• il y a 10 mois

Simon Bestel, cofondateur de "Fermes en Vie", ingénieur agronome et spécialiste des questions agricoles, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. "Fermes en vie" est une entreprise à mission qui facilite l’installation de la nouvelle génération d’agriculteurs et agricultrices grâce sa foncière solidaire.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 - Europe 1, il est 6h40. - Les agriculteurs se battent, vous le savez, pour vivre dignement de leur métier.
00:06 Ils s'inquiètent aussi pour la transmission de leurs exploitations.
00:10 Ces dix dernières années en France, il faut savoir qu'une ferme sur cinq a disparu.
00:14 Et dans les dix années qui viennent, ce sont 200 000 exploitations qui pourraient à leur tour disparaître, faute d'europreneurs.
00:20 Dans les allées du salon de l'agriculture, cette semaine, il existe une solution, ou une proposition de remède en tout cas.
00:26 Et on vous en parle ce matin sur Europe 1.
00:28 Avec votre invité, Alexandre, c'est Simon Bestel, ingénieur agronome, cofondateur d'une société foncière baptisée "Ferme en Vie".
00:34 - Bonjour Simon Bestel. - Bonjour.
00:37 C'est une semaine importante pour vous au salon de l'agriculture.
00:40 Ce que vous expliquez aux agriculteurs qui viennent s'intéresser à votre projet,
00:44 est-ce que vous pouvez nous l'expliquer aussi à nous, à nos auditeurs ce matin ?
00:48 Qu'est-ce que vous proposez exactement avec votre société foncière ?
00:51 Écoutez, en fait, on leur propose de faciliter leur installation agricole.
00:57 C'est-à-dire que pour des jeunes qui veulent reprendre une exploitation, qui coûte très très cher aujourd'hui,
01:01 on parle de plusieurs centaines de milliers d'euros,
01:03 on leur propose en fait de prendre en charge l'acquisition de la ferme,
01:07 et de leur mettre à disposition par une location avec option d'achat.
01:11 C'est-à-dire qu'ils s'installent avec FEV, et dès qu'ils le souhaitent, et quand ils le souhaitent, et si ils le peuvent,
01:17 ils peuvent décider de racheter à tout moment ce foncier.
01:20 - Donc les propriétés que vous mettez en location, elles représentent quoi aujourd'hui ?
01:26 On parle de centaines de milliers d'hectares que vous avez à disposition,
01:29 c'est combien d'exploitations agricoles que vous avez, que vous gérez ?
01:32 - Non, aujourd'hui, alors, FEV a trois ans,
01:35 donc aujourd'hui on a installé une petite vingtaine d'exploitations agricoles,
01:41 donc pour à peu près 1500 hectares de terre.
01:44 - Bon, c'est le démarrage ! Vous êtes présent partout en France, ou vous êtes sur une région en particulier ?
01:49 - On pense être sur toute la France d'ici un ou deux ans.
01:52 Aujourd'hui, on est essentiellement sur la grande façade d'Ouest, on va dire, de la Normandie à l'Occitanie.
01:57 - C'est bien que vous mettez à la disposition, à la location, pour les agriculteurs,
02:01 vous les rachetez à qui exactement ?
02:03 Est-ce que c'est par exemple systématiquement des exploitants qui partent en retraite ?
02:06 Comment vous procédez ?
02:07 - Oui, c'est très souvent le cas, c'est ça, des exploitants qui préparent leur départ à la retraite,
02:12 donc voilà, on regarde avec eux si la ferme est adaptée à une reprise pour un projet agroécologique,
02:19 parce que c'est important pour nous que les projets soient en agroécologie.
02:24 Mais on a aussi quelques cas d'agriculteurs qui sont fatigués, qui décident de s'arrêter avant leur retraite.
02:30 - Bon, alors vous allez uniquement vous positionner sur des terres ou des fermes qui n'ont pas de repreneurs,
02:37 lorsque vous rachetez des terres ?
02:38 J'imagine que vous ne vous mettez jamais en concurrence, vu votre ambition, votre concept, avec des repreneurs potentiels, quand il y en a ?
02:45 - Tout dépend en fait, ça peut arriver quand on peut récupérer des terres en conventionnel
02:52 et qu'on veut basculer vers un projet plus agroécologique.
02:57 On peut certaines fois être en concurrence avec des projets d'agrandissement en particulier,
03:01 puisque aussi un des objectifs est de permettre de multiples installations de jeunes.
03:06 Donc on peut se retrouver en concurrence avec des projets d'agrandissement.
03:10 - Quand on dit que les reprises d'exploitation sont difficiles,
03:14 est-ce que ça ne va pas à l'encontre de votre objectif initial dans ce cas-là, Simon Bastel ?
03:18 - En fait, on a un double objectif qui est à la fois les installations et le développement d'agroécologie.
03:24 Donc il faut concilier les deux.
03:25 - Bon, vous conciliez les deux.
03:26 En échange d'un loyer, l'agriculteur locataire, il dispose librement de sa terre ?
03:32 Il n'y a pas de type d'activité imposée ? Il peut faire ce qu'il veut ?
03:34 - Il peut faire ce qu'il veut en termes d'atelier, tout à fait.
03:38 C'est lui qui définit son projet et qui le conduit.
03:40 Donc nous, on n'imposera rien de ce point de vue,
03:43 sous réserve de respecter quelques pratiques agroécologiques
03:46 pour la préservation des sols, de la ressource en eau, de la biodiversité.
03:50 - Donc vous le disiez, vous proposez aussi une option d'achat.
03:53 Là, c'est sans condition ?
03:56 Il faut d'abord être locataire pendant un certain nombre d'années
03:58 avant d'être candidat au rachat ? Comment ça se passe ?
04:01 - Aujourd'hui, ils peuvent décider à tout moment.
04:04 Donc effectivement, le gros intérêt pour eux,
04:06 c'est de ne pas avoir la charge de l'acquisition
04:09 pendant plusieurs années pour développer leur projet.
04:12 Donc on sait que structurellement, ils ne l'achèteront pas avant 5, 6, 7 ans.
04:17 Mais en fait, s'ils veulent le racheter avant, ils en ont tout à fait la possibilité.
04:20 - Bon, on sait que ce qui étrangle souvent les agriculteurs,
04:23 Simon Bestel, c'est le manque de trésorerie.
04:26 Ils sont de plus en plus nombreux d'ailleurs à jeter les pontes pour cette raison.
04:30 Quand on reprend une exploitation agricole,
04:32 dès le départ, c'est vrai qu'il y a des coûts très élevés à assumer.
04:34 - Tout à fait, oui. Il faut investir très rapidement dans le gaz du matériel,
04:40 un cheptel, il faut semer.
04:42 Et les premières écoles, les premières productions qu'on peut vendre
04:45 arrivent souvent plusieurs mois, voire plus d'un an après les premiers investissements.
04:50 Donc effectivement, la trésorerie est un problème critique pour les agriculteurs.
04:53 - Vous êtes donc présent au sein de l'agriculture
04:55 pour faire connaître votre société foncière,
04:58 cette possibilité pour des agriculteurs de vous louer des terres, des exploitations.
05:02 Comment vous êtes accueilli par le monde agricole ?
05:05 On aimerait savoir, est-ce qu'il y a de la curiosité ?
05:08 Est-ce qu'il y a de la méfiance peut-être aussi parfois ?
05:10 - Il y a de la curiosité bien évidemment.
05:13 Il peut y avoir un peu de méfiance parce qu'effectivement,
05:16 on pousse des pratiques agricoles qui ne sont pas forcément extrêmement répandues en France,
05:21 quand on parle d'agroécologie.
05:23 Mais il y a un fort intérêt, les agriculteurs comprennent très vite le fort intérêt
05:26 de pouvoir ne pas être propriétaire immédiatement de leur terre,
05:30 mais d'avoir la possibilité de le faire à tout moment,
05:34 et que ce soit leur décision.
05:36 Donc c'est ce qui présente le plus d'intérêt pour l'ensemble du monde agricole.
05:39 Je dirais, on a rarement d'opposition de ce point de vue-là.
05:43 - Alors il y a ce chiffre devant nous,
05:45 je cite celui du ministère de l'Agriculture qui ne vous aura pas échappé,
05:49 on sait que dans les 10 ans qui viennent,
05:50 près d'un agriculteur sur trois va partir à la retraite.
05:54 Vous qui êtes ingénieur agronome, Simon Bestel, spécialiste des questions agricoles,
05:57 est-ce que vous diriez que cette question du renouvellement des générations,
06:00 elle a été trop ignorée ?
06:02 Ignorée par l'État, j'entends, par les politiques publiques.
06:05 - En tout cas, les décisions n'ont pas forcément été prises pour y remédier.
06:10 C'est une situation qui est connue depuis pas mal d'années déjà,
06:14 on sait que ça va arriver, on est en plein dedans,
06:17 et effectivement, les décisions nécessaires n'avaient pas forcément été prises.
06:21 Bon, je pense qu'il va y avoir quelques annonces qui vont aller
06:24 dans le sens de la facilitation des installations dans les prochaines semaines,
06:28 mais effectivement, on a certainement perdu beaucoup de temps,
06:31 et remonter la pente ne va pas être simple.
06:34 - Bruno Le Maire a présenté des mesures pour aider les exploitants en difficulté,
06:39 différer le paiement d'un an, le paiement de la dette bancaire,
06:43 il appelle aussi Bruno Le Maire les banques à jouer le jeu
06:45 pour soutenir justement la trésorerie des agriculteurs qui en manquent.
06:49 Les avantages de passer par une foncière comme la vôtre,
06:52 est-ce que vous défendez par exemple aussi les dossiers de vos agriculteurs locataires auprès des banques ?
06:57 - C'est pas forcément notre rôle, par contre,
07:00 effectivement, le fait que FEV intervienne pour acheter le foncier facilite très souvent...
07:04 - FEV c'est "Fermes en vie", c'est le nom de votre foncière.
07:06 - Pardon, oui, FEV c'est "Fermes en vie",
07:08 effectivement, notre intervention facilite souvent beaucoup le passage du dossier auprès des banques,
07:12 puisqu'on allège fortement les remboursements des agriculteurs,
07:15 il va évidemment rendre le dossier beaucoup plus attractif pour des banquiers.
07:21 - Voilà, donc je rappelle qu'avec votre société foncière qui s'appelle "Fermes en vie",
07:27 vous proposez à l'allocation des terres, des explications agricoles aux agriculteurs
07:32 et vous êtes au Salon de l'agriculture pour faire connaître votre concept cette semaine.
07:36 Merci Simon Bestel, cofondateur de la foncière "Fermes en vie", merci à vous !

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