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Cours de cinéma donné par Iris Brey, autrice et réalisatrice, le vendredi 27 septembre 2024 au Forum des images.

De la fellation dans Pretty Woman à l’orgasme feint dans Quand Harry rencontre Sally, comment le genre de la comédie romantique produit-il un discours sexuel en parallèle du discours amoureux ? Quelle image des sexualités féminines y est présentée ? Les héroïnes de romcom sont-elles désirantes ?

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Transcription
00:00:00Alors merci à toutes et à tous d'être aussi nombreux ce soir.
00:00:14J'avoue que quand j'ai reçu le mail de Pauline et Zina me proposant de faire un cours de
00:00:20cinéma sur la comédie romantique, j'étais assez surprise puisque pour moi ça ne coulait
00:00:25pas de source que j'étais la bonne personne pour ça.
00:00:27Je rappelle que mon dernier ouvrage est sur l'inceste, il est sorti en poche aujourd'hui.
00:00:32Donc j'étais très heureuse de pouvoir changer de thématique et d'arrêter de regarder des
00:00:37enfants se faire violer au cinéma et donc je me suis penchée sur la comédie romantique.
00:00:43Alors il faut savoir que c'est un de mes genres préférés et ce dont je me suis rendu compte
00:00:50en essayant d'élaborer ce corpus, c'est qu'en fait je n'avais jamais vraiment réfléchi
00:00:56à ces films ni écrit sur ces films de manière, je dirais, dans ma recherche puisque j'écris
00:01:04des livres ou même quand j'écris des scénarios et j'étais donc très heureuse de me plonger
00:01:12dans cette matière et dans ces films dont certains j'ai vus de nombreuses fois jusqu'à
00:01:18ce que je me rende compte que ma petite amie n'aimait pas les comédies romantiques.
00:01:23Donc ça fait plusieurs mois que nous sommes toutes les deux dans une forme de débat sans fin
00:01:29et j'ai essayé de comprendre pourquoi elle n'aimait pas les films qui m'étaient si tendres
00:01:35et qui agissaient comme des doudous sur moi et elle m'a expliqué qu'elle en tant que
00:01:41lesbienne, elle ne s'était jamais identifiée à ces héroïnes qui cherchent ce prince charmant.
00:01:47Ce que je peux comprendre car il y a vraiment ce qu'on peut dire un fairy tale narrative,
00:01:53c'est-à-dire que la majorité des comédies romantiques sont basées sur un narratif du
00:02:00conte de fées où à la fin, évidemment, ils sont amoureux, ils s'embrassent et ça
00:02:06coupe pour qu'on ne voit pas ce qui se passe dans le couple après.
00:02:10Je dois dire que j'ai failli l'achever hier soir avec le film Sex Friends qui est
00:02:17sorti en 2011.
00:02:18Elle m'a dit pourquoi est-ce que ce film commence par un travelling sur des jonquilles.
00:02:24Je lui ai expliqué que c'était des iris et nous avons repris le film.
00:02:28Puis elle a commencé à me parler de Pénélopé Cruz et je lui ai dit que non, c'était
00:02:33Nathalie Portman, sexy.
00:02:34Voilà où j'en suis de mon couple aujourd'hui.
00:02:37J'espère qu'à la fin de cette séance, elle sera toujours avec moi.
00:02:40En tout cas, je pense que j'ai hâte en fait de vous livrer mes petites conclusions car
00:02:46comme je le dis, ça n'est jamais été vraiment mon objet d'étude et donc c'est plutôt
00:02:50comme une romantique et une cinéphile que j'ai appréhendé cette séance en me disant
00:02:57qu'on allait parcourir ensemble des extraits que j'ai choisis, basés en fait sur des
00:03:05choses que j'aime.
00:03:06Je préfère vous dire tout de suite qu'en fait, je n'ai pas de grande conclusion,
00:03:12c'est-à-dire qu'en fait, la comédie romantique et ce genre est tellement vaste
00:03:18qu'on peut vraiment se dire que c'est le genre parfait pour se vautrer dans l'hétéropatriarcat,
00:03:25mais on peut aussi se dire que c'est le genre parfait pour entendre des femmes parler.
00:03:29Donc, je ne pourrais pas vous dire exactement où moi-même je suis parce que je me sens
00:03:37tiraillée devant la plupart des films et donc on va essayer d'explorer ce tiraillement.
00:03:43Je trouve que les dernières lignes de Pretty Woman résument assez bien la situation puisque
00:03:48je vous rappelle qu'Edward monte pour rejoindre Julia Roberts et qu'il lui dit « So what
00:03:57happened when he climbed up the tower and rescued her ? » Donc, qu'est-ce qu'il
00:04:01arrive quand il grimpe pour la sauver et elle lui répond « She rescues him right back
00:04:06! » Elle le sauve à son tour. Et je pense qu'en fait, ce dialogue résume toute la situation,
00:04:11c'est-à-dire qu'on passe forcément par la codification du conte de fées pour avoir à
00:04:19certains moments des grands effets de subversion. J'en profite pour rappeler que le conte de fées,
00:04:26puisque en fait, à la base, je devais faire ma thèse en littérature du XVIIe sur les contes
00:04:32de fées et que c'est donc un genre qui a été créé par des femmes, non pas pour raconter des faux
00:04:39happy endings où à la fin, la femme se marie avec le garçon, le prince dont elle est amoureuse,
00:04:44mais que c'est un genre littéraire qui a été inventé par les Salonières dont Madame Dolnois,
00:04:49qui était la nièce de Perrault, mais aujourd'hui on ne retient que les contes de Perrault, et que
00:04:54ces femmes se réunissaient en fait pour écrire des contes de fées pour dénoncer le fait qu'elles
00:04:58aient été mariées à des hommes dès l'âge de 14 ans. Alors, quand on m'a proposé ce genre de la
00:05:05rom-com et qu'on m'a dit mais quel va être ton angle, je me suis dit de manière assez naïve,
00:05:11le sexe, parce que je me suis dit pourquoi pas, et que pour le coup, ça a été un de mes objets
00:05:18d'études, puisque j'ai écrit un livre qui s'appelle Sex and the Series, et qu'en fait,
00:05:23ce premier livre que j'ai écrit, il est arrivé grâce au forum des images, puisque j'ai donné
00:05:29une conférence ici sur la représentation des sexualités féminines dans les séries télé en
00:05:352015, et c'était la première fois que je donnais une conférence de ma vie, j'étais toute jeune
00:05:42docteur, et j'avais choisi de parler des séries télé parce que j'avais l'impression que le
00:05:48renouveau autour des représentations de corps et des sexualités se passait sur le petit écran,
00:05:53et non pas sur le grand écran, et suite à ce cours, en fait, il y avait un éditeur dans la
00:05:59salle qui s'appelle Sébastien Mirk, qui m'a proposé d'en faire un livre, qui après, j'ai réécrit
00:06:04plusieurs fois pour l'Olivier, que j'ai après écrit en deuxième et troisième édition, tant le
00:06:09sujet en fait continue à vivre, et que les séries continuent de me passionner, donc si vous pensez
00:06:16qu'après ce cours, je vais écrire un livre, et bien je peux vous dire tout de suite que ça ne
00:06:20sera pas le cas, parce qu'en fait, j'ai pas trouvé tant de sexe que ça dans les comédies romantiques,
00:06:25vous pouvez donc sentir mon esprit de panique, puisque j'ai beaucoup cherché, et j'ai peu trouvé
00:06:32de scènes qui me paraissaient vraiment pertinentes, mais ne vous inquiétez pas, car je sais faire des
00:06:37cours de cinéma sur le vide, c'est un peu ma spécialité aussi, donc je vais réussir à combler
00:06:43le manque de représentation finalement qu'on a, pour vous montrer, celles en tout cas, qui
00:06:50m'ont accompagnée dans ma construction de cinéphile, et de femme, et de scénariste, et donc
00:06:57évidemment, si on veut commencer par quelque chose, on va commencer par l'orgasme dans
00:07:03Quand Harry rencontre Sally, c'est l'extrait numéro 1
00:07:33On voit bien qu'il y a de l'orgasme dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:40c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:45c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:52c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:07:55c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques, c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:08:00c'est ce qu'on voit dans les comédies romantiques,
00:08:31Non, sors de là.
00:08:48Tu vas bien ?
00:08:53Oh mon Dieu.
00:08:56Oh mon Dieu.
00:09:01Oh.
00:09:03Oh.
00:09:05Oh mon Dieu.
00:09:07Oh, oui, juste là.
00:09:09Oh.
00:09:11Oh.
00:09:13Oh.
00:09:14Oh.
00:09:15Oh mon Dieu.
00:09:17Oh.
00:09:18Oui.
00:09:19Oui.
00:09:20Oui.
00:09:21Oui.
00:09:22Oui.
00:09:23Oui.
00:09:24Oh.
00:09:25Oh.
00:09:26Oui.
00:09:27Oui.
00:09:28Oui.
00:09:29Oh.
00:09:30Oui.
00:09:31Oui.
00:09:32Oui.
00:09:33Oui.
00:09:34Oui.
00:09:35Oui.
00:09:36Oh.
00:09:37Oh.
00:09:38Oh.
00:09:39Oh mon Dieu.
00:09:41Oh.
00:09:50Je vais manger ce qu'elle mange.
00:09:53Donc on est sur une des scènes les plus cultes
00:09:56et on comprend pourquoi.
00:09:58On a l'impression qu'il a fallu 1989 pour que la planète découvre
00:10:01que les femmes faisaient semblant d'avoir du plaisir avec des hommes.
00:10:05Mais la personne à qui on doit cette scène s'appelle Nora Ephron.
00:10:11Alors je ne sais pas si un certain nombre d'entre vous
00:10:13étaient déjà à la conférence de Marianne Lévy la semaine dernière,
00:10:16donc je vais essayer de ne pas trop répéter ce qu'elle a dit.
00:10:20Évidemment, je renvoie aussi à son livre qui est paru cette année
00:10:23qui est un espèce d'énorme répertoire de toutes les comédies romantiques.
00:10:27Alors elle a vu plus de 500 films pour écrire ce livre.
00:10:30Je vous préviens, je n'en ai pas vu 500 pour arriver à mes petites conclusions.
00:10:35Mais en tout cas, je partage avec Marianne Lévy, je dirais,
00:10:40l'amour de Nora Ephron qui est, à mon sens, une des plus grandes scénaristes.
00:10:45Et donc je suis le genre de personne qui achète ses scénarios en librairie.
00:10:50Et donc j'ai acheté ce scénario de quand Harry rencontre Sally
00:10:55déjà pour voir son écriture.
00:10:58Et dans l'introduction, elle explique comment cette scène est apparue.
00:11:05Et je trouve que c'est assez intéressant.
00:11:09Je vais vous résumer ce qu'elle dit.
00:11:11Elle explique qu'elle a été contactée par deux hommes
00:11:18qui s'appelaient Rob Reiner, qui est le cinéaste,
00:11:21et Andy Scheinman qui écrivait aussi le film.
00:11:24Ils sont assis autour d'une table et ils lui ont dit
00:11:27maintenant, dis-nous ce que tu penses des femmes
00:11:31et ce que tu aimerais écrire.
00:11:33Et elle a dit je pourrais écrire un truc autour des fantasmes sexuels.
00:11:38Et elle a écrit la scène où Sally raconte son fantasme sexuel.
00:11:43Et ils lui ont dit quoi d'autre ?
00:11:45Et elle a répondu je pourrais écrire que les femmes s'envoient des fleurs
00:11:48à elles-mêmes pour que leurs mecs deviennent un peu jaloux.
00:11:52Et elle a écrit la scène où Mary s'envoie des fleurs.
00:11:55Et ils lui ont dit quoi d'autre ?
00:11:57Et elle a répondu les femmes font semblant d'avoir des orgasmes.
00:12:01Et là, ils n'arrivaient pas à la croire.
00:12:03Et elle a dit oui.
00:12:04Et elle écrit, there was a long pause.
00:12:07Donc il y avait un silence.
00:12:09Et elle dit je crois me souvenir qu'il y avait vraiment un long silence.
00:12:12Et là, ils lui ont dit toutes les femmes ?
00:12:16Et elle a répondu la plupart des femmes, au moins une fois.
00:12:21Et quelques jours après, Rob Reiner l'a appelé et lui a dit
00:12:26que lui et Andy avaient écrit cette séquence
00:12:29à propos de faire semblant d'avoir des orgasmes.
00:12:32Et il lui proposait d'insérer en fait cette blague
00:12:36dans la scène qui était connue jusqu'à maintenant
00:12:40Dans la scène, on entend le mot en anglais,
00:12:42and irons, qui veut dire chaînais, c'est-à-dire des porte-bûches.
00:12:46Donc il l'appelait la scène porte-bûches.
00:12:48Et ils lui ont lu cette scène au téléphone.
00:12:51Elle l'a adoré.
00:12:52C'est allé dans le scénario.
00:12:53Et puis, quelques semaines plus tard,
00:12:55c'était la première fois qu'il lisait autour de la table
00:12:58avec Meg Ryan qui joue Sally.
00:13:01Et c'est elle qui a proposé de faire semblant d'avoir l'orgasme
00:13:05dans la discussion.
00:13:06Ils ont adoré cette idée.
00:13:08Et elle est allée dans le scénario.
00:13:09Et après, Billy Crystal, qui joue Harry,
00:13:12a donné plusieurs douzaines de blagues
00:13:16qui sont elles aussi allées dans le scénario.
00:13:19Et c'est lui qui a suggéré qu'une femme, à la fin,
00:13:22se tourne et dise,
00:13:24je prendrai ce qu'elle est en train d'avoir.
00:13:27Et cette ligne, cette phrase,
00:13:31est dite dans le film par Estelle Reiner
00:13:34qui est donc la mère du réalisateur.
00:13:38Et je trouve ça assez généreux de sa part
00:13:42d'expliquer que le scénario, évidemment,
00:13:44peut être un endroit très solitaire,
00:13:46mais que souvent, les moments magiques
00:13:48viennent du fait qu'on soit à plusieurs autour de la table
00:13:52et que c'est aussi la collaboration
00:13:54et cette horizontalité qui permet d'arriver
00:13:57à des moments qui deviendront cultes.
00:14:00Mais elle dit quelque chose un peu plus tard
00:14:02dans cette introduction qui m'a marquée.
00:14:05Elle dit qu'en fait, on a toujours dit
00:14:08que ce film, Harry Rencontre Sally,
00:14:10était sur est-ce que les hommes et les femmes peuvent être amis.
00:14:14Et elle, elle explique que pour elle,
00:14:16le film raconte vraiment
00:14:18comment les hommes et les femmes sont différents.
00:14:20Et je vais la citer.
00:14:35Donc, les hommes n'ont pas envie de comprendre les femmes.
00:14:46Et en fait, ils s'en foutent un peu.
00:14:48Ils veulent des femmes comme amantes,
00:14:50comme femmes, comme mères,
00:14:52mais ils ne sont pas vraiment intéressés par elles comme amies.
00:14:56Ce genre de phrase qui sert un peu le cœur,
00:14:59mais en même temps qui est peut-être un peu vraie,
00:15:02puisque quand on regarde l'histoire du cinéma,
00:15:04on se rend compte qu'effectivement,
00:15:06il y a assez peu de films qui racontent ces amitiés
00:15:09et qu'en fait, il y a assez peu d'endroits
00:15:11où les femmes ont le droit de parler au cinéma.
00:15:14Si on regarde les statistiques,
00:15:16parce que c'est toujours bien d'ancrer ça dans des statistiques,
00:15:19en 2023, si on regarde les films américains,
00:15:23donc 2023, c'est quand même l'année où Barbie est sortie,
00:15:26seulement 18% des films avaient plus de personnages féminins
00:15:29que de personnages masculins
00:15:31et 5% avaient autant de personnages masculins
00:15:33que de personnages féminins.
00:15:35Donc c'est pour vous dire qu'encore aujourd'hui,
00:15:38le nombre de films où les femmes parlent
00:15:40et où les femmes pensent et où on s'intéresse à elles
00:15:43sont minoritaires.
00:15:45Et rappelons que quand les femmes parlent et pensent,
00:15:47elles sont souvent blanches et jeunes.
00:15:50La question qu'on peut se poser, c'est donc,
00:15:53est-ce que la comédie romantique,
00:15:55qui est peut-être le lieu où justement,
00:15:58on entend des femmes qui parlent et qui pensent,
00:16:01est en déclin ?
00:16:03Et est-ce qu'il ne faudrait pas une espèce de gros revival au cinéma
00:16:07pour avoir plus d'exemples de personnages féminins,
00:16:12tout simplement, qui ont des choses à dire ?
00:16:15Nora Ephron, pourquoi est-ce qu'elle est très importante ?
00:16:19C'est parce qu'avec Quand Harry rencontre Salim
00:16:22et tous ses autres films,
00:16:24elle a codifié le genre.
00:16:27C'est vraiment dans ses films à elle
00:16:30qu'on a commencé à suivre des règles,
00:16:33notamment la règle qu'elle a inscrite,
00:16:37c'est que le couple ne se rencontre que dans la dernière scène du film.
00:16:42Donc, dans tous les films de Nora Ephron,
00:16:45il ne peut pas y avoir de scène de sexe,
00:16:47sauf des scènes de sexe simulées,
00:16:50puisqu'on doit attendre la toute dernière scène
00:16:53pour que le couple s'embrasse,
00:16:55sur une musique qui rappelle vraiment celle de Walt Disney.
00:17:03Je rappelle juste ces films.
00:17:09Dans Harry rencontre Salim, il met 15 ans à se mettre ensemble.
00:17:12Dans You Got Mail, il découvre l'identité de l'un de l'autre à la fin,
00:17:16comme dans son film Sleepless in Seattle,
00:17:19qui est pour moi un des chefs-d'oeuvre,
00:17:21où il se retrouve en haut de l'Empire State Building
00:17:24à la dernière minute du film.
00:17:27Ce qui est intéressant dans la manière dont elle codifie ce genre,
00:17:31où la romance se fait toujours en dehors de toute sexualité,
00:17:34de toute scène de sexe,
00:17:36c'est qu'on peut voir là l'héritage du cinéma américain
00:17:40de la fin des années 30 et des années 40,
00:17:43puisque, je fais un petit retour en arrière,
00:17:46mais qui en fait est très important,
00:17:49c'est que de 1934 à la fin des années 50,
00:17:52voire les années 60,
00:17:54il y avait en place le code H.A.Y.S.
00:17:57C'était le nom d'un sénateur.
00:17:59Et qu'est-ce que c'était que le code H.A.Y.S.?
00:18:01C'était un code de censure
00:18:03qui établissait les règles à Hollywood
00:18:06de ce qu'on avait le droit de voir dans un film
00:18:08et ce qu'on ne pouvait pas voir.
00:18:10Donc c'était un code moral.
00:18:12Et il y avait certaines choses qui étaient interdites,
00:18:15comme le fait de voir une scène de sexe,
00:18:18la nudité à l'écran, la perversité sexuelle,
00:18:21ou des scènes d'accouchement.
00:18:23Et j'avoue que je n'y avais jamais pensé,
00:18:25mais j'ai eu un petit déclic en relisant le code H.A.Y.S.
00:18:28pour cette conférence,
00:18:30en me disant que,
00:18:32parce que c'est vrai que ça par contre j'ai écrit dessus,
00:18:34sur le manque de scènes d'accouchement,
00:18:36et c'est intéressant de voir comment ce code,
00:18:38est-ce qu'il est censé être moral ou non,
00:18:40a vraiment cristallisé des choses dans notre culture.
00:18:44Donc, en fait,
00:18:46quand on regarde le genre de la comédie romantique,
00:18:49et la manière dont les scénaristes et les réalisateurs l'écrivent,
00:18:55ils se réfèrent très souvent au genre de la screwball comédie,
00:18:59et à certains films en particulier.
00:19:02Et Nora Ephron, son film culte à elle,
00:19:07c'est un film qui s'appelle Elle et Lui,
00:19:10de Léo Macaré,
00:19:12qui est sorti en 1957.
00:19:14Et en fait, Sleepless in Seattle,
00:19:16c'est un peu un remake de ce film-là.
00:19:19Et effectivement, j'ai regardé Elle et Lui,
00:19:22en sachant très bien qu'il n'y aurait pas de scène de sexe.
00:19:25Mais bon, pour où j'en étais,
00:19:27on ne sait jamais ce que je vais réussir à grappiller.
00:19:30Ce que j'ai réussi à grappiller,
00:19:32et ce dont je ne me souvenais pas,
00:19:34c'était la scène du premier baiser,
00:19:36qui est assez magistrale,
00:19:38puisqu'elle se passe sur un bateau,
00:19:40et la manière dont Léo Macaré cadre le plan,
00:19:43c'est qu'on voit juste les pieds des personnages,
00:19:46et pas leur visage.
00:19:48Et on voit juste les pieds de la femme
00:19:50qui remontent pour se mettre à la bonne hauteur,
00:19:52et on comprend qu'ils s'embrassent
00:19:54en regardant leurs jambes qui s'approchent,
00:19:56puis qui se séparent l'une de l'autre.
00:19:58Donc même le baiser est hors champ.
00:20:01Et je pense que c'est vraiment
00:20:04une manière d'envisager l'érotisme,
00:20:08puisque évidemment que le code Hayes
00:20:11a aussi produit un autre imaginaire,
00:20:14qui était aussi celui
00:20:16de toujours vouloir contourner la censure,
00:20:18donc de montrer autre chose.
00:20:20Par exemple, toutes les métaphores du train
00:20:22qui passe sous un tunnel,
00:20:24pour parler de pénétration,
00:20:26toutes ces images-là,
00:20:28viennent vraiment du cinéma américain
00:20:30de cette époque-là,
00:20:32de la fin des années 30, 40 et 50.
00:20:34Et je pense que la rom-com
00:20:36est un petit tiers de cet érotisme
00:20:38dû hors champ,
00:20:40et que Nora Ephron
00:20:42en est la personne
00:20:47qui a le plus réussi
00:20:49à parler d'amour
00:20:51et à parler d'attirance
00:20:53sans jamais la montrer.
00:20:55Il y a une autre phrase qui m'a marquée
00:20:57en regardant à nouveau Elle et Lui,
00:20:59c'est que l'héroïne à un moment va au cinéma,
00:21:01et quand elle sort du cinéma,
00:21:03son mec lui demande
00:21:05« Qu'est-ce que t'as pensé du film ? »
00:21:07et elle lui dit, c'est toujours la même chose,
00:21:09« The boy gets the girl ».
00:21:11Le garçon a la fille à la fin.
00:21:13Et en fait, ce que Nora Ephron
00:21:15fait avec le genre de la comédie romantique,
00:21:17c'est qu'elle inverse ça,
00:21:19c'est qu'à partir de ces films,
00:21:21dans la comédie romantique,
00:21:23ça va être la fille qui va avoir le garçon à la fin.
00:21:25Et donc, cette inversion de genre,
00:21:27elle peut paraître
00:21:29à un endroit
00:21:31assez conservatrice,
00:21:33puisque finalement,
00:21:35ça n'est qu'une inversion,
00:21:37ce n'est pas une réinvention
00:21:39de comment est-ce qu'on peut parler d'amour.
00:21:41Mais en même temps,
00:21:43si c'est la fille qui à la fin
00:21:45doit avoir le garçon,
00:21:47c'est aussi lui donner une capacité d'agir.
00:21:49Et comment est-ce qu'on fait pour montrer des femmes
00:21:51qui ont envie d'un homme ?
00:21:53Sans qu'on les traite
00:21:55d'allumeuses,
00:21:57de racoleuses ou de prostituées.
00:21:59On demande à Meg Ryan
00:22:01de jouer la fille
00:22:03et souvent ça passe,
00:22:05parce que c'est une petite blondinette
00:22:07qui a l'air innocente
00:22:09et qu'elle dégage quelque chose
00:22:11du fantasme de la vierge.
00:22:13Et ce qui m'intéresse
00:22:15et me passionne
00:22:17dans la comédie romantique,
00:22:19c'est qu'est-ce qui se passe
00:22:21quand la fille qui va chercher le garçon
00:22:23est une travailleuse du sexe
00:22:25et qu'est-ce que ça provoque
00:22:27comme nouvelle imaginaire dans la comédie romantique.
00:22:29Pour moi, le film qui va tout changer
00:22:31c'est quand même
00:22:33Pretty Woman
00:22:35qui sort en 90,
00:22:37un film de Gary Marshall.
00:22:39Je vous propose
00:22:41de regarder
00:22:43un extrait
00:22:45qui commence sur un extrait
00:22:47d'une série
00:22:49que Viviane est en train de regarder.
00:22:51C'est l'extrait numéro 2.
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00:29:31de lumière directe dans le film, je trouve nous permet à nous de garder ça en tête et donc de
00:29:38ne pas basculer dans un voyeurisme ou dans ce qu'on pourrait appeler un male gaze et d'en
00:29:44fait de rester avec les personnages en voyant cette image télévisuelle qui en fait c'est ça
00:29:50qui pénètre l'image cinématographique et finalement je trouve ça assez fort puisque ça crée un
00:29:56parallèle entre Lucy Ball qui est la fiancée de l'Amérique et Viviane qui incarne cette
00:30:03prostituée et en le rapprochant en fait ces deux personnages de fiction il nous dit que autant la
00:30:11femme au foyer que la travailleuse du sexe sont en capacité de faire rire l'Amérique et aussi de
00:30:16devenir ce qu'on peut dire America's Sweetheart c'est à dire de faire fondre le coeur des
00:30:22spectateurs et des spectatrices donc je voilà pour moi c'est vraiment ça cette scène de
00:30:29fellation incarne finalement quelque chose de beaucoup plus subversif que ce qu'on a pu voir
00:30:36dans les films de Nora et Fron on va regarder un deuxième extrait qui est la scène du
00:30:42cunnilingus qui vous allez voir est bien plus chaste
00:31:12oh
00:31:12et
00:31:40Je pense que oui.
00:32:10Alors, après la fellation et la sitcom,
00:32:39on a Acuni et le piano, mais c'est une autre très bonne idée, je trouve, de mise en scène,
00:32:43puisque ça nous permet d'être toujours ramenés au corps de Viviane.
00:32:50Ce qui m'intéresse dans cette scène, c'est le plan en contre-plongée où Edouard demande
00:33:00aux hommes de partir.
00:33:01Et donc, nous, spectateurs, spectatrices, on voit cette salle qui était remplie d'hommes
00:33:06et tous ces hommes qui partent.
00:33:07J'ai l'impression que dans la mise en scène de ce réalisateur, il y a quelque chose de
00:33:14nous accompagner, nous aussi, de nous dire si vous, vous pensez vous rincer l'œil en
00:33:19les regardant, eh bien, s'il vous plaît, quittez la salle, puisque les personnes qui
00:33:22restent ne sont pas là pour regarder juste un acte sexuel, mais pour regarder deux personnages
00:33:30qui sont en train de tomber amoureux et qui sont en train de se rencontrer.
00:33:34On peut regretter que la tête de Richard Gyr s'arrête au niveau de son nombril pour
00:33:40suggérer un cunnilingus et que le fond du haut noir arrive assez rapidement.
00:33:44Mais moi, ce que j'aurais surtout aimé, c'est qu'en fait, ils s'accroupissent sur le piano
00:33:50et qu'ils mettent un petit tapis.
00:33:51Mais ce n'est pas le cas, puisque tout n'est pas à égalité dans ce film.
00:33:56Mais il y a quand même un semblant de vouloir en tout cas proposer des choses assez crues
00:34:05avec une mise en scène qui, je trouve, réfléchit beaucoup à la place des spectateurs et des
00:34:11spectatrices et qui est assez doux et généreux dans ce film qui, depuis, est devenu culte.
00:34:18Donc, en fait, quand on réfléchit au sexe dans la rom-com, c'est comme s'il y avait
00:34:24deux modèles qui vont s'offrir au scénariste de la génération d'après.
00:34:29On a vraiment le modèle Nora Ephron, où on va voir le modèle de Pretty Woman.
00:34:36Et donc, qui sont les héritières de Pretty Woman?
00:34:39Eh bien, il y a eu ce film de 2010 qui s'appelle Friends with Benefits, qui a été traduit
00:34:45par sexe entre amis.
00:34:46Donc, à ne pas confondre avec Sex Friends, sorti la même année avec Nathalie Portman,
00:34:52Sexy. Donc, là, le Friends with Benefits, c'est l'autre version du film avec, eh
00:35:00bien, voilà, là, j'ai envie de dire Ashton Kutcher, alors que ce n'est pas du tout ça.
00:35:03C'est le chanteur Justin Timberlake, merci, et Mila Kunis.
00:35:10Et donc, dans ce film-là, c'est un des seuls que j'ai trouvé où on voit un personnage
00:35:18féminin qui a un orgasme.
00:35:20Alors, pour vous résumer le film, c'est donc des personnes qui pensent qu'ils peuvent coucher
00:35:26ensemble en restant amis.
00:35:28Puis, évidemment, ils n'y arrivent pas.
00:35:31Je ne vous spoile rien.
00:35:33Et alors, au début, puisque j'ai revu ce film de manière illégale, pendant les scènes
00:35:40de sexe, il y avait des arrêts sur image.
00:35:42J'étais là genre, waouh, en fait, c'est hyper sophistiqué, ce film.
00:35:45Et pas du tout. C'était juste le site web illégal qui laguait.
00:35:50Donc, je pensais vous montrer un extrait.
00:35:52Quand j'ai compris qu'il n'y avait pas du tout de mise en scène qui m'intéressait là-dedans,
00:35:57j'ai décidé, je me suis dit que c'était un super effet de mon ordinateur et parce que
00:36:04ces arrêts sur image racontaient, je trouvais, beaucoup de choses.
00:36:08Mais ça, c'est mon propre imaginaire.
00:36:11Mais donc, il faut quand même le dire que c'est un des seuls films américains que j'ai
00:36:16trouvé, où non seulement on montre un personnage féminin qui a du plaisir et non pas dans
00:36:22une scène où elle simule dans un diner, mais qu'on l'accompagne vraiment jusqu'au
00:36:27moment de l'orgasme.
00:36:30Alors, on aura un temps d'échange à la fin ou peut-être que vous allez me dire que j'ai
00:36:33loupé plein de films américains où toutes les femmes jouissent dans des comédies
00:36:37romantiques. Mais en tout cas, je trouve qu'il n'y en a pas tant que ça.
00:36:43Et donc, dans ce même film, le film, pourquoi est-ce que je dis que c'est une référence
00:36:48directe à Pretty Woman, c'est que le film s'ouvre avec l'héroïne qui va au cinéma et
00:36:53elle va voir Pretty Woman.
00:36:55Et on pense qu'elle va y aller avec Justin Timberlake, mais en fait, elle est avec un autre
00:36:59garçon et Justin Timberlake, lui, est à Los Angeles et il va arriver.
00:37:02Bref, on s'en fout. Mais ça veut dire que le film s'ouvre littéralement sur cette
00:37:06référence. Et je trouve que c'est ce qui m'intéresse aussi dans le genre de la
00:37:11rom-com. C'est comment chaque film va tisser des liens avec le genre et avec les
00:37:18oeuvres précédentes pour que tout de suite, dans l'imaginaire du spectateur ou de la
00:37:22spectatrice, on sache de quel côté on se situe.
00:37:25Donc, moi, je m'étais mis à l'aise en me disant on est du côté de Pretty Woman et
00:37:29en plein milieu du film, il y a une référence à Nora Ephron que je n'ai pas du tout
00:37:33compris. Puisque, en fait, donc le personnage féminin qui a évidemment une mère
00:37:38alcoolique et compliqué, qui a des problèmes avec des hommes, elle s'assèche toutes les
00:37:43deux et sa mère lui dit est ce que ça ne te dirait pas un week-end entre filles et
00:37:47qu'on aille à Montauk, qui est donc la banlieue new-yorkaise chic, comme dans un
00:37:52film de Nora Ephron, sans hommes, sans bullshit.
00:37:55Et alors, tous les films de Nora Ephron sont avec des hommes et avec du bullshit.
00:37:59Donc, je n'ai pas vraiment compris la réf', ni s'ils étaient une blague, mais en tout
00:38:03cas, il me semble qu'ils faisaient fausse route à ce moment là, puisqu'il faut
00:38:06vraiment se souvenir que ce soit dans Harry Rencontre Sally, Sleepless in Seattle ou
00:38:11You Got Mail, Meg Ryan est toujours avec des hommes et ne couche jamais.
00:38:17Et en fait, il y a une typologie qui va se dessiner à partir de ça, une typologie
00:38:22d'actrice entre celles qui baisent et celles qui ne baisent pas, entre celles qui
00:38:27vont rejouer la maman et celles qui vont jouer les putains.
00:38:30Et la rom-com va vraiment devenir un genre qui va réactiver très fort ces
00:38:36stéréotypes. Et il y a un film, qui est aussi un de mes films adorés, qui
00:38:42s'appelle Coup de foudre à Notting Hill, qui m'intéresse parce que, justement,
00:38:47en fait, le film raconte cette dichotomie et produit un discours sur le genre.
00:38:56Donc, c'est l'extrait, le premier extrait de Notting Hill.
00:38:59Coup de foudre à Notting Hill.
00:39:29Coup de foudre à Notting Hill.
00:39:59Coup de foudre à Notting Hill.
00:40:29Coup de foudre à Notting Hill.
00:41:00Coup de foudre à Notting Hill.
00:41:24Cet extrait m'intéressait parce que je trouve qu'en fait, il y a un jeu aussi
00:41:28qui se passe à l'intérieur du film, mais aussi avec nous, spectateurs,
00:41:33spectatrices, puisque pour nous, Julia Roberts, qui joue Anna Scott,
00:41:39c'est aussi elle qui joue Viviane.
00:41:41Donc, en fait, il y a tout un imaginaire qui est associé déjà à cette comédienne.
00:41:46Et donc, quand on entend la table derrière qui parle de Meg Ryan de cette
00:41:50manière-là, c'est comme si nous, à la fois, on voyait le personnage qu'elle
00:41:55joue dans le film, c'est-à-dire Anna Scott, qui elle-même est une actrice
00:41:59dans le film, mais qu'on pense aussi à Julia Roberts, qui est actrice aussi
00:42:04dans la vie, vous me suivez.
00:42:05Mais donc, il y a quand même un double jeu de comment, en fait, est-ce qu'elle
00:42:11se situe par rapport à une comédienne qui incarne toute autre chose.
00:42:16Et ces lignées, en fait, fictives, parce qu'en essayant de trouver les films
00:42:24dont j'avais parlé ce soir et comment créer ce corpus, c'était assez difficile
00:42:29parce que j'ai donc regardé tous les films cités par Marianne Lévy dans son
00:42:35livre, mais donc il y en a plus de 200.
00:42:37J'ai regardé le programme du Forum des images et j'ai regardé un article
00:42:42qui est paru dans le magazine The New Yorker il n'y a pas très longtemps
00:42:46sur justement la crise de la rom-com.
00:42:50Et je me disais, en fait, qu'est-ce qui constitue une comédie romantique ?
00:42:54Parce que c'est tellement vaste et j'en suis venue à la conclusion que ce qui
00:42:59constituait pour moi un film de comédie romantique, c'était moins la question
00:43:03de la comédie et du romantique, mais plus des films qui allaient s'inscrire
00:43:08dans une lignée de films cultes et qui allaient faire référence à un imaginaire
00:43:13du spectateur et de la spectatrice pour aller fédérer quelque chose.
00:43:19Et je trouve que c'est un genre extrêmement généreux parce que ce qu'il
00:43:24propose, c'est que dans la salle, on partage un héritage cinéphile commun
00:43:29et qui est tout le temps une conscience du spectateur et de la spectatrice,
00:43:33ce qui est assez rare au cinéma.
00:43:37Et d'ailleurs, je vous parle que des comédiennes parce que c'est vraiment
00:43:41ce qui m'intéresse le plus, mais on pourrait parler de Hugh Grant et de ce
00:43:46qu'il a incarné dans la comédie romantique. Et d'ailleurs, en regardant
00:43:51cet extrait, j'ai un garçon de 5 ans qui était dans la cuisine avec moi
00:43:56quand je regardais ça et il m'a dit « Ah, on dirait ton père, Hugh Grant ».
00:44:01Et donc, mon père ne ressemble pas du tout à Hugh Grant. Et là, je me suis dit
00:44:04que c'était peut-être pour ça que j'aimais le genre de la comédie romantique
00:44:07et qu'il fallait que je reprenne mon analyse. Mais c'est une autre question.
00:44:10Je préfère qu'il me dise ça plutôt que je ressemble à Meg Ryan, je crois.
00:44:15Tout ça pour dire qu'on va lancer le deuxième extrait de Notting Hill
00:44:18pour voir justement comment ce personnage d'Anna Scott se situe
00:44:22dans cette lignée des comédiennes.
00:44:44Musique douce
00:45:14Musique douce
00:45:44Musique douce
00:45:55Musique douce
00:45:57Musique douce
00:46:14C'est ce qui me fait croire que c'est vrai que je peux te voir naquée.
00:46:19Toi et tout le monde dans ce pays.
00:46:21Garni, je suis désolé.
00:46:23Qu'est-ce qu'il y a entre les hommes et la nudité ?
00:46:26En particulier les poissons.
00:46:28Comment peux-tu être si intéressé par eux ?
00:46:31C'est ça.
00:46:32C'est ça.
00:46:33C'est ça.
00:46:34C'est ça.
00:46:35C'est ça.
00:46:36C'est ça.
00:46:37C'est ça.
00:46:38C'est ça.
00:46:39C'est ça.
00:46:40C'est ça.
00:46:41C'est ça.
00:46:42Comment peux-tu être si intéressé par eux ?
00:46:45Eh bien...
00:46:46Mais sérieusement, c'est juste des poissons.
00:46:48Chaque deuxième personne dans le monde en a.
00:46:51En plus, quand tu y penses,
00:46:53tu sais, la poisson a une très belle paire.
00:46:56Mais c'est...
00:46:57C'est bizarre.
00:46:58C'est pour la laitée.
00:46:59Ta mère en a...
00:47:01Tu as vu des milliers d'entre eux.
00:47:03C'est tout ce qu'on parle.
00:47:05En fait, je ne peux pas croire ce que c'est.
00:47:07Laisse-moi juste regarder.
00:47:13Non, non.
00:47:14C'est pas pour moi.
00:47:19Rita Hayworth disait...
00:47:22Ils vont au lit avec Gilda.
00:47:24Ils se réveillent avec moi.
00:47:26Qui est Gilda ?
00:47:28Sa partie la plus célèbre.
00:47:31Les hommes vont au lit avec un rêve et...
00:47:34Ils n'aimaient pas quand ils se réveillent avec la réalité.
00:47:42J'adore quand ils s'embrassent.
00:47:44C'était aussi pour montrer ça.
00:47:46Et se dire que c'est quand même étonnant
00:47:48à quel point les scènes de sexe sont totalement élipsées.
00:47:52La nudité, elle, reste hors champ.
00:47:55Et cette référence à Gilda
00:47:57est donc un film produit au moment du Code Haze
00:48:02avec cette image de Rita Hayworth
00:48:05dans ce film où elle n'est jamais dénudée.
00:48:08Mais en même temps, elle est tellement sensuelle
00:48:11dans un costume de robe bustier
00:48:14ou quand elle se met à danser,
00:48:16on a l'impression qu'elle exude
00:48:20quelque chose d'un érotisme total
00:48:23sans avoir rien à montrer.
00:48:25Et donc, là, le réalisateur, évidemment,
00:48:28non seulement fait une référence
00:48:30à la possibilité d'avoir un imaginaire érotique
00:48:33sans rien montrer,
00:48:35tout en nous demandant pourquoi on est tellement obsédés
00:48:38aujourd'hui avec l'envie de voir
00:48:41les seins des comédiennes
00:48:44et donc aussi s'interroger
00:48:49sur le rôle de la comédienne dans notre société
00:48:53et ce qu'elle peut véhiculer comme stéréotype
00:48:56et ce qu'on attend de ce corps formaté.
00:49:00Ce qui m'amène, pour moi,
00:49:04un film qui a changé les codes de la rom-com
00:49:08et changé la manière dont on regardait
00:49:11le corps des héroïnes,
00:49:13qui va inventer une nouvelle typologie.
00:49:16C'est Bridget Jones.
00:49:18C'est un film qui sort en 2000
00:49:21de Sharon McGuire
00:49:23qui est l'adaptation d'un roman, d'un best-seller,
00:49:26le journal de Bridget Jones.
00:49:28Et donc, ça va inventer cette nouvelle typologie.
00:49:32Je vous propose qu'on regarde,
00:49:34non pas une scène de sexe,
00:49:36puisqu'il n'y en a pas,
00:49:38mais l'après-sexe.
00:50:03Daniel ?
00:50:05Bridget ?
00:50:06Tu m'aimes ?
00:50:08Tais-toi, ou je le ferai encore.
00:50:11Tu m'aimes ?
00:50:13Bien. Tu as demandé.
00:50:15Et c'est parti !
00:50:17Je vais te donner quelque chose à goûter.
00:50:20Ok.
00:50:21Tu n'as pas l'âge, non ?
00:50:25Tu pleures pour ça.
00:50:33Je dois retourner à la ville.
00:50:36Les rencontres arrivent.
00:50:38Sunday ?
00:50:39Non, les rencontres demain.
00:50:41Je dois travailler sur des figures.
00:51:03C'est un film qui est un peu compliqué à revoir,
00:51:06parce que quand on le revoit,
00:51:08on a du mal à se dire que ce corps-là
00:51:11est considéré comme un corps qui doit mincir,
00:51:14puisque je vous rappelle que dans son journal,
00:51:16elle note son poids tous les jours.
00:51:18Et ce qui est aussi différent des héroïnes d'avant,
00:51:21c'est qu'elle est prise pour quelqu'un d'un peu bête et de naïf,
00:51:25alors que dans les films de Nora Ephron,
00:51:28Meg Ryan est toujours super intelligente.
00:51:32Ça va nous raconter autre chose de ce personnage féminin
00:51:36qui est prête à baiser et à faire plaisir à l'homme
00:51:43en satisfaisant ce que lui l'excite.
00:51:47Mais ça ne va pas être une héroïne
00:51:49totalement en capacité d'agir sur son désir.
00:51:54D'ailleurs, quand on le revoit la première fois,
00:51:57après qu'ils aient couché, c'est quand même sa secrétaire,
00:52:00on le voit lui peloter les seins et les fesses,
00:52:02et ça ne dérange personne au bureau.
00:52:04On se dit qu'il y a quand même certaines choses
00:52:06qui aujourd'hui nous surprennent un peu plus,
00:52:09non pas qu'elles aient cessé d'exister,
00:52:13mais il y a quelque chose d'un peu daté
00:52:15quand on revoit Bridget Jones.
00:52:17Et en même temps, il y a toujours un endroit
00:52:19qui m'émeut, je pense, par la sincérité de l'actrice
00:52:22et l'endroit où elle est en capacité d'agir,
00:52:26qui est celui d'écrire.
00:52:28Le fait d'avoir ce journal,
00:52:30et de revenir aussi à un genre littéraire
00:52:32qui souvent a été décrié,
00:52:34puisque l'autobiographie, le journal,
00:52:37quand c'est du côté des femmes,
00:52:39est souvent considéré comme inintéressant,
00:52:41et là on voit que d'abord le livre,
00:52:44puis le film et son succès mondial,
00:52:47puisque après il y a eu je ne sais pas combien de reboots,
00:52:50ont montré quand même qu'il y avait ce désir
00:52:54d'être du côté des femmes
00:52:56qui n'étaient pas considérées soit comme des intellos,
00:52:59soit comme des bombes sexuelles,
00:53:01mais qui étaient entre les deux.
00:53:03Et je trouve que cette Bridget Jones
00:53:06va devenir en fait elle-même l'héritière
00:53:09d'une nouvelle lignée d'héroïnes
00:53:11qui se passe du côté, pour moi, des séries,
00:53:14et de Lina Dunham.
00:53:16Lina Dunham a créé cette série
00:53:18qui s'appelle Girls en 2010,
00:53:20donc on est dix ans plus tard,
00:53:22et pour moi, je trouve que si on veut réfléchir
00:53:25à la comédie romantique aujourd'hui,
00:53:28il est impossible de le faire sans réfléchir
00:53:31notamment aux séries,
00:53:33et comment les séries se sont emparées de ce genre,
00:53:36avec des très bonnes séries anglaises
00:53:38comme Starstruck ou même Fleabag.
00:53:41Je pense que quand on parle d'un genre en crise,
00:53:46notamment au cinéma,
00:53:48puisque c'est l'article du New Yorker
00:53:50qui décrit ça,
00:53:52avec les propositions récentes
00:53:54qu'on a eues de RomCom au cinéma,
00:53:56il me semble que la série,
00:53:58comme d'habitude,
00:54:00est un endroit qui est fait
00:54:04pour renouveler les codes de genre
00:54:06et nous proposer des représentations du sexe
00:54:09qui, pour moi, vont beaucoup plus loin
00:54:11que le cinéma,
00:54:13et je vous propose de regarder un extrait de Girls
00:54:16qui est issu du pilot,
00:54:18donc du premier épisode de la saison 1.
00:54:20On va regarder Anna,
00:54:22une jeune vingtenaire
00:54:24incarnée par Lina de Nam,
00:54:26qui rejoint son amoureux.
00:54:51Ça vous fait mal ?
00:54:52Ça vous fait pas vouloir me parler ?
00:54:53Non.
00:54:54Je veux dire, je ne prendrais pas de merde de mes parents,
00:54:56ils sont des buffons,
00:54:57mais ma grand-mère me donne 800 dollars par mois.
00:54:59Wow.
00:55:00Hum hum.
00:55:01Donc c'est comme ça que vous vous soutenez ?
00:55:04Euh, oui, je supplémente,
00:55:07mais ça me donne la liberté
00:55:08de ne pas être un esclave de personne.
00:55:10Vous ne devriez jamais être
00:55:11un esclave de personne.
00:55:14À part moi.
00:55:20Je me sens assez flippé.
00:55:21Je déteste vraiment ce mot,
00:55:22j'en déteste tellement.
00:55:30Je t'aime tellement,
00:55:31je ne sais pas où tu t'es disparu.
00:55:34Qu'est-ce que tu parles ?
00:55:35Je suis là.
00:55:41C'est si drôle qu'il y a toujours de la lumière,
00:55:43mais il fait beaucoup plus sombre
00:55:44ces jours-ci.
00:55:45Est-ce que ça ressemble à votre poésie ?
00:55:47Ne sois pas un garçon.
00:55:49Qui, moi ?
00:55:52Sais-tu la partie sur ton résumé
00:55:53où ils te demandent
00:55:54de lister tous tes compétences spéciales ?
00:55:56J'ai pas appliqué pour un emploi
00:55:57depuis longtemps.
00:55:58C'est la partie où ils te demandent
00:55:59de lister comme
00:56:00yoga,
00:56:01l'espagnol,
00:56:02le par-ski,
00:56:03Photoshop.
00:56:04J'ai l'impression que je n'ai pas
00:56:06de compétences spéciales.
00:56:08J'ai quelque chose que tu pourrais faire.
00:56:10Quoi ?
00:56:11Mais d'abord, je dois voir
00:56:12si tu remplis tous les requirements.
00:56:14Quels sont les requirements ?
00:56:15Lâche-les dans ton ventre.
00:56:17Maintenant ?
00:56:18Oui, maintenant.
00:56:19Attends.
00:56:24Tu es une femme de carrière moderne.
00:56:26Je sais ce que tu aimes.
00:56:27Tu penses que tu peux venir ici
00:56:29et parler tout ce bruit ?
00:56:32Euh, non.
00:56:34Prends tes jambes.
00:56:39Qu'est-ce que tu disais ?
00:56:40Prends tes jambes.
00:56:44Ok, c'est bon.
00:56:45Je vais prendre de l'eau.
00:56:46Pourquoi devons-nous prendre de l'eau ?
00:56:49Quand je reviendrai,
00:56:50je veux que tu fasses
00:56:51la même position,
00:56:52mais je vais prendre
00:56:53tout le reste de l'eau.
00:56:54Prends-tu un condom ?
00:56:56Je le considère.
00:56:57Je le considère.
00:57:16Jésus Christ.
00:57:18C'est vraiment dur.
00:57:28C'est bon ?
00:57:29Oui.
00:57:31Est-ce que tu prends un condom ?
00:57:32Non.
00:57:33Attends, tu le prends, non ?
00:57:34Oui.
00:57:35Ok, parce que quand tu as dit
00:57:36que tu avais peur
00:57:37de l'eau, tu as essayé.
00:57:38Fais ça.
00:57:39S'il te plaît, ne fais pas ça.
00:57:40Ça sent terrible.
00:57:41Merci.
00:57:42Désolé.
00:57:43Ok.
00:57:44Merci.
00:57:45C'est la bonne position.
00:57:46Oui.
00:57:47Désolé.
00:57:48Je peux rester comme ça
00:57:49pour un moment ?
00:57:50Oui.
00:57:52Tu n'as plus besoin d'un condom ?
00:57:53Non.
00:57:54Tu n'as pas besoin d'un condom ?
00:57:55Non.
00:57:56Est-ce que tu veux que je bouge plus ?
00:57:57Quoi ?
00:57:58Je ne savais pas si tu voulais
00:57:59que je sois plus comme ça.
00:58:01Non, ça va.
00:58:02Tu vas bien.
00:58:03C'est tout ce qu'il faut faire.
00:58:04Je suis désolée
00:58:05pour l'inconvénient.
00:58:06Je ne veux pas le faire maintenant.
00:58:08Si on l'avait fait,
00:58:09je voudrais juste en parler
00:58:10et savoir ce que...
00:58:11Ce n'est pas confortable pour moi.
00:58:12Allons jouer au jeu calme.
00:58:13Tu n'es pas folle ?
00:58:14Non, je suis bien.
00:58:16C'est un bon moment.
00:58:18Lina Denham,
00:58:19dans la majorité de ses interviews,
00:58:21parle de l'influence
00:58:23que Nora et Fran a eues
00:58:24sur sa vie
00:58:25de scénariste
00:58:26et son rapport à l'écriture.
00:58:28Et d'ailleurs,
00:58:29il y a une conversation
00:58:30entre elle et Nora et Fran
00:58:31sur comment le métier
00:58:33de scénariste a évolué
00:58:35à Hollywood
00:58:36depuis toutes ces années.
00:58:38Et je trouve
00:58:39que ce que Lina Denham
00:58:41permet dans la manière
00:58:43de montrer le sexe
00:58:45à l'écran,
00:58:46c'est qu'elle montre
00:58:47toute la complexité
00:58:49que c'est pour son personnage féminin,
00:58:51Anna,
00:58:52de comprendre
00:58:53ce dont elle a envie
00:58:54et surtout le fait
00:58:55qu'elle n'ait même pas l'espace
00:58:56de pouvoir se poser la question
00:58:58dans le premier épisode
00:59:00de la série.
00:59:01Et le fait que
00:59:02de l'avoir autant parlé,
00:59:04autant cherché
00:59:05et autant vouloir être
00:59:06dans le fait
00:59:07de faire plaisir à l'homme,
00:59:09nous permet à nous,
00:59:10spectateurs, spectatrices,
00:59:11de comprendre
00:59:12son niveau de contrainte
00:59:14et à quel point
00:59:15elle doit se plier
00:59:16physiquement, littéralement,
00:59:18à ce que Adam lui demande.
00:59:21Et je trouve que la série
00:59:22est assez fine
00:59:23parce que le fait
00:59:24de la suivre pendant,
00:59:25j'ai un trou,
00:59:26mais je pense que c'est
00:59:27cinq saisons en entier,
00:59:28nous permet de voir vraiment
00:59:30comment une héroïne,
00:59:31petit à petit,
00:59:32va avoir l'espace
00:59:33de s'interroger
00:59:34sur qu'est-ce que c'est
00:59:35que le désir
00:59:36et qu'est-ce que c'est
00:59:37que son plaisir
00:59:38et que peut-être qu'en fait
00:59:39il ne passe pas
00:59:40par le personnage masculin
00:59:41mais que son plaisir
00:59:43va passer
00:59:44par ses amitiés féminines.
00:59:46Ce qui, je trouve,
00:59:48est une autre manière
00:59:49aussi d'envisager
00:59:50la rom-com
00:59:51puisqu'on pense toujours
00:59:52à la rom-com
00:59:53comme un couple amoureux
00:59:56dans une relation
00:59:57investie sexuellement,
00:59:58mais il y aurait
00:59:59quelque chose à dire
01:00:00sur penser la rom-com
01:00:03plutôt comme des œuvres
01:00:05qui nous montrent
01:00:06comment les femmes
01:00:07parlent entre elles
01:00:08et de romantisme
01:00:10et de comédie
01:00:11et de sexualité.
01:00:13Je vais oublier un extrait,
01:00:20mais je vais accélérer
01:00:25parce que comme on a mis
01:00:26un peu de temps
01:00:27à rentrer dans la salle
01:00:28parce qu'on m'a dit
01:00:29qu'il y avait quelqu'un
01:00:30qui bipait
01:00:31et que ça prenait du temps,
01:00:32je voudrais arriver
01:00:33à la dernière partie
01:00:34de ce que j'aimerais
01:00:35partager avec vous,
01:00:36ce qui est
01:00:37à quel endroit
01:00:38est-ce qu'on peut être
01:00:39dans le contemporain
01:00:41quand on écrit
01:00:42une comédie romantique
01:00:43et qu'on veut parler
01:00:44de sexualité et de sexe.
01:00:45Et il me semble
01:00:46qu'évidemment
01:00:47le meilleur moyen
01:00:48de combattre
01:00:49l'aspect conservateur
01:00:50de ce genre
01:00:51et le discours hétéronormatif
01:00:54qui habite,
01:00:55on doit quand même le dire,
01:00:56la majorité de ces œuvres,
01:00:58c'est quand même
01:00:59de regarder du côté
01:01:00des personnages lesbiens,
01:01:02gays et queers
01:01:04et de se dire
01:01:05qu'est-ce que
01:01:06les comédies romantiques,
01:01:07comment est-ce qu'ils ont
01:01:08intégré ces personnages-là
01:01:09et qu'est-ce qu'ils en ont fait.
01:01:11Et en regardant
01:01:13le programme
01:01:14du Forum des Images,
01:01:15j'ai découvert un film
01:01:17qui s'appelle
01:01:18Bros,
01:01:19contraction du mot
01:01:20brothers,
01:01:21de Nicolas Stoller
01:01:24qui m'a interpellée
01:01:26puisque c'est marketé
01:01:28comme la première
01:01:29rom comme gay.
01:01:31Et donc on va passer
01:01:32le premier extrait
01:01:33de Bros
01:01:34qui explique
01:01:35la difficulté
01:01:36que c'est
01:01:37de produire
01:01:38ce genre de film
01:01:39toujours aujourd'hui.
01:01:48Je lui ai dit
01:01:49quelque chose
01:01:50qu'un homme gay
01:01:51pourrait aimer
01:01:52et regarder avec sa copine.
01:01:53Je lui ai dit
01:01:54quelque chose
01:01:55qu'un homme gay
01:01:56pourrait aimer ?
01:01:57Comme quoi exactement ?
01:01:58Est-ce que je vais être
01:01:59au milieu
01:02:00d'une course à haute vitesse
01:02:01et tout d'un coup
01:02:02tomber amoureux
01:02:03d'Ice Cube ?
01:02:04Est-ce que je vais
01:02:05me faire foutre
01:02:06par Jason Momoa
01:02:07pendant que nous sommes
01:02:08je ne sais pas
01:02:09se préoccupant
01:02:10d'un volcan ?
01:02:11Et il m'a dit
01:02:12Bobby,
01:02:13nous voulons juste
01:02:14faire un film
01:02:15qui montre au monde
01:02:16que l'amour
01:02:17n'est pas l'amour.
01:02:18Nos relations
01:02:19sont différentes,
01:02:20nos vies sexuelles
01:02:21sont différentes.
01:02:22Et il m'a dit
01:02:23Bobby,
01:02:24nous voulions juste
01:02:25faire un film
01:02:26sur des gens gays
01:02:27qui sont gentils
01:02:28et je lui ai dit
01:02:29c'est ton premier erreur
01:02:30parce que
01:02:31pas tous les gens
01:02:32gays sont gentils
01:02:33et je suis allé
01:02:34et je suis resté.
01:02:35En tout cas,
01:02:36c'est totalement bien,
01:02:37je ne suis pas la bonne personne
01:02:38pour écrire un rom-com.
01:02:39Pourquoi pas ?
01:02:40Hum,
01:02:41je ne sais pas.
01:02:42Je veux dire,
01:02:43j'ai 40 ans,
01:02:44je n'ai jamais été amoureux
01:02:45et je n'ai jamais eu
01:02:46une relation sérieuse
01:02:47ce qui est bien.
01:02:48Tu sais,
01:02:49j'aime ma vie,
01:02:50j'aime ma liberté,
01:02:51j'aime mon indépendance
01:02:52mais tu sais,
01:02:53ça veut probablement dire
01:02:54que je ne suis pas
01:02:55la bonne personne
01:02:56pour écrire un rom-com.
01:02:57Pour l'inquiétude,
01:02:58je suis resté très sourd
01:02:59et ce soir,
01:03:00je suis honoré
01:03:01à l'award
01:03:02LGBTQ Plus Pride.
01:03:06Et je propose
01:03:07qu'on enchaîne directement
01:03:08avec le deuxième
01:03:09extrait de
01:03:10de Brose
01:03:11où vous allez voir
01:03:12comment il s'inscrit
01:03:13dans la comédie romantique
01:03:14et s'aligner.
01:03:44...
01:04:11...
01:04:40...
01:05:08Donc je vous encourage
01:05:09à venir voir ce film
01:05:10qui va bientôt passer
01:05:12au forum des images
01:05:14et qui a de nombreuses
01:05:16scènes de sexe explicites,
01:05:19il faut le dire.
01:05:20Et dans la production,
01:05:23je trouve,
01:05:24de comédie romantique,
01:05:25je trouve qu'en fait,
01:05:26c'est la meilleure
01:05:28qui a été faite
01:05:29ces dernières années.
01:05:30Et pourquoi est-ce que
01:05:32je trouve que c'est la meilleure ?
01:05:34C'est pas que parce qu'il y a
01:05:36des scènes de sexe explicites,
01:05:38c'est parce qu'il y a
01:05:39un vrai discours,
01:05:40en fait,
01:05:41dans le film,
01:05:42à dire que
01:05:43le fait d'avoir
01:05:44des personnages gays,
01:05:45comme il essaie de l'expliquer
01:05:46au début de l'extrait 1,
01:05:48va faire qu'il va y avoir
01:05:50certaines spécificités,
01:05:51en fait,
01:05:52à l'histoire d'amour.
01:05:53Et qu'en fait,
01:05:54le genre de la rom-com,
01:05:55à force d'être tellement codifié,
01:05:57il y a beaucoup de films
01:05:58qui ont juste repris
01:05:59les ingrédients
01:06:00et s'arrivent à quelque chose
01:06:01d'extrêmement plat.
01:06:02Comme si, finalement,
01:06:03on ne pouvait pas
01:06:04penser le genre
01:06:05aujourd'hui
01:06:06de manière contemporaine.
01:06:07Je me suis posé la question
01:06:09de à quoi pourrait ressembler
01:06:11une comédie romantique lesbienne.
01:06:13Alors, il faut savoir
01:06:14qu'on en a eu une,
01:06:15ça s'appelait
01:06:16Imagine me and you,
01:06:17et ça se terminait
01:06:18sur deux lesbiennes
01:06:19qui se faisaient un bisou
01:06:20à la fin sur un toit
01:06:21d'une voiture.
01:06:22Mais à quoi ça ressemblerait
01:06:25aujourd'hui
01:06:26une comédie romantique lesbienne,
01:06:29je pense que c'est
01:06:31une question
01:06:32qui reste ouverte.
01:06:34Et en tout cas,
01:06:35on comprend que ça reste
01:06:37très difficile,
01:06:38en fait, à Hollywood
01:06:39de comprendre
01:06:40que c'est le genre de choses
01:06:42qui pourraient
01:06:43nous intéresser.
01:06:44J'avais interviewé
01:06:46pour un documentaire
01:06:48Aileen Chaïken
01:06:49qui est la créatrice
01:06:50de The L Word.
01:06:51Et je lui avais demandé
01:06:52comment elle avait réussi
01:06:53à faire produire sa série.
01:06:54Et elle m'avait dit,
01:06:55j'étais à un dîner
01:06:56et le mec du studio
01:06:58est venu me voir
01:06:59et en fait,
01:07:00il y avait la série
01:07:01Queer as Folk
01:07:02qui venait de gagner
01:07:03un Emmy.
01:07:04Et elle m'a dit,
01:07:05en fait,
01:07:06il faut toujours
01:07:07que les hommes gays
01:07:08soient avant nous
01:07:09et après,
01:07:10ils nous laissent une chance.
01:07:11Donc, on peut espérer
01:07:12qu'après Brose,
01:07:13on ait accès
01:07:14à une grande comédie romantique
01:07:16lesbienne qui soit drôle.
01:07:18Et quand je me suis interrogée
01:07:21par rapport à ce genre-là,
01:07:24est-ce qu'il y avait
01:07:25des récits lesbiens
01:07:27et que Pauline m'a partagé
01:07:29le programme du mois de novembre
01:07:31qui n'est pas totalement annoncé,
01:07:33j'ai vu qu'en fait,
01:07:34ils avaient inclus
01:07:35dans leur programme de comédie
01:07:38trois films qui me sont chers
01:07:40qui s'appellent
01:07:41But I'm a Cheerleader
01:07:42de Jamie Babbitt,
01:07:43Go Fish de Rose Trochet
01:07:45et Watermelon Woman
01:07:46de Cheryl Dunier.
01:07:48Et je me suis posée la question,
01:07:50moi qui ai infligé
01:07:51à ma petite amie
01:07:52des comédies romantiques
01:07:53hétéronormées
01:07:54pendant les six derniers mois,
01:07:56pourquoi on n'avait pas
01:07:57regardé à nouveau
01:07:58ces films-là
01:07:59qui sont pourtant
01:08:00des films que je regarde souvent
01:08:02et pourquoi je n'avais pas
01:08:03eu l'imaginaire
01:08:04de les mettre
01:08:06dans la catégorie
01:08:07comédie romantique.
01:08:09Alors ça parle souvent
01:08:12de son propre biais
01:08:13et des choses
01:08:14qu'on ne veut pas voir
01:08:16mais j'ai trouvé
01:08:17qu'en tout cas,
01:08:18de revoir ces films
01:08:21me permettait à moi
01:08:24d'ouvrir en fait
01:08:25un autre imaginaire
01:08:26et de se dire
01:08:27que j'étais peut-être
01:08:28passée à côté
01:08:29de quelque chose
01:08:31en les voyant
01:08:32que comme des films de romance
01:08:33ou comme des films indépendants.
01:08:35Mais il faut quand même rappeler
01:08:36que le genre
01:08:37de la comédie romantique
01:08:39qui est souvent
01:08:40super produit,
01:08:42c'est-à-dire avec
01:08:43des productions importantes
01:08:44avec énormément d'argent,
01:08:47en fait,
01:08:48les films de lesbiennes,
01:08:49eux, ont été toujours produits
01:08:50avec quasiment rien.
01:08:52Je rappelle que
01:08:54je crois que
01:08:55Watermelon Woman
01:08:56s'est fait avec 300 000 dollars
01:08:58et une bourse.
01:08:59Et donc,
01:09:00je me suis demandé
01:09:01si c'était parce qu'il n'y avait pas
01:09:02cette esthétique
01:09:03de la comédie romantique
01:09:05à gros budget
01:09:06que je ne l'identifiais pas comme ça.
01:09:08Et puis, je me suis rappelée
01:09:10ce que je vous ai dit tout à l'heure.
01:09:11Je me suis dit
01:09:12mais est-ce que ces films-là
01:09:13s'inscrivent en fait
01:09:15dans une lignée ?
01:09:17Et j'ai re-regardé
01:09:19But I'm a Cheerleader
01:09:21qui est donc
01:09:22un film de Jamie Babbitt
01:09:24de 1999
01:09:25et je me suis rendue compte
01:09:26que Julie Delpy,
01:09:28il faisait une apparition
01:09:29dans un bar
01:09:30et qu'elle jouait
01:09:31une barmaid lesbienne.
01:09:32Et il faut savoir que
01:09:33Before Sunset
01:09:34et Before Sunrise
01:09:35étaient sortis
01:09:36quelques années avant
01:09:38et que donc,
01:09:39on pouvait le voir
01:09:40comme un clin d'œil
01:09:41à cette comédie romantique-là.
01:09:43Et qu'il y avait dans ces films
01:09:46cette idée
01:09:47de la référence
01:09:49et de faire référence
01:09:50à d'autres films
01:09:51qui étaient avant elle.
01:09:54Et j'ai réalisé une série
01:09:57il y a deux ans
01:09:58qui a été diffusée
01:09:59l'année dernière
01:10:00et qui est toujours disponible
01:10:01sur France TV Slash
01:10:02qui s'appelle Split.
01:10:04Et en fait,
01:10:05en faisant ma série
01:10:07qui, elle, a de nombreuses
01:10:08scènes de sexe explicites,
01:10:11j'ai donné comme référence
01:10:12aux comédiennes
01:10:13et à toutes les techniciennes
01:10:15et à toute l'équipe technique
01:10:17deux films
01:10:18Go Fish
01:10:19et Watermelon Woman.
01:10:20Et donc, je me suis posé
01:10:21la question aujourd'hui
01:10:22de est-ce qu'en fait
01:10:23j'avais écrit une comédie romantique
01:10:24sans le savoir ?
01:10:26Ça, je ne sais pas.
01:10:27Peut-être que ce sera à vous
01:10:28de me le dire.
01:10:29Mais en tout cas,
01:10:30je me souviens très bien
01:10:31qu'en faisant ces images-là,
01:10:32j'avais envie, moi aussi,
01:10:33de m'intégrer dans une lignée
01:10:35et de faire référence
01:10:37à des films
01:10:38qui m'avaient aidée
01:10:40à savoir comment,
01:10:42ce que je voulais montrer
01:10:43en fait dans le sexe.
01:10:45Et j'avais même demandé
01:10:47dans la série,
01:10:48à l'épisode 2,
01:10:49Elles vont au cinéma
01:10:50pour regarder un film
01:10:51et j'avais demandé
01:10:52que ce film soit
01:10:54de Rose Trochet.
01:10:56Et je rappelle, par ailleurs,
01:10:58parce que tout ça a un lien,
01:11:00Rose Trochet est donc
01:11:01la réalisatrice de la série
01:11:03The L Word
01:11:04et Jamie Babbitt
01:11:05est devenue la réalisatrice
01:11:06de la série Girls.
01:11:08Donc, en fait,
01:11:09toutes ces comédies romantiques
01:11:10dont je vous parlais,
01:11:11en fait, on peut très bien
01:11:12les rapprocher
01:11:13à ce cinéma américain
01:11:14de la fin des années 90
01:11:15qui est fait par un groupe
01:11:16de lesbiennes fauchées.
01:11:18Et donc, quand moi,
01:11:19j'ai voulu montrer cet extrait
01:11:21de Go Fish dans Split,
01:11:23je n'ai pas eu accès aux droits
01:11:25parce qu'ils étaient trop chers.
01:11:27Et donc, j'ai fait une référence
01:11:30avec le dernier plan
01:11:32de la série
01:11:33qui est en fait un copier-coller
01:11:35d'un plan du film
01:11:37de Rose Trochet
01:11:38que j'ai évidemment prévenu
01:11:41et à qui j'ai demandé
01:11:42l'autorisation
01:11:43parce que ça me paraît important
01:11:45que ces films-là
01:11:46ne disparaissent pas.
01:11:48Et donc, j'aimerais vous montrer
01:11:50en fait un dernier extrait
01:11:52d'un autre film
01:11:53qui s'appelle Watermelon Woman.
01:11:56Et c'est un film
01:11:58qui raconte l'histoire
01:11:59d'une personne
01:12:00qui a envie d'être réalisatrice
01:12:01et qui travaille dans un vidéoclub.
01:12:03Et cette femme
01:12:04est une femme noire.
01:12:06Et elle dit,
01:12:07à un moment du film,
01:12:09« Our black stories
01:12:10have never been told ».
01:12:12Et je trouve que...
01:12:17En fait, à chaque fois
01:12:18que je fais une conférence,
01:12:19je pleure.
01:12:20Ceux qui me connaissent le savent.
01:12:22Mais je trouve qu'on ne peut pas
01:12:23faire une conférence aujourd'hui
01:12:25sans se rendre compte
01:12:26du fait que toutes ces héroïnes
01:12:28de comédies romantiques
01:12:30sont blanches.
01:12:31Et que c'est une question
01:12:33qui commence à être prise en compte
01:12:35par certaines comédies romantiques,
01:12:37récemment notamment sur Netflix.
01:12:39Et je pense qu'il faut absolument
01:12:40que ce soit...
01:12:46Je ne sais jamais
01:12:47à quel moment ça va m'arriver.
01:12:48Et là, je m'étais dit,
01:12:49« Waouh, j'arrive à la fin de la conf,
01:12:50j'ai réussi à ne pas pleurer ».
01:12:52Et évidemment,
01:12:53ça me tombe dessus.
01:12:55Parce que c'est un film
01:12:56qui m'aime beaucoup.
01:12:58Notamment...
01:13:01dans sa représentation, en fait,
01:13:03de la sexualité lesbienne.
01:13:05Et je trouve que...
01:13:07que c'est, pour moi,
01:13:08la plus belle scène de sexe du cinéma.
01:13:11On va terminer par ça.
01:13:19Comment as-tu pu, Irene ?
01:13:21Tu sais combien c'était dur
01:13:22de trouver ces films ?
01:13:23C'est comme l'un des rares films
01:13:24de course qu'elle a jamais écrit.
01:13:26Vraiment ?
01:13:29Euh...
01:13:30Tu te souviens de mon fumée ?
01:13:31Non, vas-y.
01:13:35Tu sais,
01:13:36ce qui est bizarre dans ce set-up...
01:13:38Quoi ?
01:13:39Je ne sais pas, ça ressemble
01:13:40à un set-up.
01:13:41Comme...
01:13:42Je ne sais pas, tu sais,
01:13:43tout ce dîner et...
01:13:45Et...
01:13:46Et quoi ?
01:13:47Et la conversation amicale.
01:13:52Je dois confier que je suis un peu...
01:13:55Non, je suis très attirée par toi.
01:13:59Quoi ?
01:14:00Euh...
01:14:01Je voulais juste dire
01:14:02que tu es vraiment une femme mignonne.
01:14:03Je sais.
01:14:04J'ai entendu ce que ton ami
01:14:05a dit à la boutique.
01:14:07Tu nous as entendu ?
01:14:08J'ai trouvé les mots chauds
01:14:09depuis le moment
01:14:10où je t'ai vu écrire.
01:14:12Est-ce que je peux boire une cigarette ?
01:14:14Bien sûr, aide-toi.
01:14:19Est-ce qu'il y a du feu aussi ?
01:14:21Euh...
01:14:22Oui, mais c'est un peu plus clair.
01:14:27Alors...
01:14:31Maintenant que nous savons
01:14:32que nous sommes attirés par l'autre,
01:14:33qu'est-ce que nous faisons ?
01:14:34Euh...
01:14:35Tu ne penses pas que nous devions kisser ?
01:14:37Tu n'es pas une bonne trampe.
01:14:39C'est ce que tu es.
01:14:40Tu commettes un sin
01:14:41qui te mènera sûrement en enfer.
01:14:43Je vais en enfer,
01:14:44mais pas pour être une trampe,
01:14:45mais pour être pauvre
01:14:46et vivre dans les rues
01:14:47comme je dois.
01:14:48Pourquoi ne peux-je pas être heureuse
01:14:49de m'adapter à leur monde ?
01:14:50Dieu m'a donné cette couleur
01:14:51et il l'a fait pour une raison.
01:15:07Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:10Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:15:13Je n'ai pas peur de la peau.
01:15:16Je n'ai pas peur de ton confort.
01:15:20Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:23Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:15:26Je n'ai pas peur de la peau.
01:15:28Je n'ai pas peur de la terre.
01:15:58Je n'ai pas peur de la terre.
01:16:01Je n'ai pas peur de ce que tu me donnes.
01:16:04Je n'ai pas peur de la peau.
01:16:07Je n'ai pas peur de la terre.
01:16:28Par le fait qu'il n'y avait pas de sous-titres,
01:16:29et juste dire quelque chose
01:16:30qui me paraît important
01:16:31et que j'aurais dû dire
01:16:32avant de lancer l'extrait,
01:16:33mais j'étais trop émue,
01:16:35c'est qu'en fait,
01:16:36ce qu'elles regardent toutes les deux à la télé
01:16:38est en fait un film fictif,
01:16:40puisque tout le film raconte
01:16:42le manque de représentation
01:16:43des femmes noires
01:16:44dans le cinéma américain.
01:16:46Je voulais terminer par cet extrait aussi
01:16:48pour le juxtaposer
01:16:50avec Pretty Woman,
01:16:52qui elle avait
01:16:53I Love Lucy comme ref.
01:16:55Et là, le fait que ces deux héroïnes lesbiennes
01:16:57puissent regarder un film de fiction
01:16:59dans la fiction,
01:17:00puisque notre histoire n'existe pas,
01:17:03et qu'elles étaient en train de l'inventer.
01:17:05Voilà, merci.

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