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Alors que la situation financière est préoccupante, nous abordons le vote du budget dans un contexte politique d’une extrême fragilité, les dernières élections législatives n’ayant pas permis la formation d’une majorité parlementaire.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00Il est 7h21, en toute subjectivité, Dominique Régnier, vous nous dites ce matin que le
00:05concept même d'élection est en crise.
00:08Oui Nicolas, et d'ailleurs je songe en vous écoutant à l'instant au lien avec la situation
00:13américaine.
00:14Alors que la situation financière est préoccupante en France, chez nous, nous abordons le vote
00:19du budget dans un contexte politique d'une extrême fragilité, les dernières élections
00:24législatives n'ayant pas permis la formation d'une majorité parlementaire.
00:28Il faut craindre que les Français finissent par penser que les grands scrutins ne permettent
00:32plus de régler les problèmes.
00:34Cette opinion se profile déjà dans les multiples alternances qui se sont succédées depuis
00:39plus de 40 ans et qui ressemblent à autant de sanctions électorales cherchant vainement
00:44à trouver une force de substitution.
00:46Comme si, aux yeux des électeurs, les élections n'offraient plus que la possibilité de reconduire
00:51sans cesse ceux qui ont déjà été battus ou ont échoué, sauf à prendre le risque
00:57de la rupture, du saut dans le vide, comme lors des scrutins présidentiels de 2002,
01:022017 et 2022.
01:04Depuis 20 ans, une forme de sécession électorale en découle en réponse.
01:09Scrutin après scrutin, abstention, vote blanc et vote anti-système représentent désormais
01:15une part dominante du comportement des électeurs inscrits, c'est plus de 60% lors du premier
01:21tour de l'élection présidentielle en 2017 et en 2022.
01:26Aujourd'hui, même les élections législatives semblent ne plus remplir leur rôle.
01:31En 2022, elle n'avait permis qu'une majorité relative, finalement jugée ingouvernable,
01:36conduisant à la dissolution.
01:38Et depuis, il n'y a plus aucune majorité, même relative.
01:41Alors vers quoi, selon vous, Dominique, se dirige-t-on ?
01:44Eh bien Nicolas, on sait qu'il n'est plus possible de faire adopter le budget sans recourir
01:49à l'article 49.3.
01:50Le budget sera peut-être voté ainsi, puisque seule une motion de censure peut en empêcher
01:55l'adoption.
01:56Et pour cela, il faudrait que les députés du NFP et du RN fassent bloc ensemble, ce
02:02qui supposerait de rompre avec le Front républicain.
02:04Mais le gouvernement devrait alors démissionner, et dans ce cas, il n'y aurait toujours pas
02:09de majorité.
02:10Et sans possibilité de dissoudre.
02:12Nous serions alors sans alternative pendant de très longs mois chaotiques.
02:16Au terme de cette période, la dissolution redeviendra possible, nous le savons, mais
02:21on ne voit pas quelles conditions les Français pourraient donner une majorité stable et
02:25solide alors que nous entrerons dans la campagne pour les élections municipales, c'est-à-dire
02:29la pré-campagne de l'élection présidentielle d'avril 2027.
02:34Si un tel scepticisme devait se propager chez nos concitoyens, il faudrait bien sûr craindre
02:39une abstention massive, mêlée au vote protestataire, dans un mélange à la composition et aux conséquences
02:46imprévisibles.
02:47Mais il faudrait surtout redouter les progrès d'une idée funeste, celle selon laquelle
02:52l'élection serait désormais davantage un problème qu'une solution.

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