Aujourd’hui c’est l’acteur François Berléand qui est notre invité ! Il sera, dès le 17 mai, au casting de « Disparition inquiétante : Retour aux sources », une série France Télévisions réalisée par Stéphanie Pillonca.
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00:00 - Excusez-moi, je remets le micro de Thomas Soto, voilà, en toute intimité.
00:03 Bonjour François Berléand, merci d'être l'invité de Télématin.
00:06 - Bonjour, bienvenue.
00:07 - Bienvenue chez vous.
00:08 Vous êtes avec nous ce matin car on va parler de ce téléfilm qui va être diffusé mercredi soir sur France 2.
00:14 Ça s'appelle "Disparition inquiétante" évidemment.
00:16 C'est le nouvel opus, comme on dit, "Retour aux sources".
00:18 Dans ce nouvel épisode, vous jouez le rôle du père de Julie Gaillet qui est une commandante de police.
00:24 - Voilà.
00:25 - Et votre personnage est atteint de la maladie d'Alzheimer.
00:29 Ma question, c'est comment vous avez travaillé ce rôle qui est vraiment plein de tendresse sur une maladie qui est quand même très difficile ?
00:36 - Alors, il se trouve que malheureusement, j'ai beaucoup de gens dans ma famille, dans mes amis qui ont souffert de cette maladie.
00:44 Donc, au début, c'est une maladie qui fait sourire parce qu'on met un mot pour un autre, on fait des actions assez bizarres, etc.
00:52 Puis on oublie.
00:53 Mais on se dit bon, ben voilà, c'est un petit moment d'inattention.
00:57 Et puis, au fur et à mesure, on se rend compte qu'il y a un vrai, vrai problème.
01:01 Et puis, quand la maladie est diagnostiquée, là, on se rend compte qu'on a ri.
01:09 - Oui, c'est la fin de la date.
01:13 - Il y a beaucoup de tendresse et d'émotion dans votre façon de le jouer, ce papa.
01:15 - Oui, parce que je me suis dit qu'il ne fallait surtout pas jouer Alzheimer, mais jouer quelque chose de normal, etc.
01:25 Et puis, par moment, je me disais qu'il fallait être dans la réalité de l'instant.
01:32 Parce que quelquefois, quand quelqu'un a un Alzheimer, il a aussi des moments de lucidité totale.
01:39 Et donc, là, c'est justement quand il prend la douche avec sa fille, enfin, quand sa fille lui donne la douche.
01:47 Voilà, tout à coup, il se rend compte que c'est sa fille et pas...
01:51 - Que les rôles sont un peu... - Oui, voilà, et que les rôles sont interchangeables.
01:54 - On va regarder tout de suite un extrait de "Disparition inquiétante" avec une policière qui recherche un enfant disparu,
01:59 tout en gérant son papa, autrement dit, vous, François Bernéand.
02:03 [Sonnerie de téléphone]
02:09 - Oui, papa ? - Elle est où, la vieille ?
02:11 - Hein ? La vieille ? - La vieille, elle est où ? Elle n'est pas là.
02:13 Je ne sais pas ce que je dois faire. Qu'est-ce que je dois faire, quoi ?
02:15 - Ah, mais la vieille, elle s'appelle Amélie. Elle est plus jeune que toi, papa.
02:18 - Elle est où, là ? Elle a fait longtemps que t'attends. - Non, mais ça ne doit pas être l'heure, encore. Non.
02:23 - Papa, quand la petite aiguille est sur la grande, si elle n'est pas encore là,
02:26 t'as qu'à demander à Liliane de te réchauffer le plat qui est dans le frigo.
02:29 - C'est qui, Liliane ? - Liliane, ta voisine depuis trop de temps, papa.
02:32 - Ah bon ? - Bon. Je te laisse. Amour.
02:37 - On lance l'alerte enlèvement. - L'alerte enlèvement, c'est à l'initiative de la procureure, vous vous rappelez ?
02:51 - Oui, bah, va lui demander gentiment.
02:54 - Absolument. Dans la série, il y a une scène où vous vous trouvez sur un balcon, vous nourrissez des pigeons.
02:59 Or, il paraît que vous nourrissez dans la vraie vie une phobie des oiseaux.
03:02 - Totalement. - C'est vrai ? Comment vous avez fait ? - Des pigeons, des pigeons.
03:04 - Ah, précisément. - C'est des pigeons plastiques, des pigeons télécommandés ?
03:07 - Non, il n'y avait pas de pigeons. C'était... Enfin, moi, je me donnais... - On les voit pas.
03:12 - On les voit pas. Après, il y avait mes chaussures et puis il y avait des vrais pigeons qui étaient là, mais moi, j'ai pas...
03:17 - Et ça vient d'où, cette phobie ? Vous, qui avez fait de la psychanalyse, vous avez peut-être étudié tout ça ?
03:21 - Je vais vous dire d'où ça vient. Quand le film "Les oiseaux d'Hitchcock" est sorti,
03:26 mes parents ont eu la bonne idée de m'emmener voir le film avec mon frère.
03:31 Et à la sortie du cinéma, il y a un pigeon qui m'a... - Vous a faussé de fil ?
03:37 - Non, pas attaqué, parce que les pigeons n'attaquent pas, mais en tout cas, voilà.
03:40 - C'est classe, quand on est comédien, de devoir une phobie à Hitchcock, quand même.
03:43 - Oui, c'est ça, mais vous savez pas ce que c'est que la phobie des oiseaux, c'est terrifiant.
03:48 Moi, je vois un pigeon, ça va, deux pigeons, je change de trottoir.
03:52 - Et dites-moi, vous avez jamais lutté contre ça ? Est-ce qu'il y a plein de techniques, maintenant ?
03:55 L'hypnose ou ce genre de choses ? Vous avez pas voulu vous débarrasser de ça ?
03:57 - Non. - Surtout vivant à Paris, c'est compliqué d'éviter les pigeons.
04:00 - Oui, enfin, je ne vis pas à Venise. - Oui, ça suffit.
04:02 - Parce que j'ai eu l'expérience de la Place Saint-Marc, il pleuvait,
04:06 et donc on m'avait donné un parapluie et j'étais avec la femme de ma vie,
04:11 et à un moment donné, je me suis arrivé à la Place Saint-Marc,
04:14 il y avait, je sais pas combien, des milliers de pigeons.
04:16 - Vous cherchez les ennuis, quand même. - Et là, j'étais comme ça.
04:19 - En garde. - Et ma compagne me disait "Mais pourquoi tu... ?"
04:22 Parce que c'est comme ça, je pouvais pas dire que j'avais une phobie des oiseaux.
04:25 - Quand on s'appelle François Berléant, quand on a joué dans plus de 40 pièces de théâtre,
04:29 dans plus de 120 films, etc., en gros, on n'a plus rien à prouver à personne.
04:32 Comment on choisit ses rôles ? Pourquoi vous êtes allé sur celui-là, par exemple ?
04:35 - Parce que j'ai beaucoup d'amitié pour la réalisatrice, Stéphanie Pilonca,
04:40 et qu'elle me disait "On crée un rôle pour toi,
04:45 parce que je voudrais une respiration dans cette unitaire qui est un peu anxiogène,
04:51 la disparition d'un enfant, etc."
04:54 Et je me disais qu'il fallait des petites respirations rigolotes,
04:57 et donc elle a créé le rôle pour moi.
05:00 Donc quand on crée un rôle pour quelqu'un, on y va, au moins.
05:04 - Mais justement, au contrario, est-ce que parfois vous avez fait des mauvais choix ?
05:07 C'est-à-dire que vous avez dit non, là où il aurait peut-être fallu dire oui ?
05:10 J'adore ces histoires, vous savez, vous auriez peut-être pu avoir un autre César,
05:13 et un rôle qui vous est passé sous le nez, parce que vous l'avez refusé ?
05:17 - C'est plutôt l'inverse, j'ai accepté beaucoup de rôles qui n'ont pas de...
05:22 - Vous vous en regrettez ou pas ?
05:23 - Non, je ne regrette rien, moi. Je ne regrette strictement rien,
05:26 pour la bonne raison que ça vous construit dans le métier.
05:30 Si vous faites un film qui ne vous plaît pas, ça m'est arrivé plusieurs fois,
05:35 une fois notamment où, je ne dirai pas le titre, évidemment,
05:38 je savais dès le départ que le film serait mauvais...
05:41 - Qui était le réalisateur ?
05:42 - Non, je ne le dirai pas non plus.
05:44 Et je le savais parfaitement, et puis je ne me suis pas trompé.
05:48 Et ça a été terrible, mais en même temps, je me suis dit,
05:51 la prochaine fois, tu sauras dire non.
05:53 - Au bon moment.
05:54 - Quelquefois, j'ai pu réussir à dire non grâce à ça.
05:56 - Vous avez souvent joué les types un peu aigris, grognons, limite méchants,
06:01 et à ce sujet, il y a un certain M. Arditi de Paris qui a un message pour vous.
06:06 - Alors, mon petit Berléand, tu vas encore jouer un râleur, mais tu n'en as pas marre ?
06:10 Toi, qui es un acteur si romantique, un petit peu comme moi, en fait,
06:14 moi non plus, je ne râle pas tellement, finalement.
06:17 Bon, écoute, non, tu vas faire autre chose, laisse tomber.
06:19 D'ailleurs, il faut que je te fasse lire une pièce.
06:21 Rappelle-moi quand tu auras reçu ce petit programme,
06:25 tu verras, tu ne le regretteras pas, c'est pour nous deux, une fois de plus.
06:28 Je t'embrasse.
06:30 - Une petite pièce avec Pierre Arditi, c'est un programme déjà ?
06:32 Vous êtes au courant ?
06:33 - Si c'est la même, oui, je suis au courant.
06:36 Je ne suis pas sûr que ce soit celle-là.
06:37 - Ce côté aigri, râleur, ça vous a souvent collé à la peau quand même.
06:40 Vous en avez souffert, vous avez même créé une fois un hashtag qui était
06:43 "Pourquoi François Berléand est-il si méchant ?"
06:45 C'est vous qui l'avez créé, celui-là ?
06:47 - Oui, parce que je voulais... Non, mais moi, je plaisante là-dessus.
06:51 J'aime bien râler parce que le français est râleur.
06:54 Et donc, ça fait partie... Enfin, le parisien...
06:57 - Vous râlez dans la vie, vraiment ?
06:59 - En voiture.
07:01 - Vous continuez à prendre votre voiture à Paris ?
07:03 Ça ne vous rend pas dingue ?
07:04 - Non, mais par exemple, si je prends un taxi, si je prends le bus,
07:08 je prends le métro, je prends le RER, je prends tout.
07:10 - Vous râlez ?
07:11 - Non, je ne râle pas.
07:13 On ne peut pas râler dans le métro puisque tout le monde est là,
07:16 ils ont son téléphone portable.
07:18 Non, mais le parisien est râleur, le français est râleur.
07:22 - Dans le film, en tout cas, vous êtes sympa.
07:24 - Oui, oui, alors il n'y a pas non plus que des rôles de râleur, heureusement.
07:27 - Vous savez ce que j'ai appris sur François Berléand ?
07:29 Vous faisiez de la pub quand vous étiez plus jeune,
07:31 et il y a un slogan qui vient de vous, c'est "Mon cube, c'est du poulet".
07:35 - Oui.
07:36 - Je trouve ça extraordinaire.
07:37 - Il n'a jamais été pris.
07:38 - Il n'a pas été pris ?
07:39 - Non, il n'a pas été pris.
07:40 - C'est une erreur.
07:41 - C'est extraordinaire.
07:42 - Pour le bouillon cube, donc, on imagine.
07:43 - Oui, c'est ça.
07:44 - On marque une petite pause, servez-vous un café,
07:46 on revient avec François Berléand qui est avec nous jusqu'à 9h30.