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Tous les vendredis, samedis et dimanches, Arthur Meuriot reçoit un invité au cœur de l'actualité pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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00:00 Europe 1 soir Week-end, Arthur Muriot.
00:02 De retour dans Europe 1 soir Week-end pour l'invité politique de ce soir, Karima Daly, bonsoir.
00:08 Bonsoir.
00:09 Vous êtes eurodéputée écologiste, présidente de la commission du transport et du tourisme.
00:13 Avant de parler de l'actualité européenne, peut-être un petit mot sur la disparition de Jane Birkin.
00:18 On sait qu'elle était très engagée en faveur de l'écologie.
00:21 C'était important d'avoir des porte-voix comme Jane Birkin pour relayer vos combats ?
00:25 Absolument, elle était tout ce qu'on aime, c'est-à-dire un engagement sans faille,
00:30 une véritable conviction infinie.
00:34 Et puis je pense qu'elle a été toujours à l'écoute notamment de son époque,
00:40 c'est-à-dire de la douceur, de l'engagement et surtout de la liberté.
00:44 Merci Jane Birkin.
00:45 Merci Karima Daly.
00:47 On va parler d'une nomination qui fait beaucoup parler,
00:51 l'américaine Fiona Scott-Morton.
00:53 Elle vient d'être nommée économiste en chef à la direction générale de la concurrence par la Commission européenne.
00:58 Une nomination qui fait polémique chez les élus européens de tous bords.
01:02 Notre ministre des Affaires étrangères s'en inquiète aussi.
01:05 La cause Fiona Scott-Morton devra veiller au respect des règles concurrentielles dans l'UE,
01:10 notamment celles concernant les GAFAM.
01:12 Mais dans le passé, elle en a conseillé certaines d'entre elles, certains grands groupes américains.
01:17 Est-ce que le risque de conflit d'intérêt est réel avec cette nomination ?
01:20 Je crois que la nomination de Fiona Scott-Morton est une faute morale et une erreur stratégique.
01:28 Une faute morale parce qu'on ne peut pas nommer à l'un des postes les plus prestigieux de cette commission européenne
01:34 une citoyenne américaine plutôt qu'une citoyenne européenne ou un citoyen européen.
01:39 Jamais aux États-Unis, on verrait un français ou une italienne à des postes clés, vous voyez ?
01:45 Et on envoie le message comme quoi on n'aurait pas de gens compétents, ce qui est complètement faux.
01:49 Ça c'est pour la faute morale.
01:51 Deux, l'erreur stratégique, vous l'avez dit, parce qu'aussi compétente qu'elle soit, cette dame,
01:57 elle a été à plusieurs reprises la lobbyiste des GAFAM, ces géants notamment du numérique,
02:03 alors que la direction générale de la commission européenne qui est en charge de la concurrence,
02:07 elle est là avant tout pour imposer de la régulation aux GAFAM.
02:11 On ne peut pas nommer quelqu'un qui serait le cheval de Troie, un petit peu,
02:14 de ces mêmes GAFAM au sein de nos institutions.
02:16 Ce serait comme par exemple, je pense à ça, mais ce serait vraiment ça,
02:20 embaucher le conseiller notamment des loups pour défendre le poulailler, vous voyez ?
02:24 Ce n'est pas possible.
02:26 Donc moi j'appelle la commission européenne à revoir sa copie
02:29 et j'espère que le Parlement européen va être dans une même direction,
02:33 c'est-à-dire nous ne pouvons pas accepter cette nomination.
02:36 - Mais Bruxelles assure qu'elle ne travaillerait pas en lien avec ses anciens dossiers,
02:40 elle dit aussi que son poste c'est du conseil et pas de prendre des décisions,
02:45 ça ne suffit pas comme garde-fou ?
02:47 - Moi je considère que ça ne suffit pas,
02:50 à l'heure où l'Europe a été un petit peu secouée par des affaires d'insérence étrangère,
02:55 il vaut mieux revenir sur ce que moi j'aime, la souveraineté européenne.
02:58 - Et vous vous reveniez sur ce point aussi, elle est américaine, c'est aussi ça qui dérange,
03:02 mais on a vu qu'il n'y a que 10 candidatures qui ont été posées à ce poste,
03:04 est-ce que ça ne pose pas aussi des questions sur les compétences européennes à ce niveau-là ?
03:07 - Mais je crois qu'on a les compétences au niveau européen,
03:10 il faut arrêter de se flageller au niveau européen
03:13 et d'aller toujours retrouver à l'autre bout de l'Atlantique.
03:16 Non, nous avons les compétences, maintenant je le dis de manière assez claire,
03:22 ne nous ouvrons pas la porte à notamment l'extrême droite et les eurosceptiques
03:25 qui pourraient nous en vouloir de ne pas avoir d'européens sur ces postes clés.
03:30 - L'Europe qui est aussi au cœur de l'actualité cette semaine
03:32 avec le vote mercredi du projet de loi de restauration des écosystèmes,
03:36 un texte phare du pacte vert de l'Union européenne proposé par Bruxelles
03:40 auquel s'opposaient les élus de droite et d'extrême droite.
03:43 La version adoptée est vidée de sa substance, plutôt éloignée du texte initial.
03:48 Vous le regrettez ou vous dites "bon ben c'est mieux que rien" ?
03:52 - La nature a eu chaud, c'est ça qu'il faut dire,
03:55 c'est passé à quelques voix près,
03:59 nous aurions pu vivre vraiment un véritable scénario de retour en arrière de la défense de l'environnement.
04:03 Et vous l'avez dit, mais le droite et l'extrême droite se sont unies
04:06 avec toutes leurs forces pour rejeter cette loi de la restauration de la NATO.
04:10 Alors à coup de fake news on a dit "oh là là, les agriculteurs, on va vous geler 10% de vos terres",
04:15 ensuite on a dit "oh là là, la maison du Père Noël en Finlande, hop, qui a des forêts etc,
04:20 on va les raser", ce qui est quand même débile.
04:22 Et tout ça c'est vraiment une volonté réelle
04:26 de dire que cette loi de la restauration c'est le pilier de pacte, notamment vert,
04:31 et on en a besoin, c'est la première fois qu'on inscrit dans notre loi un véritable droit à la restauration.
04:37 Ça veut dire qu'aujourd'hui le projet de loi va passer de 20% des écosystèmes qui seront dégradés,
04:43 hop, on va les prendre en charge à l'horizon 2030, donc c'est une avancée majeure.
04:46 Mais c'est surtout, comme je le dis souvent, comme disait Jacques Chirac,
04:50 aujourd'hui notre maison brûle, mais derrière les températures, et on le voit aujourd'hui,
04:53 les plus hautes connues jamais dans l'humanité, les sécheresses à répétition,
04:59 les inondations qui s'accélèrent, la biodiversité qui s'effondre,
05:02 on voit bien qu'aujourd'hui on ne peut pas fermer les yeux et dire
05:06 "demain peut-être il y aura une apocalypse climatique",
05:11 et ça veut dire que si nous ne faisons rien, justement, ce sont les agriculteurs,
05:15 dont la droite et l'extrême droite, en permanence...
05:18 - Mais j'allais vous parler des agriculteurs, ils sont inquets, qu'est-ce que vous leur dites ?
05:23 Parce que eux, évidemment, quand on lit le texte, on se dit "bon bah, comme vous l'avez dit,
05:27 on va nous supprimer 10% des surfaces agricoles".
05:30 Qu'est-ce que vous leur dites aux agriculteurs qui nous écoutent et qui sont peut-être inquets de voir 10% ?
05:35 C'est pas vrai ? Ce ne sera pas le cas ?
05:36 - Alors, je vous le dis, c'est une fake news, de la droite et de l'extrême droite, ce n'est pas vrai.
05:42 Et je dis aux agriculteurs que si nous ne faisons rien,
05:45 ce sera justement vous les agriculteurs, dont la droite et l'extrême droite prétendent vous défendre,
05:51 qui seront parmi ceux qui paieront le prix le plus élevé.
05:53 Parce que quand la nature trinque, c'est tout le monde qui paie la facture,
05:57 et ça va être très dangereux.
05:59 Et je rappelle le sondage de ce matin que j'ai lu de l'IFOP,
06:02 notamment pour Génération Futur, qui dit 76% des Français
06:07 jugent prioritaire l'adoption rapide de la réglementation européenne en faveur de l'environnement.
06:12 L'Europe ne peut pas faire de pause réglementaire,
06:15 et que nous devons accompagner la transition notamment de nos agriculteurs,
06:18 parce que sans eau, avec la sécheresse des sols,
06:21 eux aussi n'auront que leurs yeux pour pleurer demain.
06:23 Et ce n'est pas ce dont nous voulons absolument,
06:26 c'est véritablement accompagner nos agriculteurs.
06:29 - Mais alors comment les accompagner les agriculteurs de la manière la plus...
06:32 - Et bien là, il va falloir vraiment rentrer dans un cycle qu'on appelle de l'agroécologie.
06:36 Il faudra se dire que ce n'est pas normal aujourd'hui,
06:39 en France comme en Europe, que les agriculteurs ne vivent pas de leur travail.
06:43 Donc il faut travailler sur des revenus,
06:45 un revenu notamment minimum pour que chaque agriculteur puisse
06:49 lever la tête pour pouvoir vivre de son travail,
06:52 et surtout de montrer que les agriculteurs sont en avance pour préserver la biodiversité.
06:56 Que les pesticides, bah oui, il faudra les réduire.
06:58 Je sais, c'est pas facile la question du glyphosate, etc.
07:01 Mais on est là pour se donner des échéances,
07:03 et l'agroécologie est un levier d'action majeur.
07:06 - Mais pour sauver les agriculteurs, est-ce que ça passe pas aussi par peut-être des règles plus claires
07:09 en matière de concurrence, pour...
07:11 Eh bien, s'il y a moins de rendement, que les industriels ne se tournent pas vers peut-être
07:15 l'étranger pour vendre des produits, est-ce que ça passe aussi par là, ces règles de concurrence ?
07:20 - Eh bah les règles de concurrence, on les retrouve surtout dans les traités de libre-échange.
07:24 Vous voyez, nous les écologistes, on a toujours été très clairs,
07:28 nous ne voulons pas ces règles du moins-disant environnementales, du moins-disant sociales,
07:32 qui font que nos agriculteurs soient les grands perdants.
07:35 Donc non, on fera en sorte que ces règles,
07:38 les réglementations aussi européennes en matière notamment agricole,
07:43 c'est bon pour nos assiettes de demain, vous, nos enfants,
07:46 mais aussi la biodiversité, donc c'est gagnant-gagnant.
07:49 - J'ai une question sur ce pacte vert, dont fait partie la loi de restauration.
07:53 Il sera juridiquement contraignant pour les États de l'UE.
07:56 On a reproché pendant la réforme des retraites au gouvernement
07:59 de ne pas prendre l'avis des citoyens sur des textes de politique intérieure.
08:03 Ici, on est sur de la politique européenne.
08:05 Est-ce que pour un texte d'une telle envergure, il ne faudrait pas peut-être
08:08 consulter les citoyens et faire un gros référendum européen ?
08:11 - Alors si on fait, je vous l'ai dit tout à l'heure,
08:13 mais rien que le sondage de ce matin de l'IFOP pour Génération...
08:16 - Il ne faut pas se baser sur des sondages, il faudrait peut-être les consulter.
08:18 - Oui, mais on leur pose la vraie question.
08:19 Eh ben, ils disent quoi ? Ils disent "on juge, nous, 76% des Français,
08:23 on juge prioritairement l'adoption rapide de réglementations européennes
08:27 en faveur de l'environnement", parce qu'ils savent que s'il n'y a pas
08:30 d'obligation de résultat maintenant, on va aller vers une catastrophe.
08:34 Je vous le dis de manière assez simple, on voit que le prix,
08:37 notamment des matières premières, explose.
08:39 Donc, c'est une question de pouvoir d'achat.
08:41 On a une question de biodiversité qui, aujourd'hui, s'effondre.
08:45 Donc, il y a urgence à l'adapter et à la protéger.
08:48 Et la troisième chose, c'est que nous avons besoin des agriculteurs.
08:51 Ce sont des métiers qui sont en train de se perdre.
08:53 Donc, vite, vite, vite, nous sommes dans l'occasion de dire
08:56 "oui, les paysans de demain, il faut les protéger parce qu'on en a vraiment besoin".
09:01 - Le 9 juin 2024, c'est une date fatidique, celle des prochaines élections européennes.
09:05 C'est votre collègue Marie Toussaint qui a été désignée chef de file
09:08 pour votre parti Europe Écologie-Lévers, Karima Daly.
09:11 Quelle est votre ambition pour ce scrutin, c'est faire mieux qu'en 2019 ?
09:15 - D'abord, je dis que les élections européennes vont être les élections
09:18 les plus importantes des 20 prochaines années.
09:21 Tout d'abord, parce qu'on est entre les crises climatiques,
09:24 on a la guerre en Ukraine, la crise sociale.
09:26 Donc, le futur Parlement européen va prendre des décisions vitales
09:31 pour l'avenir de l'Europe et de l'avenir des citoyens européens.
09:34 Et quelle que soit la forme, je vous le dis,
09:37 moi, je serai profondément impliquée dans cette future campagne
09:41 parce que les enjeux sont trop importants.
09:43 Et quand je regarde l'annonce de ces sondages pour le futur Parlement,
09:46 qu'est-ce que je vois ? L'extrême droite est au port du Parlement européen.
09:50 Et là, moi, je ne veux pas de leur entrée fracassante dans l'hémicycle européen.
09:55 - Et pour éviter cette entrée, la solution, ce n'est pas une liste commune ?
09:58 Avec toutes les forces de gauche ?
10:00 - D'abord, je n'accepterai pas, notamment, l'entrée fracassante de l'extrême droite.
10:04 Moi, je m'y résous pas parce que je sais ce qu'il y a derrière.
10:07 On l'a vu avec le pacte vert, c'est des reculs incessants sur l'environnement.
10:11 Quand je me dis que si la droite et l'extrême droite sont encore plus nombreux,
10:14 ça veut dire quoi ? Demain, on arrête de soutenir l'Ukraine au détriment de Poutine ?
10:19 Ou sur les droits de femmes, on revient sur le droit à l'avortement ?
10:21 Non, je ne veux pas le retour des nationalistes en Europe.
10:26 Parce que, comme disait François Mitterrand, les nationalistes, c'est la guerre.
10:29 Donc, à votre question, qu'est-ce que je vais faire ?
10:32 Moi, j'appelle l'ensemble des formations politiques qui croient en l'Europe, à ce projet,
10:37 et bien se parler et arrêter de votre tambouille interne, vos idées, parlez-vous.
10:41 - Merci, Carie Madéli.
10:43 Rapidement, oui ou non, une liste commune pour les européennes avec les forces de la gauche ?
10:46 - Oui, non.
10:47 - Je dis, faites taire les égaux, mettez-nous autour de la table, créons un front commun,
10:51 européen, durable, mais surtout désirable.
10:55 - Créons un front commun.
10:56 Merci beaucoup, Carie Madéli.
10:58 (Générique)

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