• il y a 5 mois
La Fashion Week de Paris, telle qu'on la connaît aujourd'hui, a commencé à prendre forme dans les années 1970, bien que Paris ait été un centre de la mode bien avant cela.
Évolution : Au fil des décennies, la Fashion Week parisienne est devenue l'un des événements les plus prestigieux du calendrier de la mode internationale, aux côtés de New York, Londres et Milan.
Impact : Paris est considérée comme la capitale mondiale de la haute couture et du prêt-à-porter de luxe. La Fashion Week parisienne attire les plus grands créateurs, marques et personnalités du monde entier.
Innovations : Au cours des 50 dernières années, la Fashion Week de Paris a été le théâtre de nombreuses innovations en matière de design, de présentation et de marketing dans l'industrie de la mode.
Adaptation : Ces dernières années, l'événement s'est adapté aux changements technologiques et sociétaux, intégrant des défilés virtuels et mettant davantage l'accent sur la durabilité.
Célébration : Il est probable qu'en 2024, la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, qui organise la Fashion Week de Paris, célèbre cet anniversaire important avec des événements spéciaux ou des rétrospectives.
Influence culturelle : La Fashion Week de Paris a non seulement influencé la mode, mais aussi l'art, la culture populaire et l'économie de la ville au cours des cinq dernières décennies.
Transcription
00:00:00Attention, on est déjà séparés des enfants. Vous êtes prêts ?
00:00:05C'est le stress assuré.
00:00:08One and go.
00:00:13Les défilés sont-ils une expression artistique ?
00:00:15Absolument, oui. Il n'y a rien de plus artistique qu'un défilé.
00:00:18C'est une image, c'est un ton, c'est un feeling.
00:00:21Les défilés de mode.
00:00:23C'est sombre, vraiment.
00:00:26La création a son paroxysme.
00:00:28Pas toujours portable.
00:00:29J'ai dit que j'aimais, j'ai pas dit que j'allais porter toutes mes robes.
00:00:34Paris est la capitale de la mode.
00:00:37Absolue.
00:00:38Sa semaine des défilés est la plus suivie, la plus créative, la plus incroyable.
00:00:42Les joies du défilé, pour vous, c'est quoi ?
00:00:44C'est quelque chose d'orgasmique.
00:00:48Je suis pas sûr que ce soit orgasmique.
00:00:49Je pense que faire un défilé, c'est plus une sensation
00:00:52sans l'avoir vécu, mais je pense, c'est de faire naître un bébé.
00:00:55C'est comme un accouchement.
00:00:56Ouais, je pense que c'est un accouchement.
00:00:58Mais c'est un bel accouchement.
00:01:01Lancé en 1974,
00:01:04cela fait pile 50 ans que la Fashion Week du prêt-à-porter féminin
00:01:08domine le monde de la mode sans égal.
00:01:11N'importe où dans le monde où il y a une Fashion Week,
00:01:13oubliez, Paris est numéro un et le sera toujours.
00:01:18La mode parisienne, c'est la mode parisienne.
00:01:21C'est intouchable.
00:01:23C'est comme ça.
00:01:27Revenons sur un demi-siècle de défilé.
00:01:30Comment Paris s'est imposé,
00:01:31les créateurs et créatrices devenus des stars ?
00:01:34Oh my God, it's Mugle !
00:01:36Disons qu'en 78, 79, 80, c'était le bordel chez Gautier.
00:01:40Ça, on peut dire que c'était ce qui se disait, c'était assez drôle.
00:01:44Les moments les plus marquants
00:01:47et les plus imposants, la frivolité et les milliards.
00:01:50On parle jamais de chiffres, en vrai.
00:01:52La Fashion Week racontée par celles et ceux qui la font.
00:01:55C'est pas juste une histoire de regarder des vêtements.
00:01:56C'est une histoire de tout cet ensemble à vouloir faire
00:02:00qui est des Fashion Week et que ça existe, cette chose folle.
00:02:04Les stylistes et les directeurs artistiques.
00:02:06Chaque saison, il faut faire mieux, plus fort, plus haut.
00:02:09Les mecs de la sécurité et les attachés de presse.
00:02:12Combien de défilés de mode vous avez fait ?
00:02:14J'irais 6 000.
00:02:15Les journalistes et les influenceurs, les mannequins mythiques.
00:02:18C'est l'industrie numéro un en France.
00:02:22Les producteurs de défilés et les grands patrons.
00:02:24Et bien sûr, Catherine Deneuve.
00:02:25Hello, hello, baby !
00:02:29Voici Paris, capitale de la mode, 50 ans de Fashion Week.
00:02:33Et ça commence par Catherine Deneuve qui se prépare dans sa voiture.
00:02:36Qu'est-ce qu'une femme doit avoir dans son sac ? Ses clés.
00:02:39Un billet de 20 euros si jamais elle se dispute pour rentrer chez elle.
00:02:43Voilà, le reste, c'est accessoire, très accessoire.
00:02:47J'adore cette petite gamme.
00:02:48Je l'ai déjà portée, j'adore cette gamme.
00:02:51Il y a ma tempi pour moi, si j'ai froid.
00:02:54C'est comme on dit, des femmes coquettes, pas de tempi pour elle.
00:03:01Honnêtement, vu de l'extérieur, c'est le chaos.
00:03:10Les Parisiens n'en peuvent plus.
00:03:16Vraiment plus.
00:03:19La stratégique place de Varsovie, saturée de fashion et de curieux.
00:03:23Ce qui veut dire que tout pari est bouché.
00:03:25Est-ce que je vais toucher la voiture ? Oui ou non ?
00:03:27Les touristes ne comprennent rien et le musée qu'ils venaient visiter est bloqué.
00:03:32On ne peut pas aller au musée ?
00:03:33Je pense que le musée est fermé, madame.
00:03:35Pourquoi il y a autant de monde ?
00:03:37Qu'est-ce qu'il y a tantôt ?
00:03:38C'est la Fashion Week.
00:03:41Aux alentours des défilés, c'est devenu un incroyable attroupement.
00:03:44Les Champs-Elysées saturés de badeaux qui guettent la star.
00:03:50Devant le Louvre, partout la foule.
00:03:53Je suis signée vers le monde, j'adore.
00:03:56Ça va, madame ?
00:03:58Oui, vous savez ce qu'il se passe ?
00:03:59Pas du tout, j'ai juste envie de traverser en fait.
00:04:01C'est la Fashion Week, on va faire un défilé là.
00:04:04D'accord.
00:04:05C'est Victoria Beckham.
00:04:07D'accord, et elle est là ?
00:04:08Oui.
00:04:08Est-ce que David sera là aussi ?
00:04:10Peut-être.
00:04:12Est-ce que je vais voir ma grand-mère ou est-ce que je reste pour David Beckham ?
00:04:15Je ne sais pas.
00:04:16Et oui, la semaine des défilés de prêt-à-porter féminin à Paris,
00:04:21c'est ce qu'on appelle la Fashion Week, la semaine de la mode.
00:04:25Ça va durer longtemps ?
00:04:26C'est tout le temps Fashion Week ?
00:04:27Mais non, c'est que deux fois par an.
00:04:29Les autres semaines de la mode, c'est la haute couture avec beaucoup moins d'événements.
00:04:33Et les défilés masculins, bien moins importants.
00:04:36La Fashion Week dont nous parlons, c'est le prêt-à-porter féminin.
00:04:39Ça arrive deux fois par an.
00:04:41Combien de défilés à Paris cette saison ?
00:04:43Plus de 100 défilés pendant la saison.
00:04:44Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'événements, c'est extrêmement intense.
00:04:47Les collections d'été sont montrées en septembre
00:04:49et les collections d'hiver sont montrées en février.
00:04:51Le grand public a l'impression qu'on est perpétuellement en Fashion Week.
00:04:55Et puis, ce n'est pas faux parce que ça donne l'impression qu'il se passe toujours quelque chose.
00:04:59Et il se passe toujours quelque chose.
00:05:00Aujourd'hui, tout ce qui se passe dans les défilés, c'est un moment unique qui prédit,
00:05:05qui témoigne d'une période et qui prédit aussi les tendances de demain.
00:05:09L'émotion que ça crée, l'art, la forme, les couleurs, la musique,
00:05:13c'est vraiment une recette avec beaucoup d'ingrédients
00:05:16qui fait qu'aujourd'hui, c'est devenu un spectacle.
00:05:20C'est quand même les Jeux Olympiques chaque saison, quoi.
00:05:22C'est complètement fou, un défilé de mode.
00:05:24C'est pour ça que tout le monde veut aller en voir un.
00:05:27Parce qu'ils se doutent bien, les gens, que c'est fou.
00:05:29Et en effet, ça l'est.
00:05:33On sait que la Fashion Week, c'est un engouement.
00:05:35Tout le monde veut y avoir accès, tout le monde veut y participer.
00:05:38Certains essayent de se faufiler.
00:05:39J'essayais de rentrer, je n'avais pas d'invitation.
00:05:42Même Maria Grazia Chiuri de Dior s'est faufilée.
00:05:45Je n'étais pas invitée.
00:05:47Je ne connaissais personne dans le monde de la mode.
00:05:49J'ai dû faire preuve de créativité pour aller à mes premiers défilés.
00:05:54C'était très stimulant.
00:05:55Vous avez assisté à des défilés McQueen ?
00:05:57Oui.
00:05:58Pareil.
00:05:59Bien sûr.
00:06:00Vous vous êtes faufilée.
00:06:01Comment vous avez fait ?
00:06:03Sans invitation.
00:06:04C'était quoi votre astuce pour entrer au défilé McQueen ?
00:06:07Passer par derrière.
00:06:08Par les coulisses ?
00:06:09Oui, par les coulisses.
00:06:10Personne ne vous voit.
00:06:12Le premier souvenir de Fashion Week,
00:06:13c'est celui d'un jeune qui ne peut pas y rentrer,
00:06:16qui ne peut pas accéder à un défilé.
00:06:18Je m'habille, je fais le meilleur look de ma vie
00:06:21et je gratte à l'entrée pour rentrer chez Jeremy Scott à l'époque,
00:06:25à l'Elysée Montmartre.
00:06:26Et vous êtes entré ?
00:06:27Je suis rentré.
00:06:27Il y a une jeune femme qui m'a pris vraiment sous son aile
00:06:30et qui m'a dit « viens » et tout.
00:06:31Le défilé a commencé, j'avais des frissons.
00:06:33Le défilé s'est terminé.
00:06:35Là, ils ont enlevé les bancs.
00:06:37Une boule à facettes est descendue et on a tous dansé.
00:06:39Je me suis dit, je veux vraiment travailler dans la mode.
00:06:41C'est incroyable.
00:06:42À 18 ans, c'est incroyable.
00:06:44Même Paris Hilton s'incruste partout avec sa sœur Niki.
00:06:48Je fête l'anniversaire de Niki et entre sœurs
00:06:49pendant la semaine de la mode.
00:06:51J'adore Paris.
00:06:52Sur les trottoirs, des barrages de photographes
00:06:54qui documentent les looks des gens de la mode.
00:06:56Ça piétine les pelouses des jardins publics,
00:06:58on se demande où vont toutes ces photos.
00:07:00Les nouvelles stars, ce sont les influenceuses ultra puissantes,
00:07:04comme Lena Maffuff qui relaie en direct
00:07:06l'ambiance du défilé sur leur plateforme
00:07:08à des communautés de millions de personnes.
00:07:10Pour moi, c'est important d'aller à la Fashion Week,
00:07:12d'être physiquement à ma place,
00:07:14parce qu'avec mon téléphone, ça peut prier cette même place
00:07:16à des millions de personnes qui rêvent
00:07:19d'un jour assister aux Fashion Week.
00:07:21Il y a une ambiance quand tu es ici,
00:07:22où il y a tous les éléments qui s'alignent.
00:07:24Les mannequins, la musique, le bruit,
00:07:26la personne qui est à côté de toi, les rabeaux,
00:07:28qui font que ça te crée une ambiance
00:07:30qui est difficile à expliquer à travers tes rameclements.
00:07:32C'est vraiment incroyable.
00:07:33Pourquoi est-ce que c'est important de défiler ?
00:07:35Quel est l'impact sur une maison ?
00:07:36Pour être visible.
00:07:37Moi, la maison, elle a 15 ans,
00:07:39mais quand je réponds à cette question,
00:07:40j'essaie de me revoir il y a dix ans.
00:07:42Pourquoi ? Je voulais absolument faire un défilé.
00:07:44Pourquoi ? J'avais envie d'être dans le calendrier.
00:07:46Pourquoi ? J'avais envie d'être à côté
00:07:48de toutes ces maisons prestigieuses.
00:07:49C'est parce qu'on a envie de faire partie de ce moment-là.
00:07:52Et puis, c'est une synergie incroyable entre la presse,
00:07:54entre les gens qui viennent découvrir un bout de ta personne,
00:07:58de ta marque.
00:07:59Donc, c'est vraiment un défilé qui est un défilé.
00:08:02Et c'est très difficile de trouver personne qui ne soit pas
00:08:04à l'aise avec les진nages de ta marque.
00:08:07Donc c'est inévitable.
00:08:09Et surtout à Paris.
00:08:11Les acheteurs et la presse sont plus anonymes,
00:08:13hormis une Anna Wintour iconique, la plus reconnaissable,
00:08:17avec son carré court, café au lait identifiable entre tous.
00:08:20Anna Wintour est toujours là.
00:08:22C'est le pion rouge.
00:08:23Elle est la rédactrice en chef de tous les magazines Vogue
00:08:26du monde entier.
00:08:27À un moment, c'est elle qui plaçait les créateurs
00:08:29dans les grandes maisons.
00:08:31Elle inspecte tout. Elle est en coulisses avant tout le monde.
00:08:34Elle regarde le tableau avec tous les looks.
00:08:36Elle est souvent la première à arriver en salle. Non, ce n'est pas une légende.
00:08:41Quand Anna Wintour est là, c'est que c'est du sérieux.
00:08:44La seule fois où la reine Elisabeth II est venue à un défilé,
00:08:47on la assise à côté d'Anna Wintour.
00:08:51Quand Anna Wintour est assise, elle fait comme tout le monde.
00:08:54Elle attend. On attend beaucoup.
00:08:56Parce que oui, forcément, les gens sont bloqués par les bouchons à l'extérieur.
00:09:00Un défilé, ce n'est pas en retard.
00:09:01Un défilé annonce une heure et ça commence 30 minutes après.
00:09:0530 minutes? Oui, c'est la 30 minutes de politesse de la mode.
00:09:09Les stars se laissent tenter par les projecteurs.
00:09:11Madonna qui pousse un landau chez Jean-Paul Gaultier et salue avec lui.
00:09:15Diana Ross chez Thierry Mugler.
00:09:18Septembre 2004 aux carousels du Louvre.
00:09:20Karl Lagerfeld fait monter l'actrice Nicole Kidman.
00:09:22Alors aux fêtes de sa gloire.
00:09:24Invasion du proscenium par une horde joyeuse de photographes.
00:09:28La star de cinéma aussi photographiée que le couturier.
00:09:31L'effet plaît.
00:09:32On va convier de plus en plus de vedettes au premier rang.
00:09:38Sylvie Vertan, Etienne Dao, Carla Bruni, Isabelle Adjani, Cardi B,
00:09:43Aurel San, le Beatles Paul McCartney qui soutient sa fille, la créatrice Stella McCartney.
00:09:48Elle est talentueuse et c'est ma fille.
00:09:51Que voulez-vous de plus?
00:09:52Mais à partir de 2019, tout change.
00:09:56Avec cette arrivée triomphale de la chanteuse coréenne Lisa Manoban chez Céline.
00:10:08La ferveur des fans surprend.
00:10:10Le niveau sonore est vraiment fort.
00:10:12Catherine Deneuve en reste éberlure.
00:10:14Qui est en face?
00:10:16C'est Lisa, une des chanteuses d'un groupe de coréens qui s'appelle Black Pink.
00:10:21Heureusement que vous me le dites.
00:10:22C'est effrayant qu'on est au milieu de ça ou pas?
00:10:24Non, ça va parce que là, c'est assez large quand même.
00:10:26On ne vous marche pas sur les pieds, on ne vous bouscule pas.
00:10:28Mais c'est étonnant parce que généralement, je vous ai dit,
00:10:29il n'y a pas de photographe à l'intérieur pendant le défilé.
00:10:32Tout change, tout change.
00:10:34La visibilité de ce défilé Céline Dedi Slimane explose tous les compteurs classiques.
00:10:39La présence de la jeune vedette permet un rayonnement médiatique
00:10:42sans aucune commune mesure dans le monde entier.
00:10:45Sa seule présence rapporte une visibilité qui aurait coûté des dizaines de millions
00:10:49d'euros en investissements publicitaires.
00:10:51Les stars qui au mieux avaient un contrat parfum deviennent presque
00:10:55systématiquement payées et en exclusivité pour assister au défilé des marques.
00:10:59Le groupe de K-pop de Lisa Manoban,
00:11:01Black Pink, est si populaire qu'on en voit ses chanteuses séparément.
00:11:05Et ça crée des tourbillons de cris.
00:11:07Lisa va chez Louis Vuitton, Jenny chez Chanel,
00:11:11Rosé chez Saint Laurent et Jisoo chez Dior.
00:11:14L'effet maximisé qu'ont eu les caméramens en tombe par terre.
00:11:22Les autres habitués, ce sont les hommes d'affaires à la tête des grands groupes de luxe.
00:11:26François-Henri Pinault, le patron du groupe Kering, qui détient Yves Saint Laurent,
00:11:29Balenciaga et Gucci et Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH,
00:11:34qui détient Dior, Louis Vuitton, Givenchy, Louis Vuitton, Kenzo et 70 autres maisons.
00:11:39Le danger dans les affaires, dans les marques, c'est de s'endormir.
00:11:46On essaye de rester éveillé.
00:11:48Ils ne viennent pas à tous les défilés,
00:11:50mais ils prennent quand même le temps pour les grosses machines.
00:11:53Et saluer les créatrices à la fin, comme ici, Maria Grazia Chiuri chez Dior.
00:11:57Bonjour, comment allez-vous ?
00:11:59Merci.
00:12:02Je suis heureuse que ça vous ait plu.
00:12:04La célébrité ultime de la Fashion Week, c'est Paris.
00:12:08Les nuées de téléphones filment aussi Paris.
00:12:11Les défilés tirent profit à fond des monuments de la capitale.
00:12:16Rihanna au Palais Brogniart.
00:12:21Lady Gaga aux Invalides, Bilal Hassani au Centre Pompidou,
00:12:24Anna Wintour devant Chez Toi, Lena Maffouf à l'Ircam,
00:12:28Zendaya dans le Haut Marais, Kim Kardashian à Aubervilliers, complètement scotché.
00:12:34Vous pourrez vous asseoir.
00:12:36J'espère.
00:12:37On croise Dua Lipa comme si c'était normal.
00:12:40Ayana Kamourac débarque à l'école militaire.
00:12:44Rosalia au Tuileries.
00:12:46La Fashion Week, c'est le gagne-pain de beaucoup de professionnels spécialisés.
00:12:50Un microcosme surmené.
00:12:52Les mannequins bien sûr, les maquilleurs, coiffeurs,
00:12:54mais aussi les photographes, les attachés de presse, les habilleuses.
00:12:57Parce qu'on ne laisse pas les mannequins s'habiller toutes seules,
00:12:59il faut au moins deux habilleuses par look.
00:13:01Car ces vêtements sont précieux et il faut comprendre comment ça s'enfile.
00:13:05Tenez, cette robe Rick Owens, back plus 12 pour l'enfiler.
00:13:08Je crois que cette partie va à l'avant.
00:13:11Et ça, ça, ça va là.
00:13:16Ah non.
00:13:20Désolé.
00:13:21C'est le processus créatif.
00:13:23Ben, c'est pas mal.
00:13:25Et faites passer ça par-dessus.
00:13:28Je crois que je préfère quand c'est croisé devant.
00:13:34Vous voulez de l'eau ou à manger ?
00:13:36Le dos est superbe.
00:13:39Je crois qu'on a besoin d'un peu plus de temps pour les mannequins, non ?
00:13:45Et c'est le moment de gloire des créateurs.
00:13:47Chacun dans son coin, chacun pour soi.
00:13:48Ils travaillent tous dans le plus grand secret.
00:13:50Mais étonnamment, ils sont tous au diapason.
00:13:53Les tendances font que tout cela reste très cohérent.
00:13:55Quand c'est rose, tout est rose.
00:13:57Quand c'est bleu, tout est bleu.
00:13:59Donc non, la Fashion Week, ce n'est pas tout le temps.
00:14:02Et surtout, la Fashion Week, ça n'existe que depuis 50 ans.
00:14:09Les défilés de mode à Paris, ça existe depuis la fin du 19e siècle.
00:14:13Mais c'était réservé à la haute couture.
00:14:16On défilait dans les salons de la maison de couture en silence
00:14:19avec des mannequins très belles, pas forcément si grandes,
00:14:22pour que la cliente s'identifie.
00:14:24La presse écrite est invitée, mais pas de photographe.
00:14:27On a peur, on est terrifié par la copie.
00:14:30On voit de la copie partout.
00:14:31La haute couture a toujours eu une peur de la copie depuis même son origine.
00:14:36Il y avait une sorte d'obsession que des complices,
00:14:38des copieurs soient dans la salle et qu'ils dessinent les modèles
00:14:42pour directement les apporter aux confectionneurs
00:14:44qui, eux, allaient les réaliser très rapidement
00:14:46et les proposer tout de suite à la vente.
00:14:48Le stylo, truqué, c'est un appareil photo.
00:14:51Le sac à main, c'est un appareil photo.
00:14:52C'est le moment de la guerre froide et on voit des espions partout.
00:14:56Les copieurs qui redessinent les modèles sur les poignées de chemise,
00:14:59on les arrête, ils finissent au commissariat.
00:15:02On sent que les couturiers voudraient les envoyer au bagne.
00:15:07Il arrive certes que des fraudeurs soient pris.
00:15:10Dès la fin de la collection, un des membres de la maison de couture
00:15:12constate le délit avant d'en informer les services de police.
00:15:16Dès lors, l'enquête suivra son cours jusqu'à ce que la bande des trafiquants
00:15:20soit arrêtée.
00:15:20Balenciaga et Givenchy ont quand même, à partir de la fin des années 50,
00:15:24interdit l'accès au défilé à la presse, justement à cause de la copie.
00:15:28C'est à dire qu'ils montraient d'abord aux acheteurs,
00:15:30puis un mois plus tard à la presse.
00:15:31C'est fait un scandale et pendant dix ans,
00:15:33c'était le duo qui ne montrait pas à la presse, mais uniquement aux acheteurs.
00:15:38Les mannequins gantés tournent pour qu'on apprécie le modèle.
00:15:41La boyeuse avec un bout de papier annonce les modèles.
00:15:44Tenue numéro 6.
00:15:46Ensemble numéro 84.
00:15:48On enlève le manteau, les mannequins se maquillent elles-mêmes.
00:15:52On applaudit les robes du soir.
00:15:53Les clientes inspectent les matières de près,
00:15:55même si on sait bien que cette dame ne va pas acheter ce bustier.
00:15:58Enfin, elle fait ce qu'elle veut.
00:16:00En 1957, le ministère du commerce extérieur organise des défilés
00:16:04qui rassemblent plusieurs marques et catégories de produits
00:16:07pour que les acheteurs internationaux cassent leur tirelire à Paris.
00:16:10On ne parle pas encore de prêt-à-porter, mais de haute couture en gros.
00:16:14Des vêtements de la qualité de la haute couture, mais faits en série.
00:16:18Les maisons françaises de couture en gros se sont adressées directement à l'opinion
00:16:22en faisant défiler leur dernier modèle.
00:16:24Ces créations démontrent que si la haute couture s'adresse à quelques privilégiés,
00:16:29la mode sait s'adapter aux impératifs financiers de notre époque.
00:16:32La mode, mesdames, a compris vos soucis.
00:16:34À partir des années 1960, le prêt-à-porter émerge.
00:16:38Il bouscule tout, baisse les prix, change la façon de consommer la mode,
00:16:42bouleverse l'économie.
00:16:44Le modèle parisien qu'il fallait abattre, c'était la haute couture.
00:16:47Et on voit que ce système-là, il commençait à décroître.
00:16:49Dans les années 60, il n'y a pas de proposition, il n'y a pas d'offre pour la mode.
00:16:53Le prêt-à-porter, ça s'appelle la confection à l'époque.
00:16:56Les gens qui ont les moyens font refaire des copies par des couturières de quartier.
00:17:02C'est de la démerde en fait.
00:17:03Il y a aussi une industrialisation grâce au Trente Glorieuses qui s'est mise en place
00:17:07avec une véritable hausse de la qualité de la confection
00:17:09qui permet justement d'utiliser des matières intéressantes
00:17:12et que le prêt-à-porter devienne en fait un moteur de création,
00:17:16ce qu'il n'était pas avant.
00:17:17Et le moteur principal, c'est quand même la jeunesse et le désir de la jeunesse.
00:17:20Chloé est l'une des premières marques de prêt-à-porter
00:17:22à présenter ses collections à l'extérieur du Sacro-Saint Salon,
00:17:26à la Brasserie Lip ou au Café de Flore.
00:17:30En 1966, Cacharel se fait remarquer avec un défilé performance sauvage dans la rue.
00:17:35La nuit tombée, direct, les voisins appellent la police.
00:17:38C'est ainsi que l'on était assez furieux et en tout cas très étonnés l'autre soir à Paris
00:17:42lorsqu'un couturier s'avisa d'y créer un fort bel et bruyant embouteillage
00:17:46pour présenter à sa manière ses dernières créations de mode.
00:17:48Il fut même question de huissier et de constat.
00:17:511966, c'est bien le tournant, les digues tombent.
00:17:54Le grand couturier Yves Saint-Laurent ouvre 1, 2, 3, 4, 5, 10, 25 boutiques
00:17:59de sa ligne de prêt-à-porter Saint-Laurent-Rive-Gauche.
00:18:02Les étrangères venaient à Paris pour venir voir Rive-Gauche.
00:18:05C'était la folie totale.
00:18:06Dès qu'on a ouvert, je gagnais plus que mon mari.
00:18:10Les ventes étaient extraordinaires.
00:18:13Dans ces boutiques, on met en avant les dessins du couturier
00:18:16pour bien montrer qu'on a affaire à des créations originales signées,
00:18:19mais on met en avant le côté série.
00:18:21Regardez les portants remplis et en débordés des mêmes vêtements.
00:18:25C'est quoi la différence dans les prix ?
00:18:28Énorme, énorme. Au début, c'était énorme, énorme, énorme,
00:18:31parce que c'était le prêt-à-porter.
00:18:32Rien à voir avec la haute couture.
00:18:35Les fameuses ceintures de rond métallique qui vont faire un malheur
00:18:37parce qu'elles soulignent la taille basse et donc allongent le buste.
00:18:41On les vendait tellement qu'un jour, elles coûtaient 10 euros.
00:18:44Je dis n'importe quoi.
00:18:45Le lendemain, on mettait 20. Le lendemain, on mettait 30
00:18:47parce qu'il fallait qu'on puisse en garder d'un jour sur l'autre.
00:18:50Mais elles partaient, donc c'était formidable.
00:18:53Avant, ça aurait horrifié les clientes pincées de la haute couture.
00:18:57Maintenant, ça amplifie le désir, la sensation d'appartenir à un club.
00:19:01Saint Laurent, qui voulait ouvrir sa boutique pour les jeunes filles
00:19:04et les étudiantes de la Sorbonne et du quartier latin,
00:19:07s'est retrouvée très vite avec toutes les clientes de la haute couture.
00:19:12Yves Saint Laurent va jusqu'à dire dans les interviews
00:19:14qu'il préfère le prêt-à-porter à la haute couture.
00:19:16Le prêt-à-porter, c'est une ouverture sur la vie de tous les jours,
00:19:21sur le quotidien et c'est ce qui m'intéresse.
00:19:23J'ai choisi de montrer l'image de ma mode à travers mon prêt-à-porter
00:19:27plutôt qu'à travers ma haute couture.
00:19:29Je pense que le prêt-à-porter est l'expression de la mode d'aujourd'hui.
00:19:34Je crois qu'elle est uniquement là.
00:19:36Je ne pense pas qu'elle soit dans la haute couture.
00:19:39En 1971, la haute couture a du plomb dans l'aile
00:19:42comme le démontre la journaliste de référence France Roche à la télévision.
00:19:46La haute couture représente 198 millions de chiffres d'affaires annuels,
00:19:50alors que le prêt-à-porter représente 7 milliards.
00:19:53André Courrèges avec deux de ses modèles,
00:19:55l'un de son prêt-à-porter, l'autre de sa haute couture.
00:19:58Mais à l'œil nu, on ne voit pas vraiment la différence.
00:20:00En tant que différence de prix,
00:20:01un vêtement comme ça vaut quatre fois moins cher que celui-ci.
00:20:04La haute couture est hors compétition, vieillissant, on étouffe, il n'y a plus d'air.
00:20:09Et quand Saint Laurent tente une collection plus jeune,
00:20:11inspirée par les frippes, la presse horrifiée y voit le retour
00:20:14d'une silhouette des années 1940.
00:20:17La mode de la guerre et donc de l'occupation,
00:20:19des silhouettes qui rappellent de mauvais souvenirs de collaboration.
00:20:22On crie au mauvais goût, le scandale est sans précédent.
00:20:25Ça va dégoûter une grande partie des rédactrices de mode
00:20:28qui ne vont pas comprendre la proposition de Saint Laurent.
00:20:31Elle dit que c'est un scandale, que ce sont des prostituées, que c'est vulgaire.
00:20:34J'ai accompagné une amie qui est cliente haute couture dans les salons spontanés.
00:20:39Et cette collection-là m'a créé une émotion inouïe.
00:20:43J'ai tout compris qu'un style de coiffure, le casting des filles,
00:20:49leur manière de marcher, leurs accessoires, les couleurs du défilé,
00:20:53tout devait s'harmoniser pour raconter une histoire.
00:20:56Et d'ailleurs, cette amie ne trouvait pas son bonheur dans cette collection
00:21:00beaucoup trop scandaleuse.
00:21:01Et moi, j'avais presque les larmes aux yeux.
00:21:04Elle m'a dit, décidément, vous êtes fait pour ce métier.
00:21:08Oh, le mépris !
00:21:11Les journalistes vont plus en plus comprendre en parlant aux jeunes femmes
00:21:15qui, elles, adorent, et même présenter leurs excuses.
00:21:18La haute couture de 1971, c'est ça.
00:21:20Quelques maisons bien installées, pas vraiment de nouveautés.
00:21:23Les mannequins brandissent des cartons qui annoncent le numéro du modèle.
00:21:27Si le modèle vous plaît, vous donnez le chiffre à votre vendeuse.
00:21:30On prend les mesures exactes de votre corps.
00:21:33Vous faites un, deux ou trois essayages et dans trois à six mois,
00:21:36vous recevrez votre modèle fait à la main, à votre taille.
00:21:39C'est ça, la haute couture.
00:21:42Des femmes attentives au premier rang, des marches compassées.
00:21:45On peut toucher un modèle ici, chez Hubert de Givenchy.
00:21:48Les autres maisons sont Philippe Venet, le compagnon de Givenchy.
00:21:52Madame Gray, Jean-Louis Scherrer, Jean Patou, Pierre Balmain.
00:21:56Que des choses impeccables, mais désuètes.
00:21:58Comme si tout le monde avait plus de 65 ans.
00:22:01Comme si mai 68 n'avait pas eu lieu.
00:22:03Pile à ce moment-là, d'autres icônes émergent dans la mode parisienne.
00:22:07Il y a Sonia Ricciel, brillante, féministe, indolente, rousse.
00:22:11Elle est une intellectuelle assumée.
00:22:14Elle dessine ses modèles avec un gros marqueur, une maille près du corps.
00:22:17Irrésistible.
00:22:18Elle réinventa elle seule la figure de la créatrice de mode moderne.
00:22:22N'importe quelle femme peut avoir envie d'être longue, d'être courte,
00:22:26d'être sage, de ne pas l'être.
00:22:28Tout est permis, tout est facile maintenant.
00:22:31J'ai adoré Sonia, j'étais fan.
00:22:33Elle faisait des vêtements pour elle.
00:22:35Et puis ça a plu aux femmes, c'était complètement dingue.
00:22:37Elle faisait ce qu'elle voulait.
00:22:39Et si ça ne plaisait pas, c'était pareil.
00:22:41Les hommes disent quelquefois que porter un pantalon fait perdre à la femme sa
00:22:46féminité. Qu'en pensez-vous ? Contre.
00:22:49Elle a commencé à faire des trucs pour elle parce qu'elle trouvait rien qui lui
00:22:52plaisait. Dans une démarche totalement autodidacte.
00:22:56Je n'y connais rien. Je ne sais pas couper, je ne sais pas le droit.
00:22:59Donc je suis encore beaucoup plus dure que je crois que ceux qui savent.
00:23:02Parce que quand on me dit ça n'est pas possible, je dis tu dois le faire.
00:23:06Et on le fait toujours.
00:23:07Avec elle, les autres têtes d'affiches sont Jacqueline Jacobson, dont la marque
00:23:11s'appelle Dorothée Bisse et Emmanuel Khan avec ses grandes montures de lunettes
00:23:16blanches, mais aussi deux étrangers.
00:23:18Karl Lagerfeld, un barbu venu de Hambourg et Kenzo Takada venu du Japon.
00:23:23Pendant deux ans, j'ai fait l'école de couture.
00:23:27Après, je suis venu à Paris.
00:23:29C'est vous qui dessinez vos modèles ?
00:23:30Oui, je dessine tout.
00:23:33Ce sont ces cinq chefs de file qui vont inventer la Fashion Week contemporaine.
00:23:37Karl Lagerfeld, Kenzo Takada, Sonia Ricciel se réunissent chez cette
00:23:40dernière, par terre, rue des Saint-Père.
00:23:43Nathalie Ricciel qui bouquine derrière tranquillou.
00:23:46Ils font pression sur Pierre Berger et Yves Saint Laurent pour créer ce qui est
00:23:49aujourd'hui la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, soit l'alliance
00:23:54des vieilles maisons de couture et des jeunes maisons de prêt-à-porter.
00:23:57Coup de tonnerre !
00:23:58La mode française vient de muter à tout jamais et de basculer dans la
00:24:02modernité.
00:24:03On va calquer le système des présentations haute couture avec un
00:24:07nombre de modèles très précis, avec des critères, et on va le calquer sur le
00:24:11prêt-à-porter.
00:24:11Et donc, la première Fashion Week parisienne du prêt-à-porter a lieu en
00:24:161974, il y a 50 ans.
00:24:19Il faut fusionner et organiser les défilés au sein d'une seule semaine
00:24:24parce que des acheteurs étrangers viennent spécialement pour ces défilés-là.
00:24:29Les présentations de Sonia Ricciel vont se dérouler non pas dans un salon
00:24:32mais dans un lieu symbolique, sa boutique de Saint-Germain.
00:24:35Des vêtements pour être vendus vite, pour repartir avec et être portés le
00:24:38soir même au théâtre de l'Odéon pour dîner avec son amant, acheter du
00:24:42chocolat à Bordeaux.
00:24:44Ce qui m'intéresse dans la mode, c'est surtout la femme qui bouge.
00:24:47C'est un vêtement d'aujourd'hui.
00:24:50Les défilés de Kenzo se tiennent à la bourse du commerce et vont être des
00:24:54événements énormes.
00:24:55Les podiums étaient en hauteur.
00:24:57Ça voulait dire qu'on voulait une distance entre le public et ce qu'on
00:25:02montrait. Il fallait que ce soit un show, vraiment.
00:25:05Le truc auquel assister absolument parce que Kenzo Takada casse les codes,
00:25:10crée un courant d'air, il ringardise tous les autres.
00:25:13Les gens se battaient pour venir au défilé Kenzo, même les gens qui
00:25:16travaillaient pas dans la mode.
00:25:18Les défilés Kenzo, c'est extraordinaire.
00:25:20C'était porté par une joie et on avait l'impression qu'on appartenait à cette
00:25:24effervescence. Les mannequins mouraient d'envie de faire son défilé.
00:25:29Les mannequins passent en couple et les vêtements ne sont plus des tailleurs
00:25:32stricts, des vêtements de bourgeoise guindée, non.
00:25:34C'est pour une femme libérée, concubinante, qui rit, qui s'amuse, qui ne
00:25:38s'habille pas pour montrer sa classe sociale ou respecter les codes de sa caste.
00:25:42C'est un dosage hyper précis et très juste entre des techniques qui viennent de
00:25:47ses origines.
00:25:48Ce sont souvent des vêtements coupés à plat, comme le kimono, par exemple, et
00:25:52qui se mixent avec quelque chose d'occidental.
00:25:55Le mélange est génial.
00:25:57La femme Kenzo préfère voyager au Pérou qu'organiser un dîner avec les Leroux.
00:26:01L'énergie est pure et elle est contagieuse.
00:26:04On sort de là en transe.
00:26:05Il y avait un côté fête.
00:26:07C'était très, très, très, très joyeux.
00:26:09C'était des vêtements magnifiques et très créatifs et très, très portables en
00:26:13même temps. Ce n'est pas un prêt-à-porter de couturier.
00:26:16C'était vraiment comme les gens avaient envie de s'habiller dans les années 70.
00:26:20Il était pile dans l'air du temps.
00:26:22Les vêtements étaient colorés à l'époque.
00:26:24J'ai un souvenir de le sens de la vie.
00:26:26Il était là.
00:26:27La télévision française s'y intéresse.
00:26:30L'émission Aujourd'hui Madame fait des numéros spéciaux prêt-à-porter parisiens.
00:26:34Nous allons vous montrer la mode que vous verrez dans la rue, que vous porterez
00:26:38pendant ces mois de printemps et d'été.
00:26:40La rédaction invite des téléspectatrices qui se retrouvent assises comme ici,
00:26:44chez Saint-Laurent. Et on interviewe Madame Pinceau de Saint-Ouen à la fin de Kenzo.
00:26:49C'est très gai, très chelon, très vivant.
00:26:52J'ai beaucoup aimé.
00:26:53Merci Madame Pinceau.
00:26:54Madame Deminière de Rouen à la dendure.
00:26:58J'ai aimé certaines choses, mais d'autres m'ont choqué.
00:27:01Elles sont peut-être trop d'avant-garde pour moi.
00:27:05Les mises en scène clouées par Karl Lagerfeld font croire qu'elles sont dans la
00:27:08continuité de la haute couture, mais pour mieux la pasticher et la dynamiter.
00:27:13Ça a lieu au restaurant Laurent.
00:27:14Il y a, comme c'est la tradition, une aboyeuse qui annonce les numéros des
00:27:17modèles et leurs noms.
00:27:19142 Starter.
00:27:2221 Soleil.
00:27:24C'est Gabi Aguillon, la fondatrice de la maison Chloé, qui fait l'aboyeuse.
00:27:29Et vous avez remarqué, les noms des robes commencent tous par la même lettre.
00:27:32Cette saison-là, le S.
00:27:3472 Sable.
00:27:37Sariette.
00:27:38Sillage.
00:27:39Suave.
00:27:40Karl Lagerfeld, qui ouvre le dictionnaire, a la lettre S et s'amuse à donner les
00:27:45noms qui collent bien.
00:27:4630 Sulibis.
00:27:48La cabine de mannequin, ce ne sont plus les dames de la couture,
00:27:51mais des divas, des danseuses venues de New York.
00:27:54L'attitude change complètement.
00:27:56On dirait qu'elles prennent le Concorde tous les jours pour leurs allers-retours
00:27:59Paris-Dallas.
00:28:00Gabi Aguillon annonce les particularités techniques de certaines robes.
00:28:0347 Spider.
00:28:07Ce sont des robes peintes à la main.
00:28:09On arrive quand même à 172 passages, donc facilement deux heures de temps.
00:28:14Et quand le défilé est fini, elle crie que la collection est terminée.
00:28:17172 Spice.
00:28:20La collection est terminée.
00:28:25Le succès est énorme.
00:28:26Un an plus tard, le défilé cloué par Karl Lagerfeld, c'est ça.
00:28:30Podium énorme, foule de journalistes énorme.
00:28:33Il a fallu déménager au Palais de Chaillot.
00:28:35La Fashion Week est lancée.
00:28:37Elle est officielle avec un calendrier défini par la Fédération.
00:28:42En 1978, Chanel lance finalement son prêt-à-porter.
00:28:46À partir de 1978, on a commencé à ouvrir des boutiques prêt-à-porter et accessoires.
00:28:51Ça a été la première révolution.
00:28:53C'était la première fois qu'on pouvait acheter du Chanel en dehors de la haute couture.
00:28:59Quatre ans plus tard, rebondissement.
00:29:01Regardez bien ce défilé Chanel de 1982.
00:29:05C'est un scoop qu'on vous révèle aujourd'hui, personne ne le sait.
00:29:08Mais c'est Karl Lagerfeld qui réalise en secret la collection.
00:29:11Il ne salue pas parce qu'il est encore en contrat avec Chloé.
00:29:14Il est présent, mais au troisième rang et personne ne le filme.
00:29:19En 1983, c'est officiel.
00:29:21Karl Lagerfeld reprend Chanel
00:29:23et la belle endormie va devenir un redoutable avion de chasse.
00:29:28La mannequin qui enchante ses podiums par ses apparitions dansées est Pat Cleveland.
00:29:35Pat Cleveland, elle apporte déjà une image de diversité
00:29:38qui a fait beaucoup de bien, mais surtout une personnalité.
00:29:42Cette manière de faire ses gestes, elle l'a quasiment inventée.
00:29:45C'est-à-dire qu'il y avait une rhétorique de ses gestes,
00:29:47mais elle a apporté une liberté à ça.
00:29:50Elle a apporté quelque chose de fou.
00:29:51Je pense que c'est la première folle.
00:29:54Ah ouais, je l'adore.
00:29:55Elle donne ce qu'elle est, qui elle est aux vêtements.
00:29:57Le moindre petit t-shirt s'anime.
00:30:01On se dit, mais c'est sûr qu'il est bien ce t-shirt.
00:30:04Les bras presque toujours ouverts, le regard communicatif,
00:30:07elle réveille les photographes.
00:30:09Chaque gant est un événement.
00:30:11Demandez-lui de marcher normalement et c'est comme ça qu'elle le fait.
00:30:14Pat Cleveland se dandine.
00:30:16Regardez à quel point tous ses muscles bougent, roulent.
00:30:18Elle rentabilise son temps de podium.
00:30:21Elle montre la robe pas en 3D, mais en 4D.
00:30:23Elle rajoute la dimension du tournicoti.
00:30:26Elle crève l'écran.
00:30:27C'est des gens, on voudrait qu'ils vivent chez nous
00:30:29et qu'on les voit bouger juste.
00:30:32Pat Cleveland improvise des scénettes, se remaquille.
00:30:35Elle peut aussi faire le drame, déchirer ses tailleurs
00:30:37pour mieux en révéler la coupe.
00:30:39En suivant ses mains, vous découvrez le vêtement.
00:30:41Et d'ailleurs, on l'a encore croisé chez Chloé cette année.
00:30:45Comment avez-vous appris à marcher sur un podium ?
00:30:48Avec l'expérience, on apprend à tourner au bon moment,
00:30:51avec les bonnes poses.
00:30:53Mais il faut toujours être un papillon sur le podium.
00:30:57Et quel papillon !
00:30:58Ses ailes sont des éventails géants chez Dior.
00:31:01C'est la Joséphine Baker des podiums.
00:31:03Elle imite les oiseaux.
00:31:06Imitez la nature, la beauté de la nature.
00:31:09Elle imite les chats.
00:31:12Elle imite les flamants roses.
00:31:14Non mais regardez le flamant rose, il est là.
00:31:16Il n'est plus en Camargue, il est là sur le podium de Mugler.
00:31:20Ce qui est amusant, c'est que finalement, c'était du cinéma muet
00:31:23où toute espèce de spontanéité pouvait être possible.
00:31:28Pour moi, en tout cas, la plus grande, c'est Pat Cleveland.
00:31:31Une très longue carrière, elle est révélée au début des années 70
00:31:34et en 89, elle est encore là.
00:31:36À la fin de la parade, elle vous fait rougir le créateur au premier degré
00:31:39avec son rouge à lèvres.
00:31:41Evidemment, je la trouve très belle,
00:31:42mais ce n'était pas ce qu'on dit la sublime fille.
00:31:44Ce n'est pas ça.
00:31:45Et la mode, ce n'est pas ça.
00:31:46C'est ça que je trouve génial.
00:31:47La mode, c'est une fille un peu étrange,
00:31:50mais qui te fascine parce que justement,
00:31:52on comprend que le vêtement fabrique une créature.
00:31:56Sans imaginer un instant que ça va la transformer en vedette internationale,
00:32:00une jeune mannequin, Inès de Lafressange,
00:32:03poursuit le happening permanent initié par Pat Cleveland
00:32:06avec une désinvolture très réelle.
00:32:09Elle a l'air de s'en foutre.
00:32:11Et cette espèce de classe intersidérale, de nonchalance,
00:32:14voilà, je me souviens d'elle parce qu'elle avait l'air de plaisanter.
00:32:17Qui plaisante aujourd'hui en défilant?
00:32:21C'était mon truc de faire le pitre, de sauter du podium,
00:32:24de m'installer à côté de quelqu'un du public.
00:32:28Je me suis couché sur le podium,
00:32:30mais j'étais en pyjama avec un oreiller,
00:32:32donc c'était un peu irrésistible.
00:32:34Je me souviens d'ailleurs, un jour, j'étais partie avec mon chien
00:32:37et il y avait un os qui était rangé dans la poche de son manteau.
00:32:41Ensuite, vite, vite, vite, je suis retournée dans la coulisse,
00:32:45sauf que le chien avait perdu son os dans le canapé.
00:32:49Il est retourné tout seul, tout nu, enfin sans son manteau.
00:32:54Il est monté sur le canapé, il a commencé à chercher son os.
00:32:57C'est vous dire que c'était très, très détendu tout de même.
00:33:00Et donc, les gens ont rigolé pendant que le chien était là
00:33:03en train de chercher son os.
00:33:05Très vite, elle défile énormément.
00:33:07Je faisais une quarantaine de défilés par saison à Paris.
00:33:11Tout allait très, très, très vite.
00:33:12C'est énorme, 40 défilés.
00:33:13Comment vous faisiez pour faire ça?
00:33:14C'était énorme, parce que de temps en temps,
00:33:16les journalistes ne comprenaient pas comment j'avais eu le temps
00:33:18de changer les cheveux ou le maquillage.
00:33:21La consécration pour Inès Delafressange arrive quand elle signe
00:33:24un faramineux contrat d'exclusivité avec Karl Lagerfeld chez Chanel.
00:33:29Avant les défilés, on a peur ou pas?
00:33:31Avant, pendant, un peu après.
00:33:35Inès Delafressange, méga star.
00:33:37Elle va cumuler jusqu'à 12 passages dans le même défilé Chanel.
00:33:41Regardez, elle ouvre en tailleur,
00:33:44revient en écolière, elle pique la veste d'un mec.
00:33:47Elle revient avec un turban, mais on devine qu'elle n'a pas eu le temps
00:33:49de mettre la veste, puis tailleur beige, puis robe de cocktail, tenue de plage,
00:33:54veste peignoir, barigotte avec son journal.
00:33:56C'est le même défilé printemps-été 85.
00:33:59Tailleur fantaisie, tenue romantique,
00:34:01finalement, robe de mousseline qui ferme la collection.
00:34:03La raison est simple.
00:34:04Si Inès Delafressange l'a portée, ça se vendra mieux.
00:34:07Les grands magasins américains achètent en priorité cette tenue.
00:34:11Et à la fin, elle revient encore, c'est elle qui chaperonne Carlito.
00:34:14On mettait mon portant juste à côté de la sortie.
00:34:17J'avais ma coiffeuse et ma maquilleuse particulière,
00:34:20et puis quatre personnes pour m'habiller.
00:34:22Et donc, je me changeais en moins d'une minute.
00:34:25C'est-à-dire que je passais parfois vraiment après moi-même.
00:34:28Cohabitation de deux légendes quand Pat Cleveland fait la pêcheuse à la ligne
00:34:32et Inès Delafressange fait la skieuse.
00:34:34Improbable.
00:34:38L'enjeu de la Fashion Week dans les années 1980
00:34:41est de trouver le bon endroit dans Paris pour ces marathons de mode.
00:34:44En mars 1981, les défilés ont lieu au HAL,
00:34:48quartier réputé à l'époque pour ses sex shops.
00:34:50Le défilé Chloé par Karl Lagerfeld ressemble à une boîte disco
00:34:54où il sourit au salut, mais à la presse,
00:34:56il crie que c'est une porcherie et une honte pour la France.
00:34:59À l'automne 1981, les défilés ont lieu au jardin d'acclimatation.
00:35:02Et catastrophe, les rédactrices s'enlisent dans la boue.
00:35:05Il y a deux années qui vont presque desservir la mode,
00:35:08qui sont les années 80-81.
00:35:10On va se retrouver au jardin d'acclimatation, au patauger dans la boue.
00:35:14Et là, les critiques fusent, la presse est furieuse.
00:35:18Paris a perdu son pouvoir et est critiquée de tous les côtés.
00:35:23Mon Dieu, ça a été assez effrayant, ça.
00:35:25Il pleuvait, Prince était là et il s'est enfoncé dans la boue
00:35:30avec ses talons aiguilles, parce que comme il avait plu énormément dehors,
00:35:35c'était vraiment de la boue et tout.
00:35:36Quand il est pris, c'était le talon aiguille complètement crotté et tout.
00:35:43Les créateurs font alors pression sur François Mitterrand,
00:35:45qui vient d'être élu et ça fonctionne.
00:35:48En mars 1982, Daniel Mitterrand est le ministre de la culture Jack Lang,
00:35:52inaugure la première Fashion Week sous des tentes dans la cour carrée du Louvre,
00:35:56dans un climat euphorique.
00:35:58La France du champagne est revenue.
00:36:00La mode n'est pas un parent pauvre de la création artistique.
00:36:05Chloé, Ricky L, Kenzo, Dior, Saint Laurent, Kansai Yamamoto,
00:36:08Chantal Thomas, Chanel comme des garçons, Montana, Mugler, Jean-Paul Gaultier.
00:36:11Ils défilent tous à la cour carrée.
00:36:13Des tentes blanches, toits bleus affreux, tout à fait sommaires.
00:36:16Les murs ne montent pas jusqu'au plafond,
00:36:18ce qui fait que la lumière n'est jamais contrôlée.
00:36:20C'est de l'officiel, mais ça bricole encore.
00:36:22On fait la chaîne pour amener les fringues en coulisses.
00:36:24On a des tables de maquillage, mais zéro paravant.
00:36:27On laisse les caméras filmer les mannequins qui se déshabillent et se changent.
00:36:31Et forcément, dans cette cour carrée, on peut comparer toutes ces maisons et on le fait.
00:36:35Alors les années 1980 sont celles d'une incroyable compétition,
00:36:39un concours du plus beau défilé.
00:36:41Le prêt-à-porter à Paris connaît une première apothéose.
00:36:45Ça annonce très bien la décennie 80,
00:36:48c'est-à-dire justement une espèce de combat d'arène entre créateurs.
00:36:53La cour carrée devient le centre du monde de la mode.
00:36:56Tout le monde veut s'incruster.
00:36:57Je me souviens qu'une fois, il y avait quelqu'un qui avait essayé de fendre cette tente.
00:37:02Stephen Jones.
00:37:04Non.
00:37:04Si, c'était Stephen Jones avec un couteau.
00:37:06Il nous a raconté.
00:37:07Bien sûr que je n'avais pas d'invitation.
00:37:10Et bien sûr que je me suis faufilé.
00:37:12Est-ce que j'avais un couteau pour couper les tentes et entrer ?
00:37:14Très probable.
00:37:16Vraiment ? Vous aviez un couteau pour couper les tentes ?
00:37:19Mais je n'ai jamais réussi à couper la toile.
00:37:21Je suis donc allé à l'entrée-coulisse et j'ai dit que j'étais maquilleur et suis entré.
00:37:27Le cérémonial du défilé est standardisé.
00:37:30Au premier rang, les acheteurs et la presse.
00:37:33Pas de vedettes ou rarement.
00:37:34Les photographes sont autour du podium.
00:37:36On les connaissait, en fait, les photographes.
00:37:38C'était toujours les mêmes.
00:37:39On les voyait à tous les défilés.
00:37:41Et le rapport, ça peut être aussi un coup de pied dans l'appareil si jamais il nous dérange.
00:37:46Il fallait un peu se battre pour son espace.
00:37:49Les bords du runway se couvraient de boîtes de film.
00:37:52La boîte en plastique noir avec le bouchon gris clair.
00:37:54Il y en avait partout.
00:37:55Ça dure entre 45 minutes et une heure.
00:37:58Et il y a toujours ce trou dans le mur du fond, la chicane.
00:38:01Pour surveiller si Pat Cleveland, qui est toujours là,
00:38:03ne se casse pas la figure dans ses acrobaties périlleuses en talons.
00:38:07Le format se normalise.
00:38:08Hermès défile exactement comme Daniel Echeter.
00:38:11À gauche, c'est Hermès. À droite, c'est Echeter.
00:38:14Très similaire, la disruption et l'excitation vont venir,
00:38:17comme toujours, de la nouvelle génération.
00:38:19Jean-Paul Gaultier est le créateur cosmopolite qui devient hyper populaire.
00:38:23À l'époque, j'allais beaucoup à Londres et j'adorais Londres.
00:38:27Et donc, j'étais influencé un petit peu par le mouvement punk, évidemment.
00:38:31Et pour nous, comme punk, quand on regardait la mode à Paris,
00:38:36on pensait que c'était nul.
00:38:39La rue de Londres était à l'époque assez incroyable.
00:38:41Il y avait des personnages assez étonnants.
00:38:44Les Anglais, c'était vraiment l'excentricité anglaise comme on peut la rêver.
00:38:48Ici, son défilé de l'automne-hiver 1981.
00:38:51Il est encore brun, il salue en chemise et jean.
00:38:53En face, la même semaine, Saint-Laurent salue en costard-cravate,
00:38:57avec, regardez, deux montres !
00:38:58Chez Saint-Laurent, c'est classique.
00:39:00Tailleur gris, tailleur beige, robe du soir,
00:39:02robe sac imprimée.
00:39:04Elles font un tour, deux, trois, quatre, cinq, six tours sur elles-mêmes.
00:39:10En revanche, chez Jean-Paul Gaultier, c'est moins classique.
00:39:12Inès de Lafraissange avec cravache, on ne tournicote plus.
00:39:16Déjà, à cette époque, Inès était un mannequin confirmé,
00:39:20déjà vedette.
00:39:21Quand on était un petit peu connu,
00:39:23on peut appliquer au bout d'un moment les tarifs qu'on souhaite.
00:39:28Alors, il y avait une grille de tarifs.
00:39:29Ça allait du tarif 1 au tarif 10.
00:39:33Et en fait, c'est à la tête du client.
00:39:35Quand ils étaient riches et qu'on n'aimait pas tellement leur travail,
00:39:39alors là, c'est le tarif 11.
00:39:42Quand c'était un jeune couturier qui allait faire son propre défilé,
00:39:48qui était genre ultra sympathique et qui s'appelait Jean-Paul Gaultier,
00:39:52alors là, c'était tarif 1.
00:39:54Elle était quand même ouverte aux petits jeunes.
00:39:58Ça tire la gueule, maquillage violent, stylisme volontairement brouillé.
00:40:02Tissus marbrés superposés.
00:40:06Edwige, la reine des punks, marche à l'envers.
00:40:09On disait que ce que je faisais était extravagant ou du n'importe quoi.
00:40:12Même il y en a qui disaient, c'est pas la peine d'en parler.
00:40:15C'est tellement inintéressant.
00:40:16Je sais qu'à l'époque, le Figaro n'aimait pas du tout ce que je faisais.
00:40:19Mais techniquement, il est là,
00:40:21comme on le voit avec cette jupe en plume de paon.
00:40:26Le final gothique avec les squelettes en boucle d'oreille, ça détonne.
00:40:30Jean-Paul Gaultier arrive avec une nouvelle façon de penser la mode et de la présenter,
00:40:34notamment avec des idoles de la nuit parisienne de l'époque,
00:40:37comme l'amuse Farida Kelfa.
00:40:39J'ai beaucoup travaillé avec Jean-Paul, tout de suite.
00:40:42Farida, quand je l'ai vue, je me suis dit incroyable.
00:40:46Pour moi, c'est une star.
00:40:47Je crois qu'il n'y a plus de stars dans le cinéma avec des physiques très fortes.
00:40:50C'est vraiment très rare.
00:40:52Et je crois que maintenant, les stars, on peut en trouver quelques unes encore dans la rue.
00:40:58Qui vous apprend à marcher ?
00:40:59Personne, je ne sais toujours pas marcher.
00:41:03Comment vous faites ?
00:41:04Je ne sais pas, il me dit, tu marches comme tu marches dans la rue.
00:41:07J'ai fait ça, il m'a dit, bon, c'est OK, c'est super.
00:41:09Voilà.
00:41:11Les filles, quand je les trouvais bien, je les aimais bien telles que j'aimais.
00:41:14Donc, je n'avais rien à dire.
00:41:16Et les mains dans les poches, ça, j'aimais bien les mains dans les poches.
00:41:20Qu'est-ce que Farida va être spéciale ?
00:41:21Son regard divine.
00:41:26Elle était farouche.
00:41:28Elle avait l'air féroce,
00:41:30mais c'était aussi la personne la plus douce qu'on puisse rencontrer.
00:41:34Jean-Paul Gaultier va pousser le bouchon du concept très fort et chaque saison.
00:41:39Il faut assister à son défilé, sinon on a loupé le scoop.
00:41:41Très tôt, j'ai fait ma James Bond collection avec Farida,
00:41:46qui était comme ça, comme une James Bond girl.
00:41:48C'est vraiment le cinéma qui m'a toujours un peu influencé.
00:41:52Gaultier, lui, organisait un peu des blagues.
00:41:55Il y avait une fille qui sortait d'un cercueil.
00:41:58Un jour, j'avais une espèce de petit sac et Jean-Paul m'explique,
00:42:02tu désipes comme ça, tu le retournes et ça se transforme en manteau de fourrure.
00:42:08Je me dis, comme c'est astucieux, c'est formidable.
00:42:11Et donc, me voilà partie sur le podium avec le petit sac.
00:42:14Il y avait une fille juste devant qui désipe son truc,
00:42:18enfile le truc et elle se retrouve en manteau de fourrure.
00:42:21Super glamour.
00:42:23Et moi, j'arrive derrière,
00:42:25zippé, bloqué, j'étais là, mais vraiment, ça ne s'ouvrait pas.
00:42:30Finalement, je me dis, je vais tirer le manteau.
00:42:34Du coup, j'ai laissé traîner ce petit sac.
00:42:37J'ai continué à marcher en faisant comme si c'était un chien.
00:42:40Les gens étaient pliés de rire.
00:42:42Ils sont venus me voir après en me disant,
00:42:43tellement drôle le sketch du chien.
00:42:45Il n'y avait pas de sketch du chien.
00:42:46C'était un accident grave, faute grave.
00:42:49Et en fait, ça m'arrivait tout le temps.
00:42:51Au bout d'un moment, je suis rentrée dans ce rôle-là
00:42:54parce qu'on me félicitait de le faire.
00:42:56Mais mon incompétence a fait mon succès, en fait.
00:43:00La mode française qui était sortie de sa léthargie couture
00:43:03va sortir de sa léthargie bourgeoise.
00:43:06Fini les marquises, fini les femmes de notaire.
00:43:09Un style rebelle souffle sur les podiums.
00:43:11Chez Gauthier, des éboueurs jettent des Tour Eiffel sur le public.
00:43:15La mannequin sort d'une poubelle avec une tiare Tour Eiffel.
00:43:18Dans le JT, France Roche décrit cette mode qui est trop.
00:43:23Pour être bien, il faudra être trop.
00:43:25Trop long, trop court, trop large,
00:43:28trop usé, trop clinquant, trop serré, trop coloré ou trop noir.
00:43:33On ira du bal des vampires à la fête foraine,
00:43:37du grenier à foin à l'asile de nuit.
00:43:39Cette mode archi-pointue attire un nouveau public, forcément plus jeune.
00:43:43Et en 1986, on a l'impression d'être à l'entrée d'un concert.
00:43:46Il y a des gens qui arrivent, qui sont habillés comme il y avait des créatures.
00:43:50Déjà à l'époque, ce n'était pas des influencers,
00:43:51c'était des créatures qui allaient au défilé par tribu.
00:43:54C'était tellement de la vie qui arrivait dans les défilés
00:43:56parce que c'était tous les étudiants.
00:43:58Des fashionistas, des gens des écoles de mode.
00:44:02Ils étaient là vraiment pour l'amour de la mode.
00:44:04Autre méga star, on a Claude Montana, le méga lot chez qui rien ne dépasse.
00:44:09Montana m'impressionnait par un côté militaire,
00:44:14extrêmement organisé, discipliné de ses défilés.
00:44:17C'était vraiment impeccable, rigoureux, impeccable.
00:44:21La femme Montana doit inspirer le respect, voire la terreur.
00:44:25Sur le podium, ça donne ça.
00:44:26Des bestioles blanches sur les épaules, ça n'a pas très bien vieilli.
00:44:29Des aviatrices intimidantes, des carrures géantes, une apologie belliqueuse.
00:44:34Les femmes autoritaires de l'empire du mal dans la guerre des étoiles.
00:44:37Une banquière qui fait des millions sur ton dos.
00:44:40Parfois une femme domino, mais surtout une femme qui disparaît sous son vêtement.
00:44:45Le modiste Stephen Jones est un adepte.
00:44:48Je faisais les chapeaux et je travaillais avec lui pendant 15 ans.
00:44:53C'était de la mode, pas juste des vêtements.
00:44:57C'était une attitude, une silhouette.
00:45:04Et dans un sens, il ne s'agissait pas d'être naturel.
00:45:08C'était pour des gens inhabituels, avec des vêtements inhabituels,
00:45:12peut-être avec des manières inhabituelles, parce qu'ils n'étaient pas de cette planète.
00:45:18Les vêtements sont une illusion.
00:45:20C'est leur pouvoir secret.
00:45:23Claude Montana m'a beaucoup appris sur la discipline, la perfection des lignes,
00:45:27la confection, l'équilibre d'une silhouette.
00:45:31Par exemple, lorsque je conçois un chapeau, la première chose que je dessine,
00:45:36c'est la colonne vertébrale et l'angle de la hanche.
00:45:39Pas le chapeau.
00:45:41D'abord le corps, puis je le coiffe d'un chapeau.
00:45:45Pour moi, un chapeau n'est pas un objet, c'est le prolongement du corps.
00:45:49Montana, à un moment donné, vers 80 d'ailleurs,
00:45:52il s'installe au sommet et il reste numéro un pendant plusieurs saisons.
00:45:56Avec Claude Montana et Jean-Paul Gaultier,
00:45:58l'autre créateur superstar est Thierry Mugler.
00:46:01Manfred Thierry Mugler, le fabuleux mais chaotique à vivre, hyper en retard.
00:46:06Comment se passaient les défilés de Thierry Mugler ?
00:46:08Le bordel.
00:46:10Le bordel, parce que rien n'était jamais prêt.
00:46:13Il changeait d'avis jusqu'à la dernière minute.
00:46:15C'est quand même les défilés où la presse attendait le plus longtemps.
00:46:25Je me souviens de la cabine où il y avait des montagnes de chaussures.
00:46:29Thierry avait l'habitude de changer jusqu'au dernier moment.
00:46:31Et en fait, on avait des bombes argent et il y avait des filles.
00:46:35Elles passaient les chaussures,
00:46:36elles avaient la peinture qui coulait pour aller sortir sur le podium.
00:46:39C'était comme ça que ça se passait.
00:46:40On mettait les souliers au dernier moment et qu'ils n'étaient pas encore secs.
00:46:44Ce qui fait qu'on avait les pieds bleus.
00:46:47On faisait des essayages d'ailleurs à trois heures du matin pour des vêtements
00:46:50qui n'étaient visiblement pas finis, alors que le défilé était dans deux jours.
00:46:53Jusqu'à la dernière minute, on était tous dans une angoisse et un stress pas possible.
00:46:59J'ai beaucoup aimé les défilés Mugler.
00:47:01On s'amusait tellement.
00:47:03Et puis, c'était un challenge à tout point de vue.
00:47:05C'est à dire que d'abord, on te transformait totalement.
00:47:08Fallait supporter les six heures de prépa et puis accepter ce que ça impliquait.
00:47:12Parce qu'après, il fallait l'assumer, ce que tu étais devenu.
00:47:15Fallait avoir l'attitude qui allait avec, il fallait bon bref.
00:47:19Ensuite, les vêtements eux-mêmes étaient un challenge.
00:47:21Souvent, tu étais chaussé de manière très, très, très problématique.
00:47:26Et puis après, il fallait en plus que tu interprètes quelque chose,
00:47:30que tu te fasses ovationner.
00:47:32Moi, en tout cas, il fallait.
00:47:34Quand je sortais, il fallait que ça applaudisse.
00:47:36Donc tu te donnais du mal et tu sortais de là.
00:47:40Ça faisait monter l'adrénaline.
00:47:43Thierry Mugler avait une vision hollywoodienne des choses avec des maquillages très,
00:47:49très excessifs, des coiffures aussi très extravagantes.
00:47:54Oh, hé!
00:47:57C'est un métier de théâtre.
00:47:59Oui, nous avions parlé à Manfred Mugler quelques semaines avant son décès.
00:48:03Et c'est sa dernière interview.
00:48:04Mugler le sait bien, il vient de la danse.
00:48:06Et ses défilés sont des numéros de musical.
00:48:09Le défilé de mode, la façon dont je l'ai fait, c'est un spectacle de mode.
00:48:13Les mannequins comme des meneuses de revue, les tendances comme des tableaux.
00:48:17En 1984, pour les dix ans de sa marque,
00:48:19il change pour toujours la façon de montrer la mode à Paris.
00:48:22Le défilé des dix ans au Zénith, comment vous avez eu l'idée?
00:48:27Ça vous fait encore marrer?
00:48:29Oui, oui.
00:48:30Ça a été la peur de ma vie.
00:48:33Avant que ça démarre, il y a toujours un moment difficile.
00:48:37C'est quand vous êtes en coulisses, que vous voyez la grande dans la salle vide.
00:48:42C'est deux immenses podiums qui avaient l'air encore plus grands.
00:48:46Et je me retourne et je vois mes pauvres vêtements pendouillés sur les cintres.
00:48:50Là, j'ai eu la truie de ma vie.
00:48:52Enfin, heureusement, je n'ai pas eu trop envie de penser, il fallait avancer.
00:48:56Et c'est parti.
00:48:58Heureusement, pour le meilleur.
00:49:04C'est vrai que mes défis étaient des spectacles.
00:49:07Je ne comprends pas pourquoi le public ne pourrait pas assister à ça.
00:49:11C'est un art à part.
00:49:12Donc, j'ai pris le risque de faire ce spectacle ouvert au public.
00:49:16Et les billets étaient en vente à la flingue et tout ça.
00:49:19Les places se vendaient les dernières heures au marché noir à plusieurs milliers de francs.
00:49:24C'était la folie.
00:49:25Il y avait même eu une jambe cassée à l'entrée.
00:49:26Les gens se battaient pour rentrer.
00:49:28Enfin bon, j'avais construit un podium qui partait en Y comme ça dans le public.
00:49:33Je voulais que les mannequins, l'action, tout ça soit plus proche du public.
00:49:38Ce qui était très beau pour la démarche des filles et la vision des gens, etc.
00:49:43Il y a eu beaucoup d'inventions.
00:49:45J'ai même fait un passage avec des luges à roulettes.
00:49:48Toutes les trois minutes, l'ambiance change complètement.
00:49:51Cela va de vêtements tout à fait portables jusqu'à des visions inspirées par le cinéma
00:49:55hollywoodien de stars recouverts d'or, mais aussi son obsession de départ, à
00:49:59savoir la cathédrale de Strasbourg, où il a passé son enfance à observer les
00:50:04représentations de la Vierge, d'où les auréoles littérales sur les mannequins.
00:50:09Au milieu de ces scintes, ce petit ange, un cupidon qui n'a jamais réussi à
00:50:12attraper sa flèche et heureusement parce qu'il n'aurait pas tiré à blanc.
00:50:16Des créatures ailées, divines.
00:50:19Toutes les filles étaient en anges, des grands, des petits.
00:50:22Et puis il y a eu ce final magique avec Pat Liblon, qui était enceinte de trois
00:50:28mois, en madone.
00:50:30Elle descend l'ensemble, elle touche le sol et elle avance.
00:50:35J'avais fait mettre à genoux plein d'anges qui ouvraient les bras au ciel, parce
00:50:40qu'en même temps, il y a eu une pluie de pétales de roses, mais un ouragan de
00:50:44pétales de roses.
00:50:47Il y en avait, il y en avait, il y en avait.
00:50:49Avec le vent, ça partait dans le public, tout le monde debout, une apothéose à
00:50:54tomber.
00:50:59Mais ça a été un boum.
00:51:01Vous êtes devenu très célèbre après ce défilé là.
00:51:03Tout le monde vous reconnaît à ce moment-là dans la rue et tout ça.
00:51:05Tout le monde connaît votre nom.
00:51:07Oui, petit à petit, je pense.
00:51:10Et ça m'est arrivé plein de fois.
00:51:12Oh my God, it's Mugler.
00:51:15Et j'en regarde à côté.
00:51:16Ah oui, il parle de moi.
00:51:18Autre superstar, Azedine Alaïa, le roi de la coupe.
00:51:22Azedine Alaïa se doit de défiler, mais il veut tordre l'exercice en fonction de
00:51:25sa timidité.
00:51:27Il décide de défiler chez lui.
00:51:29Immédiatement, tout le monde veut voir ce que le génie absolu de la silhouette
00:51:33de la maille du cuir va faire.
00:51:35Je fais des vêtements pour les femmes, en pensant toujours à les mettre en
00:51:39valeur au maximum et qu'ils soient belles surtout.
00:51:43Alors Azedine Alaïa fait sa propre Fashion Week, plusieurs jours non-stop
00:51:48de présentation intime.
00:51:50Il n'en avait rien à faire du calendrier.
00:51:53Nous étions convoqués.
00:51:55Pas invités, mais convoqués à assister à sa présentation.
00:51:59Je me souviens que j'étais même assis une fois, faute de place sur un
00:52:02radiateur.
00:52:04Avec une cabine hors pair.
00:52:06Yasmine Lebon, Véronica Webb, Farida Kelfa.
00:52:10Les essayages, c'était toute la nuit.
00:52:12Ça ne s'arrêtait jamais.
00:52:15On dormait par terre.
00:52:17On était là à attendre.
00:52:19Et puis c'était trois jours de défilé.
00:52:20Farida Kelfa qui toise.
00:52:22La personne qui osait bavarder en bas à gauche.
00:52:25Elle fait son passage et avant de filer en coulisse, autre regard de
00:52:28punition.
00:52:29Ça ne rigole pas.
00:52:30C'est la messe.
00:52:31Vous avez dit trois jours, ça veut dire quoi ?
00:52:33Ces trois jours sur place, on restait en défilé pendant trois jours.
00:52:36Trois défilés par jour.
00:52:37Un truc de dingue.
00:52:38Parce qu'ils ne voulaient pas de grande salle.
00:52:40C'est lui qui fait le premier défilé de Naomi Campbell.
00:52:43Elle a 16 ans sur ces images de mars 1987.
00:52:46Naomi, les mains sur les hanches.
00:52:48Elle est déjà avec son alphabet de mouvements.
00:52:50Qui vous a appris ?
00:52:51Ma mère.
00:52:52C'est elle qui m'a appelée à défiler.
00:52:54Elle était danseuse.
00:52:56Tout comme moi.
00:52:58À quel âge ?
00:52:59J'avais 15-16 ans.
00:53:01Alaïa est foudelle et lui fait même faire des pointes.
00:53:10Au final, les mannequins applaudissent et font un bouchon sur le podium.
00:53:14On ne voit pas le créateur complexé, ce qui l'arrange.
00:53:17C'était une explosion intersidérale pour lui.
00:53:20Il est passé de l'anonymat à la célébrité totale en 3-4 saisons.
00:53:25Les années 1980, c'est une décennie de chapelle.
00:53:28On s'adonne totalement à sa marque préférée.
00:53:31On se laisse déguiser par elle.
00:53:33On s'achète des total looks.
00:53:35Les années 70, il y a une forme de mélange.
00:53:38Une forme de souplesse.
00:53:40Les années 80, quand on adopte un créateur, on adopte la panoplie.
00:53:43Vous achetez la tenue d'un artiste.
00:53:45Vous achèteriez un bout d'un Picasso ?
00:53:48C'est toute une petite société avec ses codes et ses hiérarchies.
00:53:55Ici, la table de Madame Figaro.
00:53:57Là, celle de Dépêche Mode.
00:53:59Ici encore les filles d'E.L.
00:54:01qui bien sûr snobent celles du Figaro.
00:54:03Quelques mâles, mais ce sont des photographes.
00:54:05Au premier rang, les rédac chefs des grands journaux.
00:54:07Elles se surveillent du point de l'œil et vérifient leurs codes en fonction de leur place.
00:54:11Elles sont facilement repérables.
00:54:13C'est bien sûr très glamour.
00:54:15Les Françaises plus appliquées donnent cette année dans le genre veuve pas très joyeuse.
00:54:19Le carnet filofax, les lunettes noires et surtout les chapeaux.
00:54:22On sent que le microcosme intrigue.
00:54:24Avec les effets qui font très bien dans cet ensemble néoclassique.
00:54:27Il y a bien sûr les anciens du métier qui ont peur qu'on ne fasse plus attention à eux.
00:54:31Et plein, mais plein de Japonais à la fuie des nouveautés.
00:54:34Ce pari ultra créatif, flamboyant, mystérieux, commercial et ambitieux
00:54:39attire une foule de créatrices et créateurs étrangers.
00:54:43On va venir de partout sur la planète pour faire partie de cette effervescence.
00:54:47Il y a cette histoire de la mode qui fait que quand vous êtes dans la ville
00:54:50qui a vu éclore Coco Chanel, Yves Saint Laurent, Christian Dior et les autres,
00:54:55c'est là que ça se passe.
00:54:56Ça a été la première Fashion Week à accueillir les gens aussi internationaux.
00:55:00Très vite, les Japonais sont venus défiler à Paris.
00:55:05Cette première vague japonaise est un choc.
00:55:09Il y avait quand même Issey Miyake qui est arrivé, je crois que c'est un des premiers,
00:55:13et qui a fait ces défilés et qui étaient absolument superbes.
00:55:17Ah, il y en a un autre qu'on oublie, Kensai Yamamoto.
00:55:22Ce sont des vêtements très marquants.
00:55:24Si quelqu'un s'habille comme ça dans la rue, on regardera que lui.
00:55:28Tout le monde montrera des doigts.
00:55:30À partir du début des années 80, Reka Wakubo avec sa marque Comme des Garçons
00:55:34secoue vraiment très fort le cocotier parisien.
00:55:37Il y a quelque chose de très nouveau.
00:55:39Les filles sont toutes à plat.
00:55:41On a l'impression qu'elles ne sont pas maquillées ni coiffées.
00:55:44C'était comme une espèce de gifle fait avec du plâtre.
00:55:48Le cheveu décoiffé, pire que les miens aujourd'hui.
00:55:52On nous disait de ne pas mettre la main sur la hanche et de marcher avec la tête baissée.
00:55:57Je suis sortie de là.
00:55:58Je me suis dit, mais ils sont complètement fous, ces Japonais.
00:56:01C'est n'importe quoi.
00:56:04C'est en jetant les idées que l'on connaît depuis longtemps.
00:56:09Le folklore, les choses traditionnelles, que l'on peut faire quelque chose de nouveau.
00:56:16C'est très dénué du glamour ou de l'esprit qu'on voulait trouver à Paris à l'époque.
00:56:20C'est pour ça que c'est révolutionnaire.
00:56:22Et les Parisiens, en bon Parisien, commencent par détester.
00:56:26On respecte les traditions.
00:56:29C'est ça qui nous a apporté une simplicité forte.
00:56:33Comme ça que nous, on n'a pas en France.
00:56:36Les couleurs, c'est plouc.
00:56:38Les formes, l'écorcé, la féminité pour séduire.
00:56:41Tout ça est remis en question.
00:56:43Quand les Japonais sont arrivés, j'étais très content.
00:56:46J'admirais ce qu'ils faisaient.
00:56:48Je me sentais plus proche d'eux.
00:56:50Alors que les autres, je n'aimais pas trop le côté un peu fausse couture.
00:56:55Là, c'était autre chose.
00:56:57C'était vraiment aller autre part.
00:56:59C'était une autre direction.
00:57:01Il y a vraiment un avant et un après Yoji comme des garçons.
00:57:05C'est toute une partie de la mode qui bascule.
00:57:08Ils ont inventé un nouvel esthétisme.
00:57:11Une nouvelle façon de voir le beau.
00:57:14Tu prends ces vêtements, tu les mets à plat.
00:57:17Tu regardes comment c'est coupé.
00:57:19C'est très, très novateur.
00:57:21C'est extraordinaire, leur travail.
00:57:23Moi, j'en étais restée sur la forme, la façon de présenter.
00:57:27Après la vague japonaise, ce seront des vagues d'Italiens,
00:57:30de Belges, d'Autrichiens et d'Allemands, de Hollandais,
00:57:33de Coréens, d'Anglais, d'Américains, de partout.
00:57:36Les Autrichiens viennent avec de la rigueur et du minimalisme.
00:57:39Les Coréens viennent avec une autre version de l'excentricité.
00:57:42Les Américains, c'est oui, du pragmatisme,
00:57:44mais aussi un sens de l'humour, comme celui de Patrick Kelly.
00:57:47Le monde est trop triste maintenant.
00:57:49J'ai besoin que tout le monde fasse des choses plus sympas.
00:57:52J'aime les choses un peu clowns, drôles, gays.
00:57:58Patrick Kelly est le premier noir américain
00:58:00au calendrier officiel de la Fashion Week.
00:58:02Il donne sa version glamourisée des pervanches parisiennes
00:58:05qui mettaient des contraventions. Vous vous souvenez ?
00:58:08Naomi Campbell en léopard.
00:58:10Un pari de souvenirs pour touristes.
00:58:12Violetta Sanchez avec la tour Eiffel sur la tête.
00:58:15Un pari de French cancan.
00:58:17Imane en maillot et plume. Incroyable.
00:58:20La mort de Patrick Kelly, déçue du sida le 1er janvier 1990,
00:58:25est un coup dur pour la mode française.
00:58:28Les Belges, Anne de Meulemester, Dries Van Noten et d'autres,
00:58:31viennent avec leur poésie et leur élégance.
00:58:34Au début, ils ne veulent pas de Paris.
00:58:36Trop snob, trop bourgeois, pas faux.
00:58:38Donc, ils filent à Londres.
00:58:39Mais la Chambre syndicale anglaise les traite de parasites.
00:58:42Comme quoi Londres, c'est fait que pour les Anglais.
00:58:44Résultat, les Belges viennent défiler à Paris
00:58:46qui leur fait un triomphe.
00:58:48Jusqu'à ce que les créateurs français soient minoritaires.
00:58:50On arrivait à 80% de créateurs étrangers contre 20% de Français
00:58:54qui présentaient lors du prêt-à-porter à Paris.
00:58:57C'est grâce à tout ce monde-là que Paris devient officiellement
00:59:00capitale de la mode.
00:59:02Paris devient un rendez-vous international.
00:59:05On a cours de partout assister à la semaine parisienne.
00:59:08On vient de partout pour faire partie de cette semaine.
00:59:12Paris est vraiment la seule place d'Europe importante pour la mode.
00:59:17Les années 1990, c'est l'apogée.
00:59:20Un lieu est conçu spécialement pour la Fashion Week.
00:59:23Central, modulable, le Carousel du Louvre.
00:59:27Des centaines, des milliers de défilés vont y avoir lieu.
00:59:30Chanel y défile, alors tout le monde y défile.
00:59:33Les révolutions, on invente le retour vidéo en direct.
00:59:37Voilà, un monitor télé dans la coulisse et soudain,
00:59:40plus besoin de ces horribles trous dans la chicane.
00:59:44La mise en scène du défilé se peaufine.
00:59:46La vraie révolution, c'est l'hégémonie des top modèles.
00:59:50Claudia Schiffer, Nadia Ouerman, Carla Bruni, Cindy Crawford.
00:59:56Les backstages avec Naomi, Claudia, Carla,
01:00:00qui étaient avec des caméramans qui n'osaient pas les regarder
01:00:04parce qu'ils me disaient qu'elles sont des extraterrestres.
01:00:07C'était absolument extraordinaire.
01:00:09Toute la bande des Mannequin stars, plus ou moins sympathiques,
01:00:12plus ou moins bien élevées, mais rayonnantes.
01:00:15Sublimes, sublimes.
01:00:16Elles étaient capricieuses ?
01:00:17C'était sans fin, leurs caprices.
01:00:19Mais certaines, je me souviens de Carla Bruni,
01:00:22tellement bien élevée, tellement gentille.
01:00:24Ça dépend.
01:00:27Dans un défilé, vous avez toutes les filles qui pensent.
01:00:31Pourquoi, dans tous les journaux, vous ne retrouvez que
01:00:34qui était ce Linda, Claudia, les autres ?
01:00:37Les photographes que vous voyez familiers au bord du podium
01:00:39accrochent ces filles parce que ces filles accrochent la caméra.
01:00:42Il ne faut pas oublier que la mode, c'est visuel.
01:00:44C'est une robe sur une créature qui ne donne pas vraiment quelque chose.
01:00:48C'est comme un costume de théâtre sur une actrice
01:00:50qui n'a pas de talent, c'est exactement la même chose.
01:00:52Les filles des années 90 sont devenues des stars en elles-mêmes.
01:00:56C'est-à-dire qu'à un moment donné, elles étaient plus importantes
01:00:58que la marque qu'elles portaient.
01:01:00Linda Evangelista, Chrissy Turlington, Yasmine Ghori,
01:01:04Nadej Dubois-Pertus, Karen Mulder, Elena Christensen,
01:01:08Eva Herzigova, Christiane McManamy, Tyra Banks,
01:01:12Veronica Webb, Tatiana Patitz.
01:01:15Il a donc fallu une bonne douzaine de top-models sublimissimes
01:01:18pour remplacer le vide laissé par Inès de la Fressange et Pat Cleveland.
01:01:27La marque japonaise Comme des Garçons et sa créatrice Reka Wakubo
01:01:30continuent de distribuer des gifles visuels chaque saison aux rédactrices.
01:01:34Il y a cette collection 1997 considérée aujourd'hui comme une œuvre d'art.
01:01:39À l'époque, on montrait le défilé à la Porte Dorée.
01:01:43Elle m'appelle, elle me dit, oui, il faut en fait que tout soit blanc.
01:01:49Ça commence en silence.
01:01:52Le premier mannequin sort et la salle réagit comme ça.
01:01:56Deux galets de matière dans le dos.
01:01:58Second passage, du vichy, le tissu qui crée un boudin sur la hanche.
01:02:05Les photographes réagissent.
01:02:10Maintenant, les gens parlent de ça comme si c'était un dessin.
01:02:14C'est un dessin, c'est un dessin.
01:02:16C'est un dessin, c'est un dessin, c'est un dessin.
01:02:19C'est un dessin, c'est un dessin.
01:02:21C'est un dessin, c'est un dessin.
01:02:23Maintenant, les gens parlent de ça comme une collection très importante.
01:02:27Ça restait dans les annales.
01:02:29Mais à l'époque, en fait, les gens étaient juste confus, je pense.
01:02:33Oui, ils ne comprenaient pas ce qui leur était arrivé.
01:02:36La chemise rembourrée.
01:02:38Quelques rires dans la salle.
01:02:45Ça discute.
01:02:48Mais très vite, ça applaudit et ça crie.
01:02:54Reka Wakubo qui ne respecte plus la partition du corps humain.
01:02:58Comme si elle portait leur coussin, leur couette.
01:03:01C'est rembourré et ensuite, c'est du volume.
01:03:06Comme une mousse.
01:03:08Comme du papier craft.
01:03:10Un accoudoir.
01:03:11Une trompe.
01:03:12C'est la collection Bumps and Lumps.
01:03:15Les bosses et les creux.
01:03:17Ce défilé redonne une crédibilité artistique de laboratoire à la Fashion Week Parisienne.
01:03:22Pour 30 ans.
01:03:24Ça se termine par la salle en extase qui applaudit.
01:03:27Mais Reka Wakubo ne se montre pas.
01:03:30Pendant un court moment à la fin des années 1990, les défilés redeviennent sobres.
01:03:34Sans podium, sans chichi, sans pompon.
01:03:36Helmut Lang est le roi de ce genre minimaliste.
01:03:39Mes défilés préférés auxquels j'ai assisté, c'est Helmut Lang.
01:03:42C'est sublime.
01:03:43Ces défilés ont l'air de rien mais ils sont tout.
01:03:45Il remet le vêtement, le détail du vêtement au centre de l'attention.
01:03:48Les mannequins qui se suivent de manière aléatoire.
01:03:50Pas de regard aguicheur, pas de tournicotis, pas de sourire.
01:03:53Dans un cube blanc comme dans une galerie d'art.
01:03:55S'en suivront 17 540 défilés dans des cubes blancs.
01:03:59J'invente le chiffre mais il doit être bon.
01:04:01C'est à ce moment-là que Paris devient aussi capitale du marketing.
01:04:05Les Américains comme Michael Kors chez Céline,
01:04:07Tom Ford chez Saint Laurent et Marc Jacobs chez Louis Vuitton
01:04:11vont faire entrer la Fashion Week dans une nouvelle phase
01:04:13qui correspond à la montée en puissance des groupes de luxe.
01:04:17Fini les gentils podiums, fini les mises en scène de Kermesse,
01:04:20fini les petits budgets.
01:04:22Les défilés spectacles deviennent des défilés à grands spectacles.
01:04:26Les années 2000 sont un tournant, celui du gigantisme.
01:04:33Les chiffres d'affaires se multiplient par deux puis par dix.
01:04:36Quand Karl Lagerfeld s'installe au Grand Palais avec Chanel,
01:04:40le buzz déclenché par chaque décor insensé devient systématique.
01:04:45Et les autres méga maisons comme Louis Vuitton, Saint Laurent et Dior
01:04:49vont bien devoir entrer en compétition.
01:04:51Le décor, c'est ce qui va permettre à la collection
01:04:53qui est tout à fait exceptionnelle de ressortir encore plus fort.
01:04:56L'objectif ici au Grand Palais, c'est d'avoir un décor
01:04:59qui propulse la collection dans le monde entier.
01:05:02Je n'avais jamais vu quelque chose comme ça.
01:05:04J'avais l'impression d'arriver dans un décor de cinéma.
01:05:07C'était tellement une démonstration de puissance.
01:05:11Je me disais, pour dix minutes, quinze minutes de show.
01:05:15C'est incroyable.
01:05:17J'espère que c'est assez profond pour que je puisse me baigner.
01:05:19C'est une des premières fois aussi, je pense,
01:05:21où je me suis vraiment rendu compte de l'industrie,
01:05:23en termes d'industrielle, de ce que c'est monter un défilé.
01:05:28Ce n'est pas juste habiller des gens, il y a toute une production derrière.
01:05:31C'était très impressionnant pour moi
01:05:33et très symbolique d'aller à un défilé Chanel.
01:05:37Moi, je viens d'un petit patelin où il y a deux cités.
01:05:40Je viens d'une de ces cités-là.
01:05:42Ma mère est venue en France parce qu'elle voulait travailler chez Chanel.
01:05:45Je me suis dit, c'est pas possible.
01:05:47Et si on faisait décoller une fusée dans le Grand Palais ?
01:05:50Allez.
01:05:56J'étais là, je me dis, mon Dieu, la fusée va décoller, elle va sortir.
01:06:01C'est-à-dire que tout avec Karl était possible.
01:06:12C'est quoi votre défilé préféré de ces 50 ans ?
01:06:14Le supermarché de Karl.
01:06:16C'est pas vrai.
01:06:17Un des plus beaux défilés pour moi,
01:06:18des plus remarquables en termes d'exécution de scénographie.
01:06:21Il y a tout.
01:06:22Il y a en même temps du cynisme, il y a en même temps de la folie.
01:06:25Le 4 mars 2014, au Grand Palais, a lieu le défilé Chanel automne-hiver.
01:06:30Et surprise, c'est un Chanel Shopping Center, le supermarché.
01:06:34Le pastiche est grandiose.
01:06:36Caisse, stand de fruits, fromage.
01:06:38Au lieu de soldes, les panneaux annoncent plus 50% tout de suite.
01:06:42Des dizaines de milliers de produits identifiés Chanel,
01:06:45à base de jeux de mots délirants.
01:06:47Au rayon fromage, le bris est un bris Gabriel.
01:06:51Le préféré de mes produits, c'est salsifié comme ça.
01:06:54Donc salsifié comme ça.
01:06:56Ça, c'est les chagrins de Gabriel, la boîte de Kleenex,
01:07:00enrichie de fibres de soie, mouchoir en dentelle.
01:07:03Je trouve que le clin d'œil est très sympathique.
01:07:06La brosse à reluire, so chic.
01:07:08Sucre Roudoudou, depuis 1883, il a écrit.
01:07:12Date de naissance de Gabriel Chanel.
01:07:14Et ça, c'est Karl qui a inventé ça.
01:07:16Coco carbone, lessive pour tailleur.
01:07:18Petite veste noire Chanel.
01:07:20Enlève les taches de mauvais goût.
01:07:22Ça, je la trouve parfaite.
01:07:24Ça, c'est les sacs poubelle.
01:07:26Sac plus belle.
01:07:28La plupart des invités du défilé Chanel
01:07:30n'étaient pas rentrés en supermarché depuis très longtemps.
01:07:33Une forme de cynisme s'est présentée
01:07:35parce que ces personnalités-là n'ont pas vu un supermarché.
01:07:38Ils n'ont pas vu un supermarché depuis presque jamais dans leur vie.
01:07:41Et qui anime ce supermarché avec des blagues écrites par Karl Lagerfeld ?
01:07:44Je vous le donne en mille.
01:07:46La petite Marine attend sa mère en cas numéro 5.
01:07:48Vous dormez mal ? Vite, un matelas coco-coune.
01:07:51Aïe, je dois l'admettre, c'est moi qui faisais les annonces du supermarché.
01:07:55Grosse fierté.
01:07:56Les accessoires sont au diapason.
01:07:58Les sacs dans un panier de course Chanel.
01:08:00Le chariot matelassé.
01:08:02Le sac Chanel dans une barquette sous vide
01:08:04comme si c'était une escalope avec l'étiquette fluo de promotion.
01:08:08Le collier triple rang mais en bonbons.
01:08:11La minaudière en boîte à œufs ou en bouteille de lait de coco.
01:08:15À la fin, les mannequins piquent les tronçonneuses Chanel
01:08:18et les paquets de cocoquillettes.
01:08:20La blague à plusieurs millions d'euros fera rire le milieu de la mode
01:08:23pendant des semaines, des mois, des années.
01:08:26Les gens se baladaient dans les rayons,
01:08:28volaient des liquides et des produits vaisselle
01:08:31parce qu'on voulait les ramener à la maison.
01:08:33Moi, à la fin du défilé, je prends Rihanna
01:08:35et je lui mets un baril de lessive dans la main marqué Chanel.
01:08:38C'est un truc qui se barre avec les produits Chanel factices.
01:08:41Avec les mecs de la sécurité qui les bloquent.
01:08:43C'est des moments magiques.
01:08:44Il n'y a que Karl pour aller aussi loin.
01:08:46On avait envie presque qu'il laisse le set-up du défilé
01:08:50ouvert au public et qu'ils le fassent visiter
01:08:52comme un happening parce que c'était ça.
01:08:54C'était génial.
01:08:56La concurrence se doit de réagir.
01:08:58Chez Louis Vuitton, Marc Jacobs fait des installations hypnotiques
01:09:02comme ces escalators parcourus par des jumelles.
01:09:05Et des coups de poker éblouissants
01:09:07comme cette reconstitution d'une locomotive qui sort de nulle part
01:09:11alors qu'on est dans une tente dans la cour carrée du Louvre.
01:09:14Un délire mis au point par les producteurs de défilés de la mode en image.
01:09:25On ne s'est pas posé la question de la faisabilité, on a foncé.
01:09:29C'est un engin qui fait 28 mètres de long
01:09:32avec une structure de 85 par 40 mètres
01:09:35et 3 mètres de hauteur.
01:09:37Le train, c'était le plus incroyable de tous.
01:09:40Parce que je n'ai pas voulu juste construire un train,
01:09:43j'ai voulu reconstituer une gare.
01:09:46Et même à l'intérieur du train, chaque détail était parfait.
01:09:51L'intérieur du train factice que les spectateurs ne voient même pas
01:09:54est entièrement en marqueterie faite sur mesure.
01:09:57Ce qui est fascinant, c'est de savoir que l'envers du décor est aussi beau que le devant.
01:10:00La force de Marc Deleuze, c'est de dire qu'il n'y a pas que le devant qui est beau,
01:10:03mais l'arrière est aussi beau.
01:10:04Faire de la marqueterie à l'intérieur,
01:10:06c'est de montrer la capacité créative de la marque
01:10:08à aller jusqu'au bout dans les détails de ce qu'elle fait.
01:10:10Il y a un avant et un après de la locomotive.
01:10:12Ça peut être considéré comme un moment majeur
01:10:14pour les professionnels du métier.
01:10:16Les broderies jusque la réservée à la haute couture deviennent débridées.
01:10:20Les prix de ce prêt-à-porter deviennent ceux de la haute couture.
01:10:23On sent que tous les plafonds des budgets ont sauté,
01:10:26qu'il n'y a plus de limite.
01:10:27Je vous rappelle qu'il y a eu la banquise chez Chanel,
01:10:30un vaisseau spatial, une fusée.
01:10:32Donc oui, rien ne s'oppose à un train
01:10:35qui arrive dans la cour carrée.
01:10:37C'était très important pour Bernard Arnault
01:10:39de faire quelque chose de remarquable.
01:10:41Il a été le premier à reconnaître
01:10:43que le travail de Karl Lagerfeld de chez Chanel était parfait.
01:10:46Et Louis Vuitton a la responsabilité
01:10:48de maintenir son image de grand luxe.
01:10:50Et c'est très difficile d'être à ce niveau de luxe
01:10:53avec des limites.
01:10:54Donc oui, ça coûte de l'argent.
01:10:56Avec Edith Liman, les défilés deviennent des concerts de rock.
01:11:00Chez Céline, il pose des jeunes artistes
01:11:02à l'intérieur de diamants de lumière.
01:11:04Il commissionne des bandes-sons composées spécialement
01:11:07en concocte des castings de mannequins
01:11:09presque toutes exclusives.
01:11:10L'idée convoit un exercice de style unique
01:11:13qui ne se reproduira nulle part ailleurs.
01:11:16Chez Slimane, il y a un truc
01:11:18qui m'attire encore plus,
01:11:19que c'est le graphisme.
01:11:20Et puis ça reste rock.
01:11:21Il a cette culture du rock.
01:11:25Après Marc Jacobs, Nicolas Ghesquière,
01:11:27arrivé chez Louis Vuitton,
01:11:28poursuit cet escalade.
01:11:30Qui a essentiellement lieu au Louvre,
01:11:32symbole et centre du pouvoir français
01:11:34politique et artistique.
01:11:37C'était une illusion en fait.
01:11:38Il fallait cette idée de suspension.
01:11:40Une sorte de labyrinthe suspendu sur l'eau
01:11:42dans la cour Carré.
01:11:43Une espèce de collage inédit,
01:11:45insensé comme ça.
01:11:47Une sorte de station au milieu
01:11:49de ce magnifique bâtiment historique.
01:11:52Ces défilés entrent carrément dans le musée.
01:11:54Dialogue avec les sculptures de la cour Marly
01:11:56s'intègre dans les escaliers pâles
01:11:58carrément dans la mythique galerie
01:12:00des sculptures antiques
01:12:01dans un défilé sans spectateurs,
01:12:03pendant la parenthèse de public du Covid.
01:12:05Une chorale peuplée de tous les personnages
01:12:07de l'histoire de France
01:12:08qui accompagne ces néocrinolines.
01:12:10Et pourquoi pas un vaisseau spatial
01:12:12dans une des cour du Louvre.
01:12:14Et pourquoi pas le musée Beaubourg
01:12:16dans le Louvre.
01:12:18Un des plus incroyables
01:12:19télescopage jamais vu.
01:12:21C'est toujours étrange
01:12:22quand on est derrière.
01:12:23On ne peut pas évidemment être dans la salle
01:12:25mais tu souhaiterais toujours
01:12:26être un peu là.
01:12:27Pour voir ce que vous, vous voyez en fait.
01:12:29Ce sera quand même toujours
01:12:31la frustration du créateur.
01:12:33C'est de ne pas pouvoir
01:12:34voir son propre défilé.
01:12:39Ça a une telle importance
01:12:41que oui c'est OK
01:12:42de refaire le Beaubourg
01:12:44dans le Louvre.
01:12:46Voilà.
01:12:47C'est très géolocalisé.
01:12:48Ça ne peut pas se passer ailleurs.
01:12:50Et pourtant ça s'adresse au monde
01:12:52mais ça ne peut pas se passer ailleurs.
01:12:54Catherine Deneuve en reste Baba.
01:12:57À partir de 2017,
01:12:58Yves Saint-Laurent
01:12:59sous la direction artistique
01:13:00d'Anthony Vaccarello
01:13:01joue la carte postale française ultime
01:13:03en s'approchant de la Tour Eiffel.
01:13:05Et alors la Tour Eiffel
01:13:06plus Catherine Deneuve
01:13:07on est sur du double iconique.
01:13:09C'est extraordinaire.
01:13:10C'est quelque chose
01:13:11d'irréel, c'est incroyable.
01:13:13Pourquoi Saint-Laurent
01:13:14et la Tour Eiffel ?
01:13:15Le lieu était libre.
01:13:16L'image était magnifique.
01:13:17C'est Paris,
01:13:18Saint-Laurent c'est Paris.
01:13:19Je pense que dans le monde entier
01:13:20à la seconde on voyait
01:13:21de la lumière,
01:13:22un vêtement,
01:13:23un défilé,
01:13:24un défilé,
01:13:25une lumière,
01:13:26un vêtement Saint-Laurent
01:13:27et la Tour Eiffel.
01:13:28L'association marche.
01:13:29Saint-Laurent c'est Paris,
01:13:30Paris c'est la Tour Eiffel.
01:13:34J'étais sous le choc
01:13:35lorsqu'on s'est assis,
01:13:36que le rideau est descendu
01:13:38et que la Tour Eiffel est à Paris.
01:13:40Le mannequin défilant devant,
01:13:42c'était fabuleux.
01:13:43Il y aura même un défilé sur
01:13:45la Tour Eiffel en 2020.
01:13:46L'idée d'être aussi fascinant
01:13:48que la Tour de Fer,
01:13:49l'idée de lui emprunter
01:13:50de sa superbe,
01:13:51de son clignotement.
01:13:52Il y a une monumentalité
01:13:54que je crois qu'Anthony a amenée
01:13:56et nous a aidés
01:13:57à vanter avec lui,
01:13:58pour lui,
01:13:59qui est très sienne.
01:14:00Elle est à la fois très minimale
01:14:01et très maximale.
01:14:02On a eu la chance avec Anthony
01:14:03de pouvoir défiler
01:14:04devant la Tour Eiffel
01:14:05et la chance immense
01:14:06qu'il ait envie
01:14:07justement qu'on l'utilise.
01:14:08Et Anthony a cette espèce
01:14:09de personnalité mélangée,
01:14:11de retenue
01:14:12et de pas de retenue du tout.
01:14:14Ce qui est génial
01:14:15chez Saint-Laurent,
01:14:16c'est que j'ai vraiment
01:14:17une espèce de carte blanche.
01:14:18Et donc oui,
01:14:19Saint-Laurent et bureau bêta
01:14:20quand même,
01:14:21le temps d'un défilé
01:14:23Comment on fait
01:14:24pour qu'elle soit blanche ?
01:14:25Alors on demande
01:14:26au monsieur Tour Eiffel
01:14:27de la ville de Paris
01:14:28de travailler avec nous
01:14:29et on a contrôlé
01:14:30la Tour Eiffel.
01:14:31Nous, on a toujours
01:14:32un conducteur,
01:14:33c'est-à-dire un conducteur
01:14:34avec le lancement
01:14:35de ce qu'on appelle
01:14:36les Q-lumières,
01:14:37son, mannequin.
01:14:38Et on avait un Go Tour Eiffel.
01:14:40Voilà.
01:14:41Ça fait quoi de dire
01:14:42Go Tour Eiffel ?
01:14:43C'est pas mal.
01:14:44Ça, c'est un truc
01:14:45qui raconte l'époque.
01:14:46Ces grandes maisons,
01:14:47au fait de leur puissance,
01:14:49sont mises à dialoguer
01:14:50avec la ville
01:14:51à partir du moment
01:14:52où Anthony Vaccarello
01:14:54a démarré à 20 heures
01:14:56avec la Tour Eiffel
01:14:57qui s'allume pour lui
01:14:58et qui scintille.
01:15:00Là, on s'est dit
01:15:01qu'il n'y avait plus de limites.
01:15:03Fidèle de la fashion week,
01:15:04Catherine Deneuve
01:15:05n'a pas loupé
01:15:06un défilé Saint-Laurent
01:15:07depuis 1965.
01:15:08Elle va à tous les défilés
01:15:09d'Eddie Slimane
01:15:10qu'elle a découverts
01:15:11chez Saint-Laurent en 1999,
01:15:13à tous les défilés
01:15:14de Jean-Paul Gaultier,
01:15:15à tous ceux de Nicolas Ghesquière
01:15:16chez Louis Vuitton.
01:15:17Elle va aussi
01:15:18chez Louis V
01:15:19par Jonathan Anderson
01:15:20quand la marque
01:15:21prend son envol.
01:15:23Vous êtes toujours là,
01:15:24je ne comprends pas.
01:15:25J'ai l'impression
01:15:26de vivre avec vous.
01:15:28Si bien qu'elle connaît
01:15:29tout des matières
01:15:30et des coupes.
01:15:31C'est la plus grande spécialiste
01:15:32française de mode.
01:15:33Elle prend des notes,
01:15:34elle est sérieuse.
01:15:36Je suis sérieuse ?
01:15:37Mais non, je suis pratique.
01:15:39Ses décors insistent
01:15:40sur la rivalité
01:15:41bien réelle
01:15:42entre ses mastodontes.
01:15:43Ses duels de défilés
01:15:44deviennent un combat
01:15:45à la Marvel
01:15:46avec des effets spéciaux,
01:15:47des castings spectaculaires,
01:15:49des rebondissements.
01:15:50Dans ce jeu de riches,
01:15:51l'effet de surprise
01:15:52fonctionne toujours.
01:15:54Comme lorsque Jacquemus
01:15:55se casse.
01:15:56Quand il quitte le calendrier
01:15:57de la Fashion Week
01:15:58pour jouer hors les murs.
01:15:59Sortir d'un coup du sillon,
01:16:00défiler dans un champ
01:16:01de lavande de Provence.
01:16:02L'effet Waouh
01:16:03est maximal.
01:16:04Il se fait remarquer
01:16:05et devient instantanément
01:16:06un joueur majeur
01:16:07de l'industrie.
01:16:08Pourquoi vous avez décidé
01:16:09de sortir de la Fashion Week ?
01:16:10Je trouvais ça cool
01:16:11d'être un peu à part,
01:16:13de faire mes propres règles.
01:16:14Ce n'est pas dit
01:16:15que je n'y revienne pas.
01:16:16Je pense que c'est important
01:16:17de faire ce dont on a envie.
01:16:18Si on est limité,
01:16:19c'est sur les lieux.
01:16:21On est à Paris.
01:16:22Il y a je ne sais plus
01:16:23combien de 300 marques
01:16:24par calendrier.
01:16:25On est limité.
01:16:26Tout le monde a déjà vu
01:16:27les lieux, les endroits.
01:16:29Et recréer des décors,
01:16:31je l'ai eu fait.
01:16:32Ce n'est pas ce que je préfère.
01:16:33Moi, j'aime bien
01:16:34la valeur de la pierre,
01:16:36d'un architecte,
01:16:37d'un lieu.
01:16:38Je crois qu'il y a une âme
01:16:39qui me correspond plus.
01:16:41Ce n'est pas qu'un combat
01:16:42de titans,
01:16:43mais aussi l'occasion
01:16:44pour les créateurs
01:16:45d'exprimer des points de vue
01:16:46sur la société.
01:16:48Depuis les années 2000,
01:16:49Alexander McQueen
01:16:50a perfectionné à Paris
01:16:51le défilé coup de poing,
01:16:52qui est un commentaire social.
01:16:54Ici, le prolétariat poussé à bout
01:16:56dans une course sans fin
01:16:57qui va l'exténuer.
01:17:01La surconsommation
01:17:02et son horrible visage séduisant.
01:17:04McQueen,
01:17:05ce n'est pas toujours été
01:17:06un défilé avec des grands budgets.
01:17:07Comme ça, l'Américain
01:17:08venait toujours très tard.
01:17:09Comme ça, c'était toujours,
01:17:10OK, on doit faire
01:17:11une maquillage
01:17:12en trois quarts d'heure.
01:17:13Maquillage, coiffure.
01:17:14Bleaching eyebrows,
01:17:15do the make-up.
01:17:17Kleenex.
01:17:18Kleenex, come on.
01:17:19J'ai fait ses peaux pâles,
01:17:21très porcelaine,
01:17:22avec cette bouche très brillante,
01:17:23extrêmement grande.
01:17:28J'ai pleuré
01:17:29pendant le défilé
01:17:30d'Alexander McQueen.
01:17:31C'était incroyable.
01:17:34Ce genre de défilé
01:17:35critique est capital
01:17:36pour enteriner
01:17:37la domination de Paris.
01:17:40Le créateur américain
01:17:41Rick Owens
01:17:42sent qu'il faut
01:17:43faire du spectacle,
01:17:44mais n'a pas les moyens
01:17:45des grands groupes
01:17:46et est conscient
01:17:47de l'obscénité de tout ça.
01:17:49J'aime penser
01:17:50de façon responsable.
01:17:52Mon côté cynique
01:17:53pense qu'il est trop tard,
01:17:54que ça n'a plus d'importance.
01:17:56Mais de toute façon,
01:17:57le simple fait
01:17:58de penser aux autres
01:17:59plutôt qu'à nous-mêmes
01:18:00est un excellent exercice.
01:18:05Alors, écran de fumée,
01:18:06littéral,
01:18:07dans le parvis
01:18:08du Palais de Tokyo.
01:18:09Rick Owens
01:18:10a quand même apporté
01:18:11une vision très sombre,
01:18:13mais en même temps
01:18:14très joyeuse, je trouve.
01:18:16Des explosions
01:18:17de pétales de rose,
01:18:18des femmes en toge
01:18:19qui jettent du jasmin.
01:18:22Voici sa réaction
01:18:23immédiate à l'invasion
01:18:24de l'Ukraine en 2022.
01:18:26Un défilé
01:18:27dans le brouillard
01:18:28si dense
01:18:29qu'on n'y voit plus rien.
01:18:30Rick Owens
01:18:31est un être extrêmement
01:18:32intuitif et politique.
01:18:33Il puise dans ses émotions
01:18:35et se connecte
01:18:36à son époque.
01:18:37L'accessoire
01:18:38n'est plus un sac à main,
01:18:39mais une machine
01:18:40à fumée portable.
01:18:41Pour éliminer
01:18:42les énergies négatives,
01:18:44la fumée
01:18:45comme rituel
01:18:46lançant pour chercher
01:18:47en vain à ouvrir
01:18:48une nouvelle dimension
01:18:49hors du monde matériel.
01:18:50Vous voulez plus de fumée ?
01:18:51Je vais vous en donner.
01:18:52Vous en voulez encore ?
01:18:53J'en ai plein.
01:18:54Les photographes
01:18:55ne voyaient rien.
01:18:56En 2023,
01:18:57le vent repousse
01:18:58la fumée dans la coulisse
01:18:59et c'est l'asphyxie,
01:19:00métaphore involontaire
01:19:01du monde.
01:19:07C'est impressionnant.
01:19:09Ça va aller ?
01:19:10Je me sens bien,
01:19:11mais j'ai du mal
01:19:12à respirer.
01:19:13Ce sont les défilés
01:19:14sensations fortes.
01:19:15Chez Courrèges,
01:19:16le directeur artistique
01:19:17Nicolas Di Felice
01:19:18évoque le réel
01:19:19et ses angoisses
01:19:20par des métaphores douces
01:19:21comme ce sablier géant,
01:19:23impitoyable,
01:19:24séduisant,
01:19:25flippant,
01:19:26pendant que les mannequins
01:19:27tournent en rond,
01:19:28inlassablement,
01:19:29comme la mode.
01:19:30C'est la mode en images
01:19:31qui réalise cette scénographie.
01:19:34On peut lire dans le décor
01:19:35d'un sablier
01:19:36un point de vue
01:19:37sur les courants excités
01:19:38qu'on peut ressentir
01:19:39en ce moment.
01:19:40On peut voir ça,
01:19:42je ne dirais pas
01:19:43que écho-anxiété.
01:19:44Je parlerais d'anxiété
01:19:45peut-être sociale.
01:19:46Le temps passe
01:19:47et puis nous,
01:19:48on continue
01:19:49à marcher,
01:19:50on marche,
01:19:51on marche.
01:19:52J'ai toujours
01:19:53cette image en tête
01:19:54et c'est à nous
01:19:55de choisir
01:19:56de ce qu'on fait
01:19:57de notre vie
01:19:58et de notre futur,
01:19:59du futur aussi
01:20:00de la société.
01:20:01Balenciaga invite
01:20:02chaque saison la presse
01:20:03à des expériences immersives.
01:20:04C'est l'heure de la prière
01:20:05avec la mode.
01:20:06Un tunnel d'images,
01:20:07comme si on était
01:20:08à l'intérieur
01:20:09d'un téléphone,
01:20:09une dénonciation
01:20:10de notre addiction
01:20:11digitale.
01:20:12C'est dément.
01:20:13C'est dément.
01:20:14En février 2022,
01:20:15quelques jours à peine
01:20:16après l'attaque
01:20:17de l'Ukraine
01:20:18par Vladimir Poutine,
01:20:19les invités de Balenciaga
01:20:20assistent à ceci.
01:20:21Une hyper réaliste
01:20:22turbine de neige,
01:20:23une tempête sans merci
01:20:24qui empêche
01:20:25la démarche
01:20:26des mannequins.
01:20:27Lutter pour avancer
01:20:28sur ce chemin
01:20:29était une telle
01:20:30expérience,
01:20:31un combat.
01:20:32Oui,
01:20:33c'était une guerre.
01:20:34Il fallait en effet
01:20:35se battre
01:20:36pour marcher.
01:20:37Temna,
01:20:38à la tête de Balenciaga,
01:20:39est géorgien
01:20:40et la politique
01:20:41de Moscou
01:20:42le traumatise.
01:20:43Perso,
01:20:44j'ai dû faire
01:20:45des exercices
01:20:46de respiration
01:20:47pour ne pas faire
01:20:48de crise d'angoisse
01:20:49pendant ce défilé.
01:20:52Je n'avais jamais
01:20:53pleuré en défilé.
01:20:54Ça m'a brisé le cœur.
01:20:55Je suis émotionnellement
01:20:56bloqué en général
01:20:57depuis 30 ans
01:20:58et là,
01:20:59cette fois-ci,
01:21:00c'était vraiment,
01:21:01je me suis dit,
01:21:02il faut que j'utilise
01:21:03mon travail
01:21:04pour m'exprimer,
01:21:05pour laisser sortir
01:21:06les émotions.
01:21:07C'est la mode.
01:21:08C'est d'autres choses aussi.
01:21:09C'est un peu la thérapie
01:21:10dans un sens pour moi.
01:21:11Je ne sais pas dire.
01:21:12On doit courir
01:21:13tout de suite
01:21:14quelque part
01:21:15pour sauver sa vie en fait.
01:21:16On n'a pas le temps
01:21:17de s'habiller.
01:21:22La top modèle
01:21:23de Balenciaga,
01:21:24c'est Mintou
01:21:25avec sa démarche
01:21:26de résistante,
01:21:27apprise sur les chaussées
01:21:28verglacées d'Helsinki.
01:21:29C'est comme ça
01:21:30que je marche.
01:21:31C'est moi.
01:21:32C'est qui je suis.
01:21:33Balenciaga défile
01:21:34dans une boue malodorante
01:21:35et gluante
01:21:36qui tâche tout.
01:21:37Le défilé
01:21:38comme une apnée,
01:21:39un combat.
01:21:40C'est les corps
01:21:41qui se défendent en fait.
01:21:42Tabassés par les expériences
01:21:43personnelles
01:21:44mais aussi
01:21:45allégoriquement parlant,
01:21:46dans la vie,
01:21:47c'est comme ça.
01:21:48La société,
01:21:49l'Internet.
01:21:50Si tu es différent,
01:21:51quelqu'un va te frapper
01:21:52forcément plusieurs fois.
01:21:53Mais il faut se défendre.
01:21:54Tu tombes,
01:21:55tu te lèves
01:21:56et tu continues à marcher.
01:21:57C'était vraiment le message
01:21:58que je voulais infuser
01:21:59dans cette show.
01:22:00Se battre
01:22:01pour être qui tu es.
01:22:02L'exercice peut être
01:22:03une thérapie personnelle
01:22:04pour Olivier Rousteing
01:22:05ému en coulisses
01:22:06chez Balmain.
01:22:07Mes défilés
01:22:08sont une thérapie
01:22:09non pas parfois
01:22:10mais souvent.
01:22:11Très souvent.
01:22:12Un défilé
01:22:13peut aussi être
01:22:14une catharsis
01:22:15sur des moments douloureux.
01:22:16J'ai fait un défilé
01:22:17pour parler de mon accident
01:22:18où j'ai été brûlé
01:22:19où il y avait des bandages.
01:22:20J'ai fait mon défilé
01:22:21où c'était Bordeaux,
01:22:22les fruits et les raisins.
01:22:23C'est toujours
01:22:24des moments
01:22:25où je peux parler
01:22:26de mon enfant,
01:22:27d'un accident,
01:22:28d'amour.
01:22:29C'est souvent
01:22:30des moments
01:22:31où c'est très personnel.
01:22:32C'est ça
01:22:33qui fait le sel
01:22:34des défilés,
01:22:35qui sont des visions,
01:22:36des messages esthétiques
01:22:37ou personnels.
01:22:38Alors pourquoi
01:22:39tout ça nous fascine
01:22:40tout autant
01:22:41après 50 ans ?
01:22:42Toujours la passion
01:22:43pour les premiers défilés,
01:22:44les nouvelles expressions,
01:22:45pour la joie
01:22:46de voir émerger
01:22:47les nouvelles générations,
01:22:48l'effroi de se lancer
01:22:49comme un kénesse isé
01:22:50venu de Lagos
01:22:51et son premier défilé
01:22:52est tout de suite
01:22:53un triomphe
01:22:54d'une telle ampleur
01:22:55qu'il est impossible
01:22:56à gérer.
01:23:00Les mannequins
01:23:01ne font plus de manières,
01:23:02elles sont en randonnion.
01:23:03Pour vérifier si les vieux
01:23:04rituels ne manquent pas trop,
01:23:05Chanel,
01:23:06cette fois incarnée
01:23:07par Virginie Viard,
01:23:08rejoue le coup
01:23:09du podium surélevé
01:23:10avec les photographes
01:23:11comme attablés.
01:23:12Et comme avant,
01:23:13les mannequins
01:23:14adorent se pavaner.
01:23:15On nous a dit
01:23:16d'être libres,
01:23:17de s'amuser,
01:23:18sourire,
01:23:19interpeller le public,
01:23:20de regarder,
01:23:21poser,
01:23:22être nous-mêmes
01:23:23en fait,
01:23:24libres.
01:23:25On est à l'hippodrome
01:23:26de Longchamp
01:23:27et Hermès
01:23:28qui recrie le ciel
01:23:29pour sa parade.
01:23:31On est sous la pluie,
01:23:32quoi qu'il arrive.
01:23:33Ah, et si on défilait dehors ?
01:23:34Mais non, t'inquiète,
01:23:35impossible qu'il pleuve.
01:23:36Ah mince,
01:23:37il pleut.
01:23:38Eh bien,
01:23:39on continue.
01:23:40C'est un monde parallèle,
01:23:41des palais redécorés
01:23:42pour une après-midi
01:23:43de présentation de souliers.
01:23:44Catherine Deneuve
01:23:45en reste baba.
01:23:46C'est extraordinaire
01:23:47ce qu'elle fait !
01:23:48C'est inouï !
01:23:49Des jeunes femmes
01:23:50émergent d'un parquet blanc
01:23:51laqué
01:23:52et contournent
01:23:53un pistil géant.
01:23:54Dans des robes
01:23:55qui vous font
01:23:56vous frotter les yeux,
01:23:57des robes prouesses techniques
01:23:58qui ont coûté
01:23:59des nuits blanches créatives
01:24:00aux équipes.
01:24:01Pourquoi c'est beau ?
01:24:02Parce que les robes
01:24:03tombent du ciel
01:24:04et rebondissent
01:24:05chez Issey Miyake.
01:24:06Pourquoi c'est beau ?
01:24:07Parce que les prix
01:24:08s'envolent.
01:24:09Ce défilé
01:24:10d'Alexander McQueen
01:24:11en 2009
01:24:12coûte 1 million d'euros.
01:24:13C'est pour ça qu'il l'avait
01:24:14retransmis en direct
01:24:15sur Internet.
01:24:16Et maintenant,
01:24:17on se bat
01:24:18à coût de dizaines
01:24:19de millions d'euros.
01:24:20Il faut expérimenter
01:24:21et même si c'est bancal,
01:24:22il faut être les premiers
01:24:23à lancer l'idée.
01:24:24Si on attend,
01:24:25ce sera trop tard.
01:24:26Le monde du luxe
01:24:27est un monde
01:24:28où c'est une recherche
01:24:29de la perfection
01:24:30qui est absolument parfait.
01:24:31Le train est passé,
01:24:32il n'y a plus rien à faire.
01:24:33Il est absolument indispensable
01:24:34d'agir très vite
01:24:35et de faire les choses
01:24:36et de proposer les choses.
01:24:37C'est jamais parfait,
01:24:38on corrige,
01:24:39on s'améliore.
01:24:40Mais en tout cas,
01:24:41on avance et on avance vite.
01:24:42Saison après saison,
01:24:43on voit les créatrices
01:24:44et créateurs
01:24:45repousser leurs limites,
01:24:46chercher à se réinventer
01:24:47en restant reconnaissables
01:24:48en un claquement de doigts,
01:24:49malgré leurs corps
01:24:50qui n'en peuvent plus.
01:24:51Tiens, fais le bras.
01:24:53Cette année,
01:24:54c'est la rage dedans.
01:24:55En fait, à chaque fois,
01:24:56mon corps me dit
01:24:57il y a un truc,
01:24:58j'ai eu un zona une année.
01:24:59Chaque défilé,
01:25:00j'ai un petit mal
01:25:02où mon corps dit
01:25:04fous-moi la paix, arrête.
01:25:06Si le défilé est réussi,
01:25:08tout le monde t'adore.
01:25:09Si le défilé est raté,
01:25:10tout le monde te déteste.
01:25:12J'ai eu ce moment-là
01:25:13où tout le monde m'adore,
01:25:14après tout le monde te déteste
01:25:15et ensuite tout le monde te réadore.
01:25:16Chaque fois,
01:25:17les vêtements deviennent
01:25:18plus sophistiqués,
01:25:19les productions deviennent
01:25:20l'équivalent de blockbusters
01:25:21au cinéma.
01:25:22Des scénographies
01:25:23millimétrées
01:25:24où tout est calibré.
01:25:25La première mannequin,
01:25:26la dernière mannequin,
01:25:27le salut final,
01:25:28tout est calibré.
01:25:30Les défilés sont
01:25:31des chocs d'énergie
01:25:32qui provoquent
01:25:33une décharge électrique
01:25:34à la marque
01:25:35et aux personnes
01:25:36qui y travaillent.
01:25:38C'est important
01:25:39que nos équipes sentent
01:25:40que ça en vaut la peine,
01:25:41peu importe
01:25:42combien ils ont travaillé
01:25:43et ce qu'ils ont enduré,
01:25:44parce qu'ensemble,
01:25:45on contribue
01:25:46à la beauté du monde
01:25:47et ça n'a pas de prix.
01:25:50C'est un marathon
01:25:51de gens sentimentaux.
01:25:52Naomi Campbell
01:25:53et Ayana Kamura
01:25:54se confessent leur amour
01:25:55en coulisses.
01:25:57Maria Grazia Chiuri
01:25:58de Dior
01:25:59avec sa fille
01:26:00émue devant
01:26:01son propre spectacle.
01:26:02Les équipes
01:26:03soudées
01:26:04dans l'effort collectif.
01:26:06Je veux faire
01:26:07un câlin à tout le monde.
01:26:11La mode,
01:26:12c'est du romantisme,
01:26:13en fin de compte.
01:26:14Ce n'est pas du business,
01:26:15voilà.
01:26:16Des créateurs
01:26:17qui vivent le rêve
01:26:18qu'ils ont
01:26:19depuis qu'ils savent marcher.
01:26:20Des créatrices
01:26:21comme Vaillant
01:26:22dans des entre-sols
01:26:23qui font des essayages
01:26:24dans la cuisine.
01:26:25Une marque à décoller.
01:26:26Des expérimentations
01:26:27les plus étranges
01:26:28avec de l'eau
01:26:29dans des préservatifs
01:26:30pour faire des effets amphibies
01:26:31mais qu'on n'a pas
01:26:32le million
01:26:33d'Alexander McQueen.
01:26:34Et les stars mondiales du foot
01:26:35comme Ronaldo
01:26:36et David Beckham
01:26:37qui sont là
01:26:38pour voir ça.
01:26:39On en prend plein les yeux
01:26:40avec des stars
01:26:41qui ont des tenues
01:26:42aussi créatives
01:26:43que le défilé
01:26:44comme chez Ski Aparelli.
01:26:45Je vois ça
01:26:46comme une extension
01:26:47de la collection.
01:26:48Les budgets changent
01:26:49selon les maisons.
01:26:50Dans mon cas,
01:26:51chaque saison,
01:26:52il y a le budget
01:26:53pour la collection
01:26:54pour les vieilles filles.
01:26:55Parfois,
01:26:56ce que je ne peux pas
01:26:57faire dans une collection,
01:26:58je le fais
01:26:59pour les personnalités.
01:27:00Mais ça a créé
01:27:01un monstre.
01:27:02Maintenant,
01:27:03il y a des célébrités
01:27:04qui veulent être
01:27:05plus mémorables
01:27:06que la collection.
01:27:07Quoi qu'il en soit,
01:27:08ce sont les règles
01:27:09et il faut jouer le jeu.
01:27:10C'est une industrie polluante
01:27:11mais Stella McCartney
01:27:12démontre
01:27:13qu'on peut être
01:27:14plus vertueux
01:27:15et elle a les chiffres précis
01:27:16de l'équipe
01:27:17des stars
01:27:18de l'équipe
01:27:19des stars
01:27:20de l'équipe
01:27:21des stars
01:27:22de l'équipe
01:27:24de l'éco responsabilité
01:27:25de son défilé.
01:27:26Ma collection est durable
01:27:27à 87%,
01:27:28je n'avais jamais
01:27:29atteint ça.
01:27:30Paris,
01:27:31c'est toujours l'audace.
01:27:32On peut montrer
01:27:33les corps de toutes
01:27:34les origines,
01:27:35de toutes les formes.
01:27:36La mode n'a pas
01:27:37toujours été vertueuse
01:27:38loin de là.
01:27:39Il y a eu
01:27:40une parenthèse effrayante
01:27:41de plusieurs années
01:27:42où les cabines
01:27:43ressemblaient à ça.
01:27:44Juste
01:27:45une exception,
01:27:46sinon presque
01:27:47totalement blanche.
01:27:48Ce qui donne
01:27:49des images de finale
01:27:50comme ici
01:27:51chez Lanvin,
01:27:52par une nouvelle génération de mannequins à la célébrité appuyée par les réseaux sociaux,
01:27:56comme Bella Hadid et Gigi Hadid.
01:27:58Gigi, tu lui mets une tenue, c'est le best-seller, ça a un impact, c'est dingue.
01:28:04Adou Takeshi et Anok Yai, Lollibaea et Malika Loubak, Mika Schneider et Vittoria Ceretti.
01:28:11Phénomène de prescription, quand elles défilent, ça se vend plus, beaucoup plus.
01:28:15Pour le reste, à part une douzaine de têtes d'affiches, le métier reste précaire et difficile.
01:28:20Des conditions physiques éprouvantes, des efforts ont été faits,
01:28:23les mannequins ont désormais systématiquement une cantine à disposition
01:28:26et leur cabine protégée des caméras.
01:28:30C'est la course débridée, débordante d'idées.
01:28:32Des machines à coudre dans la coulisse qui font n'importe quoi à toute berzingue et cousent de travers.
01:28:37On s'en fiche, ça doit défiler dans deux secondes.
01:28:39Des fringues si hallucinantes que même l'imperturbable Anna Wintour en a des fous rires.
01:28:44Et après, on fait des confs de presse autour du créateur qui justifie tout ça avec une logique imparable.
01:28:50On passe nos soirées avec Catherine Deneuve et à chaque fois, elle nous surprend avec des trucs de stylisme.
01:28:54Vous avez des chaînes en diamant au pied ?
01:28:56Ouais, je me refusais bien.
01:28:59Comme un grand prix de Formule 1 dix fois par jour.
01:29:03Tellement de stars au premier rang, c'est mieux que de feuilleter tous les journaux people du monde.
01:29:08Et la minute d'après, on est un défilé sous le périph'.
01:29:11Chez Isabelle Marant, cette très grosse énergie qu'on ne pourrait pas chorégraphier.
01:29:15Les mannequins qui se maquillent, elles-mêmes chez Vansanto.
01:29:18Amusez-vous, souriez, soyez en colère, profitons !
01:29:22La jubilation, vivre son défilé à fond comme une épreuve sportive.
01:29:26C'est aussi fascinant que le patinage artistique avec ses chutes.
01:29:30Mais coup de ciseau et lac sur le podium, on a toujours des solutions.
01:29:35Dès qu'on regarde un peu attentivement, il y a des détails surréalistes, il y a des talons qui percent des oeufs.
01:29:41La fashion week, c'est la célébration du beau, mais pas du pratique.
01:29:45Des pantalons si beaux qui t'empêchent de monter les escaliers.
01:29:48Le pratique, c'est la fashion week, c'est pas la pratique week.
01:29:54Des premiers rangs qui portent des lunettes, ce qui apparaît lié en or massif.
01:30:00Des lunettes en perles chez Balmain.
01:30:03On va voir des robes cultes Paco Rabanne, mémorables, fidèles à l'ADN de la maison.
01:30:07L'impression de poursuivre une saga française.
01:30:10On croit que c'est de la routine que ça va tourner en rond, mais on finit toujours ébahis.
01:30:14Il faut toujours essayer de créer un moment inattendu et surprendre.
01:30:18Ça devient de plus en plus compliqué.
01:30:20Mais parfois, les moments inattendus, ça peut sortir des choses complètement inattendues.
01:30:28Des effets de rideau, c'est le cirque du soleil trois fois par heure pendant dix jours.
01:30:34Salut à Paris, c'est quelque chose. Victoria Beckham, elle en pleure.
01:30:37Mais elle a David Beckham pour la consoler.
01:30:40À la fin, il y a toujours cette émotion de voir saluer une créatrice, un créateur.
01:30:43Maladroitement, mal à l'aise, il marche plus vite que les mannequins.
01:30:47Soudain, les virtuoses de l'apparence sont un peu gauche.
01:30:50L'exercice est difficile.
01:30:53Mais c'est le moment où tout le monde lâche son téléphone pour applaudir, apprécier, féliciter, encourager.
01:30:58Certains envoient des enfants salut à leur place.
01:31:00C'est mieux que ceux qui ne saluent pas.
01:31:02Certaines ont la flemme de saluer la deuxième salle.
01:31:06Il y a les euphoriques, les souriantes, comme ici Virginie Viard.
01:31:10Ou Mossi Traoré.
01:31:12Il y a Nadej Vané chez Hermès, qui est au bord de la rave.
01:31:16On apprécie les saluts sobres, comme le génie Rick Owens, qu'on remercie d'enrichir à ce point Paris.
01:31:2023 ans de défilé ici.
01:31:22Ou Dries Van Otten, 33 ans de défilé à Paris.
01:31:25Ou Yoji Yamamoto, 43 ans de défilé à Paris.
01:31:28Des maîtres.
01:31:30Il y a les saluts éclairs des grands modestes.
01:31:32Ici, Antonin Tron de Hatline.
01:31:34Ou Peter Do, qui garde son masque.
01:31:36Il se montre sans se montrer, c'est son choix.
01:31:38Ceux qui font une révérence et applaudissent les collègues.
01:31:41Quand tout le monde sort saluer.
01:31:43Quand les parents sont là et applaudissent avec émotion.
01:31:45Celles qui font un effort, comme Maria Grazia Chiuri.
01:31:48Et ça doit pas être facile sur les énormes machines à la Dior.
01:31:51Tellement nerveux ils sont.
01:31:53La tête baissée, les mains dans les poches.
01:31:55Ils font des milliards, mais ils n'emmènent pas l'argent à ce moment-là.
01:31:58Alors, sprint !
01:32:00Au moins c'est énergique et ça passera vite.
01:32:02La course effrénée, assumée, ou en se touchant la mèche.
01:32:05Faire comme Daniel Roseberry chez Schiaparelli.
01:32:08Applaudir et remercier en même temps.
01:32:10C'est une trans.
01:32:12Vraiment.
01:32:14Il y a aussi une part de culpabilité.
01:32:16On sait que derrière le créateur, il y a une équipe entière.
01:32:19Et des centaines d'heures de travail.
01:32:21Et quand on salue, on est une entité unique.
01:32:24Qui revient tout le mérite.
01:32:26Souvent, on se met à courir.
01:32:28Et mes parents m'ont dit, mais pourquoi tu cours ?
01:32:31Ralentis, salues, remercie-les d'être venus et de soutenir ton travail.
01:32:35Ça m'a fait changer d'avis.
01:32:37Je suis plus à l'aise avec l'exercice maintenant.
01:32:40Et après, on se rue sur la fantastique Catherine Deneuve.
01:32:43Pour qu'elle nous débriefe le défilé.
01:32:45Très chic, très sombre, très élégant.
01:32:48Très luxe, très beau, très simple en même temps aussi.
01:32:51Comme nous.
01:32:53Ça fait 50 ans que ça dure.
01:32:55Ça n'a pas fini d'évoluer, de s'empirer, de s'améliorer.
01:32:58Paris, quoi.
01:33:00Je me suis beaucoup incité au défilé.
01:33:03Par différents stratagèmes.
01:33:05Je suis venu avec une amie asiatique au défilé.
01:33:08Avec une grande paire de lunettes.
01:33:10Et on a fait croire que c'était Angoun et c'est passé.
01:33:13Et du coup, vous étiez assis et tout, carrément ?
01:33:15Premier rang, avec la fausse Angoun.
01:33:18Personne n'y a vu que du feu.
01:33:21S'il te plaît, Angoun, ne m'en veux pas.

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