TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka !
Du lundi au vendredi à 18h45 sur C8.
Tous les extraits et émissions de "Touche pas à mon poste" sont à retrouver sur MyCANAL : https://www.canalplus.com/c8/tpmp/touche-pas-a-mon-poste
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00:00 Déjà la première question que j'ai envie de poser au maître ou bien à un de vous deux,
00:06 c'est pourquoi vous êtes sous OQTF ?
00:08 Pourquoi vous êtes en obligation de quitter le territoire français ?
00:10 Parce que vous êtes étudiante pour vous, Cibora, vous êtes étudiante en quoi ?
00:14 – Je suis étudiante en L.E.A, langue étrangère et appliquée.
00:17 – D'accord, depuis combien de temps ?
00:19 – Là j'ai fait tout mon parcours ici, depuis le collège, j'ai eu mon brevet,
00:24 j'ai eu le bac et là je suis en deuxième année L.A.
00:28 – Et vous, Mohamed ?
00:30 – Moi je suis venu à l'âge de 14 ans, j'ai eu mon brevet ici,
00:33 j'étais au collège à Landoski, j'habitais à Bologne avant.
00:36 – Ah oui, à ta côté ?
00:38 – Oui, et après j'ai fait un CAP agent de sécurité, je l'ai eu,
00:43 et entre deux j'ai fait une erreur qu'il ne fallait pas faire.
00:47 – C'est ça qui a fait que vous étiez sous OQTF ?
00:49 – Oui.
00:50 – Qu'est-ce que vous avez fait comme erreur ? Comme ça on dit tout.
00:52 – J'étais balavé de l'anniversaire de ma tante, là où je vis chez elle,
00:57 j'étais avec des amis, on était alcoolisés,
01:01 du coup ils ont pris, on était à côté de la moto, ils l'ont pris,
01:05 et de là on s'est fait interpeller.
01:08 – Vous avez volé une moto ?
01:09 – On ne l'a pas volé, on s'est fait interpeller à côté de la moto,
01:12 ils nous ont pris pour…
01:13 – C'est un mec, un de vos potes qui a pris une moto,
01:15 qui a volé une moto et vous étiez à côté ?
01:17 – Oui, voilà.
01:18 – Vous étiez dans la bande quoi ?
01:19 – Oui, voilà.
01:20 – Et derrière, OQTF ?
01:21 – Oui, derrière OQTF.
01:22 – Pourquoi ?
01:23 – J'ai eu un jugement, et le tribunal m'a donné une deuxième chance,
01:29 comme je suis en études et que j'ai que des bons résultats,
01:32 que des félicitations, que j'ai des soutiens de tous mes profs,
01:36 et du coup…
01:38 – Et c'est quoi alors votre deuxième chance ?
01:41 – J'ai eu un stage de citoyenneté et une amende à payer,
01:44 le juge l'a décidé.
01:45 – Aujourd'hui pourquoi vous êtes encore sous OQTF ?
01:47 – Je ne sais pas, j'ai eu une peine et là j'ai deux, double peine,
01:50 double peine juste…
01:51 – Et vous Sybora, pourquoi vous êtes sous OQTF ?
01:54 – Moi c'est quand j'ai eu mes 18 ans, j'ai fait la demande comme majeure,
01:59 j'ai eu un récépissé pendant presque un an,
02:03 et là il m'a répondu avec un OQTF, je ne sais pas, tout à fait compliqué.
02:08 – Vous êtes de quelle origine ?
02:09 – Je suis albanaise.
02:10 – D'accord, et vous ?
02:11 – Tunisien.
02:12 – Tunisien, bon.
02:13 Et donc là vous êtes sous OQTF, mais vous êtes avec votre famille ici ?
02:18 – Je suis avec le mari de ma tante qui est français, et ma tante qui est aussi française.
02:23 – D'accord.
02:24 – Et on vit ensemble, on partage les mêmes trucs ensemble,
02:27 lui il est catholique, moi je suis… on partage tout ensemble,
02:30 on habite ensemble, il y a culte de respect.
02:33 – Moi je vais tout vous dire, pourquoi je voulais vous recevoir ce soir,
02:36 et je pense que pour les téléspectateurs c'est important aussi,
02:38 il est 19h52, on est en direct.
02:40 Nous, et je vous dis, on a souvent eu le discours ici,
02:43 on s'est dit pourquoi tous les OQTF…
02:46 – En passant…
02:47 – Et Raymond l'a dit aussi, il en est dit, ne devez pas…
02:51 devez quitter le territoire, s'il avait une obligation de quitter le territoire,
02:54 il fallait qu'il le quitte.
02:55 Et c'est là qu'on avait envie de voir des profils,
02:58 parce que quand on vous voit tous les deux, quand on vous écoute,
03:03 on se dit en fait pourquoi vous êtes sous OQTF, mais pourquoi ?
03:08 Parce que même si là, aujourd'hui, t'es de nationalité tunisienne ?
03:13 – Oui.
03:14 – C'est ça ? Et vous nationalité albanaise ?
03:15 – Oui c'est ça.
03:16 – Mais vous, vous avez commis un délit ou pas ?
03:18 – De quoi ?
03:19 – Vous avez commis un délit ?
03:20 – De…
03:21 – Vous avez commis un délit ?
03:22 – Une infraction, jamais.
03:24 – Jamais ?
03:25 – Non, jamais.
03:26 – Et pourquoi vous êtes sous OQTF ?
03:27 – Je vais vous expliquer.
03:28 – Alors expliquez-nous.
03:30 – Merci, tout d'abord merci de les recevoir,
03:32 parce que c'est important, on parle beaucoup d'OQTF en ce moment dans les médias,
03:36 on parle beaucoup d'immigration, comme est très souvent en lien
03:39 avec tout simplement la délinquance, donc c'est important,
03:42 on y reviendra peut-être plus tard, et c'est important de voir des visages
03:44 et de voir des parcours pour comprendre que parfois,
03:47 les obligations de quitter les territoires français,
03:49 ce n'est pas forcément pour des personnes qui sont dans la délinquance
03:51 ou dans le terrorisme.
03:52 – Parce que, je peux vous dire ce qu'on voit,
03:54 moi ce que j'avais en tête, et ce que j'ai vu ce qu'ils avaient en tête,
03:56 pratiquement tous ici, je pense vraiment, pour nous, vous voyez, les terroristes.
04:00 – Parce que les gars, après, divers, c'était souvent des OQTF.
04:03 – C'était 5000 OQTF dangereux et on disait qu'il fallait mettre 10 policiers
04:06 derrière un OQTF, Fiché F, et nous on avait dit non,
04:09 ces gens-là, on ne va pas mettre 10 policiers derrière un gars.
04:12 Autant qu'ils repartent d'où ils viennent,
04:15 autant que quand on sait la destination d'où ils viennent.
04:17 Quand je vois les deux personnes que j'ai là,
04:19 qui ont fait des études en France, qui ont passé des diplômes en France,
04:21 qui ont eu des brevets en France, ces gens-là, c'est du cas par cas,
04:24 ces gens-là, ils n'ont pas à retourner dans un pays qui est en guerre
04:27 ou qu'ils ont fui ou peu importe, ou qui préfèrent être là plutôt qu'en Tunisie.
04:31 – Après la Tunisie, ce n'est pas un pays en guerre.
04:32 – Non, mais qui préfèrent être là plutôt qu'en Tunisie,
04:33 parce qu'ils pensent qu'il a une meilleure vie ici.
04:35 Moi, mon père, quand il est parti du Maroc pour venir ici,
04:37 c'est pour avoir une meilleure vie ici, c'est pas pour qu'il y ait un réconvénient.
04:39 – C'est différent leur cas.
04:40 – Merci, merci.
04:41 – On va y revenir parce que justement, ce qu'il faut savoir,
04:43 c'est que quand on a un refus de séjour,
04:45 quand on ne rentre pas dans un cas de plein droit,
04:47 donc de délivrance de titre de séjour de plein droit,
04:49 la préfecture peut assortir le refus de séjour
04:52 d'une obligation de quitter le territoire français.
04:54 Elle peut, mais dans la majorité des cas,
04:57 tous les refus de séjour sont assortis d'obligation de quitter le territoire français.
05:00 Il y a très peu de dossiers où finalement,
05:02 on donne ce qu'on appelle les refus simples.
05:04 Et là, dans ces deux dossiers, c'est des dossiers, on va dire,
05:08 plutôt habituels, mais en même temps atypiques,
05:11 parce que ce sont des jeunes qui arrivent après l'âge de 13 ans,
05:14 donc le plein droit, c'est avant 13 ans.
05:17 Alors, tunisien, c'est même avant 10 ans,
05:19 parce que c'est l'accord franco-tunisien qui s'applique.
05:21 Donc ils ne sont pas dans le plein droit.
05:23 Ils sont arrivés à 14 ans tous les deux.
05:25 Donc pour Sybora, elle est arrivée, on va dire, quelques mois trop tard.
05:28 Si elle est arrivée à l'âge de 13 ans,
05:30 elle avait de plein droit un titre de séjour, ce n'est pas le cas.
05:32 Donc elle ne rentre pas dans le plein droit.
05:33 D'ailleurs, on lui délivre un récépissé.
05:35 Donc elle arrive à la préfecture, elle dépose son dossier, récépissé.
05:38 Et on se dit qu'avec les résultats scolaires qu'elle a,
05:40 parce qu'elle a un baccalauréat en France, un brevet,
05:42 elle est en deuxième année de langue étrangère appliquée,
05:44 avec des bonnes notes, que ça va passer,
05:46 qu'on va tenir compte de son ancienneté, de séjour et son parcours scolaire.
05:50 Et non, là, le préfet ne tient pas compte,
05:53 en indiquant que les deux parents sont en situation irrégulière
05:55 et que donc, elle peut retourner dans son pays d'origine
05:58 sans qu'il y ait d'attente à sa vie privée et familiale.
06:00 Et là où, effectivement, c'est un petit peu compliqué,
06:02 c'est que, on va revenir aussi sur le cas de M. Amine,
06:06 c'est que ces personnes-là, au départ, quand elles sont arrivées en France,
06:10 ce n'était pas leur choix.
06:12 Ce sont des mineurs.
06:13 Donc c'est le choix des parents.
06:14 Ça aussi, il faut peut-être en tenir compte.
06:16 Et elles ont, quelque part, déjà une première fois,
06:19 un choix des parents où on décide de les changer totalement de vie.
06:23 Et encore une fois, donc là, elles vont s'intégrer,
06:26 elles vont s'investir.
06:27 Toutes les dons ont que des amis français,
06:28 avec un parcours tout à fait, je dirais, exemplaire.
06:31 On va voir les résultats scolaires de M. Amine.
06:33 Les professeurs ont fait une lettre de soutien en disant
06:36 qu'il est exemplaire.
06:37 Et tout autant, on se retrouve avec des situations
06:40 où légalement, ils peuvent le faire.
06:41 La préfecture peut le faire.
06:42 – La question que je pose à tous nos téléspectateurs à 19h56,
06:44 c'est que vous avez une obligation de quitter le territoire français
06:47 et vous êtes sur notre plateau ce soir.
06:48 Comment ça se fait ?
06:49 – Moi, personnellement, je fais attention.
06:52 Et là, même quand j'irai à mon lycée, et là, je passe mon bac,
06:55 j'ai peur, je stresse même pour aller à mon lycée.
06:58 – C'est-à-dire que là, si vous vous faites contrôler…
07:00 – Bah voilà.
07:01 – Il peut être placé au centre d'urgent-tension pour être éloigné, c'est sûr.
07:04 – Moi, j'ai ma tante ici, c'est comme ma mère,
07:06 elle n'a jamais eu d'enfant.
07:08 Et je ne peux pas… c'est pour ça que je suis venue en France.
07:11 – Je sais, mais, Mohamed, vous n'avez pas peur, là,
07:15 de vous montrer ce soir, en direct ?
07:17 – Bah, non, j'ai peur, oui, mais j'assume.
07:21 Voilà, je n'ai pas le choix.
07:23 – Si vous avez un contrôle, qu'est-ce qui se passe ?
07:26 – Bah, un centre, et après, je vais en Tunisie.
07:29 – D'accord.
07:30 – Et pourquoi vous avez quitté la Tunisie quand vous aviez 14 ans ?
07:32 – Ma tante, elle n'a pas eu d'enfant.
07:34 – D'accord, vos parents sont en Tunisie aujourd'hui ?
07:36 – Voilà, mon père est décédé, j'avais 5 ans quand il était…
07:39 Voilà, et du coup, ma mère, elle ne pouvait pas…
07:42 Et du coup, je suis allé avec ma tante pour qu'elle m'aide
07:46 et pour habiter avec elle, quoi.
07:48 – Bien sûr.
07:49 – Je suis venu légalement ici, je suis venu avec un visa,
07:52 je ne suis pas venu par l'Italie, je suis venu légalement, mais voilà.
07:56 – A préciser, excusez-moi, il y a eu des documents de circulation
07:59 pour étrangers mineurs, c'est-à-dire que toute la minorité…
08:01 – J'étais en règle.
08:03 – Sybora, pourquoi vous, si vous aussi vous êtes contrôlée,
08:06 vous retournez en Albanie ?
08:08 – Oui, c'est la même chose, oui.
08:10 – Mais en plus, vous… alors, je dis tout ce qui se passe sur les réseaux.
08:14 Mohamed, ils disent, bon, c'est vrai que Mohamed,
08:16 il a des notes incroyables, etc.
08:18 Il a l'air, voilà, franchement…
08:20 Mais ils disent qu'il a commis une petite infraction.
08:23 Pour vous, ils ne comprennent pas en fait pourquoi…
08:26 Donc c'est quoi la raison ?
08:28 – Elle n'entre pas dans un cas de délivrance de plein droit,
08:30 donc on peut lui assortir le refus de séjour.
08:33 Donc c'est pour ça que je vous dis…
08:35 – Mais vous voyez comment c'est ?
08:36 Moi, je vais prendre deux minutes, je vais quand même prendre…
08:40 Bon, la défense du ministre de l'Intérieur.
08:43 Vous vous rendez compte, ce qu'il faudrait en fait,
08:45 c'est vraiment au cas par cas, vous vous rendez compte
08:47 ce qu'il faudrait faire ?
08:48 Il faudrait qu'il y ait des personnes qui soient
08:52 donc nommées par le ministre de l'Intérieur,
08:56 par le ministère de l'Intérieur,
08:57 pour qu'ils fassent des entretiens avec chacun des OQTF,
09:01 des enquêtes, et qu'ils les revoient peut-être tous les six mois
09:04 pour voir comment ils évoluent, ou tous les trois mois.
09:06 Vous vous rendez compte ?
09:07 C'est énormément de moyens en fait, c'est ça l'histoire.
09:11 Parce que nous, là, ce qu'on a fait, voilà,
09:13 je suis sûr que n'importe quelle personne censée
09:17 qui fait un entretien avec Mohamed ou avec Sibora,
09:20 ils se disent, bon, quand on parle avec eux,
09:24 ils n'ont pas l'air d'être un danger pour la France.
09:26 Ils ont l'air parfaitement ségrés, ils veulent travailler,
09:29 ils ont des notes excellentes, voilà.
09:31 Donc l'histoire, c'est vraiment…
09:34 Alors, le problème c'est que dans une loi,
09:38 c'est… on essaie de généraliser.
09:42 Donc forcément, ce n'est pas au cas par cas.
09:44 Et c'est vrai qu'il y a certains cas,
09:46 avec certaines lois et certaines décisions
09:50 qui doivent être prises au cas par cas.
09:51 C'est fou, on en a parlé la dernière fois sur une autre décision,
09:53 je ne sais plus quoi, on disait c'est au cas par cas.
09:55 Mais là, vraiment, c'est très compliqué.
09:58 Qui, j'aimerais, voilà, qui pense ici que Mohamed ou Sibora
10:04 doivent quitter le territoire et doivent honorer l'OQTF ?
10:08 Dites la vérité.
10:09 Qui ? On voit qu'on n'est pas dans…
10:11 Non, parce qu'ils sont en train de passer des diplômes d'État.
10:13 Non, mais dites-le.
10:15 Non, mais est-ce qu'il y en a ou pas ?
10:17 Parce que c'est comme un…
10:18 Moi, je vous dis, quand je les vois…
10:20 Je les supprime.
10:21 Oui, mais il y a des règles.
10:22 Ah oui, pour vous, il y a des règles ?
10:23 Il y a des règles, il y a des lois.
10:24 À partir du moment où ils ne rentrent pas dans le cadre de la loi,
10:26 qu'est-ce qu'on peut faire ?
10:27 Mais justement, est-ce que la loi…
10:28 Quand je dis qu'on est sur la loi, la loi, la loi,
10:29 tu m'avais dit pourquoi tu es sur la loi.
10:30 C'est vrai, elle a raison.
10:31 Quand on dit qu'on est sur la loi, la loi, la loi…
10:32 Tu as été dans ton sens.
10:33 Là, vous vous cachez derrière la loi.
10:34 La loi, la loi, là, c'est mon avenir qui est en jeu.
10:39 Là, c'est…
10:40 Moi, je ne peux pas, avec mon diplôme français,
10:43 je ne peux rien faire en Tunisie.
10:44 Ils veulent me ramener en Tunisie.
10:45 Pour quoi faire ?
10:46 Je vais faire quoi ?
10:47 Parce que moi, à la fin de l'année, en fait…
10:48 Non, mais si vous venez d'un pays en guerre, de Syrie,
10:51 ou d'un autre pays comme ça en guerre,
10:53 là où il est arrivé légalement,
10:54 votre vie soit en danger.
10:55 Nous, on va en vacances en Tunisie.
10:56 Donc, j'ai eu mal à comprendre que vous soyez…
10:58 que ce soit difficile pour une vie meilleur.
11:00 Mais là, mon avenir est en France.
11:03 Chut ! Oh, oh !
11:04 Bien sûr.
11:05 Je sais.
11:06 Mon avenir est en France.
11:07 Un jour, je veux faire ma vie en France.
11:10 Je veux fournir une famille en France.
11:13 Je veux faire tout en France.
11:14 Et pourquoi je n'aurai pas cette chance-là ?
11:17 Mohamed, ce serait un drame.
11:18 Excusez-moi, appréciez qu'elle ait été élevée par sa tante française.
11:21 C'est ça, ce qu'il nous a dit.
11:22 Mohamed, ce serait un drame pour vous de retourner en Tunisie ?
11:24 Bien sûr.
11:25 Mais bien sûr, ça, c'est la pire peine que…
11:28 Vous feriez quoi ? Vous feriez quoi ?
11:30 Comment ?
11:31 Vous feriez quoi ? Vous avez qui, là-bas ?
11:32 En Tunisie, j'ai ma mère et ma sœur.
11:34 D'accord.
11:35 Mais vous feriez quoi si vous… ?
11:37 Je ne sais pas comment je vais finir.
11:39 Je ne sais pas.
11:40 Même mes amis d'enfance, ça y est, je ne me rappelle plus de personne.
11:43 Jean-Michel.
11:44 Oui, non, je ne sais pas.
11:45 Évidemment, c'est des cas par cas.
11:47 Mais moi, je ne sais pas.
11:48 À partir du moment où vous n'êtes pas français,
11:50 vous n'avez pas de titre de séjour,
11:52 à un moment, il faut…
11:53 Oui, mais j'étais jeune.
11:55 C'est la France qui m'a élevé.
11:57 À 14 ans, je suis venu à…
11:58 Oui, mais moi, si j'étais en Tunisie, là, qu'on me dise
12:00 "Vous n'êtes pas Tunisien, vous n'avez pas de papier,
12:02 il faut repartir en France",
12:04 je crois que je dirais "Je vais repartir en France, c'est pas un drame".
12:06 Mais à quel point, s'il vous plaît, dans la Tunisie ?
12:07 Vous aimez votre pays, j'imagine, la Tunisie, vous l'aimez.
12:09 Mais j'aime la France.
12:10 Oui, mais vous aimez la Tunisie aussi.
12:12 Je partage les mêmes valeurs que les mêmes de la République.
12:15 Et voilà, on vit dans le même pays.
12:18 Non, non, mais…
12:19 Je me sens plus français que Tunisien aujourd'hui.
12:21 Vous sentez plus français ou Tunisien ?
12:23 Je suis plus français que Tunisien.
12:25 Et ça se voit.
12:26 Même quand je ne parle pas français, ça me manque.
12:28 Moi, c'est beau, un mec qui dit ça.
12:30 Je suis désolé.
12:31 Il y en a qui crachent sur la France.
12:33 Il y a des mecs…
12:34 Ils sont français, ils ont des papiers.
12:35 Moi, mon avenir, je ne le vois pas ailleurs.
12:37 Je ne le vois pas ailleurs apparaisser.
12:39 Là, j'ai 19 ans, je vois mon avenir partir en…
12:43 Voilà, j'aimerais bien…
12:45 Daniel, je crois qu'il est dans le même avis que Jean-Michel.
12:48 Un petit peu.
12:49 Alors, le truc, c'est ça.
12:50 Quand on connaît les gens, évidemment qu'on a envie de vous aider,
12:53 on a envie que vous restiez.
12:54 Mais il y a quelque chose aussi quand même qui est un peu inaudible,
12:57 c'est que vous avez une maman et une sœur dans votre pays,
13:00 qui n'est pas en guerre.
13:02 Alors, bien sûr, maintenant, je comprends que vous soyez habitués
13:04 et que vous soyez bien ici.
13:05 Mais comprenez que c'est un petit peu inaudible
13:07 avec tous les problèmes que pose l'immigration.
13:11 C'est inaudible.
13:12 Mais maintenant, vous êtes en face de moi,
13:13 évidemment que j'ai envie de vous rester.
13:15 Mais alors, il y a des gens qui l'aiment.
13:16 Il y a des gens qui l'aiment sur Twitter.
13:17 Il y a des gens qui disent sur Twitter,
13:19 si on laisse passer pour Mohamed, c'est la porte ouverte.
13:22 Et après, derrière, voilà.
13:24 Non, mais c'est ce qu'ils disent.
13:26 Voilà, donc, à un moment, c'est ça le truc,
13:28 c'est qu'on manque de moyens, même à ce niveau-là.
13:31 Je suis désolé, on manque de moyens,
13:32 parce qu'il faudrait, je vous dis, faire des entretiens.
13:34 – Comme vous disiez, il faudrait des entretiens, des antinérites.
13:37 – Si vous retournez en Albanie, ça sera un drame pour vous ?
13:39 – Oui, bien sûr.
13:40 – Vous avez qui en Albanie ?
13:41 – Ma famille, elles sont toutes là.
13:44 – Elles sont toutes là ?
13:45 – Toutes en France, toute la famille.
13:46 – D'accord.
13:47 Et aujourd'hui, est-ce que vous vivez la peur au ventre ?
13:49 De vous dire, je vais retourner dans mon pays ?
13:52 – Oui, bien sûr, parce que là, comme tous mes amis sont ici,
13:55 même quand je parle avec des gens, ils me disent…
13:58 Quand je leur dis que je ne suis pas française,
14:00 ils me disent, ah ben, ça ne se voit même pas
14:02 que tu n'es pas française, tu n'as pas l'accent et tout.
14:05 Là, j'ai tout mon avenir.
14:08 Je vais…
14:10 Pardon.
14:12 Je vais… Là, je vais…
14:15 Je vais stresser.
14:17 Là, je vais avoir mon diplôme, j'espère, bientôt.
14:20 Puis, je vais faire un master en formation des enseignants.
14:24 Puis, pour enseigner…
14:27 – Vous aimez plus la France ou l'Albanie ?
14:28 – La France, bien sûr.
14:30 En Albanie, je n'ai pas…
14:31 – Vous n'avez pas d'attache là-bas ?
14:32 – Je n'ai pas de souvenirs, je n'ai pas trop de…
14:34 – Même à Tirana ? Jean Tirana ?
14:37 – Je ne connais pas trop…
14:39 – Pour vous, c'est la capitale.
14:41 Un peu de culture ne vous fera pas de mal, Gilles Verdin.
14:44 Merci, Gilles.
14:45 – C'est un beau pays, bien sûr.
14:46 – Non, mais, juste, Mohamed et Sybora,
14:49 juste, là, aujourd'hui, qu'est-ce qui peut vous arriver ?
14:53 Qu'est-ce que vous risquez si vous ne respectez pas
14:55 cette obligation de quitter le territoire ?
14:56 C'est ce qu'on veut savoir, maître.
14:58 – Alors, comme on l'a dit tout à l'heure,
15:00 je voudrais juste rebondir sur le fait de dire
15:02 qu'on ne peut pas les accueillir parce que sinon,
15:04 on va ouvrir des portes.
15:05 Moi, je tiens quand même à préciser, c'est le MEDEF,
15:07 c'est le patronat qui le dit, on a besoin de travailleurs étrangers.
15:10 Actuellement, il y a une crise de main-d'œuvre en France
15:13 qui est énorme.
15:14 On le sait que dans les années à venir,
15:16 je crois que c'est évalué à plusieurs millions d'étrangers
15:18 qu'on va devoir solliciter pour travailler.
15:21 Et là, vous avez des personnes qui sont…
15:22 – Dans certains domaines.
15:23 – Oui, dans certains domaines, mais dans…
15:25 – En langue de la papier, par exemple.
15:26 – Ben, si, puisqu'on manque de professeurs.
15:28 – Oui.
15:29 – On manque de médecins.
15:30 – Exactement.
15:31 – On manque, en fait, dans tous les domaines.
15:32 Je crois qu'il y a 7 métiers sur 10, quasiment, qui sont en tension.
15:34 Donc, on manque dans tous les domaines.
15:36 Et dans le domaine aussi de Mohamed Amin,
15:38 qui est dans le baccalauréat de comptabilité,
15:40 dans le domaine de Sibora, qui est en langue,
15:42 donc, qui peut être professeur d'anglais.
15:43 Donc, on manque dans ce domaine-là.
15:45 Et vous avez des personnes qui sont arrivées à l'âge de 14 ans,
15:47 qui ont été formées en France, qui vont avoir des diplômes français.
15:50 Et on va aller chercher des personnes à l'étranger.
15:53 Donc, non, ce n'est pas ouvrir, en fait, une vague d'immigration,
15:57 puisqu'on va en avoir besoin, qu'on le veuille ou pas.
15:59 – Voilà.
16:00 – L'immigration, ce n'est pas uniquement la délinquance.
16:02 Je pense qu'il faut arrêter d'avoir cette image-là.
16:05 L'immigration, c'est aussi le travail.
16:07 Et ça, malheureusement, c'est la nécessité,
16:09 parce que l'économie française, elle ne va pas tenir.
16:11 Donc là, vous avez des personnes qui sont sur le territoire français,
16:13 et qui peuvent être régularisées, en fonction, effectivement, du cas par cas.
16:17 – On expulse plus personne, du coup.
16:20 Parce que ceux qui ont fait des conneries, ils sont taux.
16:22 Et ceux qui n'ont pas fait de conneries, ils sont…
16:24 – Bien sûr que si.
16:25 Les personnes qui sont sortant de maison d'arrêt,
16:27 se voient systématiquement, en tout cas dans la préfecture des Alpes-Maritimes,
16:30 notifiées de ZQF et déplacement en rétention.
16:32 C'est la priorité.
16:33 – Oui, mais ils sont très rarement envoyés.
16:35 – Mais ce ne sont pas des personnes comme Sibora et comme…
16:37 – Jean-Michel, juste, vous ne seriez pas peiné,
16:39 si vous voyiez Mohamed et Sibora retourner dans leur pays ?
16:42 – Bien sûr, oui, mais là, j'essaie de ne pas prendre un cas particulier avec Mohamed,
16:46 qui a l'air, évidemment, super sympa.
16:48 Mais je ne sais pas, je trouve qu'il y a aussi une certaine grandeur
16:50 de venir faire des études en France, et après, de participer à la reconstruction,
16:53 à la construction de son pays, bardé de diplômes qu'on a eus en France,
16:57 et de participer à l'épanouissement de son pays de cœur, de son pays d'origine.
17:02 Il n'y a rien de honteux là-dedans, il n'y a pas de…
17:04 On, je trouve, a envoyé les gens chez eux quand c'est chez eux,
17:07 et leur vie n'est pas menacée, et que, ça se trouve, au bout de deux ans,
17:11 en retournant en Tunisie, vous diriez,
17:13 "Ils ont eu raison de m'envoyer, je suis très bien en Tunisie".
17:15 – Non, non.
17:16 – Non, vous êtes sûr ?
17:17 – Non, mais c'est vrai que si on a un très bon comptable en France,
17:19 on peut être un excellent comptable en Tunisie, c'est le même métier.
17:22 – Alors, là, l'autre nuance aussi, c'est de faire un équilibre,
17:27 une proportionnalité entre l'atteinte à la vie privée,
17:30 et aussi la nécessité de contrôler l'immigration.
17:33 Est-ce que dans ce cas précis, parce qu'il faut faire cet équilibre,
17:36 bien évidemment qu'on ne peut pas régulariser tout le monde,
17:38 et d'ailleurs, la plupart des personnes qui interviennent en droit d'estranger,
17:41 ça n'est pas du tout leur discours, on doit contrôler l'immigration.
17:44 Mais là, on est justement dans l'immigration choisie,
17:47 qu'on n'arrête pas de mettre en lumière, de dire "on doit choisir l'immigration".
17:51 On est dans l'immigration choisie, on est dans les personnes diplômées,
17:54 dans les personnes qui, en plus, ont des diplômes en France.
17:57 Donc oui, contrôlons l'immigration avec des personnes diplômées.
17:59 – Je demande aux téléspectateurs de réagir.
18:01 La loi immigration est-elle trop dure ?
18:03 Après, ce que vous avez entendu là, ce soir,
18:05 et peut-être que vous allez être du même avis que Jean-Michel.
18:08 – Et vous dites quoi, Maître, par rapport aux téléspectateurs,
18:10 et par rapport à nous tous, parce que souvent, ici,
18:12 on commente les OQTF le fait qu'il y a 12 recours,
18:14 c'est-à-dire que quand on a une obligation d'utiliser le territoire,
18:16 à l'époque, il y avait 12 recours, c'est-à-dire que 12 fois,
18:19 on pouvait à nouveau redemander, faire appel de cette décision.
18:22 Je crois que Darmanin voulait réduire ça à 4.
18:25 – Monsieur Darmanin, le ministre de l'Intérieur.
18:28 – En réalité, ce n'est pas 12 recours pour la personne,
18:31 c'est 12 recours, en fait, c'est diversité de recours en fonction de la situation.
18:35 Si on est sur une OQTF, son délai, on a un recours qu'on appelle 48 heures,
18:40 donc le tribunal doit statuer dans un certain délai.
18:43 Si on a une OQTF avec un délai de 30 jours, c'est un autre recours,
18:46 donc c'est là où il parle des 12 recours.
18:48 – Vous comprenez que les Français, ça, ils n'entendent pas,
18:50 parce qu'on a l'impression que c'est un truc à rallonge,
18:52 finalement, on n'en veut plus, ça, on veut faire son rêve.
18:54 – Non, là, c'est faux, parce que quand monsieur Darmanin dit que
18:57 lorsqu'on fait appel, ça met échec l'OQTF, la peine n'est pas suspensif.
19:00 Donc ce n'est pas vrai, c'est faux.
19:02 Il y a un seul recours qui est suspensif, c'est le recours au tribunal administratif.
19:05 Donc c'est un recours qui est suspensif, et ensuite,
19:07 il y a un recours à la Cour d'appel et au Conseil d'État.
19:09 C'est très rare qu'on aille au Conseil d'État.
19:11 Ce ne sont pas des recours suspensifs.
19:13 Donc on peut mettre à l'exécution l'obligation de quitter le territoire français.
19:16 – Alors, justement, on va voir ce qu'ont pensait les téléspectateurs.
19:19 Tiens, il est 20h09, on va voir.
19:21 Voilà, non mais les mecs, doit-on expulser ?
19:24 Ah oui, allez-y, doit-on expulser ?
19:26 Mettez le premier sondage, est-elle trop dure ?
19:29 Non, à 83%, et doit-on expulser les personnes sous OQTF ?
19:32 Oui, à 90%, même après le témoignage de Mohamed et de Sibora.
19:37 Donc c'est vrai que le ministre de l'Intérieur, lui, il se dit,
19:40 il ne peut pas faire au cas par cas, donc il fait…
19:43 – Il laisse la chance à personne.
19:45 – Aujourd'hui, Mohamed et Sibora, ça va être quoi, votre avenir ?
19:49 – Moi, je vais me combattre, je vais essayer de…
19:53 je vais continuer ma poursuite d'études.
19:56 – Oui.
19:57 – Et…
19:58 – Quelle est la bonne issue pour vous ?
20:00 Comment pourriez-vous arriver à rester en France ?
20:03 – Ben…
20:04 – Vous êtes français ?
20:05 – Non, non, non, pas forcément, non, non.
20:07 J'ai une copine et je pourrais le faire, mais non,
20:11 je veux être en règle avec mes études.
20:15 J'aimerais pas un jour qu'une femme, elle vient me voir pour me dire…
20:20 – Bien sûr.
20:21 – Non, non, je ne suis pas comme ça, je n'ai jamais pensé à ça,
20:24 je ne le ferai jamais.
20:25 Si j'aurais une femme, soit je l'aime, soit non.
20:28 – Bien sûr.
20:29 – Et vous, Sylvora ?
20:30 – Moi aussi, je ferai tout pour que je reste là,
20:33 comme j'ai dit tout à l'heure, l'Albanie, c'est pas que…
20:37 pour moi, c'est comme si j'ai grandi ici pendant toute ma vie.
20:41 – D'accord.
20:42 – Je vois pas trop l'Albanie comme…
20:45 – Merci, Maître, d'avoir été avec nous.
20:47 Mohamed, vous voulez dire un dernier mot ?
20:48 – Ben, c'est bon, c'est tout.
20:49 Je vous remercie de nous inviter et de nous donner la chance de parler.
20:53 – C'est important parce que je vous le dis,
20:54 ici, on donne la parole à tout le monde une fois de plus,
20:56 on le montre, parce que…
20:58 et on voulait absolument vous entendre parce que même moi,
21:01 j'étais curieux parce que j'avais aussi, comme tous les Français,
21:04 des reçus et on se dit, à un moment, le gouvernement,
21:08 on lui, parfois, on lui reproche trop de laxisme
21:12 et c'est vrai qu'aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur
21:16 a été très ferme là-dessus et c'est vrai que quand on vous voit,
21:19 forcément, on est peiné.
21:21 Voilà, merci en tout cas.
21:22 [Musique]