«Les amours difficiles» d'Italo Calvino et les concerts de Katia & Marielle Labèque à la Philharmonie de Paris

  • il y a 6 mois

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00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Nicolas Caro, le livre du jour ce matin.
00:06 Alors des nouvelles pour changer tiens.
00:08 Oui moi j'adore ça, et des nouvelles pas de n'importe qui, de l'immense Italo Calvino,
00:13 "Les amours difficiles", c'est le titre du recueil, que des histoires d'amour,
00:17 mais dans différents types de situations et avec différents personnages évidemment.
00:20 Mais écoutez les titres, "L'aventure d'un soldat", "L'aventure d'un bandit",
00:24 "L'aventure d'une baigneuse", "L'aventure d'un skieur", "L'aventure d'un automobiliste",
00:27 "Toutes les métiers quoi", écrites entre 1949 et 1967,
00:32 et donc l'écriture de Calvino évolue, et il y a un nombre de pages
00:36 qui varient entre une dizaine à chaque fois et une vingtaine.
00:39 Allez au hasard, "L'aventure d'un soldat", racontez-nous.
00:42 Ça se passe dans un train, un soldat est là, le fantasyn Thomas Gray,
00:45 il est seul dans un compartiment, et une veuve, très belle, y entre,
00:48 et s'y assoit. Il y avait plusieurs sièges, elle aurait pu choisir n'importe lequel,
00:51 mais elle s'assoit pile à côté de lui.
00:53 Le reste de la nouvelle, ce sont les tentatives discrètes d'observation
00:56 de la dame par le fantasyn pour savoir si oui ou non,
00:58 il peut se permettre de tenter une approche, et c'est très drôle.
01:02 "L'aventure d'un bandit", juste après, rien à voir, autre ambiance,
01:05 Mano Albanessi dit "Jim Bolero, un bandit, fuit",
01:09 fuit évidemment la police, et où se cache-t-il ?
01:11 Chez Armanda, une amie prostituée, qui était aussi une amie du policier qui le fuit.
01:16 Et tout se transforme en une sorte de boulevard stupéfiant et génial.
01:19 Je vous raconte pas tout, mais il y a "L'aventure d'un automobiliste" aussi,
01:22 exceptionnel, c'est un type qui vient de se disputer au téléphone
01:25 avec sa petite amie, Y, elle raccroche en disant que
01:28 "puisque c'est comme ça, elle va appeler Z, son rival".
01:30 Nom de nom, il saute dans sa voiture, il veut recoller les morceaux,
01:33 et il se refait le film pendant le trajet qui le sépare de sa ville à lui A,
01:37 jusqu'à B, la ville de sa petite amie.
01:39 Il allume les phares parce que la nuit tombe, et toute la nouvelle,
01:41 c'est l'imagination du narrateur qui tourne à plein,
01:44 qui imagine ce qu'il va dire, ce qu'il va faire,
01:46 et qui se perçoit que chaque phare derrière est en fait la voiture de Z
01:50 qui fonce chez Y, et que les phares qui viennent en face sont ceux de Y
01:54 qui viennent pour arranger les choses.
01:55 Enfin, toutes les combinaisons sont possibles,
01:57 et toutes les formes de paranoïa aussi.
01:58 - Bon, c'est marqué "suivi de la vie difficile".
02:01 - Eh oui, ça ce sont deux autres nouvelles, mais des novellas plutôt,
02:04 c'est-à-dire 60-70 pages, "La fourmi argentine" et "Le nuage de Smog",
02:09 tout aussi génial, c'est Calvino, "Le Baron Perchet",
02:12 "Le Vicomte Pourfendu", qui est l'histoire préférée de Marie Gickel,
02:15 "Les villes invisibles", c'est un génie de la comédie et de l'absurde,
02:18 ça fait beaucoup de bien.
02:19 - Voilà, "Les amours difficiles", Italo Calvino, donc c'est en poche.
02:23 Marie Gickel, justement, sur scène cette semaine,
02:26 des stars de la musique classique, il n'y en a pas tant que ça,
02:29 le duo de pianistes le plus célèbre du monde depuis 50 ans,
02:32 les soeurs Labeck, Katia et Marielle Labeck,
02:35 elles jouent à deux pianos depuis qu'elles sont gamines,
02:37 et elles sont à Paris pour une série de concerts à la Philharmonie.
02:40 - Oui, une série de concerts des opéras de Philippe Glass,
02:43 alors on va en reparler, dans une ambiance tamisée,
02:47 dans cette salle de la Cité de la Musique,
02:48 seul un grand lustre éclaire les deux soeurs,
02:50 leurs pianos avec eux se font face.
02:52 Alors, elles ont un oeil sur la partition, l'autre sur le clavier,
02:55 nul besoin de se regarder, en fait, pour Marielle Labeck.
02:58 - Par rapport à un enregistrement où on regarde tout avec une loupe,
03:01 comme ça, puis après le concert, c'est comme un voyage, en fait.
03:04 Parfois il y a des turbulences, ça se passe bien, mais...
03:07 À force de se connaître, de travailler,
03:09 on n'a pas vraiment besoin de trop se regarder,
03:11 il faut sentir, il faut respirer ensemble,
03:13 il faut vraiment phraser ensemble,
03:14 parce que sinon, on ne peut pas jouer ensemble, en fait.
03:17 - Voilà, j'ai donc assisté aux répétitions de ces deux grandes artistes,
03:20 moments de grâce, de sérénité,
03:22 bercés par la musique romantique de Philippe Glass,
03:25 le compositeur américain des années 70.
03:27 Alors, je ne sais pas vous, mais moi, son nom peut parfois m'effrayer,
03:30 je redoute un peu une musique trop pointue,
03:32 mais c'est tout le contraire selon Katia Labeck.
03:35 - Mais non, c'est le nom de la musique minimaliste qui peut faire peur,
03:38 et c'est justement l'inverse de la musique contemporaine,
03:41 telle que les gens la conçoisent.
03:43 C'est l'école, justement, des gens qui ont voulu retourner
03:45 à la mélodie, au rythme,
03:47 et à quelque chose qui connecte avec le public.
03:51 - Voilà un petit cours de l'histoire de la musique par Katia Labeck.
03:54 Philippe Glass a donc proposé cette adaptation aux Sœurs Labeck.
03:57 Il s'est inspiré de trois films de Jean Cocteau,
04:00 Orphée, Les Enfants Terribles et La Belle et la Bête.
04:02 Marielle Labeck s'est replongée avec bonheur et quelques frissons
04:06 dans ce film fantastique avec Jean Marais, sorti en 1946.
04:09 - Quand on réalise à quelle année il a fait ça,
04:12 avec ses bras qui tiennent les lustres,
04:14 c'est des images qui restent pour toujours.
04:17 Quand elle avance, aussi, quand elle arrive dans ce château
04:20 et qu'il y a ces rideaux blancs en lin qui volent,
04:23 je ne sais pas, c'est extraordinaire.
04:25 - Voilà un spectacle onirique, vous vous en doutez,
04:27 au parfum de rose, puisque les spectateurs profiteront
04:30 de ces efflux balarose diffusés pendant la représentation.
04:34 - C'est une bonne idée, ça !
04:36 - Car les Sœurs Labeck, c'est ça aussi,
04:37 des musiciennes aux jeux impeccables,
04:39 au service d'une généreuse fantaisie.
04:41 - Voilà, les Sœurs Labeck à la Philharmonie de Paris
04:44 jusqu'à dimanche pour cette trilogie Cocteau signée Philippe Glace.
04:48 Il y a un disque d'ailleurs, si on veut prolonger,
04:50 si vous voulez le découvrir avant.
04:51 Merci beaucoup Marie Gickel, les Sœurs Labeck.
04:54 Merci D. Nicolas, merci Vincent, à demain !

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