggy gray,
00:22:50 qui ressemblait à des centaines d'autres.
00:23:04 On est arrivé à environ la 2ème marge de la course,
00:23:07 et quelque chose d'étrange s'est passé.
00:23:10 La voiture de pression est venue nous voir.
00:23:13 Il y avait trois marcheurs qui marchaient en même temps,
00:23:17 un, un, un,
00:23:19 et le milieu des trois marcheurs, le milieu de l'un,
00:23:22 a pris la couture de sa tête,
00:23:25 de la tête,
00:23:27 et il a dit que c'était une femme.
00:23:31 Sur ce bus, il y avait deux dirigeants,
00:23:34 un homme nommé Will Cloney,
00:23:36 et un autre nommé Jock Semple.
00:23:38 Un des dirigeants a dit, "Jock, il y a une femme dans ton parcours."
00:23:42 Jock a regardé. "Arrêtez le bus, arrêtez le bus."
00:23:45 J'ai entendu derrière moi des chaussures, des chaussures en couture,
00:23:48 qui s'écrisaient, et ils allaient vite.
00:23:51 Et tout d'un coup, je me suis tournée,
00:23:53 comme quand tu entends un chien te chasser,
00:23:56 et Jock Semple m'a pris comme ça.
00:24:00 Il m'a pris par le chapeau et m'a tirée de l'arrière.
00:24:03 Et il a crié, "Sors de mon parcours et donne-moi ces numéros."
00:24:07 Il a essayé de me tirer de mon numéro de BIM,
00:24:09 et je l'ai tiré de l'arrière comme ça.
00:24:11 Tout d'un coup, Tom a tiré un bloc de dos
00:24:16 vers Jock Semple,
00:24:19 et j'ai pensé que Jock avait été tiré par l'air.
00:24:23 Jock a été tiré par l'air.
00:24:26 J'ai vu Jock tirer par l'air.
00:24:29 Pour un instant, j'ai pensé,
00:24:43 "Devrais-je quitter le cours?"
00:24:46 Les journalistes me posaient des questions très agressives,
00:24:49 comme "Qu'est-ce que tu essayes de prouver?"
00:24:51 "Es-tu un suffragette? Es-tu un crusader?"
00:24:54 Je me disais, "Je veux juste courir ici.
00:24:57 "Qu'est-ce que c'est que tout ça?"
00:25:23 C'était mon premier gros coup de poing avec la discrimination.
00:25:26 Ça m'a ouvert les yeux beaucoup.
00:25:29 Et je me suis dit, "Vous savez, vous avez toujours été apprises
00:25:32 "à être responsable, à terminer ce que vous commencez.
00:25:36 "Et c'est ma responsabilité maintenant
00:25:39 "de tenter de donner à d'autres femmes cette opportunité,
00:25:42 "de leur dire combien de merveilleux ce cours peut être."
00:25:45 Je ne savais pas comment le faire,
00:25:47 mais quand j'ai traversé la ligne de terminé,
00:25:49 je savais que c'était un plan de vie.
00:25:52 Une sacrée femme, comme vous pouvez le constater.
00:25:55 Il en faut du courage pour faire ce qu'elle a fait, effectivement.
00:25:59 Elle fait partie de ces femmes, on en reparlera tout à l'heure,
00:26:02 qui s'est battue pour que...
00:26:04 Elle a organisé, concrètement, après ce qui lui est arrivé,
00:26:07 des marathons uniquement faits pour les femmes.
00:26:10 C'est comme ça qu'on a pu développer cette pratique pour les femmes
00:26:15 et surtout, au bout d'un moment,
00:26:17 leur permettre de le faire en toute légalité, sans aucun souci.
00:26:20 Mais il a fallu encore attendre.
00:26:22 Là, on est dans les années 60.
00:26:24 On a fait un petit saut dans l'ordre.
00:26:26 La question qui se pose, c'est "Pour quelles raisons ?"
00:26:29 "Pour quelles raisons autant de sexisme ?"
00:26:31 "Pourquoi, bien sûr, les femmes sont inférieures aux hommes,
00:26:34 "mais est-ce que pour autant, ça les empêche de faire du sport ?"
00:26:37 A priori, non.
00:26:39 Il y a des raisons très précises
00:26:41 pour lesquelles on nous a interdit de faire du sport
00:26:44 et de rentrer dans cet environnement.
00:26:46 Derrière chacune des raisons que je vais ici énumérer,
00:26:51 derrière chacune d'entre elles, on retrouve bien évidemment,
00:26:54 vous allez le voir, des stéréotypes de genre.
00:26:56 Stéréotypes étant, bien entendu,
00:26:58 une représentation simplifiée de la réalité
00:27:00 qui range et qui classe les individus
00:27:03 dans des catégories rigides, ici, hommes et femmes,
00:27:06 ou masculins et féminins,
00:27:08 auxquelles, bien sûr, ces catégories,
00:27:10 on associe ce qu'il convient de faire, de ne pas faire,
00:27:13 ce que nous considérons comme étant "normal" ou pas.
00:27:17 Bref, c'est une croyance
00:27:19 que nous avons tous, les uns et les autres,
00:27:21 plus ou moins intériorisées,
00:27:23 que l'on a sur des groupes de personnes, ici,
00:27:25 vous l'avez compris, sur les femmes.
00:27:27 Et le mot "genre", en ce qui concerne les stéréotypes de genre,
00:27:30 traduit les stéréotypes qui sont associés
00:27:32 au sexe féminin et masculin,
00:27:34 mais ici, je ne parlerai que du sexe féminin.
00:27:36 Alors, quelles sont ces raisons qui sont avancées ?
00:27:39 Tout d'abord, il y a des raisons médicales,
00:27:41 le fameux "impensé biologique",
00:27:43 des raisons médicales.
00:27:45 Oui, d'abord, comment dire ?
00:27:47 La femme est fragile,
00:27:49 et les sports, notamment ceux qui sont violents,
00:27:52 comme le football,
00:27:53 ce n'est pas fait pour les femmes.
00:27:55 Comme le rappelle le docteur Maury Boisget, en 1933,
00:28:00 "les fonctions spéciales qu'une femme doit subir et remplir
00:28:04 sont incompatibles avec un travail musculaire violent.
00:28:09 La femme n'est point construite pour combattre,
00:28:12 mais pour procréer."
00:28:14 Donc, longtemps, pendant très longtemps,
00:28:16 les médecins ont vécu dès l'idée que le sport était dangereux
00:28:19 pour la santé des femmes,
00:28:21 dont la fonction, vous l'avez compris,
00:28:23 est essentiellement de devenir maman.
00:28:25 En tout cas, pour eux.
00:28:26 Pour une certaine partie d'entre eux,
00:28:28 parce qu'à la même époque,
00:28:29 il y avait quand même des médecins en minorité
00:28:31 qui militaient pour que nous puissions faire du sport.
00:28:34 Alors, sur la fragilité des femmes,
00:28:36 j'ai un autre exemple extraordinaire,
00:28:38 on est aux Jeux Olympiques de 1928.
00:28:42 Et pour la première fois,
00:28:44 cette date est historique, 1928,
00:28:47 grâce à une dame que l'on verra un petit peu plus loin,
00:28:50 les femmes ont enfin le droit de participer
00:28:53 en athlétisme aux Jeux Olympiques.
00:28:56 Et donc, pour la première fois,
00:28:57 elles vont avoir le droit de faire notamment le 800 m.
00:29:00 Le 800 m, c'est deux tours de piste,
00:29:02 pour ceux qui ne se souviennent pas ou qui ne savent pas.
00:29:05 Et donc, les femmes participent, elles font le 800 m,
00:29:09 et pas toutes celles qui arrivent,
00:29:12 mais la plupart d'entre elles,
00:29:13 elles passent la ligne d'arrivée,
00:29:15 comme ça, elles se jettent sur la ligne d'arrivée
00:29:17 et la plupart d'entre elles tombent par terre d'épuisement.
00:29:19 Ben oui, quand vous avez donné le maximum,
00:29:21 je peux vous dire que si vous faites un 800 m
00:29:23 vraiment aussi vite que vous le pouvez,
00:29:27 normalement, vous terminez effectivement par terre.
00:29:31 Et puis, il y a les muscles aussi qui sont tétanisés,
00:29:33 donc on n'a même plus assez de force pour rester debout.
00:29:37 C'est pareil pour les hommes en général.
00:29:39 Donc, se termine ce fameux 800 m pour les femmes.
00:29:42 Et le lendemain, les médias titrent,
00:29:46 en gros, ben vous voyez,
00:29:49 elles ne peuvent pas, elles sont trop fragiles.
00:29:51 Regardez, elles tombent.
00:29:53 Ce même lendemain a lieu le 800 m masculin.
00:29:57 Se produit exactement la même chose.
00:30:00 Mais le lendemain, les médias vont titrer,
00:30:03 ils ont été jusqu'au bout d'eux-mêmes.
00:30:07 La représentation que l'on se fait d'un même phénomène,
00:30:11 vous voyez, n'est pas la même,
00:30:12 selon qu'on est un homme ou une femme,
00:30:13 en l'occurrence, là, les médias.
00:30:15 Donc, tout ça pour dire que, ben oui,
00:30:17 pendant très longtemps, on avait véhiculé l'idée
00:30:21 que les femmes étaient fragiles.
00:30:23 Et d'ailleurs, même si toutes les femmes ne sont pas faites pareil,
00:30:26 même pour la maternité,
00:30:27 il n'y a que depuis quelques années,
00:30:29 par exemple, que ces sportives,
00:30:30 non seulement pour certaines,
00:30:32 ont compris qu'elles avaient le droit de devenir sportives
00:30:34 pendant leur carrière,
00:30:35 et qu'elles pouvaient reprendre le sport après.
00:30:37 Mais même en étant enceintes,
00:30:38 qu'elles pouvaient continuer à faire du sport.
00:30:40 Il y a quelques années à peine.
00:30:42 Donc, pendant très longtemps,
00:30:43 les médecins, la majorité, pardon,
00:30:46 les médecins ont véhiculé l'idée
00:30:47 qu'il était impossible pour nous de faire du sport
00:30:50 car nous étions trop fragiles.
00:30:52 À côté de ces raisons médicales, voire biologiques,
00:30:57 il y a des raisons sociales.
00:30:58 Notamment, une dimension parmi les raisons sociales, esthétiques.
00:31:02 Dans la phrase de Coubertin, on l'entend.
00:31:05 Effectivement, ils et elles aussi sont nombreuses à penser
00:31:09 qu'on perd le risque, quand on fait du sport,
00:31:13 de perdre notre féminité.
00:31:16 Et même plus, non seulement on perd notre féminité,
00:31:19 mais en perdant notre féminité,
00:31:20 les femmes deviendraient donc des hommes.
00:31:24 Et donc, ça c'est encore bien entendu beaucoup plus vrai
00:31:26 pour une sportive de haut niveau,
00:31:28 avec des propos qu'on entend assez régulièrement.
00:31:31 C'était le cas au début du XXe siècle,
00:31:34 où on appelait des sportives de haut niveau
00:31:36 "musclor", "hommas", "garçon manqué", "femme colosse", "garçon manqué".
00:31:40 Alors ça, on y a, toutes les femmes qui ont fait du sport de haut niveau,
00:31:43 on y a toutes droits.
00:31:45 J'aimerais lire un passage, un extrait du livre de Lucie D'Ecosse.
00:31:49 Lucie D'Ecosse, c'est une multiple championne du monde de judo.
00:31:53 Et Lucie a écrit un livre,
00:31:57 et dans ce livre, si je retrouve, évidemment, c'est pas la...
00:32:01 Je vais y arriver.
00:32:04 Eh ben non.
00:32:06 Évidemment, j'ai pas pris le bon livre.
00:32:08 Ah si, ça y est, c'est celui-là.
00:32:11 "En livrant ce témoignage,
00:32:13 j'espère aussi balayer certains préjugés.
00:32:16 Des a priori qui peuvent coller à la judocate,
00:32:18 à la femme qui pratique un sport de combat,
00:32:20 comme si c'était contre nature.
00:32:22 J'ai croisé tellement de personnes
00:32:24 qui s'étonnaient de me voir habillée en femme.
00:32:27 Se maquiller ou porter une paire de bottes à talons hauts
00:32:30 serait exceptionnel pour celle qui combat en kimono sur un tatami.
00:32:34 Une judocate ne passe pas sa vie en sorvêtement.
00:32:37 Si vous allez faire un tour à l'INSEP,
00:32:39 vous verrez la nouvelle génération se rendre à l'entraînement,
00:32:42 les ongles manucurés, enfiler une mini-jupe après la douche.
00:32:45 Les temps changent. Les sportives aussi.
00:32:48 Il y a eu une évolution chez les membres de l'équipe de France.
00:32:51 On est passé des sportives aux cheveux courts plutôt masculines dans les années 80
00:32:54 à de vraies midinettes.
00:32:56 Dans cette évolution, ma génération pouvait être considérée
00:32:59 en phase avancée de féminisation.
00:33:01 À la différence des athlètes d'aujourd'hui,
00:33:03 nous avions encore tendance à suivre les règles de compétition.
00:33:06 Pas de maquillage, pas de vernis à ongles, pas de barrette, ni de bijoux,
00:33:10 lors des stages et à l'entraînement.
00:33:13 Mais une fois rentrée chez nous, nous ressemblions aux filles de notre âge.
00:33:17 Dans son témoignage, ce qui est intéressant,
00:33:19 c'est de voir que c'est une préoccupation, cette féminité chez elle,
00:33:23 et que c'est tellement une préoccupation qu'elle a elle aussi intériorisé
00:33:27 cette injonction à la féminité qui consiste à l'exposer de manière ostentatoire,
00:33:33 soit en étant maquillée, soit en ayant des ongles faits, des ongles longs,
00:33:37 en portant des hauts talons, en ayant des hauts plutôt décolletés, etc.
00:33:43 Et donc, cette injonction à la féminité, du sud d'Ecosse c'est hier,
00:33:49 ce n'est pas il y a un siècle, cette injonction à la féminité,
00:33:53 elle est toujours bien présente, même si, je dois le dire,
00:33:56 même si, évidemment, et pour reprendre une des thèses de la philosophe Camille Foix de Vaux-Méthéry,
00:34:02 notamment dans un de ses livres qui s'appelle "La révolution du féminin",
00:34:06 même si Camille Foix de Vaux-Méthéry montre qu'aujourd'hui, il y a des femmes,
00:34:11 et aux Etats-Unis d'ailleurs, on a une expression pour les appeler, les "Badass",
00:34:15 il y a des femmes qui peuvent allier les deux, mêler les deux,
00:34:19 vous pourrez penser de manière contradictoire, pas du tout,
00:34:21 elles vivent très bien le fait d'être à des moments des sportives,
00:34:24 avoir de la bouse, elles font du VTT et qu'il pleut, ou du jogging et qu'il pleut, etc.
00:34:28 Ou de faire du rugby, voilà, ce n'est pas un problème.
00:34:31 Et après, d'être très féminine, comme ces petites filles aussi
00:34:35 qui vont faire du skateboard en ayant une robe de princesse,
00:34:39 c'est ce qu'on appelle les "Badass girls", et aujourd'hui, certaines femmes,
00:34:42 et jeunes femmes particulièrement, et certaines jeunes filles,
00:34:45 nous montrent qu'on peut être les deux à la fois, qu'il n'y a pas d'antinomies entre les deux,
00:34:48 et qu'au fond, et c'est ça qui est important, me semble-t-il, de retenir,
00:34:51 c'est que la féminité, c'est au fond la manière dont on expose sa façon d'appartenir au sexe féminin,
00:34:59 et donc il n'y a pas une féminité, mais bien entendu, comme pour la masculinité,
00:35:03 il y a une pluralité d'être femme et de dire comment on se sent appartenir au sexe féminin.
00:35:08 Donc il y a des féminités, et les femmes d'aujourd'hui, en tout cas les sportives d'aujourd'hui,
00:35:12 le montrent d'une façon assez singulière.
00:35:15 Parmi les raisons sociales, il y a aussi une raison pragmatique.
00:35:21 En effet, à l'époque, fin du 19e siècle, mais vous allez voir que c'est toujours le cas aujourd'hui,
00:35:25 la modération est aussi conseillée. Pourquoi ? Parce que si on fait trop de sport,
00:35:31 ça détourne les femmes de leur tâche principale, à savoir, bien sûr, s'occuper du foyer domestique.
00:35:36 Et je vais citer l'alabée Charles Grimaud en 1922.
00:35:41 « À quel moment s'exerce-t-on ? Le soir, après la journée faite ?
00:35:45 Le souper à peine achevé, on court au préau pour l'entraînement ?
00:35:48 On en sort à dix, onze heures ? Et l'on rentre chez soi ? Arrassé ?
00:35:52 Quels loisirs resteront pour vaquer aux soins du ménage ?
00:35:55 Adieu cuisine, couture, repassage, rangement ? »
00:35:59 Bref, il faut mieux qu'on reste à s'occuper de choses qui concernent le sexe féminin.
00:36:07 Et vous pourrez penser qu'on s'est dépassé, mais si vous vous souvenez le propos de David Douillet,
00:36:12 pour l'équilibre des enfants, il vaut mieux que la femme reste à la maison.
00:36:15 Donc on a encore cette raison-là qui est évoquée aujourd'hui.
00:36:20 Enfin, il y a aussi des raisons, je vais terminer par le meilleur, des raisons morales.
00:36:27 Pour une femme, en effet, il était à l'époque indécent de se montrer en spectacle, c'est-à-dire en public.
00:36:36 Henri Desgranges, dans l'Otto de 1920, un journaliste, a écrit
00:36:44 « Que les jeunes filles fassent du sport entre elles dans un terrain rigoureusement clos, inaccessible au public, oui, d'accord.
00:36:50 Mais qu'elles se donnent en spectacle, à certains jours de fête, où saura combien le public,
00:36:54 qu'elles osent même courir après un ballon dans une prairie qui n'est pas entourée de murs épais,
00:36:59 à la voie-là qui est intolérable. »
00:37:02 Alors cela rappelle, si vous l'avez bien compris, je pense, à la femme que l'espace qui lui est réservé,
00:37:07 c'est d'abord, bien sûr, l'espace privé, la maison.
00:37:11 Et d'ailleurs, dans la maison, c'est pas n'importe quelle pièce, c'est souvent la cuisine dans laquelle on nous renvoie.
00:37:17 Donc, bref, c'est pour cette raison, comme l'espace public n'était pas pour nous,
00:37:22 mais qu'il est réservé plutôt pour les femmes l'espace privé,
00:37:25 c'est pour cette raison que dans le sport, en tout cas dès qu'ont commencé à se développer les loisirs sportifs de plein air,
00:37:30 la question du vêtement est devenue très problématique.
00:37:35 Alors, au début du développement du sport féminin, je vais vous montrer, regardez,
00:37:39 il a fallu se couvrir la tête pour pouvoir jouer au football, la plupart du temps.
00:37:44 C'est des choses qu'on dit peu, vous voyez les premières footballeuses en haut, elles ont la tête couverte.
00:37:48 Mais comme vous voyez aussi au tennis, il fallait avoir des robes longues, bien évidemment.
00:37:53 Et puis, quand il s'est agi dans les loisirs sportifs de pouvoir aller se baigner,
00:37:57 vous voyez que là, c'est en Angleterre, en bas à gauche, on mesurait,
00:38:02 il y avait un certain nombre de centimètres précis entre la fin du maillot de bain et du genou.
00:38:09 Et si c'était, on pourrait prendre un PV, donc les femmes prenaient un PV,
00:38:13 c'est pour ça que vous avez quelqu'un qui fait fonction de policier qui mesurait précisément
00:38:16 pour voir si la femme n'avait pas le droit à un PV ou pas.
00:38:18 Donc le vêtement, c'était vraiment un problème important à l'époque.
00:38:23 Mais j'ai envie de vous dire qu'aujourd'hui, ça l'est aussi, le vêtement dans le sport, encore une fois.
00:38:33 Et qui nous dit, je dis nous, excusez-moi, je ne devrais pas en tant que sociologue,
00:38:37 qui dit aux femmes, parce que j'étais aussi, on m'a dit comment il fallait que je m'habille,
00:38:42 qui dit aux femmes comment elles doivent se vêtir, qui décide de la façon dont elles doivent se vêtir
00:38:47 pour faire du sport, ce sont des dirigeants, souvent des hommes.
00:38:50 Et donc aujourd'hui, si hier il fallait se couvrir le corps,
00:38:54 ah, aujourd'hui, comment vous dire ?
00:38:59 C'est plutôt l'inverse, il faut plutôt se dénuder.
00:39:02 Comme c'est le cas, par exemple, au beach volley, mais aussi au beach handball.
00:39:10 Voilà la différence entre une tenue correcte pour un homme
00:39:13 et celle qui convient d'être portée par les beach handballeuses.
00:39:18 Oui, vous pouvez dire, vous l'avez dit, vous avez dit putain, vous pouvez le dire.
00:39:22 Je crois que ça illustre bien votre colère.
00:39:27 Mais sachez qu'on a changé les règles, je vous le dirai après.
00:39:30 On a réussi à faire changer les règles.
00:39:33 Mais voilà, c'est le cas aussi, donc le port de la jupette qui est obligatoire au caisseur-gazon.
00:39:39 Et d'ailleurs, très bonne nouvelle, j'ai lu hier que la Fédération française de hockey sur gazon,
00:39:44 qui est présidée par une femme, a enfin pu autoriser les hockeyeuses à porter un short.
00:39:50 Et si cette Fédération française a pu le faire, c'est parce que la Fédération internationale de hockey sur gazon l'a enfin autorisé.
00:39:56 Donc voilà, les hockeyeuses vont pouvoir jouer en short et pas seulement en jupette.
00:40:01 Mais il y a beaucoup de dirigeants, par exemple au handball, en boxe, au badminton,
00:40:07 qui ont essayé de faire la même chose, d'obliger les femmes à porter des jupettes pour pouvoir jouer.
00:40:11 Et heureusement, on va le voir aussi plus tard, des femmes se sont levées pour que ça ne soit pas le cas.
00:40:16 Bref, ce qu'il est important de retenir ici, c'est que dans tous ces exemples d'hier comme aujourd'hui,
00:40:22 peu importe que l'on soit dénudé ou qu'on ne soit au contraire bien habillé, beaucoup habillé,
00:40:27 ce qui est important de retenir, c'est qu'on ne considère pas le corps des femmes pour lui-même,
00:40:32 ce que Pierre Bourdieu appelait le corps pour soi.
00:40:35 Mais ce qui est pris en compte, surtout dans le sport, c'est le corps qui se regarde,
00:40:40 le sport pour autrui, la femme séductrice, celle qui doit séduire l'homme.
00:40:45 Et c'est pour cette raison que bien souvent il y a une hyper-sexualisation des femmes et des sportifs sur les affiches,
00:40:53 comme vous pouvez le voir ici.
00:40:55 Alors, ces affiches-là, j'avoue très sincèrement qu'elles datent des années 2010.
00:41:00 Aujourd'hui, depuis 4-5 ans, je ne pense pas qu'on en voit.
00:41:05 Quoique, celle que vous voyez qui est en haut à droite, l'année dernière on me l'a signalé, c'est du handball,
00:41:11 on m'a signalé qu'un club l'avait réutilisé.
00:41:14 Vous savez, celle qui est en haut à droite, elle est terrible.
00:41:16 Vous savez pourquoi elle est terrible ? Parce que c'est une affiche qui a été faite par des adolescentes.
00:41:21 On leur a demandé de créer une affiche, donc elles avaient entre 15 et 17 ans.
00:41:26 Voilà comment elles se voient.
00:41:30 Vous pouvez remarquer dans ces affiches qu'à aucun moment on ne voit la sportive en entier, ni la femme d'ailleurs.
00:41:36 On voit des bouts de femme, des seins, des fesses.
00:41:42 Il y a une dépersonnalisation totale de la femme.
00:41:45 Il y a donc une objectification.
00:41:47 Oui, la femme est un objet, le corps de la sportive est un objet et il faut le montrer comme étant tel
00:41:52 pour qu'elle reste et qu'elle soit avant tout séductrice.
00:41:55 Il y en a même qui pensent que ça va attirer, comme on dit le chaland,
00:41:58 que ça va attirer des spectateurs, voire des sponsors.
00:42:02 Mais quand j'entends ça, bien évidemment je me mets en colère,
00:42:05 mais c'est même méprisant à l'égard des hommes.
00:42:07 Parce que donc ça veut dire qu'il y a des hommes qui viennent voir des sportives juste pour voir les fesses.
00:42:12 Heureusement que tous les hommes, messieurs, heureusement que vous n'êtes pas tous comme ça,
00:42:15 mais on le sait très bien, heureusement.
00:42:18 Voilà ce genre d'affiche que l'on peut voir.
00:42:21 Donc bref, vous avez compris que la femme a été interdite de faire du sport
00:42:27 et vous voyez là aussi qu'on montre surtout le côté esthétique de la femme.
00:42:31 Bien évidemment, la hante balleuse que vous voyez en haut à droite, elle n'a rien de mal, je vous le dis tout de suite.
00:42:35 Absolument pas.
00:42:37 Les talons aiguilles reviennent aussi souvent, on l'a vu tout à l'heure,
00:42:40 c'est ce qui fait la définition de la féminité hégémonique,
00:42:43 donc celle qui est la plus représentée sur les magazines par exemple.
00:42:48 Vous êtes prêts ?
00:42:50 Alors on y va, là c'est 2024.
00:42:55 Voilà comment on vend, et j'ai pris mon sport,
00:42:58 parce que souvent on pourrait dire que je ne tape pas sur mon sport,
00:43:01 mais j'ai pris mon sport, j'assume totalement,
00:43:04 j'ai simplement caché le nom du club.
00:43:07 Je ne vais pas me retrouver avec un procès.
00:43:10 Là vous voyez, vous savez lire, vous avez un club de hante balle
00:43:14 qui vend d'un côté du hante balle féminin,
00:43:17 qui est un sport santé, c'est bien pour être bien dans son corps,
00:43:20 il faut qu'on soit bien, qu'on soit bien pour mettre le maillot de balaiter.
00:43:24 Donc bien dans ton corps, bien dans ton sport,
00:43:26 mais les garçons, vous voyez, si tu ne crains pas la douleur,
00:43:29 si tu n'as jamais peur, eh bien deviens hante balleur.
00:43:33 Je suis une bonne commerciale, non, ça va ?
00:43:36 Pour la petite histoire, sachez qu'on est intervenu,
00:43:39 je suis avec un autre monsieur, on est intervenu auprès du président du club
00:43:42 pour lui dire, tu ne peux pas faire une campagne comme ça
00:43:45 pour la saison 2023-2024, ce n'est pas possible, pas encore maintenant.
00:43:49 Bon, il nous a envoyé balader, comme vous n'avez pas le droit,
00:43:52 même si vous êtes vice-président de la Fédération Française d'Hante Balle,
00:43:55 il n'y a pas de droit d'ingérence dans une association qui est de droit privé,
00:43:58 vous n'avez pas le droit de dire à un président d'une association ce qu'il doit faire ou pas.
00:44:01 Bon, ben voilà, il a maintenu ces deux affiches.
00:44:04 Et ce qui est dingue, c'est qu'il n'y a personne au club, ou qui que ce soit,
00:44:07 qui a fait une remarque ou quoi, non ?
00:44:10 Ces affiches, elles sont là, elles sont sur Facebook, et tout va bien.
00:44:13 Et puis, celle que j'ai voulu mettre ici, c'est une ville,
00:44:16 j'ai caché aussi le nom de la ville.
00:44:19 Euh... Mollets de cycliste ?
00:44:22 Ah, ça ne va pas à tout le monde, hein ?
00:44:25 Optez pour l'électrique, mesdames ! Enfin...
00:44:28 Là, au moins, vous ne développerez pas des mollets musclés.
00:44:31 Pas de muscles, pour la femme, surtout.
00:44:33 Là, on voit bien encore les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure.
00:44:36 Bref, c'est pour ça, pour conclure là-dessus, c'est pour ça que vous voyez,
00:44:39 que... la...
00:44:42 Olivia Gazalet parle de sexisme, j'ai mis cette expression de sexisme viriliste.
00:44:45 Voilà ce qui a fondé culturellement le sport.
00:44:48 Un sexisme viriliste,
00:44:51 qui produit, au départ, vous l'avez compris, de l'exclusion,
00:44:54 puis par la suite, une fois qu'on a gagné le droit de faire du sport,
00:44:57 et de pratiquer du sport, qui produit de la discrimination.
00:45:00 Et parfois, des phénomènes qui sont reconnus aujourd'hui,
00:45:03 heureusement, comme dangereux, pour tous et toutes,
00:45:06 comme les violences sexuelles.
00:45:09 Car quand vous êtes dans un rapport de violence, de brutalité,
00:45:12 de domination, de compétition, de performance à tout prix,
00:45:15 et bien oui, vous créez des conditions
00:45:18 les plus favorables à ce que des phénomènes de violences sexuelles se développent.
00:45:21 Je ne vais pas en dire plus sur ce sujet-là aujourd'hui.
00:45:24 Donc, tout ça pour dire quoi ?
00:45:27 Que le sexisme n'est pas une abstraction, loin de là.
00:45:30 Il se voit, il se manifeste, par des comportements,
00:45:33 mais aussi par des décisions,
00:45:36 qui peuvent être observées de façon très objective,
00:45:39 comme vous l'avez vu, je cite des faits, je vous montre des images,
00:45:42 je n'invente rien, je ne déforme rien.
00:45:45 Et ce type d'attitude, le moins que l'on puisse dire,
00:45:48 c'est qu'il est partout, partout, partout présent dans le milieu sportif.
00:45:51 Y compris dans les moindres détails.
00:45:54 Et là, je vais siffler une philosophe, une très grande philosophe française,
00:45:57 Geneviève Fresse, je ne sais pas si certains de vous la connaissent.
00:46:00 Elle a été députée européenne,
00:46:03 et dans une intervention qu'elle a faite en 2002,
00:46:06 lors d'un colloque à l'INSEP,
00:46:09 elle a été députée européenne au moment où Marie-George Buffet était ministre des sports.
00:46:12 Et elles se sont très bien entendues toutes les deux,
00:46:15 elles ont aussi travaillé beaucoup, et c'est pour ça que Marie-George Buffet l'avait invitée à l'INSEP.
00:46:18 L'INSEP, c'est l'endroit où on essaye de construire
00:46:21 des champions et des championnes de demain.
00:46:24 Et voilà ce qu'elle dit, elle commence son intervention à l'INSEP en disant,
00:46:27 "Il y a quelques semaines, à propos des Jeux Olympiques,
00:46:30 il m'a été rapporté que la discrimination peut aller jusqu'à se porter
00:46:33 sur le nombre de t-shirts attribués à une équipe ou à une autre
00:46:36 pour partir aux Jeux Olympiques.
00:46:39 Il semblerait que les femmes ont moins de t-shirts que les hommes.
00:46:42 Sans doute leur sudation est-elle moins importante.
00:46:45 Comme quoi, le diable peut se loger dans les détails."
00:46:48 Voilà, elle découvre ça en 2002, donc il y a 20 ans.
00:46:51 Et aujourd'hui, le sujet de la discrimination
00:46:54 est un sujet qui est très important.
00:46:57 Et aujourd'hui, le sexisme dans des détails comme celui-ci,
00:47:00 on pourrait penser que ça n'existe plus.
00:47:03 Eh bien non, ça existe encore.
00:47:06 Et on va passer deux extraits d'un film qui m'est cher.
00:47:09 Je dis quelques mois avant qu'on passe le film,
00:47:12 "Une belle équipe" de Mohamed Hamidi.
00:47:15 Pourquoi il m'est cher ? Parce que Mohamed Hamidi, je le connais,
00:47:18 c'est une connaissance, et quand je l'ai rencontré,
00:47:21 c'était pas du tout dans un contexte cinématographique,
00:47:24 je ne vais pas vous dire dans quel contexte,
00:47:27 c'était dans un contexte de foot, ça n'a rien à voir avec le cinéma.
00:47:30 Et on me le présente en disant,
00:47:33 "Tiens, il a sorti il y a trois semaines un film
00:47:36 sur le football féminin."
00:47:39 Je dis, "Ah bon, ça alors, mais comment ça se fait
00:47:42 que vous faites un film ? Comment vous est venue l'idée ?"
00:47:45 C'est le réalisateur de "La vache", pour ceux qui ont vu "La vache".
00:47:48 Donc je lui dis, "Comment vous est venue l'idée ?"
00:47:51 Et là, il me raconte, "Moi j'ai grandi en cité, à Bondy,
00:47:54 et j'ai des soeurs, et mes soeurs, elles n'avaient pas le droit
00:47:57 de jouer au football, dans le quartier, dans la cité,
00:48:00 elles n'avaient pas le droit, et je trouvais ça profondément injuste,
00:48:03 donc j'ai décidé d'écrire ce film."
00:48:06 On voit les extraits pour vous montrer à quel point le sexisme
00:48:09 s'inscrit dans les détails quotidiens d'une femme
00:48:12 qui encore aujourd'hui essaye, notamment là, de faire du football.
00:48:15 Extrait, du un à deux, l'un après l'autre.
00:48:18 - Plus loin, papy, s'il te plaît. Merci.
00:48:22 - Ouais, c'est bien ce que je pensais.
00:48:26 Tu sais quoi ? Je suis vraiment désolé, mais vous allez pas pouvoir
00:48:29 jouer avec les maillots de la CGB. - Le match est dans 2 heures,
00:48:32 comment je peux trouver d'autres maillots ? - Pas de problème, papy.
00:48:35 - Michel, attends. Michel, me...
00:48:39 (Bruits de pas)
00:48:42 (Toc, toc, toc) - Vous êtes pas en tenue ?
00:48:48 On joue dans 20 minutes ! - Comment tu veux qu'on s'habille ?
00:48:51 On n'a pas de maillot. - Il est pas là, papy.
00:48:54 - J'ai essayé de l'appeler 3 fois, il répond pas. - Ah bon ? Merde, alors !
00:48:57 (Bruit de porte)
00:49:00 - Allez, papa ! - J'arrive, j'ai eu un petit problème.
00:49:03 Tiens, tiens. - Allez, allez.
00:49:06 - Allez, fille en tenue, allez. - Ah !
00:49:09 - Putain.
00:49:12 - C'est quoi, ces vieux maillots, là ? - Mais attendez, on va pas jouer avec ça.
00:49:15 On ressemble à rien. - C'est des maillots des vétérans, ça.
00:49:18 Qu'est-ce qui s'est passé ? - J'ai eu un problème à la laverie, j'ai bousillé toute l'équipe.
00:49:21 - C'est des vieux maillots, papa. - Ça fait 20 ans que tu laves les maillots,
00:49:24 j'ai jamais eu un problème. - Bon, les filles, vous allez jouer
00:49:27 avec ces maillots-là. Tiens, Stéphanie, tu seras capitaine.
00:49:30 - Quoi ? Mais pourquoi moi ? - C'est comme ça. C'est l'entraîneur qui dessine.
00:49:33 - C'est pas très démocratique, ça, Marco ? - Oui, c'est vrai.
00:49:36 - Pourquoi c'est l'entraîneur qui dessine ? - Il faut bien un capitaine.
00:49:39 - Une capitaine, en l'occurrence. - Les filles, je propose qu'on vote.
00:49:42 - Très bien. - Oui, c'est bien.
00:49:45 - Bon, si vous voulez, mais vous faites vite. En tenue.
00:49:48 - Allez.
00:50:01 - L'instant de vérité.
00:50:04 - C'est une bombe, ta Sandra, là. Tu l'as trouvée où ?
00:50:17 - Écoute, depuis le temps que je fais du foot, j'ai des contacts, heureusement.
00:50:20 - Non mais t'as vu le niveau qu'elle a ? Elle voudra jamais rester avec nous.
00:50:24 - Ah, merde. Allez, on va pas se plaindre.
00:50:29 - Hé, oh ! - Merde, il se passe quoi, là ?
00:50:32 - Attendez, restez là, j'y vais.
00:50:35 - Faut payer l'électricité, Marco. - On fait une pause ?
00:50:38 - Que faites-vous ? Ça va pas, là, en plein entraînement ?
00:50:41 - Je t'avais prévenu, Marco. Ces projecteurs tout neufs, c'est moi qui les ai installés.
00:50:44 Alors je fais ce que je veux, là, je les éteins.
00:50:47 - Non, tu peux pas faire ça. Les filles sont motivées. Elles ont besoin d'aide, et toi, tu leur coupes les jambes.
00:50:50 - C'est qu'un début.
00:50:56 - Enfoiré.
00:50:59 - T'as voulu en faire quatre à tête, maintenant t'assumes.
00:51:02 - Bon, bah, je crois que c'est mort, les filles.
00:51:05 - Tout ce qu'il a mis dans le film, c'est tiré de faits réels.
00:51:10 Donc il a rien inventé, c'est pas sorti de son imagination.
00:51:13 Ce sont des choses qui arrivent encore aujourd'hui, hélas.
00:51:16 Donc il y a plusieurs, vous l'avez compris, degrés de sexisme.
00:51:19 Il y a parfois un degré qui est beaucoup plus hostile,
00:51:22 comme par exemple lorsque Bernard Lacombe,
00:51:25 ancien footballeur lui aussi international,
00:51:28 mais qui était conseiller à l'époque de président de l'hôpital Lyonnais,
00:51:31 dit à propos du football à la radio RMC,
00:51:34 "Je ne discute pas avec les femmes de football, jeudi, parce que c'est mon caractère.
00:51:39 C'est comme ça, qu'elles s'occupent de leur casserole et puis ça arrive beaucoup mieux.
00:51:42 On vient encore à nos casseroles, à la cuisine,
00:51:45 on nous renvoie encore dans la sphère privée."
00:51:48 Bref, ça c'est un sexisme que l'on qualifie en sociologie d'hostile,
00:51:51 qui impose, vous le voyez, une restriction au rôle féminin,
00:51:54 en dénigrant largement les femmes,
00:51:57 puisque là il les renvoie à leur casserole.
00:52:00 Il y a toujours, toujours, toujours ce réflexe dans le sport
00:52:03 de renvoyer les femmes systématiquement à la maison,
00:52:06 et comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
00:52:09 souvent à la maison, c'est dans la salle de la cuisine
00:52:12 qu'on les renvoie le plus souvent.
00:52:15 Et c'est ce qu'on fait, c'est qu'on fait du sport, en parler,
00:52:18 puisque là Bernard Lacombe c'était en parler simplement à la radio
00:52:21 avec une femme journaliste, ne serait-ce qu'en parler,
00:52:24 ce n'était pas légitime pour une femme.
00:52:27 Et ces propos-là, bien entendu, sont très, très, très, très nombreux au quotidien.
00:52:30 Vous ne pouvez même pas vous imaginer le nombre de fois qu'on entend ça,
00:52:33 que ce soit pour les femmes arbitres, que ce soit pour les sportives.
00:52:36 "Donc retourne faire la vaisselle, du tricot, retourne dans ta cuisine,
00:52:39 quand ce n'est pas plus salasse.
00:52:42 Non, non, parfois même, c'est tellement vrai qu'on l'écrit en gros dans les stades,
00:52:46 là ce sont des stades de football en l'occurrence.
00:52:49 Le stade, vous voyez, c'est fait pour les hommes, la cuisine,
00:52:52 avec la flèche qui montre quand même la direction de la cuisine, c'est les femmes.
00:52:55 Et puis Margarita, qui était la présidente de l'OM,
00:52:58 "Retourne à ton vrai métier, femme au foyer, casse-toi."
00:53:01 Donc voilà, c'est une manière très élégante de dire à une femme que...
00:53:06 Bref, sa présence n'est pas là, sa présence n'est pas normale dans le milieu du sport,
00:53:11 sa présence est incongrue.
00:53:13 Et vous le vivez aussi quand vous êtes dirigeante.
00:53:15 Alors, je vais vous donner, que j'explique dans le livre,
00:53:18 une anecdote pour illustrer cela.
00:53:20 Quand j'étais présidente d'un club professionnel masculin,
00:53:23 j'étais seule femme présidente d'un club professionnel masculin pendant 5 ans,
00:53:27 de 2007 à 2012, fin des années 2012,
00:53:32 et je me déplaçais avec les joueurs pour aller voir leur match.
00:53:36 Nous avions été championnes de France alors que j'étais présidente en 2007,
00:53:40 et donc on commençait un peu à nous connaître.
00:53:44 Bref, on est dans une ville, peu importe la ville,
00:53:47 je suis assise, ils sont en train de s'échauffer,
00:53:49 je suis habillée, comme je dis souvent, en présidente,
00:53:51 donc je ne suis pas en survêtement ni rien,
00:53:53 et puis j'ai une amie qui arrive en face avec son mari,
00:53:56 et je vais pour aller la saluer, donc je suis obligée de sortir du carré VIP.
00:54:00 Et il y a un monsieur, 35 ans, 40 ans, qui m'arrête et qui me dit,
00:54:04 "Excusez-moi, madame, vous ne pouvez pas passer,
00:54:06 "parce que si vous passez, vous ne pouvez pas revenir
00:54:08 "et vous n'avez pas le badge de décréditation."
00:54:10 Je dis, "Désolée, on ne m'a pas donné le badge de décréditation
00:54:12 "quand je suis arrivée."
00:54:14 Il me dit, "Ah bon, mais vous êtes qui ?"
00:54:17 Je montre les joueurs qui étaient en train de s'échauffer,
00:54:19 je dis, "Je suis la présidente du club d'ivri,
00:54:21 "qui est en train de s'échauffer, des joueurs."
00:54:24 Il me dit, "Ne bougez pas, je vais demander à l'organisatrice."
00:54:27 Et donc il fait trois pas, je veux dire trois pas,
00:54:30 c'est quoi, ça ne prend même pas cinq secondes pour faire trois pas.
00:54:33 Et là, je sais qu'il va se passer quelque chose,
00:54:40 c'est la sociologue qui est en tête,
00:54:42 j'ai un pressentiment de sociologue, pas de femme,
00:54:44 ça n'existe pas, mais de sociologue.
00:54:46 Et je le suis.
00:54:48 Et là, je l'entends dire à la dame,
00:54:50 "Excusez-moi, il y a la femme du président qui souhaiterait..."
00:54:53 Mais ce n'est pas fini, attendez.
00:54:57 Je fais comme vous, je rigole, parce qu'à un moment donné,
00:55:01 il faut en rire, on ne va pas pleurer tout le temps.
00:55:03 Je lui tape sur l'épaule, et je lui dis,
00:55:05 "Excusez-moi, monsieur, mais vous vous rendez compte de ce que vous venez de dire ?"
00:55:09 Je lui dis, "Je ne vous ai pas dit ça,
00:55:11 il n'y a même pas cinq secondes que je vous ai parlé,
00:55:14 et je ne vous ai pas dit ça, je vous ai dit que j'étais la présidente,
00:55:17 et vous, votre cerveau, il a transformé ça en femme de président."
00:55:20 Et là, il me regarde et me fait, "Vous êtes sûre ?"
00:55:23 Je ne savais plus si je devais être sûre de quoi,
00:55:27 d'être présidente, d'être une femme, d'être pas la femme du président,
00:55:30 de ne plus être moi-même.
00:55:31 Bon, ça s'est bien terminé, parce que du coup, il était tellement honteux
00:55:34 qu'il a pris beaucoup de soin de moi toute la soirée, ce monsieur.
00:55:37 Je peux vous dire que je pense que lui aussi s'en souviendra à vie
00:55:40 de ce qui lui est arrivé.
00:55:41 Mais vous voyez, cette anecdote, je l'aime bien,
00:55:44 parce que ça ne m'est pas arrivée une seule fois.
00:55:46 Ça m'est arrivé plusieurs fois.
00:55:48 Et ça ne m'est pas arrivé seulement de la part d'un homme,
00:55:50 mais aussi de la part de femme.
00:55:51 Quand je disais, "Je suis présidente",
00:55:53 elles me disaient, elles entendaient comme lui, "Femme de président."
00:55:57 Et quand on comprenait présidente, c'était bien entendu
00:56:00 présidente d'un club féminin.
00:56:02 Donc il était, c'est ce que j'appelle un impensé sociologique.
00:56:05 Il est impensable, vous voyez, rien que ça, il est impensable.
00:56:08 Et ce n'était pas, encore une fois, il y a 30 ans.
00:56:11 Il est impensable, dans le sport en tout cas,
00:56:14 le fait qu'une femme puisse présider, et encore plus, des hommes,
00:56:18 c'est quelque chose qui est impensable.
00:56:19 Le cerveau ne l'a pas enregistré comme ça.
00:56:21 Ce monsieur n'y mettait pas de la mauvaise volonté du tout.
00:56:24 Je ne lui en voulais pas d'ailleurs.
00:56:26 Mais c'est ça la force de l'intériorisation des représentations.
00:56:30 C'est qu'elles finissent, ces représentations, par être normales.
00:56:34 On ne les remet même plus en cause.
00:56:36 On n'en a même pas conscience.
00:56:38 C'est ça qui est dingue.
00:56:40 Et donc voilà pourquoi aussi, on trouve peu de femmes,
00:56:43 parce qu'au bout d'un moment, ce sexisme au quotidien est tellement pesant
00:56:47 qu'on finit par peut-être baisser les bras et abandonner, bien entendu.
00:56:51 Et ce sexisme que l'on qualifie, vous le savez, d'ordinaire,
00:56:54 et souvent inconscient, c'est un sexisme,
00:56:58 c'est ce que Pierre Bourdieu appelle "cet infiniment petit de la domination".
00:57:03 Vous savez, ça aussi, ça m'arrive souvent.
00:57:05 Des hommes qui sont présidents ou vice-présidents,
00:57:08 qui me prennent par l'épaule comme ça,
00:57:10 ou qui me font "ça va, tu vas bien ?"
00:57:12 Jamais j'ai vu une femme faire ça.
00:57:14 Même en dehors du sport, jamais j'ai vu une femme faire ça à un homme.
00:57:19 Mais non, mais nous, c'est régulier.
00:57:21 Et ces gestes de sexisme ordinaire, répétés quotidiennement,
00:57:26 ou ces mots, bien évidemment, ça mine.
00:57:29 Je reprends les propos de Marie du Rubella,
00:57:32 qui dit "ça mine sans cesse sur la défensive, ça mine la vie".
00:57:38 Oui, ben oui.
00:57:39 Et ça, ce genre de sexisme-là, bien sûr qu'on ne peut pas le combattre par des lois,
00:57:43 même si aujourd'hui, il existe une loi
00:57:45 qui pénalise les injures et les outrages sexistes, bien sûr,
00:57:48 mais pas les comportements comme ceux-là du quotidien.
00:57:51 C'est ce sexisme ordinaire, en fait,
00:57:54 qui pollue le plus la vie quotidienne de tant de femmes et de petites filles.
00:57:57 Et je vais, pour ce faire, m'appuyer sur un témoignage d'une jeune fille de 13 ans,
00:58:01 qu'elle a fait sur mademoiselle.com en 2018.
00:58:06 "J'ai 13 ans. Je suis en 3e, dans un tout petit collège.
00:58:09 "Notre classe compte 12 élèves en tout.
00:58:12 "Nous ne sommes que 3 filles pour 9 garçons.
00:58:14 "Et nous en avons marre des remarques sexistes, particulièrement en sport.
00:58:19 "Les garçons nous considèrent inférieurs, moins fortes, voire tout simplement faibles.
00:58:23 "C'est juste insupportable de passer pour la petite chose fragile
00:58:27 "que les grands mecs musclés vont protéger.
00:58:29 "C'est tous les jours comme ça. Tu cours comme une fille.
00:58:32 "Les filles, ça ne joue pas au foot.
00:58:34 "Et lorsqu'on veut participer, on a beau essayer de rentrer dans le jeu au maximum,
00:58:37 "on n'a jamais la balle.
00:58:39 "Le remarque vient parfois même des profs.
00:58:41 "En sport, on fait du baseball, par exemple,
00:58:43 "alors qu'on est toutes les 3 plus grandes que la plupart des garçons de l'école.
00:58:47 "Eh ben non, on est obligés d'utiliser les battes pour enfants.
00:58:50 "Les garçons, eux, en ont pour adultes.
00:58:53 "Même ceux qui sont en 6e.
00:58:55 "On nous attribue toujours le matériel le moins dangereux,
00:58:58 "du genre balmol ou en mousse.
00:59:01 "Bref, pour s'échauffer en sport, on a le choix entre faire des pompes normales
00:59:05 "et des pompes de filles."
00:59:07 Ah, les pompes de filles, vous ne mettez pas vos bras comme ça.
00:59:09 "Celles qui sont plus simples, où on s'appuie sur les coudes, etc."
00:59:13 Bref, cette jeune fille, elle se plaint de ne pas être considérée à égalité avec les hommes.
00:59:19 Elle se plaint d'être considérée comme étant inférieure,
00:59:21 comme on l'a défini avec le sexisme.
00:59:23 Elle a le sentiment, au fond, qu'on fait tout, par le matériel qu'on lui donne,
00:59:27 par les consignes qu'on lui donne,
00:59:29 elle a le sentiment qu'on fait tout pour la rinbaisser,
00:59:32 la dénigrer, la déclasser socialement.
00:59:35 Et des témoignages comme celui-ci, il y en a plein, si vous saviez.
00:59:39 J'en ai pris que quelques exemples.
00:59:41 Alors là, d'une sportive de haut niveau, on m'a dit que si je ne voulais pas un sport sexiste,
00:59:44 je n'avais qu'à faire un sport de filles.
00:59:46 Marie Patouillet, qui est une paralympique,
00:59:49 qui va participer aux Jeux paralympiques,
00:59:51 qui est championne olympique de cyclisme, pardon.
00:59:55 Et je peux le dire parce qu'elle l'a dit publiquement,
00:59:58 Marie, elle s'est posée, aujourd'hui elle ne se pose plus la question,
01:00:01 elle a décidé d'y aller, mais elle s'est même posée la question
01:00:04 si elle allait participer aux Jeux paralympiques 2024.
01:00:07 Tellement le milieu dans lequel elle est, de la haute performance,
01:00:10 c'est sexiste, elle n'en peut plus.
01:00:13 Et puis, on retrouve dans le même acabit que le témoignage de la jeune fille,
01:00:19 c'est le choix des équipes, on leur met dans la tête qu'elles sont nulles,
01:00:23 etc., etc., etc.
01:00:26 Bref, donc vous avez compris qu'il est difficile d'exister dans un milieu,
01:00:30 quand on est une femme, dans un milieu sportif,
01:00:32 et c'est pour ça qu'elles vivent des discriminations,
01:00:36 et ces discriminations, elles prennent la forme d'inégalités de traitement.
01:00:40 On l'a vu, l'inégalité de traitement au niveau du matériel sportif,
01:00:43 on l'a vu avec les maillots.
01:00:45 Il y a des footballeuses, je me souviens d'équipes,
01:00:47 pour jouer les Coupes de France, où elles n'ont pas de maillot,
01:00:49 c'est des maillots de Coupe d'Homme, voilà, où vous n'avez pas...
01:00:51 Nous, par exemple, les dirigeantes de la Fédération française de handball,
01:00:54 si le président regarde plus tard, il va dire "Encore, tu...?"
01:00:58 Oui, encore, parce que ça fait 8 ans qu'on répète les choses,
01:01:01 et 8 ans que les choses n'avancent pas.
01:01:03 Les hommes ont, pour représenter la Fédération française de handball,
01:01:06 une veste, un pantalon, une chemise, et nous, on n'a rien.
01:01:10 Ah, si, si, excusez-moi.
01:01:13 Si, si, je ne vais pas citer la marque, on nous a offert des vestes.
01:01:17 D'hommes.
01:01:18 Et vous savez de qui ?
01:01:20 Le surplus, il y avait marqué à l'intérieur "RCT Toulouse", rugby.
01:01:28 XXS, je ne sais même pas combien, les tatas, ils m'arrivaient là.
01:01:30 Bon, on a tout rendu, évidemment, ça ne nous allait pas,
01:01:32 et ça allait comme ça, etc.
01:01:34 Voilà comment on nous traite.
01:01:36 Donc, effectivement, inégalité de traitement au niveau du matériel sportif.
01:01:40 Est-ce que vous saviez, par exemple, les sales en cyclisme,
01:01:42 elles ont été faites à partir de la morphologie masculine,
01:01:45 comme les chaussures de sport et de football, notamment ?
01:01:48 Et c'est pour ça qu'il y a plus de blessures, ça a été démontré.
01:01:50 Certaines blessures, c'est les footballeuses que chez les footballeurs.
01:01:54 Chez les cyclistes, chez les femmes, ça a provoqué des cancers d'avub, etc.
01:01:58 Donc, ça fait simplement depuis 2-3 ans,
01:02:01 vous m'entendez qu'il y a des recherches et des entreprises
01:02:03 qui commencent à faire des sales, maintenant c'est fait pour les femmes,
01:02:06 et des chaussures de foot pour les femmes.
01:02:09 Là, c'est très récent.
01:02:11 Il y a des vêtements, on l'a vu, je vais pas revenir,
01:02:13 qui sont proposés, et bon, on a la chance,
01:02:15 quand on a des vêtements qui nous sont proposés,
01:02:17 qui sont taillés pour notre morphologie.
01:02:20 Ah, puis, on arrive à quoi ?
01:02:22 Inégalité de traitement aussi dans les conditions d'entraînement
01:02:26 et de pratiques sportives.
01:02:28 Alors, on va regarder un extrait de quelqu'un qui s'est battu dans son sport
01:02:33 pour avoir les mêmes moyens, les mêmes primes, les mêmes salaires
01:02:36 que les garçons, la reine Billie Jean King.
01:02:40 Je vous laisse apprécier "Dans la bataille des sexes",
01:02:44 le film qui sera diffusé tout à l'heure à 21h,
01:02:46 que je vous conseille vraiment de voir.
01:02:49 Excusez-moi.
01:02:51 Oh, oh, attendez un instant, attendez un instant.
01:02:53 Surpris de voir vous là.
01:02:55 C'est un plaisir inattendu.
01:02:57 Oh mon Dieu, vous avez l'air sensationnels, si je puis dire.
01:03:01 Vous ne pouvez pas.
01:03:02 Vous ne devriez pas être ici, vous savez.
01:03:03 Parce que je suis une femme ou parce que je suis un juge, Bob ?
01:03:05 S'il vous plaît, vous êtes bienvenue ici.
01:03:07 Asseyez-vous.
01:03:09 Qu'est-ce que nous pouvons faire pour vous ?
01:03:11 Vous aimeriez un verre ou quelque chose ?
01:03:13 Non, merci, Jack.
01:03:16 Je trouve que c'est le mieux pour être clair
01:03:18 avant de commettre un meurtre à la colère.
01:03:20 Pour vous clarifier,
01:03:22 le lancement de la presse.
01:03:25 Ah oui.
01:03:26 Il dit ici que vous offrez aux hommes 12 000 dollars
01:03:29 et 1 500 aux femmes.
01:03:31 Ce sont les termes.
01:03:33 Le prix des hommes doit être si élevé pour attirer les meilleurs joueurs.
01:03:36 Nous essayons de faire ce tournoi le plus prestigieux en Amérique.
01:03:39 Et payer les femmes moins que jamais,
01:03:41 fait-il plus prestigieux ?
01:03:43 C'est simplement une question de ce que nous pouvons afforder.
01:03:45 Les gens payent pour voir les hommes jouer.
01:03:47 C'est leur défi.
01:03:49 C'est 8 fois plus d'effort ?
01:03:51 Pardon ?
01:03:52 Vous offrez aux hommes exactement 8 fois
01:03:54 ce que vous offrez aux femmes.
01:03:55 Prenons-nous un eigne de la foule ?
01:03:57 Je ne sais pas les pourcentages, mais...
01:03:59 Ils ont vendu le même nombre de tickets
01:04:01 au final des femmes qu'aux hommes.
01:04:03 N'est-ce pas, Jack ?
01:04:04 Aujourd'hui, je suppose.
01:04:06 Les mêmes ventes, les mêmes prix, ça me fait du bien.
01:04:08 Oh, viens, soyez raisonnable.
01:04:10 Je veux dire, il n'y a pas de façon de l'afforder.
01:04:12 Quel est votre argument, Jack ?
01:04:15 Pour une chose, les hommes ont des familles
01:04:17 qu'ils doivent soutenir.
01:04:19 Je suis la première victime rouge dans ma famille.
01:04:21 Oui, oui.
01:04:23 Regarde.
01:04:25 Les hommes sont simplement plus excitants à regarder.
01:04:31 Ils le sont.
01:04:33 Ils sont plus rapides.
01:04:34 Facts.
01:04:35 Et plus forts.
01:04:36 Facts.
01:04:37 Et plus compétitifs.
01:04:38 Justes facts.
01:04:39 Ce n'est pas votre faute, c'est juste la biologie.
01:04:41 Ce n'est pas mon point.
01:04:43 Nous vendons le même nombre de tickets.
01:04:45 Je suis désolé.
01:04:48 Ce n'est pas ce qui va se passer.
01:04:50 C'est comme ça.
01:04:55 Nous allons boycotter le tournoi.
01:04:58 Facts.
01:04:59 Bon, maintenant...
01:05:03 Nous allons sûrement vous manquer les yeux,
01:05:05 mais allez-y.
01:05:06 Pas seulement nous allons boycotter,
01:05:08 nous allons nous mettre en place notre propre tournoi.
01:05:09 Facts.
01:05:10 Au même moment que le Pacifique Sud-Ouest.
01:05:13 Facts.
01:05:14 Envoie-moi des tickets.
01:05:16 Bonne nuit, mesdames.
01:05:18 Ça ne va jamais se passer.
01:05:23 Billie Jenkins, vraiment une sacrée sportive,
01:05:26 une sacrée femme.
01:05:27 Alors, on y retrouve, voyez, dans cet extrait aussi,
01:05:29 l'argument biologique, vous avez vu,
01:05:31 et vous avez entendu plus tôt.
01:05:33 Et bien, vous savez, en 2021,
01:05:36 on retrouve le même argument biologique qui a été donné aux sportives,
01:05:39 aux footballeuses américaines qui ont porté plainte pour discrimination salariale
01:05:42 contre la Fédération américaine de football,
01:05:45 dans les arguments juridiques qui étaient présentés lors du procès
01:05:49 qui a duré 2 ans, 3 ans, de 2019 à 2021,
01:05:52 l'argument que vous avez entendu a été donné le même.
01:05:56 L'argument biologique, c'est normal que vous ne gagnez pas la même chose que les garçons
01:05:59 parce que vous êtes moins fortes biologiquement parlant.
01:06:01 Donc, elles ont gagné, maintenant, aujourd'hui,
01:06:03 elles sont payées de manière équivalente aux garçons.
01:06:06 Donc, inégalité de traitement à tous les niveaux, à tous les étages.
01:06:09 Inégalité de reconnaissance aussi des performances sportives féminines et masculines,
01:06:14 puisque, je vous donne brièvement une statistique,
01:06:17 de 2018 à 2021, les temps de diffusion télévisuelle du sport féminin ont augmenté de 50%.
01:06:24 Super ! On pourrait se dire que c'est vraiment un beau progrès.
01:06:27 Mais sur la même période, on constate que le sport féminin ne représente que -5% du sport télévisé
01:06:33 contre 71,5% pour le sport masculin,
01:06:38 donc des chiffres qui nous ont été donnés par l'Arcom,
01:06:41 et le reste étant les diffusions mixtes.
01:06:43 Et puis, non seulement le sport féminin est très peu médiatisé,
01:06:46 mais quand il l'est, il faudra voir aussi la manière dont il est raconté.
01:06:52 Quelles sont les images qui sont montrées ? Comment on en parle ?
01:06:55 Et là, moi j'ai en tête les propos de M. Candeloro, par exemple, pour le patinage artistique.
01:07:02 Au dernier Jeux Olympiques, j'ai regardé et j'ai tenu, je crois, 10 secondes, j'ai arrêté,
01:07:07 je n'ai pas regardé le patinage artistique à cause de lui.
01:07:10 Très clairement, ses propos sont d'un sexisme incroyable.
01:07:13 Et on laisse faire, mais c'est pas grave.
01:07:15 Bref, vous l'avez compris que le sexisme est partout présent,
01:07:18 et c'est pour ça qu'il fallait écrire un livre dessus, vraiment,
01:07:20 pour essayer de le voir dans tous les détails,
01:07:23 et de donner des exemples concrets, de l'incarner,
01:07:25 pour montrer que le sexisme, ce n'était vraiment pas une abstraction dans le sport,
01:07:28 mais c'était une réalité.
01:07:29 Et heureusement que des femmes ont été à la conquête de l'égalité,
01:07:32 ont été à la conquête du sport,
01:07:34 des femmes comme, vous l'avez vu, Katrin Witzer,
01:07:36 des femmes comme Billie Jean King, bien sûr,
01:07:38 et puis celle, celle qui nous a montré le chemin, c'est Alice Mia.
01:07:42 Alice Mia n'est pas l'ande-lictionnaire.
01:07:44 Pour celles qui ne sont pas dans le milieu du sport,
01:07:46 je suis sûre que vous n'en avez jamais, jamais entendu parler,
01:07:49 et c'est pourtant celle, elle est morte dans l'anonymat le plus total.
01:07:52 Elle n'avait même pas de...
01:07:54 de... comment on dit ?
01:07:56 Sur sa tombe, il n'y avait rien, il n'y avait même pas de plaque,
01:07:59 sur sa tombe, il n'y avait rien.
01:08:01 Et Alice Mia, c'est celle qui s'est battue au début du 20e siècle,
01:08:05 qui s'est battue contre le baron Pierre de Coubertin,
01:08:07 pour que les femmes aient le droit de participer officiellement aux Jeux Olympiques.
01:08:11 Et parce qu'il ne voulait pas, elle a organisé des championnats du monde,
01:08:14 des Jeux Mondiaux, en 1922, au Stade Pershing, à Vercennes,
01:08:19 où il y avait beaucoup de spectateurs,
01:08:22 et où il y avait pas mal de... enfin pas mal, je ne sais pas,
01:08:25 moins de 10, mais je crois que 7 ou 8 fédérations étrangères
01:08:28 qui sont venues participer à ces Jeux Olympiques,
01:08:31 enfin, ces Jeux Mondiaux, parce qu'elle n'avait pas le droit d'utiliser le mot "Olympique".
01:08:34 Et puis, elle a réussi en 1928, et on la voit,
01:08:37 vous voyez la seule femme, là, qui est au milieu,
01:08:39 qui a été, donc, dans un jury, et donc, elle a été prise,
01:08:42 et c'est la seule femme.
01:08:44 Et la statue que vous voyez à gauche,
01:08:46 j'en suis particulièrement fière, parce que je fais partie de celle avec d'autres,
01:08:49 bien entendu, qui se sont battues pour qu'elle soit reconnue,
01:08:52 donc un travail mémoriel important,
01:08:54 qu'elle soit reconnue par le mouvement olympique français,
01:08:58 puisque au Comité National Olympique du Sport Français,
01:09:01 jusqu'en 2021, il n'y avait pas d'Alice Millat dans le hall,
01:09:04 mais il y avait en revanche une belle statue de plus de 3 mètres,
01:09:08 je crois, de Pierre de Coubertin, en bronze,
01:09:10 et Alice Millat n'était pas présente.
01:09:12 Donc, j'ai trouvé ça très injuste, et depuis 2014,
01:09:15 je me suis battue pour qu'elle puisse être présente.
01:09:18 Je vous passe les détails, je vous raconte dans mes livres,
01:09:20 mais nous avons pu inaugurer, grâce au combat d'autres personnes à mes côtés,
01:09:25 notamment Emmanuel Oulage, la présidente de la FSGT,
01:09:28 grâce à Éric Florent, qui a aussi créé la fondation Alice Millat.
01:09:32 Elle a pu rentrer au Comité National Olympique,
01:09:36 ce sont des étudiants qui ont fait cette représentation d'Alice Millat.
01:09:42 Pour la petite histoire, sachez quand même que ça a été compliqué pour lui trouver une place,
01:09:48 il ne fallait pas qu'elle fasse trop d'ombre à M. Pierre de Coubertin dans le hall,
01:09:52 et surtout, il ne fallait pas qu'elle fasse plus d'un centimètre que lui.
01:09:58 Je ne blague pas, ça a été mesuré.
01:10:01 Donc, ça va quand même très très loin.
01:10:03 Bref, heureusement que vous l'avez compris,
01:10:06 que des femmes se sont battues pour faire en sorte que nous puissions faire du sport.
01:10:10 Ces exemples-là de Billie Jean King, ces exemples de Catherine Fitzer, d'Alice Millat,
01:10:15 mais aussi d'autres, aujourd'hui, Serena Williams, Megan Rapinoe, la footballeuse américaine,
01:10:20 Martha Vieira da Silva, la footballeuse brésilienne,
01:10:23 Alexia Potelas, la footballeuse espagnole,
01:10:27 bref, toutes ces femmes-là montrent quoi que les femmes ont dû se battre pour avoir le droit de faire du sport,
01:10:34 pour avoir le droit d'être respectées,
01:10:36 et donc, aujourd'hui, elles se battent aussi pour avoir le droit à l'égalité entre les sportives et les sportives.
01:10:42 Alors, parfois, il faut des actions symboliques très fortes,
01:10:44 et ça, certaines femmes comme Billie Jean King l'avaient très bien compris,
01:10:48 très très bien compris,
01:10:50 et d'ailleurs, dans son livre, elle cite quelques fois les suffragettes,
01:10:56 dont vous savez qu'à la fin du 19e siècle et au tout début du 20e siècle,
01:11:00 pour obtenir le droit de vote de la part des femmes,
01:11:03 elles ont mené des actions symboliquement très fortes,
01:11:05 et parfois considérées comme étant violentes.
01:11:08 Et Billie Jean King avait compris ça assez rapidement,
01:11:13 on va le voir dans ce deuxième extrait de La bataille du sexe,
01:11:15 où elle a organisé une conférence de presse qui est restée dans les mémoires du sport.
01:11:22 Deuxième extrait.
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01:13:37 On le voit avec cet extrait que le rôle de la presse est fondamental aussi,
01:13:42 on l'a vu dans le sport, à propos notamment des violences sexuelles.
01:13:45 Et donc, la presse, c'est un des principaux objectifs de la presse,
01:13:49 c'est-à-dire que le sport, c'est une sorte de système de réconciliation,
01:13:53 c'est-à-dire que le sport est un système de réconciliation,
01:13:56 c'est-à-dire que le sport est un système de réconciliation,
01:13:59 et donc, on a une association féminine,
01:14:02 et donc, on a une association féminine,
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