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Ancien agriculteur et sénateur de la Loire, Jean Claude Tissot revient sur le mouvement de protestation du monde agricole sur le plateau de 7 Minutes Chrono.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:15 Bonjour à tous, bienvenue, 7 minutes chrono chaque jour sur TLC,
00:18 la parole aux personnalités du département de la Loire.
00:20 Nous parlons de la situation de l'agriculture en France aujourd'hui avec Jean-Claude Tissot,
00:24 sénateur de la Loire depuis 2017, réélu en 2020, ancien agriculteur dans les monts du Lyonnais.
00:30 Jean-Claude Tissot, bonjour.
00:31 Bonjour.
00:32 Bienvenue dans cette émission.
00:33 Je le disais donc, en tant qu'ancien agriculteur, vous êtes hyper investi sur la cause agricole au Sénat aujourd'hui et depuis 2017.
00:39 Je voulais revenir avec vous sur la crise qui frappe le monde agricole,
00:41 alors qu'il n'y en a pas de nouvelles, mais en tout cas qui s'est exprimée plus bruyamment ces dernières semaines.
00:46 Comment est-ce que vous, ancien agriculteur, sénateur très impliqué sur cette cause,
00:50 vous avez vécu ces dernières semaines ?
00:52 Et puis on s'attend à ce que le mouvement ne soit pas terminé,
00:54 parce qu'évidemment il y a une menace brandie de faire du Salon de l'Agriculture à Paris une véritable assemblée générale des luttes.
01:02 Alors déjà, la cause est légitime.
01:05 Je soutiens absolument et sans aucune condition les manifestations qu'il y a pu y avoir à travers le pays,
01:11 mais particulièrement dans la Loire, évidemment.
01:13 C'est un sujet brûlant, et vous l'avez dit, le Salon de l'Agriculture risque d'être un petit peu la période
01:20 qui risque de cristalliser encore un peu plus les mécontentements.
01:22 Mais en tout cas, une chose est claire, c'est qu'aujourd'hui, trop de paysans n'arrivent plus à vivre de leur travail.
01:30 Ça c'est un constat.
01:31 L'histoire du revenu, le manque de revenu dans les exploitations agricoles était le fil rouge de ce mécontentement.
01:40 Donc la question qu'il faut qu'on se pose aujourd'hui, c'est pourquoi on en est arrivé là,
01:43 et quels sont les moyens que l'on met en place pour trouver des solutions pour, à nouveau,
01:47 que le monde agricole soit rémunérateur.
01:50 C'est le versement des aides de la PAC qui a traîné un peu, qui a déclenché un petit peu tout ça ?
01:53 Oui, alors...
01:54 Il y a une vraie situation de malaise depuis un certain nombre d'années déjà.
01:57 Oui, voilà, évidemment, la problématique du paiement de la PAC, ça impacte les trésoreries.
02:02 Mais le revenu en lui-même, le fait que le produit ne paie plus l'outil, c'est pas la PAC.
02:08 C'est vraiment une autre problématique, et nous, en tant que parlementaires,
02:12 on a travaillé sur une loi qui s'appelle la loi Galim.
02:14 Il y a eu la loi Galim 1, 2, 3, et cette loi devint normalement rapporter du revenu sur les exploitations agricoles.
02:20 Preuve en est que ça n'a pas marché.
02:22 Et qui n'a pas joué le jeu, vous demandez l'ouverture d'une commission d'enquête justement, pour entendre les acteurs ?
02:26 Merci d'entendre la perche.
02:27 Évidemment que certains acteurs ne doivent pas jouer le jeu.
02:31 Mais comment on arrive à le démontrer ?
02:32 Et bien c'est super compliqué de démontrer qui...
02:34 Vous discutez avec M. Leclerc, avec M. Carrefour, avec M. Auchan, M. Superu, ils font tous du bon boulot.
02:39 C'est la faute à personne.
02:40 Voilà, c'est la faute à personne.
02:41 Vous discutez avec les transformateurs, c'est pas leur faute.
02:43 Et le constat à faire, c'est que les paysans ne gagnent pas leur vie.
02:45 Et il y a un autre constat qu'aujourd'hui on doit s'imposer, c'est que les deux bouts de la chaîne meurent de faim.
02:50 Il y a des étudiants qui aujourd'hui mangent un repas par jour, dans le meilleur des cas, quelques fois.
02:55 Et de l'autre côté, des étudiants, et puis des concitoyens lambda, en travaillant, n'arrivent plus à pouvoir se nourrir normalement.
03:02 Et à l'autre bout de la chaîne, ceux qui produisent cette alimentation-là n'arrivent pas à en vivre.
03:05 Donc il y a un vrai problème.
03:06 Et c'est pour ça que moi j'ai demandé personnellement, enfin personnellement au nom de mon groupe,
03:09 mais à l'occasion d'une question au gouvernement il y a 15 jours maintenant auprès du ministre,
03:13 la création d'une commission d'enquête.
03:15 On a le résultat, on aura, je crois que c'est le 14 février, donc mardi, Gérard Larcher, à l'occasion de la conférence des présidents,
03:22 va nous dire ou non si on a la commission d'enquête.
03:24 Parce qu'en fait, cette commission d'enquête nous permettra de démontrer où passe, où passe ce fameux produit.
03:30 - Vous allez dégager des responsabilités après vous de voir qui sont les fautifs ?
03:32 - Alors on va déjà faire un constat.
03:34 Parce que, est-ce que c'est normal aujourd'hui un produit qui est vendu par le paysan 10,
03:40 on le retrouve à 30, 40 ou 50 sur l'étale des grandes surfaces ?
03:44 Non, c'est pas normal.
03:45 Donc où passe cette marge ?
03:47 Et la commission d'enquête va démontrer, alors d'une part où passe cette marge,
03:50 mais va aussi démontrer, en tout cas moi si je participe réactivement, vous comprenez bien,
03:56 ce qu'on va essayer de démontrer aussi, c'est que les diversités,
04:00 comment s'organise le partage de la valeur en fait ?
04:04 Donc ça c'est une première chose.
04:06 Et puis aussi, on essaiera de démontrer que tout le monde agricole ne meurt pas de faim.
04:10 - Il y a des disparités évidemment.
04:12 - Voilà, il y a une disparité et c'est pour ça, et ça fait le lien avec ce que vous disiez au départ avec les aides de la PAC.
04:16 Aujourd'hui, il faut revenir sur la réglementation de la PAC, comment elle est organisée,
04:20 est-ce que c'est normal aujourd'hui que la PAC et les aides PAC soient toujours liées à un produit, à un volume,
04:26 que ce soit de surface, c'est-à-dire à l'hectare, une aide à l'hectare ou une aide au volume ?
04:31 Voilà, et moi je pense que non.
04:34 Donc est-ce que c'est normal qu'aujourd'hui un céréalier,
04:37 qui quand il vend ses céréales à 500 euros l'hectare, touche la même prime que quand il la vend à 250 euros ?
04:41 Eh bien non, donc voilà, enfin bien non.
04:43 - C'est aussi la particularité du combat, c'est-à-dire qu'on a tout petits agriculteurs qui se sont retrouvés sur les barrages,
04:47 alors certains ne sont pas tous d'accord,
04:50 il y a une agriculture productiviste dont la Confédération Paysanne notamment dénonce tout ça,
04:55 arriver à mettre tout le monde d'accord alors que finalement les typologies d'exploitation ne sont pas les mêmes ?
04:59 - Oui, à mettre tout le monde d'accord, ça peut être le ministre qui d'autorité peut dire que ça se passe de cette manière-là,
05:04 moi j'ai travaillé sur l'élaboration de la PAC 2016-2020, on va retravailler sur celle qui va arriver bientôt,
05:09 moi je pense qu'on est obligé, on va vraiment être contraint, parce que c'est une enveloppe constante, elle est fermée,
05:13 donc on ne va pas inventer les milliards, on ne va pas en rajouter, donc ça veut dire qu'il faut qu'on en prenne à ce qu'on n'a pas besoin,
05:18 parce que je pense que vraiment aujourd'hui... - Donc on répartisse différemment.
05:21 - C'est absolument anormal par exemple que des maraîchers, des arboriculteurs n'ont pas le droit à la PAC,
05:25 c'est juste inadmissible.
05:27 - On a vu des tentations de protectionnisme, de remettre des frontières pour éviter la libre circulation des matières etc,
05:35 ça peut être une solution de ça, de se replier, de refaire du franco-français ?
05:38 - Alors je ne sais pas s'il faut se replier sur soi parce que de tout temps il y a eu du commerce,
05:41 par contre nous ce qu'on propose, c'est qu'il y ait un moratoire sur les marchés de libre-échange,
05:46 sur le Mercosur, le CETA, le TAFTA, aujourd'hui il faut qu'on arrête et qu'on dise "attention".
05:51 - On est allé trop loin ?
05:52 - Est-ce que c'est normal qu'on négocie de la nourriture contre des voitures, contre des TGV, contre des avions, contre du nucléaire ?
05:58 Moi je pense que non. Moi je pense que même l'agriculture on devrait la sortir de l'OMC, parce que c'est inadmissible.
06:04 - Une exception culturelle. - Voilà, une exception agriculturelle.
06:07 - Raymond Vial était à votre place il y a quelques jours maintenant, le président de la chambre d'agriculture,
06:11 a évoqué la problématique des jeunes aujourd'hui, on se rend compte que le malaise est aussi chez les jeunes qui s'installent
06:16 et ça c'est véritablement un problème.
06:17 - Oui, mais le problème c'est toujours le même.
06:20 Qui aujourd'hui peut s'installer sereinement sur une structure qui ne gagne pas d'argent ?
06:25 Mais qui va les mettre de 300 000 euros, 500 000 euros sur une exploitation, sachant très bien qu'ils ne gagneront pas sa vie avec ?
06:30 C'est impensable. Commençons, parce que l'histoire de l'agribashing, moi je n'y crois pas une minute, pas une minute.
06:35 La preuve, c'est que le mouvement des agriculteurs ces temps-ci était soutenu par 80 et quelques % de la population.
06:40 Donc pour peu qu'on leur explique, pour peu que les paysans expliquent aux concitoyens comment on fonctionne
06:45 et qu'on balance pas des produits rien que pour se faire plaisir, voilà, je pense que l'agribashing c'est une blague.
06:50 Moi j'ai plein de collègues paysans et chez moi, quand j'étais paysan, les gens venaient chez nous et jamais on n'était montré du doigt.
06:56 Donc je pense que pour installer des gens d'abord, il faudrait faire une vraie loi sur le foncier.
07:02 Après l'installation, si on démontre aux gens qu'ici il s'installe sur 30, 40, 50, 60, 70 hectares et qu'il gagne sa vie,
07:09 il n'y aura plus de problème d'installation.
07:11 – Il nous reste 10 secondes, Jean-Claude Dissot, vous avez été réélu en 2023 au Sénat,
07:17 qu'est-ce qui va marquer, qu'est-ce que vous voudriez faire de ce mandat ?
07:22 – Je vais porter mon travail sur trois axes, j'allais presque dire sur un, mais avec trois branches,
07:29 l'agriculture, l'alimentation et la santé.
07:31 Je pense qu'aujourd'hui on ne peut plus parler d'agriculture sans parler de santé et d'alimentation.
07:34 On ne peut pas parler d'alimentation sans parler de santé et d'agriculture
07:37 et aussi on ne peut pas parler de santé si on ne parle pas d'alimentation.
07:40 – Merci beaucoup, le Triptyque, on aura l'occasion d'en reparler, vous reviendrez nous voir.
07:44 Merci beaucoup d'être venu Nora en tout cas aujourd'hui.
07:46 Merci à vous de nous avoir suivi, on se retrouve demain même heure sur TL7, à demain.
07:49 [Musique]

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