Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous pour Midi News.
00:00:05 Le programme est tout d'abord.
00:00:07 Regardez cette séquence.
00:00:08 Des impacts de balles sur l'entrée des immeubles des habitants sous le choc
00:00:26 après une fusillade d'une heure autour d'un point de Dix-la-Reine.
00:00:30 Le procureur a confirmé l'utilisation d'armes lourdes des kalachnikovs.
00:00:34 Une scène de guerre en France et beaucoup de questions.
00:00:37 On va en parler.
00:00:38 Une grande partie des soignants estiment que l'aide à mourir,
00:00:41 présentée comme une loi de fraternité par le président Emmanuel Macron,
00:00:46 est la négation de leur travail et de ce qu'ils sont.
00:00:49 C'est une rupture anthropologique pour beaucoup de ces soignants
00:00:52 qui ne veulent pas accompagner à mourir,
00:00:55 pardonnez-moi, mais à vivre.
00:00:57 C'est le débat également du jour.
00:00:58 Et puis l'aide de la France à l'Ukraine s'invite au Parlement.
00:01:01 Il s'agit d'un débat suivi d'un vote symbolique sur une aide de 3 milliards à Kiev,
00:01:05 sur un soutien indéfectible à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
00:01:09 Le RN a annoncé s'abstenir sur cet accord.
00:01:12 Et l'une des questions que l'on va poser, s'abstenir ou voter contre,
00:01:16 est-ce que ça revient à être poutiniste aujourd'hui en France ?
00:01:19 Voilà pour le programme.
00:01:20 Je vous présente nos invités.
00:01:21 Mais tout d'abord le journal avec vous, cher Michael.
00:01:23 Bonjour.
00:01:24 Bonjour Sonia.
00:01:24 Bonjour à tous.
00:01:25 Et vous en parliez à l'instant.
00:01:26 Ce débat houleux à l'Assemblée nationale.
00:01:29 Les discussions portent sur un accord signé en février dernier
00:01:32 qui prévoit entre autres une aide de 3 milliards d'euros versées à Kiev par Paris.
00:01:37 Un vote symbolique qui relance la polémique après les récentes déclarations d'Emmanuel Macron.
00:01:41 Alors de quoi s'agit-il exactement ?
00:01:43 On voit ça avec Augustin Donat-Dieu et Adrien Spiteri.
00:01:46 - 16 février dernier,
00:01:49 Volodymyr Zelensky est accueilli dans la cour de l'Elysée
00:01:52 par un président français généreux.
00:01:55 Quelques minutes plus tard, sous les ordres de la République,
00:01:58 les deux chefs d'État signent un accord bilatéral de sécurité,
00:02:02 autrement dit de l'aide financière et militaire en faveur de l'Ukraine,
00:02:06 à hauteur de 3 milliards d'euros.
00:02:08 - Dans le cadre de cet accord,
00:02:10 la France s'est engagée à apporter jusqu'à 3 milliards d'euros
00:02:13 d'aide militaire supplémentaire pour l'Ukraine en 2024.
00:02:19 Cette aide a pour objectif de continuer de fournir à l'Ukraine
00:02:22 les moyens de défendre dans la durée sa souveraineté
00:02:25 et son intégrité territoriale.
00:02:27 Une aide qui n'est pas exceptionnelle.
00:02:29 Elle vient s'ajouter aux 2,1 milliards d'euros
00:02:31 déjà versés à Kiev en 2023 et aux 1,7 milliards d'euros en 2022.
00:02:37 De l'argent, des fournitures militaires,
00:02:39 mais aussi un soutien à l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN
00:02:42 et à l'Union européenne.
00:02:44 - Je veux te remercier personnellement, Manuel,
00:02:47 pour ce soutien puissant accordé à l'Ukraine
00:02:51 et pour l'assurance de sa voix vers l'Union européenne.
00:02:55 Les députés aujourd'hui, puis les sénateurs demain,
00:02:57 débattront de cet accord avant de voter symboliquement.
00:03:00 - Monsieur le ministre.
00:03:02 L'actualité, c'est aussi les agriculteurs
00:03:04 qui manifestent aujourd'hui devant le Parlement européen de Strasbourg.
00:03:08 Ils répondent à l'appel de la FDSEA et des jeunes agriculteurs.
00:03:12 Ils sont mobilisés alors que deux textes qu'ils contestent
00:03:16 doivent être votés aujourd'hui par les députés européens.
00:03:20 - Un pas de plus vers l'autonomie des élus Corse.
00:03:23 Le gouvernement se sont mis d'accord cette nuit
00:03:26 sur un projet de texte qui prévoit de reconnaître un nouveau statut
00:03:30 pour la Corse.
00:03:30 En clair, les lois votées à Paris pourront être adaptées à la Corse
00:03:34 et ne s'appliqueront donc que sur l'île.
00:03:36 Écoutez les réactions cette nuit très partagées.
00:03:40 - Le principe d'un pouvoir de nature législative
00:03:43 soumis à un contrôle du Conseil constitutionnel
00:03:46 est aujourd'hui clairement acté.
00:03:48 Le pas décisif qu'il fallait franchir ce soir est franchi.
00:03:51 Donc c'est une avancée très importante.
00:03:53 - Je suis fondamentalement opposé, farouchement opposé
00:03:57 au pouvoir législatif.
00:03:59 Je pense que la loi doit rester au Parlement,
00:04:01 que c'est le Parlement qui fait la loi.
00:04:03 Ce ne peut pas être la collectivité de Corse qui va faire la loi.
00:04:05 - Enfin, nouvelle grève à la SNCF après les contrôleurs.
00:04:09 Cette fois, les agents commerciaux lancent un mouvement social.
00:04:13 Gichet et billetterie sont donc fermés aujourd'hui
00:04:15 alors que s'ouvrent les réservations pour les billets de cet été.
00:04:19 Voilà, Sonia, ce qu'il fallait retenir de l'actualité à midi.
00:04:23 Sur C News, je vous dis à tout à l'heure.
00:04:25 - A tout à l'heure, cher Michael.
00:04:26 Et pour l'heure, nous sommes avec nos invités.
00:04:28 Je salue la grande reporter Judith Vintro.
00:04:31 Merci d'être avec nous.
00:04:31 Et bonjour à vous et les journalistes et producteurs.
00:04:34 Stéphane Simon nous accompagne.
00:04:35 Bonjour.
00:04:36 - Bonjour à tous.
00:04:36 - Évidemment, on ne le présente plus.
00:04:38 Les fournisseurs officiels en citation pour midi.
00:04:40 Philippe David.
00:04:42 - Bonjour, Sonia.
00:04:43 Bonjour à tous.
00:04:43 - Et la citation pour détendre un peu l'atmosphère avant des sujets,
00:04:46 il est vrai, lourds.
00:04:47 - Vous savez, on parle de guerre à la drogue.
00:04:49 - Oui.
00:04:50 - Il y a une citation.
00:04:51 "La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l'adversaire
00:04:54 à exécuter notre volonté."
00:04:55 Je crois que ça marche aussi dans la guerre contre la drogue, non ?
00:04:58 - Oh, mais là, c'est une citation qui fait réfléchir.
00:05:02 - Car ton cas, vous avez vu, c'est le grand théoricien plus sien de la guerre.
00:05:04 - Si on pouvait l'écouter dans tous les domaines,
00:05:06 en particulier géopolitique, on apprendrait des choses.
00:05:09 - Alors, vous savez, je pense qu'aujourd'hui,
00:05:10 on est plus dans un niveau beaucoup plus bas
00:05:12 chez les politiciens français, Fonny, t'en passant.
00:05:14 - Non.
00:05:15 - On est plus au niveau pif gadget.
00:05:17 - Ça commence bien.
00:05:17 - Oh là !
00:05:18 - Naïmah Impanel, merci d'être là.
00:05:20 Essayiste et chargée d'émission de la politique de la ville.
00:05:22 - On n'a pas encore vu le président.
00:05:23 - Oui.
00:05:24 Et notre journaliste politique.
00:05:25 Merci. Bonjour à vous, Florian Tardif.
00:05:27 - Bonjour.
00:05:28 - Alors, il y a beaucoup, beaucoup de sujets.
00:05:30 Ce sujet, je voudrais qu'on l'aborde d'une manière particulière.
00:05:33 Vous le faites toujours, mais vraiment du point de vue des habitants.
00:05:35 Si vous, vous étiez à la place de ces riverains à Rennes,
00:05:38 nous parlons d'une ville moyenne, Rennes,
00:05:41 des impacts de balles sur l'entrée des immeubles,
00:05:43 des habitants sous le choc.
00:05:44 Vous allez les entendre, mais pas les voir
00:05:46 parce qu'ils ne veulent pas témoigner à visage découvert,
00:05:49 comme on dit.
00:05:50 C'est une fusillade autour d'un point d'île dans cette ville.
00:05:53 Le procureur de Rennes a confirmé l'utilisation d'armes lourdes.
00:05:56 Kalachnikov, la plupart des habitants,
00:05:59 évidemment, parlent de théâtre et de scènes de guerre.
00:06:01 Regardons quand même de nouveau la séquence
00:06:03 et imaginez cette séquence sur une heure.
00:06:06 -Ouais, je t'aime. -Arrête !
00:06:08 -T'as vu ? -T'as vu ?
00:06:10 -Arrête ! -T'as vu ?
00:06:12 -Ouais, je t'aime. -Arrête !
00:06:14 -T'as vu ? -T'as vu ?
00:06:16 -Ouais, je t'aime. -T'as vu ?
00:06:18 -Le corps. -Le corps.
00:06:20 -Le corps.
00:06:22 ...
00:06:24 -Ouais.
00:06:26 -Ouais.
00:06:28 -Ouais.
00:06:30 -Ouais. -C'est quoi, ça ?
00:06:32 -Alors, je dis,
00:06:34 qu'elle s'est déroulée sur une heure.
00:06:36 Stéphane Simon, je vais tous vous faire réagir.
00:06:38 Il y a quand même une interrogation à laquelle je vais tout de suite répondre
00:06:40 puisque je vois que sur les réseaux sociaux, on nous interpelle.
00:06:42 On dit "Comment en se fait-il que cela ait pu durer une heure
00:06:45 sans l'intervention des forces de l'ordre ?"
00:06:47 -Je vais rajouter une question à cette question,
00:06:49 si vous me le permettez.
00:06:51 C'est, tenez-vous bien, la 24e fusillade depuis 2020.
00:06:55 Vous le saviez ?
00:06:57 24 fusillades de ce type dans le quartier de la Bosne.
00:07:00 C'est dire l'ampleur de ces...
00:07:03 C'est plus un fait isolé.
00:07:05 Ce n'est plus un fait marginal.
00:07:07 C'est véritablement un problème qui devient totalement récurrent
00:07:10 dans des villes intermédiaires qui étaient connues.
00:07:12 Moi, je suis de Nantes.
00:07:14 Vous savez, ce n'est pas très loin de Rennes,
00:07:16 pour être des villes assez sages et qui se sont totalement,
00:07:19 totalement dégradées depuis quelques années.
00:07:22 Et aujourd'hui, on est face à un problème qui est multiple
00:07:25 parce que vous avez évidemment le spectacle qui est offert
00:07:28 et vous imaginez être dans la tête de ces habitants.
00:07:32 Vous n'avez qu'une envie, c'est quitter ces lieux.
00:07:34 C'est une évidence.
00:07:35 On ne peut pas faire autre chose que d'avoir envie de quitter ces lieux.
00:07:39 Mais c'est aussi un problème qui va devenir
00:07:42 véritablement empoisonné pour tout le quartier
00:07:46 parce que vous avez à la fois de la violence,
00:07:49 mais vous avez également énormément d'argent généré
00:07:52 par ces trafics de drogue.
00:07:53 Donc, une force de plus en plus forte face à la police
00:07:57 qui va être une force de corruption aussi.
00:08:00 Corruption des édiles, corruption des personnalités riveraines.
00:08:06 Et vous voyez bien qu'en fait,
00:08:08 ce n'est plus une histoire simplement de trafic de drogue.
00:08:11 C'est une affaire beaucoup plus grave.
00:08:13 On a une France qui s'enfonce véritablement dans le caïda
00:08:17 et c'est un problème majeur aujourd'hui.
00:08:20 - Mexicanisation beaucoup en point.
00:08:23 Ce mot, Judith Vintraud, juste se précise que s'il n'y a pas eu
00:08:25 d'intervention rapide, puisque quand même la fusillade
00:08:29 a duré une heure, c'est parce que vous imaginez bien
00:08:31 que les forces de l'ordre devaient être armées
00:08:33 aussi puissamment, si je puis dire, que c'est délinquant, etc.
00:08:37 Et que le RAID a dû se déployer le temps qu'il se déploie
00:08:40 et que les forces de l'ordre ont dû s'équiper d'armes lourdes
00:08:42 avant de venir pour un échange de tirs.
00:08:45 - Par rapport à ce que disait Stéphane,
00:08:46 il n'y a pas de caïd sans main d'œuvre.
00:08:48 Quelle est la main d'œuvre ?
00:08:50 - Ce sont essentiellement des jeunes, des jeunes français
00:08:55 ou des jeunes étrangers.
00:08:57 Donc ça nous amène à deux questions.
00:09:00 La justice sur les mineurs est-elle adaptée ?
00:09:03 Ma réponse est non.
00:09:05 Il faut revoir absolument le code pénal pour les mineurs.
00:09:08 Sinon, vous n'arriverez jamais à rien.
00:09:10 Et tous les policiers vous disent, quand on attrape des dealers
00:09:14 ou des gens qui font le gai, on est obligé de les relâcher
00:09:19 deux heures après.
00:09:20 D'ailleurs, on ne les attrape plus parce que c'est de l'énergie
00:09:23 et des risques pris pour rien.
00:09:26 Et puis évidemment, les étrangers, ça pose le problème
00:09:28 du contrôle de l'immigration.
00:09:30 Mais ça a l'air d'un problème immense.
00:09:33 On ne sait pas par quel bout le prendre.
00:09:34 Il y a quand même des fils à tirer pour espérer avoir
00:09:39 un début d'efficacité.
00:09:41 - Quand vous dites des mineurs, il y a quand même
00:09:43 une interrogation.
00:09:45 Ces mineurs, en particulier Neyma Infadel,
00:09:47 ont gagné des centaines, voire des milliers d'euros,
00:09:50 parfois en quelques heures.
00:09:51 Mais ils prennent le risque d'y rester.
00:09:53 J'ai entendu un reportage, encore plus à visage couvert,
00:09:57 où quelqu'un dit "je préfère mourir à 27 ans avec ma voiture
00:10:01 que d'avoir une espérance de vie jusqu'à 70 ans
00:10:04 et me tuer au travail".
00:10:06 C'était l'exclamation pour travailler honnêtement.
00:10:08 Mais comment on peut mettre sur le droit chemin ?
00:10:11 C'est encore récupérable.
00:10:13 - Je pense que c'est récupérable quand il y a l'air
00:10:16 des parents, et très tôt.
00:10:18 Je le dis souvent.
00:10:20 Parce qu'aujourd'hui, on a des pré-ados et même des gamins
00:10:22 de 8 ou 9 ans qui, notamment, alertent la police
00:10:25 quand elle arrive, ils alertent les trafiquants.
00:10:27 Ce que je voudrais juste, et je trouve que vraiment
00:10:30 c'est important ce que vous avez dit, c'est aujourd'hui,
00:10:33 de mettre au centre de nos débats les habitants
00:10:36 de ces quartiers.
00:10:37 Parce que c'est des quartiers qui sont enclavés,
00:10:39 qui fonctionnent en vase clos.
00:10:40 Les habitants, et comme disait Stéphane, n'ont pas le choix
00:10:43 de partir de ces quartiers, parce que c'est souvent là
00:10:46 que se concentrent les logements sociaux.
00:10:48 Et que pour partir d'un quartier, c'est très difficile.
00:10:51 Parce que les bailleurs sociaux, pratiquement tous les quartiers
00:10:54 concentrent ce logement social.
00:10:58 Donc, il fonctionne en fait avec aussi un écosystème
00:11:01 qui s'est mis en place, Sonia, parce que c'est Omerta aussi.
00:11:04 Vous avez des habitants qui ont peur de parler.
00:11:07 Vous avez aussi des habitants qui vous disent
00:11:09 "Maintenant, moi je n'éduque plus mes enfants,
00:11:11 c'est la rue qui les éduque".
00:11:13 Parce que les gamins, ils sont enrôlés.
00:11:15 On a vu lors de cette audition, et la réalité importante,
00:11:18 cette audition au Sénat avec le procureur de la République,
00:11:21 le président du tribunal de Marseille,
00:11:24 ils ont dit des choses extrêmement fortes,
00:11:26 et qui sont même inquiétantes pour nous.
00:11:28 - Mais alors, est-ce que maintenant on est d'accord
00:11:29 sur le diagnostic ?
00:11:30 - Ils disent, par exemple, la guerre est perdue à Marseille.
00:11:33 Mais faisons attention, parce que la guerre risque
00:11:35 d'être perdue dans d'autres quartiers aujourd'hui.
00:11:37 Là, on parle de Rennes, mais vous avez vu
00:11:39 tous les quartiers aujourd'hui qui sont gangrénés,
00:11:41 les villes qui sont gangrénées par la drogue.
00:11:44 Aujourd'hui, il y a une faillite de l'État,
00:11:46 et notamment une faillite de l'État à ne pas pouvoir
00:11:48 protéger tous les citoyens.
00:11:50 Et vous l'avez dit, et je sais que souvent sur vos plateaux,
00:11:52 vous rendez hommage à ces habitants qui aujourd'hui
00:11:55 souffrent d'être dans l'insécurité, dans l'intranquillité.
00:11:58 - Sur ce point, justement, Philippe David,
00:12:00 on verra tout à l'heure le reportage édifiant
00:12:02 de Miquel Chaillou, mais je vous le dis déjà,
00:12:04 on voit un habitant qui est en train de compter
00:12:06 les impacts de balles dans sa cuisine.
00:12:08 Ça nous a fait immédiatement penser à la pauvre Sokaina.
00:12:12 A Marseille, vous vous rendez compte ?
00:12:14 C'est-à-dire, s'il s'était levé la nuit à 2h du matin
00:12:16 pour aller chercher un verre d'eau ou un verre de lait,
00:12:18 voilà ce qu'il aurait risqué.
00:12:20 - Vous avez vu l'impact de balles ?
00:12:22 Mais nous, on nous disait au service militaire,
00:12:24 si vous prenez, parce que c'était l'arbre du Pacte de Varsovie,
00:12:26 si vous prenez une balle de kalash, vous aurez
00:12:28 un trou comme ça devant et un trou comme ça derrière.
00:12:30 C'est ce qu'on nous disait. Stéphane Florian
00:12:32 a été trop jeune pour faire le service, probablement.
00:12:34 Je ne sais pas si Stéphane l'a fait ou pas.
00:12:36 Nous, on nous avait prévenu, vous allez faire ça et vous allez tomber directement.
00:12:38 On vous avait dit la même chose ?
00:12:40 - À peu de choses près.
00:12:42 - Vous envoyez la police avec un Glock 9mm
00:12:44 et vous êtes face à des kalashnikovs.
00:12:46 Je crois qu'une kalash, c'est 600 coups/minute de tir.
00:12:48 Mais qu'est-ce que vous faites
00:12:50 avec votre pistolet automatique ou votre revolver
00:12:52 face à une arme qui tire ?
00:12:54 Je crois que c'est 600 coups/minute, une kalash.
00:12:56 Qu'est-ce que vous faites ?
00:12:58 Mais vous êtes totalement désarmé.
00:13:00 - Donc on est en guerre.
00:13:02 Quand les gens tirent à la kalashnikov,
00:13:04 excusez-moi, ça s'appelle la guerre.
00:13:06 À Beyrouth, ça tire à la kalashnikov.
00:13:08 À Gaza, ça tire à la kalashnikov.
00:13:10 À Kiev, enfin pas à Kiev, dans le Donbass,
00:13:12 ça tire à la kalashnikov.
00:13:14 C'est la guerre. Mais là, ce n'est pas une guerre
00:13:16 entre deux entités. C'est une guerre
00:13:18 entre les voyous et l'État de droit.
00:13:20 Mais comme on a un État d'une lâcheté totale
00:13:22 depuis des années, voilà ce qui se passe.
00:13:24 - Alors moi, quand on dit lâcheté totale,
00:13:26 pardonnez-moi, mais moi,
00:13:28 qui aujourd'hui, depuis 40 ans,
00:13:30 entre le Karcher, entre le Ménage...
00:13:32 - Mais ça fait 40 ans que nous n'avons pas fait l'ure !
00:13:34 - Mais ça fait 40 ans !
00:13:36 - Alors dites-moi, de quoi ils ont peur ?
00:13:38 - On a essayé la gangrène sans se laver, c'est ça le problème.
00:13:40 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:13:42 et c'est vrai qu'on a l'impression que rien n'est fait.
00:13:44 Quand on regarde ces différents reportages,
00:13:46 c'est le premier diagnostic
00:13:48 qu'on pourrait poser.
00:13:50 Parfois, ce n'est pas une impression.
00:13:52 Sauf que lorsque l'on regarde les chiffres,
00:13:54 je vais vous prendre les chiffres de 2022,
00:13:56 les saisies ont battu un nouveau record historique
00:13:58 de 157 tonnes interceptées, c'est 1 milliard d'euros.
00:14:00 Alors certes, c'est bien,
00:14:02 c'est trop peu,
00:14:04 mais le problème, c'est qu'on a laissé
00:14:06 la gangrène s'installer, et maintenant, c'est le volume.
00:14:08 C'est-à-dire qu'on intercepte sur notre territoire
00:14:10 157 tonnes de drogue,
00:14:12 l'équivalent d'un milliard d'euros.
00:14:14 Sauf que le trafic en France,
00:14:16 c'est estimé entre 2, voire 3,
00:14:18 voire même 4 milliards d'euros.
00:14:20 C'est même rentré au sein du PIB.
00:14:22 Et on pourrait même aller plus loin, c'est quasiment
00:14:24 une entreprise, la drogue dans notre pays,
00:14:26 comptabilisée comme l'une des entreprises du CAC 40.
00:14:28 Tellement c'est impressionnant,
00:14:30 en termes de volume, en termes de personnes
00:14:32 "employées", si on peut parler
00:14:34 d'emploi, c'est quasiment
00:14:36 240 000 personnes
00:14:38 qui gravitent dans cet environnement
00:14:40 de manière directe ou indirecte.
00:14:42 Donc voilà, le problème maintenant, c'est le volume.
00:14:44 Tout simplement parce qu'on a laissé
00:14:46 s'installer ce problème.
00:14:48 Est-ce qu'on a intérêt à démanteler tout ça,
00:14:50 au risque de déséquilibrer
00:14:52 un écosystème, au risque d'émeutes,
00:14:54 au risque d'appauvrissement de certains qui vont
00:14:56 chercher par encore une hyper-violence encore plus importante ?
00:14:58 C'est le raisonnement qui était valable
00:15:00 il y a 20 ans, quand on disait "c'est le couvercle
00:15:02 sur la marmite sociale".
00:15:04 Ça c'était il y a 20 ans.
00:15:06 Maintenant, le nombre de morts,
00:15:08 de victimes innocentes,
00:15:10 là pour le coup, et même de victimes
00:15:12 de règlements de comptes est tel
00:15:14 que la réponse à la question ne peut
00:15:16 pas être la même. Évidemment c'est plus dangereux,
00:15:18 le couvercle de la marmite ne protège
00:15:20 plus rien. Mais pour répondre à votre
00:15:22 question "qui a laissé faire ?"
00:15:24 Eh bien, les
00:15:26 gouvernements successifs qui depuis
00:15:28 20 ans n'ont pas investi dans la construction
00:15:30 de places de prison,
00:15:32 d'une part, et ceux qui,
00:15:34 depuis 20 ans aussi, ont
00:15:36 sans cesse adouci
00:15:38 le code pénal pour les mineurs.
00:15:40 Excusez-moi d'assister,
00:15:42 la question fondamentale, ce sont
00:15:44 les mineurs et la justice pour les mineurs.
00:15:46 - Et un mineur aujourd'hui n'est plus le mineur d'il y a
00:15:48 quelques années, évidemment, avec une hyper-violence
00:15:50 souvent qui est exacerbée. Philippe David,
00:15:52 vous voulez ajouter quelque chose ?
00:15:54 - Dans le port du Havre, en fin de semaine
00:15:56 dernière, dans un conteneur de sucre,
00:15:58 on a trouvé, c'est peut-être juste une erreur
00:16:00 de chargement, une tonne de cocaïne.
00:16:02 Une tonne de cocaïne dans un
00:16:04 conteneur de sucre qui arrivait
00:16:06 d'Amérique du Sud, et là,
00:16:08 on a chopé ça par un contrôle
00:16:10 sporadique. Vous imaginez, comme le disait Florian,
00:16:12 ce que ça doit représenter, ce qui passe,
00:16:14 et qui est évidemment incontestable. - On est devenu une plaque tournante,
00:16:16 c'est-à-dire qu'on est quasiment le
00:16:18 petit commerce du coin de l'Europe, malheureusement.
00:16:20 - Je reviens sur ce qu'a dit
00:16:22 le magistrat,
00:16:24 les magistrats qui ont été auditionnés,
00:16:26 le procureur de la République et le président
00:16:28 du tribunal, il a dit qu'il faut un plan
00:16:30 Marshall, aujourd'hui. Il faut un plan Marshall.
00:16:32 - Oui, mais c'est de mauvaise expression.
00:16:34 - Ecoutez, est-ce qu'on est prêts
00:16:36 aujourd'hui... Juste une question, Sonia,
00:16:38 est-ce qu'on est prêts aujourd'hui à employer
00:16:40 la méthode forte ? Est-ce qu'on est prêts, par exemple,
00:16:42 à tenir compte de certains élus, comme Samia Ghali,
00:16:44 qui avait parlé d'envoyer
00:16:46 les militaires ? Est-ce qu'on est
00:16:48 capables aujourd'hui de réfléchir
00:16:50 à la méthode de Najib Bekele,
00:16:52 par exemple, au Salvador, qui a emprisonné
00:16:54 74 000 ? Est-ce qu'on est... Non.
00:16:56 Est-ce qu'on est prêts aujourd'hui,
00:16:58 je vais vous dire, à porter assistance
00:17:00 à personne en danger ? Parce que c'est ça, le problème.
00:17:02 - On va continuer à en parler, juste après
00:17:04 les titres, avec vous, Mickaël.
00:17:06 - Soumettez-vous à Allah ou encore la France,
00:17:08 et déjà à Allah en Dordogne,
00:17:10 une cinquantaine de tombes ont été profanées
00:17:12 et recouvertes de tags à caractère
00:17:14 islamiste. Un nouvel acte de
00:17:16 vandalisme, condamné fermement
00:17:18 par le préfet.
00:17:20 Un vote crucial au Parlement européen sur
00:17:22 la circulation des méga-camions.
00:17:24 Ces poids lourds à rallonge, pouvant mesurer
00:17:26 jusqu'à 25 mètres, pourraient être autorisés
00:17:28 à circuler au sein de l'Union européenne.
00:17:30 Les écologistes et les acteurs du fret
00:17:32 ferroviaire s'y opposent fermement.
00:17:34 Et puis, des dépôts de carburant attaqués
00:17:36 par des drones en Russie. Il s'agit
00:17:38 de deux attaques de drones qui ont frappé
00:17:40 les villes de Orel et de Kstovo
00:17:42 et déclenché des incendies.
00:17:44 Samedi, la Russie avait affirmé avoir détruit
00:17:46 dans la nuit 47 drones
00:17:48 ukrainiens.
00:17:50 - Bien, je vais vous montrer cette séquence
00:17:52 de cet habitant, ce riverain qui a
00:17:54 compté les impacts de balles
00:17:56 et probablement les douilles tombées
00:17:58 quand même dans sa cuisine.
00:18:00 Et puis, vous avez dit... Alors, on a déclaré, je trouve,
00:18:02 la guerre dans notre pays, à tout. On a déclaré la guerre
00:18:04 au Covid, on a déclaré la guerre à je ne sais quoi,
00:18:06 mais on n'a pas déclaré la guerre à ce qui mine
00:18:08 nos territoires. - Oui, c'est ce qu'il a dit.
00:18:10 - Et vous, vous disiez regarder cette séquence.
00:18:12 - Voilà ce qui s'est passé.
00:18:14 La balle est rentrée
00:18:16 par le montant de la fenêtre.
00:18:18 Elle a sectionné
00:18:20 le tourniquet
00:18:22 pour monter le volet.
00:18:24 Elle a suivi son chemin
00:18:26 dans mon micro-ondes.
00:18:28 Le plafond, à l'autre bout,
00:18:30 aussi.
00:18:32 Il y avait une balle de loger
00:18:34 ici.
00:18:36 Et si j'étais venu dans la cuisine,
00:18:38 je serais mort actuellement.
00:18:40 On est en guerre ici. Nous sommes en guerre.
00:18:42 - Pour récupérer un point de deal.
00:18:44 - Pour récupérer un point de deal.
00:18:46 Donc, nous sommes décidés, avec mes enfants,
00:18:48 à quitter les lieux, définitivement.
00:18:50 - Quand même, les mots sont forts.
00:18:52 Nous sommes à Rennes, pour ceux qui connaissent
00:18:54 la ville. Je ne sais pas comment...
00:18:56 Ville moyenne, ville intermédiaire,
00:18:58 ville autrefois tranquille.
00:19:00 - Au chapitre des responsabilités, puisque vous les énumériez
00:19:02 tout à l'heure, il me vient quand même
00:19:04 une réflexion, et sans vouloir politiser le débat,
00:19:06 c'est souvent dans des mairies,
00:19:08 malheureusement, de gauche, que tout cela arrive.
00:19:10 Parce qu'à force de ne pas vouloir
00:19:12 stigmatiser des quartiers, des populations,
00:19:14 etc., on a laissé s'installer
00:19:16 une certaine forme
00:19:18 de tolérance à l'inacceptable,
00:19:20 à l'intolérable. Et malheureusement,
00:19:22 que ce soit à Grenoble, que ce soit
00:19:24 à Nant, que ce soit à Marseille...
00:19:26 - Marseille n'a pas été gauche pendant très longtemps.
00:19:28 - C'est pour ça que vous avez dit qu'elle soit
00:19:30 une catholique. - Et puis Rennes, Rennes aussi.
00:19:32 Voilà, donc, je voulais juste préciser.
00:19:34 - Mais là, aujourd'hui, vous avez raison,
00:19:36 mais aujourd'hui, vraiment, des maires, je trouve,
00:19:38 de tout, quelle que soit l'étiquette, à part certains,
00:19:40 vraiment, qui restent, bon, je vais dire,
00:19:42 d'un décrotable, parfois
00:19:44 relativiste sur ces sujets, ils disent tous que c'est plus
00:19:46 possible. Tous les maires, qui ont vraiment
00:19:48 les mains dans le cambouis, quelle que soit l'étiquette...
00:19:50 - Grenoble, il dit ça ? - Non, Grenoble, il dit pas ça.
00:19:52 - Il fait partie, il fait partie du
00:19:54 quota, qui ne changera pas.
00:19:56 - Non, mais, vous voyez, ce qui est
00:19:58 insupportable, c'est que c'est les gens,
00:20:00 c'est les gens, les victimes,
00:20:02 ces habitants, qui veulent vivre tranquille,
00:20:04 qui sont obligés de partir. Et ça repose
00:20:06 encore la question de l'expulsion
00:20:08 des familles de délinquants, qui sont
00:20:10 connues. Non, mais, vous voyez, mais est-ce qu'on
00:20:12 est prêts, en fait ? Est-ce qu'on est prêts, aujourd'hui,
00:20:14 à une méthode, à renverser la table ?
00:20:16 - Je vais vous dire pourquoi on n'est pas prêts, parce que
00:20:18 il y a, mais c'est presque, presque
00:20:20 trop simpliste, il y a une peur.
00:20:22 Chaque gouvernement, et puis, parfois, ça peut se
00:20:24 comprendre, ça peut se comprendre
00:20:26 intellectuellement, a peur de
00:20:28 briser un écosystème, un équilibre qui
00:20:30 est très fragile, d'avoir des émeutes,
00:20:32 d'avoir, pardonnez-moi, parce que là,
00:20:34 quand vous, vous, vous, vous
00:20:36 mettez un coup de pied dans la fourmière, vous savez ce qui
00:20:38 se passe derrière ? - Alors ? - C'est trois ou quatre
00:20:40 fusillades, m'avait dit un policier. - Oui.
00:20:42 - C'est la conséquence, aussi, un peu, de notre
00:20:44 travail. - Comme Valérie Haillet s'est
00:20:46 permis de parler des accords de Munich, il y a quelques jours,
00:20:48 je vais faire aussi ma référence
00:20:50 historique. Depuis 30 ans,
00:20:52 dans ces quartiers, c'était la fameuse
00:20:54 formule, vous aviez le choix entre le déshonneur
00:20:56 et la guerre, vous avez choisi le déshonneur,
00:20:58 et nous avons aujourd'hui la guerre. On a choisi
00:21:00 le déshonneur en faisant
00:21:02 ce que Michel Rocart appelait
00:21:04 le tapinage électoral,
00:21:06 mais il ne faut surtout pas stigmatiser les quartiers,
00:21:08 ils sont victimes de discrimination,
00:21:10 ceci, cela, on a eu le déshonneur et on a
00:21:12 la guerre. - Ce sont les mêmes qui subissent.
00:21:14 - Ça n'est donc pas la guerre, ça n'est
00:21:16 donc pas la peur, c'est pas la peur,
00:21:18 c'est idéologiquement
00:21:20 la volonté, effectivement,
00:21:22 de ne pas pointer du doigt
00:21:24 des gens dont on considère
00:21:26 qu'ils sont déjà victimes
00:21:28 du système, c'est pas que la peur.
00:21:30 - On va en parler tout à l'heure, nous serons
00:21:32 avec un policier
00:21:34 et un syndicaliste, et c'est vrai que la question
00:21:36 "une heure de fusillade",
00:21:38 j'aimerais quand même qu'ils nous disent comment
00:21:40 dans ces cas-là ça se passe, c'est-à-dire,
00:21:42 est-ce que l'équipement lourd est à portée de main,
00:21:44 parce que pour les délinquants, il est à portée de main, ça c'est sûr.
00:21:46 C'est quand même une vraie réflexion sur l'arsenal.
00:21:48 - Même les grenades à Marseille, c'est ce que disait le procureur.
00:21:50 - On va y revenir, dans quelques instants,
00:21:52 il nous reste quelques minutes, mais alors,
00:21:54 je sais pas, moi je veux pas l'appeler l'aide à mourir,
00:21:56 parce que ce n'est pas une aide à mourir.
00:21:58 C'est l'euthanasie ou le suicide assisté.
00:22:00 - C'est les deux.
00:22:02 - C'est les deux. En fait, il faut dire,
00:22:04 la vérité, c'est ça, ce que le président
00:22:06 de la République, en réalité,
00:22:08 a engagé, en tout cas une grande partie
00:22:10 des soignants estiment que ce qui a été présenté
00:22:12 par le président est la négation de leur travail,
00:22:14 ils affirment que c'est une rupture
00:22:16 anthropologique aussi pour beaucoup.
00:22:18 On dit "les évêques",
00:22:20 mais les religions sont contre.
00:22:22 - Toutes contre.
00:22:24 - Ahim Korsia, l'islam,
00:22:26 alors les évêques, on a entendu.
00:22:28 Je voudrais qu'on écoute ce matin
00:22:30 Jérôme Guedj, il est député socialiste,
00:22:32 il a beaucoup travaillé, je fais pas de lien,
00:22:34 mais quand même, entre nos aînés, la vieillesse
00:22:36 et la fin de vie, et il craint
00:22:38 une forme de dérive, c'est très important,
00:22:40 parce que je l'ai pas beaucoup entendu hier dans le débat,
00:22:42 vous avez vu que dans le projet du président,
00:22:44 il peut y avoir l'intervention d'un tiers,
00:22:46 qui n'est pas médecin, qui n'est pas soignant,
00:22:48 c'est-à-dire, imaginez, dans le domaine,
00:22:50 familial ou amical, c'est un tiers qui pourrait
00:22:52 donner la mort.
00:22:54 Écoutons l'autre.
00:22:56 - La question du consentement de la personne
00:22:58 est cruciale. Par contre, il y a un point inédit
00:23:00 qui a été posé dans l'interview
00:23:02 d'Emmanuel Macron, qui potentiellement peut
00:23:04 constituer pour moi une ligne rouge,
00:23:06 c'est qui procède
00:23:08 à l'injection létale.
00:23:10 C'est un suicide
00:23:12 assisté si on donne à la personne
00:23:14 la possibilité elle-même
00:23:16 de prendre le cachet
00:23:18 létal, la possibilité
00:23:20 pour les médecins, mais il introduit
00:23:22 la possibilité pour un tiers,
00:23:24 pour un proche, pour un volontaire.
00:23:26 Et ça, cette question, pour moi, elle est très problématique
00:23:28 parce que ça signifierait
00:23:30 qu'on inverse, comment dire,
00:23:32 qu'on met une pression terrible
00:23:34 sur un proche, mon meilleur ami,
00:23:36 mon fils, mon conjoint.
00:23:38 - Bon, sujet essentiel, on va marquer une pause
00:23:40 parce qu'il nous faut du temps et je vous ferai réagir
00:23:42 à cette incroyable phrase. Avec ce projet
00:23:44 de loi, on regarde la mort en face.
00:23:46 Pour les croyants, il n'y a que Dieu
00:23:48 qui peut... Et pour les non-croyants,
00:23:50 je crois que cette phrase, elle est tellement,
00:23:52 je sais pas, je trouve que c'est de
00:23:54 vertigineux comme phrase.
00:23:56 Porto-pose et on se retrouve, vous êtes d'accord ?
00:23:58 - C'est très philosophique, là.
00:24:00 - C'est très philosophique, mais on devrait peut-être
00:24:02 regarder les vivants d'abord qu'on fasse.
00:24:04 Puisque Emmanuel Macron,
00:24:06 tout de même depuis qu'il est arrivé à l'Elysée,
00:24:08 a quasiment bouleversé ou changé
00:24:10 le quotidien des Français de tout âge,
00:24:12 mais pas des personnes âgées.
00:24:14 C'est-à-dire qu'il a souhaité
00:24:16 bouleverser au niveau éducatif,
00:24:18 au niveau du monde du travail,
00:24:20 au niveau, là, aujourd'hui,
00:24:22 de la fin de vie, mais qu'en est-il
00:24:24 du grand âge de la dépendance ?
00:24:26 On nous l'annonce, mais pour l'heure,
00:24:28 on est pour faire... - On nous annonce son report.
00:24:30 - Voilà, on nous annonce beaucoup de choses,
00:24:32 mais on nous annonce qu'on verra ça plus tard.
00:24:34 - Parce qu'électoralement, politiquement,
00:24:36 il pense qu'il y aura plus de retombées avec
00:24:38 une loi sur la fin de vie. - Vraisemblablement.
00:24:40 - À tout de suite.
00:24:42 ...
00:24:44 - Une grande partie
00:24:46 des soignants ne veulent pas
00:24:48 accompagner dans la mort,
00:24:50 mais plutôt dans la vie. Ils voient dans le projet
00:24:52 du président une rupture anthropologique
00:24:54 qui met...
00:24:56 Qui cause beaucoup, beaucoup de... Comment dire ?
00:24:58 Qui les fragilise dans leur mission
00:25:00 et dans leur conviction.
00:25:02 On va en parler juste après les titres.
00:25:04 Avec vous, cher Michael. - La Cour des comptes
00:25:06 n'est pas tendre avec le gouvernement.
00:25:08 Elle dénonce la mauvaise gestion
00:25:10 des comptes publics. Dans son dernier rapport,
00:25:12 l'institution juge la situation préoccupante
00:25:14 et sérieuse. Elle émet des doutes
00:25:16 sur l'objectif de ramener le déficit
00:25:18 à 4,4% du PIB
00:25:20 d'ici la fin de l'année. Un débat
00:25:22 houleux aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
00:25:24 Un accord signé en février dernier doit être voté.
00:25:26 Accord qui prévoit, entre autres, une aide de 3 milliards
00:25:28 d'euros versés à Kiev par Paris.
00:25:30 Un sujet qui relance la polémique après
00:25:32 les récentes déclarations d'Emmanuel Macron.
00:25:34 Et puis, un premier bateau destiné à livrer
00:25:36 de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza
00:25:38 ou de Chypre. Où seuls les largages
00:25:40 aériens permettent actuellement aux habitants
00:25:42 de survivre une aide jugée néanmoins
00:25:44 insuffisante par les Nations Unies.
00:25:46 - Les mots de fraternité
00:25:48 et de dignité utilisés par
00:25:50 le président de la République, mais la dignité dans un pays,
00:25:52 c'est d'abord de permettre
00:25:54 à tous ceux qui en ont besoin d'accéder
00:25:56 aux soins palliatifs dans notre
00:25:58 pays.
00:26:00 Est-ce que vous savez combien
00:26:02 les chiffres, c'est incroyable
00:26:04 le nombre de personnes, Stéphane ?
00:26:06 - 15 départements ne sont pas équipés
00:26:08 de 21.
00:26:10 Je mineure les choses, mais 21 départements
00:26:12 où il n'y a pas d'unité de soins palliatifs,
00:26:14 il aurait peut-être fallu commencer
00:26:16 par là. - Vous avez vu, habile,
00:26:18 le président dit que, évidemment, c'est son
00:26:20 objectif, que l'un ne va pas s'en lourdre.
00:26:22 Il y a une hiérarchie généralement dans les priorités.
00:26:24 Regardez ce sujet de Marie-Lièse Chevalier,
00:26:26 puis on va s'arrêter véritablement sur les soignants.
00:26:28 Parce que de la constitutionnalisation
00:26:30 de l'IVG jusqu'au projet
00:26:32 de la fin de vie, il y a une question
00:26:34 quand même sur le serment d'Hippocrate.
00:26:36 On va en parler.
00:26:38 - Consternation,
00:26:40 colère, tristesse, c'est avec ces mots
00:26:42 que des collectifs de soignants ont accueilli
00:26:44 les annonces d'Emmanuel Macron concernant
00:26:46 le projet de loi sur la fin de vie.
00:26:48 Il dénonce un mépris de leur travail, une confusion
00:26:50 sur le sens du soin et sa larme d'un modèle
00:26:52 ultra permissif. Jeanna Mourou,
00:26:54 c'est infirmière, membre de la Société
00:26:56 Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs.
00:26:58 - Il y a un consensus sur le fait que
00:27:00 donner la mort, ça ne peut pas être un soin
00:27:02 et que vraiment, ce n'est pas du tout
00:27:04 le chemin que veulent emprunter
00:27:06 les soignants. On témoigne vraiment tous les jours
00:27:08 c'est que la réponse
00:27:10 qui est attendue, ce n'est pas une réponse radicale
00:27:12 d'admonstrer la mort. Si on
00:27:14 nous enlève le sens premier de notre métier,
00:27:16 est-ce qu'on va pouvoir rester ?
00:27:18 Il y a un risque de démission de plein soignant
00:27:20 qui est majeur.
00:27:22 - L'Eglise catholique s'est également opposée à ce projet
00:27:24 de loi sur le réseau social X.
00:27:26 - Appelé loi de fraternité, un texte
00:27:28 qui ouvre à la fois le suicide assisté
00:27:30 et le suicide assisté.
00:27:32 - L'euthanasie est une tromperie. Ce qui aide à mourir
00:27:34 de manière pleinement humaine, ce n'est pas un produit
00:27:36 létal, c'est l'affection, la considération
00:27:38 et l'attention.
00:27:40 - L'annonce du président de la République a néanmoins
00:27:42 réjoui Lynne Renaud, militante de longue date
00:27:44 en faveur de l'euthanasie.
00:27:46 - Quelle merveille ! Je suis tellement heureuse
00:27:48 que le président de la République ait pris cette décision.
00:27:50 Tellement heureuse !
00:27:52 - L'Elysée promet que les critères pour accéder
00:27:54 à cette aide à mourir seront très strictes
00:27:56 et très précis. Il faudra pour l'instant
00:27:58 un acteur capable de discernement
00:28:00 et condamné à court ou à moyen terme.
00:28:02 - Que faut-il dire
00:28:04 à ces soignants inquiets ?
00:28:06 Juliette Bain-Trompe, de la constitutionnalisation
00:28:08 de l'IVG, s'inquiète de ne plus avoir
00:28:10 le choix. En réalité, on peut comprendre, on peut être
00:28:12 pour l'IVG et ne pas envie
00:28:14 de le pratiquer. Il faut le respecter dans notre pays
00:28:16 jusqu'à la fin de vie.
00:28:18 - C'est d'autant plus inquiétant qu'on verra
00:28:20 comment le texte ressortira
00:28:22 des débats parlementaires, mais pour le moment
00:28:24 il est quand même question
00:28:26 de permettre à l'individu
00:28:28 qui veut mettre fin
00:28:30 à ses jours
00:28:32 de faire un recours en justice
00:28:34 s'il n'obtient pas de réponse
00:28:36 médicale positive.
00:28:38 Donc, quid de la
00:28:40 clause de conscience dans ce cas-là ?
00:28:42 Ça devient quasiment un droit
00:28:44 opposable, puisque c'est à la justice
00:28:46 de dire "oui,
00:28:48 vous êtes obligé de faire en sorte
00:28:50 que ce patient ait les moyens d'accéder
00:28:52 - C'est important ce que vous dites,
00:28:54 dans ce cas-là, la justice pourrait...
00:28:56 - Dans l'état actuel du texte, il y a un flou.
00:28:58 Il y a un flou total, puisque
00:29:00 cette histoire partait mal
00:29:02 dès le début. Ça a commencé
00:29:04 par une convention citoyenne
00:29:06 qui était complètement dans les mains
00:29:08 des lobbies
00:29:10 pro-autonomie,
00:29:12 pro-suicide,
00:29:14 à tel point que,
00:29:16 rappelez-vous,
00:29:18 la convention citoyenne, je crois qu'ils étaient
00:29:20 à peu moins de 200, ils votaient.
00:29:22 - 184. - 184, merci.
00:29:24 - C'est bien. - Et par exemple...
00:29:26 - J'en ai eu certains au téléphone pour ça.
00:29:28 - Et par exemple, ils ont voté
00:29:30 pour que et l'euthanasie
00:29:32 et le suicide assisté
00:29:34 soient ouverts aux mineurs. - C'était consultatif.
00:29:36 Là, c'est le président à trancher.
00:29:38 - Oui, mais ça a commencé par là.
00:29:40 Ce qu'on a là, c'est un avatar
00:29:42 un peu à maudit, parce que, par exemple,
00:29:44 Emmanuel Macron a sorti les mineurs
00:29:46 du dispositif de cette
00:29:48 démarche de ce lobby. - En fait, en réalité,
00:29:50 après, c'est assez intéressant
00:29:52 d'avoir échangé avec
00:29:54 certains d'entre eux, justement, sur cette question
00:29:56 des mineurs, et moi-même, mon avis
00:29:58 n'est pas arrêté sur cette question.
00:30:00 C'est-à-dire que, pourquoi
00:30:02 on l'interdirait aux mineurs, à ce moment-là ?
00:30:04 On peut le comprendre par rapport au discernement.
00:30:06 C'est-à-dire que le discernement,
00:30:08 par son éminence, peut être altéré. - Je crois que vous avez tout dit,
00:30:10 avec le discernement. - Et c'est pour ça que c'est tout à fait
00:30:12 compréhensif. Mais lorsque...
00:30:14 Ce qui motive ces avancées,
00:30:16 c'est l'idée de ne pas souffrir.
00:30:18 Lorsque l'on voit qu'il y a des maladies
00:30:20 qui touchent des enfants,
00:30:22 on peut parler de cancers qui touchent des enfants
00:30:24 malheureusement dans des pays de 5, 6, 7, 8 ans
00:30:26 qui souffrent. Voilà, c'est pour cela
00:30:28 que... - Et vous voulez donner à des enfants de 5 ans ?
00:30:30 - Non, non, non, pas du tout.
00:30:32 Mais c'est pour cela que la question
00:30:34 est, de manière assez honnête d'ailleurs, avec les personnes
00:30:36 avec qui j'ai pu échanger, qui faisaient partie de cette convention,
00:30:38 - Non, mais qu'elles soient de bonne foi. - Voilà.
00:30:40 Souhaitez que le débat soit ouvert et qu'après,
00:30:42 les parlementaires puissent
00:30:44 législer sur cette question. - Et les fameuses conditions très strictes,
00:30:46 elles n'ont rien de garde-fou en réalité.
00:30:48 Tout ça peut être repoussé. - Oui, c'est vrai.
00:30:50 - Ça l'a été dans d'autres pays. Donc aujourd'hui,
00:30:52 qu'est-ce qui garantit ?
00:30:54 Qu'est-ce qui garantit que toutes ces conditions,
00:30:56 nous allons les voir dans quelques instants
00:30:58 à l'antenne, sont évidemment majeures
00:31:00 avec certaines conditions, etc.
00:31:02 Qu'est-ce qui garantit que demain, elles ne seront pas repoussées ?
00:31:04 Est-ce que quelqu'un peut dire dans le débat public et politique
00:31:06 "Et les parlementaires qui vont voter,
00:31:08 très bien, et ça ne bougera jamais
00:31:10 cette encre dans le marbre." - Ce que la loi peut faire,
00:31:12 la loi peut le défendre. - On a déjà un indicateur
00:31:14 avec les soignants,
00:31:16 800 000 soignants,
00:31:18 qui sont représentés dans différents syndicats,
00:31:20 il y a eu un tolé général
00:31:22 qui rejette complètement tout ça.
00:31:24 Et vous avez vu la personne qui a témoigné,
00:31:26 elle dit "Bien, on est là pour la vie."
00:31:28 Donc on a l'impression qu'on inverse les choses.
00:31:30 On pourrait d'abord s'interroger
00:31:32 sur le fait de mettre en place
00:31:34 un maillage dans notre pays
00:31:36 en termes de soins,
00:31:38 palliatifs notamment, de proximité,
00:31:40 de médecins, etc.
00:31:42 Ce qu'on n'a pas aujourd'hui.
00:31:44 - Et combien il est au pouvoir, Emmanuel Macron ?
00:31:46 - Moi ce qui me choque aussi,
00:31:48 c'est que sur un sujet tellement sensible,
00:31:50 tellement douloureux,
00:31:52 on a tous, dans notre entourage
00:31:54 ou dans nos proches,
00:31:56 où on a eu des confrontés,
00:31:58 où on peut même réagir,
00:32:00 alors que la personne, elle est malade,
00:32:02 elle veut partir,
00:32:04 et qu'on peut même égoïstement
00:32:06 vouloir la garder avec soi,
00:32:08 parce que la séparation est difficile.
00:32:10 Et le président de la République
00:32:12 nous amène ça, cette période
00:32:14 qui n'est pas une période propice.
00:32:16 On est en campagne électorale.
00:32:18 Moi j'ai envie que ce pays s'arrête un petit peu
00:32:20 et qu'on prenne le temps.
00:32:22 - Mais Naïma, vous le dites avec des mots très justes,
00:32:24 c'est-à-dire est-ce que le débat sera serein ?
00:32:26 Aucune garantie ? Et puis surtout, véritablement,
00:32:28 moi je respecte les convictions.
00:32:30 Si le président de la République, c'est sa conviction profonde,
00:32:32 c'est important, son âme et conscience, très bien.
00:32:34 Mais s'il y a le moindre doute
00:32:36 sur une forme de diversion
00:32:38 sur ce sujet alors qu'on est en campagne,
00:32:40 alors là c'est pas à la hauteur de notre pays d'un tel sujet.
00:32:42 - On espère que ça passe.
00:32:44 - Plus naïve, je préfère faire confiance.
00:32:46 - Il y a plusieurs choses déjà, pour rebondir sur ce qu'a dit Judith,
00:32:48 qui était très juste.
00:32:50 Moi j'ai pas de problème, je suis pour l'euthanasie
00:32:52 et le suicide assisté, donc je le dis sans aucun complexe.
00:32:54 - Moi aussi, mais pas dans ces conditions-là.
00:32:56 - Mais par contre, une chose,
00:32:58 c'est vrai que c'est comme la Convention citoyenne pour le climat,
00:33:00 il n'y avait que des gens qui étaient des adeptes
00:33:02 - Qui étaient noyautés.
00:33:04 - Qui étaient des adeptes de Sainte-Greta,
00:33:06 qui disaient que la fin du monde allait arriver
00:33:08 si on n'interdisait pas les voitures diesel.
00:33:10 Je caricature un peu, mais c'est ça.
00:33:12 Ça c'est déjà le premier point.
00:33:14 Le deuxième point, qui est quand même important à comprendre,
00:33:16 je trouve que lancer le débat
00:33:18 le 27 mai à l'Assemblée nationale,
00:33:20 au moment, à 15 jours des européennes,
00:33:22 ça ne se fait pas.
00:33:24 Par contre, il est grand temps,
00:33:26 grand temps de légiférer là-dessus,
00:33:28 parce que je ne peux pas supporter que des gens aillent mettre fin
00:33:30 à leur jour à grands frais en Belgique ou en Suisse.
00:33:32 - Oui, mais ce n'est pas parce qu'on ne le prétend pas...
00:33:34 - Attendez, s'il vous plaît.
00:33:36 - On n'a pas le maillage qu'il faut en termes de soins palliatifs.
00:33:38 - Oui, mais ça n'empêche rien.
00:33:40 - Quand vous écoutez des médecins, on a écouté ce matin Arnaud Chiche,
00:33:42 qui en a bien parlé.
00:33:44 Aujourd'hui, attendez, commençons par ça.
00:33:46 - Excusez-moi.
00:33:48 - Je suis d'accord avec vous que quand les personnes souffrent,
00:33:52 il y a une question autour d'un avis.
00:33:54 - Il y a des cas où les soins palliatifs ne servent à rien.
00:33:56 Je vais vous prendre un exemple.
00:33:58 Quelqu'un qui fait un Loctyn syndrome,
00:34:00 comme vous avez lu le "Scarf-en-brûle-papillon"
00:34:02 ou une maladie de Charcot...
00:34:04 - On ne va pas faire la liste des grandes souffrances.
00:34:06 En plus, je dois rappeler, pour nos téléspectateurs,
00:34:08 pour ceux qui sont touchés dans leur chair,
00:34:10 ou nous-mêmes ici, c'est très compliqué.
00:34:12 Là, il nous faudrait 2 ou 3 heures d'émission,
00:34:14 du temps pour chacun.
00:34:16 On nous dit oui, pour, contre.
00:34:18 Je n'y crois pas.
00:34:20 Il faut avoir un argumentaire.
00:34:22 - Mais ce n'est pas binaire.
00:34:24 - Oui, vous êtes pour.
00:34:26 - Mais je dis avec des règles.
00:34:28 - Ça envoie à nos convictions, à ce que nous sommes,
00:34:30 l'aspect politique.
00:34:32 Ce qui me fait peur, c'est une sorte de cavalcade
00:34:34 du président sur des sujets sociétaux.
00:34:36 Il fait passer ça pour du progressisme.
00:34:38 Tous ceux qui émettent des doutes,
00:34:40 comme nous ici,
00:34:42 on serait d'affreux "conservateurs".
00:34:44 Mais pas du tout.
00:34:46 Les évêques et les autres religions
00:34:48 ne le sont pas forcément sur ce sujet,
00:34:50 ni les soignants.
00:34:52 Mais c'est fait passer ainsi par la majorité.
00:34:54 C'est ça, ce qui est troublant.
00:34:56 - Permettez-moi de vous dire une chose.
00:34:58 - Vous n'êtes pas pour ça.
00:35:00 - Le président fait de la politique, pour vous donner raison.
00:35:02 C'est ça qui est assez grave sur ces questions-là.
00:35:04 On a vu ces jours-ci
00:35:06 les archives de 2017
00:35:08 où il s'engageait à réfléchir
00:35:10 à un moment qui serait particulièrement
00:35:12 propice à la réflexion.
00:35:14 Ce n'est donc pas en période électorale.
00:35:16 Il a déjà trahi à sa parole.
00:35:18 Ce n'est pas la première fois qu'il change d'avis.
00:35:20 Mais convenons quand même qu'on vit
00:35:22 en ce moment avec un drôle d'agenda présidentiel.
00:35:24 Quelqu'un qui met la question de l'Ukraine
00:35:26 sur le tapis aussi.
00:35:28 C'est une façon de cliver et
00:35:30 de diaboliser tous ceux qui sont pour
00:35:32 un soutien, mais peut-être pas inconditionnel
00:35:34 à monsieur Zelensky.
00:35:36 Et de l'autre côté, poser ce sujet-là,
00:35:38 le sujet de la fin de vie, qui est un sujet majeur
00:35:40 et qui est un sujet important, où vous le rappelez,
00:35:42 il faut faire attention aux convictions
00:35:44 philosophiques, religieuses des uns et des autres.
00:35:46 Ce n'était pas le moment de faire ça.
00:35:48 Mais lui, il fait de la politique parce qu'il va
00:35:50 pouvoir diaboliser la liste
00:35:52 du Rassemblement National,
00:35:54 etc. et bien d'autres.
00:35:56 On va rajeunir de 20 ans. Rappelez-vous au moment
00:35:58 de la guerre d'Irak, les néo-conservateurs américains.
00:36:00 Vous n'êtes pas avec nous, vous êtes contre nous.
00:36:02 Il y a le bien et le mal. Macron, c'est exactement
00:36:04 le même raisonnement. Vous ne voulez pas envoyer
00:36:06 de troupes en Ukraine, vous êtes
00:36:08 un Daladier de 1938
00:36:10 et un suppôt de Poutine. Vous êtes contre
00:36:12 l'euthanasie et le suicide assisté, comme je le propose.
00:36:14 Vous êtes un afro-ryak.
00:36:16 Aujourd'hui, Renaissance
00:36:18 est devenu l'annexe française
00:36:20 des néo-conservateurs américains, au niveau
00:36:22 du mode de pensée. Et c'est absolument
00:36:24 terrifiant. C'est aussi un moyen,
00:36:26 dans les deux cas, de ne pas parler d'Europe.
00:36:28 Or, quel est le sujet sur lequel
00:36:30 Emmanuel Macron est le plus
00:36:32 identifié et le plus en difficulté
00:36:34 en ce moment, à cause de la
00:36:36 crise agricole, à cause de la crise
00:36:38 migratoire qui n'en finit pas ?
00:36:40 Précisément le sujet européen.
00:36:42 Donc, manœuvre dilatoire.
00:36:44 Comme on a pour slogan, toujours plus d'Europe en ce moment.
00:36:46 Bien sûr. On va voir comment
00:36:48 ça va se dérouler. Peuvez-vous nous donner l'agenda,
00:36:50 Florian, sur ce projet ?
00:36:52 Conseil d'État, Conseil des ministres en avril,
00:36:54 et débat au Parlement
00:36:56 à partir du mois de mai, à l'Assemblée nationale.
00:36:58 Il est l'un des 27 mai, donc dix jours
00:37:00 avant les élections européennes.
00:37:02 Mais c'est la stratégie, d'ailleurs
00:37:04 assumée d'Emmanuel Macron, depuis
00:37:06 2016. C'est-à-dire qu'il s'est toujours...
00:37:08 Pas sur ce sujet-là.
00:37:10 Mais il s'est toujours présenté
00:37:12 comme celui qui était
00:37:14 à la tête du camp progressiste,
00:37:16 face au camp
00:37:18 qu'on pourrait qualifier conservateur, nationaliste,
00:37:20 peu importe.
00:37:22 Sur l'IVG en 2017,
00:37:24 ça a été...
00:37:26 Vous allez voir, là, ce sujet, c'est pas la même question que la
00:37:28 constitution. Il est passé très vite.
00:37:30 Là, c'est autre chose.
00:37:32 S'il pense qu'il va y avoir un unanimisme
00:37:34 autour, c'est beaucoup plus compliqué.
00:37:36 Mais il ne compte pas sur l'unanimisme.
00:37:38 Je pense que de manière assez cynique,
00:37:40 et d'ailleurs, si l'on regarde le choix
00:37:42 de la Croix et le choix de Libération,
00:37:44 il se pose en...
00:37:46 - Progressiste. - En gros, progressiste.
00:37:48 En même temps, quelqu'un qui prend du
00:37:50 recul sur la situation, qui est capable de
00:37:52 parler à ceux qui défendent l'euthanasie
00:37:54 et le suicide assisté, et à ceux qui,
00:37:56 justement, y sont opposés.
00:37:58 Mais pourquoi ? Pour montrer que lui est capable
00:38:00 de parler aux deux camps, et que lui seul
00:38:02 est capable de parler aux deux camps.
00:38:04 Et il attend de ses adversaires
00:38:06 qu'ils se positionnent. C'est-à-dire qu'il
00:38:08 attend d'une partie de la gauche, c'est l'extrême
00:38:10 centre. Oui, c'est exactement ça.
00:38:12 - Mais comment il va faire avec les soignants ? Ou c'est un tolé général ?
00:38:14 - On va voir. En tout cas, c'est important de
00:38:16 relayer quand même... Parce qu'ils ont employé des mots
00:38:18 forts. Ils sont abasourdis, ils sont tristes,
00:38:20 ils sont interrogés dans ce qui les constitue.
00:38:22 Je voudrais évoquer les suites.
00:38:24 On y reviendra tout à l'heure. On a vraiment
00:38:26 la deuxième heure aussi pour cela. Le drame
00:38:28 de Crépole, c'est important
00:38:30 de faire le suivi. Vous savez qu'il y a
00:38:32 évidemment l'enquête, la mort
00:38:34 du jeune Thomas. Onze nouvelles interpellations,
00:38:36 principalement à Romand-sur-Isère,
00:38:38 ce qui ne surprend pas du tout la mère de Romand,
00:38:40 Marie-Hélène Thauraval.
00:38:42 Alors, l'enquête qui se poursuit, je ne veux pas aller
00:38:44 sur les détails de cette enquête, mais ce qui
00:38:46 est terrible quand même,
00:38:48 c'est le mot de la mère. Je l'ai eu moi
00:38:50 en ligne. Elle explique que
00:38:52 les bandes se refont. En fait,
00:38:54 rien n'a changé. Mais rien, rien,
00:38:56 rien. Donc, c'est-à-dire qu'il y a eu un choc et pas d'électrochoc.
00:38:58 Regardez le sujet de Maxime Lavandier
00:39:00 et le drame de Crépole.
00:39:02 Qu'est-ce qu'il montre ? Il ménule l'hyperviolence
00:39:04 qui touche aussi la ruralité. Et ce n'est pas rien.
00:39:06 Un coup de filet
00:39:08 qui apportera peut-être des réponses.
00:39:10 Ce lundi matin,
00:39:12 une dizaine de personnes ont été interpellées
00:39:14 par les gendarmes dans le cadre
00:39:16 de l'enquête sur la mort de Thomas Perrotteau.
00:39:18 Ce jeune rugbyman âgé de 16 ans
00:39:20 avait été mortellement blessé par un coup
00:39:22 de couteau dans la nuit du 18 novembre au dernier
00:39:24 alors qu'il participait avec des amis
00:39:26 à un bal organisé dans le village
00:39:28 de Crépole. D'après nos informations,
00:39:30 ces nouveaux suspects, dont l'un est mineur,
00:39:32 sont originaires de romances sur Isère
00:39:34 ou à proximité immédiate.
00:39:36 De nationalité française,
00:39:38 ils sont connus des forces de l'ordre
00:39:40 pour des délits mineurs. Ils sont actuellement
00:39:42 en garde à vue dans le but d'éclaircir leur rôle précis
00:39:44 dans cette affaire où les arrestations
00:39:46 se multiplient. Quelques jours après le drame,
00:39:48 neuf individus, dont trois mineurs,
00:39:50 avaient été interpellés et mis en examen
00:39:52 pour meurtre en bande organisée,
00:39:54 tentative de meurtre ou violence volontaire
00:39:56 commise en réunion. L'auteur du coup mortel
00:39:58 reste toujours inconnu.
00:40:00 Je le disais,
00:40:02 en fait, il y a une telle
00:40:04 médiatisation de ce sujet
00:40:06 et de ce drame, je trouve que pour
00:40:08 ne pas laisser libre cours à toutes les hypothèses,
00:40:10 le procureur aurait dû tenir des points de presse.
00:40:12 Rappelez-vous la première déclaration
00:40:14 du procureur.
00:40:16 Les jeunes agresseurs n'ont rien à voir
00:40:18 avec le quartier de la Monnaie,
00:40:20 avec Romance sur Isère. Il fallait
00:40:22 surtout pas y voir
00:40:24 un règlement de compte géographique.
00:40:26 Et là, des interpellations principalement issues
00:40:28 de Romance sur Isère.
00:40:30 Un quartier de la Monnaie, de Romance sur Isère,
00:40:32 qui est un quartier bien connu.
00:40:34 Le procureur, ça n'a rien à voir.
00:40:36 La mère de Romance sur Isère, Marie-Laure Terreval,
00:40:38 on l'a souvent reçue, elle est diverdroite,
00:40:40 elle tient des propos que beaucoup de mères tiennent,
00:40:42 seulement, elle les tient avec des propos,
00:40:44 je trouve que ce qui la caractérise,
00:40:46 c'est qu'elle le dit sans excès. Et c'est pire.
00:40:48 Quand vous lui dites quelque chose de fort,
00:40:50 quand vous le dites sans excès, ça passe très bien.
00:40:52 Et en fait, elle a fait une analyse
00:40:54 au laser de la situation, elle a dit,
00:40:56 voilà, ce n'est plus possible, c'est une conquête
00:40:58 de territoire, il y a défaillance des parents,
00:41:00 et dans ce cas-là, où est l'électrochoc ?
00:41:02 Philippe Davidi.
00:41:04 Les mots sont comme des rayons X bien utilisés,
00:41:06 ils traversent n'importe quoi, c'était Huxley qui disait ça, je crois.
00:41:08 Très bien.
00:41:10 Et c'est vrai qu'elle s'exprime extrêmement bien.
00:41:12 Il faut quand même rappeler une chose,
00:41:14 c'est une mère MAIRE courage,
00:41:16 puisque je rappelle qu'elle est quand même
00:41:18 menacée de mort depuis désormais un certain temps.
00:41:20 Et, désolé,
00:41:22 quand on voit le comportement de certains élus
00:41:24 qui sont d'une lâcheté totale,
00:41:26 je peux vous dire qu'elle,
00:41:28 elle devrait être prise en modèle
00:41:30 par nombre d'élus locaux et nationaux en France.
00:41:32 C'est très très juste
00:41:34 que vous dites, je ne révèle pas
00:41:36 quelque chose, puisqu'on sait qu'elle a eu un
00:41:38 prix, on a fait partie d'un jury
00:41:40 à l'Assemblée Nationale, c'est le Trombinoscope,
00:41:42 et on a remis, enfin, le jury
00:41:44 a remis des prix, dont le prix
00:41:46 de l'élu de l'année, mais
00:41:48 je trouvais qu'elle était plus que l'élu de l'année,
00:41:50 en fait, elle l'incarnait, et elle a eu un discours
00:41:52 extrêmement mesuré, mais
00:41:54 tellement puissant, en fait, parce qu'elle,
00:41:56 en fait, c'est clinique comme description,
00:41:58 il n'y avait pas besoin de dire, de mettre de l'idéologie,
00:42:00 tout est dit.
00:42:02 Extrêmement mesuré, qui lui a néanmoins
00:42:04 valu des menaces de mort.
00:42:06 Donc voilà à quoi ça a abouti dans notre pays.
00:42:08 Si je peux me permettre, en plus, de lui tirer mon
00:42:10 chapeau personnel, c'est aussi une mairesse
00:42:12 très très très dynamique,
00:42:14 qui a aussi, pas
00:42:16 simplement traité au scalpel,
00:42:18 on va dire, les quartiers sensibles,
00:42:20 mais qui a aussi installé des festivals,
00:42:22 des festivals remarquables,
00:42:24 qui refait complètement la ville de Romance sur Hiver,
00:42:26 qui était une ville touchée par ça.
00:42:28 - Mais c'est pas merci de le dire,
00:42:30 mais dans son discours, après qu'elle ait reçu son prix,
00:42:32 c'est ce qu'elle a dit. Elle ne voulait pas
00:42:34 au début croire que les
00:42:36 suspects, en tous les cas, ceux qui ont été interpellés
00:42:38 venaient de sa ville,
00:42:40 parce qu'elle a mis
00:42:42 tous les moyens et fait ce qu'il fallait.
00:42:44 - Et un investissement de 150 millions
00:42:46 dans le cadre de la rénovation urbaine,
00:42:48 donc elle a fait beaucoup. Moi, je crois que
00:42:50 ce qui la caractérise, effectivement,
00:42:52 Sonia, c'est que
00:42:54 beaucoup de maires voient ce qui est
00:42:56 la réalité, notamment dans ces quartiers
00:42:58 qui bénéficient de la politique de la ville.
00:43:00 C'est des milliards, c'est plus de...
00:43:02 Aujourd'hui, plus de 150 milliards
00:43:04 qui ont été investis. Aujourd'hui,
00:43:06 chaque année, c'est 10 milliards
00:43:08 qui sont investis dans les quartiers pour un résultat
00:43:10 pire qu'avant, quand la politique
00:43:12 de la ville a commencé. Donc, à un moment,
00:43:14 il faut aussi renverser encore une fois
00:43:16 la table, changer de logiciel par rapport à ça
00:43:18 et voir, effectivement, comment
00:43:20 aujourd'hui, on met en place... - On va marquer une pause.
00:43:22 - On va continuer à en parler. Merci, Naïma.
00:43:24 Dans quelques instants. Simplement, à cette
00:43:26 information, vous savez que ce matin, sur le vote
00:43:28 concernant l'aide
00:43:30 à l'Ukraine, c'est très important, on va y revenir,
00:43:32 le Rassemblement national s'est
00:43:34 abstenu. La France insoumise
00:43:36 à l'instant vote contre.
00:43:38 Vous allez voir ce que va dire la majorité.
00:43:42 Aussi bien pour le RN que pour le LFI.
00:43:44 - Le parti de la Russie. - Les titres
00:43:46 avec vous, cher Michael. - Les relais de la Russie
00:43:48 en France. - Un automobiliste a
00:43:50 tué un riverain cette nuit à Argenteuil.
00:43:52 Ce dernier était descendu pour cause de bruit
00:43:54 et lui avait reproché de faire crisser
00:43:56 les pneus de son véhicule. Le conducteur
00:43:58 auteur du tir mortel est toujours
00:44:00 activement recherché. Un pas de plus
00:44:02 vers l'autonomie. Des élus Corse et le gouvernement
00:44:04 se sont mis d'accord cette nuit sur un projet
00:44:06 de texte qui prévoit de reconnaître un nouveau
00:44:08 statut pour la Corse. En clair, les lois
00:44:10 votées à Paris pourront être adaptées
00:44:12 à Lille. Et puis, Ariel Henry
00:44:14 renonce. Le Premier ministre
00:44:16 haïtien a remis sa démission, très contesté
00:44:18 par une partie de la population. Il était
00:44:20 au centre d'une vague de violences initiée
00:44:22 par des gangs, des violences qui secouent
00:44:24 le pays depuis plusieurs jours.
00:44:26 - Restez avec nous, dans quelques
00:44:28 instants, nous allons revenir sur
00:44:30 la fusillade et les scènes de guerre à Rennes
00:44:32 avec un responsable, le syndicat de la police.
00:44:34 Nous évoquerons également l'aide de la
00:44:36 France à l'Ukraine. Vous allez voir, c'est très important
00:44:38 ce qui va se passer. Certains disent que c'est l'heure
00:44:40 de vérité. Mais la question est de savoir
00:44:42 le RN s'abstient. La France
00:44:44 insoumise vote contre. Les communistes,
00:44:46 comme Jean Roussel nous a dit dimanche qu'ils votaient
00:44:48 contre. Est-ce qu'aujourd'hui, voter
00:44:50 contre un tel plan, c'est être pro-Poutine ?
00:44:52 - Est-ce qu'être pacifiste, on ne parle
00:44:54 pas forcément des partis politiques,
00:44:56 c'est être pro-Poutine aujourd'hui ?
00:44:58 - Parler du pape, par exemple ?
00:45:00 - Il y avait quelque chose qu'on appelait la réelle
00:45:02 politique, il y a quelques dizaines d'années, sur les rapports...
00:45:04 - Mais ça, c'était avant, monsieur.
00:45:06 - Oui, madame. - Oui. À tout de suite.
00:45:08 À tout de suite.
00:45:10 ...
00:45:12 - Merci d'être
00:45:14 avec nous. La deuxième partie
00:45:16 de Midi News. Nous reviendrons, bien sûr,
00:45:18 sur cette scène de guerre à Rennes,
00:45:20 avec les habitants qui témoignent
00:45:22 à visage couvert et qui évoquent
00:45:24 une véritable scène,
00:45:26 un théâtre de guerre. On dirait qu'on est
00:45:28 dans d'autres pays. Je ne vais pas me lancer
00:45:30 dans des comparaisons. Et on écoutera
00:45:32 un responsable des forces
00:45:34 de l'ordre avec nous. Et puis, à l'instant, on a
00:45:36 appris que sur l'aide à l'Ukraine,
00:45:38 la France insoumise va
00:45:40 voter contre, tandis que le RN s'abstient.
00:45:42 Vous allez voir que cet après-midi,
00:45:44 ça va être vif sur ce sujet.
00:45:46 On va en parler. Et tout d'abord,
00:45:48 le journal rebonjour à vous, cher Michael.
00:45:50 - Rebonjour, Sonia. Bonjour à tous.
00:45:52 Et justement, ce débat houleux à l'Assemblée nationale,
00:45:54 les discussions portent sur un accord
00:45:56 signé en février dernier
00:45:58 qui prévoit, entre autres, une aide de 3 milliards
00:46:00 d'euros versé à Kiev
00:46:02 par Paris. Un vote symbolique
00:46:04 qui relance la polémique après les récentes déclarations
00:46:06 d'Emmanuel Macron. Je vous propose d'écouter
00:46:08 les réactions de ces députés interrogés tout à l'heure.
00:46:10 - Pour un parti qui se dit
00:46:12 vouloir diriger la France,
00:46:14 s'abstenir, se taire,
00:46:16 se dérober sur le sujet
00:46:18 stratégique de la décennie,
00:46:20 c'est quand même assez farfelu.
00:46:22 Ça, c'est la première chose. Et puis, la deuxième chose,
00:46:24 c'est que l'escalade
00:46:26 n'est qu'un prétexte pour le RN.
00:46:28 L'escalade est un prétexte
00:46:30 à la dérobade. Dérobade au débat.
00:46:32 Ils s'abstiennent.
00:46:34 Ils refusent d'entrer dans le débat
00:46:36 et de donner une position claire. Et puis, au fond,
00:46:38 on voit surtout la réalité de leur position,
00:46:40 de leur vote derrière les mots.
00:46:42 Quels sont leurs votes ?
00:46:44 Leur vote, c'est toujours contre
00:46:46 le soutien à l'Ukraine.
00:46:48 - Nous allons voter contre le traité,
00:46:50 l'accord conclu
00:46:52 entre le président de la République
00:46:54 et le président Zelensky
00:46:56 sans consultation
00:46:58 du Parlement. Mais c'est un vote
00:47:00 contre qui réaffirme dans le même temps
00:47:02 la condamnation de la posture
00:47:04 de la Russie et la réaffirmation
00:47:06 d'un soutien
00:47:08 matériel,
00:47:10 humain
00:47:12 à l'Ukraine.
00:47:14 Il y a dans ce conflit
00:47:16 un agresseur, la Russie,
00:47:18 et une victime, l'Ukraine.
00:47:20 - Dans l'actualité,
00:47:22 des agriculteurs manifestent
00:47:24 devant le Parlement européen
00:47:26 à Strasbourg. Vous les voyez sur ces images.
00:47:28 La FDSEA et les jeunes agriculteurs
00:47:30 ont appelé à cette journée
00:47:32 de mobilisation alors que
00:47:34 les textes qu'ils contestent doivent être votés
00:47:36 aujourd'hui par les députés européens.
00:47:38 Et puis le bilan des intempéries
00:47:42 dans le sud-est s'alourdit
00:47:44 à 5 morts. La plupart des victimes
00:47:46 ont été emportées par les eaux alors qu'elles tentaient
00:47:48 de traverser des ponts submersibles
00:47:50 en voiture. A l'heure actuelle,
00:47:52 2 enfants sont toujours portés disparus
00:47:54 et les recherches se poursuivent
00:47:56 comme nous l'explique le lieutenant-colonel Charles Soulot.
00:47:58 - C'est le 3e jour de recherche
00:48:00 depuis la disparition des personnes
00:48:02 pour lequel nous essayons
00:48:04 de retrouver la trace.
00:48:06 Hier, il y a eu la découverte
00:48:08 d'une des 3 personnes
00:48:10 et nous sommes toujours
00:48:12 dans les opérations de recherche, à la fois par la voie terrestre,
00:48:14 par la voie aquatique
00:48:16 et par la voie aérienne,
00:48:18 de manière à avoir vraiment une vue globale
00:48:20 sur l'ensemble des points
00:48:22 où les personnes pourraient être retenues.
00:48:24 Les opérations qui sont en cours
00:48:26 sont actuellement
00:48:28 appuyées par une centaine de personnels.
00:48:30 C'est des équipes qui sont mixtes,
00:48:32 un dispositif de recherche
00:48:34 dirigé par la gendarmerie
00:48:36 avec l'appui de moyens techniques,
00:48:38 notamment des pompiers.
00:48:40 - Et voilà, Sonia, ce qu'il fallait retenir
00:48:42 de l'actualité sur CNews à 13h.
00:48:44 La suite des débats, tout de suite avec vous et vos invités.
00:48:46 - Merci à vous, Michael.
00:48:48 On reviendra sur ce qui va se passer tout à l'heure
00:48:50 au Parlement, plus précisément à l'Assemblée nationale.
00:48:52 Vous verrez que ça risque
00:48:54 d'être vif sur le vote
00:48:56 qui reste symbolique
00:48:58 avec l'aide de la France à l'Ukraine.
00:49:00 Le RN va s'abstenir,
00:49:02 la France insoumise va voter contre
00:49:04 et on sera très attentif aux réactions
00:49:06 de la majorité par rapport à ces prises de position.
00:49:08 Mais tout d'abord,
00:49:10 on va rester sur ce qui s'est passé à Rennes
00:49:12 avec la fusillade, la CRS-8
00:49:14 qui est déployée.
00:49:16 Et puis, mélange, cocktail,
00:49:18 dénoncent les habitants
00:49:20 de laxisme judiciaire, de déni,
00:49:22 de lâcheté politique,
00:49:24 d'immigration aussi incontrôlée.
00:49:26 Le cocktail explosif, il est dénoncé.
00:49:28 Regardez ce sujet préparé par nos équipes.
00:49:30 Les impacts de balles sont visibles
00:49:34 partout, en nombre,
00:49:36 sur les entrées des immeubles
00:49:38 de la place du Bannat.
00:49:40 Les habitants parlent mais ne veulent pas être filmés.
00:49:42 Tous sont sous le choc.
00:49:44 Je me suis dit de ne pas parler.
00:49:46 D'entendre tous ces coups,
00:49:48 tous ces...
00:49:50 On n'est pas habitués à ça.
00:49:52 J'en ai marre.
00:49:54 Ça a tiré, ça a tiré
00:49:56 pendant au moins 30 minutes.
00:49:58 Ça a tiré comme si c'était
00:50:00 une guerre, en fait.
00:50:02 Il y avait vraiment des garçons avec des armes.
00:50:04 Ils disaient "fermez vos volets,
00:50:06 fermez vos volets".
00:50:08 Je ne sais pas comment on appelle ça,
00:50:10 c'était un peu des armes lentes.
00:50:12 Le procureur de Rennes confirme
00:50:14 l'emploi d'armes de type Kalachnikov calibre 7,62.
00:50:16 Deux hommes ont été blessés
00:50:18 dans cette fusillade pour le contrôle
00:50:20 d'un point de deal.
00:50:22 C'est-à-dire d'une grande intensité
00:50:24 du jamais vu à Rennes.
00:50:26 C'est la grande délinquance.
00:50:28 Quand on utilise des armes longues,
00:50:30 des tirs en rafale,
00:50:32 on voit les individus qui sont cagoulés,
00:50:34 porteurs de gilets pare-balles.
00:50:36 Comment voulez-vous appeler ça autrement ?
00:50:38 Cet homme de 81 ans a retrouvé
00:50:40 deux douilles dans sa cuisine dimanche matin.
00:50:42 La balle est rentrée
00:50:44 par le montant de la fenêtre.
00:50:46 Elle a sectionné
00:50:48 le tourniquet pour monter le volet.
00:50:50 Elle a suivi son chemin
00:50:52 dans mon micro-ondes.
00:50:54 Si j'étais venu dans la cuisine,
00:50:56 je serais mort actuellement.
00:50:58 Le couple de retraités ne souhaite qu'une chose maintenant,
00:51:00 déménager,
00:51:02 comme la plupart des habitants rencontrés.
00:51:04 Nous sommes en direct avec David Leveau.
00:51:10 Bonjour à vous.
00:51:12 Vous êtes secrétaire régionale
00:51:14 Bretagne Unité SGP Police.
00:51:16 Tout d'abord, Monsieur Leveau,
00:51:18 j'aimerais avoir une précision de votre part
00:51:20 sur le délai d'intervention des forces de l'ordre.
00:51:22 Ce soir-là, c'était samedi soir à Rennes.
00:51:24 On parle d'une fusillade
00:51:26 qui a duré une heure.
00:51:28 Est-ce que vous pouvez nous expliquer,
00:51:30 et ça a été relayé, beaucoup d'interrogations
00:51:32 à ce sujet, pourquoi les policiers
00:51:34 ont mis ce temps avant d'intervenir ?
00:51:36 Bonjour Sonia Mabrouk.
00:51:40 Évidemment, je peux comprendre
00:51:42 les questionnements
00:51:44 des riverains sur le délai d'intervention.
00:51:46 Maintenant, il est simple
00:51:48 quand même pour nous.
00:51:50 Il faut expliquer pourquoi les collègues
00:51:52 ne sont pas intervenus tout de suite.
00:51:54 Simplement parce que, déjà, au niveau effectif,
00:51:56 on ne savait pas forcément combien
00:51:58 on avait en face de nous.
00:52:00 On savait qu'ils avaient des armes lourdes.
00:52:02 Malheureusement, aujourd'hui,
00:52:04 nos effectifs qui tournent et qui font
00:52:06 la surveillance sur la voie publique
00:52:08 ne sont pas équipés au niveau armement
00:52:10 des armes qui peuvent lutter,
00:52:12 ou qui peuvent concurrencer ces armes de guerre.
00:52:14 Et ils n'ont pas aussi, évidemment,
00:52:16 les casques et les gilets pare-balles lourds.
00:52:18 Les gilets pare-balles lourds, ils en ont,
00:52:20 mais les casques, ils n'en ont pas.
00:52:22 Il y avait très peu d'effectifs
00:52:24 qui étaient équipés pour lutter,
00:52:26 puisqu'on avait une seule BAC
00:52:28 à trois effectifs sur le secteur
00:52:30 à ce moment-là.
00:52:32 Donc, évidemment, il a été décidé,
00:52:34 et je pense qu'il était mieux comme ça,
00:52:36 de ne pas intervenir tout de suite,
00:52:38 d'attendre le RAID et le PSIG sur place.
00:52:40 C'est vrai que ça a pris un certain temps.
00:52:42 Si on avait pu intervenir, ça aurait été une boucherie.
00:52:44 On n'aurait pas réglé le problème.
00:52:46 On aurait sans doute eu beaucoup plus de blessés, voire des morts.
00:52:48 Ce que vous dites est très important.
00:52:50 Je vous remercie, David Leveau.
00:52:52 Mais vraiment, même si c'est votre mission,
00:52:54 moi je salue et on salue tous le courage des forces de l'ordre.
00:52:56 Des fois, on se rend compte, parce qu'on se rend sur une scène de guerre.
00:52:58 Vous l'avez dit, ce n'est pas le même équipement.
00:53:02 Donc, on comprend parfaitement.
00:53:04 On relayait simplement, c'est vrai, des interrogations
00:53:06 afin que vous puissiez être clair.
00:53:08 Et maintenant, la CRS, comme d'habitude,
00:53:10 a été déployée.
00:53:12 Elle va rentrer quelques jours plus tard.
00:53:14 Pour vous, j'allais dire,
00:53:16 et avec ces scènes-là,
00:53:18 est-ce que c'est encore de l'ordre des policiers ?
00:53:20 Malgré votre travail, votre implication
00:53:22 et vos convictions, évidemment,
00:53:24 est-ce que c'est encore à votre niveau ?
00:53:26 Écoutez, si c'était plus à notre niveau,
00:53:28 je pense qu'on changerait de métier
00:53:30 ou on ferait autre chose.
00:53:32 On est rentré dans la police parce qu'on est policier,
00:53:34 on est républicain et qu'on aime la démocratie
00:53:36 et la sécurité sur notre territoire.
00:53:38 Aujourd'hui, si la police se désengage
00:53:40 par rapport à la violence qu'il y a sur le territoire,
00:53:42 on l'avait déjà dit depuis quelques temps,
00:53:44 on sentait monter, puisque vous l'avez bien compris,
00:53:46 c'est une guerre des territoires
00:53:48 avec des manes financières qui sont énormes.
00:53:50 Et aujourd'hui, on a des bandes qui s'affrontent.
00:53:52 Des bandes qui s'affrontent.
00:53:54 Et voilà. Donc non, on ne va pas désengager.
00:53:56 La problématique qu'on a à Rennes, c'est qu'on a un manque
00:53:58 d'effectifs criants. Il nous faudrait une soixante-dix
00:54:00 effectifs supplémentaires sur la voie publique
00:54:02 et une trentaine d'enquêteurs. Parce qu'encore une fois,
00:54:04 le problème, il est toujours pris à l'envers.
00:54:06 En 1982, c'est très bien, mais nos collègues,
00:54:08 tous les jours, ils les harcèlent sur les points de deal.
00:54:10 Il y a environ quatorze points de deal sur le Blône.
00:54:12 Tous les jours, ils sont harcelés. On arrive à en démanteler
00:54:14 certains. Mais le problème, c'est que
00:54:16 ça revient toujours en force, ça revient
00:54:18 en puissance. Et là, forcément,
00:54:20 une heure de tir de Kalachnikov,
00:54:22 on nous parle de Marseille, on nous parle de Nantes,
00:54:24 on fait des comparaisons. Alors c'est quand même triste de comparer
00:54:26 des situations aussi
00:54:28 critiques sur notre sol. Mais c'est
00:54:30 la réalité. Aujourd'hui, à Rennes, il faut
00:54:32 prendre conscience qu'on n'est plus
00:54:34 la petite ville ou la ville que les gens ont connue.
00:54:36 Et les gens du quartier l'ont bien
00:54:38 compris. Aujourd'hui, il nous faut des renforts rapidement.
00:54:40 Il faut qu'on réinvestisse le terrain.
00:54:42 Il faut qu'il y ait une réponse pénale adaptée, forte,
00:54:44 puissante, pour que ces individus
00:54:46 se sentent vraiment inquiétés. Et pour qu'on puisse
00:54:48 reprendre le terrain petit à petit, et qu'il sera,
00:54:50 à mon avis, fait. Il ne faut pas rêver, ça ne sera
00:54:52 pas fait en six mois. Il faudra des années pour
00:54:54 reconquérir le terrain, mais il faut vraiment que les
00:54:56 pouvoirs publics nous donnent aussi les moyens de travailler.
00:54:58 Et je salue le courage de mes collègues, tous les jours,
00:55:00 qui continuent à œuvrer, même
00:55:02 si parfois on interpelle, on interpelle, c'est relâché,
00:55:04 c'est relâché. Et voilà, donc,
00:55:06 c'est un serpent qui se mord la queue.
00:55:08 Et malheureusement, nos collègues
00:55:10 le constatent, mais ils continuent à travailler.
00:55:12 C'est vrai que dans les sensations des policiers,
00:55:14 il y a une perte du sens du métier,
00:55:16 une perte du sens de la mission police.
00:55:18 Mais on continue à œuvrer,
00:55:20 et on ne lâchera pas, parce qu'il y a tous ces gens
00:55:22 qui méritent le soutien de la police, qui méritent
00:55:24 d'être sécurisés, qui méritent la sécurité.
00:55:26 Donc, voilà. Donc, nous, on est investis à fond.
00:55:28 On continuera à investir, mais je le dis, je le répète,
00:55:30 il faut de la formation pour les policiers, parce qu'on n'est
00:55:32 pas formés à ce genre d'événements.
00:55:34 C'est la guerre. La Kalachnikov,
00:55:36 c'est une arme de guerre, c'est une arme qui a
00:55:38 servi sur tous les territoires de guerre
00:55:40 des ex-pays de l'Est.
00:55:42 Voilà, donc, aujourd'hui,
00:55:44 il faut lutter, mais on doit armer
00:55:46 les policiers de manière nécessaire.
00:55:48 Il faut qu'ils aient des casques lourds, il faut qu'ils aient
00:55:50 du matériel pour pouvoir lutter contre ces individus
00:55:52 qui sont armés avec des armes de guerre.
00:55:54 Donc, voilà. Donc, on demande tout ça.
00:55:58 David, le vous, restez avec nous.
00:56:00 Je ne sais pas si... Alors, on va
00:56:02 récupérer la liaison, c'est très important.
00:56:04 Ce qui est dit, simplement, vraiment,
00:56:06 puisque parfois, les actualités s'entrechoquent
00:56:08 entre ce qu'on a vécu, enfin,
00:56:10 ce qui a été dit comme slogan le 8 mars
00:56:12 contre les policiers. Vraiment,
00:56:14 c'est une honte. Et quand on voit
00:56:16 qu'ils doivent intervenir pour protéger la vie
00:56:18 dans des quartiers, j'allais dire, dans des villes
00:56:20 qu'on a connues, qu'on connaît,
00:56:22 je veux dire, c'est une honte
00:56:24 de dire qu'il faut tuer des flics,
00:56:26 qu'il faut les brûler quand on voit
00:56:28 ce qu'ils risquent de leur vivre.
00:56:30 Et il faut espérer que cette fois,
00:56:32 la justice sera assez sévère.
00:56:34 Parce que rappelez-vous, cette infirmière
00:56:36 qui, c'était en 2020,
00:56:38 pendant une manif de soignants
00:56:40 qui avait balancé des pavés
00:56:42 sur les forces de police,
00:56:44 qui avait expliqué, sur des policiers aussi,
00:56:46 qui avait expliqué, ensuite,
00:56:48 c'est parce qu'elle n'en pouvait plus
00:56:50 pour ces malades.
00:56:52 Le parquet, qui, deux mois avec sursis,
00:56:54 elle avait eu une amende
00:56:56 avec sursis. Et elle est aujourd'hui
00:56:58 la suppléante de la députée
00:57:00 insoumise Mathilde Panot.
00:57:02 - Ça c'est sans surprise, malheureusement.
00:57:04 - Vous avez entendu ce qui a été dit ?
00:57:06 - Oui, mais c'est ça. - David, je vous remercie
00:57:08 d'être à Le Vau, d'être avec nous
00:57:10 pour ce débat. - Ce qui a été dit
00:57:12 est terrifiant, parce qu'aujourd'hui,
00:57:14 ces trafiquants de drogue
00:57:16 sont beaucoup plus armés
00:57:18 que notre police.
00:57:20 C'est des armes de guerre. Et en face,
00:57:22 il y a des policiers qui ne pouvaient pas
00:57:24 intervenir parce qu'ils n'étaient pas équipés.
00:57:26 Est-ce que vous vous rendez compte, aujourd'hui ?
00:57:28 Donc on voit bien qu'aujourd'hui, malgré
00:57:30 toute la bonne volonté de nos policiers qui risquent,
00:57:32 il faut le redire, leur vie
00:57:34 pour nous protéger, malgré
00:57:36 toute leur volonté, ils ne peuvent pas
00:57:38 faire face à une armée,
00:57:40 en fait, à une armée de trafiquants.
00:57:42 C'est ça, la triste réalité.
00:57:44 Et on voit bien qu'aujourd'hui... - Attendez,
00:57:46 donc on va équiper nos policiers
00:57:48 comme nos militaires ? - Samia Ghali,
00:57:50 rappelez-vous ce qu'elle a dit ?
00:57:52 Elle a dit qu'il faut que l'armée intervienne.
00:57:54 Si on a une armée,
00:57:56 dans ces quartiers, Sonia,
00:57:58 si on a une armée dans ces quartiers,
00:58:00 si ces personnes-là sont équipées
00:58:02 avec des kalachnikovs, avec des casques,
00:58:04 avec tout ce qu'on a dit, certains ont des grenades...
00:58:06 Non mais...
00:58:08 - Mais monsieur Lebeau, attendez,
00:58:10 chers amis, je voudrais faire réagir
00:58:12 David Lebeau parce que
00:58:14 quand on interroge les militaires, et tous les militaires,
00:58:16 on dit "ce n'est pas notre métier".
00:58:18 - Et ils ne sont pas formés pour.
00:58:20 - Mais la situation évoluant de cette manière-là,
00:58:22 comment vous réagissez, David Lebeau ?
00:58:24 Parce que si vous êtes équipés
00:58:26 comme des militaires,
00:58:28 à quoi va-t-on assister sur notre sol ?
00:58:32 - Non mais Sonia Mabrouk,
00:58:34 c'est pas une question de militaires.
00:58:36 Vous vous rendez compte ? L'aveu d'échec,
00:58:38 si aujourd'hui on devait mettre l'armée dans les cités,
00:58:40 l'aveu d'échec sécuritaire,
00:58:42 c'est terrible pour les policiers.
00:58:44 Ça veut dire que finalement, la police
00:58:46 ne serait plus en capacité d'assurer la sécurité
00:58:48 de nos concitoyens. Je ne sais pas si les gens
00:58:50 se rendent compte un petit peu de ce que vivent nos collègues.
00:58:52 Parce que là, vous parlez, on parle beaucoup
00:58:54 des policiers qui sont intervenus, le courage.
00:58:56 Moi j'étais avec eux ce matin au Blône,
00:58:58 ils sont marqués psychologiquement.
00:59:00 Et ce matin, ils ont fait une interpellation
00:59:02 avec un gars encore avec 15 cocottes
00:59:04 sur lui de cocaïne, mais ils continuent
00:59:06 à œuvrer. Mais quand je parle d'armement,
00:59:08 Madame Mabrouk, c'est qu'il existe l'armement.
00:59:11 On a le HKG36,
00:59:13 qui est une arme qui peut concurrencer,
00:59:15 qui sert, c'était une arme lourde,
00:59:17 qui a servi d'ailleurs dans les interventions
00:59:19 après le Bataclan, etc. On a l'armement.
00:59:21 Simplement, aujourd'hui, il est réservé
00:59:23 à des unités spécialisées. C'est ça le truc.
00:59:25 C'est pas de dire qu'on n'a pas d'armement,
00:59:27 on a de l'armement. Les policiers savent s'en servir,
00:59:29 mais il faut les former tous.
00:59:31 Aujourd'hui, il n'y a pas d'exception,
00:59:33 il faut tous les former.
00:59:35 - J'entends votre colère,
00:59:37 à chaque fois, on l'entend,
00:59:39 mais là j'ai l'impression que vous passez un cap.
00:59:41 À chaque fois, il y a un cap, mais véritablement,
00:59:43 il y a de la colère et de l'émotion,
00:59:45 certainement, par rapport à vos collègues,
00:59:47 que vous avez décrits ce matin.
00:59:49 - Bien sûr, comment on ne peut pas avoir
00:59:51 d'émotion ? Les policiers, ce sont
00:59:53 des êtres humains, je le répète à chaque fois,
00:59:55 des hommes et des femmes. Ils ont des enfants,
00:59:57 ils vivent ça dans leur trip.
00:59:59 Le matin, ils partent, vous vous rendez compte,
01:00:01 ils vont sur des points de deal, ils continuent à oeuvrer,
01:00:03 alors qu'ils savent pertinemment que la réponse pénale
01:00:05 n'est pas adaptée. Ils savent que les gars
01:00:07 ne vont pas aller en prison, mais ils continuent à y aller.
01:00:09 Parce que c'est comme ça, et qu'on a envie
01:00:11 d'une société où il n'y a pas du trafic
01:00:13 de stupéfiants dans toutes les rues,
01:00:15 où on peut se balader, nous, nos enfants,
01:00:17 où les femmes peuvent se balader tranquillement
01:00:19 dans le métro. C'est ça, la réalité du policier
01:00:21 de tous les jours.
01:00:23 Et je l'ai dit, il y a un manque, une perte de sens
01:00:25 de la mission, c'est parce que tous nos politiques
01:00:27 qui sont passés, et je ne les cite pas un,
01:00:29 je ne fais pas de politique, mais tous ceux qui sont
01:00:31 passés, ils ont laissé gangréner,
01:00:33 ils ont laissé se propager
01:00:35 ce pléau de la drogue
01:00:37 et de la délinquance, et aujourd'hui,
01:00:39 on en arrive à des situations comme ça.
01:00:41 Alors moi, je ne veux pas être défaitiste, parce que si aujourd'hui, je vous dis qu'on ne peut plus
01:00:43 rien faire, et bien, sincèrement, il faut
01:00:45 rentrer chez moi et puis je fais autre chose, je vais faire
01:00:47 chauffeur routier, ou je ne sais pas, et je n'ai rien contre les chauffeurs routiers,
01:00:49 c'est certainement très dur. Mais voilà, donc,
01:00:51 il faut continuer à lutter, mais il faut donner
01:00:53 les moyens aux policiers. C'est vrai que j'en ai un peu
01:00:55 marre, un peu marre de me répéter à chaque fois
01:00:57 que je passe sur les plateaux, de dire la même chose.
01:00:59 Il faut, il faut, il faudra, il faudra.
01:01:01 Non, et là, il faut du courage. Et ça, le courage, c'est pas moi
01:01:03 qui peux le donner à ceux qui sont à la tête du pays. Il faut vraiment avoir le courage de le faire.
01:01:07 Maintenant, il y a une lutte qui est faite. Oui, on harcèle
01:01:09 les points de deal, mais quand vous harcèlez les points
01:01:11 de deal, évidemment, ils se recréent ailleurs, parce que c'est une manne
01:01:13 financière, je l'ai dit, qui est énorme. On a des jeunes
01:01:15 qui, rien qu'en sifflant, gagnent 100 euros
01:01:17 par jour. Des gars qui gagnent
01:01:19 12 000 euros par jour, rien qu'en vendant du stupéfiant.
01:01:21 Pour lutter contre ça, c'est sûr qu'il va
01:01:23 falloir y mettre des moyens très lourds, mais à tous les niveaux,
01:01:25 c'est la chaîne police, justice,
01:01:27 prison, il faut qu'il soit
01:01:29 remis en état de marche,
01:01:31 et qu'il y ait des peines vraiment, des sanctions
01:01:33 très lourdes, et aussi
01:01:35 pour redonner un alent aussi aux policiers
01:01:37 qui, tous les jours, œuvrent et luttent
01:01:39 contre cette délinquance, pour avoir
01:01:41 une société plus propre. Vous avez tout dit,
01:01:43 David Lebault, vous avez dit l'essentiel.
01:01:45 Vous l'avez résumé en un mot, mais malheureusement,
01:01:47 ça ne se décrète pas, c'est le courage.
01:01:49 Et vous, vous en avez, sur le terrain, c'est très
01:01:51 important, parce qu'il y a les policiers,
01:01:53 il y a les familles, il y a les enfants,
01:01:55 il faut penser, évidemment, à tout cela.
01:01:57 Bon courage,
01:01:59 et puis revenez, même à distance,
01:02:01 pour exprimer votre colère, votre émotion.
01:02:03 On essaye, quand même,
01:02:05 de faire avancer les choses.
01:02:07 Naïma M'Padel a évoqué cette audition
01:02:09 au Sénat des magistrats à Marseille
01:02:11 qui ont utilisé les mêmes mots que vous.
01:02:13 Donc c'est important que, maintenant, toute la chaîne
01:02:15 soit consciente de tout cela. On va continuer
01:02:17 à en parler. Tout d'abord, les titres avec vous,
01:02:19 cher Michael, et la suite de notre débat.
01:02:21 Un automobiliste a tué un riverain
01:02:23 cette nuit à Argenteuil. Ce dernier était
01:02:25 descendu pour cause de bruit et lui avait
01:02:27 approché de faire crisser les pneus de son véhicule.
01:02:29 Le conducteur, auteur du tir mortel,
01:02:31 est toujours activement recherché.
01:02:33 Un pas de plus vers l'autonomie des élus
01:02:35 Corse et le gouvernement se sont mis d'accord
01:02:37 cette nuit sur un projet de texte qui prévoit
01:02:39 de reconnaître un nouveau statut pour la Corse.
01:02:41 En clair, les lois votées à Paris
01:02:43 pourront être adaptées à Lille.
01:02:45 Et puis, Ariel Henry renonce.
01:02:47 Le Premier ministre haïtien a remis sa démission,
01:02:49 très contesté par une partie de la population.
01:02:51 Il était au centre d'une vague de violence
01:02:53 initiée par des gangs, des violences
01:02:55 qui ont secoué le pays depuis plusieurs jours.
01:02:57 - Alors, je vous voyais très attentif
01:03:01 au propos de David Leveau.
01:03:03 Comment vous réagissez ?
01:03:05 - D'abord, je suis impressionné par la lucidité
01:03:07 et la clarté de son propos, donc bravo.
01:03:09 Et puis, je voulais simplement faire remarquer
01:03:11 le décalage entre la réalité policière
01:03:13 et la perception idéologique que Mme la maire de Rennes,
01:03:15 Nathalie Aperet, a.
01:03:17 Parce que, elle, elle a été très attaquée
01:03:19 et très critiquée pour avoir participé
01:03:21 à une conférence, tenez-vous bien,
01:03:23 dont l'intitulé était
01:03:25 "La police tue".
01:03:27 Quand on en est à ce niveau de déconnexion
01:03:29 avec le réel, je pense que ça mérite d'être souligné.
01:03:31 - C'est pour ça que c'est pas
01:03:33 simplement une question de courage,
01:03:35 c'est une question d'idéologie.
01:03:37 - Bien sûr.
01:03:39 - Et on est totalement dans l'idéologie dans ce domaine.
01:03:41 Ce que disait notre ami policier David Leveau,
01:03:43 c'est très juste, le HK G36,
01:03:45 c'est une arme de guerre,
01:03:47 c'est du calibre autant,
01:03:49 exactement comme le FAMAS ou le HK 416,
01:03:51 c'est l'arme dont ils ont besoin pour être,
01:03:53 vous me passerez l'expression, c'est pas un jeu de mots,
01:03:55 "armes égales" face à des gens qui ont des kalachnikovs.
01:03:57 - Ce qu'a dit ce policier,
01:03:59 alors on a souvent des responsables
01:04:01 syndicaux, policiers,
01:04:03 mais je trouve que là, il a réussi
01:04:05 à résumer avec colère, contenu
01:04:07 et émotion, à fleur de peau,
01:04:09 ce qu'il vit, parce que c'était très important
01:04:11 ce qu'il a dit ce matin, il a retrouvé les collègues
01:04:13 qui sont intervenus lors de cette fusillade,
01:04:15 traumatisés, imaginez
01:04:17 si des forces de l'ordre se sont traumatisées, d'abord
01:04:19 imaginez les habitants, les riverains,
01:04:21 - Exact, et puis la limite du subir,
01:04:23 - Ils ont dû subir sans langue de bois, et sans langue de bois,
01:04:25 il a établi la réalité...
01:04:27 - Mais on n'écoute pas les personnes qui savent, pardonnez-moi.
01:04:29 - Il sonnait dans ce pays,
01:04:31 dans plusieurs poissons aussi,
01:04:33 Sonia. - Même quand on n'écoute pas,
01:04:35 on ne peut pas ne pas entendre.
01:04:37 Tous les acteurs disent
01:04:39 "chaîne pénale", c'est la chaîne pénale
01:04:41 qu'il ne va pas, il n'y a pas de sanctions,
01:04:43 il n'y a pas de sanctions à hauteur
01:04:45 des délits et des crimes commis,
01:04:47 sur quel taux il faut le hurler
01:04:49 pour que l'exécutif l'entende.
01:04:51 - Vous avez dit le mot
01:04:53 "idéologie", je ne dis pas "tous les magistrats"
01:04:55 et jamais je n'essentialise,
01:04:57 mais si tous ressemblaient à ceux qui ont été auditionnés
01:04:59 au Sénat et qui ont conscience,
01:05:01 président du tribunal de Marseille,
01:05:03 vice-président également avec des mots,
01:05:05 et d'ailleurs, ils ont été très courageux d'être auditionnés,
01:05:07 enfin, c'était à visage public,
01:05:09 avec les mots qu'ils ont utilisés quand même,
01:05:11 pour décrire ce qui se passe à Marseille.
01:05:13 Pardonnez-moi, dans notre pays,
01:05:15 des élus ont été...
01:05:17 - Les juges ne font pas la loi,
01:05:19 ce n'est pas les juges qui font le copte-pédale
01:05:21 pour les mineurs,
01:05:23 qui actuellement, et c'est encore pire
01:05:25 depuis Nicole Belloubet,
01:05:27 relayée par Éric Dupond-Moretti,
01:05:29 vous savez, avec cette histoire de césure,
01:05:31 c'est-à-dire que le mineur
01:05:33 qui commet un crime ou un délit,
01:05:35 d'abord il est reconnu coupable,
01:05:37 et ensuite on lui donne une période
01:05:39 de 6 à 9 mois
01:05:41 pour s'amender,
01:05:43 et là il saura s'il en court ou non
01:05:45 une peine de prison, quelle peine de prison.
01:05:47 - C'est pire parce qu'en plus on éloigne
01:05:49 l'acte de la punition.
01:05:51 - Donc on renforce le sentiment d'irréalité
01:05:53 de la punition, d'impunité.
01:05:55 - Alors, beaucoup de sujets, dans quelques instants,
01:05:57 restez avec nous.
01:05:59 On parle, il me semble-t-il,
01:06:01 de sujets très importants, il y en a un que je trouve majeur,
01:06:03 la dette.
01:06:05 Est-ce qu'on a déjà perdu notre souveraineté,
01:06:07 en réalité, sur beaucoup de sujets,
01:06:09 mais alors sur la dette, puisqu'on peut beaucoup parler,
01:06:11 on n'a plus les moyens. Alors ça s'appelle un lancement,
01:06:13 c'est pour la suite.
01:06:15 - Le sujet est tellement passionnant
01:06:17 qu'on a l'impression qu'il y a un ressort sur le ciel.
01:06:19 - Je poserai la question à l'excellent
01:06:21 économiste Nicolas Bouzou,
01:06:23 la civilisation de la peur.
01:06:25 Est-ce qu'on nous fait peur en parlant d'une dette abyssale ?
01:06:27 Pas vraiment, elle est vraiment abyssale.
01:06:29 Mais comme on nous fait peur sur tout,
01:06:31 on lui posera la question. Mais tout d'abord,
01:06:33 est-ce qu'on nous fait peur
01:06:35 sur la guerre ?
01:06:37 Elle est là, la guerre,
01:06:39 au confins de l'Europe. Parce que quand on nous dit
01:06:41 sur notre sol, elle est au confins de l'Europe.
01:06:43 La géographie, ça existe quand même.
01:06:45 Ce n'est pas au cœur de l'Europe, l'Ukraine.
01:06:47 Nous sommes d'accord. A moins que ça ait changé.
01:06:49 - Vous savez, avec la majorité actuelle,
01:06:51 pour le président de la République, la Guyane était unie
01:06:53 il n'y a pas si longtemps que ça. Donc on peut peut-être considérer
01:06:55 que l'Ukraine est au centre de l'Europe.
01:06:57 - Jordan Bardella, RN,
01:06:59 quelle position ? Ils vont s'abstenir tout à l'heure
01:07:01 sur le vote en quelques mots. C'est un vote sur
01:07:03 l'accord bilatéral de sécurité
01:07:05 entre la France et l'Ukraine. Dans cet accord,
01:07:07 il y a une dette de 3 milliards d'euros à l'Ukraine.
01:07:09 Il y a aussi le soutien indéfectible
01:07:11 de l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
01:07:13 Bardella dit "je m'abstiens".
01:07:15 La France insoumise dit "je vote contre".
01:07:17 Écoutez le président du RN ce matin.
01:07:21 - Je ne souhaite pas
01:07:23 qu'Emmanuel Macron
01:07:25 dispose d'un blanc-seing.
01:07:27 Par conséquent, le Rassemblement National,
01:07:29 qui encore une fois est favorable
01:07:31 au soutien à l'Ukraine,
01:07:33 mais ne souhaite pas entrer en guerre précisément
01:07:35 avec la Russie. La Russie est une puissance nucléaire.
01:07:37 Je pense que l'escalade
01:07:39 dans laquelle est engagé Emmanuel Macron
01:07:41 est une voie irresponsable, dangereuse,
01:07:43 qui inquiète les Français. Par conséquent,
01:07:45 nous nous abstiendrons sur ce texte à l'Assemblée nationale.
01:07:47 Le Rassemblement National s'abstiendra
01:07:49 pour une raison très simple.
01:07:51 Sur ce texte, dont nous pouvons soutenir le principe,
01:07:53 il y a des lignes rouges.
01:07:55 - Le RN s'abstient. La France insoumise
01:07:57 vote contre. La majorité se prépare
01:07:59 à dégainer ses arguments.
01:08:01 Vous êtes contre, donc vous êtes
01:08:03 poutinophile, poutinolâtre,
01:08:05 ce que vous voulez. On marque une pause et on en parle.
01:08:07 Merci d'être avec nous dans quelques instants.
01:08:15 On évoquera ce qui va se passer tout à l'heure
01:08:17 au Parlement, à l'Assemblée. Vous allez voir,
01:08:19 ça promet d'être vif, les débats autour de ce
01:08:21 vote sur l'aide de la France
01:08:23 à l'Ukraine. On vous a dit que le Rassemblement
01:08:25 National allait s'abstenir. La France insoumise
01:08:27 allait voter contre.
01:08:29 D'ailleurs, en parlant de la guerre,
01:08:31 c'est réel, évidemment, mais est-ce qu'on nous fait
01:08:33 peur avec la guerre, suite
01:08:35 aux propos d'Emmanuel Macron ? Est-ce qu'on est dans
01:08:37 la civilisation de la peur ? Nous allons parler
01:08:39 d'un ouvrage passionnant, tout comme
01:08:41 son auteur, d'ailleurs, Nicolas Bouzou,
01:08:43 "La civilisation de la peur",
01:08:45 aux éditions Ixo. Ixo édition,
01:08:47 bonjour à vous, cher Nicolas.
01:08:49 Cher Nicolas, je vous dis, parce que c'est
01:08:51 un confrère qui travaille
01:08:53 à Europe 1, dont on se croise tous les matins.
01:08:55 - On se croise tous les matins. Quand vous dormez,
01:08:57 quand vous êtes encore au lit. - Exactement.
01:08:59 Vraiment passionnant, on va en parler.
01:09:01 Et malheureusement, je le disais aussi,
01:09:03 on fabrique, on relaie aussi
01:09:05 beaucoup de sujets qui peuvent
01:09:07 nourrir la peur. Vous nous direz ce qui va bien
01:09:09 aussi, est-ce qu'on exagère tout cela ?
01:09:11 Mais tout d'abord, les rappels des titres avec vous,
01:09:13 cher Michael. - La cour des comptes
01:09:15 n'est pas tendre avec le gouvernement.
01:09:17 Il dénonce la mauvaise gestion des
01:09:19 comptes publics. Dans son dernier rapport,
01:09:21 l'institution juge la situation préoccupante,
01:09:23 et même sérieuse. Elle émet des doutes sur
01:09:25 l'objectif de ramener le déficit à 4,4%
01:09:27 du PIB d'ici la fin de l'année.
01:09:29 Un débat houleux aujourd'hui
01:09:31 à l'Assemblée nationale. Un accord signé en février
01:09:33 dernier doit être voté. Accord qui prévoit
01:09:35 entre autres une aide de 3 milliards
01:09:37 d'euros versé à Kiev par Paris. Un sujet
01:09:39 qui relance la polémique après les
01:09:41 récentes déclarations d'Emmanuel Macron.
01:09:43 Et puis, un premier bateau destiné
01:09:45 à livrer de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza
01:09:47 est parti de Chypre. Gaza où seuls
01:09:49 les largages aériens permettent
01:09:51 actuellement aux habitants de survivre.
01:09:53 Une aide jugée néanmoins insuffisante
01:09:55 par les Nations unies.
01:09:57 La peur nous envahit, engendrée par
01:09:59 les conflits, les drames qui secouent le monde,
01:10:01 mais aussi alimentée par les prophètes
01:10:03 de malheur, un marché lucratif
01:10:05 qui nous paralyse. Et pourtant, nous avons
01:10:07 de vraies raisons de croire en
01:10:09 l'avenir et d'espérer. Vous allez détailler tout cela
01:10:11 avec nous, Nicolas Bouzou, dans quelques
01:10:13 instants. Vous allez pouvoir intervenir sur notre débat.
01:10:15 Cela fait référence à votre
01:10:17 ouvrage. Il va être question, cet
01:10:19 après-midi aussi, de peur, de la
01:10:21 guerre sur
01:10:23 notre sol. Mais est-ce qu'on peut faire
01:10:25 cette différence, Judith Vintraud ?
01:10:27 Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui, de manière
01:10:29 lucide et objective, la guerre
01:10:31 elle est sur la terre européenne
01:10:33 mais elle est au confins de l'Europe ?
01:10:35 Oui, on peut, mais
01:10:37 pardon de ramener
01:10:39 votre question à des considérations
01:10:41 tout à fait prosaïques.
01:10:43 La seule raison d'être
01:10:45 de ce débat sans vote ou
01:10:47 débat consultatif organisé à l'Assemblée
01:10:49 sont des raisons de politique
01:10:51 intérieure. Emmanuel Macron veut
01:10:53 profiter de l'occasion
01:10:55 pour se lancer
01:10:57 dans la campagne des européennes indirectement
01:10:59 et montrer aux électeurs
01:11:01 qu'il y a
01:11:03 deux familles politiques,
01:11:05 deux partis politiques, à savoir
01:11:07 le Rassemblement national et la France
01:11:09 insoumise, qui sont en fait
01:11:11 pro-russes, qui sont donc dans
01:11:13 le camp des méchants.
01:11:15 C'est la seule vocation de ce débat.
01:11:17 Sans vouloir faire de juridisme,
01:11:19 normalement, l'article
01:11:21 53 de la Constitution
01:11:23 oblige à un vrai vote, pas
01:11:25 juste une consultation, dès lors
01:11:27 qu'un traité engage
01:11:29 les finances du pays.
01:11:31 3 milliards, ça n'est pas rien.
01:11:33 Comment Emmanuel Macron s'en tient ? Il dit "non, c'est pas
01:11:35 un traité, c'est un accord". Deuxième point,
01:11:37 inclus dans l'accord en question,
01:11:39 la future adhésion de l'Ukraine
01:11:41 à l'Union européenne.
01:11:43 Désormais, il faut que le
01:11:45 peuple soit consulté par référendum
01:11:47 pour qu'un pays adhère,
01:11:49 pour qu'il y ait élargissement de l'Union
01:11:51 européenne. Donc il ne peut pas
01:11:53 se passer
01:11:55 de l'accord de l'Assemblée.
01:11:57 On est vraiment dans une manipe électorale
01:11:59 totale.
01:12:01 On va certainement entendre cet après-midi
01:12:03 des envolées,
01:12:05 des saillies sur la situation qui est réelle,
01:12:07 qui est évidemment de guerre.
01:12:09 Mais est-ce que, Nicolas Bouzou, pour rejoindre
01:12:11 ce que vous dites, en tout cas sur ce sujet,
01:12:13 il n'y a non pas une exagération,
01:12:15 pas du tout, parce qu'il y a des vies humaines
01:12:17 qui sont en jeu, mais une volonté, parfois,
01:12:19 qui nous dit "Regardez, nous sommes en guerre,
01:12:21 d'ailleurs nous sommes en guerre sur tout,
01:12:23 et donc on doit agir".
01:12:25 Je pense que c'est plutôt le président Poutine
01:12:27 qui a bien vu que la peur était un sentiment
01:12:29 qui était très important dans les pays occidentaux,
01:12:31 en particulier en France, et il en joue
01:12:33 quand il évoque l'arme nucléaire.
01:12:35 Je ne suis pas spécialiste de ce sujet-là,
01:12:37 mais j'écoute les spécialistes.
01:12:39 Bruno Tertrais, par exemple,
01:12:41 qui a beaucoup travaillé sur ces sujets,
01:12:43 il dit que derrière ça, ce sont des paroles,
01:12:45 mais il n'y a pas d'acte, rien ne montre
01:12:47 qu'aujourd'hui, la Russie bouge
01:12:49 du point de vue nucléaire. Donc si le président Poutine
01:12:51 évoque la question nucléaire, c'est bien
01:12:53 pour nous terroriser, c'est bien pour nous faire peur,
01:12:55 et d'ailleurs, d'une certaine façon, ça marche.
01:12:57 Ça marche, sauf que,
01:12:59 je trouve, moi, qu'on
01:13:01 réduit un petit peu aussi le courage
01:13:03 de l'Occident, et nous-mêmes, d'ailleurs,
01:13:05 pays occidentaux, je trouve qu'on pratique un peu
01:13:07 l'auto-flagellation, parce que depuis
01:13:09 le début de cette affaire, alors même si l'Ukraine
01:13:11 trouve que ce n'est pas assez, mais enfin, quand même,
01:13:13 la quasi-totalité des pays occidentaux
01:13:15 appliquent les sanctions, la quasi-totalité
01:13:17 des pays occidentaux donnent
01:13:19 de l'argent, prêtent
01:13:21 des armes, augmentent leur production d'armement
01:13:23 pour livrer l'Ukraine,
01:13:25 et au fond, les menaces du
01:13:27 président Poutine font peur, mais enfin,
01:13:29 la réaction de nos pays,
01:13:31 ça a été quand même une réaction qui a été
01:13:33 assez vive, et, si on veut,
01:13:35 pour preuve, qu'on a beau dire
01:13:37 "la Russie, ils sont très forts", etc.,
01:13:39 enfin, ça fait deux ans que le conflit a commencé,
01:13:41 ils sont quand même restés bloqués à la frontière.
01:13:43 Je suis d'accord, mais est-ce que l'économie russe
01:13:45 est à terre, comme l'a dit le ministre de l'Économie.
01:13:47 C'est ça aussi la promesse des sanctions.
01:13:49 L'économie russe n'est pas à terre,
01:13:51 mais la nôtre non plus. C'est-à-dire
01:13:53 que ce que j'entends, la petite musique...
01:13:55 Oui, mais nous, nous n'avons pas de sanctions.
01:13:57 Non, mais la petite musique que j'entends souvent, et qui est venue
01:13:59 y compris de Russie, consiste à dire
01:14:01 les sanctions ont plus d'impact
01:14:03 sur ceux qui les pratiquent
01:14:05 que sur ceux qui en sont destinataires.
01:14:07 C'est faux. Je pense que
01:14:09 l'économie russe, il faut regarder les choses dans le détail.
01:14:11 Il y a de la croissance en Russie, parce qu'il y a
01:14:13 des dépenses militaires qui sont absolument colossales,
01:14:15 que ça participe de la réindustrialisation
01:14:17 du pays. Et d'ailleurs... Il y a des investissements chinois...
01:14:19 Et le pays,
01:14:21 c'est la géographie économique
01:14:23 du pays, c'est évidemment
01:14:25 tourné depuis les sanctions, vous avez tout à fait raison,
01:14:27 vers l'Asie et vers la Chine,
01:14:29 en termes d'investissement, mais aussi d'ailleurs en termes
01:14:31 d'exportation, d'importation, tout simplement,
01:14:33 de commerce international. Donc tout ceci
01:14:35 est vrai. Mais vous voyez, là encore,
01:14:37 quelque chose que j'entends souvent,
01:14:39 je le disais, c'est
01:14:41 l'économie russe ne s'est pas effondrée,
01:14:43 donc ce qui est vrai, mais les nôtres se sont effondrées.
01:14:45 Non. Les économies européennes
01:14:47 ne vont pas très bien, mais enfin, ça ne date pas du
01:14:49 conflit, mais l'économie américaine,
01:14:51 si vous considérez tout ce débat sur l'Occident,
01:14:53 la fin de l'Occident, je regarde les chiffres
01:14:55 de l'économie américaine, la réindustrialisation
01:14:57 incroyablement rapide de l'économie américaine,
01:14:59 l'effondrement de l'Occident,
01:15:01 je ne le vois pas dans les chiffres.
01:15:03 Mais dans tous les livres qui sortent,
01:15:05 la plupart, ce n'est pas originel depuis des années,
01:15:07 c'est la fin de l'Occident, pour reprendre le livre
01:15:09 de Todd, donc vous nous direz en quoi ce n'est pas
01:15:11 la fin et pourquoi la civilisation
01:15:13 de la peur, la peur nous inhibe.
01:15:15 J'ai une question directe sur le débat
01:15:17 qu'il va y avoir. Mettons de côté un instant
01:15:19 le RN et l'FI. Est-ce que dans ce
01:15:21 pays, si on
01:15:23 imagine, comment dire,
01:15:25 une sortie de la guerre, est-ce que c'est
01:15:27 être poutinolâtre ?
01:15:29 Est-ce que Hubert Védrine est poutinolâtre ?
01:15:31 Est-ce que Dominique de Villepin l'est ?
01:15:33 Est-ce que toute la classe politique
01:15:35 qui essaye d'imaginer un autre scénario l'est ?
01:15:37 Je vais reprendre mes propos tout à l'heure.
01:15:39 Il parle comme les néoconservateurs américains.
01:15:41 Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous.
01:15:43 Renaissance, je vous dis, c'est devenu George Bush
01:15:45 2003, ni plus ni moins.
01:15:47 Fabien Roussel nous a dit la même chose dimanche.
01:15:49 Comme disait Audiard,
01:15:51 quand les hommes de 120 kilos
01:15:53 adressent la parole à ceux de 40, ceux de 40 kilos
01:15:55 ont une sérieuse tendance à les écouter.
01:15:57 En alarme nucléaire aussi.
01:15:59 Oui, alors, oui, non, non, mais dans ce cas-là,
01:16:01 si on veut faire la guerre nucléaire, on peut alors
01:16:03 rayer 300 villes de la carte, mais nous, ils nous vitrifient
01:16:05 avec un seul missile, avec un seul SS-18,
01:16:07 ils nous rayent nos 10 ou 12 principales villes
01:16:09 selon comment le SS-18, qui est le plus gros
01:16:11 missile russe, est équipé. D'accord ?
01:16:13 Mais je tiens quand même à dire une chose.
01:16:15 Aujourd'hui, l'armée française, c'est quoi ?
01:16:17 C'est 200 000 personnes, toutes mouillées,
01:16:19 60 000 pour les unités combattantes.
01:16:21 60 000 pour les unités combattantes, ça peut tenir
01:16:23 un front de 80 kilomètres pendant
01:16:25 à peu près 5 jours, mais non réserve de munitions.
01:16:27 Alors je vous pose la question, si les charrues
01:16:29 s'arrivent, on peut défendre de Strasbourg à Colmar,
01:16:31 mais par contre, Portionville, ce sera
01:16:33 entrée libre. Sur les munitions, c'est vrai.
01:16:35 Avant de rouler les mécaniques, il faudrait peut-être être capable
01:16:37 déjà de doter notre armée des armes
01:16:39 dont elle a besoin. Vous avez raison, sur les munitions,
01:16:41 et c'est des commissions d'enquête sénatariales
01:16:43 qui disent "mais nous restons, l'armée française,
01:16:45 je salue nos hommes,
01:16:47 une force de projection incroyable,
01:16:49 on a été les seuls au Mali à pouvoir se projeter
01:16:51 à ce moment-là quand il n'y avait pas..."
01:16:53 Oui, mais faire la guerre à quelques milliers
01:16:55 de djihadistes, et Dieu sait si j'aime notre armée,
01:16:57 faire la guerre à quelques milliers de djihadistes
01:16:59 qui roulent sur des pick-up, c'est facile, face à
01:17:01 3 ou 4 000 charrues, c'est quand même une autre histoire.
01:17:03 Alors, Nicolas, est-ce que ça c'est de la lucidité
01:17:05 ou c'est une forme, justement,
01:17:07 on s'inhibe nous-mêmes et on se met
01:17:09 un petit peu de cendres sur la tête ?
01:17:11 Je trouve que le diagnostic de Fidelida
01:17:13 est un peu sévère.
01:17:15 Ah bah non, c'est les chiffres exacts.
01:17:17 Oui, mais sauf que l'armée russe, je le rappelle,
01:17:19 devait prendre Kiev en deux jours. Elle est toujours pas à Kiev,
01:17:21 et donc elle est assez loin de la frontière
01:17:23 française, vous voyez.
01:17:25 Donc, quant à notre armée, ce que vous dites
01:17:27 est évidemment tout à fait juste, vous avez tout à fait raison.
01:17:29 On augmente nos dépenses militaires,
01:17:31 mais à des niveaux, à mon avis, qui sont
01:17:33 beaucoup trop faibles par rapport à ce que nous devrions faire
01:17:35 pour nous protéger, parce que là, je ne veux pas
01:17:37 vous donner tous les chiffres, c'est très embêtant, mais là, on va
01:17:39 vers 2% du PIB, ce qui est demandé par l'OTAN,
01:17:41 mais en fait, c'est demandé par l'OTAN, on n'y est pas tout à fait,
01:17:43 surtout c'est demandé par l'OTAN en temps de paix.
01:17:45 Donc, il faudrait, en réalité, qu'on soit
01:17:47 à 3-4% du PIB,
01:17:49 pour vous donner des ordres de grandeur, la Russie est à 6% du PIB,
01:17:51 et pendant la Deuxième Guerre mondiale,
01:17:53 ce qui n'est évidemment pas souhaitable,
01:17:55 je dis juste le chiffre pour qu'on l'ait en tête,
01:17:57 on était quasiment, la France à
01:17:59 45% du PIB, les Etats-Unis à plus
01:18:01 de 50% du PIB. Donc,
01:18:03 nous ne sommes, quand on dit, on est en
01:18:05 économie de guerre, alors ça, c'est la lucidité, c'est pas une
01:18:07 question de peur. C'est faux.
01:18:09 C'est un mensonge, là. Nous ne sommes
01:18:11 pas du tout en économie de guerre, on n'est pas
01:18:13 au niveau où on devrait être,
01:18:15 en économie de paix, pour se protéger.
01:18:17 Donc, ça, je partage.
01:18:19 Mais en revanche, ce que je dis aussi,
01:18:21 mon idée, en ce moment,
01:18:23 c'est de dire, rien ne nous empêche
01:18:25 de monter, de rouvrir des
01:18:27 lignes de production pour faire des chars, d'être meilleur
01:18:29 dans les drones, on est très bon dans les avions, pour le coup, là, on a
01:18:31 un point fort. Faire des munitions,
01:18:33 c'est un problème de réindustrialisation, etc.
01:18:35 Donc, on ne va pas le faire en 4 jours.
01:18:37 - Mais, il y a 7 ans
01:18:39 qu'il est élu, quand même, je suis désolé de le rappeler.
01:18:41 - Non, non, non, mais c'est tout
01:18:43 à fait dans nos cordes, et il faut
01:18:45 le faire, et moi, je suis désolé,
01:18:47 je suis français, et quand un président
01:18:49 étranger menace
01:18:51 mon pays, même de façon voilée,
01:18:53 quand le vice-président ou l'ancien
01:18:55 président, comme l'a fait Dimitri Medvedev,
01:18:57 hier, sort des choses hors
01:18:59 du rire, qui... - Je vois que vous avez
01:19:01 réagi. Alors, je dis
01:19:03 aux téléspectateurs, mais c'est vraiment indigne,
01:19:05 donc c'est Dimitri Medvedev qui dit
01:19:07 "Macron s'apprête à se rendre à Kiev, mais c'est un
01:19:09 trouillard zoologique". Bon,
01:19:11 on ne peut pas continuer. Vous, vous avez réagi de manière...
01:19:13 - Enfin, on peut dire aussi que le président Erdogan
01:19:15 a eu ce même genre d'amabilité,
01:19:17 on peut dire que le président Erdogan a eu ce même
01:19:19 genre d'amabilité à l'endroit d'Emmanuel
01:19:21 Macron dans un autre... Non, mais,
01:19:23 pour rebondir sur votre conversation,
01:19:25 c'est bien pour ça qu'il ne faut surtout pas
01:19:27 rouler des mécaniques et commencer
01:19:29 à menacer, d'envoyer une troupe au sol
01:19:31 en Russie. Il faut commencer
01:19:33 par rentrer en économie de guerre
01:19:35 pour être un peu crédible, sinon
01:19:37 ça ne marche pas. - Tout le monde est d'accord.
01:19:39 - Cette rodemontade, ça reste une rodemontade.
01:19:41 - Ce qui nous fait peur, Nicolas,
01:19:43 ce sont des coups de menton, alors que
01:19:45 derrière, on est pas en capacité.
01:19:47 - C'est qu'en fait, l'armée française, elle tient
01:19:49 dans le stade de France, ça, la réalité.
01:19:51 - C'est ça. Au final, elle tient dans le stade de France.
01:19:53 - D'où l'importance de faire
01:19:55 ce que disait le cardinal de Bernice,
01:19:57 c'est-à-dire ne pas sortir de l'ambiguïté.
01:19:59 Le problème des
01:20:01 dernières déclarations
01:20:03 d'Emmanuel Macron, je parle
01:20:05 vis-à-vis des alliés, pas vis-à-vis
01:20:07 de l'Assemblée nationale, c'est que
01:20:09 sous prétexte d'ambiguïté
01:20:11 stratégique, il fait exactement le
01:20:13 contraire. Les Allemands,
01:20:15 les Etats-Unis,
01:20:17 tout le monde, la Grande-Bretagne,
01:20:19 à dire "mais nous, voilà nos lignes
01:20:21 rouges, voilà, là, on n'ira pas".
01:20:23 C'est le contraire de l'ambiguïté.
01:20:25 - Mais écoutez ce qui s'est dit la semaine dernière, en 24 heures.
01:20:27 Emmanuel Macron et
01:20:29 Sylvain Maillard
01:20:31 disent "pas de limite" dans l'aide française à l'Ukraine,
01:20:33 mais le ministre de la Défense,
01:20:35 Sébastien Lecornu et tous les autres disent
01:20:37 "pas de limite, mais pas de trompe au sol".
01:20:39 - Pardonnez-moi, il est en train de...
01:20:41 enfin, je veux dire,
01:20:43 il "répare" ce qui a été dit.
01:20:45 Tout le monde a compris. Le problème, c'est que ça
01:20:47 nous engage auprès de nos
01:20:49 alliés. - Absolument. - Et ça nous discrédite.
01:20:51 - Et ça nous isole et ça nous discrédite.
01:20:53 - La civilisation de la peur.
01:20:55 Ixo édition. Alors, il y a
01:20:57 beaucoup... Vraiment, je vous remercie parce que
01:20:59 ça va à l'encontre parfois de ce qu'on pense,
01:21:01 c'est toujours bien de penser contre soi, c'est comme ça
01:21:03 qu'on évolue. Vous dites "la première chose
01:21:05 que je voudrais montrer, c'est que les prophètes
01:21:07 de l'Apocalypse ont toujours existé.
01:21:09 Ils s'est toujours trouvé des "sages"
01:21:11 pour nous expliquer que c'était mieux avant,
01:21:13 que le pire est à venir et que les humains, ça cache
01:21:15 la planète sur ce sujet.
01:21:17 C'était mieux avant. C'est vrai que
01:21:19 je le dis souvent.
01:21:21 Est-ce que c'est vraiment être
01:21:23 un affreux conservateur,
01:21:25 passéiste que de le penser, de le dire
01:21:27 et de jouer sur la peur, selon vous ?
01:21:29 - Non, mais c'est faire preuve d'une illusion retrospective
01:21:31 parce qu'on pourrait prendre une frise chronologique
01:21:33 je mets le doigt n'importe où au hasard,
01:21:35 je vous trouve autant de problèmes qu'aujourd'hui
01:21:37 et ça se trouve des problèmes
01:21:39 beaucoup plus graves. Donc, je ne veux pas
01:21:41 nier les problèmes.
01:21:43 La menace russe, l'islamisme,
01:21:45 le réchauffement climatique,
01:21:47 la contestation de la démocratie,
01:21:49 d'ailleurs, dans un certain nombre de pays,
01:21:51 ce sont des problèmes
01:21:53 graves auxquels nous faisons face. Mais je dis deux choses.
01:21:55 La première chose, c'est que le monde
01:21:57 ne se résume pas à ça. Il y a des problèmes,
01:21:59 mais il n'y a pas que des problèmes.
01:22:01 Il y a aussi des choses qui s'améliorent
01:22:03 dans le domaine de la santé, de la recherche médicale,
01:22:05 de la lutte contre le cancer.
01:22:07 - De la pauvreté. - Il y a des choses qui sont absolument formidables.
01:22:09 La grande pauvreté n'a jamais été aussi basse dans le monde.
01:22:11 La malnutrition n'a jamais été aussi basse dans le monde.
01:22:14 Il y a des maladies pour lesquelles on n'avait pas de solution
01:22:16 il y a quelques années, la mucoviscidose,
01:22:18 une maladie qui est assez répandue en France
01:22:20 chez les jeunes. Aujourd'hui, on a des traitements
01:22:22 qui permettent de faire en sorte que
01:22:24 l'espérance de vie des gens qui souffrent
01:22:26 d'une mucoviscidose, qui est une maladie extrêmement grave,
01:22:28 est quasiment la même que les gens qui n'en souffrent pas.
01:22:31 Donc, il y a ça, et puis il y a aussi le fait,
01:22:33 et alors ça, j'y tiens beaucoup, c'est lié à ce qu'on vient de dire,
01:22:36 que nous sous-estimons notre capacité collective
01:22:38 à résoudre les problèmes.
01:22:40 - Alors, attendez, pourquoi ? Ça, c'est majeur.
01:22:42 À résoudre les problèmes, et d'ailleurs même à se regarder
01:22:44 lucidement dans les mains, pourquoi ?
01:22:46 Et c'est très propre, je trouve, à l'Occident,
01:22:48 même si c'est très global.
01:22:50 Pourquoi il y a une forme de honte de soi,
01:22:52 de ne pas s'assumer d'ailleurs aussi bien
01:22:54 sur ce qu'on fait, des actions, que sur
01:22:56 ce auquoi on croit, qu'on soit croyant ou pas.
01:22:59 Quand vous voyez, par exemple, que la croix a été gommée
01:23:01 sur l'affiche des Jeux Olympiques, je vais vous dire,
01:23:03 dans des pays musulmans, le croissant,
01:23:05 il n'a pas été gommé.
01:23:07 Enfin, il n'aurait pas été gommé.
01:23:09 Pourquoi ça ?
01:23:10 - Il y a une haine de soi qui s'est développée en Occident,
01:23:12 qui est quelque chose qui n'est pas nouveau.
01:23:14 Alors, je ne veux pas intellectualiser, mais il y a 100 ans,
01:23:16 il y avait un livre de Spengler qui déjà expliquait,
01:23:19 c'est un peu le livre fondateur, au fond,
01:23:21 de l'anti-occidentalisme.
01:23:23 Vous citiez tout à l'heure Emmanuel Todd,
01:23:25 un écrivain de grand talent, mais en fait, il actualise
01:23:27 Spengler en disant "tout va à volo,
01:23:30 on est de moins en moins cultivés,
01:23:33 l'éducation s'effondre, on est de moins en moins courageux,
01:23:35 la culture devient débile, etc."
01:23:37 - C'est quand même pas faux, ça, pardon.
01:23:38 - Oui, mais on disait déjà ça il y a 100 ans, si vous voulez.
01:23:41 Et en fait, ce que l'on ne voit pas, c'est que certes,
01:23:43 en Occident, nous avons des problèmes,
01:23:45 mais les autres en ont aussi.
01:23:47 La Chine, aujourd'hui, est dans une crise économique
01:23:49 dont ils n'arrivent pas à sortir.
01:23:51 Le gouvernement chinois est en train de restreindre
01:23:54 les libertés. Je voudrais quand même rappeler
01:23:56 que le président Xi Jinping se réclame de Mao,
01:23:59 qui n'est quand même pas la personnalité politique.
01:24:01 - Parce qu'ici, on ne restreint pas les libertés ?
01:24:03 - Ah ben, moins que Mao. Alors là, franchement, je veux dire,
01:24:05 on peut vraiment avoir cette discussion.
01:24:07 - On peut remarquer aussi qu'en France, tout ne va pas très bien.
01:24:09 C'est-à-dire que j'ai l'impression que vous nous servez
01:24:11 contre un bol de déclinisme,
01:24:13 vous nous servez un bol de super-optimisme.
01:24:16 On peut être quand même entre les deux.
01:24:18 - Pas du tout. Je viens de vous dire,
01:24:20 je viens de citer au contraire les problèmes
01:24:22 de l'intérêt qu'ils étaient de graves problèmes.
01:24:24 Donc je ne suis pas du tout quelqu'un d'optimiste.
01:24:26 Sur les libertés, j'avoue que, je ne sais pas vous,
01:24:29 mais à titre personnel, je ne ressens pas beaucoup
01:24:32 les restrictions de liberté.
01:24:34 Je m'exprime dans le débat public comme vous,
01:24:36 je dis absolument ce que je veux, où je veux.
01:24:39 - Vous trouvez normal qu'en venant sur ce plateau de télévision,
01:24:42 vous allez bientôt devoir décliner vos appartenances ?
01:24:45 - Je vous retrouve complètement.
01:24:47 J'adore venir ici.
01:24:49 - C'est vrai que c'est pas exactement ce que j'ai dit.
01:24:52 - Parfois je suis d'accord avec vous,
01:24:54 parfois je ne suis pas d'accord.
01:24:56 - J'ai trouvé un extrait qui vous concerne.
01:24:58 Vous le saviez ?
01:25:00 "Fin de l'Occident ? C'est ce titre,
01:25:02 sous forme de fausses questions,
01:25:04 qui a chapeauté l'entretien devenu fameux,
01:25:06 publié dans Front Populaire en décembre 2022
01:25:08 entre son fondateur, Michel Onfray,
01:25:10 et Michel Houellebecq.
01:25:12 Nos deux débatteurs ont visé plusieurs cibles.
01:25:14 L'OTAN, le général de Gaulle, l'Union Européenne, etc.
01:25:17 Et l'un des moments les plus étonnants de l'entretien
01:25:19 concerne la possibilité d'un Frexit,
01:25:21 dont Onfray soutient qu'il serait techniquement assez simple, etc.
01:25:25 Pourquoi ce sujet vous a apparemment déplu ou ulcéré ?
01:25:30 - Parce que là, vous avez fait fort !
01:25:32 Non, mais honnêtement, l'entretien...
01:25:34 Il se trouve en plus que je considère Michel Houellebecq
01:25:36 comme l'un des plus grands remboursiers français.
01:25:38 Je suis complètement fan de Michel Houellebecq.
01:25:40 Je trouve que c'est vraiment un génie.
01:25:42 Mais alors, l'entretien était vraiment un autre inquin,
01:25:44 qui nous expliquait que tout était en train de s'effondrer,
01:25:46 que la France s'effondrait,
01:25:48 dans une Europe qui s'effondre, dans un Occident qui s'effondre.
01:25:51 Non, il y a des problèmes en France, il faut les régler.
01:25:53 - Soumission n'était pas prophétique en rien du tout ?
01:25:56 - Soumission ? On peut en discuter, moi j'ai beaucoup...
01:25:59 Mais si vous voulez, c'est là où je dis,
01:26:02 et là j'ai un désaccord très profond avec eux,
01:26:04 on sous-estime...
01:26:05 - Avec eux, c'est qui eux ? Parce que, pardonnez-moi,
01:26:07 je ne vois pas de famille avec qui.
01:26:08 - Avec Onfray et Houellebecq.
01:26:09 - D'accord, merci.
01:26:10 - Non, mais je pense que vous êtes un peu sur cette ligne intellectuellement.
01:26:13 - Non, pas exactement, mais je peux parler.
01:26:15 - Non, pas exactement, mais je ne peux pas renier en tout cas cette interview.
01:26:17 - On peut avoir ce type de débat.
01:26:19 - Cette interview entre Michel Onfray et Michel Houellebecq,
01:26:21 elle a eu le mérite d'exister, elle était intéressante,
01:26:23 et puis vous pouvez convenir aussi que tout le monde a le droit de lire aussi cela.
01:26:26 C'est bien de pouvoir s'enrichir des diversités des uns et des autres.
01:26:30 - Là, vous n'êtes pas sympa, vous ne vous adressez pas à la bonne personne.
01:26:34 - Pourquoi ?
01:26:35 - Parce que moi, j'adore le débat, j'adore discuter avec vous.
01:26:38 - Tant mieux, tant mieux.
01:26:39 - Je défends la liberté d'expression, j'adore les gens qui ne sont pas d'accord avec moi.
01:26:42 - Honnêtement, si tout le monde avait ce type de réaction sur les plateaux,
01:26:46 ce serait plus sympa et ce serait plus apaisé.
01:26:48 - Je signe et je sais.
01:26:49 - Donc ne me faites pas ce procès parce que là, ce n'est pas la bonne personne.
01:26:51 - C'est bien, on peut ne pas être d'accord.
01:26:53 - Oui, mais bien sûr.
01:26:54 - Sur une chaîne en revanche pluraliste, la liberté d'expression, c'est bien.
01:26:57 - J'adore, mais par contre, j'ai le droit de penser que l'Occident ne s'effondre pas
01:27:02 et que les pays qui ne sont pas des démocraties libérales ont aussi leurs problèmes.
01:27:05 Je citais le cas de la Chine.
01:27:07 La Turquie, par exemple, dont vous parliez tout à l'heure,
01:27:09 non pas du tout en le prenant comme exemple, bien évidemment,
01:27:11 mais la Turquie a un problème d'hyperinflation aujourd'hui qui est absolument catastrophique.
01:27:16 La Russie est quand même dans cette économie de guerre dont ils ont du mal à sortir.
01:27:22 Et donc, moi, je suis persuadé que les valeurs de l'Occident,
01:27:25 et là, on va peut-être se retrouver, qui sont au fond ?
01:27:28 Les valeurs des Lumières, c'est-à-dire…
01:27:31 - Et les valeurs libérales.
01:27:32 - Non, mais…
01:27:33 - Les racons des fleurs irakiennes, notamment.
01:27:36 - Oui, enfin, les iraniennes qui arraflent leurs bières.
01:27:38 - Les iraniennes qui arrachent leur voile.
01:27:40 - Laissez la conclusion, Nicolas.
01:27:41 - Elles sont d'accord avec ça.
01:27:42 - Je parle des Irak.
01:27:43 - Laissez la conclusion.
01:27:44 - Les Irakiens avec le droit d'ingérence.
01:27:46 - Ce que je veux dire, c'est que la raison, la science, la liberté d'expression
01:27:51 telle que vous la pratiquez, telle qu'on la pratique, le progrès,
01:27:54 c'est ça qui fonde notre civilisation.
01:27:56 Et je suis persuadé que ces valeurs sont les bonnes.
01:27:59 Et donc, je ne crois pas à l'effondrement de l'Occident.
01:28:02 - Moi, je pense qu'elles sont relativement en danger.
01:28:04 Excusez-moi.
01:28:05 - Non, mais c'est ça.
01:28:06 - De ce point de vue-là, nous ne sommes pas exactement...
01:28:08 - C'est le point de vue.
01:28:09 - Moi, je les défends.
01:28:10 Moi aussi, je les défends, mais à ma manière.
01:28:12 - On va lire votre livre.
01:28:14 - Mais c'est ça.
01:28:15 Écoutez, "La civilisation de la peur", moi, je l'ai trouvé originale, singulier
01:28:19 et assez courageux quand ça va dans le sens qui n'est pas le sens général qui est pris aujourd'hui.
01:28:24 Donc, c'est chez XO Éditions, une bonne maison d'édition, avec un bon auteur, un bon confrère,
01:28:30 comme vous l'êtes, évidemment.
01:28:32 C'est bien d'avoir cet avis différent.
01:28:33 - J'adore, confrère.
01:28:34 - On va continuer à en parler.
01:28:35 - Pardon pour les quelques minutes de retard.
01:28:37 Et bel après-midi.
01:28:38 - C'est de ma faute.
01:28:39 Non.
01:28:40 [Musique]