Nîmes : un homme tué par balles sous les yeux de son fils

  • il y a 6 mois
Avec Jean-Michel Verne, journaliste et auteur du livre "Les nouveaux mystères de Marseille" (Editions Robert Laffont)

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-02-22##
Transcript
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Benjamin Gleize.
00:04 7h13 sur Sud Radio, c'est à la unanime, un homme de 39 ans a été tué par balle
00:09 mardi soir au chemin bas d'Avignon, quartier gangréné par les trafics de stupéfiants.
00:13 Il a été retrouvé au pied de sa voiture devant son fils de 8 ans qui est lui,
00:16 sain et sauf. Trois hommes ont été interpellés à Marseille, placés en garde à vue.
00:21 Un quatrième est en fuite. Jean-Michel Verne, bonjour.
00:24 Bonjour.
00:26 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin, vous êtes journaliste, auteur du livre
00:30 "Les nouveaux mystères de Marseille" aux éditions Robert Laffont.
00:33 Jean-Michel Verne, quand on voit cette scène de crime, quand on voit le quartier
00:37 dans lequel ça s'est passé, on a finalement tous les éléments qui nous font croire,
00:42 nous laisser à penser en tout cas qu'il s'agit bien d'un règlement de compte sur fond de trafic de stupéfiants.
00:47 Oui, c'est plus qu'une piste, d'ailleurs parfois ça me fait souvent un petit peu sourire,
00:52 même grincer je dirais, parce que vu le mode opératoire, on sait tout de suite
00:57 que c'est un règlement de compte. Les crimes passionnels se déroulent rarement à la Kalachnikov.
01:02 Oui, effectivement, mais c'est vrai qu'on prend aussi des pincettes
01:07 puisque pour le moment, la fin n'a pas été jugée et donc c'est normal effectivement,
01:12 même si tous les éléments sont là pour penser qu'il s'agit bien d'un règlement de compte
01:18 sur fond de trafic de drogue. En ce qui concerne les suspects,
01:21 les suspects qui ont été arrêtés, ils ont été interpellés du côté de Marseille.
01:26 Est-ce qu'aujourd'hui, Anim, ce sont les réseaux marseillais qui tiennent les trafics ?
01:31 Écoutez, je vous envoie mon dernier ouvrage qui s'appelle "Procurant en France"
01:36 dans lequel témoigne l'ancienne procureure de Marseille, Dominique Lawrence.
01:40 Son témoignage est d'une force terrible, il nous montre comment cette ville
01:45 est devenue en quelque sorte une narco-ville.
01:49 Elle a employé même l'expression "narcomycide" pour qualifier la situation à Marseille.
01:56 Et donc vous savez, la gangrène, c'est quelque chose qui se propage.
01:59 Et vu les intérêts qui sont en jeu au niveau financier,
02:04 parce que c'est totalement colossal le chiffre d'affaires de la drogue en France,
02:10 pour vous donner un ordre d'idée, 700 euros un kilo de cocaïne en Colombie,
02:17 c'est au détail en France 65 000 euros de chiffre d'affaires.
02:21 Donc on est à 65 euros le gramme.
02:25 On est dans une économie qui est en pleine expansion.
02:28 Et il est facile alors avec cet argent de recruter de jeunes tueurs
02:33 qui se sont formés, je dirais presque, qui ont l'impression d'être dans les jeux vidéo.
02:39 La génération GTA va recevoir un message sur une appli,
02:47 aller chercher une Kalashnikov dans une voiture,
02:51 prendre la voiture avec une photo de la cible,
02:54 et puis repartir jouer à son jeu vidéo.
02:57 Vous voyez, c'est le caricature, mais c'est un peu ça.
03:00 - Avec une violence qui n'a plus de limite finalement d'une certaine manière.
03:06 Parce qu'on parle de cet enfant de 8 ans qui a été retrouvé un sain et sauf dans ce véhicule,
03:11 visé par des tirs.
03:13 On pense aussi au jeune Fayed, mort en août dernier du côté de Nîmes.
03:19 Finalement, il n'y a plus de limite à cette violence-là aujourd'hui.
03:22 - Non, et je vous dis, en plus de par les intérêts financiers qui sont en jeu,
03:28 l'argent justifie tout pour ces gens-là.
03:32 Ils se donnent tous les moyens, ils n'ont aucune limite, aucune morale,
03:36 aucun, je dirais presque aucun honneur.
03:39 Et donc on a une situation qui est difficilement gérable pour les forces de police
03:46 qui se mobilisent, interviennent, démantèlent des plans de drogue.
03:50 Mais c'est comme, vous savez, il y a des maladies,
03:53 on a beau essayer de donner des thérapies,
03:57 malheureusement, voilà, le mal prospère, le mal gangrène.
04:03 Et on a aujourd'hui des organisations criminelles de par le monde
04:08 qui ont investi toute la planète, y compris beaucoup l'Europe et la France.
04:15 Vous savez, la balle qui a failli tuer ce garçon de 8 ans,
04:20 elle part de Manta. Manta, ça ne vous dit pas grand-chose, c'est un port en Équateur,
04:24 d'où partent les plus grandes quantités de cocaïne,
04:27 produites au Pérou et en Colombie.
04:29 Voilà, donc on est dans une macro-économie de la drogue
04:34 qui gangrène tout notre territoire.
04:37 Un monde globalisé finalement, avec ce système de trafic de drogue.
04:43 On a beaucoup parlé, depuis l'an dernier, de ces deux gangs à Marseille,
04:48 la DZ Mafia et puis Yoda. Est-ce qu'on sait si ces deux gangs
04:54 sont également présents du côté de Nîmes ?
04:57 Et notamment vis-à-vis de ce qui s'est passé mardi soir.
05:01 Est-ce qu'on a le sentiment aujourd'hui que ces deux gangs
05:05 qui ont fait près de 50 morts à Marseille l'an dernier
05:08 sont ceux aussi qui provoquent ces fusillades et ces règlements de comptes
05:12 qu'on peut voir du côté de Nîmes, notamment ?
05:14 Tout à fait, on est promis à le dire d'ailleurs hier sur les ondes de BFM.
05:20 Ce sont les gens de la DZ Mafia qui sont venus à Nîmes,
05:25 sans doute à la demande de clans locaux.
05:29 C'est ce qu'on a vu par exemple à Nice,
05:33 où on a demandé à des Marseillais de prendre le contrôle de cités comme l'Ariane.
05:37 On a maintenant des "junventures" qui se constituent au fil des mois
05:45 et c'est ce qui est peut-être le plus dangereux.
05:47 En tout cas, le sud du pays est particulièrement touché par ce phénomène.
05:52 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, tout se règle entre la DZ Mafia
05:57 et le clan opposé qui s'appelle Yoda.
05:59 Tout ça a pris naissance dans une cité à Marseille qui s'appelle la Paternelle.
06:06 Tout part dans cette histoire d'un conflit à la cité La Paternelle
06:12 qui est dans le 14e arrondissement, arrondissement où on a retrouvé la voiture des tueurs.
06:17 - Tout à fait. Juste pour terminer là-dessus, sur cette guerre que se livre,
06:22 ces deux gangs, on parle de gangs, est-ce qu'on ne devrait pas parler plutôt de mafias finalement ?
06:29 - C'est la grande question qui se pose aujourd'hui autour du trafic de drogue.
06:35 Il faut savoir que la drogue génère des recettes telles que ça donne une force corruptive à ces organisations criminelles.
06:47 Organisation criminelle = mafia.
06:50 Enfin, je veux dire, on parle, on emploie des termes, mais une mafia c'est quelque chose qui est à mesure d'avoir une force corruptive.
07:00 Et ce que craignent les autorités, ce que craignent les magistrats...
07:05 - Avec ce système notamment de vassalisation qu'on peut avoir du côté de Nîmes, ce que vous disiez justement.
07:09 - De Nîmes, de Marseille, partout. Ce qui est très dangereux, c'est ce qu'on appelle la corruption de basse identité.
07:17 Christophe Barré, procureur de Grenoble, en parle dans mon dernier ouvrage
07:23 et effectivement, ils sont en même de corrompre des échelons, des petits échelons.
07:30 Un policier de base, un greffier, un employé de mairie.
07:37 Dans un dossier à Marseille en 2020, on saisit dans la région marseillaise à Saint-Mitre, 3 tonnes de cocaïne.
07:44 On s'aperçoit dans le dossier qu'on a des faux passeports qui sont fabriqués à Trappes.
07:53 Voilà, c'est pour vous dire. Ils sont allés corrompre, un employé de mairie à Trappes.
08:00 Vous voyez la difficulté.
08:02 - Ça dit beaucoup aussi justement du système qu'il y a, qui se forme effectivement autour de ça.
08:07 Jean-Michel Verlin, grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio Journaliste et auteur du livre
08:11 du livre, je le rappelle, les nouveaux "Mystères de Marseille" aux éditions Robert Laffont.

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