• il y a 9 mois
Ce matin, Thomas Sotto et Marie Portolano ont invité sur la plateau de Télématin, Charles Berling. Il joue le rôle de Romain Gary/Emile Ajar dans le film L'Enchanteur, diffusé le 12 février sur France 2. 

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Transcription
00:00 Charles Berling est avec nous, il n'est pas seul puisqu'il sera à Romain Garic,
00:03 qui était aussi Émile Ajar dans le film "L'Enchanteur"
00:06 qui sera diffusé lundi prochain, ça sera à 21h10 sur France 2.
00:09 Et Valérie Maurice brûle de vous poser une question.
00:11 - Oui, je me dis que c'est une énorme supercherie,
00:13 mais c'était pour défier les critiques littéraires ?
00:16 - C'était pour renaître. C'est-à-dire...
00:19 C'est quelqu'un qui a, je pense, beaucoup souffert de ce qu'on disait de lui.
00:24 Et à ce moment-là, on disait de Romain Garic, il était fini, que c'était un vieux.
00:28 Et alors, il a écrit des bouquins, il a signé Émile Ajar,
00:32 et là, tout le monde a fait "Qui est ce jeune auteur extraordinaire ?"
00:35 Et donc, quelle revanche ! Et en même temps, il a gardé le secret jusqu'à sa mort.
00:39 Puisque avant, il a écrit "Vie et mort d'Émile Ajar",
00:42 il a écrit un bouquin qui ne devait sortir qu'après sa mort.
00:45 C'est-à-dire, il le dit d'ailleurs dans le film, il dit "Non, on va passer de l'érotisme à la pornographie,
00:50 si jamais je vis maintenant."
00:52 C'est-à-dire, c'est un menteur céleste pour moi.
00:54 - C'est fantastique.
00:55 - Et ça rejoint un peu l'art des actrices, des acteurs,
00:57 c'est-à-dire que nous, quand on joue, alors on ment,
01:00 mais on ment pour accéder, pour aller vers la vérité.
01:03 Et lui, pour moi, c'est quelqu'un qui a respecté ses valeurs profondes jusqu'à la fin de ses jours.
01:09 - Alors, il s'est justement, vous en parlez, il s'est suicidé en 1980,
01:13 il avait 66 ans parce qu'il ne voulait pas vieillir, c'est ça qu'il disait.
01:16 - Oui, alors vous avez lu la lettre qu'il a laissée après son suicide.
01:20 - Exactement, qu'il a laissée après son suicide.
01:21 - Qui se termine par "Car on ne saurait mieux dire".
01:24 - Quel humour ! Le gars, il arrive encore à se tirer une balle dans la tête et à faire de l'humour.
01:29 - Ça vous interpelle beaucoup ? Vous aurez l'âge de Gary cette année.
01:32 - Oui, c'est vrai.
01:33 - Ça vous interpelle ou pas, vous ?
01:34 - Oui, ça m'interpelle beaucoup.
01:35 - Ah bah non, Charles, pas vous, pas vous !
01:37 - Non, mais c'est mon projet, pas vous !
01:39 - Pas quant au suicide, non.
01:40 - Non, je ne me dis pas que j'ai fait...
01:42 - Non, sur le vieillir, sur le...
01:43 - Non, je suis encore un peu plus jeune encore, je suis trop jeune encore,
01:45 mais je voudrais, je rêverais de rejouer encore Gary,
01:50 il me reste quelques années pour le faire.
01:52 - On va jouer un peu avec Gary, qui a dit ?
01:54 Est-ce que c'est Gary qui a dit ou est-ce que c'est Ajar qui a dit ?
01:56 On a préparé quelques citations.
01:57 - Alors, tous ceux qui ont lu, tous ceux qui ont lu Emile Ajar et Romain Gary,
02:00 - Alors là, je vais être démasqué, je vais être humilié en pub.
02:03 - Charles, regardez-moi Charles.
02:05 - On n'avait pas les réponses avant, ne vous inquiétez pas, on n'est pas vieux.
02:08 - Ok, super.
02:09 - Les hommes vieillissent toujours mal quand ils restent jeunes.
02:11 C'est Gary ou Ajar, ça ?
02:13 - C'est Gary.
02:14 - Oui.
02:15 - Oh non, elle brûle.
02:16 - Bravo.
02:17 L'amour est seulement un mot qui sonne mieux que les autres.
02:19 - Gary ou Ajar ?
02:20 - Ajar.
02:21 - Bien joué.
02:22 - C'est le pif ou... ?
02:23 - Comment ?
02:24 - Vous dites au pif ou pas ?
02:25 - Non, non, non, pas du tout.
02:26 - Dis pas au Ajar.
02:27 - J'ai encore quelques restes.
02:28 - Vous n'avez pas entendu ma blague qui était très bonne, c'est dommage.
02:31 - La technologie est le trou du cul de la science.
02:34 - Gary ?
02:35 - Gary.
02:36 - Gary, absolument.
02:37 - Le besoin d'affabulation, c'est toujours un enfant qui refuse de grandir.
02:40 - J'adore cette phrase parce que c'est tellement vrai.
02:42 - Ça c'est peut-être Ajar alors.
02:44 - C'est très... Bravo, vous avez tout bon là pour l'instant.
02:46 - La réalité qui est le plus puissant des hallucinogènes ?
02:49 - Ajar.
02:50 - Gary ?
02:51 - A.
02:52 - Ah non, Ajar, Ajar, pardon, vous avez raison.
02:54 - A.
02:55 - Qu'est-ce qui fait que vous arrivez à les identifier comme ça ?
02:57 - Ben, c'est par rapport à ce qu'ils se racontent.
03:00 - C'est des postures différentes qu'il avait dans l'un et l'autre.
03:03 - Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable.
03:06 - Ça c'est pas un bon titre de roman.
03:09 - Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable.
03:12 - Gary ?
03:13 - Magnifique.
03:14 - J'adore quand vous en parlez.
03:15 - Vous aimez les belles lettres en livre ou en pièce de théâtre.
03:17 D'ailleurs, le théâtre, vous l'avez commencé très tôt.
03:19 Et figurez-vous qu'on a retrouvé un ancien prof à vous,
03:23 qui a un petit message à vous adresser.
03:24 - Non.
03:25 - Il est là.
03:26 - Bonjour Charles.
03:28 Avant tout, je t'embrasse.
03:29 Et je voulais te demander si tu te rappelles ce que je demandais dans mes exercices à l'insas.
03:34 Quand on t'a posé une question, qu'est-ce qu'il fallait faire avant de répondre ?
03:39 Et aussi, si tu te rappelais le titre de la pièce qu'on a créée l'année de ta sortie.
03:46 Bah voilà.
03:47 On va voir où est l'honnête à mémoire.
03:50 - Alors, c'est deux questions.
03:52 Alors, c'est Marion Gonzalès qui a été un de vos profs.
03:54 - Ah oui, moi je le reconnais.
03:55 Extraordinaire acteur et prof de...
03:58 Mais au Conservatoire de Paris, après nous, on l'a fait venir à l'insas en Belgique
04:02 où on était étudiants en arts dramatiques.
04:04 Mais lui, mais il apprend le clown et le masque.
04:07 Mais il m'a tout appris, cet homme.
04:09 - Il vous a posé deux questions, quand même.
04:10 Qu'est-ce qu'il fallait faire avant de répondre ?
04:12 - Bah, il fallait rien.
04:14 - Il fallait se taire pendant trois secondes.
04:16 - Voilà.
04:17 - Et c'est quoi le nom de la pièce que vous avez créée ?
04:18 - "Ça, spectacle comique".
04:20 - Il est fort, il est très fort.
04:21 Avant de passer à Narnard, vous dirigez la scène nationale Château Vallon-Liberté à Toulon,
04:24 qui est un lieu d'art et de culture.
04:26 Quelle angoisse vous portez sur la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati ?
04:29 Parce qu'on entend beaucoup de choses sur elle.
04:30 - Je dis, l'exception culturelle française, chère madame, elle se finance.
04:34 Sinon, on la quitte. Sinon, on dit arrêtez.
04:37 Donc, je dis, venez nous voir, qu'on vous explique.
04:40 Parce que souvent, les ministres qui passent un petit peu trop vite,
04:44 ne se rendent pas compte du travail qu'on fait sur le terrain.
04:48 Et là, les scènes nationales en France font un travail extraordinaire
04:52 avec toutes les populations, pour la culture, dans tous les coins.
04:56 Et donc, ça, par exemple, le Passe Culture a fait que les élèves, les collèges, les lycées,
05:02 nous demandent, il y a une grosse demande en spectacle.
05:06 Mais un spectacle coûte plus cher que le prix qu'on leur fait payer.
05:10 Donc, ça veut dire qu'il faut que ça soit financé.
05:12 C'est le service public. Le service public, je le chéris depuis mon plus jeune âge.
05:16 Je dis, madame la ministre de la Culture, ne sacrifiez pas le service public
05:21 à l'aune du libéralisme mondial.
05:23 - Merci Charles Berling. Alors, dans l'Enchanteur, il y a chanteur.
05:27 Dans l'Enchanteur, il y a chanteur.
05:28 Et c'est cette casquette, cette facette de vous qui a inspiré Anna Rennart.
05:31 - C'est merveilleux.
05:32 - Oui, la chanson, parce que c'est une vraie casquette que vous revêtez
05:35 aussi régulièrement que possible.
05:37 D'ailleurs, vous avez confié à Libération que vous auriez adoré faire partie d'un groupe.
05:40 Alors, je n'aurais pas parié sur cette influence, les Rolling Stones.
05:43 - C'est-à-dire que ce que j'ai vécu quand j'ai fait de la chanson,
05:48 après, j'espère que je vais renouer bientôt, d'ici un an ou deux,
05:52 avec en tout cas le travail de vocal et tout.
05:54 Mais ce que j'ai vécu, c'est être avec des musiciens, être sur scène.
05:58 Et cette énergie, wow, et puis cette fragilité aussi.
06:02 Parce que la chanson, on est très fragiles.
06:05 Quand on joue la comédie sur scène, on peut être un peu faux.
06:08 Ce n'est pas grave, parce que ça fait partie d'une réalité de l'acteur.
06:12 Il peut être un peu...
06:14 Et la chanson, si on est faux, on est mort.
06:16 - Alors, parmi vos influences, Brel, Leonard Cohen ou Prince,
06:19 ils sont tous les trois très différents.
06:21 On écoute un petit bout de Brel, ça vous dit ?
06:24 Une chanson que vous aimez beaucoup, je crois.
06:26 - C'est Marc Segend, là. - Quel génie !
06:28 Magnifique.
06:29 Alors, Charles Berling, Brel aussi, il avait deux casquettes.
06:46 Il jouait la comédie et il était chanteur.
06:48 Comment ces deux métiers de chanteur et de comédien se nourrissent l'un de l'autre ?
06:51 Ils sont très frères, cousins.
06:54 C'est vraiment le même métier, je dirais.
06:56 Mais après, oui, on a...
06:58 Moi, j'ai chanté depuis que je suis tout petit.
07:00 J'ai chanté tout le temps, donc je me suis dit, je vais continuer.
07:04 - Et vous le disiez, c'est un autre exercice plus périlleux,
07:06 parce qu'on n'a pas la carapace du personnage autour de soi.
07:09 - Tout à fait.
07:10 - On était venu vous rendre visite en 2012, figurez-vous,
07:13 quand vous aviez sorti votre album "Jeune chanteur".
07:16 On était venu vous voir en plein travail de répétition
07:18 avec votre acolytre, compositeur Philippe Jacot,
07:21 excellent compositeur de musiques de film.
07:24 - Il n'arrête pas maintenant de faire des musiques de film.
07:27 - Regardez, il nous confie qu'il avait été très surpris
07:30 de vous voir arriver avec vos propres textes, jusqu'à 45 ans de textes.
07:33 Écoutons-le.
07:35 - Il est arrivé, par exemple, avec ce texte qui s'appelle "Les mains", par exemple.
07:39 Alors, on lit le texte.
07:42 Qu'est-ce qui vient ?
07:44 Donc, il y a une mélodie qui, à un moment, s'impose ou qui ne s'impose pas.
07:48 Donc, par exemple, là, c'était...
07:52 (musique)
07:57 - On est partis de ça.
07:59 (musique)
08:15 - Eh bien, franchement, vous êtes assez doué, je trouve.
08:18 - Merci beaucoup.
08:19 - Non, mais vraiment, quels souvenirs vous gardez de ces concerts ?
08:21 C'est un autre track.
08:23 - Quels souvenirs, je... Quoi ?
08:24 - Vous gardez de ces concerts-là.
08:26 - Des souvenirs merveilleux avec les musiciens.
08:29 J'ai préféré les concerts en public que les enregistrements,
08:32 mais qui me contraignent plus.
08:34 Et en plus, je crois qu'encore plus que dans un autre art,
08:38 on doit beaucoup apprendre et on doit beaucoup, beaucoup pratiquer.
08:42 C'est long.
08:44 Mais je vais continuer.
08:46 - Et alors là, vous disiez, le track, il est probablement lié aussi
08:49 que vous chantiez vos propres mots.
08:50 C'est vos propres textes que vous chantiez.
08:52 - Oui.
08:53 - Ça, c'est autre chose.
08:54 Et on a vu que vous rendiez aussi...
08:55 Récemment, vous avez rendu un super hommage, je trouve.
08:57 Alors, est-ce que vous allez reconnaître à qui est rendu cet hommage ?
09:00 (musique)
09:02 - Ah oui, Daniel Balavoine.
09:03 - Oui.
09:04 - Lipstick.
09:05 - Lipstick polychrome, c'est ça.
09:06 - Oui, Lipstick polychrome.
09:07 - Balavoine, quel merveilleux homme.
09:08 - Et cette reprise est géniale.
09:10 - Oui.
09:11 - La production est très moderne.
09:12 - C'est une excellente reprise que vous avez faite là.
09:14 (musique)
09:21 - Vous êtes fort, Charles Berline.
09:22 - C'est bien.
09:23 - Et vous êtes ?
09:24 - Un peu injustement oublié, Daniel Balavoine.
09:26 - Ah bon ?
09:27 - On l'entend pas.
09:28 - Ah non, on l'entend pas.
09:29 - On en chante tout le temps.
09:31 - Bon, vous savez ce que vous faites lundi soir ?
09:32 - Exactement.
09:33 - À 21h10, vous regardez L'Enchanteur avec Charles Berline.
09:35 - Ah oui.
09:36 Et lisez ses livres.
09:37 Relisez ses livres, mesdames, messieurs.
09:39 - Mais pas lundi soir.
09:40 - Je vous assure.
09:41 Il faut lire beaucoup plus que vous ne le faites.

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