L'Huissier est un téléfilm français réalisé par Pierre Tchernia et diffusé en 1991. Le film raconte l'histoire d'Albert Malicorne, un huissier de justice qui meurt subitement. Arrivé au paradis, il est jugé par Saint Pierre et on lui apprend qu'il n'a pas été assez charitable dans sa vie.
Distribution:
Michel Serrault : Albert Malicorne
Judith Magre : Thérèse Malicorne
Maurice Chevit : Saint Pierre
Jean-Paul Roussillon : Le Diable
Jean-Pierre Cassel : Le chef d'orchestre
Production:
Le téléfilm a été produit par France 2 et Hamster Productions.
Le tournage a eu lieu en France.
Distribution:
Michel Serrault : Albert Malicorne
Judith Magre : Thérèse Malicorne
Maurice Chevit : Saint Pierre
Jean-Paul Roussillon : Le Diable
Jean-Pierre Cassel : Le chef d'orchestre
Production:
Le téléfilm a été produit par France 2 et Hamster Productions.
Le tournage a eu lieu en France.
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TVTranscription
00:00:00 - Allez ouvrez, je viens pour le terme.
00:00:16 C'est moi, Monsieur Gorgeron, le propriétaire.
00:00:20 Vous ne pouvez pas payer ? Parfait, je vous envoie l'huissier.
00:00:25 Je vous envoie un maricon.
00:00:32 Vous ne voulez pas payer ? L'huissier, vous m'entendez ?
00:00:39 L'huissier, l'huissier, l'huissier !
00:00:44 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:00:51 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:00:58 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:05 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:12 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:19 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:26 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:33 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:40 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:46 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:01:53 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:00 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:07 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:14 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:21 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:28 - Je vous envoie un maricon. - Je vous envoie un maricon.
00:02:36 - C'est une véritable infection. - Qu'est-ce qu'on lui trouve ?
00:02:41 - Il est amer. - C'est votre bouche qui l'est amer.
00:02:45 Sortez voir votre langue. Elle est blanche.
00:02:50 On devrait aller la montrer à ce bon docteur Martin.
00:02:53 - Il faut qu'il lui prescrive un épuratif. - Soit.
00:02:57 Si j'ai un instrumenté près de son cabinet, c'est avec plaisir...
00:03:02 que j'y retirerai la langue à ce bon docteur Martin.
00:03:07 C'est l'heure.
00:03:12 - C'est aujourd'hui. - C'est aujourd'hui.
00:03:25 - Et c'est vous qui... - Oui, justement.
00:03:30 Vous ne voyez pas que j'y envoie un subalterme ?
00:03:33 - C'est votre cousin maricorne. - Je vous dis, justement.
00:03:37 Sachez, mamie, que s'il le fallait, je me saisirai moi-même.
00:03:42 Jusqu'au dernier bibelot.
00:03:45 Je dois vous signaler que votre ménage est très mal tenu.
00:03:51 - Plaignez-vous à Mélanie. - Donnez-lui ses 8 jours de ma part.
00:03:56 - Cherchez-vous une autre souillon. - Sachez-en une vous-même.
00:04:00 Et comment ?
00:04:02 Et comment ?
00:04:06 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:10 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:14 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:17 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:20 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:23 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:26 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:29 - Je vous laisse. - Merci.
00:04:58 Madame Pinchon !
00:05:01 Ce matin-là, la journée de maître Malicorne
00:05:04 commença par une saisie arrêt avec expulsion
00:05:07 chez une certaine Madame Pinchon, nécessiteuse sans emploi.
00:05:11 À 7h35, la saisie était exécutée dans les règles prévues par la loi.
00:05:20 Madame Pinchon, sa vieille mère et ses deux enfants
00:05:23 se trouvaient à la rue.
00:05:27 À 8h, il était dans le magasin des cycles Malicorne
00:05:30 qui appartenait à son cousin.
00:05:33 Faire ça à moi, son cousin Germain,
00:05:35 dont le père a été blessé au chemin des dames.
00:05:38 Cher cousin, mes respects, ceux de mon épouse.
00:05:41 Gardez bien par-devers vous copie du procès-verbal.
00:05:44 Je vous laisse.
00:05:47 - Je vous laisse. - Merci.
00:05:50 - Je vous laisse. - Merci.
00:05:53 Gardez bien par-devers vous copie du procès-verbal.
00:05:56 - Avec le détach des pieds assaisis. - Ta gueule, sale vache.
00:05:59 Mais tais-toi donc, Coco. Tu sais bien qu'il a la loi pour lui.
00:06:02 Vous transmettrez mes respects à Germain.
00:06:05 - Je vais y rentrer pas. - Fumier !
00:06:07 Merci pour la visite.
00:06:09 - C'était notre réel... - Charogne !
00:06:12 C'est ton cousin ou est-lui ce qu'il vous parle ?
00:06:16 - C'est ton cousin. - Très bien.
00:06:18 Mais lui, c'est une saloperie.
00:06:20 Ça, c'est moins bien.
00:06:22 Article 224.
00:06:24 Outrage fait par parole,
00:06:27 geste ou menace,
00:06:29 et visant aux officiers ministériels,
00:06:31 dont l'exercice de ses fonctions,
00:06:34 15 jours à 3 mois.
00:06:37 À 9 heures juste,
00:06:43 Malicorn s'enfonçait droit dans la campagne profonde.
00:06:47 Le percepteur principal.
00:06:49 - Monsieur le huissier, je vous salue. - Bonjour.
00:06:52 - Monsieur le commissaire, bonjour. - Bonjour, Malicorn.
00:06:55 Je vous présente monsieur Lataché du sous-préfet,
00:06:58 qui représente ici la puissance préfectorale.
00:07:01 Monsieur Martin de Saint-Onges.
00:07:03 Monsieur Lataché, je vous présente monsieur Malicorn,
00:07:06 huissier de justice.
00:07:08 - Bonjour. - Bonjour.
00:07:10 - Vous êtes le commissaire principal. - Oui.
00:07:13 Je vous présente monsieur Malicorn, huissier de justice.
00:07:16 - Enchanté. - Enchanté.
00:07:18 Et voilà mon nouvel adjoint.
00:07:20 - Tout est en règle. - Paraffait de la main même
00:07:23 de monsieur le sous-préfet.
00:07:25 - L'oiseau est au nid. - Barricadé.
00:07:28 Ah, diable. Peut-on compter sur des effectifs ?
00:07:31 Parfaitement. Grâce à l'obligence de monsieur le sous-préfet
00:07:35 et à la vigilance de monsieur le commissaire,
00:07:38 nous avons les quelques gendarmes d'usage,
00:07:41 et le détachement de garde mobile, l'arme au pied, au cas où.
00:07:45 Parfait. Exécutons donc.
00:07:47 La vente est prévue à 11 h.
00:07:49 Ce ne sera pas long, tout est arrangé.
00:07:52 Nous avons un acheteur dans la place qui connaît le détail du cheptel.
00:07:56 Et comment allez-vous véhiculer les bestiaux jusqu'au lieu de la vente ?
00:08:00 Les veaux seront hissés dans cette bétaillette.
00:08:05 - Oui. - Les vaches, les bœufs,
00:08:08 les chiens, les vaches, les vaches,
00:08:11 les chiens seront à pied, guidés par les gendarmes.
00:08:15 Le village est à 1,5 km.
00:08:18 Étonnant, étonnant.
00:08:26 - N'a-t-on prévu l'assistance d'un serrurier ? - Non.
00:08:29 Diable, diable, que faire ?
00:08:32 - Passons par-dessus. - Comment ferez-vous sortir les bêtes ?
00:08:36 - Par là, je crois que c'est bon. - Tenez, tenez.
00:08:39 - Tenez, gendarme. - Oh !
00:08:47 - Alors, c'est machiavélique. - C'est machiavélique.
00:09:05 - Où est le bétail ? - Hein, le bétail ?
00:09:08 - Il est à l'étable. - Et où est l'étable ?
00:09:11 Je suppose que ceci est pas le bâtiment principal,
00:09:14 servant, si l'on peut dire, d'habitation pour les humains.
00:09:17 - Là doit être l'étable. - Où l'on range les bestiaux.
00:09:21 Pour le principe et la bonne règle, je cogne à la porte,
00:09:24 je les présente, et on ne me répond pas, ou des insultes,
00:09:27 je passe outre et je fais lecture de l'exploit des motifs,
00:09:31 et je lui glisse copie sous la porte.
00:09:33 Ensuite, nous fonçons sur l'étable, où nous nous emparons des bestiaux.
00:09:38 Où est Albert ?
00:10:00 Où est Albert ?
00:10:02 Je vous sors d'ouvrir !
00:10:07 Le 15 mai 1936, J. Martin Malecourt, huissier de justice,
00:10:16 requis... requis par le trésor public,
00:10:21 présenté à Louis Albert Petit, cultivateur à Saint-Moille-et-Rouge...
00:10:25 Mais, Bernard ! Ta gueule ! Faute de sang !
00:10:29 Faites donner la garde !
00:10:31 Faites donner la garde !
00:10:33 Ils ont deux jours, en effet.
00:10:41 Je ne sais pas où il y a une bétaille.
00:10:44 Petit, au nom de la loi, ouvrez !
00:10:47 Monsieur Petit, nous vous sommes de nous laisser exécuter notre mandat.
00:10:57 Pour votre bien, Petit ! Pour votre bien !
00:10:59 C'est ça ! Plus souvent que je vais laisser vendre mes bêtes à un bouchon gros !
00:11:03 C'est l'anarchie !
00:11:04 Une véritable jacquerie ! Tout à fait étonnant !
00:11:07 Où sont les gardes mobiles ? Au village !
00:11:09 Qu'est-ce qu'ils foutent au village ?
00:11:10 Craignant des troubles, je ne m'étais pas trompé,
00:11:12 je les ai massés près du lieu où doit se dérouler la vente publique.
00:11:15 Afin d'assurer l'ordre !
00:11:17 Mais... ça va pas, Malecourt ?
00:11:22 César et moi, ça va.
00:11:23 Pardon, pardon, parce que...
00:11:25 C'est le... c'est le banc d'air.
00:11:27 Non, non, non !
00:11:29 C'est l'odeur ! Étonnante !
00:11:32 Tout à fait étonnante !
00:11:35 Mais qu'est-ce que vous faites ? Arrêtez, là !
00:11:40 On essaye d'avertir les collègues !
00:11:42 Si vous pouvez prévenir les gardes mobiles !
00:11:43 Non, non, non, non ! Négation avec Petit !
00:11:46 Petit ! Tu m'entends ?
00:11:49 Tu te mets dans un mauvais cas, mon gars !
00:11:52 C'est vous autres qui y êtes !
00:11:54 Vous sortirez plus de là-dedans, tant de cochons !
00:11:56 Ah, vous vouliez me mettre sur la poille, hein ?
00:11:58 Eh bien, vous y voilà ! Servis en premier !
00:12:01 Petit, soyez raisonnable !
00:12:04 C'est l'administration qui doit l'être !
00:12:07 Accordez-lui un délai ! On veut des délais !
00:12:10 Il faut payer ce qu'on doit, sinon on est saisi ! C'est la loi !
00:12:13 C'est vous qui êtes saisi, Top Corbeau !
00:12:16 On va les laisser pourrir dans le purin !
00:12:18 Bon, ben, nous allons prendre du retard ! Accordez-lui un délai !
00:12:22 Tu en as déjà eu, des délais !
00:12:24 Si jamais la presse s'empare de l'affaire...
00:12:29 Mais non ! Négation, je vous en prie !
00:12:32 Je vous en prie, négation !
00:12:34 Nous avons un malade, Petit !
00:12:36 On veut des délais, c'est tout ! On veut plus être saisis !
00:12:39 On veut pouvoir régler les impôts en nature !
00:12:42 En nature, ça, jamais !
00:12:44 On ne sait déjà plus où ranger la casse-brasse !
00:12:46 Accordons un délai, et puis fonçons au village et revenons d'ardeur !
00:12:50 Avec la garde, la troupe et l'infanterie, s'ils le font !
00:12:54 Je ne peux pas accorder un délai et ne pas le respecter !
00:12:57 C'est contraire au Code Général des Juiciers, ça !
00:13:01 Mais je... Je suis un sermentier, messieurs !
00:13:05 Et moi aussi, je le suis !
00:13:07 Mais ce n'est pas vous qui accordez le délai, Malicorn ! C'est nous !
00:13:09 Bon, ben, Top Corbeau, alors dans ce cas, accordez-lui ! Accordez-lui !
00:13:12 Pitre !
00:13:13 Petit ! Nous vous accordons un nouveau délai de 15 jours !
00:13:18 Ouvrez-nous, maintenant !
00:13:20 Non, non ! Rien avant la moisson ! On veut pouvoir payer après la moisson !
00:13:24 Et si elle est bonne ?
00:13:26 Soit ! Après la moisson !
00:13:29 Si elle est bonne...
00:13:30 Ouvrez, petit !
00:13:33 Messieurs, si vous voulez boire un champagne avec nous, c'est de bon cœur !
00:13:37 Bravo !
00:13:39 Messieurs, si vous voulez boire un champagne avec nous, c'est de bon cœur !
00:13:55 Ah ! Voilà !
00:14:02 Allez, dégagez-moi tout ça !
00:14:04 Allez, dégagez-moi tout ça !
00:14:06 Hé, on n'est pas des bestiaux, hein !
00:14:18 L'avant du lieu, avec une heure de retard.
00:14:21 Tirez la langue !
00:14:30 Baissez-la !
00:14:32 Tout va bien, Manicorne !
00:14:34 Tout va bien !
00:14:36 Un léger en bon point qui se dessine, hein !
00:14:39 Faut me surveiller ça de près, parce que c'est allé !
00:14:42 Espoir, Manicorne !
00:14:44 Espoir !
00:14:46 Il y a que ça de vrai !
00:14:48 Mais le foie, docteur ! Le foie !
00:14:50 Ah ! Bien sûr !
00:14:52 La langue est chargée, le foie est un peu épais.
00:14:56 Ah ! Vous allez me prendre un sachet de bicarbonate après les repas,
00:15:01 afin de dilater les humeurs biliaires.
00:15:04 Et ça suffit !
00:15:06 Vous êtes taillé pour vivre cent ans, Manicorne !
00:15:11 Peut-être cent cinq !
00:15:13 Ah !
00:15:15 Vous richons !
00:15:19 Vous richons vos rapports !
00:15:20 Vous en soyez encore, Manicorne !
00:15:22 Oui, bonjour, c'est ça, bonjour !
00:15:24 C'est la guerre pour vous, bonjour !
00:15:26 Les fesses collées sur vos sièges, hein !
00:15:28 Toute la sainte journée à jacasser,
00:15:30 tandis que moi, un Manicorne,
00:15:32 j'affronte des hordes de pétanots déchaînés !
00:15:35 L'anarchie ! Le gouffre !
00:15:39 Le foie !
00:15:41 Tout, tout !
00:15:43 Tout contre moi, tout !
00:15:48 Il a encore dû le tenir hier soir au banquet de l'amicale mutuelle des clermessiers du canton.
00:15:53 On n'en a pas huit jours à l'entendre gueuler !
00:15:55 Et quand il fait quatre repas par jour...
00:15:57 Borichon !
00:15:59 C'est un gouiffre ! Il en crèvera !
00:16:03 C'est ton arbre !
00:16:05 Borichon !
00:16:06 Qu'est-ce que c'est que ton son ?
00:16:08 C'est le son de la foule !
00:16:10 C'est le son de la foule !
00:16:12 C'est le son de la foule !
00:16:14 C'est le son de la foule !
00:16:16 Qu'est-ce que c'est que ton son ?
00:16:18 C'est un procès verbal de constat de dégâts des os, maître.
00:16:21 Il s'agit d'une cuve appartenant...
00:16:23 Borichon !
00:16:25 Vous êtes mon premier clair.
00:16:27 Or, tandis que j'affrontais les hordes révolutionnaires,
00:16:30 vous, vous constatiez des dégâts des os.
00:16:32 Et vous établissiez des procès verbaux indignes de votre formation.
00:16:36 Constatez, constatez.
00:16:38 Et toutes les mentions du sagisson, maître ?
00:16:40 Et chaque pas, j'ai pas rafé comme il se doit ?
00:16:42 Mais !
00:16:44 Rafé ou pas, mais c'est présenté comme un tract socialot.
00:16:47 Y a pas de marge, pas de style, c'est plein d'inmontables...
00:16:50 Vous parlez, bon, là vous parlez de fissures, d'écoulements suspects,
00:16:53 de dommages majeurs, mais il faut décrire.
00:16:55 Faut que le lecteur entende gronder le Niagara entre les lignes, dans le centre,
00:16:58 et se réponde des flots d'os dans les marges.
00:17:01 De la largeur des marges dépend le bien fondé des...
00:17:06 - Des procès verbaux. - Des procès verbaux.
00:17:09 Allez, refaites-moi ça avec panache et envolée.
00:17:17 Je veux des marges larges et généreuses.
00:17:19 Des marges où c'est le chômage.
00:17:21 Oh ! Et puis, tenez, allez, refaites-moi ça.
00:17:23 Et puis, vous refaites ça aussi. Tout ça, tout ça, vous refaites tout ça.
00:17:26 Allez !
00:17:28 C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, hein ?
00:17:32 C'est ça, hein ?
00:17:33 Croyez-moi, je vais vous apprendre le métier de huissier, moi.
00:17:35 Tenez-vous droit, bon sang !
00:17:37 Hein ? Et soyez fiers !
00:17:39 Soyez fiers d'être bourrichons, hein ?
00:17:41 Savez-vous que vous auriez de vous glisser dans les assurances ?
00:17:44 Vous avez un cul de ronde cuir par un profil du huissier.
00:17:47 Et puis alors, bon, ben, disparaissez ! Foutez-moi le camp !
00:17:50 Disparaissez ! Vous me faites mal au foie.
00:17:52 Voilà, et attention ! Et ramenez-moi un peu de bicarbonate dans un demi-verre d'eau.
00:17:56 Vous serez gentils, hein ?
00:17:58 Voilà, disparaissez, bon sang ! Vous me faites mal au foie.
00:18:00 Et vous n'avez pas à discuter. C'est comme ça, il n'y a rien à dire.
00:18:03 On n'est pas rien. Oh, trop, trop, trop !
00:18:06 Oh, bourrichons !
00:18:08 Un refaire.
00:18:12 Merci, on a entendu.
00:18:14 Des marges et du bicarbonate ?
00:18:18 Inutile de discuter. C'est comme ça, il n'y a rien à dire.
00:18:21 On n'est pas sereins du tout, du tout, du tout.
00:18:24 Il me faudrait un adjoint.
00:18:26 Un adjoint moins attaché, un peu noble.
00:18:32 Étonnant, étonnant.
00:18:35 Indument et sans droit, en les laissant naître de tout bien.
00:18:39 Nette, nette de tout bien.
00:18:43 Potage Saint-Germain,
00:18:51 civet de la prome.
00:18:53 Que... qu'est-ce que c'était ?
00:18:56 Sol, sol au vin blanc.
00:18:59 Chapeau en limon.
00:19:02 Petit poids.
00:19:04 Panne à filet d'une petite poêle à française.
00:19:07 Dessert, fromage, fruit, café.
00:19:11 Pouce café.
00:19:13 Malicorne, au terme d'une dure journée, vers 19h30,
00:19:19 retrouvait les notables du pays dans un banquet d'association
00:19:23 où l'on mettait un point d'honneur à bien se tenir à table.
00:19:27 Au revoir.
00:19:29 Au revoir.
00:19:31 Il est urgent, mais vous êtes bien plus...
00:19:34 T'as mon petit malicorne demain, à l'aube.
00:19:48 Je vous amène une pretie de mauvais payeurs à saisir et à expiper.
00:19:52 À expiper.
00:19:54 À expiper.
00:19:56 À expiper.
00:19:58 Je m'en réjouis, mon cher gorgerin.
00:20:01 Je m'en réjouis.
00:20:03 Cher monsieur gorgerin, permettez-moi,
00:20:06 mais pourquoi ne louez-vous pas à des riches solvables, pas toujours à des pauvres ?
00:20:10 Que les riches, ils aiment les pauvres.
00:20:13 Les riches sont arrogants et pions.
00:20:16 Les pauvres sont humbles et soumis.
00:20:18 Rien n'est jamais trop beau pour un locataire qui a de l'argent.
00:20:22 Maintenant, ils en sont exigés des ascenseurs.
00:20:25 Le pauvre, il est...
00:20:27 Il est heureux d'avoir un toit pas avec ses époux,
00:20:30 mais même de temps en temps, il te dit merci.
00:20:33 J'aime les pauvres. Je les ai toujours aimés, d'ailleurs.
00:20:53 Au fond, je suis bon.
00:20:55 Je suis très bon.
00:20:57 Mon cœur saigne devant leur misère.
00:21:00 Et parfois, même un peu plus, je donne à la messe.
00:21:04 Si jamais ça se savait, horreur, horreur.
00:21:07 Trois fois horreur.
00:21:09 Je serais immédiatement ruiné.
00:21:11 Ruiné.
00:21:12 Ma fortune repose sur ma réputation de férocité sans faille.
00:21:16 Je pense que de ce côté-là, vous n'avez rien à craindre.
00:21:20 Vous me rassurez, merci.
00:21:22 Rendez-vous compte.
00:21:24 Si je devais dire que je suis bon,
00:21:26 je n'arriverais plus à encaisser seulement la moitié de mes loyers.
00:21:29 Moi qui vois pas mal de monde, je peux vous assurer que j'ai entendu nulle part dire que vous étiez bon.
00:21:35 Tant mieux.
00:21:37 Tant mieux.
00:21:39 Vous finissez pas votre siver ?
00:21:41 Je peux finir.
00:21:43 Par ici, avant de se...
00:21:46 Je peux finir.
00:21:48 À 23 heures, épuisé, mais conscient d'avoir accompli son devoir,
00:22:02 Malicorn se glissa dans le lit matrimonial près de sa chère et tendre épouse.
00:22:08 Et à 23 heures 23...
00:22:11 (Tousse)
00:22:13 Et à 23 heures 23...
00:22:29 (Tousse)
00:22:31 Depuis la dernière guerre, on a dû s'agrandir.
00:22:54 Ouais.
00:22:56 Ce sont des soldats de 14-18 ?
00:22:58 C'est la rive d'Espagne.
00:23:00 Ah !
00:23:02 Y a la guerre en Espagne.
00:23:05 (Bruit de pas)
00:23:32 (Bruit de trompette)
00:23:58 Tu es grand maintenant.
00:24:00 Faut choisir.
00:24:02 Ou tu fais l'ange ou tu fais la bête.
00:24:04 Hum ?
00:24:06 (Bruit de pas)
00:24:35 Malicorn.
00:24:37 Martin Malicorn, oui.
00:24:39 Et vous êtes huissier.
00:24:41 Pour vous servir, Excellence.
00:24:43 Mais y en a guère au paradis.
00:24:45 Je ne fais rien. Y a pas plus que ça, être avec des confrères.
00:24:48 Il me semble, mon garçon, que vous nourrissez pas mal d'illusions.
00:24:51 Oh, ben j'espère, c'est tout.
00:24:53 Je me sens d'un constance tranquille.
00:24:55 Alors, bien entendu, je suis un abominable pêcheur, un vase d'iniquité, une vermine impure.
00:24:59 Mais cela est imputable en grande partie à ma mauvaise digestion,
00:25:02 au fonctionnement cliniquement déficient de mon foie ou de ma visicule.
00:25:06 Ceci dit, il reste que je n'ai jamais fait ordre à soi personne.
00:25:10 J'allais régulièrement à la baie, surtout le dimanche,
00:25:12 et que je m'acquittais des devoirs de ma charge d'huissier à la satisfaction générale.
00:25:17 Général ? Vraiment ?
00:25:21 Bah, aucune de mes pratiques ne s'est plainte par écrit, Vénéré Saint-Pierre.
00:25:24 D'autre part, je vous rappellerai l'article 2 du Code Général des Huissiers.
00:25:28 Nul ne peut être huissier s'il a été auteur de faits contraires à l'honneur, à la probité et aux bonnes modes.
00:25:35 Merci, mon ange.
00:25:38 Pourriez-vous goûter ceci et me dire ce que vous en pensez ?
00:25:44 Avec plaisir.
00:25:47 Serait-ce une épreuve d'admission ?
00:25:51 Buvez.
00:25:53 Quelques crus célestes aux millésimes, et sans doute.
00:25:57 Buvez.
00:25:59 Ça n'a guère de saveur, mais pourtant c'est... c'est amer.
00:26:09 Nous en avons le plein cube à votre disposition.
00:26:12 Non, sans façon, merci.
00:26:16 Ceci est un échantillon des milliers d'électrolitres de larmes versées par les veuves et les orphelins que vous avez réduits au désespoir.
00:26:21 Mais si la veuve et l'orphelin sont mauvais payeurs, il faut bien recourir à la saisie immobilière.
00:26:27 Ceci, bien sûr, ne va pas sans quelques pleurs et grincements de dents.
00:26:31 Mais c'est évident.
00:26:32 Mais aussi, n'est-il pas surprenant que vous ayez pu en récolter des milliers d'électrolitres ?
00:26:36 A Dieu merci, si je puis dire.
00:26:39 Les affaires marchaient bien et je n'ai pas chômé.
00:26:43 En enfer !
00:26:45 Qu'on me le commode immédiatement d'un bon feu.
00:26:49 Et tiens, comme entretiennent ces brûlures, on les arrose en deux fois par jour jusqu'à l'éternité, avec les larmes des veuves et des orphelins.
00:26:58 Allez, au suivant.
00:26:59 Minute ! Je fais appel de ce jugement unique.
00:27:02 Quel jugement unique ?
00:27:04 Je suis seul, je...
00:27:07 Cela ne se peut pas. Il ne peut y avoir de jugement unique en matière d'éternité.
00:27:12 Je fais appel !
00:27:13 En enfer !
00:27:14 Non, enfin, permettez !
00:27:16 Permettez ! Jamais je n'ai instrumenté un dossier sans en vérifier le bien fondé juridique.
00:27:22 A tout instant, veuves et orphelins dont vous semblez faire si grand cas, pouvaient se faire soutenir à loisir par des hommes de loi.
00:27:29 Et ces veuves, ces orphelins, avaient-ils les moyens de s'entourer d'hommes de loi ?
00:27:34 En enfer !
00:27:35 Non, je connais mes droits ! C'est la loi pour moi !
00:27:38 Mais... ah ! J'exige, vous entendez ? J'exige l'arbitrace divin !
00:27:44 Et le soutien dans cette épreuve de mon Saint-Patron.
00:27:48 Quel Saint-Patron ?
00:27:49 Le bienheureux Saint-Yves, patron des hommes de loi !
00:27:53 Saint-Yves...
00:27:55 Eh bien, soit ! Que Saint-Yves paraisse et qu'on en finisse !
00:28:02 Malicorn, Martin, Malicorn huissier de justice, breton de naissance...
00:28:14 Canavo !
00:28:15 Canavo ? Ça veut dire au revoir.
00:28:17 Ah, désolé, oui. J'ai quitté Kermartin tout jeune. J'exerce en Normandie.
00:28:24 Pressons ! Il y a des âmes en souffrance ici. Au passé, mon fils, il y a du favoritisme.
00:28:32 Je vous écoute.
00:28:35 Préparez votre requête. Allez-y.
00:28:38 Je demande une suspension d'audience.
00:28:41 Ça commence.
00:28:43 Pour quoi faire ?
00:28:44 Pour préparer dans les formes une requête circonstancielle. C'est la procédure.
00:28:47 Ah, procédure. J'aurais dû m'en douter avec celui-là.
00:28:49 Bon, allez-y, faites vite.
00:28:51 Déjez votre exploit.
00:28:55 Vous n'êtes pas en avance ici. Une plume d'oie.
00:29:03 En avance ? Qu'est-ce que ça veut dire, en avance ?
00:29:06 En avance, quand on a l'éternité devant soi ?
00:29:10 Qu'est-ce que c'est que tout ce monde ?
00:29:13 Un accident d'autocar à quelques kilomètres de Lourdes.
00:29:18 Passez, mes sœurs.
00:29:21 Et lui, qui c'est ?
00:29:31 C'était le chauffeur. Il tenait très bien sa droite.
00:29:36 Bon, où en sommes-nous ?
00:29:38 J'ai, Martin, Marie-André Malicorn, huissier de justice assermenté,
00:29:44 comparu après des saïnopinés consécutifs à un report copieux dûment arrosé,
00:29:50 face à Saint-Pierre, ici présent, qui, sans examen ou toute autre forme de procès,
00:29:55 m'a signifié ex abrupto, quand ma qualité d'huissier me fallait me transporter d'urgence,
00:30:01 en un lieu dit « enfer », afin d'y être damné, et ce, pour l'éternité.
00:30:11 Argant fort de mon droit, qu'il y avait là un acte certifié d'abus d'autorité devant la Cassation,
00:30:20 et le renvoie devant une autre juridiction, il requiert concrètement la présence et l'assistance.
00:30:26 En ce moment juridiquement douloureux, de mon très vénéré saint patron,
00:30:32 à qui pas plus tard que dimanche dernier j'ai encore mis un cierge gros comme le doigt.
00:30:37 Merci pour le cierge.
00:30:38 Et les larmes des veuves et des orphelins, les larmes, parlons un peu des larmes.
00:30:42 Pardon, très cher Saint-Pierre, mais vous ne seriez imputé à un huissier
00:30:46 les larmes des veuves et des orphelins qui l'auraient fait couler dans l'exercice de sa charge.
00:30:49 L'huissier qui saisit les meubles du pauvre n'est que l'instrument de la loi humaine,
00:30:54 dont il n'est aucune mort responsable. Il ne peut que plaindre le saisit dans son cœur.
00:30:58 Son cœur, parlons-en. Loin d'accorder une pensée pitoyale à ses victimes,
00:31:01 c'est un évident de parler tout à l'heure avec une horrible allégresse.
00:31:04 Non, pas du tout. Je préjouissais d'avoir toujours été exact à remplir mes fonctions.
00:31:09 Est-ce donc un crime, ici-haut, d'aimer son métier et de le bien faire ?
00:31:13 Certes, non.
00:31:14 Serait-ce un huissier qui a créé le monde, ses inégalités, ses injustices, le chômage,
00:31:19 le grand capital, la spéculation française ?
00:31:22 Malicorne, ai-je bien entendu ?
00:31:24 Non, Malicorne, Malicorne, si vous pouvez fournir le détail de vos bonnes œuvres,
00:31:27 je suis sûr que le grand Saint-Pierre vous écouterait sans préjugés et sans hâte excessive.
00:31:31 Bon, bon, et bien, comme je le disais tout à l'heure, je suis mort sans rien devoir à personne.
00:31:38 J'ai toujours été ponctuel aux offices. En outre, je suis abonné à la croix et aux pèlerins.
00:31:45 Un abonnement ? Qu'est-ce que ça pèse, un abonnement, monsieur, à côté de ces larmes ?
00:31:51 Ça ne suffit pas.
00:31:52 Vous n'auriez pas à votre actif d'autres actes plus spontanés ?
00:31:56 Non, vous n'auriez pas des charités, quelques aumônes ?
00:31:58 Non, non, non, je ne me souviens pas, je ne vois pas.
00:32:02 On dit que la main gauche doit ignorer ce que donne la droite.
00:32:05 Et vous voyez bien, en enfer.
00:32:07 Peut-être, mais il y a incontestablement motif à cassation, car votre accusation portait à faux.
00:32:12 Corpus d'électi très mal défini, avec présomption caractérisée,
00:32:16 de plus, vous avez gravement offensé la corporation juridique,
00:32:19 et cela corrélativement avec mon client, si détestable et si peu intéressant qu'il soit.
00:32:23 Je ne puis l'admettre ni le souffrir. Je fais donc appel, moi aussi, à l'arbitrage divin.
00:32:27 L'arbitrage divin ? Mais on ne fait pas appel à...
00:32:37 (Voix de l'ancien maître)
00:32:48 Qu'est-ce qui se passe, maître ?
00:32:50 C'est lui.
00:32:51 Quelle langue s'exprime-t-il ?
00:32:57 En hébreu.
00:32:59 Un peu ici aussi.
00:33:00 Mais surtout ici.
00:33:03 Ils parlent en hébreu, ensemble, toute la sainte famille et les apôtres,
00:33:07 pour que les autres n'y comprennent rien.
00:33:10 Et quand par hasard, ils m'arrivent de parler breton,
00:33:13 pour accueillir un pays, je me fais foutre en bulletin de service.
00:33:16 Il a terminé. Saint-Pierre va nous rendre la sentence.
00:33:20 Voici le jugement divin.
00:33:26 Malicorne, il est incontestable que vous êtes un méchant.
00:33:31 Mais ma trop grande précipitation vous sauve de l'enfer.
00:33:35 Cependant, vous êtes indignes d'entrer en paradis.
00:33:39 Je vous renvoie sur Terre.
00:33:43 Vous continuerez momentanément à exercer votre ministère,
00:33:47 en essayant cette fois de saisir votre chance de béatitude.
00:33:51 Voilà, disparaissez.
00:33:54 Mais profitez bien de ce sursis divin,
00:33:57 qui vous est accordé par pure bonsuétude,
00:34:00 parce que si ce n'était qu'à moi...
00:34:02 Nous avons obtenu le sursis divin.
00:34:05 Mais de combien le sursis, maître ?
00:34:11 Maître, maître, le sursis de combien ?
00:34:14 De combien, c'est important, de combien le sursis, maître ?
00:34:19 On parle tout seul ?
00:34:24 Qu'est-ce que c'est que cette tête qu'on me fait là ?
00:34:29 Un sourire dès le matin, serait-on malade ?
00:34:32 Nom de nom !
00:34:33 Mais qu'est-ce que vous avez encore de si urgent à faire, monsieur Manicorn ?
00:34:36 Tirez la lampe, mon docteur Martin !
00:34:38 Saint-Louisier, ouvrez !
00:34:44 Saint-Louisier, n'ayez pas peur !
00:34:47 Saint-Louisier, ouvrez ! Ouvrez !
00:34:49 Oh ! Ignorantes, ignorantes, ignorantes !
00:34:51 Je suis taillé pour vivre cent ans, peut-être cent cinq !
00:34:55 Malheureux esculapes !
00:34:57 Mais qu'est-ce qui vous prend, Manicorn ?
00:35:00 Vous parlez latin, maintenant ?
00:35:02 Pardon, docteur, pardon, docteur.
00:35:04 Ce sont les nerfs, ce sont les nerfs.
00:35:06 Inscultez-moi, docteur, inscultez-moi.
00:35:08 Mais vous êtes en parfaite santé !
00:35:22 En parfaite santé !
00:35:24 Mais le foie, docteur, le foie ! La vesicule !
00:35:26 Mais le foie est toujours un peu gros, mais quoi !
00:35:30 Il me paraît, somme toute, plutôt costaud,
00:35:34 quant à la vesicule, dont certains de mes confrères font si grand cas.
00:35:37 Vous en souffrez, vraiment ?
00:35:39 Mais non, pas vraiment, c'est-à-dire que j'ai l'impression de temps en temps
00:35:42 que je vais mourir d'une minute à l'autre.
00:35:44 Mais quoi, nous sommes tous mortels et chacun les poursoit.
00:35:49 Et après chaque repas,
00:35:52 une pincée de bicarbonate,
00:35:56 outre les pilules carter,
00:35:59 dans un peu d'eau,
00:36:01 et le soir, de la camomille en décoction,
00:36:05 pour dénouer les nerfs.
00:36:07 Ah ! Supprimez aussi les encas,
00:36:14 un peu trop grands entre les repas.
00:36:16 Voilà, mon cher.
00:36:21 À part ça, les affaires ?
00:36:23 Oh, on ne peut pas se plaindre, vous savez, le temps est à la faillite.
00:36:26 Très peu de loyers payés à terme.
00:36:29 La crise économique, le front popu,
00:36:31 nous amènent beaucoup, beaucoup de pratiques.
00:36:34 Il nous faudrait à nous aussi une bonne petite épidémie, mais enfin,
00:36:38 nous ne plaignons pas, tant qu'on a la santé, n'est-ce pas ?
00:36:42 Ah !
00:36:44 [Chants d'oiseaux]
00:36:47 [Chants d'oiseaux]
00:36:50 [Chants d'oiseaux]
00:36:53 [Chants d'oiseaux]
00:36:56 [Chants d'oiseaux]
00:36:58 [Chants d'oiseaux]
00:37:01 [Chants d'oiseaux]
00:37:04 [Chants d'oiseaux]
00:37:06 [Chants d'oiseaux]
00:37:08 [Chants d'oiseaux]
00:37:10 [Chants d'oiseaux]
00:37:12 [Chants d'oiseaux]
00:37:14 [Chants d'oiseaux]
00:37:16 [Chants d'oiseaux]
00:37:18 [Chants d'oiseaux]
00:37:20 [Chants d'oiseaux]
00:37:22 [Chants d'oiseaux]
00:37:24 [Chants d'oiseaux]
00:37:26 [Chants d'oiseaux]
00:37:28 [Chants d'oiseaux]
00:37:30 [Chants d'oiseaux]
00:37:32 [Chants d'oiseaux]
00:37:34 [Chants d'oiseaux]
00:37:36 [Chants d'oiseaux]
00:37:38 [Chants d'oiseaux]
00:37:40 [Chants d'oiseaux]
00:37:42 [Chants d'oiseaux]
00:37:44 [Chants d'oiseaux]
00:37:46 [Chants d'oiseaux]
00:37:48 [Chants d'oiseaux]
00:37:50 [Chants d'oiseaux]
00:37:52 [Chants d'oiseaux]
00:37:54 [Chants d'oiseaux]
00:37:56 [Chants d'oiseaux]
00:37:58 [Chants d'oiseaux]
00:38:00 [Chants d'oiseaux]
00:38:02 [Chants d'oiseaux]
00:38:04 [Chants d'oiseaux]
00:38:06 [Chants d'oiseaux]
00:38:08 [Chants d'oiseaux]
00:38:10 [Chants d'oiseaux]
00:38:12 [Chants d'oiseaux]
00:38:14 - Pardon, Baudot.
00:38:16 Dehors, il n'y a pas de poumons.
00:38:18 Madame, faut bien qu'il dorme.
00:38:20 Ils ne peuvent pas être tout le temps là
00:38:22 pour vous faire plaisir.
00:38:24 - Bien sûr, bien sûr.
00:38:26 Bon, je repasserai.
00:38:28 Bonne journée.
00:38:30 - Tu repasseras.
00:38:32 Mais que Dieu me garde et que le diable t'emporte.
00:38:34 Vautour, Rapace,
00:38:36 Tubini!
00:38:58 - Bourichon, Bourichon, au rapport, mon frère.
00:39:00 - Bonjour, monsieur Médicorne.
00:39:02 - Bonjour, mesdames, bonjour.
00:39:04 Déjà là, déjà au travail, mon Dieu.
00:39:06 Tout est parfait, tout va bien, tout.
00:39:08 Merci, mesdames, merci beaucoup.
00:39:10 Que Dieu vous bénisse.
00:39:12 Mon Dieu.
00:39:14 Mon Dieu.
00:39:16 - C'est pas possible,
00:39:18 il s'est collé à la diète.
00:39:20 (rire)
00:39:22 (...)
00:39:50 - Bonne action.
00:39:52 (rire)
00:39:54 Mauvaise action.
00:40:00 Premièrement.
00:40:04 Et souris à ma femme
00:40:08 dès le matin.
00:40:12 Non, ce n'est pas...
00:40:16 Ce n'est pas suffisant.
00:40:18 Deuxièmement.
00:40:20 N'ai pas cassé
00:40:24 la tête
00:40:26 du bon docteur Martin
00:40:28 bien qu'il soit un...
00:40:32 Ah, c'est...
00:40:38 C'est difficile, c'est...
00:40:40 C'est difficile.
00:40:42 - Bourichon!
00:40:46 - C'était trop beau.
00:40:48 Voilà sa tripe qu'il retripe.
00:40:50 - Bourichon!
00:40:54 - Bourichon, je vais vous en demander
00:41:08 deux-cinquante francs par mois.
00:41:10 - Vous êtes trop bon
00:41:12 de mettre ma licorne.
00:41:14 - C'est comme ça, il n'y a pas à discuter,
00:41:16 il n'y a rien à dire. Sortez.
00:41:18 - Merci, maître Malicor.
00:41:20 - J'ai spontanément
00:41:24 augmenté de cinquante francs
00:41:26 par mois
00:41:28 Bourichon, mon premier clair,
00:41:30 qui ne le méritait
00:41:32 pourtant pas.
00:41:34 Mesdames, je vous augmente de vingt-cinq francs
00:41:42 par semaine. - Oh, merci, monsieur Malicorne.
00:41:44 Vous êtes trop bon. - Non, c'est comme ça.
00:41:46 ...
00:41:48 ...
00:41:50 ...
00:41:52 ...
00:41:54 ...
00:41:56 ...
00:41:58 ...
00:42:00 ...
00:42:02 ...
00:42:04 ...
00:42:06 ...
00:42:08 ...
00:42:10 ...
00:42:12 ...
00:42:14 ...
00:42:16 ...
00:42:18 ...
00:42:34 ...
00:42:48 ...
00:42:50 -Cette soupe est immonde.
00:42:53 -Allez le dire à Mélanie, mon ami.
00:42:56 C'est incapable, une souillon.
00:42:59 Et de plus, je suis sûre qu'elle vole.
00:43:02 ...
00:43:15 ...
00:43:25 -J'ai augmenté de 50 fonds par mois ma servante Mélanie,
00:43:28 bien qu'elle soit une souillon et une incapable.
00:43:34 -On griffe à la table, maintenant ?
00:43:37 -Une autre pensée m'est venue.
00:43:40 -Pour quoi faire ?
00:43:45 -Pour ne pas la laisser perdre, mamie.
00:43:47 -J'imagine.
00:43:48 Quelle perte ce serait, une pensée de malicorne.
00:43:52 -Maître, c'est le...
00:44:10 Merci d'être venu si vite.
00:44:14 -C'est tout naturel.
00:44:15 -Vous en prie, installez-vous.
00:44:17 -Merci.
00:44:18 -S'il ne me trompe,
00:44:20 nous vous avons livré votre costume d'hiver triannuel.
00:44:23 Nous ne sommes pas en été.
00:44:25 Y aurait-il alors un événement heureux en perspective ?
00:44:29 -Heureux ?
00:44:30 -Imposant un débit de cérémonie, voire un smoking ?
00:44:33 -Non, en vérité,
00:44:34 ce n'est pas pour une commande ordinaire que je vous ai demandé.
00:44:38 Pourrions-nous, cher Blum, parler sol à sol ?
00:44:43 -C'est mon neveu.
00:44:44 Je lui apprends le métier, il me note les mesures.
00:44:47 -Non, non, mais il n'y aura pas de mesures.
00:44:50 -Il n'y aura pas de mesures ? -Pas de mesures.
00:44:53 -Va m'attendre dans le bureau d'à côté.
00:44:57 Viens me montrer.
00:44:58 -Il est tout jeune.
00:45:01 -Oui, oui.
00:45:02 -Euh, pardon, je m'excusais.
00:45:10 Cher Blum... -Cole.
00:45:12 -Pardon, Blum.
00:45:13 -Cole.
00:45:14 -Il s'agit, évidemment, cher Blum, d'une mission assez...
00:45:18 Enfin, d'une tâche assez délicate.
00:45:20 Je vous demanderais la plus grande discrétion.
00:45:23 -Soyez assuré que je serai comme toujours bouscosu.
00:45:26 -Hé, hé, hé !
00:45:27 ...
00:45:34 Brouhaha de porte qui s'ouvre.
00:45:36 ...
00:45:57 -Voilà, voilà la chose.
00:45:59 ...
00:46:03 -C'est une veste de pyjama.
00:46:05 -Exactement.
00:46:06 ...
00:46:09 -Il me la faudrait, cette veste de pyjama,
00:46:11 avec deux poches intérieures.
00:46:13 -Deux poches intérieures ?
00:46:15 -Une de chaque côté, comprenez-vous ?
00:46:18 -C'était pas l'usage.
00:46:19 -Quel dédoux ! J'en ai d'ailleurs cherché partout,
00:46:22 même aux Dames de France, et malheureusement,
00:46:24 j'ai pas trouvé de pyjama avec poche intérieure.
00:46:27 Alors, simplement, il me les faudrait assez grandes
00:46:31 pour que je puisse y glisser un carnet de ce format.
00:46:36 C'est-à-dire un dans chaque poche.
00:46:38 Comprenez-vous ? -Oui.
00:46:39 -Non, pardon.
00:46:41 ...
00:46:43 Venez.
00:46:44 ...
00:46:46 Bien entendu, je vous parle là sous le sceau du secret professionnel.
00:46:51 Je dois, comprenez-vous,
00:46:52 je dois ne jamais me dessaisir de ces carnets
00:46:57 qui contiennent des documents, enfin, des actes,
00:47:00 de première importance,
00:47:04 et que je puis être appelé à produire,
00:47:07 et qui sait, même en plein coeur de la nuit,
00:47:10 n'est-ce pas ?
00:47:12 Peut-être même sans préavis préalable,
00:47:14 devant une très, très haute instance.
00:47:21 À ce point, c'est une question de vie ou de mort, en plus grave.
00:47:26 Tiens. Non !
00:47:29 Pas ce mot, pas ce mot, je vous en prie.
00:47:31 Blum, pas ce mot, Blum.
00:47:33 Bon, alors, dans la journée, vous voyez,
00:47:36 je prends ce carnet et je le mets là, dans cette poche.
00:47:41 Bon. Et c'est le...
00:47:43 Ça, c'est le costume que vous m'avez fait il y a six ans.
00:47:45 -Il est encore très bien, mais je me disais aussi
00:47:47 que votre patrine était quelque peu expansive.
00:47:49 Ça tire sur le pied de colle et déforme aussi votre revers.
00:47:53 -Vous voyez, ça, c'est pas grave, qu'importe.
00:47:55 Vous me faites les poches intérieures sur le pyjama,
00:47:59 et puis, pour le reste, ça n'a pas d'importance, tant pis.
00:48:02 Tant pis pour l'air vert.
00:48:04 Pardon. Pardon.
00:48:05 Il y a déjà des poches.
00:48:07 Extérieures ! Extérieures !
00:48:13 Il me les fout intérieures !
00:48:17 Il ne peut même pas me permettre d'être vu dormant
00:48:21 avec des carnets sur moi.
00:48:22 Bon, enfin, mais bon, j'aurais l'air de quoi !
00:48:28 -Mais en pyjama, qui vous voit ?
00:48:30 -Ma femme !
00:48:31 -Ah !
00:48:34 Ah, je vois.
00:48:36 -Glissez vos carnets dans les poches extérieures existantes
00:48:43 et passez votre pyjama à l'envers.
00:48:45 De cette façon, les poches extérieures
00:48:47 deviendront poches intérieures.
00:48:49 De plus, comme elles sont judicieusement placées
00:48:51 au niveau de votre bassin,
00:48:52 elles déformeront beaucoup moins votre anatomie
00:48:55 et seront moins exposées aux regards matrimoniaux.
00:48:58 -Vous croyez ?
00:49:00 -Tenez, enfilez-moi ça.
00:49:01 -Ah !
00:49:02 -Une manche... -Pardon. Pardon.
00:49:08 -Et l'autre manche.
00:49:09 -Voilà.
00:49:11 -Voilà.
00:49:12 -Bon, bon, bon !
00:49:13 Allez, bon ! Les boutons !
00:49:15 -Vous les boutonnez par l'intérieur.
00:49:19 Voilà.
00:49:20 C'est un tour de main...
00:49:23 -Ah ! -à prendre.
00:49:24 -Oh !
00:49:25 Merci, Blum.
00:49:28 Vous me sauvez.
00:49:29 Vous me sauvez la vie.
00:49:30 -Laissez donc.
00:49:31 Laissez donc.
00:49:32 Mais quand on peut rendre service,
00:49:34 éviter des dépenses inutiles...
00:49:36 -Ah ! Blum !
00:49:37 -Oui ?
00:49:38 -Vous avez des enfants ?
00:49:41 -Deux.
00:49:42 -Je n'aurai jamais rien acheté pour Noël.
00:49:44 -Non, mais il n'était pas nécessaire.
00:49:46 -Tenez, achetez-leur des joujoux de ma part.
00:49:49 -Ils ont 30 ans.
00:49:50 -Oui, mais ça me fait plaisir.
00:49:52 -Prenez ça pour votre neveu aussi.
00:49:53 Vous lui achetez un nécessaire de couture.
00:49:56 -Vraiment ? Je suis confus.
00:49:57 -Et tenez, ça, c'est pour votre dérangement.
00:50:00 Prenez aussi.
00:50:01 -C'est trop bon !
00:50:03 -Ha ! Ha ! N'est-ce pas ?
00:50:05 ...
00:50:22 -Donnez 3 fois 50 à mon tailleur,
00:50:26 bien qu'il se nomme Blum.
00:50:28 Non.
00:50:30 Rions-cela, parce que ça peut choquer là-haut.
00:50:34 Ils sont tellement susceptibles.
00:50:35 Bien qu'il coupe comme une savate.
00:50:41 Maître.
00:50:52 -Oh ! Mais on frappe avant d'entrer !
00:50:54 Nom de Dieu ! Avant !
00:50:56 Vous voyez ce que vous me faites dire.
00:50:58 -Pardon, mon Dieu. Pardon.
00:51:01 Mais maître, j'avais frappé avant d'entrer.
00:51:04 -Oui, ne tremblez plus.
00:51:05 Ne tremblez plus comme ça.
00:51:07 La grosse colère du patron est passée.
00:51:09 Bon, tenez, mon ami.
00:51:10 Prenez.
00:51:12 Prenez 50 francs pour vous acheter un calmant.
00:51:15 Vous prenez de la camomille en vrac
00:51:17 pour vous en faire une décoction.
00:51:19 De quoi s'agit-il ?
00:51:20 Qu'y a-t-il de si urgent ?
00:51:22 -C'est que c'est M. Grosserain...
00:51:26 -Grosserain.
00:51:27 -Gorgerain qui veut partir, maître.
00:51:29 -Faites-le entrer, mon brave bourrichon.
00:51:32 Faites entrer ce bon M. Gorgerain.
00:51:35 -Mais maître, vous êtes...
00:51:37 -Je suis...
00:51:38 en pyjama.
00:51:40 -Ah oui, je suis en pyjama.
00:51:42 J'adore enfiler une veste de pyjama à l'après-midi.
00:51:46 J'adore ça. J'ai l'impression de faire l'askette.
00:51:49 -Ha ! Ha !
00:51:51 -Bon, faites-moi le camp !
00:51:52 -50 francs, 50 francs, 50 francs.
00:51:59 Il faut que je restreigne mes actions généreuses du jour
00:52:03 pour ne pas me retrouver à découvert.
00:52:06 -Entrez, entrez, entrez.
00:52:13 Ah ! Asseyez-vous.
00:52:15 Je suis à vous.
00:52:16 -Comme la sardine.
00:52:18 -Pardon ?
00:52:19 -Je suis à vous comme la sardine est à l'huile.
00:52:22 -Hé ! Hé ! Hé !
00:52:23 -Sans doute, sans doute.
00:52:25 Que me vaut le plaisir ?
00:52:26 -Des expipés.
00:52:28 Des expipés.
00:52:29 Des expulsions.
00:52:31 -Expulsions.
00:52:33 -Voilà.
00:52:34 Des jugements dus.
00:52:36 Des saisies immobilières ordonnées que vous n'avez plus qu'à exécuter.
00:52:40 Voilà l'accord du commissaire.
00:52:42 L'aval du préfet.
00:52:43 Et enfin, les noms et les adresses des heureux élus du jour.
00:52:47 -Voyons cela.
00:52:49 Mme Boeuf-Bertrand...
00:52:51 Deux enfants.
00:52:53 -Ah ! Mais je ne paie pas.
00:52:57 -Cette impasse du plaisir, 6e étage.
00:53:00 Mais il s'agit d'une de vos chambres de bonne
00:53:03 dans cet immeuble voué à la démolition.
00:53:05 -Elle ne paie pas. Puis deux termes.
00:53:07 Voici les diverses injonctions sans réponse.
00:53:10 Six mois, mon cher.
00:53:11 Six mois.
00:53:13 -Tout m'a l'air parfaitement en règle.
00:53:15 Bon, ben, nous...
00:53:17 Nous fonderons le nécessaire.
00:53:19 -J'espère bien.
00:53:20 -Fèvre luyogène.
00:53:23 Oh !
00:53:26 -Ah !
00:53:27 Invalide.
00:53:30 -En pas de guerre, du travail.
00:53:32 -Mais n'ai-je pas déjà instrumenté contre lui une saisie à rêve ?
00:53:36 -J'ai eu la faiblesse de lui relouer une cave.
00:53:38 J'ai besoin d'en magasiner quelques denrées périssables.
00:53:42 -Mais que fait ce fèvre luyogène dans cette cave ?
00:53:45 -Il y loge indûment.
00:53:47 Il y copie sans bail ni quant à de location.
00:53:50 De plus, il ne paie plus.
00:53:52 Allez, c'est un dégagé.
00:53:53 C'est un local à vocation commerciale.
00:53:56 -Pourrions-nous pas sursoir un mois ou deux lui donner un délai ?
00:54:00 Enfin, attendre qu'il...
00:54:02 Attendre ?
00:54:05 -Attendre ?
00:54:07 Mais attendre quoi ?
00:54:09 Que son bras repousse ?
00:54:12 -Oh !
00:54:13 -Mais c'est un infirme, ma licorne, un infirme.
00:54:16 Il ne retravaillera jamais.
00:54:18 Et moi, je ne suis pas philanthrope, mais propriétaire.
00:54:22 Les 42 immeubles, 151 locataires, tous pauvres, tous plus ou moins nécessiteux,
00:54:27 tous dignes de compréhension.
00:54:29 Or, que dois-je faire ?
00:54:30 Les héberger à l'œil ?
00:54:32 Qu'ils crachent à chaque terme, sinon dehors.
00:54:35 Et ceux qui résistent, on les expulse.
00:54:37 D'ailleurs, vous êtes là pour ça, non ?
00:54:40 Vous êtes bien content de trouver des clients comme moi, ma licorne ?
00:54:44 -Certes, certes, mais dans votre intérêt même,
00:54:47 la vente des quelques mobles de ces deux locataires, par exemple,
00:54:51 ne couvriront même pas le dixième de votre crayon.
00:54:55 Et puis, il y a les timbres fiscaux, mes propres émoluments, enfin...
00:55:00 -Tant pis, je préfère y perdre.
00:55:03 Les autres sauront qu'il faut payer ou déguerpir.
00:55:06 -Très juste, très juste.
00:55:08 -L'exemplarité des peines, ma licorne.
00:55:12 L'exemplarité.
00:55:15 -Hum, d'une certaine façon, peut-être.
00:55:20 -En effet.
00:55:22 -Bien, on a maintenant un ouvrage, ma licorne, un ouvrage taillot, taillot.
00:55:27 Libérons les taudis, faisons place nette pour accueillir de nouveaux locataires
00:55:31 qui verseront de nouvelles cautions.
00:55:33 Et puis, expipi, expipi, expulsons.
00:55:38 -Toujours à votre service, cher M. Gorgorin.
00:55:42 -M. Gorgorin.
00:55:44 -Pédile.
00:55:48 -Songez-vous au jugement dernier.
00:55:51 -Je ne pense qu'à ça, ma licorne, qu'à ça.
00:55:56 Et je me dis qu'au lieu de me sangrer d'avoir donné à toi aux miséreux,
00:56:00 aux désirétés, j'aime les pauvres, je hais les riches.
00:56:05 Comme Jésus, ma licorne.
00:56:09 Comme Jésus.
00:56:11 Salut et prospérité.
00:56:14 ...
00:56:20 -Oh, c'est trop bien.
00:56:23 ...
00:56:26 (Il toque.)
00:56:27 -Qui c'est ? -Ma licorne, visquée de justice.
00:56:31 -Ma maman n'est pas là.
00:56:33 -Ouvre, mon enfant, ouvre. Je sais qu'elle est là.
00:56:37 -Laissez-nous, laissez-nous. Je peux pas payer, je peux pas.
00:56:42 J'ai deux enfants. Je suis malade, j'ai plus de travail.
00:56:46 -Mme Bertrand, vous vous méprenez.
00:56:48 Je ne suis pas ici pour saisir ni instruire contre vous.
00:56:53 Je reviendrai demain pour cela
00:56:55 avec M. le commissaire de l'arrondissement
00:56:57 et des déménageurs du Maroc.
00:57:00 -Vous voulez que je me tue, c'est ça ?
00:57:02 Vous voulez qu'on se tue tous les trois ?
00:57:04 -Mesdames, je constate que vous n'êtes pas en état
00:57:06 de soutenir une conversation sans cesse.
00:57:08 Je vous laisse.
00:57:10 -Vous voulez un billet de 50 francs que je glisse sous votre porte
00:57:13 et demain devant M. Gorgerin, votre propriétaire,
00:57:18 vous me le remettrez à titre de provision sur créance.
00:57:22 Ainsi, sauverez-vous vos meubles et vos vêtements
00:57:24 ainsi que ceux de vos enfants, bien entendu.
00:57:28 -50 francs ?
00:57:29 -Oui, tenez, ils sont pour vous. Prenez.
00:57:31 -Merci, maître. Merci.
00:57:35 Vous êtes un saint.
00:57:38 -Un saint.
00:57:41 -Vous êtes bon, maître Malicorne. Vous êtes très bon.
00:57:45 -Bonne action.
00:57:47 50 francs. Vos vêtements.
00:57:50 -Madame, une petite pièce, s'il vous plaît.
00:57:57 Monsieur, j'ai faim.
00:58:01 -Ah !
00:58:03 -Trop tard.
00:58:05 -Une petite pièce pour manger.
00:58:07 -Non, madame, mon pauvre ami, la petite pièce n'est pas comptabilisable.
00:58:11 Si je vous vois demain pendant les heures ouvrables,
00:58:14 c'est avec le plus grand plaisir que je vous offrirai un billet de 50 francs.
00:58:18 -50 francs ? -Demain.
00:58:21 -Vous êtes bon.
00:58:23 -Vous êtes bon.
00:58:25 Il est bon. -Il est bon.
00:58:29 -Il est bon. -Il est bon.
00:58:31 -Il est bon, M. Malicorne.
00:58:34 Il est bon, bon comme un monsieur.
00:58:37 Il est bon, M. Malicorne.
00:58:39 Il est bon, bon comme un griffier.
00:58:42 -Chaque soir, Malicorne prenait plaisir à feuter ses carnets.
00:58:50 Rien n'était réconfortant comme la vue de toutes ces pages
00:58:54 où les bonnes oeuvres s'inscrivaient en colonnes serrées.
00:58:57 Il s'était imposé une moyenne quotidienne de 12 bonnes actions
00:59:01 qu'il portait à 15 ou 16 quand son foi lui inspirait des inquiétudes.
00:59:05 Bientôt, au lieu de borner sa générosité à des homones aux particuliers,
00:59:09 il eut l'idée de faire des dons à toutes les oeuvres
00:59:14 constituées sous la présidence d'un personnage influent
00:59:18 et trouva sans peine des débouchés à sa générosité.
00:59:22 -Bien qu'il ne soit pas d'usage de rendre de reçus en matière d'homones,
00:59:26 c'est bien volontiers que je m'exécute.
00:59:30 -Bien vite, sa renommée grandit dans les milieux de la vie.
00:59:35 Et il se dit dans les milieux bienpensants.
00:59:38 -Voilà, cher grand bienfaiteur, voilà, avec ma bénédiction.
00:59:44 -Et c'est ainsi que Malicorne devint la vedette des fêtes de charité.
00:59:50 (Musique)
00:59:54 ---
01:00:19 (Applaudissements)
01:00:25 ---
01:00:31 -Et maintenant, très chers amis,
01:00:35 notre petite Laure va vous lire quelques vers
01:00:41 que j'ai commis en l'honneur de notre amie Malicorne.
01:00:48 Voilà.
01:00:50 -C'est à toi.
01:00:52 -Oh, Malicorne amie, symbole d'espérance,
01:00:55 ta générosité se répand sur la France,
01:00:59 tandis que ta main droite, oracle de la loi,
01:01:03 fait triompher partout la justice et le droit.
01:01:08 Sur les infortunés, quand ta volonté se penche,
01:01:12 ta gauche, main du coeur, à large flot s'épanche.
01:01:16 Comment te remercier. Il est bon, Malicorne.
01:01:19 Il est bon, notre huissier.
01:01:21 (Applaudissements)
01:01:28 ---
01:01:30 -Et maintenant, mes amis,
01:01:33 voici un instant qui va être très émouvant.
01:01:37 Mon cher Malicorne, s'il vous plaît.
01:01:41 (Brouhaha)
01:01:47 ---
01:01:52 Au nom de la Fédération Normande
01:01:55 des oeuvres de bienfaisance et de charité,
01:01:58 je suis heureux de remettre à notre amie,
01:02:01 notre cher ami Malicorne,
01:02:04 la croix d'officier de la volonté française, avec palme.
01:02:08 -Bravo. -Très bien.
01:02:10 ---
01:02:12 -T'as dit...
01:02:14 Non.
01:02:17 Non, non.
01:02:19 Ah, c'est bon.
01:02:21 ---
01:02:43 -Être bon comme ça, visage découvert,
01:02:47 faut dire qu'il se sent fort.
01:02:50 -Il y a un mandat, c'est sûr.
01:02:52 La mairie? -Vous n'y êtes pas.
01:02:54 Je sais de source sûre qu'ils visent le Sénat.
01:02:57 -Mais pourquoi pas l'Elysée?
01:02:59 -Le Sénat a rébusé avant la béatitude suprême.
01:03:03 -Ça sent pas bon.
01:03:05 -Mais de quelle partie est-il?
01:03:08 -Il est indépendant.
01:03:10 -T'as peur. -Il est fort.
01:03:12 -Il est fort.
01:03:15 -Tant qu'on ouvre les mouches, il est bon.
01:03:18 -Il est humain.
01:03:20 ---
01:03:22 -Au milieu de cette félicité municipale,
01:03:25 seule Mme Malicorne regardait avec scepticisme
01:03:29 la bonté de son mari.
01:03:31 ...
01:03:47 -On engrasse, côté bassin,
01:03:49 M. le bienfaiteur de l'humanité.
01:03:51 -On grossit un peu, oui.
01:03:54 Quoi de plus naturel à nos âges?
01:03:56 -Si on ne voit pas clair dans son jeu, on se trompe.
01:03:59 -Pardon? Vous disiez?
01:04:01 ...
01:04:11 -Vous disiez?
01:04:14 -Je disais qu'on n'est rien d'autre
01:04:16 que un selgo, qu'un hypocrite et qu'un tartuffe.
01:04:19 M. Malicorne.
01:04:21 -Il s'en fort fenterie.
01:04:23 -Oui, beau masque.
01:04:26 On achète sa part de paradis à crédit
01:04:29 en dilapidant le patrimoine commun.
01:04:31 -Qu'allez-vous chercher? Je donne pour le plaisir de donner.
01:04:34 J'ai trop côtoyé la misère.
01:04:36 -Et ta sœur?
01:04:39 -J'ai pas de sœur.
01:04:41 Si j'en avais une... Bon.
01:04:43 ...
01:04:49 -On ne se soucie nullement de mon salut à moi.
01:04:52 L'argent est à nous deux.
01:04:55 Nous nous sommes mariés à cause de Badotte, bien sûr,
01:04:58 sous le régime de la communauté. Ne l'oublie pas.
01:05:01 La dilapidation du bien commun
01:05:04 est à délit, punie par la loi.
01:05:07 -Si cela vous tient tant à cœur,
01:05:10 je puis vous allouer bien volontiers
01:05:13 un compte courant spécial,
01:05:15 afin que vous puissiez vous aussi, dans la mesure du raisonnable,
01:05:18 vous adonner au doux plaisir de donner.
01:05:21 -Ha!
01:05:24 Il ne manquerait plus que ça.
01:05:26 Un fou dans la famille, ça suffit. Merci.
01:05:28 Il ne manquerait plus que de mon côté.
01:05:30 J'augmente cette souillante mélanie
01:05:32 et cette âne bâtée de bourrichons.
01:05:35 -Mais votre part de paradis, mon ange...
01:05:37 -T'inquiète. J'ai pas grand-chose à me faire pardonner.
01:05:40 D'ailleurs, j'y crois pas. -Tu crois à quoi?
01:05:42 -J'y crois pas. C'est tout.
01:05:44 -Ah oui? Malheureuse.
01:05:47 Moi qui me croyais au moins bonne chrétienne.
01:05:50 -Et alors? On peut être bonne chrétienne sans croire, non?
01:05:53 C'est pas interdit.
01:05:55 -Bonsoir, sa malicorne.
01:06:05 -Bonsoir, madame malicorne.
01:06:08 Bonsoir.
01:06:10 Bonsoir.
01:06:12 -Au bout d'un an,
01:06:19 l'huissier qui continuait à tenir registre de ses bonnes actions
01:06:22 en avait rempli six carnets.
01:06:24 Cependant, il se sentait parfois troublé et inquiet.
01:06:29 C'était une espèce d'incertitude poignante et mélancolique
01:06:32 ne se rapportant à aucun objet précis
01:06:35 et qu'il ne lui souvenait pas d'avoir jamais éprouvé.
01:06:39 ...
01:06:41 ...
01:06:58 -Avant de vous dire bonsoir,
01:07:01 nous devons vous rappeler que la retransmission du spectacle
01:07:04 de l'Européen, si vous voulez l'entendre,
01:07:06 est en cours d'octobre.
01:07:08 ...
01:07:10 ...
01:07:13 -Malicorne, huissier de justice.
01:07:15 ...
01:07:17 -Monsieur Malicorne, entrez donc.
01:07:19 -C'est juste pour vous remettre ceci, madame.
01:07:22 -Mais mon cher monsieur Malicorne, vous êtes déjà passé hier.
01:07:26 Vous ne pouvez pas me donner chaque jour 50 francs.
01:07:29 Ça ne serait pas raisonnable.
01:07:31 -Hier?
01:07:33 -Oui.
01:07:36 -Mais asseyez-vous, reposez-vous.
01:07:39 Vous avez l'air tout barbouilleux.
01:07:41 -Barbouilleux?
01:07:43 Nous sommes à quel étage?
01:07:45 -Au second.
01:07:47 -Ah!
01:07:50 -Reposez-vous, monsieur Huissier.
01:07:52 -Non, je dois monter dans les étages.
01:07:54 Y a-t-il une personne méritante là-haut?
01:07:56 -Juste au-dessus de l'autre escalier à main droite,
01:07:59 il y a cette petite madame Suzette qui a bien des malheurs
01:08:03 et beaucoup de courage. Elle est couturière à domicile.
01:08:05 Elle a deux enfants. Son mari est à l'hôpital
01:08:07 et son papa à l'hospice.
01:08:09 -Oh, à l'hôpital, l'hospice.
01:08:11 Mais c'est magnifique.
01:08:14 Chico, Rico, merci.
01:08:16 -Merci, monsieur Huissier.
01:08:19 Et revenez quand vous voulez.
01:08:21 (Bruits de la foule)
01:08:23 (...)
01:08:26 (...)
01:08:28 (...)
01:08:30 (...)
01:08:32 (Bruit de la foule)
01:08:35 (Bruits de la foule)
01:08:37 (Bruits de la foule)
01:08:39 (Toc! Toc! Toc!)
01:08:41 -Qui c'est?
01:08:43 -C'est Huissier. -C'est Huissier, maman.
01:08:46 (Bruits de la foule)
01:08:49 (Bruit de la foule)
01:08:51 -Ah! Ta maman s'appelle bien Suzette?
01:08:54 -Oui, monsieur Huissier. -Et elle est cousette.
01:08:57 -Oui? -Oui.
01:08:59 (Rires)
01:09:02 (Bruits de la foule)
01:09:04 (...)
01:09:06 (Bruits de la foule)
01:09:08 (...)
01:09:10 -Je finis ça. Je suis aux pièces, monsieur Huissier.
01:09:14 -Ne vous dérangez pas pour moi, surtout.
01:09:17 Ne vous dérangez pas pour moi. On est si bien chelou.
01:09:20 -Vous êtes trop bon, monsieur Huissier.
01:09:23 -Non! On n'est jamais trop bon, jamais.
01:09:26 -Vas-y.
01:09:29 (Bruits de la foule)
01:09:31 (...)
01:09:33 (...)
01:09:35 (...)
01:09:37 (Bruits de la foule)
01:09:40 -Que tu es gentil.
01:09:42 Je te vous ai dû en tituler de rien.
01:09:45 Très jolie petite fille.
01:09:47 On est bien, hein?
01:09:49 On est bien chez maman.
01:09:52 Non?
01:09:54 (Rire)
01:09:56 Mon Dieu, qu'on est bien chez maman.
01:09:59 (Bruits de la foule)
01:10:01 (Toc, toc, toc)
01:10:04 (Toc, toc, toc)
01:10:06 (Toc, toc, toc)
01:10:08 (Bruits de la foule)
01:10:10 -Je vais voir ce que c'est.
01:10:12 (Bruits de la foule)
01:10:15 (Bruits de la foule)
01:10:17 (Toc, toc, toc)
01:10:19 -C'est qui?
01:10:21 -C'est le propriétaire, ma petite dame.
01:10:24 Monsieur Gorgelin, propriétaire.
01:10:27 -C'est pas aujourd'hui ou pas demain.
01:10:30 J'en ai assez d'attendre.
01:10:32 Vous me faites récuperer avec des balles hivernes.
01:10:35 Ouvrez ou j'en fous de la porte.
01:10:37 Allez, donnez-moi mon argent.
01:10:40 Et tout de suite, vous, sans vos petites économies,
01:10:43 montez-les-moi.
01:10:45 Que je fasse caractère, mon petit bordel.
01:10:48 Et je casse votre petite tirée.
01:10:51 (Cri)
01:10:54 -Non, ma belle. On sort son argent tout de suite.
01:10:57 On le déballe, on le monte.
01:10:59 Sinon, lui, c'est...
01:11:01 (Bruit de porte)
01:11:03 -Quand on parle du loup,
01:11:06 qu'est-ce que vous faites, mon petit malicorne?
01:11:09 Vous êtes fou. C'est moi, Gorgelin,
01:11:12 pas Pailloux. -Ouais, sale cochon propriétaire.
01:11:15 Sortez. -Vous êtes fou.
01:11:17 Vous êtes complètement fou. -Au revoir les propriétaires.
01:11:21 Vive le locataire.
01:11:23 (Coup de feu)
01:11:25 (...)
01:11:33 (Musique douce)
01:11:36 (...)
01:11:52 -Oh!
01:11:54 Mes bonnes actions, mes bonnes actions,
01:11:57 mes certificats.
01:11:59 Mes certificats.
01:12:02 Oh!
01:12:05 Mes bonnes actions, mes bonnes actions.
01:12:08 -Ce ne sera pas nécessaire. Votre compte ne sera pas long à régler.
01:12:11 -Alors, des bonnes œuvres? -Pas des.
01:12:14 -Non, je protège. -Mais une, mais de taille.
01:12:17 Lui, un huissier, il a crié "Aballons-nous".
01:12:21 "Aba, les propriétaires." -Oh!
01:12:24 Magnifique! Magnifique!
01:12:26 -Malicorne, Malicorne, c'est...
01:12:28 (Coup de feu)
01:12:30 (...)
01:12:33 -Que se passe-t-il?
01:12:35 -Malicorne, huissier de retour au Tréhaut,
01:12:38 il a crié "Aba, les propriétaires.
01:12:41 Vive les locataires." -C'est très beau.
01:12:44 -Il a crié par deux fois au Tréhaut. Et il en est mort.
01:12:48 Au moment même où il défendait une pauvresse
01:12:51 contre la férocité de son proprio.
01:12:53 (Coup de feu)
01:12:55 -Alors, Dieu commanda aux anges de jouer en l'honneur de Malicorne
01:12:59 du lutte, de la viole, du hautbois et du flageolet.
01:13:03 Ensuite, il fit ouvrir les portes du ciel à deux bâtons,
01:13:07 comme cela se fait pour les déshérités, les clochards,
01:13:10 les claque-dents, les condamnés à mort.
01:13:12 Et l'huissier, porté par un air de musique,
01:13:15 entra au paradis.
01:13:18 (Musique)
01:13:21 (Musique)
01:13:24 (Musique)
01:13:27 (Musique)
01:13:30 (Musique)
01:13:33 (Musique)
01:13:36 (Musique)
01:13:40 (Musique)
01:13:43 (Musique)
01:13:46 (Musique)
01:13:49 (Musique)
01:13:52 (Musique)
01:13:56 (Musique)
01:13:59 (Musique)
01:14:02 (Musique)
01:14:05 (Musique)
01:14:08 (Musique)
01:14:12 (Musique)
01:14:15 (Musique)
01:14:18 (Musique)
01:14:21 (Musique)
01:14:24 (Musique)
01:14:28 (Musique)
01:14:31 (Musique)
01:14:34 (Musique)
01:14:37 (Musique)
01:14:40 (Musique)
01:14:44 (Musique)
01:14:47 (Musique)
01:14:50 (Musique)
01:14:53 (Musique)
01:14:56 (Musique)
01:15:00 (Musique)
01:15:03 (Musique)
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01:15:09 (Musique)
01:15:12 (Musique)
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01:15:25 (Musique)
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