Le parti populiste de droite, Alternativ Für Deutschland (AfD), en pleine ascension électorale, vient de subir une défaite ce dimanche, en Thuringe, une région où ce parti est pourtant devenu très puissant.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00 - En toute subjectivité ce matin avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique, Dominique Reynier, bonjour !
00:06 - Bonjour Nicolas Demorand !
00:07 - Après l'Italie, Dominique, vous nous emmenez, vous, en Allemagne !
00:11 - En Thuringe exactement, Nicolas.
00:13 Le parti populiste de droite Alternative für Deutschland, AFD, en pleine ascension électorale, vient de subir une défaite ce dimanche,
00:20 dans une région pourtant très acquise à ce parti où il est très puissant.
00:25 Et contre toute attente, l'un de ses candidats, arrivé en tête lors du premier tour, a été battu par le candidat de la droite conservatrice, la CDU.
00:33 On a fait l'hypothèse que cette déconvenue était due à la radicalisation du parti sur les questions migratoires,
00:39 notamment à un plan de remigration massive des Allemands d'origine étrangère,
00:43 qui n'a pas été publié par le parti mais révélé par la presse.
00:46 L'information a provoqué d'importantes manifestations contre l'AFD à travers tout le pays entre les deux tours.
00:52 Mais la raison pourrait être aussi dans le fait qu'Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire AFD,
00:58 a radicalisé son discours anti-européen, préconisant le retour aux marques
01:02 et même un référendum sur l'appartenance de l'Allemagne à l'Union Européenne, le DEXIT.
01:07 Elle l'a indiqué au Financial Times dans un entretien du 22 janvier, donc publié entre les deux tours du scrutin.
01:13 Or, 10% seulement des Allemands disent vouloir quitter l'Union Européenne,
01:18 et même 55% des électeurs de l'AFD souhaitent en rester membre.
01:21 Et ce soutien à l'euro est-il une spécificité allemande ?
01:25 Non, Nicolas, selon le dernier eurobaromètre, 69% des personnes interrogées dans la zone euro
01:32 en moyenne instiment que l'euro est une bonne chose pour leur pays.
01:35 Dans les 7 pays de la zone euro où la droite populiste est particulièrement forte,
01:39 Allemagne, Belgique, Italie, France, Pays-Bas, Autriche et Finlande,
01:43 le soutien à l'euro est en moyenne de 71%.
01:47 Donc en Europe, les populistes sont forcés de se rallier à l'euro
01:50 s'ils veulent remporter les élections nationales,
01:52 comme ils l'ont fait en Italie, en Finlande et en Autriche.
01:55 Pour les populistes, contester l'euro, c'est se heurter à un obstacle qui paraît infranchissable.
02:00 Ce fut le cas en France en 2012 et en 2017 avec Marine Le Pen,
02:04 c'est peut-être ce qui vient de se passer en Allemagne.
02:06 Alors finalement, Dominique, quelle leçon tirer de cette élection allemande ?
02:09 Alors Nicolas, je vous avoue que je suis partagé sur l'interprétation du résultat.
02:12 D'un côté, on voit que les Allemands tiennent à l'euro,
02:15 donc en matière économique, au moins, les populistes sont obligés d'être moins populistes,
02:19 puisque accepter l'euro implique de se soumettre au fédéralisme budgétaire qu'ils ont toujours conspué.
02:25 Mais de notre côté, cela ne les dissuade pas vraiment de maintenir une ligne dure en matière d'immigration.
02:30 Ce dimanche, l'élection allemande a montré que l'idée d'organiser l'expulsion massive
02:35 des Allemands d'origine étrangère et un projet de sortie de l'Union
02:39 n'empêche pas l'AFD de recueillir près de 48% des suffrages exprimés.