La semaine dernière, Dominique Reynié concluait que Marine Le Pen n'avait pas intérêt à voter la motion de censure… sauf à ruiner ses efforts de présidentialisation.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00Merci d'avoir regardé cette vidéo !
00:307h20 en toute subjectivité avec Dominique Rény, directeur de la Fondation pour l'innovation politique.
00:43La semaine dernière, Dominique, vous nous disiez que Marine Le Pen n'avait pas intérêt à voter la motion de censure.
00:49Sauf à ruiner ses efforts de présidentialisation, Nicolas. Marine Le Pen a pris le risque de renverser le gouvernement.
00:57De plus, elle a fait savoir qu'elle ne s'interdisait pas de recommencer.
01:00L'Assemblée nationale est donc aux mains d'une coalition populiste associant LFI, le RN et leurs alliés,
01:06capables de faire échouer tous les gouvernements, incapables d'en former aucun.
01:11Si 65 députés socialistes n'avaient pas voté la censure, le gouvernement Barnier ne serait pas tombé.
01:17On souligne le rôle du PS lorsque l'on estime qu'au cœur de nos grandes difficultés,
01:22il serait davantage à sa place dans un gouvernement utile que dans une coalition protestataire.
01:27Éviter la crise de régime et ses conséquences financières implique de détacher le PS du Nouveau Front Populaire, le NFP,
01:34et de le rattacher au Bloc central associant le parti macroniste, ses alliés et les LR.
01:40Les dernières déclarations d'Olivier Faure ne s'y opposent pas.
01:43Il dit être prêt à un pacte de non-censure avec le Bloc central et je cite à des compromis sur tous les sujets,
01:50y compris avec la droite, même si dans ce cas, il demande en contrepartie qu'un Premier ministre de gauche soit choisi.
01:56L'Assemblée nationale aura donc une majorité constructive ?
02:00C'est encore loin d'être fait Nicolas.
02:02Grâce à la dissolution, le RN a obtenu un nombre record de députés, 140 avec ses alliés.
02:08Face à une telle force, même si le PS rejoignait le Bloc central,
02:12il suffirait que parmi les 23 députés du groupe Lyot, les 66 socialistes et les 9 non-inscrits,
02:18on en trouve 22 pour voter malgré tout la censure et là on verrait tomber le prochain gouvernement.
02:24Pour le PS, ce ne sera pas aisé d'imposer à tous ses députés le respect du pacte de non-censure.
02:31Ce pacte implique de tourner le dos au NFP, auquel bien des députés de gauche doivent leur élection.
02:36Plus d'un ne voudront pas risquer en représailles la concurrence d'une candidature NFP
02:41lors de législatives que déclenchera une nouvelle dissolution l'été prochain.
02:45Pour le PS, la difficulté tiendra aussi à la ligne politique qu'il devrait assumer par ce pacte de non-censure.
02:51En effet, compte tenu de nos finances publiques, la politique du gouvernement sera nécessairement placée
02:56sous le signe de ce que l'on dénoncera comme l'austérité,
02:59assimilée à une politique de droite par une bonne partie des électeurs de gauche.
03:03Pourtant, l'échec d'un pacte de non-censure rendra aussitôt toute sa puissance négative à la coalition populiste.
03:11Finalement, le PS a le pouvoir de conjurer la crise de régime.
03:16S'il en avait la volonté et la force, il retrouverait sa vocation de parti de gouvernement
03:21et le rôle historique qu'il a su jouer dans le passé.