Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
Category
📺
TVTranscription
00:00 Le docteur Brigitte Millot est avec nous. Bonjour Brigitte. Bonjour. On parle endométriose.
00:04 C'est la semaine européenne de sensibilisation contre l'endométriose.
00:09 Alors l'endométriose, ça touche une femme sur dix.
00:13 Donc vous connaissez sûrement quelqu'un qui souffre d'endométriose.
00:18 Pour comprendre l'endométriose, il faut revenir à ce qui se passe
00:21 normalement chez les femmes en âge de procréer.
00:24 Au moment de la puberté,
00:26 tous les mois, l'endomètre, l'endomètre c'est la partie interne de l'utérus.
00:32 Vous voyez à peu près où ça se situe.
00:35 C'est la partie, la paroi interne de l'utérus.
00:38 Tous les mois, cet endomètre va se préparer à recevoir un embryon.
00:44 Et pour ça, qu'est-ce qu'il va faire ?
00:45 Il va gonfler, il va s'enrichir de nouveaux vaisseaux
00:48 de manière à faire un petit nid douillet pour recevoir l'éventuel embryon.
00:53 Quand il n'y a pas fécondation, tout ça ne sert à rien.
00:57 Donc qu'est-ce qui va se passer ?
00:58 Ça va se désagréger, ça va se détruire,
01:01 ça va couler et ça va s'évacuer par le vagin.
01:03 C'est ce qu'on appelle les menstruations,
01:05 les règles pendant toute la vie génitale des femmes,
01:07 ça se renouvelle ou pas s'il y a fécondation, bien sûr.
01:11 Que se passe-t-il dans l'endométriose ?
01:13 En fait, "ose", ça veut dire "maladie".
01:16 Donc endomètre, c'est une maladie de l'endomètre.
01:19 Comme arthrose, c'est une maladie des articulations.
01:22 Osteoporose, c'est une maladie des os.
01:24 Donc voilà, une maladie de l'endomètre.
01:26 Pourquoi ? Que se passe-t-il ?
01:27 En fait, dans l'endométriose, il y a des petits fragments de l'endomètre
01:34 qui vont partir, qui vont aller migrer ailleurs.
01:36 Mais ils peuvent migrer partout ailleurs.
01:39 Là, on a mis des petites zones, des petits îlots d'endomètre
01:44 qui sont allés, vous voyez, dans les trompes, dans les ovaires,
01:47 dans les parties génitales.
01:49 Mais ça peut être aussi sur la vessie.
01:51 Ça peut être sur les intestins.
01:53 Ça peut être sur le rectum.
01:54 On a même trouvé des fragments d'endomètre au niveau des poumons.
01:59 Il y a eu même quelques cas au niveau du cerveau.
02:01 C'est-à-dire que ça va migrer et aller à d'autres endroits.
02:04 Alors, les causes, il y en a sûrement plusieurs d'évoquées.
02:08 On n'a pas vraiment une cause déterminée.
02:11 Ça peut être ce qu'on appelle la régurgitation,
02:13 c'est-à-dire au moment du saiement, quelques cellules qui partent ailleurs.
02:17 Ça peut être de la métaplasie, c'est-à-dire des cellules sur place
02:20 qui vont changer.
02:21 Ça peut être des cellules souches,
02:22 ça peut être par voie sanguine, par voie lymphatique.
02:25 Toujours est-il qu'il faut comprendre que ces îlots d'endomètre,
02:29 ces fragments d'endomètre, ils ne sont pas à leur place.
02:32 Mais en revanche, ils sont toujours soumis à l'influence des hormones.
02:38 Donc, qu'est-ce qu'ils vont faire ?
02:40 Eh bien, ils vont gonfler pour se préparer à recevoir un éventuel embryon.
02:46 Et puis, ils vont saigner s'il n'y a pas de fécondation.
02:49 Sauf que quand vous gonflez et que vous saignez à un endroit où il n'y a pas la place
02:53 et où en plus on ne peut pas évacuer le sang,
02:55 eh bien, ça fait quoi ?
02:56 Des douleurs, des tensions, des distensions.
02:59 Ça peut même faire des kystes, ça va créer une inflammation.
03:04 Ça peut même faire que les organes, le sang pourrait agir un peu,
03:07 je plaisante, je caricature, mais comme une colle.
03:11 Et donc, ça fait des adhérences entre les organes.
03:14 Enfin, voilà.
03:15 Et tous ces symptômes, tous ces signes, ça va faire quoi ?
03:18 Des douleurs terribles.
03:19 Alors attention, il n'y a pas une endométriose qui ressemble à une autre endométriose.
03:24 Mais on va dire que dans 70% des cas, ça provoque des douleurs.
03:28 Des douleurs qui peuvent être différentes selon la localisation.
03:32 Ça peut être des douleurs...
03:33 D'abord, ça peut être des douleurs juste au moment des règles.
03:35 Ça peut être des douleurs chroniques, tous les jours.
03:38 Ça peut être des douleurs au moment des rapports sexuels.
03:40 Ça peut être des douleurs si c'est sur la vessie au moment d'aller uriner,
03:44 si c'est sur les intestins au moment d'aller à la selle.
03:46 Enfin, vous voyez, on peut avoir différents types de douleurs
03:49 et ça peut provoquer, dans 30 à 40% des cas,
03:53 des problèmes pour avoir des enfants, des problèmes de fertilité.
03:57 Donc, voilà ce qu'est l'endométriose.
04:00 Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on en est toujours, en 2024,
04:05 à un temps d'attente entre les premiers symptômes et le diagnostic de 7 ans.
04:10 Et ça, je veux dire, c'est pas normal.
04:12 Il faudrait qu'on comprenne que ces femmes souffrent.
04:15 Je pense que si vous connaissez quelqu'un...
04:17 Oui, c'est normal d'avoir mal pendant les règles.
04:20 Tout le monde a un petit peu mal.
04:21 Mais c'est pas normal d'avoir très mal.
04:23 Et c'est pas normal d'avoir très mal tout le temps.
04:25 Et c'est pas normal d'avoir mal au dos, c'est pas normal tout ça.
04:28 Donc, il faut pas hésiter à aller consulter
04:30 quand vous avez l'impression d'avoir des souffrances anormales
04:34 et arrêtez de dire à vos enfants, à vos filles,
04:37 "Ouais, bah t'as tes règles, c'est normal, t'as tes règles."
04:38 D'ailleurs, on dit même plus "règles".
04:40 C'est complètement tabou, "règles".
04:42 T'as tes "ragnagnas", t'as tes trucs, t'as tes machins.
04:44 On a l'impression que c'est un truc, donc il faut détabouiser tout ça.
04:47 Il faut en parler.
04:48 Il faut vraiment qu'on améliore ce temps de latence du diagnostic.
04:52 Il y a des choses qui sont faites.
04:54 On va voir un médecin, éventuellement, il vous fait une échographie, une IRM.
04:57 Il y a maintenant ce nouveau test salivaire, on en avait parlé,
05:01 qui rentre dans un protocole, la Haute Autorité de Santé l'a autorisé.
05:04 Ça rentre dans un protocole de forfait d'innovation.
05:06 Il faut peut-être aussi mobiliser les médecins, la médecine scolaire.
05:10 - Les médecins généralistes. - Mais tout à fait, les gynéco.
05:14 - Les gynéco, oui aussi. - Bien sûr.
05:15 Il ne faut pas hésiter à en parler.
05:19 Avoir mal un peu, c'est normal.
05:21 Avoir très mal, ce n'est pas normal.
05:22 Et surtout, je vous le disais, c'est une femme sur dix.
05:27 J'aimerais bien savoir si cette maladie avait touché les hommes.
05:31 Un homme sur dix qui souffre de temps en temps, ou tout le temps,
05:36 qui doit se faire opérer parce que parfois on est obligé d'enlever les lésions, d'intervenir,
05:40 qui ne peut pas avoir d'enfant, qui ne peut pas aller travailler,
05:43 parce que quand on a très mal, on ne peut pas aller travailler.
05:46 J'aimerais bien savoir si la recherche n'aurait pas avancé plus vite.
05:49 Je n'en sais rien. Je pose une question.
05:51 Vous suspectez que comme c'est les femmes qui ont peur...
05:54 - Voilà. - Comme c'est les femmes qui ont peur...
05:56 - Peut-être. - Oui, voilà.
05:57 On ne s'intéresse pas grand monde.
05:59 - Alors, sachez qu'il y a... - J'espère que vous avez tort.
06:02 ...un petit espoir aussi d'un traitement qui existe depuis 2018 aux États-Unis
06:06 qui bloquerait les hormones féminines
06:09 et donc qui empêcherait, dans 75 % des cas, quand même, ça soulage les douleurs.
06:14 Donc, on espère qu'il va être autorisé bientôt en France.
06:17 Mais en tout cas, surtout, parlez-en autour de vous.
06:20 N'hésitez pas à les consulter.
06:22 Il ne faut pas se dire que ce n'est pas...
06:24 Voilà.
06:25 C'est avoir un peu mal, oui.
06:27 Avoir très mal, non.
06:29 Sous-titrage Société Radio-Canada
06:31 [Musique]