• il y a 9 mois

Le vendredi soir, Pierre de Vilno reçoit un invité pour revenir sur l’actualité. Ce soir Olivier Babeau, économiste et président de l'Institut Sapiens. Auteur de "La tyrannie du divertissement" (Buchet-Chastel).
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00 Europe 1 soir Week-end
00:02 18h-20h, Pierre de Villeneuve
00:04 Les GTA comme on les appelle sur les réseaux sociaux, les grands témoins de l'actualité
00:08 19h-14 jusqu'à 20h, ce sujet, la France n'a plus d'argent, plus un sou, plus un rond
00:14 c'est pas nouveau, le ministre de l'économie s'en est encore fait l'écho dernièrement
00:18 Oui mais alors, est-ce que cela veut dire que nous sommes tombés au plus bas ?
00:22 Que nous n'avons jamais connu cela ?
00:24 Avec le modèle d'Etat-providence que nous avons adopté dès le 18ème siècle, faut-il tout remettre à plat ?
00:29 Et est-ce qu'on peut, à court ou à moyen terme, redresser la France ?
00:33 Bonsoir Olivier Dababaud
00:35 Bonsoir Pierre
00:36 Président de l'Institut Sapiens, ce laboratoire d'idées qui décrypte, qui analyse les nouvelles idées
00:41 et possibilité de prospérité tout en alliant l'humain
00:45 C'est ce que je vois sur la plaquette de présentation de l'Institut Sapiens
00:49 François Fillon le disait déjà il y a 10 ans, la France est en faillite
00:53 Où est-ce qu'on en est précisément dans la chute ?
00:56 Alors c'est vrai qu'on pourrait décrire la situation comme étant proche d'une forme d'impasse
01:01 Alors c'est vrai que ça fait longtemps qu'on le dit, mais là les choses commencent à se tendre beaucoup
01:05 Alors pourquoi ? Parce qu'on arrive à un moment où on a l'impression qu'il est de plus en plus difficile d'augmenter les impôts
01:11 Évidemment on en reparlera parce que c'est peut-être en fait le levier sur lequel on joue le plus malheureusement
01:15 Un moment où on arrive proche d'un mur de dépenses nouvelles, au moins à trois titres
01:20 La défense, on en reparlera sans doute
01:22 Évidemment la transition écologique et derrière des formes de dépendance et plus généralement d'augmentation des dépenses de protection sociale
01:29 Dont la vieillesse est une grande partie
01:31 Et puis le dernier niveau du triangle c'est celui des déficits qui ne peuvent plus augmenter
01:37 Pourquoi ? Parce que la dette a aujourd'hui un poids qui est en train d'exploser sous l'effet de l'augmentation des taux
01:44 Rien que l'année dernière, l'augmentation de la charge de la dette, c'est-à-dire du fait des intérêts qu'on est obligé de rembourser
01:51 L'augmentation a été de 12 milliards, c'est-à-dire que c'est plus que ce qu'on est en train de chercher pour combler les trous
01:58 Ça a éliminé tout ce qu'on a pu espérer, économiser avec la réforme des retraites
02:04 On voit que cette augmentation des charges, elle fait aujourd'hui que chaque année nous allons rembourser environ 50 milliards
02:11 C'est-à-dire en fait que c'est plus que la moitié de toutes les recettes de l'impôt sur le revenu
02:16 qui passe uniquement dans ce coût de la dette qui devient extrêmement important
02:21 et on prévoit malheureusement que d'ici 2027, cette charge de la dette devienne le premier budget de l'État devant l'éducation nationale
02:30 On va essayer de voir effectivement les premières... On a l'impression d'être dans un couloir assez long et que vous avez ouvert beaucoup de portes
02:37 Donc on va essayer de rentrer dans les pièces les unes après les autres
02:41 On va faire dans l'ordre, juste pour la photographie générale
02:47 Je parlais de François Fillon, que vous avez bien connu puisque vous avez travaillé pour lui à Matignon
02:52 qui parlait de l'État en faillite, c'était encore sous Nicolas Sarkozy
02:55 Je parlais de Bruno Le Maire qui encore tout à l'heure, on a passé le sonneur dans la semaine politique, est au G20 au Brésil
03:02 et il suit l'idée, plus ou moins, du député David Amiel qui dit "il faut un impôt sur les grandes fortunes minimum"
03:10 un impôt minimum sur les grandes fortunes au niveau européen
03:14 et Bruno Le Maire qui dit "on va peut-être regarder avec les pays internationaux, avec l'OCDE, et je l'espère, dit-il, avec les pays européens
03:23 pour en tout cas une taxation sur l'optimisation fiscale"
03:27 On n'est plus du tout dans les gens qui trichent, qui vont dans les paradis fiscaux, mais ceux qui font de l'optimisation fiscale légale
03:34 d'abord, est-ce qu'on est arrivé à l'os ? Est-ce qu'on se dit qu'il n'y a plus d'argent nulle part pour que Bruno Le Maire, qui n'a pas ce logiciel-là, Olivier Babaud
03:45 il n'a pas le logiciel, j'allais dire mélanchoniste, de taxer les plus riches
03:50 Qu'est-ce qui lui prend de sortir un truc pareil ?
03:53 Peu de temps avant, Olivier Dussopt avait même tenté de puiser dans la caisse de l'Ager Carco
04:00 mais en même temps, Olivier Dussopt, c'est la gauche de la Macrodie, donc on peut comprendre aisément
04:04 Qu'est-ce qui se passe ? C'est pour ça que je reviens à ma première question
04:07 Où est-ce qu'on en est dans cette chute ?
04:10 Ce fameux film que tout le monde connaît et que tout le monde a vu, c'est "Jusqu'ici tout va bien"
04:18 mais jusqu'à quand ?
04:19 "Jusqu'ici tout va bien" jusqu'à ce qu'on touche l'asphalte, ou effectivement, dit celui qui tombe du haut de l'immeuble
04:24 C'est un peu l'image qu'on peut prendre parce qu'un jour, un réveil sera difficile
04:28 le jour où, par exemple, on ne voudra plus nous prêter de la même façon
04:31 où très très rapidement, le taux d'intérêt demandé, parce que le risque qui sera perçu par les gens qui nous prêteront
04:36 augmenteront et on pourrait imaginer un jour un défaut de paiement
04:40 Donc là, jusqu'à présent, on tenait parce qu'on nous prêtait de l'argent
04:45 et parce que l'argent ne coûtait pas cher
04:47 En fait, on tient toujours, parce que la signature française, il faut le dire, a encore beaucoup de valeur
04:52 C'est-à-dire que les gens ont besoin, grands fonds ont besoin, et grandes institutions financières ont besoin
04:57 de mettre de l'argent dans les endroits qui sont perçus ayant peu de risque
05:02 et les bons du trésor français font partie encore de ceux qui ont relativement peu de risque
05:07 même si ce n'est plus la note triple A qu'on pouvait avoir autrefois
05:10 mais c'est lié au fait qu'on a confiance dans la capacité de l'État français à aller chercher les impôts
05:17 et dans la confiance du système entier à avoir une dette soutenable
05:22 car il va pouvoir générer suffisamment de croissance pour honorer ses engagements
05:25 Voilà, c'est ça en fait le nœud de l'histoire
05:28 Le risque, c'est justement qu'au bout d'un moment, la confiance se brise
05:31 et le jour où la confiance de ceux qui vous prêtent et dont on dépend énormément
05:35 puisqu'on en a besoin chaque année pour clore le budget de l'État
05:38 en fait, c'est 25% de nos dépenses, si on prend seulement l'État, qui ne sont pas couvertes par nos recettes
05:43 et qu'on doit aller chercher sur les marchés chaque année
05:47 Là, on est dans une relation, pour que tout le monde comprenne
05:50 qui équivaut à une relation qu'on a, vous et moi, avec notre conseiller clientèle à la banque
05:56 c'est-à-dire que quand vous dites "jusqu'où je peux aller avec ce monsieur ou cette dame ?"
05:59 Oui, et/ou avec le banquier qui va vous prêter pour votre vie
06:03 alors en l'occurrence, ce n'est pas seulement nos projets, malheureusement
06:05 ce n'est pas seulement nos investissements qu'on va financer
06:07 c'est malheureusement en grande partie aussi notre fonctionnement
06:10 on est beaucoup plus dans l'État financier que seraient des gens qui emprunteraient pour consommer
06:16 malheureusement, ce n'est pas tout à fait quelqu'un qui va emprunter pour une maison ou un investissement
06:20 c'est vraiment du crédit à la conso, pour payer les factures
06:23 c'est plutôt du crédit à la conso, ça ressemble plutôt à ça
06:26 alors tout à l'heure, vous disiez, vous avez raison, philosophiquement, c'est terrible, il faut peut-être le dire
06:30 commencer à chasser, non pas la fraude fiscale, mais l'optimisation fiscale
06:34 il y a quand même une confusion qui est entretenue, d'ailleurs, dans l'état d'esprit
06:38 dans l'esprit peut-être du public du coup
06:40 l'optimisation, on le fait tous, je veux dire, on va optimiser au sens où on va plutôt chercher
06:44 à payer le moins d'impôts possible
06:46 alors, à partir du moment où on dit, dès qu'il y a la moindre volonté d'optimisation, c'est répréhensible
06:50 ça pose, je crois, du point de vue même de l'applicabilité de la sanction
06:54 des questions qui sont très très grandes
06:56 - On verra où ça, pour le coup, c'est toute première déclaration de Bruno Le Maire
07:00 au Brésil, on verra s'il dit exactement la même chose sur les plateaux de télévision et de radio
07:04 et ici à Europe 1, dans les semaines qui viennent
07:06 vous parliez des impôts
07:08 - Oui
07:10 - Les impôts, on le disait, c'est un engagement d'Emmanuel Macron de ne pas hausser les impôts
07:14 Bruno Le Maire, puisqu'on parle encore de lui, le dit vraiment à chaque fois qu'il vient, en tout cas chez nous
07:20 à Europe 1 ou CNews ou au JDD
07:22 il n'y aura pas d'augmentation d'impôts
07:24 est-ce qu'on peut tenir comme ça alors qu'on est, et je le disais en introduction, on est un état providence
07:29 on a, depuis le siècle des Lumières, cette envie de protéger notre population
07:35 et ça coûte énormément d'argent, l'école, l'hôpital, on parle régulièrement
07:40 est-ce qu'on peut tenir comme ça avec toutes ces charges-là ?
07:43 - Les dépenses publiques, ça a monté jusqu'à 60% du PIB
07:48 les prélèvements obligatoires, on a battu un record en 2022, on n'avait pas atteint depuis 30 ans ce niveau-là
07:54 on est à plus de 45% de prélèvements obligatoires, 45% du PIB
07:59 en fait, on a quasiment jamais autant prélevé
08:02 et malheureusement si je devais faire une prédiction, je dirais que c'est probablement le seul levier sur lequel on pourra jouer
08:08 puisque comme je dis tout à l'heure, les dépenses malheureusement ne vont faire qu'augmenter
08:11 ça va être extrêmement difficile de les maîtriser
08:13 même si on arrive à faire des efforts de productivité et d'efficacité, on pourra en parler
08:17 et le côté difficile, on ne peut plus justement afficher une trajectoire budgétaire qui ne soit pas vertueuse
08:22 on se fait de plus en plus taper sur les doigts
08:24 et on craint de plus en plus ce moment de rupture de la confiance dont je parlais
08:28 donc on est contraint d'avoir cette trajectoire budgétaire
08:31 cette année, d'ailleurs, en 2023, on l'aura ratée, l'objectif des 4,9%
08:36 Carmba, encore ratée, à chaque fois, c'est un peu comme une oasis
08:40 - Vous lisez un peu trop Tintin - Oui
08:41 comme une oasis, au fur et à mesure qu'on se rapproche, elle s'éloigne, n'est-ce pas ?
08:44 et bien la trajectoire budgétaire de retour vers les 3%
08:47 et on ne pense même pas à un équilibre qui serait même un équilibre primaire
08:51 c'est-à-dire un budget qui serait même avant, qui serait à l'équilibre même avant les remboursements
08:55 on n'en rêve même plus
08:56 notre rêve maintenant, c'est d'arriver aux 3% qui était la fameuse règle de Maastricht
09:00 et bien même ça, ça s'éloigne
09:02 - C'était la règle qui était commune aux Etats européens - Absolument
09:04 - Mais alors... oui, pardon - Et bien malheureusement, on va probablement devoir augmenter les impôts
09:08 de plein de façons, et là, peut-être que la bonne nouvelle, c'est que Bercy
09:12 est un nid de cerveau extraordinaire en termes d'inventivité
09:16 pour arriver à inventer des façons d'augmenter de plein de façons la pression fiscale
09:20 - Vous dites ça de façon totalement ironique - Bien sûr
09:22 - Est-ce que déjà, de manière un peu imperceptible
09:27 comme à l'époque, les publicités aux messages subliminaux
09:31 dans les années 50 aux Etats-Unis
09:33 est-ce que Bercy augmente les impôts sans qu'on le voit ?
09:37 - Alors, il y a plein de façons d'augmenter les impôts sans avoir l'air d'augmenter les impôts
09:42 la première façon, par exemple, c'est de laisser l'inflation faire
09:45 l'inflation, c'est extrêmement commode
09:47 on la décrit d'ailleurs très souvent comme un impôt non voté
09:50 pourquoi ? Parce que typiquement, quand vous ne revalorisez pas les seuils
09:54 qui sont en valeur absolue, la dévalorisation de la monnaie
09:57 fait que vous allez naturellement passer dans des seuils supplémentaires
10:00 d'ailleurs, aux dernières nouvelles pour l'IFI, on n'a pas revalorisé les seuils
10:03 - L'impôt sur la fortune immobilière - L'impôt sur la fortune immobilière, pardon
10:06 parce qu'on a tendance très rapidement dans ces domaines à parler malheureusement en acronyme
10:09 - Avec le jargon - On a raison, mais les gens qui payent l'IFI
10:12 savent assez bien en général ce que ça veut dire l'acronyme
10:15 ça alourdit naturellement puisque l'inflation va vous faire passer dans les tranches supérieures
10:19 sans qu'en fait, en terme réel, vous soyez plus riche
10:22 l'inflation elle est aussi amorale puisque quand vous augmentez les prix
10:25 la plupart des impôts, comme la TVA par exemple, sont en pourcentage du prix
10:29 et donc vous allez payer plus, et donc avoir des recettes
10:32 - Si le produit est plus cher, du coup la TVA va être moins - Exactement
10:35 donc en fait c'est plutôt pas mal l'inflation, d'autant plus que l'inflation
10:38 comme la plupart de la dette n'est pas... il y a une partie de la dette qui est
10:41 indexée sur l'inflation, mais pas toute, ça veut dire aussi que vous allez rembourser
10:44 un peu en monnaie de singe, quelque chose que vous avez acheté plus cher
10:47 l'inflation, elle arrange les états, chacun sait, l'inflation, elle arrange les débiteurs
10:51 - Le discours politique, comment est-ce que vous le traduisez, celui en l'occurrence
10:54 des patrons de Bercy, quand ils parlent de l'inflation, est-ce qu'ils disent
10:58 "c'est grave" ? On a l'impression quand même que Bruno Le Maire
11:01 et je ne suis pas du tout en train de le critiquer, mais
11:04 quand il annonce que l'inflation baisse, c'est d'une certaine manière un soulagement
11:08 c'est de la com politique, alors qu'en fait, lui ça ne l'arrange pas, c'est ça ?
11:11 - En fait, l'état ça ne l'arrange pas, mais il sait très très bien que pour la population
11:15 pour beaucoup de gens, l'inflation est un vrai problème
11:18 électoralement, ça l'arrange, mais sur les caisses d'état, non
11:22 - Budgetairement, ça n'est pas une bonne nouvelle, on pourrait dire les choses comme ça
11:25 alors il y a d'autres façons d'augmenter les impôts, de façon beaucoup plus subtile
11:28 il y a une façon qui est de dire "on n'augmente pas les impôts de façon générale
11:31 en revanche, on va renoncer à des niches" et vous savez qu'il y a un terme pour ça
11:34 à Bercy, ça s'appelle les dépenses fiscales
11:37 la dépense fiscale, c'est quand on vous prend un peu moins d'argent
11:40 ça s'appelle de la dépense fiscale, et bien en fait, on va réduire les dépenses
11:43 et on est très heureux à Bercy d'expliquer qu'on va réduire
11:47 les dépenses, mais en fait, cette réduction des dépenses, ça correspond à des suppressions
11:51 de niches, d'allègements, qui sont en fait, in fine, en réalité uniquement
11:55 des hausses de prélèvements, qui ne disent pas leur nom
11:58 parce que très souvent, les niches n'ont pas toujours de justification
12:02 il y a plein d'annonces qui ont été faites, et puis de choses qui sont dans les tuyaux
12:06 sur ce qui serait des aides aux entreprises
12:09 voilà, on va rendre les allègements, les exceptions
12:13 plus rares, on va faire que les conditions soient plus strictes
12:17 par exemple, et ça vous permet d'avoir plus de gens qui vont payer plus d'impôts
12:21 le gazole non routier, dont on parlait avec les agriculteurs
12:25 typiquement, c'est une niche fiscale, ça a été une tentative, et on voit que c'est compliqué
12:29 parce que dans chaque niche, comme on sait, il y a souvent un chien, il y a des gens qui
12:33 protestent, mais il faut dire que la logique
12:37 fiscale de l'état, c'est de faire des niveaux assez hauts, qui très vite
12:41 vont être, en particulier pour les entreprises ou pour les acteurs économiques, assez insupportables
12:45 et donc on va miter ça, on va mettre plein de trous, comme dans un fromage, pour que le truc
12:49 devienne supportable, et puis de temps en temps, on se réveille en disant "oh là là, mais c'est mité, il y a plein de niches"
12:53 ben oui, mais c'est la façon dont on fonctionne en France, vous faites un niveau très fort, et après vous dites "ah oui, mais tout de suite
12:57 vous en faites pas, on va faire des petites exceptions un peu partout" quand on supprime les exceptions
13:01 ça revient à monter le niveau général des impôts, et puis il y a une autre subtilité
13:05 extraordinaire des impôts, c'est qu'on est très fort pour faire de l'impôt sur l'impôt
13:09 c'est-à-dire ? - Ben par exemple, quand vous payez votre essence, vous savez qu'il y a environ
13:13 50 à 60 centimes sur 1 euro qui va à l'Etat
13:17 et en fait là-dedans, vous avez non seulement une taxe, mais vous avez une TVA sur la taxe
13:21 et puis il y a autre chose qu'il faudrait signaler, tout le monde sait qu'il y a une CSG
13:25 déductible d'une CSG non déductible, c'est quoi ? ça c'est un truc absolument génial de la part
13:29 de Bercy, ça fait un moment que ça existe, CSG non déductible, ça veut dire que non seulement
13:33 vous allez payer la CSG, mais vous allez payer ensuite des impôts sur cette CSG qui n'est pas
13:37 déductible de la base fiscale, c'est du génie.
13:41 - Et je vous demanderai juste après la pause publicitaire, mais
13:45 il n'y a personne pour dire ça ? - Tout le monde le dit !
13:49 - Attends, attends, attends, la réponse juste après la publicité, Olivier Vapo est avec nous et il nous donne
13:53 des clés, peut-être que vous n'étiez pas au courant justement de toutes ces subtilités
13:57 fiscales et sur les impôts, à tout de suite pour la suite de notre
14:01 grand témoin de l'actualité.
14:03 Europe 1 Soir Week-end. - 18h20, Pierre Deville.
14:07 - La France n'a plus un rond, on en parle avec notre grand témoin de l'actualité,
14:11 le patron de l'Institut Sapiens, Olivier Babaut, et qui nous
14:15 explique, et qui nous expliquait juste avant la pause publicitaire qu'il y avait de
14:19 multiples façons de faire des impôts, on peut dire ça, déguisés, c'est ça ?
14:23 Il y avait encore un exemple que vous deviez donner,
14:27 non pas sur les tranches d'imposition, mais sur l'immobilier. - Sur l'immobilier, oui,
14:31 on est dans une forme d'impasse fiscale, et si on essaie de faire un peu de prospective,
14:35 qu'est-ce qui va devoir être augmenté ? Parce qu'en fait on n'a pas trop le choix, la réalité c'est que
14:39 d'une façon ou d'une autre, et je m'en lamente évidemment, mais il va falloir prélever plus,
14:43 d'ailleurs on a vu qu'il y a une autre façon que j'aurais pu citer, c'est
14:47 on repousse des baisses d'impôts qui étaient pourtant importantes, la baisse des impôts de production
14:51 par exemple, sur les entreprises, qui étaient annoncées, importantes pour la productivité,
14:55 le retour à la compétitivité, et qu'on repousse, donc ça c'est une autre façon
14:59 d'essayer de faire quelques économies, mais il faut se rendre compte qu'on est tellement à l'os qu'en fait on gratte tout ce qu'on peut,
15:03 là où on peut trouver un peu partout. - C'est pour ça que je parlais du seuf qui avait essayé l'agir cargo.
15:07 - Bien sûr, et puis l'agir cargo évidemment, là on peut aller piquer, ça c'est un peu vu malheureusement,
15:11 et puis il y a aussi toujours l'espoir de l'oncle d'Amérique, c'est de dire "Ah on va taxer les riches, ça y est, ça va être formidable,
15:15 ça va régler tous nos problèmes", malheureusement je pense que ça ne réglerait qu'une
15:19 toute petite partie, et puis peut-être ça en créerait d'autres. Alors pour revenir à l'immobilier,
15:23 l'immobilier c'est quelque chose de formidable pour l'État parce que justement c'est immobile,
15:27 c'est-à-dire que vous ne pouvez pas aller ailleurs que vous êtes propriétaire, votre maison malheureusement
15:31 elle est assez fixe. - Alors qu'on encourage, il faut le dire Olivier Babour,
15:35 on encourage, je ne sais plus qui avait le slogan d'une France de propriétaire. - Oui, on aime bien être propriétaire,
15:39 la pierre rassure et c'est normal, on aime bien quand on vieillit être propriétaire
15:43 de son toit, effectivement. - Il va y avoir des traites à payer. - Et donc voilà,
15:47 de plus en plus, il y a l'idée que, vous savez que notre président
15:51 est à peu près persuadé que l'immobilier c'est un secteur qui est
15:55 improductif. - Ça c'est une vision très macroniste. - C'est sa vision
15:59 qui est à mon avis assez discutable, mais on sait très bien que la vision c'est que c'est
16:03 hyper non-productif. - D'ailleurs lui-même est locataire d'un palais qui s'appelle l'Elysée.
16:07 - Oui, on sait que c'est un bail évidemment qui a une certaine durée. En tout cas,
16:11 on est à peu près à 60% un propriétaire en France, il est très probable,
16:15 et moi c'est mon pronostic, que les impositions de façon générale sur les
16:19 propriétaires ne fassent qu'augmenter. Pourquoi ? Le grand avantage c'est que ces gens-là ne peuvent pas aller ailleurs,
16:23 ils sont évidemment un peu prisonniers. Cette imposition a au moins deux formes
16:27 évidemment, elle en a trois en réalité. La première ce sont les fameux droits de
16:31 mutation qu'on appelle mal nommés droits de notaire, les frais de notaire,
16:35 mais qui sont 8, 9, 10%, grosso modo
16:39 c'est 10%, c'est 10% du prix que vous allez payer pour le droit de devenir propriétaire.
16:43 - Alors que le notaire touche peu, c'est l'Etat qui...
16:47 - C'est le droit de notaire, donc c'est mal nommé. - On dit c'est les frais de notaire, et on s'imagine tout de suite un notaire
16:51 avec un costume impeccable,
16:55 et puis qui vous reçoit dans une grande étude, etc. - C'est bien l'Etat, il a très peu par rapport à...
16:59 - C'est bien l'Etat que ça va. Ensuite, il y a la taxe foncière qui est en fait une taxe sur la propriété
17:03 en réalité, c'est comme un petit... il fit un petit impôt sur la fortune immobilière
17:07 mais pour tout le monde, vous payez tous de la taxe foncière juste parce que vous êtes propriétaire, et vous avez vu à Paris
17:11 je crois qu'il a augmenté cette taxe foncière, elle a augmenté de 70%, donc effectivement
17:15 la taxe d'habitation que tout le monde payait, elle a été reportée sur la taxe foncière
17:19 et puis n'oublions pas, pour les gens les plus riches, il y a la taxe d'habitation
17:23 sur les résidences secondaires, ce qui est un paradoxe total
17:27 parce que la taxe d'habitation, elle est censée être en corrélation avec là où vous habitez
17:31 et par définition, vous n'habitez pas dans votre résidence secondaire, donc c'est aujourd'hui, on marche
17:35 totalement sur la tête, puisque vous allez payer la taxe d'habitation là où
17:39 par définition, vous n'habitez pas, mais enfin on est tellement impécunieux que voilà. Et tout ça va
17:43 probablement ne faire qu'augmenter cette taxe foncière, elle va ne faire
17:47 qu'augmenter localement pour des besoins locaux, etc. - A aucun moment
17:51 Olivier Babauche pose la question de façon un peu
17:55 brutale, mais à aucun moment on ne va remettre en cause
17:59 le système français, en le comparant par exemple au système anglo-saxon
18:03 qui veut que chaque individu achète sa sécurité sociale
18:07 achète une mutuelle, achète ceci, bon, pas qu'on ait des mutuelles
18:11 aux Etats-Unis, si vous vous cassez une jambe, ce n'est pas la carte vitale que vous donnez, c'est la carte bleue
18:15 sinon vous n'êtes pas reçu par le chirurgien. Est-ce que ce système de l'état-providence
18:19 va un jour, ou peut un jour être
18:23 remis en cause ? - On a fait le choix en France d'un système
18:27 d'état-providence extrêmement généreux, extrêmement présent
18:31 il faut savoir que son poids dans le PIB a plus que doublé depuis 1959
18:35 toutes les prestations sociales, c'était environ 15% du PIB
18:39 aujourd'hui c'est plus de 35%, c'est une solidarité
18:43 dont on peut probablement être fier, elle est très efficace
18:47 elle attire beaucoup de monde, elle aide beaucoup de gens
18:51 mais elle a un coût extrêmement important, un coût qu'on pouvait sans doute
18:55 beaucoup plus facilement se permettre quand on était riche, quand on était une nation
18:59 vainqueur, qui exportait ses technologies
19:03 - Donc là vous parlez des années 60-70 - D'autres fois malheureusement, il y a un temps que les moins de 20 ans
19:07 ne peuvent pas connaître, et malheureusement c'est de plus en plus difficile
19:11 à supporter, ce système est devenu trop cher
19:15 aujourd'hui pour un état qui est une France qui connaît une forme de déclin
19:19 - C'est totalement inepte d'inclure ça
19:23 dans le débat public aujourd'hui, à aucun moment, d'ailleurs personne ne le propose
19:27 - En fait ce serait le sujet essentiel, parce que vous savez quand on parle du déficit
19:31 de l'état, en réalité la plus grande partie du budget
19:35 de l'état, au sens non strict, c'est des dépenses de protection sociale
19:39 l'état lui-même, il n'est pas si mal géré, en tout cas
19:43 par rapport à nos voisins, ce n'est pas absolument une catastrophe, ce qui nous coûte le plus cher, c'est notre système
19:47 de protection sociale dans lequel il y a pour l'essentiel vieillesse et maladie
19:51 - Et la maladie, combien de fois on a dit qu'il y avait des abus pour la maladie
19:55 qu'il y a beaucoup de gens qui vont aux urgences pour un petit bobo
19:59 alors qu'en fait on peut se soigner, on attend que ça passe, est-ce qu'on n'a pas un réflexe
20:03 entre 5.0 et 6.0 de se dire qu'on veut être soigné comme ça dans la minute
20:07 et que du coup on sollicite l'hôpital public et dans ce cas-là
20:11 on a fait passer des messages, mais à aucun moment on a dit
20:15 l'hôpital on va arrêter, et à chaque fois qu'on a dit l'hôpital on va arrêter
20:19 les professionnels des hôpitaux et les médecins en premier, je ne dis pas qu'ils ont tort
20:23 ou qu'ils ont raison, mais sont les premiers à dire "mais attendez, c'est impossible, on ne peut pas
20:27 laisser les gens à l'abandon" - Si on voit le verre à moitié plein, c'est là où serait
20:31 la solution, si on est optimiste on dit "il y a moyen, il peut y avoir un rebond"
20:35 par exemple on sait que l'un de nos problèmes à l'hôpital c'est qu'on a un taux de bureaucratisation
20:39 qui est bien supérieur à nos voisins notamment allemands, c'est-à-dire qu'il nous faudrait juste un peu moins
20:43 de bureaucrates, c'est-à-dire un peu moins de gens qui ne sont pas devant les patients, on sait aussi que
20:47 grâce à la technologie on pourrait par exemple éviter les doublons, les actions inutiles
20:51 on pourrait essayer d'avoir un parcours de soins qui soit beaucoup plus cohérent, il y a plein
20:55 de choses qui peuvent être faites sans baisser la santé publique, au contraire
20:59 sans baisser la qualité, au contraire, et le fait que, évidemment, on tient tous au fait que nous
21:03 soyons tous protégés, c'est quelque chose auquel c'est un choix collectif important pour nous
21:07 - Quand on parle de ça, ça vaut également pour l'éducation nationale
21:11 il n'y a pas seulement un aspect, j'allais dire, purement économique
21:15 il y a un aspect idéologique, un aspect politique, il y a les syndicats
21:19 qui sont là, est-ce que la sphère syndicale
21:23 a augmenté aussi ce
21:27 trou qui fait que, d'une certaine manière, il y a une protection des salariés
21:31 par l'intermédiaire des syndicats, mais à force de faire ça outrance
21:35 d'une certaine manière, les déficits publics ont été accrus et la France
21:39 est là où on l'a dit tout à l'heure - Je crois que notre problème, c'est que depuis très longtemps
21:43 on n'a pas voulu avoir de réflexion en termes d'efficacité, au nom du fait que
21:47 l'éducation, que la santé n'avaient pas de prix, on a voulu
21:51 penser qu'elle n'avait pas de coût, et qu'il n'était pas nécessaire d'essayer de se poser la question
21:55 de la bonne façon dont on allait pouvoir allouer les ressources
21:59 de façon à ce qu'elle atteigne ses objectifs, et de plus en plus c'est ça, ces questions
22:03 qu'il faut être capable de traiter aujourd'hui, être capable
22:07 de poser la question de l'efficacité, de la remise en cause, et peut-être, si on parle de la santé
22:11 un petit peu du signal prix, c'est quand même assez dingue, on paye tous, je sais pas
22:15 des abonnements à des plateformes de vidéos
22:19 10, 20 euros, ou notre téléphone, internet, mais alors quand il faut payer
22:23 une boîte de Doliprane, quand il faut avoir un tout petit reste à charge, y compris
22:27 d'ailleurs quand on a des revenus tout à fait corrects, on refuse, on a totalement
22:31 supprimé le signal prix dans la santé. Il faudrait de temps en temps que les gens soient
22:35 conscients de ce que la collectivité investit dans leur protection
22:39 de santé, combien il est extraordinaire d'aller à l'hôpital et de ressortir sans avoir à payer
22:43 il faudrait de temps en temps qu'on nous, je crois que c'est plus ou moins fait, qu'on nous indique un peu la facture
22:47 à quoi ça correspond, remettre du signal prix, ce serait pas
22:51 une façon de plus rembourser ou de plus aider, mais il faudrait que les gens
22:55 comprennent que la santé ça a pas seulement un prix, ça a un coût
22:59 8h moins 20, on va se retrouver avec Olivier Vabaud dans un instant et on va
23:03 voir si la France peut se redresser, de tout temps il y a eu
23:07 des crises et la France a été redressée, alors il y a peut-être des solutions, on se retrouve
23:11 dans un instant sur Europe 1
23:15 Europe 1 Soir Weekend, 18h-20h, Pierre de Villeneuve
23:19 le témoin de l'actualité jusqu'à 20h et avant de retrouver Olivier Vabaud, le président
23:23 de l'Institut Sapiens, je vous signale que Laurent Mariotte bien sûr vous accueille à sa table
23:27 la table des bons vivants, chaque samedi de 11h à 12h30, avec ses
23:31 chroniqueurs, ses invités, justement demain samedi
23:35 il recevra Julien de Normandie, ancien
23:39 ministre de l'agriculteur, co-auteur du livre "Nourrir sans dévaster aux éditions
23:43 Flammarion" et puis ils passeront à table avec Jean-Luc Lemoyne que vous retrouvez tous les matins
23:47 juste après les infos de 9h30 pour la session de rattrapage
23:51 et qui est justement en spectacle actuellement dans toute la France
23:55 Olivier Vabaud, passons maintenant à peut-être un petit peu d'optimisme
23:59 une fois qu'on a dressé un tableau quand même assez épouvantable de ce qui
24:03 se passe actuellement, mais enfin cela dit je pense que c'est une bonne chose
24:07 même si je dis souvent qu'à Europe 1 on dit la vérité et la vérité elle n'est pas
24:11 forcément toujours facile à entendre et on l'a dit, voilà la France est à l'os
24:15 et quand le président de la République dit "on va envoyer des troupes au sol"
24:19 et quand il disait des troupes au sol ce n'est pas seulement des troupes françaises mais il espérait
24:23 des troupes européennes en Ukraine
24:27 il y a beaucoup de gens qui se sont pris la tête entre les mains parce qu'on dirait, voilà, accessoirement
24:31 il y a évidemment 76% des français selon un sondage
24:35 CNEWS Europe 1 JDD qui disent "on ne veut pas envoyer nos enfants
24:39 au front" mais il y a aussi le coup, on sait très bien que
24:43 l'armée est à l'os, qu'il n'y a plus de munitions
24:47 il y a un grand problème sur les munitions, on a donné énormément de
24:51 canons César et c'était ça qui est aussi, avant d'en venir
24:55 aux solutions, puisqu'on l'a dit
24:59 encore une fois et beaucoup de patrons le pensent, qu'on peut redresser la France
25:03 comment est-ce qu'on peut analyser un discours politique
25:07 où il y a des annonces pour les agriculteurs, ça implique quand même
25:11 beaucoup d'argent et les pauvres sont dans une situation pour certains qui sont terribles
25:15 et cette annonce justement du président Macron, comment est-ce que
25:19 ce discours politique qui devrait, avec tout ce qu'on vient de dire vous et moi
25:23 il devrait dire "attendez, vous savez quoi, on va tous se serrer la ceinture, on va augmenter les impôts"
25:27 C'est ça qui est très cruel, c'est que quand on est dans une forme d'impasse budgétaire
25:31 où les marges de manœuvre en fait sont aujourd'hui totalement nulles
25:35 on se rend bien compte qu'on n'a plus les moyens de nos rêves de puissance, il y a des choses
25:39 qui ne sont plus possibles à cause de l'argent. Malheureusement on aimerait bien pouvoir
25:43 augmenter encore plus, d'ailleurs on a augmenté à 2% nos dépenses de défense mais
25:47 quand le monde devient plus dangereux, devient plus hostile, on aimerait bien avoir ces moyens-là
25:51 - Les polonais sont à 4% - Oui c'est vrai
25:55 On avait déjà fait un effort en 2023 à remonter à 2% parce qu'on était en dessous
25:59 c'est très très compliqué aujourd'hui de faire face à ce mur de dépenses
26:03 dont je parlais avec peut-être sans doute aussi la dépendance par exemple, avec la transition
26:07 écologique, il y a plein de choses qu'il faudrait pouvoir financer
26:11 et puis on arrive au bout de 40 ans un petit peu de déclin
26:15 et d'appauvrissement. Il faut que les auditeurs sachent par exemple, dans les années 80
26:19 on avait le même PIB par habitant que les Etats-Unis
26:23 Aujourd'hui notre PIB par habitant c'est seulement 60% de celui des Etats-Unis
26:27 et c'est pareil pour nos grands voisins, on est plus pauvres qu'eux
26:31 on s'est appauvris, on a acheté notre croissance à crédit et en fait
26:35 on commence à nous présenter la note, on arrive au bout du système
26:39 et donc de plus en plus on va pouvoir annoncer beaucoup de choses, on va de temps en temps
26:43 essayer de colmater des crises à coups de milliards ou de millions
26:47 de centaines de millions, malheureusement ça va être de plus en plus difficile
26:51 il va falloir faire un peu un jeu de bonto, le truc que vous aurez donné quelque part, vous allez devoir le reprendre
26:55 parce qu'en fait il n'y a plus aucune marge de manoeuvre. Cette vieille idée de Kennedy
26:59 quand il fait beau qu'il faut réparer son toit, aujourd'hui c'est la pluie battante, c'est la tempête
27:03 et on n'a pas réparé le toit. - Il y a eu aussi beaucoup de... je peux rajouter
27:07 à votre anecdote sur le PIB, à la fin des années 80
27:11 souvenez-vous, 1 dollar, 1 franc, 1 golden
27:15 1 deutschmark, il y avait juste la livre sterling
27:19 qui était un peu plus élevée, etc. Alors aujourd'hui si on regarde
27:23 la zone euro, oui on a tous des euros dans la poche mais ils ne
27:27 valent pas la même valeur que l'on soit en Italie, en Grèce, en Allemagne ou aux Pays-Bas
27:31 c'est ça qui est terrible. Alors c'est des aspects
27:35 assez techniques mais aujourd'hui comment est-ce qu'on fait, quand j'entends
27:39 certains très grands patrons français me dire "mais vous savez
27:43 la France, ce n'est pas la première fois qu'elle est en faillite, on a réussi à la redresser"
27:47 comment est-ce qu'on la redresse ? - La France en fait a encore beaucoup d'atouts
27:51 on a des gens extrêmement bien formés, malheureusement qui partent d'ailleurs très souvent
27:55 on a des formations de très très grande qualité - On ne peut pas les obliger
27:59 - Non, souvent ils finissent par revenir - Sur certaines grandes écoles vous devez 10 ans
28:03 quand même à l'État - Absolument, ou vous payez une pantouffe, c'est le cas
28:07 Normale Sup, l'ENA, les écoles publiques. Alors il y a une première solution
28:11 qui paraît simple mais qui ne l'est pas tellement, c'est augmenter le taux d'emploi, travailler plus
28:15 travailler plus ça veut dire qu'il faut sur une génération - Qu'on sorte des 35 heures
28:19 - Pas nécessairement parce qu'il y a déjà beaucoup de flexibilité mais d'abord
28:23 c'est-à-dire le taux d'emploi ça veut dire que sur une génération il faut qu'il y ait plus de gens
28:27 qui soient dans la population active occupée. Et en fait on est à quasiment 10 points de moins
28:31 par rapport à l'Allemagne. Si on avait le même taux d'emploi que l'Allemagne - Ça vous voulez réduire le chômage
28:35 - Alors ça veut dire réduire le chômage, ça veut dire aussi qu'il y a plus de gens qui vont rentrer
28:39 dans la population active et qui ne vont pas être des inactifs et des actifs occupés
28:43 donc c'est aussi réduire le chômage bien sûr, malheureusement avec le ralentissement
28:47 de l'inflation, de la croissance, ça devrait plutôt jouer
28:51 contre, avec malheureusement un retour du... - Un effet boomerang
28:55 - Un effet boomerang, on s'était malheureusement habitués aux bonnes nouvelles
28:59 donc ça ce serait une première chose, parce que plus de gens qui travaillent c'est évidemment plus de cotisations
29:03 et c'est plus de croissance. La deuxième chose c'est qu'il faut un choc de compétitivité
29:07 mais un vrai choc de compétitivité - Ça, ça fait quelques années qu'on y parle - Ça fait longtemps qu'on le dit
29:11 alors ça veut dire formation, ça veut dire baisse des charges. On a aujourd'hui un système
29:15 de protection sociale, on a parlé tout à l'heure, qui est extrêmement généreux mais qui pèse en très grande partie
29:19 sur les travailleurs uniquement. Sauf évidemment la CIG
29:23 c'est pour ça que la CIG a été inventée d'ailleurs, pour que ça ne pèse pas uniquement sur les gens qui travaillent
29:27 il faudrait encore plus faire que cette protection sociale soit sur l'assiette la plus large
29:31 possible. Souvenez-vous, c'était l'idée de la TVA, dite sociale
29:35 qu'on avait avancée et qui n'avait pas porté chance évidemment à la droite, parce qu'elle avait perdu quasiment
29:39 60 postes de députés au lieu de l'électif quand ça avait été avancé entre les deux tours
29:43 mais cette idée elle est pas stupide, c'est l'idée... - C'était en quelle année ? - Alors c'était
29:47 Jean-Louis Borloo qui l'avait annoncé, est-ce que je me trompe ? Je vais dire une bêtise
29:51 c'était il y a plus d'une vingtaine d'années, donc ça avait été un traumatisme
29:55 et du coup on a plus du tout avancé cette idée-là. - Oui, généralement, chat et chaudé, craint l'eau froide
29:59 - Ah bah totalement, et du coup on n'en parle plus alors que la consommation c'est formidable, parce que c'est une assiette extrêmement large
30:03 et ça veut dire que vous pourriez faire supporter la protection sociale
30:07 à beaucoup plus de gens, et donc baisser le coût du travail ou en tout cas
30:11 faire qu'on augmente le salaire net, parce que vous savez que le grand problème aujourd'hui du pouvoir d'achat
30:15 c'est pas un problème de coût complet, parce que le coût complet il est assez élevé
30:19 le problème c'est ce qui reste à la fin quand t'as tout enlevé, en fait c'est quasiment 50%
30:23 il faut savoir, entre le moment, entre ce que tu payes quand tu es à l'entreprise et ce qui arrive
30:27 in fine dans la poche en net net, comme on dit, c'est-à-dire après
30:31 retenu à la source, et les différents impôts, même si charge patronale
30:35 salariale c'est une fiction comptable, c'est quasiment 50%
30:39 voire beaucoup plus dans certains cas. Donc il y a eu un choc de compétitivité
30:43 en baissant le coût du travail et en augmentant la formation, et puis la deuxième chose
30:47 c'est évidemment une réforme de l'Etat. - Et on peut compter sur les entreprises, sachant que
30:51 on a entendu, en tout cas lu Patrick Martin, patron du Medef
30:55 dans les échos de la semaine dernière, qui disait "il ne faudra pas compter
30:59 sur les entreprises pour le redressement de la France"
31:03 est-ce qu'il n'y a pas un message aussi intéressé qui dit que "oui, nous on veut bien y aller"
31:07 mais dans ce cas-là il faut faire quand même quelques mesures
31:11 qui datent encore de Geoffroy Roudbezieu, ou même encore de Pierre Gattaz
31:15 qui demandait notamment que l'IS descende de 33 à 25%
31:19 enfin plein de choses comme ça. - Alors quand on dit "il faut compter
31:23 sur les entreprises", à Bercy je pense qu'on entend
31:27 augmentation d'impôts sur les entreprises, malheureusement. Et nos entreprises très souvent
31:31 ont été traitées comme des espèces de vaches à lait
31:35 en imaginant qu'il y aurait toujours beaucoup d'argent et qu'elles arrivaient toujours à s'en servir
31:39 malheureusement c'est justement ça qu'il faudrait complètement changer, comprendre que l'argent il vient
31:43 de la création de valeur, il vient de nos entrepreneurs, il vient du travail, il vient des compétences
31:47 - Il vient des PME, exactement. - Parce que le CAC 40, tout à l'heure on a vu
31:51 un point bourse à la fin du journal de 19h comme toujours, et on a un CAC
31:55 à 8000 points, c'est vrai qu'il y a des gens qui se disent
31:59 "comment est-ce qu'on peut avoir un CAC à 8000 points et qu'il y ait des gens qui n'arrivent pas
32:03 à boucler les fins du mois" ce qu'il faut expliquer
32:07 Olivier Babaud c'est que ces 8000 points ils sont tirés par quoi ?
32:11 4 entreprises ? Il ne faudra pas les nommer mais
32:15 - Et ce sont les entreprises qui réussissent très très bien à l'étranger
32:19 c'est-à-dire que ce sont les entreprises, on peut en être extrêmement fier, qui arrivent à
32:23 avoir beaucoup de succès à l'étranger et ça en fait profiter
32:27 un petit peu tout le monde - Donc c'est un faux signal en fait
32:31 - Et puis il faut dire aussi que l'optimisme boursier semble à beaucoup de commentateurs
32:35 un peu étonnant, comme très souvent il peut y avoir des formes de retournement
32:39 - Vous vous échiffrez - Attention il peut y avoir des formes de retournement mais ce qui est vrai c'est qu'il ne faut pas opposer
32:43 les très grandes entreprises et puis les PME parce que les grandes entreprises sont souvent motrices
32:47 en particulier à l'export de nos entreprises mais ce qui est vrai chez nous c'est comme on le dit
32:51 on n'a pas ces entreprises de taille intermédiaire dont on a besoin, sans doute en partie à cause des effets de seuil
32:55 qui fait que vous savez on a beaucoup plus d'entreprises qui sont sous 50
32:59 employés qu'on devrait en avoir parce que évidemment le passage des 50 augmente
33:03 extraordinairement le type d'obligation que vous avez donc il faudrait qu'on ait un état
33:07 d'esprit finalement où il est dans
33:11 l'exploitation des entreprises à un état d'esprit où il soit
33:15 vraiment le représentant de la marque France, où il les promeuve
33:19 parce qu'on est tous dans le même bateau, on a besoin d'entreprises qui réussissent
33:23 pour évidement pouvoir créer des emplois, payer des impôts. - Cela dit, on ne peut pas
33:27 blâmer M. Macron pour ne pas avoir été une sorte
33:31 de VRP de la France, quand il utilise le château de Versailles pour faire le sommet
33:35 Choose France, il fait venir des investisseurs du monde entier, il a réussi à
33:39 concurrencer Davos, est-ce que ce genre d'initiative ça marche ? - C'est une très bonne chose
33:43 plein d'autres pays l'assument totalement, je veux dire que
33:47 le directeur politique soit une sorte de VRP des entreprises
33:51 - Chirac l'a été aussi, on se souvient des voyages en Chine, après on a regretté
33:55 qu'il donne avec les ventes d'Airbus les plans de l'avion. - Oui, alors après
33:59 il y a parfois des ventes qui sont aussi des pertes de technologie, ça il faut toujours faire très attention
34:03 - C'est souvent dans un deal - On peut être extrêmement fier du réussite d'Airbus
34:07 qui est aujourd'hui vraiment un des leaders, et je crois que son vrai problème
34:11 c'est d'arriver à produire les avions plutôt qu'à les vendre, parce que les vendre, on y arrive, c'est
34:15 une extrêmement bonne nouvelle - Jusqu'à présent, on revient avec le film sur la chute
34:19 ça s'appelle la chute ? Comment s'appelle ce film ? - La chute, mais sur éclair !
34:23 - Non, la chute justement où le type se jette d'un balcon et avant de toucher
34:27 l'asphalte il dit "jusqu'ici tout va bien, on va retrouver ça" mais c'est pas grave
34:31 - Je vois qu'en régie il me regarde avec des grands yeux en disant "je vois pas de quoi tu parles"
34:35 mais c'est pas grave, si c'est très connu mais c'est pas grave.
34:39 Il y a Airbus jusqu'au moment où on a les voitures chinoises
34:43 qui arrivent, électriques, qui surpassent les voitures européennes
34:47 et un jour vous allez voir qu'on va avoir des avions malheureusement, malheureusement ou heureusement
34:51 enfin je veux dire à un moment donné il faudra s'incliner - Ça commence
34:55 - On pourrait prendre aussi l'exemple de l'industrie automobile qui est face à un changement
34:59 extrêmement difficile, à des concurrences incroyables qui se développent
35:03 dans le monde, raison de plus pour que l'Etat soit dans la posture
35:07 de l'aide, non pas seulement de la régulation ou de l'augmentation des impôts mais la capacité
35:11 à essayer de les aider à prendre des tournants complètement dingues. Ça veut dire parfois
35:15 les autres états le font beaucoup, les Etats-Unis ont été très forts à aider au financement
35:19 à essayer d'être moteur pour arriver à entraîner, on le fait un peu
35:23 c'est ce que fait la BPI, on doit être capable de faire ça mais il faut avoir la capacité
35:27 à comprendre les grandes mutations qui vont déterminer demain
35:31 la capacité de création de valeur. - En fait ce qui manque si je comprends bien
35:35 le film c'est la haine. - Ah c'est la haine.
35:39 - Mais il y a beaucoup de gens qui n'ont pas vu La Haine et qui se souviennent de cette première scène
35:43 si je décrypte votre
35:47 ou notre discussion Olivier Babaud, ce qui manque c'est l'incitation
35:51 c'est à dire qu'il faudrait faire de l'incitation mais comme on est
35:55 dans un pays où la politique est de plus en plus clientéliste
35:59 et qu'il y a évidemment une part d'électoralisme derrière, il y a des élections
36:03 à tout bout de champ et chacun veut garder sa place, du coup on le fait pas.
36:07 Est-ce que l'incitation, comme par exemple vous parliez tout à l'heure du chômage et de
36:11 remettre au travail des populations, encore une fois je prends le modèle
36:15 anglo-saxon où vous avez trois chances, c'est à dire qu'à un moment donné on vous donne un boulot
36:19 vous dites "bah non c'est pas exactement ce que je fais", deuxième boulot "bah là c'est pareil"
36:23 troisième boulot "il n'y a plus d'allocation", est-ce qu'on est prêt aujourd'hui
36:27 ou est-ce qu'on devrait être prêt à accepter ce genre de modèle ?
36:31 Je crois qu'il y a effectivement une réflexion à faire sur le bon équilibre entre protection
36:35 et responsabilité sans doute. - Vous faites du en même temps Olivier Babaud ? - Non, bah c'est pas...
36:39 j'essaie toujours d'être nuancé déjà et puis de voir que par exemple
36:43 sur l'assurance chômage, il y a en effet des gens qui vont en profiter, des gens qui vont estimer que
36:47 ils ont droit à utiliser leur droit jusqu'au bout alors que c'est une assurance
36:51 c'est pas parce que vous êtes assuré contre un incendie que vous allez de temps en temps mettre le feu à votre maison
36:55 c'est exactement l'idée, l'assurance chômage en fait c'est vraiment, si vraiment vous en avez besoin
36:59 c'est pas vous allez profiter de temps de mois gratuits à chaque fois que vous le pouvez
37:03 donc effectivement il y a les profiteurs, il faut donner les bonnes incitations
37:07 et puis en même temps il y a des situations d'éloignement de l'emploi qui sont très compliquées et qu'il faut savoir traiter
37:11 la deuxième chose sans doute c'est qu'il faut beaucoup dans l'incitation mettre
37:15 beaucoup de libération pour moi, c'est à dire qu'à un moment donné il faut que l'Etat comprenne que ce qui est vraiment important
37:19 c'est plutôt de capacité à libérer, à laisser l'énergie, on parlait des entreprises
37:23 elles ont énormément d'énergie, elles ont énormément d'idées, la plupart du temps elles veulent moins des aides
37:27 que de la libération, je suis désolé c'est un peu le laisser faire
37:31 il y a un moment donné, comme on disait à Louis XIV, laissez nous faire
37:35 et alors pour le coup je reprends les propos du Président de la République lundi lors de cette grande réunion à l'Ukraine
37:40 il dit "je crois qu'il faut qu'on s'implique plus dans la guerre
37:44 parce que ça nous concerne, c'est aussi dans l'archétype de notre devenir à nous
37:50 c'est notre avenir à nous, l'Ukraine, ce qui se passe en Ukraine peut nous arriver
37:54 donc allons-y, mais là pour les entreprises
37:58 on les lâche pas, on les matraque, on l'a encore dit tout à l'heure
38:02 il y a encore des impôts qui pourraient être baissés mais
38:06 jamais on se dit "bah tiens on va vous donner du lest, on va voir ce que vous faites en termes de compétitivité"
38:11 et on prend le pari de ça, mais pourquoi est-ce qu'on peut pas ?
38:15 parce qu'on n'a pas suffisamment de trésorerie ?
38:17 - Exactement, plus la situation est urgente, plus l'idée qu'on va pouvoir essayer d'investir
38:22 dans une forme de libération qui va payer bientôt
38:26 paraît absolument impossible, puisque le bientôt pour Bercy c'est trop tard
38:30 - Mais il faut en défendre qu'on aurait pu faire ça beaucoup plus tôt du coup
38:33 - Bah bien sûr, mais on aurait dû, c'est toujours trop tard, les bonnes décisions sont toujours prises trop trop tard
38:37 on est pris dans une spirale terrible où pour arriver à survivre
38:41 on est obligé d'alourdir la mule tout en lui demandant de courir de plus en plus vite
38:45 pour arriver à survivre, c'est ça qui est terrible
38:47 on n'a pas le choix de la croissance, on n'a pas le choix de la puissance
38:50 y compris au niveau géopolitique pour survivre
38:52 alors pour créer, réunir les conditions de la croissance
38:55 il faut à un moment donné qu'on soit capable de moderniser notre état
38:58 et ça pour l'instant il a du mal à s'en donner les moyens
39:01 ça nécessiterait un choc qui est très très important
39:03 - Vous vous rendez compte Olivier Babaud, on a passé 40 minutes ensemble
39:06 - Alors c'est passé très vite, je pense que les auditeurs ont vu ça aussi
39:10 et en même temps on n'a pas trouvé de solution miracle
39:12 c'est à dire qu'il y en a, mais toutes les solutions qu'on a évoquées, vous et moi
39:16 elles ont déjà été mises sur le tapis
39:19 à aucun moment vous avez parlé de choc de compétitivité
39:22 on a parlé de l'incitation, on a parlé de donner la chance aux entreprises
39:26 tout ça ça a déjà été évoqué
39:27 - Mais en parler c'est pas la même chose que le faire
39:29 - Pourquoi est-ce que d'autres pays comme l'Allemagne y arrivent ?
39:32 - Parce qu'effectivement il y a une différence déjà entre les discours et l'action
39:34 mais regardez sur la simplification, on n'arrête pas d'en parler
39:37 on a fait un grand projet de simplification même en 2014
39:39 c'était même quasiment une blague
39:40 on avait dit "qui ne dit rien consent"
39:42 donc si l'administration ne vous répond pas, elle consent
39:45 et en fait l'administration derrière avait fait 150 pages je crois de tableaux
39:49 de... d'exception, parce que c'était trop dur pour elle
39:54 en fait la simplification on en parle beaucoup
39:56 en réalité on n'a jamais réussi à la faire vraiment
39:58 - En tout cas il faut suivre les travaux de l'Institut Sapiens
40:01 et ça vous donnera des idées
40:02 Merci beaucoup Olivier, d'avoir été avec nous ce soir dans le studio d'Europe 1 !

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