• il y a 10 mois
Xerfi Canal a reçu Marc Bidan, professeur des universités à Polytech Nantes, ancien président de l’Association Information et Management (AIM), pour parler transformations technologiques et du rôle de l'Europe.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour Marc Bidan.
00:09 Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:11 Marc Bidan, vous êtes professeur des universités,
00:13 sciences du management, vous êtes spécialiste de systèmes d'information,
00:16 vous êtes ancien président de l'association Information & Management,
00:19 vous êtes professeur à Polytech Nantes, Université de Nantes.
00:21 Marc Bidan, un petit tour d'horizon, j'ai envie de vous interroger,
00:25 vous qui connaissez, qui suivez les évolutions technologiques
00:28 en matière de systèmes d'information depuis des décennies maintenant,
00:31 ce n'est pas pour vous faire injure à votre âge,
00:34 mais quand même, moi aussi ça fait quelques décennies,
00:36 donc je me mets dans le même bain.
00:38 Finalement, si on devait retenir quelques grandes leçons là
00:41 des Uber, des Tesla, du Metaverse, de Chats JPT,
00:46 en 3-4 minutes, qu'est-ce que vous me diriez ?
00:48 Les 3-4 leçons.
00:49 Je dirais déjà que ça va vite, ça va très vite,
00:54 mais tout repose sur quelque chose qu'on connaît à l'instant.
00:56 Ça va vite, mais ça se prépare depuis longtemps.
00:58 Voilà, tout repose sur des choses qu'on connaît depuis longtemps,
01:00 c'est-à-dire la puissance de calcul,
01:02 les systèmes algorithmiques, des données, des programmes
01:06 et des extractions ou des interprétations de programmes,
01:10 et de l'électricité et de l'Internet,
01:13 donc des réseaux de plus en plus puissants
01:15 qui permettent des usages de plus en plus intuitifs,
01:19 ergonomiques, adaptés.
01:21 Mais ça, ça fait 20 ans, 30 ans qu'on sait que la puissance de calcul
01:25 est corrélée avec la facilité d'usage,
01:28 donc la capacité d'adaptation.
01:30 Avec quand même des implications aujourd'hui
01:32 dont on prend la mesure, qui sont d'ordre géopolitique.
01:35 Alors voilà, si on veut se faire mal,
01:39 si on veut se faire violence,
01:40 les États-Unis inventent.
01:43 Les États-Unis inventent des technos,
01:44 inventent des business models,
01:47 inventent des géants.
01:49 La Chine imite.
01:50 La Chine va les imiter, va les développer, va les customiser.
01:53 De plus en plus, les développe.
01:54 Et les customiser, les adapter à un marché d'un milliard.
01:59 Donc, ils ont un échantillon,
02:01 ils ont un laboratoire fantastique.
02:02 Le véhicule électrique, c'est l'exemple type.
02:05 Exactement.
02:06 Et bien nous, on est derrière,
02:08 alors on n'est pas à la traîne,
02:10 mais nous, on a une approche qui est très,
02:12 on va réguler, on va contrôler.
02:15 Voilà, on va avoir une approche à l'européenne.
02:17 On a la chance ou on a le luxe
02:22 de pouvoir se poser des questions d'éthique,
02:24 de transparence, de redevabilité, de biais.
02:28 Et on a le luxe d'avoir un Parlement
02:30 qui va pouvoir encadrer, réguler des usages.
02:35 Donc, les États-Unis, je caricature,
02:37 mais les États-Unis fabriquent, inventent, conçoivent.
02:40 Les Chinois développent et customisent,
02:45 pour parler français.
02:46 Et nous, on va réguler.
02:48 Avec une vraie capacité des US à attirer l'intelligence.
02:50 Je pense notamment aux Indiens,
02:52 au nombre de boîtes dans la techno
02:54 qui sont aujourd'hui pilotées par des PDG indiens.
02:57 C'est impressionnant.
02:58 Ou français.
02:59 Ou français.
02:59 Ou français.
03:01 Donc, un effet aspirateur.
03:03 Voilà, parce qu'ils savent accompagner,
03:06 ils savent appréhender,
03:08 puis ils savent mettre en confiance
03:10 quelqu'un qui a une petite idée quelque part.
03:12 Et eux, ils vont voir que cette idée,
03:13 elle est bankable.
03:16 Donc, dans les grands, ce qui s'est passé,
03:19 c'est à la fois des technologies
03:20 qui sont de plus en plus intuitives
03:22 et ergonomiques, etc.
03:23 Des business models du numérique
03:25 qui sont centrés sur les données
03:27 et leur monétisation,
03:30 et non pas sur la technologie.
03:32 Par exemple, Tesla pour moi n'est pas une voiture,
03:34 c'est un ordinateur avec des roues en dessous.
03:36 Et on va capter des données,
03:37 on va améliorer l'usage,
03:39 mais bon, et puis on va s'adapter à un marché,
03:42 on va baisser le prix pour avoir le bonus, etc.
03:44 Derrière, il y a un business model.
03:46 Il y a une technologie qui est évidemment robuste, mature,
03:48 mais il y a surtout un business model
03:50 qui rend monétisables les données qu'on va collecter.
03:53 Et après, il y a nous qui allons se poser des questions,
03:57 mais tout à fait intelligentes,
04:00 sur les biais, la transparence, la redéviabilité,
04:04 les discriminations, etc.
04:05 Oui, ça existe, oui, ça existe.
04:08 Mais ça, c'est un luxe d'Européens
04:10 que d'avoir un Parlement qui peut proposer un IAACT.
04:15 Ne jamais perdre de vue la longue vue, justement.
04:18 Ça ne date pas d'hier, ça remonte loin.
04:20 Il y a autre chose aussi qu'on peut dire en trois secondes,
04:23 il y a quand même une contrainte qu'on oublie,
04:25 c'est l'électricité.
04:27 C'est le coût énergétique qu'il y a derrière.
04:29 On l'oublie, il y a eu une grande période,
04:30 il y a 4-5 ans, 10 ans, du Green IT, des Sustainable IAS,
04:34 c'est fini, c'est bon, on est parti.
04:37 On est parti.
04:38 Il va bien falloir assourir cette électricité.
04:40 On postule qu'il y aura du cobalt,
04:41 on postule qu'il y aura du lithium,
04:42 on postule qu'il y aura de l'électricité un peu partout
04:44 pour connecter un frigo et un portable.
04:47 Non, pas forcément.
04:49 Affaire à suivre.
04:50 Merci Marc Bidan.
04:51 Merci.
04:53 [Musique]

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