• il y a 9 mois
C’est une nouvelle qui secoue l’écosystème de l’intelligence artificielle ! Celle de la signature du partenariat entre Mistral AI et le géant américain Microsoft, doublé d’un investissement de 15 millions d’euros dans la start-up française. Mistral AI a également décidé de ne plus publier ses travaux en open source. Une décision inattendue qui a fait réagir plusieurs défenseurs de l'IA européenne, qui redoutent une perte d’indépendance technologique.

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Transcription
00:00 Je vous présente à nouveau mes commentateurs, les commentateurs du jour pour ce grand débrief
00:08 de la Tech.
00:09 Aujourd'hui Alain Staron, le président d'Artifil, Jérôme Vallas, CEO cofondateur de Claireup
00:13 et Marianne Tordieu que j'invite régulièrement.
00:15 Je suis très heureuse que vous soyez là aujourd'hui, c'est que vous êtes très occupée,
00:18 directrice des affaires publiques France Digital.
00:20 On est tous très occupés mais le débrief de la Tech quand même, c'est un rendez-vous
00:24 incontournable.
00:25 C'est pas grave Marianne.
00:26 On va parler ensemble notamment de cette actu qui a fait grand bruit, qui a fait polémique.
00:31 C'est ce premier, c'est peut-être pas un mariage mais en tout cas c'est quand même
00:35 une approche assez sérieuse entre Mistralaya qui était l'espoir de la France, de l'Europe
00:41 en matière d'indépendance technologique et d'intelligence artificielle notamment générative
00:46 avec Microsoft donc un gaffame.
00:49 Patatras, que se passe-t-il ? Est-ce que vous y voyez une victoire finalement de nos techs
00:54 françaises qui savent se faire respecter jusqu'au niveau des gaffames des plus grands
00:58 acteurs de la tech mondiale ou alors vous vous dites bon ben là ça y est on a déjà
01:03 lâché notre pépite française qui en plus referme son grand modèle de langage qui devait
01:09 être partagé open source gratuit, qui le referme pour le délivrer uniquement de manière
01:16 payante auprès de certains partenaires.
01:18 Alors quelle est votre réaction, quelle a été votre réaction lorsque vous avez découvert
01:21 cette actualité ? Marianne.
01:23 Moi la première réaction que j'ai eu c'était de me poser la question de savoir en fait
01:27 ça veut dire quoi être un champion européen de l'innovation et c'est quoi la souveraineté,
01:31 dans quelle mesure en fait est-ce que l'Europe a vraiment la possibilité de faire de la
01:35 souveraineté en matière d'intelligence artificielle.
01:37 La réponse manifestement c'est qu'on a toujours besoin d'acteurs étrangers pour pouvoir aller
01:44 sur des marchés parce que ce partenariat stratégique, nous on a interrogé une cinquantaine
01:49 de startups pour faire une étude ce lundi et qui justement va pour mettre ce qui est
01:53 une réponse à une demande de la commission européenne sur la concurrence et l'IA générative,
01:59 comment l'Europe peut s'en sortir.
02:00 Et donc du coup la question c'est comment est-ce qu'on peut s'en sortir et avec Microsoft
02:06 ben finalement ils avaient besoin, Mistral ou d'autres, toutes les startups ont besoin
02:10 de pouvoir toucher un marché et quand vous allez au travers d'un App Store, de Microsoft
02:14 ou d'autres, en fait vous pouvez toucher d'un coup des centaines de millions de consommateurs.
02:18 Donc c'est un peu dur de s'en priver et j'imagine que les marchés financiers ont besoin de
02:23 pouvoir aussi avoir des débouchés commerciaux.
02:25 Alors après ça vaut, pardon Marianne, mais ça vaut pour toutes les techs parce que OpenAI
02:29 de la même façon a dû s'adosser à Microsoft pour réussir à toucher des clients finalement.
02:35 Ben oui, bien sûr, mais de la même manière que toutes les applications ont dû à un
02:39 moment donné passer par l'App Store, développée par Apple ou par l'App Store développée
02:44 par Google, mais est-ce que pour autant ça les a bloquées dans d'autres alternatives,
02:50 c'est là où il va falloir faire attention.
02:51 Parce que finalement que Mistral contractualise avec Microsoft d'un point de vue business,
02:56 je me dis que c'est formidable, qu'on ait fait confiance à une solution française
03:00 pour pouvoir être aussi crédible qu'une solution américaine, OpenAI, mais évidemment
03:05 je me dis est-ce que ça ne va pas les bloquer eux dans le développement avec d'autres
03:09 clients et donc du coup je suis ravie de savoir que Mistral a par ailleurs d'autres clients
03:13 à d'autres verticales plus souveraines.
03:15 Ils ont signé avec Snowflake tout récemment, qui vient de France mais qui est une entreprise
03:22 américaine aussi.
03:23 Et donc ils vont avoir plein d'autres clients, ils vont avoir d'autres personnes qui vont
03:27 pouvoir les abreuver en données, en accès au marché et donc finalement moi dans l'absolu
03:32 ça ne m'inquiète pas, je suis plutôt contente de voir qu'on a des champions en Europe.
03:39 Et donc la question maintenant c'est où est-ce qu'on place le curseur de la souveraineté
03:42 mais je pense que Jérôme a quelque chose à dire là-dessus.
03:44 Oui, moi j'avoue que je suis un tout petit peu plus pessimiste que toi malheureusement,
03:48 nous avions un champion français.
03:49 Je vais pas le dire, parce qu'en fait… On a eu à peine le temps d'y goûter au
03:54 champion français, c'était un espoir encore.
03:56 Ça va de plus en plus vite.
03:57 C'était un espoir de champion français.
03:59 Mais au-delà des intentions de Mistral, je pense que c'est surtout celles de Microsoft
04:04 qui sont très claires.
04:05 Et donc je suis en plus surpris du choix de Microsoft qui justement est déjà très
04:09 très embarqué avec OpenAI.
04:10 Donc à la limite, je sais pas si j'aurais fait le même choix.
04:13 Toujours est-il que je crois pas que Microsoft soit venu dans le cadre.
04:15 Mais est-ce qu'on voit pas justement l'émergence maintenant du vrai champion de Mistral AI
04:19 qui est capable d'aller séduire des géants comme Microsoft ?
04:22 Oui, mais si on en revient après à cette idée où on se dit voilà on veut construire
04:26 notre autonomie technologique et notre autonomie stratégique, je crois qu'on a fait un pas
04:29 en arrière.
04:30 Malheureusement je crois qu'on a fait un pas en arrière.
04:32 C'est quoi ? C'est la montée au capital de Microsoft qui vous fait dire ça ?
04:36 Oui, même si elle est très symbolique aujourd'hui.
04:38 Petite, voilà, 15 millions.
04:39 Est-ce que Microsoft, ils viennent pour un investissement ? Ils viennent pour plus derrière ?
04:43 Encore une fois, je pense que leur stratégie à eux, elle est plus lisible.
04:45 Et donc la question qui se posera derrière, c'est la question de la souveraineté, la
04:48 souveraineté des données, des modèles.
04:50 Et là, derrière, on sait qu'on a cette étanchéité qu'on a beaucoup de mal à garantir,
04:55 sur les données sensibles notamment.
04:56 Et donc voilà, on se dit qu'on n'a pas du tout progressé dans ce domaine-là de
05:00 nouveau.
05:01 Donc c'est dommage.
05:02 Il y avait plutôt des financements au départ, notamment soutenus par BPI France, donc l'État
05:06 français, etc.
05:07 Donc on avait plutôt l'impression d'une construction au départ qui partait dans
05:09 une bonne direction.
05:10 Là, on a un petit peu l'impression qu'il y a un twist qui malheureusement est préoccupé.
05:13 Oui, mais comme on en parlait avec Marianne finalement, les boîtes tech, elles ont besoin
05:17 de s'appuyer sur des grandes plateformes, qui sont appelées maintenant des gatekeepers
05:20 même au niveau européen.
05:21 On n'en a pas, nous, en Europe, des grandes plateformes.
05:24 Non, mais si la seule équation de passage à l'échelle est de s'appuyer sur les gatekeepers
05:28 américains, on oublie du coup définitivement la souveraineté technologique européenne.
05:31 C'est un choix.
05:32 Mais il me semble qu'au contraire, on essaye de pousser cette souveraineté.
05:34 Donc effectivement, ce n'est pas facile.
05:36 Il faut s'installer sans passer par ces raccourcis-là.
05:38 Et ça nécessite effectivement des trajectoires industrielles très fortes, qui ont besoin
05:42 de la commande publique, etc.
05:43 C'est très compliqué à monter.
05:44 Malheureusement, je ne crois pas que le raccourci de passer par ces gatekeepers américains,
05:48 en tout cas, ça n'est pas sans conséquences.
05:50 Alain, le disrupteur.
05:51 Je ne suis pas aussi pessimiste que ça.
05:54 Alors ?
05:55 En fait, il y a le côté business, comme Marianne l'a très bien dit.
05:58 On est dans un monde ouvert, au moins occidental.
06:00 On vous parlera de la Chine plus tard.
06:02 Et on est tous cousins quelque part.
06:05 Et dire "je vais faire tout vertical en Europe sans m'appuyer sur rien, aucun écosystème
06:11 ailleurs que l'Europe", on part pour 25 ans, il n'est pas du tout sûr qu'on y arrive
06:15 parce que ce n'est pas qu'un problème d'argent.
06:16 C'est un problème de marché, de rencontre du marché, de produits.
06:20 Donc au contraire, dire "je rentre dans un écosystème déjà préexistant, j'accélère".
06:25 Et honnêtement, tout le monde fait ça.
06:26 Après, je suis micro-so, je dis "je te prends comme partenaire, mais je prends une part
06:30 au capital".
06:31 Et ils ont mis 15 millions.
06:32 Ils ont mis 1000 fois plus chez OpenAI.
06:35 Donc voilà, on ne sait pas où ça ira, mais après tout ça est contrôlable.
06:41 On ne rentre pas comme ça comme on veut dans une boîte, surtout quand il y a déjà
06:43 BP au capital qui peut quand même un peu regarder.
06:45 Donc je ne suis pas inquiet par les 15 millions.
06:47 Je suis plutôt content de voir qu'il y a Microsoft, comme vous le dites, qu'il est
06:53 choisi quelque part pour les mettre à son catalogue.
06:55 Ça me va très bien d'avoir OpenAI et Mistral, ils ne sont pas exactement concurrents.
06:58 Je trouve plutôt très fort de la part de Microsoft de choisir les deux.
07:02 Microsoft est en train de devenir un acteur incontournable aujourd'hui pour les entreprises
07:06 qui veulent avoir ou adopter des solutions d'intelligence.
07:09 Et après, la chance qu'on a, c'est le DMA.
07:13 C'est le DMA qui fait qu'on évitera d'être bouffé complètement par Microsoft,
07:18 parce que le DMA protège les intérêts de chacun dans la chaîne.
07:20 Alors ça, je ne sais pas.
07:22 On n'a pas atteint.
07:24 En fait, il ne faut pas que le signal envoyé par cette opération-là décourage les Européens
07:31 de se dire qu'ils n'y arriveront jamais.
07:32 En fait, la chaîne de valeur, il y a des puces électroniques, des data centers, des réseaux.
07:38 À un moment donné, il y a des LLM comme Mistral.
07:40 Ensuite, il y a des modèles d'intégration dans tout ça.
07:43 Il y a des clouds et il y a des applications.
07:46 En fait, nous, Mistral, c'était un LLM.
07:49 C'était un petit élément dans la chaîne de valeur.
07:50 Oui, l'Europe n'est pas présente sur tous les aspects, mais on a parfois des monopoles.
07:56 Je pense à une boîte néerlandaise qui contrôle une partie de la chaîne de valeur en infrastructure.
08:01 On n'a pas d'équivalent ailleurs dans le monde.
08:04 Donc, en fait, finalement, on a quelques champions,
08:06 mais cette boîte-là, elle a besoin de pouvoir vendre sa technologie à d'autres, etc.
08:10 Donc, en fait, moi, ce que je veux, c'est que finalement, cette opération soit presque un moment où on va se dire
08:18 bon, finalement, oui, on a ouvert le capital à ailleurs que des non-européens,
08:24 mais de toute façon, ça n'a pas commencé avec Microsoft.
08:26 Ça avait commencé avant parce qu'ils avaient quand même levé 385 millions d'euros,
08:30 notamment avec des Américains, mais parce que finalement, en Europe,
08:33 on n'a pas encore assez de fonds qui sont en capacité de mettre ce genre de tickets
08:36 parce que ça demande énormément d'argent de développer un LLM.
08:40 Donc, il y a encore plein de choses à faire, justement, que ce soit en réglementaire,
08:43 mais surtout en financement de l'écosystème, en commande publique, en commande privée
08:47 pour faire émerger cette chaîne de valeur.
08:49 Donc, c'est là où je ne suis pas naïve, mais c'est d'une telle complexité,
08:53 sur mon absence de souveraineté, etc.
08:55 Mais je me dis que c'est tellement complexe qu'il faut essayer de tirer le parti du positif.
09:01 Après, je suis d'accord qu'en fait, c'est une forte désillusion
09:05 parce qu'on avait beaucoup misé, on s'était dit, oh, là, on tient quelque chose d'un peu exceptionnel.
09:10 Voilà, une entreprise qui était capable de construire un grand modèle de langage en un temps record
09:15 parce que Mistral AI date de 2023.
09:18 En plus, sur un modèle open source, donc une vraie alternative par rapport à ce qui est proposé par les Américains,
09:25 on s'est un peu battu quand même au niveau réglementaire et sur la discussion de l'AI Act
09:32 pour dire qu'attention, il ne fallait pas brider l'innovation parce que nous aussi, on a nos champions à faire grandir.
09:38 Et puis, on découvre que finalement, on est quand même à chaque fois obligé de retourner par la case GAFA.
09:43 Mais franchement, c'est une désillusion pour qui ?
09:46 Pour ceux qui y ont cru peut-être.
09:48 Mais la réalité, c'est que moi, j'y crois toujours.
09:50 En fait, on a toujours la techno.
09:52 La techno, elle n'est pas vendue.
09:53 Il n'y a pas d'accord d'exclusivité avec Microsoft.
09:55 Les développeurs, ils sont toujours à Paris.
09:59 Bon, sur l'open source, en revanche, le dossier clôt.
10:02 Enfin, voilà, c'est-à-dire que le grand modèle Mistral large n'est plus en open source.
10:07 C'est un premier renoncement quand même.
10:08 Est-ce que l'open source est une solution pour grandir en business ?
10:13 Je ne suis pas sûr.
10:14 À un moment, on pourrait appeler un char-à-char.
10:16 C'est une très bonne question.
10:17 Je suis d'accord qu'il y a un vrai déballage.
10:18 Et donc, il y a un vrai paradoxe de l'Europe de dire je veux des champions,
10:21 mais je veux qu'ils sortent d'open source.
10:22 Je ne sais pas, demandez à Meta.
10:23 Si on demande à des acteurs français, on va trouver que ce n'est pas sérieux.
10:27 Meta a choisi le modèle open source.
10:29 Oui, mais dans un deuxième temps, après avoir reçu le modèle industriel.
10:31 Et puis, ils ont bien protégé ce qu'il fallait.
10:34 Et puis, il faut l'open source.
10:35 Le dogme européen sur l'open source, je suis d'accord que franchement, il se questionne.
10:38 Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que Mistral s'était sanglé de départ.
10:41 C'est eux qui l'avaient annoncé.
10:42 Personne ne l'a obligé.
10:43 Et c'est en ça qu'il y a un vrai virage.
10:45 Et pardon, oui, il y a des illusions.
10:47 Et après, à savoir si ils ont réfléchi ou s'ils savaient dès le départ.
10:52 Parce que dans le pitch, j'ai compris qu'ils disaient que...
10:53 Je pense que Microsoft a bien réfléchi.
10:55 Ah non, mais Mistral aussi.
10:56 Qui peut dire qu'il va bâtir une...
10:58 Et sur les conséquences pour la France dans ces discussions au niveau européen,
11:02 vous pensez que ça peut avoir un impact ?
11:04 Ah oui.
11:05 Pardon.
11:06 Non, vas-y, je t'en prie, je répondrai.
11:07 Je vais rester pour avoir échangé un peu.
11:08 Je pense que là, l'affaire Mistral va poser un problème.
11:11 C'est que je pense qu'il y a quelques députés européens non français
11:15 qui ont vu le lobbying de la France et le lobbying de Mistral sur les EREC
11:17 et qui doivent avoir, pardon l'expression, un tout petit peu mauvaise aujourd'hui.
11:21 Donc je pense que ça ne sera pas sans conséquence sur les luttes d'influence
11:24 et sur le positionnement et le discours de chacun.
11:27 C'est pour ça que nous...
11:28 Enfin, je comprendrais que des personnes à qui on a trop utilisé l'argument de la souveraineté
11:33 se voient particulièrement déçues.
11:36 Et c'est là où on doit vraiment se poser la question de ce que c'est que la souveraineté,
11:39 parce que c'est l'argument fort qui a été lancé.
11:41 Mais finalement, quand on en parle sur la prise de participation au capital,
11:47 est-ce que la souveraineté doit être uniquement française ?
11:49 Est-ce qu'elle doit être étendue à l'Europe ?
11:51 Par exemple, en France, si vous êtes une entreprise dans un secteur dit sensible
11:55 et que vous voulez lever des fonds,
11:57 et que ces fonds viennent d'Allemagne ou des États-Unis,
11:59 si vous êtes dans le secteur de la défense,
12:01 en fait, l'Allemagne ou les États-Unis vont être traités de la même manière.
12:04 Alors même que, par ailleurs, on est en train de créer une Europe de la défense.
12:07 Et donc c'est là où, en fait, c'est jamais une équation blanche ou noire.
12:11 Il y a cette subtilité-là.
12:13 Donc, effectivement, ça ne va pas nous faciliter la vie.
12:15 Mais ce que j'ai quand même compris et que j'ai suivi de près,
12:18 c'est que la France a quand même été l'un des seuls pays
12:20 à tenir une ligne de crête qui n'était pas...
12:22 Enfin, je prends une crête qui n'était pas facile à tenir,
12:25 qui était d'avoir toujours en tête l'intérêt des entreprises et des citoyens.
12:31 Parce que l'enjeu de l'EI-Act, c'était justement de pouvoir se dire
12:33 comment est-ce qu'on va protéger les citoyens
12:35 contre des deepfakes qui pourraient manipuler des élections.
12:38 Donc ça, c'est fait.
12:39 Et on va bien voir comment c'est appliqué, etc.
12:41 Mais en tout cas, ce package politique réglementaire est passé.
12:47 Mais en même temps, ils ont...
12:49 Et la France a vraiment le biais pour ça.
12:51 Essayer de faire en sorte que des entreprises qui sont dans des secteurs à haut risque,
12:54 mais qui ont des cas d'usage qui ne sont pas à haut risque,
12:57 ces entreprises-là peuvent démontrer qu'elles n'ont pas un marquage CE hyper complexe à avoir.
13:01 Et ça, ça fait partie justement de l'enjeu des startups
13:04 qui n'ont pas une barrière réglementaire hyper élevée à franchir
13:08 dès les premiers moments de recherche.
13:09 Mais là, sur les cas d'usage, on sort du monde de la startup
13:12 quand on a un partenariat avec Microsoft.
13:15 Moi, je ne sais pas.
13:16 Parce que regardez, on peut faire un parallèle avec l'App Store.
13:18 En fait, à ses débuts, Blackheart était une startup,
13:21 mais a été distribuée sur un App Store.
13:23 Et au fond, tout le monde s'en fichait.
13:25 Tout le monde trouvait ça bien normal de se dire
13:27 "Ces gens-là vont pouvoir accéder à un certain nombre de clients".
13:30 Tout le monde, c'est les 15 millions.
13:31 Oui.
13:32 Sur le B2B.
13:32 Parce qu'Apple investit pas ce que tu dis.
13:34 Je pense qu'en B2B, c'est un tout petit peu différent.
13:36 Et souvent, quand on est sur la donnée sensible,
13:37 on est plus en général sur le B2B.
13:39 Et je trouve que c'est là qu'il y a plus d'interrogations.
13:41 Sinon, je te rejoins totalement sur le B2C.
13:42 B2B, vraiment sur la question des données sensibles,
13:45 derrière tout ça, c'est vrai qu'il peut y avoir des considérations sur des marchés sensibles.
13:48 On va les utiliser, on va considérer les Etats-Unis et l'Allemagne, etc. de façon assez équivalente.
13:52 Mais si on sort de ces secteurs très très réglementés,
13:54 on a juste le secteur en général sur lequel on a tout simplement
13:57 l'étanchéité aux lois extraterritoriales.
13:58 Et là, ça ne concerne pas que les Etats-Unis.
14:00 Il y a plein de pays qui ont des lois extraterritoriales dans le monde.
14:02 On n'a pas obligé de se focuser sur les Etats-Unis.
14:04 Ils sont très nombreux à avoir ça.
14:06 Et donc, la question qui se pose, c'est la question de la protection de nos données sensibles
14:09 dans un monde mouvant dans lequel les alliances se font et se défont.
14:13 Et des événements à venir dans les mois qui viennent
14:16 vont peut-être distribuer les cartes à plein d'endroits différents.
14:19 Donc, il y a un moment donné, je ne sais pas si on ne pêche pas un peu par utopie,
14:22 où Goethe était allemand et le pacte de Faust,
14:26 c'est quand même très très fort dans l'ADN européen.
14:28 À un moment donné, on concède des choses.
14:30 Et je trouve qu'on est un peu les seuls à avoir cette approche-là dans les grands blocs mondiaux.
14:34 Je ne sais pas si à un moment donné, il ne faut pas un peu changer de paradigme là-dessus.
14:37 Il serait peut-être temps qu'on impose nos vues.
14:39 Je trouve que le DMA, même s'il est imparfait, en plus...
14:41 Alors, DMA, deuxième sujet.
14:45 Merci beaucoup, Jérôme.
14:46 Donc, le DMA, c'est notre deuxième sujet,
14:48 parce que là, ça y est, on entre dans le concret, justement.
14:50 C'est l'entrée en vigueur pour tous ces gatekeepers,
14:54 donc toutes ces plateformes qui constituent en fait des passages obligés,
14:58 pratiquement, pour tous les acteurs du numérique.
15:02 Alors, sur quoi je voulais vous faire réagir ?
15:03 D'abord sur deux choses.
15:05 Est-ce qu'il vous semble que ce texte, aujourd'hui, répond aux principales problématiques
15:10 dans ce domaine pour lutter contre les situations monopolistiques ?
15:14 Et est-ce que vous pensez que ça peut avoir un effet très concret sur le marché
15:17 de redistribuer un peu les cartes ?
15:20 Je peux commencer.
15:22 Le texte, le DMA, on a été assez proche des personnes qui ont fait le texte.
15:28 On a fait énormément de pédagogie pour leur faire comprendre les subtilités.
15:31 Et de ce point de vue-là, le texte, pour nous, la lettre du texte, elle est parfaite.
15:36 Elle est bien calibrée.
15:38 On voit que la manière dont on définit un contrôleur d'accès, un gatekeeper,
15:42 c'est une bonne définition.
15:44 On voit que c'est un texte qui va pouvoir vivre sur d'autres technologies.
15:47 C'est-à-dire que là, quand la Commission européenne ou l'autorité de la concurrence en France
15:51 posent la question de savoir comment ça se passe, la concurrence et l'IA générative,
15:55 ils ont bien en tête de se dire, est-ce que le DMA va permettre
15:58 de pouvoir aussi appréhender l'IA générative ?
16:00 Donc finalement, c'est un texte qui pourra vivre dans le temps.
16:02 Maintenant, la question de savoir, est-ce que concrètement,
16:04 ça va permettre de faire changer des états d'esprit ?
16:07 Parce que c'est un peu l'objectif quand même, non ?
16:08 C'est ça, exactement.
16:09 Là, quand on voit les plans de mise en conformité d'Apple, de Google, etc.,
16:14 j'ai un peu du mal à croire que ça va changer les choses dès le 7 avril.
16:19 J'ai envie de dire, alors tout ça pour ça ?
16:22 Pour une fois, je vais être plus positif.
16:23 Allez, merci.
16:24 Plus optimiste.
16:25 Moi, je trouve qu'il ne faut pas attendre monts émerveillés du jour au lendemain.
16:29 Il y a beaucoup de symboles et il y a beaucoup de mouvements derrière ça.
16:34 Je trouve qu'on vient de poser une première grille qui est extrêmement intéressante.
16:37 La demande d'Apple, je sais qu'on y reviendra aussi un peu après,
16:40 elle est aussi très intéressante là-dessus.
16:41 On est sur l'anticoncurrence de manière générale.
16:44 On est sur empêcher ces monopoles de phagociter des marchés complets
16:47 et de tuer toute initiative concurrence.
16:51 Tout ne va pas être parfait dès le premier jour
16:52 et le sujet va devoir être complété et investigué.
16:54 La jurisprudence sera très importante.
16:55 Sur ces textes d'anticoncurrence qui vont être très importants,
16:57 c'est les premières jurisprudences qui sortiront dans quelques années.
17:00 Mais on est quand même sur une vraie régulation
17:02 qui va commencer quand même un petit peu à mettre tout le monde dans la bonne direction.
17:05 Parce qu'on avait déjà des textes sur la concurrence,
17:07 mais alors quelle lenteur pour les faire appliquer.
17:10 Alors justement, on parle de l'amende d'Apple imposée
17:15 pour abus de position dominante sur le marché du streaming musical,
17:18 1,8 milliard d'euros, ce n'est quand même pas rien.
17:21 Mais ce n'est pas une affaire qui date du DMA, on est d'accord.
17:24 Non, non, ça a bien commencé avant.
17:25 Est-ce qu'on avait besoin de règles supplémentaires,
17:28 de contraintes supplémentaires, de textes juridiques parfois compliqués justement
17:33 à appliquer pour faire avancer les choses ?
17:36 Je crois que c'est la première fois qu'on casse l'écosystème réglementairement.
17:39 C'est-à-dire qu'on dit, votre verticalité,
17:41 vous êtes obligé de l'ouvrir à plein d'étages.
17:43 C'est la première fois.
17:44 C'est compliqué, ce n'est pas facile à mettre en œuvre, mais ça ouvre une brèche.
17:47 C'est-à-dire d'imposer l'interopérabilité par exemple sur les messageries ?
17:51 Oui, interopérabilité, qu'on doit accepter d'autres moyens de paiement, d'autres wallets.
17:53 Le moteur de recherche peut changer, l'e-mail peut aussi changer, enfin voilà.
17:59 Même le navigateur, enfin on va beaucoup plus loin que là où on n'a jamais été.
18:03 Et donc on ouvre le fait que c'est possible.
18:06 Et que le législateur va s'assurer qu'il n'y a pas de privilèges assurés à la verticale initiale.
18:14 Après, il faut s'en saisir, c'est ce que vous disiez.
18:16 Ça va prendre du temps, on ne va pas instantanément commencer à construire autre chose.
18:20 Il faut s'en saisir.
18:22 Et à mon avis, tous ces verticales réussissent parce qu'ils font des raccourcis,
18:27 des raccourcis intellectuels.
18:28 Ils ne pensent pas à tout parce qu'ils disent, comme je suis vertical, je vais gagner.
18:32 À partir du moment où il y a...
18:33 - C'est une forme d'innocence ?
18:34 - Non, non, non, c'est contraire.
18:37 Ils vont vite, ils vont vite, ils tirent des avantages.
18:40 Enfin, c'est Excel versus Lotus, ça date de nos ramènes, vous étiez peut-être pas nés.
18:43 - Non mais je pense qu'ils y pensent très, très sérieusement à chaque fois.
18:46 - Non mais évidemment.
18:47 Donc simplement, là, on leur dit, et donc du coup, cette règle tombe.
18:51 Donc il est possible de s'en sortir autrement.
18:53 Maintenant, celui qui va gagner, c'est celui qui est en bout de la liberté qui est lui offerte.
18:57 Je ne sais pas encore comment, on prend une brique n'importe laquelle.
18:59 Maintenant que cette brique est ouverte, elle n'est plus verticalisée, elle est ouverte,
19:03 elle donne une liberté.
19:04 Qui va s'en saisir pour faire quoi ?
19:06 Et ça peut renverser le château de sable, ça peut...
19:09 Diagonaliser, on peut...
19:11 Voilà, il faut que quelqu'un s'en saisisse.
19:12 En tout cas, la loi le autorise.
19:14 - Marianne, est-ce que vous voyez ces entreprises françaises se dire,
19:18 il y a une fenêtre de tir, on peut réussir à accrocher des marchés
19:22 auxquels on n'avait pas accès avant ?
19:24 - Je pense que les entreprises françaises...
19:25 - Je n'ai pas senti moi cet opportunisme encore.
19:27 - Non, parce que ce n'est pas exactement ça.
19:29 Je pense que c'est surtout des entreprises qui se disent,
19:32 peut-être qu'enfin, il va y avoir des règles qui vont me permettre
19:35 de ne pas me faire totalement avoir.
19:37 Par exemple, je pense aux pratiques d'Apple.
19:40 Et c'est là où moi j'ai encore un peu de scepticisme,
19:42 parce que quand on voit leur plan de mise en conformité
19:44 qu'ils ont présenté avant le 7 mars...
19:46 - Qui ne laisse pas vraiment de place finalement à la conférence.
19:48 - Mais ils remplacent.
19:48 Et puis surtout, moi je considère que c'est un affront à la Commission européenne,
19:53 aux consommateurs et aux développeurs d'applications,
19:55 parce que quand même, ils font tout ce qui est en leur pouvoir
19:59 pour faire en sorte qu'il n'y ait aucun service alternatif à ceux d'Apple
20:03 qui puisse se développer.
20:05 Ce n'est pas qu'ils vont interdire, comme ils le faisaient avant,
20:07 d'installer des App Store alternatifs.
20:09 Encore que là, Epic Games vient de se faire refuser un App Store alternatif.
20:13 Mais dans l'absolu, peut-être qu'on va pouvoir télécharger sur son iPhone
20:16 un App Store alternatif, mais quand on a déjà payé 1000 euros,
20:19 plus de 1000 euros un iPhone,
20:20 et qu'on nous propose un service qui est un petit peu moins facile,
20:23 où potentiellement les applications sont plus chères
20:26 que dans un App Store développé par Apple,
20:28 les consommateurs vont évidemment choisir la solution la plus simple, etc.
20:32 - Normalement, le législateur doit faire attention à ça.
20:34 Parce que c'est de l'abus de...
20:37 Comment on appelle ça ? - C'est de l'abus de position dominante,
20:38 ou de dépendance économique. - Oui, bien sûr.
20:40 - Si quelqu'un trouve qu'il est moins bien traité
20:42 que le cousin qui travaille dans la maison mère,
20:45 il lève la main et il dit "attends, ça va être un combat long".
20:48 - Et ça va être long.
20:49 Et sauf que ça, ça prend de l'heure. - Mais alors, est-ce qu'on a le temps ?
20:51 C'est long, ça prend des années.
20:53 Est-ce qu'on a le temps ?
20:55 Je vais vous poser la question à vous, Jérôme Bala.
20:57 Est-ce que vous vous dites, là, avec le DMA, on a une carte à jouer ?
21:00 Il y a des marchés qui vont se libérer ?
21:03 - Oui, vraiment.
21:03 On prend un exemple, on parlait de Microsoft tout à l'heure.
21:05 Microsoft, effectivement, vertical, pur et dur.
21:07 Vous prenez toute la suite quand vous êtes une entreprise.
21:09 Vous avez le mail, vous avez tous les serveurs de messagerie,
21:11 vous avez la bureautique, etc.
21:13 Vous avez même la vidéo, tout lien avec, etc.
21:15 Si demain, moi, j'ai l'idée de me dire "tiens, je vais lancer une entreprise
21:18 qui fasse de la visioconférence, etc."
21:20 Je ne vais pas m'affronter à Microsoft.
21:21 Je serai fou, je serai incapable de trouver un financement.
21:23 Là, la stage va devenir ouverte.
21:25 Je ne dis pas que ça change tout, d'accord, mais ça ouvre des possibilités.
21:28 Encore une fois, ça va prendre du temps.
21:30 Ce qu'on disait, effectivement, ça va se jouer dans les détails
21:31 et la jurisprudence va être fondamentale.
21:33 Ça va prendre des années.
21:34 Arrêtons d'être pressés.
21:35 Si on est pressé, on fait comme L'Istral, on signe avec Microsoft
21:37 et on monte sur la verticale.
21:38 Mais on perd des choses.
21:39 - Là, vous relancez le débat.
21:40 - Mais oui, je boucle.
21:41 - C'est pas juste.
21:43 Parce qu'en plus, on va changer de sujet.
21:45 On ne peut même pas répondre.
21:46 - Mais oui, je pense vraiment que ça ouvre des opportunités.
21:48 Et au-delà de ça, je trouve deux choses fondamentales.
21:52 D'abord, l'Europe, maintenant, commence vraiment à mettre des règles
21:54 et des amendes qui, là, pour le coup, sont très significatives.
21:56 Et c'est le montant de l'amende qui fait que tout le monde
21:58 respecte la réglementation ou pas.
22:00 Donc là, ça ne rigole plus de ce côté-là.
22:01 Apple, on est la démonstration.
22:02 Et surtout, ce qui est intéressant,
22:04 il y a une catégorie d'acteurs qui sont concernés.
22:06 Ce que je reproche souvent au Côte du Travail,
22:07 c'est qu'on a tous le même.
22:09 Et d'une petite PME à une ferme agricole à Total,
22:11 je ne vois pas comment c'est possible.
22:13 Et bien là, on a une réglementation qui vise particulièrement des acteurs.
22:16 Sans freiner l'innovation, justement, des acteurs,
22:18 de l'innovation de tous les marchés européens,
22:20 ça, je trouve que c'est une approche qui est extrêmement intéressante
22:22 et qui est à reproduire.
22:23 - Alors, je vous avais dit qu'on aurait un invité à distance.
22:25 Il s'appelle Marc Pohlmann.
22:27 Il est normalement connecté avec nous.
22:29 Bonjour, Marc.
22:31 Avec vous, je voulais qu'on aborde ce...
22:35 Je veux dire, ce n'est pas une polémique,
22:37 mais ça pourrait en devenir une quand même.
22:39 C'est, en fait, Point de contact que vous connaissez sans doute,
22:42 qui est un moyen citoyen de signaler des contenus illicites sur Internet,
22:47 qui travaille main dans la main avec les autorités,
22:51 qui réussit cette prouesse, en fait, de faire cotiser l'ensemble des...
22:55 Enfin, l'ensemble, en tout cas, les grands acteurs du numérique mondiaux
22:59 pour lutter contre ces contenus illicites,
23:01 avec aussi une subvention de l'État.
23:04 Et puis là, d'un seul coup, sans explication, sans raison,
23:07 cette subvention a été coupée et met en danger
23:10 l'activité de Point de contact.
23:12 Est-ce que j'ai bien résumé, Marc Pohlmann ?
23:16 Oui, exactement. C'est exactement ça.
23:19 L'exécutif a mis plus de 10...
23:21 Comment est-ce qu'on est arrivé à cette situation ?
23:23 Parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, alors je vais vous emmener droit au but.
23:27 Oui, comment on est arrivé à cette situation,
23:30 j'aurais du mal à l'expliquer.
23:33 Ce qui est remarquable, c'est que l'État a mis plus de 10 mois
23:39 pour répondre aux demandes de Point de contact,
23:43 notamment pour que l'État poursuive sa mission de soutien à cette association.
23:52 L'État n'a pas répondu.
23:54 L'État a répondu après 10 mois par un simple communiqué de presse.
24:00 Et la réponse qui a été donnée est parfaitement inexacte.
24:07 À l'Assemblée nationale ce matin, ils se sont exprimés pour dire
24:10 que c'était au GAFAT payer la modération,
24:14 que Google était trésorier de Point de contact,
24:16 que OVH était président de Point de contact,
24:18 que l'État contribuait à 100%.
24:20 Tout ça, c'est parfaitement faux.
24:22 Google n'est pas trésorier de Point de contact,
24:24 OVH n'est pas président de Point de contact.
24:26 La contribution de l'État s'élève à 38%.
24:29 La seule chose qui est vraie, c'est que l'exécutif a démontré
24:32 qu'il se désengageait complètement de ce sujet de modération
24:37 et que l'exécutif n'a pas payé sa part
24:40 et laisse Point de contact dans un État extrêmement difficile.
24:43 Et alors, qu'est-ce que vous allez faire ?
24:44 Quelle est la suite ?
24:45 Quand on dit un État extrêmement difficile,
24:48 on a évoqué la liquidation judiciaire.
24:51 Est-ce qu'on en est là ?
24:52 Est-ce que l'activité va pouvoir continuer ?
24:55 Comment réagit Farros par exemple ?
24:56 Parce que Farros, vous êtes le premier signaleur expert,
25:02 je dirais, de Farros.
25:03 Donc pour eux aussi, c'est tout un travail que vous menez en amont
25:06 qui permet de retirer les contenus illicites
25:09 de manière beaucoup plus efficace et rapide.
25:12 Qu'est-ce qui va se passer là, dans les jours qui viennent ?
25:16 Ce qui va se passer, c'est que oui,
25:20 Point de contact est en position de liquidation.
25:24 L'exécutif se désengage.
25:27 Mais la bonne nouvelle, c'est que nous, on ne va rien lâcher.
25:31 Nous, chez Point de contact,
25:33 il nous reste une dose d'humanité et de l'éthique.
25:35 Point de contact a une mission de service public
25:38 et on va poursuivre cette mission de service.
25:40 Quand je dis nous, ce sont les citoyens français,
25:43 c'est l'Europe, c'est la gendarmerie nationale,
25:45 c'est la police nationale, ce sont nos sénateurs,
25:48 nos députés, les grandes plateformes,
25:50 les grands centres de données, les entrepreneurs de la tech.
25:54 Il y a un certain nombre d'associations,
25:55 notamment les associations de la protection de l'enfance.
25:59 Eh bien nous, aujourd'hui, on a peut-être un genou par terre
26:03 chez Point de contact, mais on va se remettre debout
26:06 et on va poursuivre cette mission
26:07 et œuvrer pour servir et offrir un Internet plus sûr à tous.
26:11 Cette situation est absolument…
26:17 elle n'est pas acceptable en fait.
26:19 Lorsqu'on approche des Jeux olympiques,
26:23 que le risque terroriste augmente,
26:24 que l'exploitation des images de nos enfants
26:27 pour créer du contenu pédocriminel
26:29 augmente de manière significative.
26:31 Aujourd'hui, ce sont 2,6 signalisations d'abus sexuels
26:35 sur les enfants par seconde dans le monde.
26:38 En France, on n'en est pas encore là,
26:39 mais il y a quand même 36 196 signalisations
26:42 qui sont traitées par Point de contact.
26:46 Internet devient une scène de crime,
26:49 les plateformes relaient tout un tas de cochonneries
26:54 et on n'est plus protégé.
26:56 L'État ne remplit pas sa mission.
26:59 On n'est pas en train de parler de 1 million d'euros,
27:02 on n'est pas en train de parler de 100 000 euros,
27:04 on est en train de parler de 48 000 euros.
27:06 L'État ne trouve pas aujourd'hui 40 000 euros
27:09 pour aider Point de contact et ses citoyens.
27:12 Et ce qui est incompréhensible, c'est de ne pas avoir d'explication.
27:14 On est à la fin de ce…
27:15 Désolée, je ne vais pas pouvoir vous faire réagir.
27:17 Mais on continuera d'en parler.
27:20 Enfin, j'espère qu'on en parlera pour des bonnes nouvelles.
27:21 Merci beaucoup Marc Pollman de Point de contact
27:24 et merci beaucoup également à vous, à l'Instaron,
27:27 à Marianne Tordieu, à Jérôme Vallat.
27:29 On se retrouve très vite. Bonne journée.
27:31 [Musique]

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