Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.
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00:00:00 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes, bienvenue dans Punchline ce soir sur CNews.
00:00:04 Les points de blocage organisés par les agriculteurs se multiplient.
00:00:07 Depuis hier, ils ont pratiquement doublé sur l'ensemble du territoire.
00:00:09 Partout la même colère et les mêmes revendications.
00:00:12 On sera sur place à leur côté, aux Herbiers, en Vendée, à Beauvais, dans l'Oise, sur l'autoroute A64, à Carbone.
00:00:19 Et puis à Bruxelles aussi, où les syndicats rencontraient les députés européens.
00:00:23 Car tout se joue en grande partie à la Commission européenne où se négocie le pacte vert que souhaite tant le président Macron.
00:00:29 C'est ce que l'on verra.
00:00:31 Comprenez-vous cette colère des agriculteurs ? Soutenez-vous leur mouvement ?
00:00:35 On vous a posé la question sur cnews.fr.
00:00:38 Réponse claire, nette, limpide.
00:00:40 Oui à 95%.
00:00:42 On va parler ce soir d'agriculture mais aussi de culture.
00:00:45 Car nos paysans sont l'un des piliers de notre civilisation française.
00:00:49 On va en débattre ce soir avec mes invités.
00:00:51 Mais d'abord, il est pile 17h, l'heure du rappel des titres de l'actualité avec Simon Guillain.
00:00:55 Simon.
00:00:56 Les combats sont très intenses aujourd'hui à Khan Younes, notamment à proximité des hôpitaux.
00:01:03 Cette ville du sud de la bande de Gaza est devenue l'épicentre des combats entre l'armée israélienne et les terroristes du Hamas.
00:01:10 Dans le même temps, des pourparlers sérieux sont en cours en vue d'une nouvelle trêve qui permettrait une libération des otages.
00:01:17 L'Italie adopte un accord avec l'Albanie pour le transfert de migrants sur le territoire albanais.
00:01:22 Un premier centre servira à l'enregistrement des demandeurs d'asile.
00:01:26 Et un autre qui sera situé dans la même région où les migrants seront logés dans la tente.
00:01:29 Justement d'une réponse, le gouvernement de Giorgia Meloni avait promis de réduire le nombre d'arrivées de migrants.
00:01:36 Et puis en France, l'enseigne Casino va céder l'essentiel de ses supermarchés à ses concurrents.
00:01:41 En grande difficulté financière, le groupe annonce la cession de 288 magasins à Auchan ainsi qu'à Intermarché.
00:01:48 Casino pourrait ensuite céder une trentaine de magasins à Carrefour, Charlotte.
00:01:52 Merci mon cher Simon pour ce rappel des titres de l'actualité.
00:01:55 On vous retrouve tout à l'heure à 17h30.
00:01:56 Sont avec moi en plateau Karim Zérébi.
00:01:57 Bonsoir Karim.
00:01:58 Bonsoir Laurence.
00:01:59 Ancien député européen.
00:02:01 Nous sommes avec Ludo Regnell, chef du service politique européen.
00:02:03 Bonsoir Louis.
00:02:04 Avec un agriculteur dans l'Aisne, Paul Moujneau.
00:02:06 Bonsoir à vous.
00:02:07 Bonsoir.
00:02:07 Vous êtes porte-parole de la coordination rurale.
00:02:10 On va entendre évidemment ce que vous nous direz de la situation présente.
00:02:13 Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de JDD.
00:02:15 Bonsoir Geoffroy.
00:02:15 Bonsoir Laurence.
00:02:16 Et François Buponi, ancien député.
00:02:18 Bonsoir.
00:02:18 Bonsoir François.
00:02:19 On va parler évidemment beaucoup des agriculteurs.
00:02:21 On voit la réponse à notre question sur cnews.fr.
00:02:24 95% de soutien de la population française.
00:02:27 Évidemment ça vous fait chaud au cœur, mais ça ne change pas les fins de mois.
00:02:30 Évidemment.
00:02:30 On va tout de suite écouter un témoignage d'un agriculteur.
00:02:34 Christian Convert, il est secrétaire général de la coordination rurale.
00:02:36 C'est un de vos collègues.
00:02:38 Et évidemment, il fait part de sa colère.
00:02:40 Écoutez-le.
00:02:42 De toute façon, on ne peut plus.
00:02:43 Là, je vais vous dire, si vous êtes élu demain matin,
00:02:45 vous le savez très bien, vous avez compris qu'on ne pouvait plus.
00:02:47 Les circonstances économiques font que si on n'a pas une refondation
00:02:50 de cette politique agricole, eh bien de toute façon on disparaîtra.
00:02:54 C'est inéluctable.
00:02:56 Est-ce que la France, est-ce que l'Europe veulent déléguer son alimentation
00:02:59 aux autres pays ?
00:03:00 C'est l'heure de vérité.
00:03:00 L'heure de vérité, elle est maintenant.
00:03:02 Elle est arrivée presque plus vite qu'on avait prévu.
00:03:05 Elle est là avant les élections européennes.
00:03:07 Donc le contexte prête à ce que l'ensemble des candidats
00:03:11 puissent s'exprimer clairement.
00:03:13 Mais par contre, ce qu'ils vont en dire, on fera en sorte que ça soit suivi.
00:03:18 Parce que de toute façon, on ne sera plus là sinon.
00:03:20 Voilà pour la coordination rurale.
00:03:21 C'est l'heure de vérité.
00:03:22 Il s'adressait en partie à Marion Maréchal qui était présente à Bruxelles aujourd'hui.
00:03:27 On va rejoindre sur place notre envoyée spéciale, Olivier Madinier,
00:03:30 qui se trouve dans la région lyonnaise.
00:03:32 Olivier, vous êtes avec le président de la FDF, du Rhône,
00:03:36 Pascal Gouttenoir.
00:03:37 Bonsoir, monsieur Gouttenoir.
00:03:39 Qu'est-ce qui se passe autour de vous ?
00:03:40 Où en est la mobilisation ?
00:03:41 Et que comptez-vous faire pour les prochains jours ?
00:03:43 Bonsoir.
00:03:47 Donc, nous sommes en train de prendre possession du blocage,
00:03:50 comme nous l'avions annoncé à Limonnet sur la 6.
00:03:55 Nous sommes déterminés à rester sur place jusqu'à au moins 10 heures demain,
00:03:59 où nous referons un bilan de la motivation des troupes.
00:04:03 Et puis, à l'écoute, bien évidemment, des éventuelles annonces
00:04:09 ou au moins esquisses d'annonces du gouvernement.
00:04:12 Vous pensez qu'il va y avoir des annonces du gouvernement
00:04:14 d'ici demain matin, monsieur Gouttenoir ?
00:04:16 Sérieusement ?
00:04:17 Non, non, non.
00:04:20 En fait, on espère...
00:04:23 Le but de ce blocage, c'est de faire un coup de pression temporaire
00:04:28 pour laisser le temps au gouvernement de se positionner,
00:04:31 quitte à... dans l'idée de revenir la semaine prochaine.
00:04:34 C'est bien, ce qui me semble.
00:04:36 Quand vous dites "temporaire",
00:04:37 on a l'impression que bon nombre de paysans, d'agriculteurs
00:04:39 ne sont pas sur la même ligne que vous.
00:04:41 On a l'impression que vous êtes raccroché au mouvement en cours de route
00:04:44 et qu'eux, ils ne veulent pas que ce soit temporaire.
00:04:45 Ils veulent des résultats, quoi qu'il arrive.
00:04:47 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
00:04:48 En fait, il y a plusieurs politiques.
00:04:53 C'est soit on dit "on reste et on ne bouge plus",
00:04:55 soit on met un coup de pression et puis on repart pour mieux revenir,
00:04:59 et plus longtemps.
00:05:01 Est-ce que les agriculteurs sont capables de rester sur le terrain longtemps ?
00:05:04 J'en sais rien.
00:05:04 Il y en a qui ont la volonté tellement l'usure est grave.
00:05:08 On va prendre la température demain,
00:05:11 comme je disais, à 10 heures des troupes.
00:05:13 Il y a des chances que ça dure peut-être un peu plus.
00:05:16 On verra.
00:05:18 À l'instant T, on s'est positionnés pour 24 heures
00:05:21 et on écoutera le ressenti de nos troupes.
00:05:25 On ne prendra pas de décision sans leur avis.
00:05:29 Mais justement, on a le sentiment que vous vous êtes fait déborder
00:05:32 par votre base, en vérité, à la FSA.
00:05:34 Est-ce que c'est le cas ?
00:05:37 Non, pas du tout.
00:05:38 Parce que la volonté de rester 24 heures,
00:05:42 c'est nous qui l'avons affirmé en fin de mouvement de 24 heures.
00:05:46 Il n'empêche qu'on n'est pas débordé par nos troupes.
00:05:49 C'est juste qu'on est obligé de prendre leur ressenti malgré tout.
00:05:54 Ce n'est pas une décision que d'un ou deux responsables.
00:05:56 C'est une décision commune de la FSA du Rhône
00:06:00 de se retrouver à l'instant T sur Limonnet
00:06:03 et en même temps sur Giver au sud de Lyon.
00:06:06 Très bien. Et là, tout est bloqué ?
00:06:08 La scie, c'est complètement bloqué ou c'est juste un barrage filtrant ?
00:06:10 Qu'est-ce qui se passe ?
00:06:12 Oui. Non, non.
00:06:13 Alors, c'est totalement tout bloqué.
00:06:17 C'était une volonté de bloquer pour une question de sécurité.
00:06:22 Il était l'ordre de question de se retrouver dans le même cas
00:06:24 qu'il y a eu hier en Ariège,
00:06:26 où il y a eu une confrontation ou un barrage forcé.
00:06:31 Donc là, à l'instant T, les deux voies de la scie sont totalement bloquées.
00:06:35 Très bien. Merci beaucoup, monsieur Gouttenoir.
00:06:37 Merci à Olivier Madinier qui a permis ce duplex.
00:06:41 On voit bien, Louis de Ragnel, qu'il y a une attente du côté des politiques.
00:06:44 Une réunion est prévue demain matin à 8h30 avec qui ? Quel ministre ?
00:06:47 Alors déjà, si une réunion est prévue demain matin à Matignon,
00:06:50 voilà, avec Gabriel Attal, Bruno Le Maire,
00:06:52 le ministre de l'Agriculture Marc Fenault et puis Christophe Béchut.
00:06:56 Et l'objectif de cette réunion, c'est d'essayer de trouver
00:06:58 justement des réponses à apporter.
00:07:00 Si on remonte un tout petit peu le fil en arrière,
00:07:03 Gabriel Attal a demandé aux fédérations professionnelles,
00:07:06 enfin aux fédérations agricoles,
00:07:07 de faire remonter un certain nombre de revendications.
00:07:10 Ce que eux nous disent, côté gouvernement,
00:07:12 c'est que les revendications sont très hétérogènes.
00:07:15 Donc, ça va être manifestement compliqué de satisfaire tout le monde.
00:07:19 Ce que Gabriel Attal a dit, c'est que les réponses se feront en deux temps.
00:07:22 Il y a des mesures rapides,
00:07:25 il y a une intention du gouvernement en tout cas d'aller très vite sur un certain nombre de mesures.
00:07:28 Et puis les mesures qui nécessitent plus de temps.
00:07:30 On parle d'une négociation à Bruxelles.
00:07:33 Objectivement, on a du mal à y croire parce que ça va être très compliqué,
00:07:36 compte tenu en plus de la position pro-européenne
00:07:40 du parti présidentiel Renew à Bruxelles.
00:07:43 La question qu'on se pose maintenant, c'est
00:07:46 est-ce que les réponses qui vont être apportées,
00:07:48 qui nous promet des réponses énormes,
00:07:51 est-ce qu'elles satisferont les agriculteurs ?
00:07:53 - Attendez, qui est-ce qui nous promet ça ?
00:07:55 Si c'est le gouvernement, on nous a déjà promis 12 fois des choses énormes.
00:07:59 - Je pose la question.
00:08:00 Et l'autre question, c'est est-ce qu'il n'est pas trop tard ?
00:08:03 - C'est la question que je vais poser, si vous le permettez.
00:08:05 - Allez-y, Cher Laurence.
00:08:06 - Oui, à Paul Mouchneau qui est agriculteur d'enlèvement.
00:08:08 Est-ce qu'il n'est pas déjà trop tard ?
00:08:10 Qu'est-ce que vous attendez ?
00:08:11 - En 2024, une femme, une agricultrice, est morte hier avec sa fille
00:08:16 pour défendre son entreprise familiale, pour défendre son emploi.
00:08:20 En fait, c'est la survie de l'agriculture française qui est en jeu.
00:08:24 Aujourd'hui, demain, on assiste à l'euthanasie de l'agriculture.
00:08:31 Vous avez un suicide d'agriculteur tous les deux jours.
00:08:35 En fait, quelle profession accepterait ça ?
00:08:38 Le chauffeur de bus, le postier, le journaliste ?
00:08:43 Vous imaginez, sinon, votre profession, il y avait un suicide tous les deux jours.
00:08:46 - Je pense aux policiers.
00:08:48 Les policiers, il y a très, très lourde tribu aussi.
00:08:50 - Mais le pays serait à feu et à son.
00:08:52 - Et je trouve que là, on est à minuit moins une.
00:08:58 Je pense que nous sommes au bord du précipice.
00:09:00 - Vous avez l'impression que les politiques, et je vais un peu généraliser,
00:09:03 vous enfument, qu'ils vous disent quelque chose à Paris
00:09:07 et qu'ils disent autre chose à Bruxelles et surtout qu'ils votent autre chose à Bruxelles.
00:09:10 - Alors, j'ai été reçu hier avec Véronique Lefloch,
00:09:14 la présidente de la coordination rurale, par Marc Fesneau, à 13h30.
00:09:19 Avec Marc Fesneau, on parle le même langage.
00:09:21 - Ministre de l'Agriculture.
00:09:22 - On vient du monde rural, c'est cette même géographie rurale.
00:09:27 - OK.
00:09:28 - Et Marc Fesneau nous entend, nous comprend.
00:09:32 Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, il faut des actes.
00:09:35 - D'accord.
00:09:36 - Et c'est ce que nous avons rappelé à Gabriel Attal, le Premier ministre, à 17h.
00:09:39 - Vous l'avez vu ensuite ?
00:09:40 - Nous l'avons vu à 17h.
00:09:41 - À l'écoute, pareil ? À l'écoute de vos publications ?
00:09:44 - Oui, je veux dire, on a eu un échange républicain et institutionnel avec des syndicats.
00:09:50 Véronique Lefloch.
00:09:52 - Mais vous lui avez dit, il est minuit moins une, monsieur le Premier ministre.
00:09:55 - Oui, oui.
00:09:56 - Venez sur les barrages, venez nous voir.
00:09:58 - Et on ne savait pas que la petite fille était morte.
00:10:02 Mais là, si vous voulez, c'est vraiment grave, ce qui se passe.
00:10:09 Et c'est ce que nous avons tenu à dire au Premier ministre, et qui était dans l'empathie.
00:10:14 Et il a voulu trouver les mots pour nous dire les choses.
00:10:18 Et en fait, nous aussi, on a trouvé les mots pour lui dire les choses.
00:10:21 Et on est venu avec des propositions et des revendications.
00:10:25 Et je pense qu'il faut qu'on soit écouté, parce que sinon, il sera trop tard.
00:10:28 - Très vite, des revendications qu'on peut satisfaire très vite ?
00:10:31 Je pense à la taxe sur le gasoil, je pense à l'électricité, c'est ça que vous demandez ?
00:10:35 - Oui, absolument.
00:10:36 Mais c'est un impôt supplémentaire pour les agriculteurs, le GNR.
00:10:39 Aujourd'hui, c'est notre outil de travail, c'est notre carburant pour travailler.
00:10:44 Une augmentation de 3 centimes du litre, ça revient sur échelonnée,
00:10:50 ça revient à 5 ou 6 000 euros par an.
00:10:54 Et pour beaucoup d'agriculteurs, c'est presque plus de la moitié de leur revenu.
00:10:58 - La moitié de leur revenu ?
00:11:01 - Vous avez 40 % des entreprises agricoles qui ont des problèmes de trésorerie.
00:11:07 Et ça, Véronique Lefloque a tenu, évidemment, à le dire au ministre de l'Agriculture,
00:11:11 et évidemment à le dire au Premier ministre.
00:11:13 - Un revenu médian des agriculteurs qui se situe aux alentours de 2 000 euros, c'est ça ?
00:11:17 - Oui.
00:11:18 - Ou un peu en dessous, parfois ?
00:11:19 - Pour être parfaitement honnête, je ne gagne pas ma vie.
00:11:22 Je suis obligé d'être double actif.
00:11:24 - Vous faites quoi ? Vous êtes agriculteur ?
00:11:26 - Je suis céréalier, j'ai des betteraves dans l'Aisne, j'ai 185 hectares,
00:11:29 évidemment j'ai un ouvrier, mais mes parents m'ont toujours dit
00:11:33 que je n'arriverais pas à vivre de mon exploitation, et je suis fils unique.
00:11:36 Et aujourd'hui, pour être très franc, je suis obligé d'être double actif,
00:11:41 et comme beaucoup d'agriculteurs.
00:11:43 - Donc vous avez un deuxième métier ?
00:11:44 - Absolument.
00:11:45 - Qu'est-ce que vous faites ?
00:11:46 - Je fais du droit, je suis juriste.
00:11:47 - Et ça permet de bouscler les fins de droit ?
00:11:50 - C'est ce qui me fait gagner ma vie.
00:11:51 Je ne gagne pas ma vie sur la ferme.
00:11:53 - Et ça vous permet peut-être de vous sortir du maquis, des formulaires à remplir ?
00:11:57 - Je salue les milliers d'agriculteurs qui, je suis chez vous là à l'instant,
00:12:00 mais je salue les milliers d'agriculteurs qui bloquent et qui sont dans la manifestation.
00:12:05 La présidente Véronique est à Bruxelles.
00:12:08 Je veux dire, il faut beaucoup de courage aujourd'hui pour arriver à exprimer ce qu'on vit.
00:12:13 - Je vais vous passer la parole, chers amis, dans un instant.
00:12:16 J'aimerais juste qu'on parte rejoindre Thibault Marcheteau,
00:12:18 qui se trouve, lui, aux Herbiers, en Vendée.
00:12:23 Thibault, il y a une opération péage gratuit qui se passe autour de vous.
00:12:26 C'est bien cela, Thibault ?
00:12:27 On vient de perdre Thibault Marcheteau.
00:12:34 J'espère qu'on va le retrouver avec cette opération péage gratuit.
00:12:37 François Puponi, vous écoutez évidemment avec attention ce que vient de dire monsieur Moujneau.
00:12:42 Il y a aussi des blocages en Corse, évidemment.
00:12:45 - C'est un mode de vie qui se meurt, comme le disait monsieur Moujneau.
00:12:51 - À la fois, il se meurt depuis longtemps.
00:12:52 Moi, je suis admiratif du fait qu'il n'ait pas réagi plus tôt.
00:12:56 Parce que depuis des années, il tire le signal de l'arme en disant qu'on n'y arrive plus.
00:12:59 On ne vit plus de son exploitation.
00:13:01 Et je pense que c'est assumé et voulu par l'Europe.
00:13:04 Quand on voit à quel niveau ils rachètent les produits et qu'on leur demande de travailler à paire,
00:13:10 quelle activité professionnelle accepterait de travailler à paire depuis des années ?
00:13:14 Et eux, ils acceptent.
00:13:15 Alors, ils espéraient toujours à un moment pouvoir s'en sortir, revendre l'affaire.
00:13:19 Mais tout ça, ça prend du temps.
00:13:21 Par contre, les grands agriculteurs, eux, s'en sortent très bien.
00:13:23 Donc, on voit bien que c'est voulu.
00:13:24 Et il y a une stratégie.
00:13:25 On est en train de tuer un modèle économique et agricole français
00:13:29 qui était aussi un moyen d'aménager le territoire.
00:13:31 Parce qu'il suffit d'aller dans la France rurale.
00:13:33 S'il n'y a pas les agriculteurs pour entretenir, rénover et faire vivre, il n'y a plus rien.
00:13:38 Donc, c'est des zones qui sont en train de se désertifier complètement.
00:13:41 Mais je répète, moi, c'est voulu.
00:13:42 C'est complètement assumé.
00:13:43 J'espère pour eux, mais j'ai bien peur que ce soit trop tard.
00:13:46 Et vous parlez de l'entretien.
00:13:48 L'entretien ne sera-t-ce que des haies et absolument cafcaïens pour savoir ce qu'il faut faire ou pas faire.
00:13:52 Geoffroy Lejeune, quand je disais que dans l'agriculture, il y a culture, il y a une civilisation, la nôtre,
00:13:58 qui est en train de mourir sous nos yeux.
00:14:00 Oui, parce que c'est des siècles sur lesquels, en effet, la géographie s'est construite autour des exploitations,
00:14:07 le mode de vie, le fait de savoir qu'on était indépendant, qu'on était autosuffisant aussi.
00:14:13 Et tout ça, moi, je suis d'accord avec François Puponi qui vient de le dire à l'instant,
00:14:17 ce n'est pas complètement un hasard, ça a été décidé, ça a été voulu et peut-être même implicitement accepté par la société aussi.
00:14:23 Parce qu'en réalité, avant aujourd'hui, il y a eu assez peu de révolte.
00:14:27 Vous savez, dans l'indifférence générale, en 2019, Michel Houellebecq sort un livre qui s'appelle "Sérotonine"
00:14:31 qui raconte exactement ça, avec tous les ingrédients de ce qu'on est en train de vivre maintenant,
00:14:35 qui s'achèvent, enfin, je ne vais pas dévoiler la fin, mais tout ce qu'on est en train de vivre est raconté dans le livre.
00:14:41 Et il le fait parce que lui, d'ailleurs, était ingénieur agronome, donc il connaissait un peu ce monde et il le voyait mourir déjà.
00:14:45 Il utilise l'expression "le plus grand plan social à bas bruit jamais réalisé".
00:14:49 Tout y est en 2019 et à l'époque, ça n'intéresse pas grand monde. En réalité, je ne peux pas être coupable,
00:14:54 je n'ai pas sauté sur le sujet de l'agriculture à l'époque quand j'ai lu ce livre.
00:14:57 Et tout est là et, en fait, j'entends ce que vous dites sur le...
00:15:01 On a des images en direct, Geoffroy, d'Agin, où on voit que les agriculteurs, je pense, sont devant la préfecture.
00:15:09 Ils ont déversé du lisier, des tripes, de la peinture rouge et les pompiers tentent d'intervenir avec les lances à eau.
00:15:15 Je ne sais pas si on a un de nos envoyés spéciaux là-bas, mais qui pourra peut-être nous expliquer ce qui se passe.
00:15:19 Mais c'est bien. Laissez-nous le son et l'image afin qu'on puisse continuer à en débattre.
00:15:23 Pardon, terminez Geoffroy.
00:15:24 Les images qu'on voit, ça s'appelle "l'énergie du désespoir".
00:15:26 Je le comprends parfaitement et je comprends que les Français ne blâment pas les agriculteurs qui, en ce moment, se battent.
00:15:31 Et je suis d'accord avec eux.
00:15:33 Et pour terminer sur mon propos, je fais confiance dans la bonne foi du gouvernement de Gabriel Attal
00:15:39 qui prend ce problème à peine 15 jours après être arrivé aux commandes.
00:15:44 Mais là où j'ai des énormes doutes, c'est que, si vous voulez, pour régler ce problème-là aujourd'hui,
00:15:48 c'est rompre avec le logiciel, à la fois le logiciel du gouvernement en place aujourd'hui, notamment sur la question européenne,
00:15:54 mais aussi rompre avec le logiciel de nos élites depuis 40 ans en réalité.
00:15:57 Et européenne aussi.
00:15:59 Quand vous voyez ces images, monsieur Mujuno, cette opération coup de poing à Agen,
00:16:03 vous dites que c'est la bonne façon de nous faire entendre.
00:16:05 Il n'y a pas d'autre solution de toute façon ?
00:16:07 Il faut évidemment appeler au calme et dire non à la violence.
00:16:13 Là, il n'y a pas de violence ?
00:16:14 Il n'y a pas de violence.
00:16:15 Et je pense qu'on ne peut pas être entendu si on n'est pas mobilisé.
00:16:18 La preuve, on a été reçu dans la journée par Gabriel Attal.
00:16:21 Pour autant, c'est ce que j'ai dit, très simplement, je ne veux pas de grenelle.
00:16:26 Nous ne voulons pas de grenelle de l'environnement,
00:16:28 on ne veut pas de grenelle de l'agriculture ou d'état généraux de l'agriculture.
00:16:32 On veut des actes.
00:16:33 Et il faut avoir des annonces fortes avant la fin de la semaine.
00:16:37 Donc avant vendredi, il faudrait que le gouvernement se mobilise.
00:16:40 Karim Zarabi, on voit ces images, là, à Agen.
00:16:43 Les forces de l'ordre qui évidemment n'iront pas au contact violemment sur des agriculteurs,
00:16:50 parce qu'on voit bien que là, tout est pacifique.
00:16:52 Il y a une opération au coup de poing, mais qui n'en a que le nom.
00:16:56 On déverse juste du lisier devant la préfecture.
00:16:59 On voit quelques palettes qui brûlent.
00:17:01 C'est une situation extrêmement tendue, en réalité.
00:17:05 Et triste.
00:17:06 C'est le moins que l'on puisse dire.
00:17:07 C'est une profession qui est taboue, mais qui n'est pas taboue depuis qu'ils ont décidé d'être dans la rue ces derniers jours.
00:17:15 Ils sont tabous depuis des années.
00:17:17 Si je regardais les chiffres qui parlent d'eux-mêmes,
00:17:20 on a près de 20% d'agriculteurs qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
00:17:24 Ils sont en 70-80 heures par semaine.
00:17:26 Ils vivent 20% d'entre eux en dessous du seuil de pauvreté.
00:17:29 52% d'entre eux ont 22 000 euros par an de revenus.
00:17:36 52% d'entre eux.
00:17:38 Ils ont perdu au cours des 30 dernières années 40% de leurs revenus.
00:17:43 Dans un monde qui ne cesse effectivement de voir l'inflation grimper.
00:17:49 Et ils sont victimes de normes qui provoquent une concurrence totalement déloyale,
00:17:55 avec les agriculteurs du monde entier, mais plus encore,
00:17:59 entre agriculteurs de l'Union européenne.
00:18:02 Quand vous savez qu'il y a des interdictions phytosanitaires pour nos agriculteurs qui cultivent de la pomme,
00:18:09 et que nous importons de la pomme venue de Pologne,
00:18:14 avec des protections phytosanitaires autorisées pour les agriculteurs polonais.
00:18:20 Allez comprendre pourquoi.
00:18:22 On fait partie d'un même continent, oui ou non.
00:18:24 On provoque une concurrence déloyale.
00:18:26 Le prix de l'énergie, la taxation sur le carburant,
00:18:29 quand vous additionnez tout ça, comment voulez-vous
00:18:32 que les agriculteurs puissent entrevoir l'avenir avec sérénité ?
00:18:36 Et c'est pour ça que quand on dit Gabriel Attal et son gouvernement,
00:18:38 ça fait des décennies qu'on rencontre ces problématiques-là.
00:18:42 Et donc on ne peut pas imaginer que Gabriel Attal, avec un coup de baguette magique,
00:18:45 à moins qu'il remette en cause tout ce qui a été fait,
00:18:49 ce qui serait quand même bienvenu,
00:18:51 mais des petites mesurettes ne satisferont pas cette profession, et on peut les comprendre.
00:18:55 C'est la volonté du président Macron aussi, en réalité, qu'il faudrait remettre en cause.
00:18:59 Et ça, évidemment, Gabriel Attal ne peut pas le faire.
00:19:01 On va garder les images de ce qui se passe à Agen.
00:19:03 On va juste partir à Bruxelles, rejoindre Mathieu Devese.
00:19:05 Mathieu qui se trouve avec son invité, Christian Convert,
00:19:09 le secrétaire général de la Coordination rurale qu'on a entendu au début de l'émission. Mathieu.
00:19:12 Bonsoir, Laurence. Écoutez, plus grand monde ici,
00:19:19 puisque la majorité des agriculteurs ont pris la route pour rentrer chez eux.
00:19:23 Je vous le rappelle, il y a environ une centaine à avoir investi ici,
00:19:27 le Parlement européen de Bruxelles.
00:19:29 Et ce que je peux vous dire, c'est que les échanges entre les eurodéputés
00:19:32 et les représentants des syndicats agricoles sont terminés.
00:19:35 Bonsoir, monsieur. Que peut-on retenir de cette journée ?
00:19:38 Alors, je vais dire journée en demi-teinte sur ces journées de mobilisation.
00:19:42 Donc, effectivement, on était là pour dialoguer avec les députés avant tout.
00:19:46 Une journée réconfortante dans la mesure où on a quand même eu une délégation d'Allemagne,
00:19:52 des Pays-Bas, de Hollande et de Belgique.
00:19:56 On s'aperçoit qu'on a exactement les mêmes problèmes.
00:20:00 Donc, on a échangé sur l'avenir de cette politique agricole commune,
00:20:05 où ce qui est en train de prendre le pas, bien sûr, c'est plutôt la commission environnement
00:20:09 qui prend le pas sur la commission agricole, avec tout ce que ça impose comme conséquences.
00:20:15 Quand on sort d'ici, on s'aperçoit quand même que le Parlement européen,
00:20:20 c'est l'instance du Fric des affaires et des multinationales.
00:20:24 Donc, c'est assez loin quand même du modèle agricole que nous, on promeut.
00:20:28 Ceux qui étaient avec nous sont en accord avec nous,
00:20:31 défendre une agriculture familiale, même évoluée, par rapport à un modèle industriel et financier.
00:20:37 Donc ça, les échanges ont eu lieu là-dessus.
00:20:40 Les solutions à terme, ça va vraiment être qu'on ait des politiques qui veulent nous défendre.
00:20:45 Et je pense qu'en sortant, on se prend un coup de poignard dans le dos,
00:20:48 puisqu'on apprend que la commission, cet après-midi, c'est une véritable provocation.
00:20:53 Donc, signe à voter un accord de libre-échange avec le CHUI.
00:20:57 Alors, j'ai repris quand même exactement ce que ça nous donne en termes de cet accord.
00:21:03 C'est 9 000 tonnes de porc supplémentaires, 2 000 tonnes de bœuf, 18 000 tonnes de bolail,
00:21:07 4 000 tonnes de viande aux vignes. Rien que pour ces secteurs-là.
00:21:12 Donc, qu'on nous dise à Paris, qu'on nous comprend,
00:21:16 on va vérifier quand même qui a voté ça, savoir si on se fout réellement de nous ou pas.
00:21:22 Mais c'est inadmissible.
00:21:23 Quand on veut défendre un modèle et qu'on dit qu'on veut aller dans le sens des agriculteurs
00:21:27 et qu'on voit ça à la sortie, alors on est remonté un peu, reboosté par ceux qui viennent nous soutenir.
00:21:32 Mais on est dégoûté par ce qu'on entend.
00:21:34 Cher monsieur, vous employez des mots très forts. Provocation, coup de poignard.
00:21:37 Dans ce contexte, finalement, quelle suite donner au mouvement ?
00:21:41 Quelle suite donner ? Ça, ça va se passer sur le terrain.
00:21:43 Mais qu'est-ce que vous voulez que j'en prenne d'autres comme propos ?
00:21:47 En plein conflit, quand on voit qu'on nous dit, dans nos états respectifs, qu'on nous comprend
00:21:55 et qu'on voit qu'ils sont capables de prendre une mesure comme ça aujourd'hui
00:21:58 alors qu'on est là pour discuter avec les eurodéputés.
00:22:00 C'est certes, c'est une commission, c'est chaque fois une commission qui prend cette décision.
00:22:04 Mais bon, on se fout réellement de nous, quoi.
00:22:06 Moi, j'ai rien d'autre à vous dire.
00:22:08 Maintenant, ceux qui sont sur le terrain apprécieront.
00:22:10 Nous, on a mené cette journée depuis deux jours.
00:22:13 C'est pénible. C'est moins pénible que ceux qui sont sur le terrain.
00:22:16 Donc, la suite du mouvement, on va voir.
00:22:19 Mais je pense que les annonces, ça ne pourra pas être que des mesurettes qu'on attend de nos gouvernements.
00:22:24 Les Allemands ont eu un gain de cause sur le GNR.
00:22:28 Pour autant, ils restent au même niveau de mobilisation.
00:22:31 On ne s'en sortira pas comme ça.
00:22:33 Merci beaucoup, merci beaucoup, monsieur, pour ce témoignage.
00:22:35 On comprend votre exaspération.
00:22:37 En tout cas, ce que je peux vous dire, c'est que tous les agriculteurs avec qui nous avons conversé aujourd'hui
00:22:41 le disent et le répètent, le risque, c'est bien l'effondrement de notre politique agricole française.
00:22:45 Et européenne, si ni l'Europe et ni le gouvernement français ne prennent des mesures concrètes.
00:22:50 Merci beaucoup, Mathieu Devese et Sacha Robin.
00:22:52 Merci à Christian Convert.
00:22:54 Et puis, le vote qui a eu lieu, évidemment, à Bruxelles, c'était deux commissions.
00:22:59 61 voix pour, 7 contre, 13 abstentions.
00:23:02 Ça veut dire que le vote était très clairement en faveur de cet accord.
00:23:05 Le libre-échange avec le Chili.
00:23:07 Un dernier mot, Louis de Ragnel, on a ces images d'Agen.
00:23:10 Il faut dire aussi qu'il y a des rendez-vous politiques qui arrivent et qui seront importants.
00:23:15 Oui, absolument.
00:23:17 Déjà, ça commence par les...
00:23:19 Gabriel Attal, qui doit, à l'occasion d'un déplacement, faire un certain nombre d'annonces.
00:23:23 Mais moi, ce que je trouve intéressant dans tout ce qu'on entend, c'est que les agriculteurs ne veulent pas
00:23:27 simplement une énième déclaration d'amour de leur métier.
00:23:31 En fait, il y a certes la vision civilisationnelle et très importante liée à l'agriculture.
00:23:37 Je pense que c'est aussi pour ça que les Français sont émus, bouleversés par ce qui se passe.
00:23:41 Mais en fait, il ne faut pas juste être dans la vision romantique du métier.
00:23:44 Ce qu'on entend là aujourd'hui, c'est que les agriculteurs veulent des annonces vraiment sonnantes et trébuchantes
00:23:50 avec du vrai concret, du durable, pour permettre de se projeter à nouveau et de sortir de ces...
00:23:55 Enfin, je parle sous votre contrôle, mais de sortir de ces grands discours.
00:23:59 Vous disiez que vous ne vouliez pas d'un nouveau Ségur ou Grenelle de l'agriculture.
00:24:02 Je pense que c'est le sens de ça, c'est que vous voulez vraiment un engagement opérationnel immédiat.
00:24:07 J'entends. Et je voudrais juste qu'on souligne cette image, la force symbolique de cette image.
00:24:11 La façade de la préfecture d'Agin qui est aspergée de lisier.
00:24:15 C'est l'État qui n'est pas au rendez-vous, M. Moujdeau ?
00:24:20 Oui. On avait trois revendications fortes en arrivant devant Gabriel Attal avec Christian et Véronique Lefloch,
00:24:26 la présidente de la coordination érale.
00:24:28 C'est qu'on a un combat qui est mené depuis toujours avec constance par la coordination érale.
00:24:34 C'est la question du GNR. Et vraiment, c'est un impôt supplémentaire pour les agriculteurs.
00:24:39 Et ça, on a dit au Premier ministre, comme au ministre de l'Agriculture, qu'il fallait absolument stopper cet impôt supplémentaire.
00:24:46 Il y a évidemment la question, et vous l'avez dit, de la financiarisation des fermes.
00:24:53 On est pour un modèle familial agricole. Mais pour ça, il faut pouvoir transmettre.
00:24:58 Vous savez, vous avez 100 000 agriculteurs qui vont avoir plus de 55 ans.
00:25:04 Comment vous faites pour transmettre une exploitation agricole ?
00:25:06 Justement, vous avez parlé à Gabriel Attal de la possibilité de créer une exonération des droits de succession sur les fermes.
00:25:12 Vous l'avez senti ouvert par rapport à cette demande ?
00:25:15 Non. Je pense que le Premier ministre tenait absolument à ne pas donner d'avis.
00:25:20 Il souhaitait recevoir toutes les représentations. Il nous a dit qu'il venait d'arriver et qu'il prendrait le temps de faire des annonces.
00:25:27 Une image impressionnante d'un jeune symbolique, encore une fois, de ces façades qui sont maculées de lisier.
00:25:35 Ce n'est pas les Gilets jaunes, mais moi, ça me rappelle les images de la préfecture du Puy-de-Dôme.
00:25:41 On est dans le même processus.
00:25:44 Pas la même vue, sur le...
00:25:46 Vous voyez.
00:25:47 Mais c'est le même processus.
00:25:48 Les Gilets jaunes sont éloignés tant que ça des banlieues sur la banlieue.
00:25:52 L'énorme différence...
00:25:53 Les Gilets jaunes, ils sont pas organisés. Là, les agriculteurs...
00:25:55 Mais là, c'est un problème profond. Ça fait 50 ans qu'en fait, le déclin industriel de la France, on l'a connu, on l'a enterré.
00:26:03 Et Emmanuel Macron essaye de le réarmer comme il peut.
00:26:06 Là, c'est le déclin de l'agriculture parce qu'on a considéré, il y a une trentaine d'années,
00:26:11 que l'avenir serait simplement avec une société du tertiaire, sans agriculteurs et sans industries.
00:26:18 Et donc, on paye les conséquences de ça. Et je pense que c'est un peu différent.
00:26:21 C'est le même sentiment d'abandon, quand même, que les Gilets jaunes.
00:26:24 C'est le même sentiment d'abandon de la République.
00:26:26 On va juste écouter ce que dit cet agriculteur, si on a le son.
00:26:28 Ce qui se trouve dans notre gueule, ce soir, il faut qu'on reparte sur les autoroutes, risquer notre vie.
00:26:32 Et tout le monde s'en fout, tout le monde est chez lui, tout le monde s'en bat.
00:26:36 Là, chez nous, quelque chose...
00:26:38 On veut des infos, sinon on pète le portail.
00:26:41 Il a eu une brise dans 3 secondes de termin. Dans 3 secondes de la soirée, il s'est fait briser.
00:26:46 Ce passage, avec ce leader syndical, je ne sais pas si c'est un leader syndical ou un agriculteur,
00:26:59 mais qui dit, depuis ce matin, il disait "attention, on va péter le portail" s'il ne nous donne pas de réponse.
00:27:03 Mais je pense qu'ils vont passer au drac.
00:27:04 Les agriculteurs ont l'habitude d'actions fortes.
00:27:09 Et ils sont, par rapport aux Gilets jaunes, beaucoup mieux organisés.
00:27:12 Ils ont du matériel, ils ont des véhicules, ils savent faire.
00:27:16 Et donc, si effectivement ça bascule, ça peut basculer partout, avec des vrais risques.
00:27:21 Ils peuvent rentrer dans la préfecture, tous accagés, ce ne sera pas la première fois.
00:27:25 Mais on sent bien qu'ils sont à bout.
00:27:27 De toutes les manières, ce qui me fait peur pour l'avenir, c'est que le gouvernement n'a pas de réponse.
00:27:32 À moyen et à long terme, à apporté.
00:27:34 Ça dépend de l'Europe.
00:27:35 Donc ils vont peut-être pouvoir lever les taxes sur le GNI, tout ça.
00:27:38 Peut-être, il faut le faire.
00:27:39 Mais j'allais dire que ce serait une réponse ponctuelle à très court terme.
00:27:41 À moyen et à long terme, à part Romer, on l'a dit aujourd'hui,
00:27:45 ils ont voté un accord avec la Nouvelle-Zélande et les Chili qui sont contraires à l'intérêt de nos agriculteurs.
00:27:51 Donc la politique européenne mise en place depuis des années, elle arrive à ce résultat-là.
00:27:55 Et ils vont continuer.
00:27:56 Toujours ces images d'Algin qui arrivent avec cette grande colère des agriculteurs.
00:28:01 Le point commun entre les Gilets jaunes et les agriculteurs, c'est le désespoir.
00:28:05 Ce sont des actions dont il se passerait bien.
00:28:09 Ils préfèrent être sur leur exploitation et en vivre dignement.
00:28:13 Le problème aujourd'hui, c'est qu'il y a un sentiment d'abandon de la part de la République.
00:28:16 Et c'est pour ça que symboliquement, ils arrosent ce bâtiment qui incarne l'institution républicaine
00:28:24 et la décentralisation de l'État.
00:28:25 Parce qu'eux, ils ne sont pas entendus.
00:28:27 Vous savez, l'aide au GNR du côté de Bercy, c'est 1,7 milliard.
00:28:33 Pour soutenir effectivement par une défiscalisation le coup de pouce aux agriculteurs.
00:28:40 Dans un budget de l'État, quand on sait ce que représente l'importance de l'agriculture dans notre pays,
00:28:44 c'est quand même pas la mer à boire.
00:28:46 Comment se fait-il qu'on tarde autant pour expliquer que dans une conjoncture exceptionnelle,
00:28:51 on reporte potentiellement, en attendant de voir si ça va mieux économiquement, cette taxation.
00:28:58 Cette taxation, c'est 1,7 milliard.
00:29:00 Et puis derrière, on dit l'Europe.
00:29:02 Mais vous savez quand même que la réglementation française, elle est plus royaliste que le roi.
00:29:06 Elle va au-delà de l'Union Européenne.
00:29:08 Ça veut dire qu'on crée une concurrence déloyale pour nos agriculteurs.
00:29:11 Ils ont plus de normes environnementales que l'Europe n'en impose.
00:29:14 Quand même, il faut être sérieux.
00:29:16 Sur le GNR, c'est la vision écologique punitive.
00:29:21 Les écolos considèrent que le GNR, ça pollue.
00:29:25 Et qu'il faut le surtaxer.
00:29:27 Mais allez expliquer à un agriculteur qu'il faut qu'il ait un tracteur électrique.
00:29:30 Qui n'existe pas.
00:29:32 Il n'existe pas.
00:29:34 On veut les punir parce qu'ils sont vulnérables.
00:29:36 Un petit focus sur les images qu'on a sous les yeux, qui sont en direct d'Agin.
00:29:39 On voit qu'il y a des pneus en flamme.
00:29:41 Sans doute du fumier aussi en flamme.
00:29:43 Un tracteur qui manoeuvre, un tractopelle en tout cas.
00:29:46 M. Moujnaud, il y a une possibilité qu'ils aillent ouvrir les grilles de la préfecture à coups d'eux.
00:29:52 Là, ça serait un cap qui serait franchi, évidemment.
00:29:55 Nous, c'est ce que nous avons dit aussi.
00:29:57 C'est que nous ne voulions pas les gilets verts.
00:29:59 Ils ont eu les gilets jaunes.
00:30:02 Pour éviter les gilets verts, il faut être entendus.
00:30:04 Il faut des actes.
00:30:06 Et maintenant, nous brosser dans le sens du poil.
00:30:08 Nous recevoir, nous dire les choses avec empathie.
00:30:10 Comme on parle à un malade.
00:30:12 En fait, on est presque en état de mort.
00:30:14 Et donc, il y a un moment donné, il faut nous répondre.
00:30:17 Et avec des actes.
00:30:19 Et vraiment, on les attend.
00:30:20 Des actes importants.
00:30:22 On voit cette tractopelle qui déverse Louis Derragnel dans l'enceinte de la préfecture.
00:30:27 Des ordures, des visiers.
00:30:29 Dans une relative clémence.
00:30:32 Devant une relative clémence des forces de l'ordre et des policiers qui n'interviennent pas.
00:30:36 Oui, et ça, ça correspond à ce que Gérald Darmanin avait donné comme instruction au préfet et aux policiers.
00:30:41 C'était hier.
00:30:43 Il disait qu'on ne charge pas, qu'on ne va pas aller interpeller les agriculteurs.
00:30:47 D'autant plus qu'il y a un soutien très massif de la population.
00:30:52 Ce qui est intéressant, c'est qu'on voit qu'il y a des CRS qui ont été envoyés.
00:30:55 On les reconnaît avec leur bande jaune sur le casque.
00:30:58 On voit qu'il y a sans doute le commissaire local qui est là.
00:31:02 Avec son écharpe bleu-blanc-rouge qu'on voyait tout à l'heure.
00:31:05 La consigne, manifestement, c'est de ne pas s'opposer, de cette manière laissée faire,
00:31:10 de ne pas aller au contact à l'affrontement.
00:31:13 Je pense que c'est objectivement une bonne chose.
00:31:16 Parce qu'aller au contact à l'affrontement avec des agriculteurs,
00:31:19 à mon avis, ce serait la pire des images, la pire des scènes.
00:31:23 A la fois politiquement et par rapport au durcissement du mouvement.
00:31:27 Ça me rappelle les affrontements pompiers-policiers.
00:31:30 Tout à fait.
00:31:32 Vous savez, les policiers sont des enfants du peuple.
00:31:35 Les agriculteurs sont des enfants du peuple.
00:31:38 On va écouter cet agriculteur en colère.
00:31:41 Il s'est exprimé il y a quelques instants.
00:31:44 On a l'impression, M. Moujnaud, qu'ils sont partagés, les agriculteurs.
00:31:48 Ce ne sont pas des violents, ce ne sont pas des casseurs.
00:31:51 Ce ne sont pas les gars, les black blocs que l'on retrouve dans les manifestations de l'extrême-gauche.
00:31:55 Mais ils disent là, comme les minuit moins une,
00:31:58 "Et là, si jamais on ne répond pas, c'est la fin."
00:32:01 Non, mais si vous voulez, c'est la goutte de trop.
00:32:04 On ne gagne pas notre vie.
00:32:06 Vous évoquez le GNR.
00:32:08 On a évidemment dit aux Premiers Ministres qu'il fallait favoriser le Fair France.
00:32:12 À un moment donné, on a tué notre industrie.
00:32:17 Et on est en train de tuer notre agriculture.
00:32:20 Tout ça pour le tertiaire et les services.
00:32:22 Mais à un moment donné, comment vous voulez être un grand pays, une grande nation indépendante,
00:32:26 si on n'est même plus capable de produire pour se nourrir ?
00:32:29 On a tout fait pour importer notre alimentation.
00:32:31 Alors que la France était une grande puissance.
00:32:34 On en est là.
00:32:36 On en est à avoir un poulet sur deux qui vient de l'étranger,
00:32:39 à avoir des fruits et légumes qui viennent du monde entier, sauf de notre pays.
00:32:42 Alors qu'on ne serait plus prudents.
00:32:44 On sait très bien la vision d'écologie,
00:32:46 la manière dont les agriculteurs produisent en France, ça ne nous satisfait pas.
00:32:49 Il faut arrêter.
00:32:50 Rappelez-vous de Saint-Sauline.
00:32:51 Saint-Sauline, c'est quoi ?
00:32:52 C'est les agriculteurs qui essayent de constituer des réserves d'eau
00:32:55 pour pouvoir développer leur agriculture.
00:32:57 Ils enlèvent tout pour les empêcher, les écologiques.
00:32:59 Donc ils disent, voilà, cette agriculture-là, on n'en veut plus.
00:33:02 Tant pis, si on l'achète ailleurs, ce qui est surréaliste,
00:33:04 c'est inimaginable ce qu'ils proposent.
00:33:06 Mais ils sont juste en train de tuer notre modèle.
00:33:08 Ils sont en train d'y arriver et on est au bout du processus.
00:33:11 C'est ça qui est insupportable, c'est qu'il y a une volonté assumée
00:33:14 de tuer ce modèle d'agriculture française.
00:33:17 On est clairement à la croisée des chemins sur le plan politique,
00:33:20 de choix cruciaux.
00:33:22 Soit on va vers une politique de souveraineté,
00:33:25 et là on assume effectivement des mesures et des dispositions
00:33:28 pour soutenir notre agriculture, et il faut le faire,
00:33:31 au détriment des règles européennes qui nous sont imposées
00:33:36 et qui sont d'une stupidité effrayante
00:33:38 parce qu'elles favorisent les autres continents.
00:33:40 Soit on impose au sein de l'Union Européenne,
00:33:42 mais ça je n'y crois pas une seule seconde,
00:33:45 notre vision de la défense de l'agriculture.
00:33:48 Mais je vais vous dire, comme je n'y crois pas une seule seconde,
00:33:51 il faut affirmer sur certains secteurs d'activité dont celui-là,
00:33:54 un retour à la souveraineté nationale.
00:33:57 Sinon on ne pourra pas sauver notre agriculture.
00:33:59 On écoute juste les mots d'ordre, Karim.
00:34:01 Pardon ?
00:34:02 Je voulais juste écouter les mots d'ordre qui étaient en train d'être donnés.
00:34:05 Appelez le roi, alors écoutez un peu ! Ecoutez-vous !
00:34:08 Est-ce que ce sont des mots d'ordre d'apaisement, ou au contraire ?
00:34:14 Ça n'a pas l'air d'être des mots d'ordre d'apaisement, effectivement.
00:34:19 Pardon Karim, je ne comprends pas votre raisonnement.
00:34:23 Tout à l'heure nous évoquions effectivement le fait que les CRS
00:34:26 étaient plutôt en garde statique, si je puis parler ainsi,
00:34:31 et n'intervenaient pas, mais j'ai envie de dire, heureusement,
00:34:34 pour rendre compte de l'image, comment elles seraient désastreuses,
00:34:36 on a des femmes et des hommes qui se lèvent le matin,
00:34:38 qui travaillent plus de 70-80 heures par semaine,
00:34:41 qui veulent travailler et vivre au dignement de leur travail.
00:34:43 On n'a pas affaire à des voyous.
00:34:45 Ils ne veulent pas piller la République, ces gens-là.
00:34:47 Ils veulent juste qu'on les prenne en considération, qu'on les respecte,
00:34:50 et j'ai envie de dire, au sens de l'intérêt général du terme.
00:34:52 Parce que ce n'est pas leurs intérêts particuliers aussi qui sont en jeu,
00:34:55 c'est l'intérêt de la nation dont on parle aujourd'hui.
00:34:58 Donc les CRS pensent que les consignes qui leur sont données
00:35:01 sont des consignes sages, mais ils sont bien contents de pouvoir en disposer.
00:35:04 Et vous l'avez dit, c'était la même chose avec les pompiers,
00:35:07 les sapeurs-pompiers CRS, on n'a pas envie de voir d'affrontement entre ces corps.
00:35:11 On n'a pas envie. Ces corps-là, ils font la République française aujourd'hui,
00:35:14 dont on a envie d'être fier.
00:35:16 Et on a un nouveau camion, des nouveaux camions qui arrivent,
00:35:18 M. Bourginot, qu'est-ce que c'est ce type d'engin ? Expliquez-nous.
00:35:22 Ceux que l'on voit en ce moment, qui sont en train de se positionner dans la préfecture d'Agen.
00:35:26 Quel type d'engin s'agit-il, là, ceux qu'on a sous les yeux ?
00:35:30 Pardon ?
00:35:31 Quel type d'engin s'agit-il, là ?
00:35:32 C'est pour répondre au fumier.
00:35:34 Mais si vous voulez, là on est au bord du précipice.
00:35:37 Le visage d'Alexandra, il est aussi l'image de ce mouvement.
00:35:42 C'est un peu la gavroche de la paysannerie française.
00:35:46 On a quand même deux morts pour défendre notre vision du travail,
00:35:52 notre emploi, notre entreprise familiale.
00:35:55 On va écouter.
00:35:56 Et on sort de la préfecture, ça rien, on repart bredouille.
00:36:01 On voulait juste annoncer quelques bonnes pistes à nos agriculteurs,
00:36:04 pour les soulager, pour les tempérer.
00:36:06 Et maintenant on repart comme on est arrivé. C'est insupportable.
00:36:09 Le feu derrière, c'est le symbole de votre collègue ?
00:36:11 Le feu derrière, c'est le symbole de notre collègue ?
00:36:13 La déversation de notre collègue sur les grilles dans la préfecture,
00:36:16 c'est insupportable.
00:36:18 On voulait juste qu'on nous donne des lignes.
00:36:21 On cherche des lignes. On veut du revenu, on veut de la dignité.
00:36:24 On veut moins de charges, moins de normes.
00:36:26 On est capable de monter à Paris, faire la même chose.
00:36:30 Faire pareil, faire pareil, sans qu'on ne monte pas à 30 000.
00:36:41 C'est à bout.
00:36:43 Tout le monde est à bout.
00:36:45 Il sort d'un rendez-vous.
00:36:47 Oui, il dit "on est ressortis avec rien".
00:36:49 Le préfet a dit "moi j'ai rien à vous dire".
00:36:51 Dans la stratégie, Emmanuel Macron a demandé au préfet,
00:36:55 en fin de semaine dernière, de recevoir localement
00:36:58 les collectifs d'agriculteurs, de recenser leurs demandes.
00:37:01 Et la réalité, c'est que tant que Gabriel Attal n'a pas pris des décisions,
00:37:05 le préfet ne peut pas les...
00:37:07 Le préfet, de fait, aujourd'hui, est impuissant.
00:37:10 Ce n'est pas lié à la personne du préfet.
00:37:12 C'est lié au fait à la situation.
00:37:14 Il faut juste retenir les forces de l'ordre et leur dire "soyez calmes".
00:37:17 Et surtout pas d'affrontements, pas de blessés.
00:37:20 Ce serait vraiment le dame dans le drape.
00:37:22 S'il y avait de nouveaux blessés.
00:37:23 On va garder cette image d'Agin avec ce direct.
00:37:26 Il est 17h36, on est en direct sur CNews.
00:37:28 On va juste aller voir Thibault Marcheteau,
00:37:31 qui se trouve, lui, au Zerbi, en Vendée,
00:37:33 où il y a une opération de pliage gratuite.
00:37:35 Thibault, c'est un peu plus calme de l'autre côté ?
00:37:39 Absolument, Laurent.
00:37:41 C'est très calme.
00:37:42 Les agriculteurs, ici, arrêtent les automobilistes.
00:37:45 Et cet automobiliste-là ne s'est pas arrêté.
00:37:48 Mais en principe, ils arrêtent les automobilistes pour leur donner un tract
00:37:51 et leur dire de consommer et de manger français.
00:37:54 Parce qu'il en va de la survie de l'agriculture française.
00:37:57 Mais donc, le péage est gratuit ici.
00:37:59 Sauf pour les camions qui transportent des denrées étrangères.
00:38:02 Dans ce cas-là, ils sont contraints de faire demi-tour.
00:38:06 Mais pour ce camion, s'il ne transporte pas de denrées étrangères,
00:38:09 alors il peut passer et passer ce péage complètement gratuitement.
00:38:13 Il y a environ 40 agriculteurs qui sont sur ce péage depuis 8h ce matin.
00:38:17 À la peine, notamment, des jeunes agriculteurs de Vendée,
00:38:19 mais également de la FDSA des Zerbiers.
00:38:23 Et donc, péage gratuit.
00:38:24 C'était très important pour ces agriculteurs de faire ces péages gratuits.
00:38:28 Parce qu'ils ne veulent pas embêter les gens qui travaillent.
00:38:31 Mais par contre, s'ils n'ont pas de réponse à toutes les revendications,
00:38:35 notamment une augmentation des prix et une diminution des normes,
00:38:38 alors ils sont prêts à durcir le mouvement et notamment aller dans les métropoles,
00:38:42 comme par exemple Nantes ou Rennes, mais aussi Paris.
00:38:45 Merci beaucoup Thibault Marchoteau.
00:38:47 Sur place aux Zerbiers et en Vendée, on a toujours ces images d'Agin, Louis de Ragnel.
00:38:52 Les informations se précisent.
00:38:54 Certains de ces agriculteurs disent qu'ils veulent monter demain sur Paris.
00:38:58 Et donc, en fait, une grande marche des agriculteurs,
00:39:00 la marche de la colère vers Paris.
00:39:02 Et puis surtout, maintenant, la FDSEA d'Île-de-France a décidé de commencer
00:39:07 à participer à des blocages de certains axes autoroutiers en Île-de-France.
00:39:12 Donc concrètement, demain, il y aura des accès à Paris qui seront totalement bloqués.
00:39:16 Et je pense qu'il est plus qu'urgent que Gabriel Attal s'exprime maintenant.
00:39:21 Parce que sinon, ça va monter crescendo.
00:39:24 Et Paris, c'est un symbole.
00:39:27 Et depuis le début de cette crise, comme dans beaucoup de crises,
00:39:30 au début, les colères sont locales.
00:39:33 Ensuite, elles convergent.
00:39:35 Et dès qu'il y a un mot d'ordre, Paris, c'est la capitale.
00:39:38 Donc dès que la capitale est encerclée...
00:39:40 - On écoute ce qu'il se dit à Agin.
00:39:42 - Au moins, qu'on nous dise quelque chose.
00:39:44 On nous a rien dit.
00:39:46 On nous a rien dit.
00:39:48 Allez, venez chercher les annonces, on nous a rien dit.
00:39:51 À la préfecture, là, je pense qu'ils en ont assez.
00:39:54 Je pense qu'ils ont compris qu'on était sacrément en colère, ça.
00:39:58 Là, s'ils n'ont pas compris, ils ne comprennent jamais rien.
00:40:02 Maintenant, vous êtes tous chargés. Tous !
00:40:06 Vous savez où sont vos administrations qui vous emmerdent.
00:40:09 Vos banques.
00:40:11 Allez-y, midez de mal à MSA.
00:40:13 Midez de mal à DDT.
00:40:15 Midez au crédit agricole.
00:40:17 Midez partout, prenez les tracteurs.
00:40:19 Et allez-y chacun, où vous voulez.
00:40:22 MSA, crédit agricole, DDT, DDLPP.
00:40:26 Midez partout, c'est parti, là.
00:40:28 Ils vont te comporter.
00:40:30 (acclamations)
00:40:32 (sifflement)
00:40:34 (applaudissements)
00:40:36 (brouhaha)
00:40:38 (brouhaha)
00:40:40 - Voilà la grande colère des paysans, des agriculteurs, ici, à Agin.
00:40:46 Avec, encore une fois, des troupes qui sont très motivées,
00:40:49 qui n'ont plus rien à perdre, en réalité.
00:40:52 Et c'est ça, ce sentiment-là.
00:40:54 - Pardon, mais moi, j'avais le même sentiment pendant les Gilets jaunes.
00:40:57 C'était la même désespérance.
00:40:59 Le même sentiment qu'ils ne sont pas écoutés,
00:41:01 qui sont des grands oubliés de la "start-up nation",
00:41:04 qui est chère à nos dirigeants.
00:41:06 L'abandon total et le silence.
00:41:08 Et là, ils rompent le silence, M. Mouchelot.
00:41:11 Il y a toujours eu des grands mouvements paysans au fil de notre histoire.
00:41:15 D'ailleurs, notre histoire est marquée par les grands jacquerés,
00:41:18 les bagots hauts, les croquants.
00:41:20 On est à nouveau dans un grand soubresaut du monde paysan.
00:41:24 - Vous l'avez dit, on est à la croisée des chemins.
00:41:27 Et en fait, il faut être entendu, il faut des actes forts,
00:41:29 d'ici la fin de la semaine et très rapidement.
00:41:31 Évidemment, ce moratoire, mais surtout la question du GNR.
00:41:37 On en parle, vous ne voyez peut-être pas ce que c'est,
00:41:40 mais c'est de vivre aussi avec le sentiment permanent du contrôle.
00:41:44 Ce sentiment d'inquisition dans la ferme.
00:41:46 De dire qu'à un moment donné, on peut être contrôlé, tout le temps,
00:41:49 pour tout et n'importe quoi.
00:41:51 Je ne suis pas éleveur, mais on vient vous voir, on vient vous filmer.
00:41:54 Après, ce sont des questions...
00:41:57 - Il paraît qu'il y a des satellites qui survolent les exploitations,
00:42:00 des drones tous les 3 jours.
00:42:02 Pour voir quoi, si vous avez fait labourer, pas labourer.
00:42:07 - Non, mais je pense qu'il y a un vrai sentiment victime
00:42:10 de l'inquisition, du contrôle permanent.
00:42:13 Et ça, vraiment, c'est ce que nous avons aussi voulu dire
00:42:16 au Premier ministre hier.
00:42:18 À un moment donné, il faut, pendant un an, arrêter.
00:42:21 Arrêter avec ces contrôles permanents,
00:42:24 pour redonner un peu d'espoir à l'agriculture.
00:42:26 Et de ne pas se dire que demain, on va être contrôlé,
00:42:28 et que quelqu'un va venir chez nous, dans notre ferme.
00:42:30 Voilà, ça, c'est important.
00:42:32 - Les administrations viennent contrôler,
00:42:34 si on vient pomper dans les rivières,
00:42:36 si on fait des captages sauvages.
00:42:38 Ils viennent armés, hein.
00:42:40 La police de l'eau, quand ils arrivent, fait réquisition,
00:42:43 ils ont des pistolets à la ceinture, et ils viennent.
00:42:46 - Ils utilisent pas le génère pour leur véhicule personnel.
00:42:49 - Voilà, ils regardent s'il n'y a pas du rouge dans le réservoir.
00:42:53 - On n'imagine pas ça, honnêtement.
00:42:56 - On leur demande de vider le réservoir,
00:42:59 pour voir s'ils n'ont pas mis un mauvais carburant.
00:43:02 Le carburant qui doit servir aux engins agricoles,
00:43:05 il ne faut pas le mettre dans sa voiture.
00:43:07 - Donc ils sont présumés coupables, en fait.
00:43:10 - C'est ça, la logique de l'État français.
00:43:12 - Il y a des contrôles permanents, surtout.
00:43:14 - On ne peut plus mettre du rouge dans ses tractions.
00:43:17 - C'était symbolique, à l'époque.
00:43:19 - Vous êtes présumés coupables.
00:43:21 - Oui, bien sûr. Il y a un vrai sentiment.
00:43:23 On se dit qu'il y a un sentiment d'inquisition permanente.
00:43:26 Et quand c'est pas un sentiment, on va débarquer dans votre ferme,
00:43:29 c'est un sentiment administratif. Vous avez un contrôle.
00:43:32 C'est la peur du recommandé.
00:43:34 - Et bim, on vous retire les aides pendant 2 ou 3 mois.
00:43:37 On a eu beaucoup de témoignages depuis le début de la semaine.
00:43:40 - On voit que la question de la police de l'environnement,
00:43:43 elle est au coeur des revendications.
00:43:45 On n'en parle pas beaucoup.
00:43:47 Mais dans tous les témoignages qu'on a pu écouter,
00:43:50 ce qui est reproché à cette police de l'environnement,
00:43:53 c'est aussi sa mise sous tutelle.
00:43:55 C'est-à-dire qu'elle travaille sous mandat judiciaire.
00:43:58 Votre demande, c'est que ce soit uniquement
00:44:00 sous l'autorité administrative.
00:44:02 Et puis, à ce côté, c'est des policiers,
00:44:04 enfin armés, qui sont là.
00:44:06 Les agriculteurs disent, nous ne sommes pas des délinquants.
00:44:09 Qu'il y ait une demande de vérification de la police,
00:44:12 de contrôle de qualité, il n'y a aucun problème.
00:44:15 Mais qu'on vienne armés dans une exploitation
00:44:18 pour vérifier des mises aux normes,
00:44:21 c'est quelque chose qui est assez incompréhensible
00:44:24 pour une profession qui n'est pas armée.
00:44:26 - Qui est plutôt pacifique.
00:44:28 - Qui travaille tout le temps.
00:44:30 - Qui travaille et qui se fait taxer, évidemment.
00:44:33 - Je vais reprendre le parallèle avec les gilets jaunes.
00:44:36 Je pense que c'est exactement la même chose.
00:44:38 Il n'y a aucune différence, selon moi, de nature
00:44:40 et de sociologie, peut-être aussi.
00:44:42 - Je suis d'accord avec vous.
00:44:44 - Tous les gilets jaunes n'étaient pas agriculteurs,
00:44:47 mais tous les agriculteurs étaient gilets jaunes.
00:44:50 Ce sont des gens qui travaillent,
00:44:52 qui ne vivent pas de leur travail.
00:44:54 C'est des gens à qui on a expliqué il y a 50 ou 40 ans,
00:44:57 "écoute, mon ami, tu es obsolète pour le monde
00:44:59 "qu'on est en train de préparer, qui va être merveilleux,
00:45:02 "il va falloir que tu fasses autre chose."
00:45:04 Et l'autre chose n'existait pas.
00:45:06 C'est des gens dont on a négligé aussi,
00:45:08 mais pour eux, c'est essentiel.
00:45:10 C'est pour ça que j'observe ces images,
00:45:13 je trouve qu'il se passe quelque chose de magnifique.
00:45:16 Vous avez peut-être trouvé le terme un peu excessif.
00:45:18 Non pas que j'adore voir des pneus brûler devant des préfectures,
00:45:21 mais on sait tous, en regardant ces images,
00:45:23 qu'aucun policier ne se fera agresser par un agriculteur.
00:45:25 S'il y en a, on le déplorera, évidemment,
00:45:27 mais on sait tous que ce n'est pas le risque qui est pris.
00:45:29 On sait tous que si le préfet sort pour parlementer,
00:45:31 il ne prend aucun risque non plus pour sa vie, a priori.
00:45:34 On sait tous qu'ils viennent parce qu'ils n'en peuvent plus,
00:45:37 mais qu'ils veulent faire passer un message.
00:45:39 Ce n'est pas casser pour casser.
00:45:41 Tout ça pour vous dire que le dernier parallèle que je ferai avec les gilets jaunes,
00:45:45 c'est que je pense que c'est trop tard pour le GNR en réalité.
00:45:48 C'est vraiment le coup de l'éco-taxe ou de la hausse du prix du carburant
00:45:50 au moment des gilets jaunes.
00:45:51 Au moment où c'est retiré, la rivière est déjà sortie de son lit.
00:45:54 Toutes les autres revendications bouillonnantes sont sur la table.
00:45:57 Aujourd'hui, le sujet, ce n'est plus tellement
00:45:59 "Est-ce que Gabriel Attal va revenir sur cette décision ?"
00:46:01 C'est "Qu'est-ce qui va apporter comme réponse concrète
00:46:03 à tous les problèmes qui se sont évoqués autour de la table depuis tout à l'heure ?"
00:46:05 Dans les revendications, il y a aussi, il l'a dit le porte-parole,
00:46:08 "Allez dans vos banques."
00:46:09 "Allez dans vos produits, vos tracteurs, allez partout."
00:46:11 Parce que l'attitude des banques, elle pose un vrai sujet.
00:46:13 Comme on ne veut plus de ces petites exploitations,
00:46:16 ils les étranglent.
00:46:17 C'est-à-dire que si vous faites une mauvaise saison,
00:46:19 les découvertes sont supprimées, il n'y a pas d'aide, etc.
00:46:23 Quand vous voulez investir pour essayer de développer,
00:46:25 souvent on vous refuse le prêt.
00:46:26 Et donc on est en train de les asphyxier aussi par les banques.
00:46:28 Donc le sentiment d'être pris en étau par tout le monde
00:46:31 est devenu insupportable.
00:46:33 - Pour les petits, j'imagine.
00:46:34 - Oui, c'est ce qu'on veut, c'est supprimer les petits.
00:46:36 - Pardon, céréalier, vous n'êtes pas forcément un grand céréalier,
00:46:39 monsieur Mouchenot, mais c'est vrai que c'est plus facile
00:46:40 quand on est un gros exploitant qu'un tout petit.
00:46:42 - Parce qu'il y a 20 ans, 30 ans, 180 hectares,
00:46:44 c'était une belle structure.
00:46:46 Aujourd'hui, on n'en vit plus.
00:46:47 - Ici, une petite structure.
00:46:49 - Non, mais aujourd'hui, on me dit,
00:46:51 il faut faire la transition environnementale, écologique.
00:46:54 Faites des panneaux solaires.
00:46:55 Aujourd'hui, je n'ai pas de trésorerie.
00:46:57 Je n'ai pas assez de trésorerie pour faire l'investissement.
00:47:00 Donc, c'est ric-rac.
00:47:02 On me dit, mais faites des chambres d'autres.
00:47:06 Mais recevez chez vous.
00:47:08 Moi, je suis agriculteur.
00:47:10 Je ne vis pas de mon métier, donc on me dit,
00:47:12 mais faites autre chose.
00:47:13 Faites autre chose à la ferme.
00:47:15 - Très bien.
00:47:16 - Et vous ajoutez à ça, évidemment,
00:47:18 la concurrence européenne et internationale.
00:47:21 Je veux dire, ça nous coûte cher
00:47:23 de respecter les normes environnementales et administratives.
00:47:26 - Très bien.
00:47:27 - On est en direct d'Agin.
00:47:29 Et on voit, effectivement, la colère de ces agriculteurs.
00:47:33 Je crois qu'on est en ligne avec Karine Duc,
00:47:35 qui se trouve précisément à Agin,
00:47:37 co-présidente de la coordination rurale du Lot-et-Garonne.
00:47:39 Est-ce que vous m'entendez, madame Duc ?
00:47:41 Bonsoir à vous.
00:47:43 On voit beaucoup de colère autour de vous.
00:47:45 Jusqu'où est-ce que vous êtes prêts à aller,
00:47:47 puisque vous n'avez obtenu aucune réponse ?
00:47:50 - Je ne peux pas vous dire jusqu'où on ira.
00:47:55 Aujourd'hui, on en est là.
00:47:58 J'ai demandé à ce qu'on ait des réponses très claires,
00:48:03 très rapides.
00:48:05 Je ne demande pas l'intégralité du discours du Premier ministre.
00:48:09 Je demande quelques mesures,
00:48:11 parce que, visiblement,
00:48:13 ils sont suffisamment irrespectueux
00:48:15 pour ne pas faire leurs annonces,
00:48:17 avancer leur calendrier de vendredi à aujourd'hui.
00:48:20 Donc, écoutez, faute de discours et de mesures précises,
00:48:24 il faut qu'on nous donne, aujourd'hui, ce soir, des éléments.
00:48:29 Parce que sinon, ça ne tiendra pas.
00:48:32 - Est-ce qu'on vous a vu tout à l'heure vous approcher
00:48:35 de vos collègues, notamment sur le tract Opel ?
00:48:38 Est-ce que vous calmez les troupes ?
00:48:40 Est-ce que vous sentez que tout le monde est à bout, ce soir, Karine Duc ?
00:48:44 - Bien sûr, ce sont nos amis.
00:48:48 On essaie de les contenir le plus possible,
00:48:50 mais à un moment donné, il ne faut pas leur demander.
00:48:52 C'est impossible.
00:48:54 La colère est immense.
00:48:55 Ça fait des mois, des années que c'est comme ça.
00:48:57 Ça fait des mois et des années qu'on se répète,
00:48:59 on dit les mêmes choses.
00:49:00 Il faut en arriver là,
00:49:02 pour qu'on soit un peu plus considérés.
00:49:05 Et maintenant, le ministère de l'Agriculture,
00:49:09 le dire cabre, nous a dit
00:49:11 "Laissez-nous du temps pour construire des propositions
00:49:14 qui correspondent au terrain."
00:49:16 Mais que fait le ministère de l'Agriculture, toute l'année,
00:49:19 s'ils ne sont pas en mesure d'avoir l'essence
00:49:23 de la colère des agriculteurs,
00:49:25 alors que nous, toute l'année, on fait un travail énorme
00:49:28 à essayer de faire en sorte qu'ils s'empreignent des sujets ?
00:49:31 C'est pas possible d'entendre ça.
00:49:34 Ils savent tout, ils connaissent normalement tous les sujets.
00:49:38 Ils sont suffisamment au courant,
00:49:40 ils nous baladent, ils vont nous balader jusqu'à vendredi.
00:49:43 Pourquoi ? Pour laisser des personnes en danger
00:49:45 sur les routes et les autoroutes ?
00:49:47 Pourquoi ? Pour multiplier les risques
00:49:49 et pour faire en sorte qu'il y ait peut-être un nouvel accident ?
00:49:52 Une nouvelle peine tragique ?
00:49:54 Écoutez, même s'il y a eu si vingt, rappelez-vous,
00:49:57 tout s'est arrêté très vite.
00:49:59 Dans la journée suivante, tout s'est arrêté.
00:50:02 Pourquoi là, on n'a pas des annonces ?
00:50:04 Pourquoi ils n'annoncent pas plus rapidement
00:50:07 les mesures qu'ils vont mettre en place ?
00:50:09 C'est inaudible, c'est irrespectueux
00:50:11 pour l'ensemble des agriculteurs,
00:50:13 l'ensemble de notre profession.
00:50:15 C'est irrespectueux pour les malheureuses personnes
00:50:18 qui sont décédées.
00:50:20 On marche vraiment à l'inverse.
00:50:23 Ce n'est pas possible.
00:50:25 Ce soir, je veux bien qu'on fait de notre mieux
00:50:28 pour que tout se passe le mieux possible.
00:50:31 Mais il faut que la colère s'exprime.
00:50:33 La colère est immense, c'est un point culminant.
00:50:35 Donc à un moment donné,
00:50:37 vous ne pouvez pas nous demander l'impossible.
00:50:39 - Karine Duc, est-ce que vous,
00:50:43 on a entendu votre collègue appeler
00:50:45 tous les agriculteurs à prendre leur tracteur,
00:50:47 à aller voir les banques, à aller voir les préfectures.
00:50:49 Est-ce que vous envisagez de monter à Paris,
00:50:51 vous aussi, demain ou vendredi ?
00:50:53 - Pour l'instant, ce n'est pas envisagé.
00:50:56 Mais vous savez, ce n'est pas envisagé pour l'instant.
00:50:59 Mais on est au jour le jour.
00:51:02 On espérait sincèrement être entendus.
00:51:04 Et à ce qu'on soit considérés
00:51:06 et qu'on ait quelques mesures,
00:51:09 ça nous aurait fait peut-être patienter un petit peu.
00:51:12 On n'est pas en train de se demander de monter à Paris.
00:51:15 Il faut par contre que l'ensemble des agriculteurs de France
00:51:19 regardent tous les actes routiers.
00:51:21 Et les actes routiers, ce sera une bien meilleure action
00:51:24 que de monter à Paris.
00:51:26 Il faut que toute la France soit bloquée.
00:51:28 Partout. Allez-y.
00:51:30 Bloquez.
00:51:32 C'est un acte de...
00:51:34 Aujourd'hui, on est à un point culminant.
00:51:36 C'est un acte citoyen.
00:51:38 C'est une agriculture française.
00:51:40 - Une question, Karine Duc.
00:51:42 Si vous aviez un message à Emmanuel Macron
00:51:44 à passer ce soir,
00:51:46 qu'est-ce que vous diriez au président de la République ?
00:51:48 - Excusez-moi, ça a klaxonné.
00:51:50 - J'ai compris.
00:51:52 Si vous aviez Emmanuel Macron en face de vous,
00:51:54 qu'est-ce que vous lui diriez ce soir, Karine Duc ?
00:51:56 - Je lui demanderais de faire le constat d'échec
00:51:59 de la politique agricole française, européenne.
00:52:03 Et je lui demanderais de venir sur le terrain
00:52:06 pour ne plus que cette situation arrive.
00:52:10 Et je lui demanderais deux choses, simplement.
00:52:13 D'accéder, de mobiliser l'ensemble de son personnel
00:52:17 et l'ensemble de sa politique
00:52:19 pour faire en sorte que les agriculteurs aient un revenu.
00:52:23 Tout reconstruire pour que l'agriculteur ait un revenu.
00:52:25 Tout le monde dans ce pays a un revenu, sauf nous.
00:52:28 C'est indécent.
00:52:30 Et la loi EGalim ne fonctionne pas.
00:52:33 Ce n'est pas suffisant, ça ne sert absolument à rien.
00:52:36 Ils vont redurcir la loi EGalim, peut-être.
00:52:38 Ça ne servira absolument à rien.
00:52:40 Ça fera une loi sur une loi sur une loi.
00:52:42 Et la deuxième chose, c'est la pression des mesures environnementales.
00:52:46 Ça nous tue.
00:52:48 Il faut qu'elles cessent.
00:52:50 Il faut qu'elles régressent.
00:52:52 Parce que c'est une question de vie et de mort pour l'agriculture.
00:52:54 On est en déproduction.
00:52:56 On est à un point où les importations ne vont cesser de croître.
00:53:01 Ces importations vont nous rendre d'une faiblesse,
00:53:06 vont affaiblir la France de manière considérable.
00:53:08 Les enjeux liés, les conséquences d'avoir négligé l'agriculture,
00:53:14 vous ne pouvez pas vous imaginer l'impact sur l'ensemble de la population qu'elles auront.
00:53:18 Aujourd'hui, c'est nous qui alertons.
00:53:21 Mais il faut que l'ensemble de la population fasse preuve,
00:53:26 et fasse un acte citoyen et soutienne l'ensemble des agriculteurs.
00:53:31 Parce qu'aujourd'hui, c'est nous qui crevons.
00:53:33 Demain, c'est eux qui vont crever.
00:53:35 C'est eux qui vont crever demain.
00:53:37 Un dernier mot, vous allez rester sur place ce soir, Karine,
00:53:39 avec vos confrères, avec vos collègues.
00:53:41 Oui, bien sûr.
00:53:43 Et demain ?
00:53:45 On ne lâche rien. On est là jusqu'au bout.
00:53:47 Et le bout, le bout est bientôt.
00:53:50 Donc il va falloir qu'on ait des éléments quand même.
00:53:53 Merci beaucoup, Karine.
00:53:55 Karine Duc, qui nous a répondu,
00:53:57 qui est coprésidente de la coordination rurale du Lot-et-Garonne,
00:54:01 avec toujours ses images de la préfecture d'Agin,
00:54:03 qui est cernée par les agriculteurs,
00:54:06 avec Louis de Racknel, des forces de l'ordre,
00:54:09 qui sont très attentives, qui sont présentes aux côtés des agriculteurs,
00:54:12 mais qui n'interviennent pas.
00:54:13 Parce qu'il n'y a pas d'acte de violence qu'on peut contrôler.
00:54:15 La préfecture.
00:54:17 Oui, et puis surtout, il y a une volonté,
00:54:19 surtout de ne pas créer l'élément déclencheur
00:54:22 qui ferait basculer tout le mouvement.
00:54:24 Parce qu'en fait, ce qu'on observe, moi, c'est l'impression que j'ai,
00:54:27 c'est qu'il faut que les annonces soient extrêmement fortes vendredi,
00:54:30 pour espérer que le mouvement rentre,
00:54:33 la rivière rentre dans son lit.
00:54:36 Et puis, on voit bien qu'il y a une ambiance
00:54:40 qui est... le temps est vraiment suspendu.
00:54:42 C'est-à-dire qu'on voit que les agriculteurs
00:54:44 n'ont qu'une seule envie, en fait, c'est de rentrer chez eux.
00:54:47 C'est que ça se passe bien, d'obtenir gain de cause
00:54:50 le plus pacifiquement possible.
00:54:52 Et puis, il y a quand même cet élément-là,
00:54:55 c'est-à-dire que si vraiment, vendredi ou avant-vendredi,
00:54:57 les annonces ne sont pas suffisantes,
00:55:00 je pense que la moindre étincelle
00:55:03 peut faire basculer le mouvement,
00:55:05 pour le coup dans des choses bien plus radicales que ce qu'on voit aujourd'hui.
00:55:08 Sauf que, comme c'était dit tout à l'heure,
00:55:10 les réunifications s'élargissent.
00:55:12 Et effectivement, les mesures à court terme le génèrent et tout ça.
00:55:14 Mais on parle des banques.
00:55:15 Le gouvernement ne pourra pas prendre des décisions tout de suite.
00:55:18 Là, ça a été dit par l'enplein-entente,
00:55:20 les normes environnementales, ce sont des lois.
00:55:22 Le gouvernement, en fait, y compris la lutte
00:55:24 contre l'utilisation de certains produits
00:55:26 pour protéger les cultures,
00:55:28 le gouvernement ne va pas pouvoir dire
00:55:30 "déroger à la règle, violer la loi,
00:55:32 prenez les produits, c'est pas grave, on verra bien".
00:55:34 Donc malheureusement, moi ce qui me fait très peur,
00:55:37 c'est que le gouvernement n'a pas la capacité
00:55:39 d'apporter des réponses globales à ces problématiques.
00:55:41 D'où l'idée que le gouvernement prend le temps,
00:55:43 que les préfets ne disent rien,
00:55:45 c'est parce qu'ils sont complètement pieds et moins liés
00:55:47 par la législation, la réglementation et par Bruxelles.
00:55:50 Donc, les capacités de répondre aux revendications
00:55:53 qui s'élargissent, elles sont extrêmement faibles.
00:55:56 Mais puisque la faillite politique française,
00:55:58 c'est une faillite politique européenne,
00:56:00 nous avons droit à... Parce que je vous rappelle quand même
00:56:02 que les agriculteurs en Allemagne étaient dans la rue.
00:56:05 Aux Pays-Bas, ils l'étaient aussi.
00:56:07 On parle des Espagnols, on parle des Italiens.
00:56:09 Donc je veux dire, il y a quand même à un moment donné
00:56:11 une problématique de civilisation,
00:56:13 de conception civilisationnelle à l'échelle de l'Union européenne.
00:56:16 Cette Union européenne n'est pas politique au sens norme du terme.
00:56:19 Elle pénalise les agriculteurs de l'Union européenne
00:56:22 qui sont en concurrence les uns avec les autres.
00:56:25 Donc là, il y a un vrai sujet.
00:56:27 On va écouter un instant cet agriculteur.
00:56:29 Pour atteindre notre paroxysme,
00:56:31 et pour l'instant, bon, mais écoutez,
00:56:34 vous avez vu la mobilisation, le nombre de tracteurs,
00:56:37 le nombre d'agriculteurs.
00:56:39 Bon, il y a longtemps que je manifeste.
00:56:41 Ça fait une petite trentaine d'années.
00:56:43 Je n'ai jamais vu autant de monde.
00:56:45 Et je n'ai jamais vu autant de gosses et de jeunes.
00:56:48 Donc j'ai encore de l'espoir.
00:56:51 Il faut entendre que c'est certainement notre dernier combat.
00:56:54 Si on perd celui-là, l'agriculture française,
00:56:57 qui est déjà à moitié morte et mourante,
00:57:00 elle sera complètement morte.
00:57:02 - Est-ce qu'il faut mener des actions radicales
00:57:04 avec le cours sur le sauve-sauve
00:57:06 pour se faire entrer dans un moyen pour pouvoir mourir ?
00:57:08 - Ben, vous le savez bien, en France,
00:57:10 s'il n'y a pas des larmes et du sang,
00:57:12 eh bien, il n'y a rien abouti.
00:57:15 Ce ne sont que les larmes et le sang.
00:57:17 Et Dieu sait si on est très mal placé aujourd'hui
00:57:20 au surlendemain du décès de deux de nos sœurs,
00:57:25 si on est très mal placé pour dire qu'il faudrait du larme et du sang.
00:57:30 Donc nous, on a tout essayé aujourd'hui
00:57:32 pour que ça se passe à peu près tranquillement,
00:57:35 ce qui est le cas.
00:57:36 Demain, je ne garantis rien.
00:57:38 - Demain, vous allez revenir devant la protection ?
00:57:40 - Je ne sais pas.
00:57:41 On ira peut-être à Bordeaux, à Paris,
00:57:42 on montera un combo à la haut, je ne sais pas.
00:57:44 - Il faut faire pareil à Paris pour que ça bouge ?
00:57:46 - Il faut aller à Paris.
00:57:47 Mais nos collègues de la BOSSE se sont mis en bras.
00:57:50 Demain, Paris est bloqué.
00:57:52 - Ça va continuer comme ça, crescendo,
00:57:54 jusqu'à ce que le gouvernement bouge ?
00:57:56 - Ah ben, jusqu'à ce qu'il nous écoute.
00:57:57 Mais pour nous écouter,
00:57:58 il va falloir qu'il se mette à dos
00:58:00 une partie de son électorat, les écologistes.
00:58:03 - Eh oui.
00:58:04 - C'est un problème pour lui.
00:58:06 - Eh ben, pourquoi ?
00:58:07 Parce que déjà qu'il n'a pas de majorité,
00:58:09 alors s'il perd les écolos,
00:58:10 il va en avoir encore au moins.
00:58:12 Et donc, ça va être très compliqué.
00:58:14 Alors, je ne me mets pas à sa place,
00:58:16 parce qu'il a choisi sa place.
00:58:18 Mais malgré tout,
00:58:19 je pense qu'il va passer un sale quart d'heure, Emmanuel.
00:58:24 J'appelle partout en France
00:58:28 à se lever,
00:58:29 toute tendance syndicale réunie,
00:58:32 et à bloquer, bloquer, bloquer, bloquer, bloquer.
00:58:35 - Même pour le métier, il y avait les taxis aujourd'hui ?
00:58:37 - Alors, il y avait les taxis aujourd'hui à Agen,
00:58:38 les routiers, les boulangers nous ont fait à manger ce matin.
00:58:42 Que tout le monde se mette en bras,
00:58:44 tous ceux qui travaillent, se mettent en bras.
00:58:47 Les autres, on n'en a pas besoin, par contre.
00:58:49 - Vous avez presque pensé aux Gilets jaunes avec les gens ?
00:58:51 - Alors, surtout, vous ne me parlez pas de Gilets jaunes.
00:58:54 Vous ne me parlez pas de Gilets jaunes.
00:58:56 Ça n'a rien à voir avec les Gilets jaunes.
00:58:58 C'est une révolte de gens qui travaillent.
00:59:01 Et qui veulent simplement qu'on leur foute la paix
00:59:04 et qu'on les laisse travailler.
00:59:06 - Voilà pour cette prise de parole en direct d'Agen
00:59:12 avec cet agriculteur en colère et ses images,
00:59:15 ce feu, ce feu avec des pneus qui brûlent devant la préfecture d'Agen,
00:59:20 symbole de la colère des agriculteurs.
00:59:22 Une colère qui s'étend à toute la France.
00:59:24 Les points de blocage se sont multipliés depuis hier.
00:59:27 On est en direct, évidemment, sur CNews
00:59:30 pour vivre cette colère des agriculteurs
00:59:34 qui souhaitent monter demain sur Paris
00:59:37 pour faire entendre leurs revendications.
00:59:39 La réponse du gouvernement tarde, tarde trop.
00:59:42 Il est minuit moins une, nous disent tous ceux que nous interrogeons,
00:59:45 tous ces agriculteurs qui sont aujourd'hui le cœur battant de notre pays.
00:59:50 Et bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:59:55 Bienvenue dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:59:57 On pourrait se croire en plein salon de l'agriculture
01:00:00 tant on voit et on entend nos paysans et surtout leur colère
01:00:03 qui monte comme une rivière en furie, débordant même leurs syndicats.
01:00:06 Et pourtant le salon de l'agriculture, c'est pile dans un mois, le 24 février prochain.
01:00:10 Vous savez, ce grand rendez-vous des citadins
01:00:12 où l'on admire des bêtes magnifiques au pelage lustré,
01:00:15 où les moutons sont bien gardés,
01:00:17 où l'agriculteur et ce formidable VRP de sa profession
01:00:20 quittent en poliment un bout de saucisson ou de tombe de vache
01:00:23 un président en goguette dans des allées bien nettoyées.
01:00:26 Pas sûr que le prochain salon se passe aussi bien que cela.
01:00:29 Pas sûr que les paysans tendent l'autre joue à ces politiques
01:00:32 qui n'ont de cesse de jouer un double jeu,
01:00:34 attentifs et compatissants à Paris
01:00:36 et votant tout l'inverse lorsqu'ils sont à Bruxelles
01:00:39 pour satisfaire aux exigences du futur pacte vert,
01:00:42 ce nouveau modèle agricole basé sur la nécessaire transition écologique
01:00:46 mais qui provoque un effondrement de notre production.
01:00:49 D'ici un mois, la tension sera peut-être retombée
01:00:52 avec à la clé quelques mesures pour calmer la gronde
01:00:55 mais il n'en restera pas moins que les paysans ont de la mémoire,
01:00:58 la mémoire des croquants qui sont aujourd'hui les croquets.
01:01:02 On en débat ce soir dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:01:05 Il est 18h, bienvenue sur Europe 1 et sur CNews.
01:01:20 Nous sommes en pleine crise des agriculteurs.
01:01:23 Une mobilisation qui ne cesse de s'accentuer depuis deux jours.
01:01:28 Les barrages routiers sont très nombreux.
01:01:30 Ils veulent faire pression sur le gouvernement,
01:01:33 sur le Premier ministre, Gabriel Attal, à Agen.
01:01:36 Ils sont très nombreux en ce moment même devant la préfecture
01:01:40 qui est en flamme, en tout cas il y a des flammes juste devant cette préfecture,
01:01:45 des pneus qui sont brûlés, du lisier a été déversé sur toute la façade de la préfecture.
01:01:50 Une grande colère des paysans qui appellent à prendre leur tracteur,
01:01:54 à aller demain sur la capitale.
01:01:56 Espérons que le gouvernement entende ces revendications.
01:01:59 On est avec Karim Zérébi en plateau, ancien député européen,
01:02:02 Louis de Ragnel d'Europe 1, Vincent Herouet aussi d'Europe 1,
01:02:05 avec un agriculteur, monsieur Paul Mougenot, qui est agriculteur dans l'Aisne,
01:02:09 avec Geoffroy Lejeune du JDD et François Puponi, qui est ancien député.
01:02:14 La colère des paysans, on la voit, on l'entend.
01:02:16 On va rejoindre Stéphanie Rouquier qui se trouve tout près de l'autoroute A64
01:02:21 avec un agriculteur, Régis Derumeau, qui est président de la FDSA OISE.
01:02:26 Monsieur Derumeau, bonsoir à vous, merci beaucoup d'être avec nous.
01:02:30 Stéphanie, expliquez-nous un tout petit peu ce qui se passe autour de vous.
01:02:34 C'est le 7e jour de blocage ici à Carbone,
01:02:39 7e jour de présence de ces agriculteurs en pleine autoroute
01:02:42 et après le drame survenu hier matin et le décès de leur collègue,
01:02:46 Alexandra, et de sa fille âgée de 12 ans.
01:02:49 Ces agriculteurs ont renforcé la sécurité de leur campement.
01:02:53 Ils ont positionné tout autour de très nombreux tracteurs
01:02:56 parce que vous pouvez bien évidemment imaginer que ces agriculteurs
01:03:00 sont encore extrêmement marqués par ce drame.
01:03:03 Et bien sûr, ils veulent éviter qu'un nouveau drame se produise,
01:03:06 qu'un nouveau véhicule ne franchisse une barricade.
01:03:09 Alors, ils nous expliquent tous ici qu'ils sont encore extrêmement motivés, mobilisés.
01:03:14 Ils attendent des annonces du gouvernement,
01:03:16 des annonces qui devraient arriver d'ici vendredi.
01:03:19 Et tous nous expliquent ici que s'ils jugent que ces annonces ne sont pas à la hauteur,
01:03:23 et bien ils peuvent rester ici encore des semaines.
01:03:26 Merci beaucoup Stéphanie Rouquier.
01:03:28 Louis Dragnel, chef du service politique de Repain,
01:03:30 on a des images d'Agen avec beaucoup de colère des agriculteurs.
01:03:34 Ils ont rencontré des membres du cabinet de Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture.
01:03:38 Oui, donc ils ont été manifestement déçus
01:03:41 parce que le cabinet de Marc Fesneau n'a pas pu leur donner de réponse.
01:03:45 Il leur a dit qu'en fait il fallait attendre que Gabriel Attal s'exprime.
01:03:48 Et donc, c'est une illustration de l'impatience de ces agriculteurs
01:03:53 qui pendant des années n'ont jamais rien demandé.
01:03:56 Et puis, quand ils demandent quelque chose une fois tous les dix ans,
01:03:59 et bien on se voit imposer des délais supplémentaires.
01:04:02 Et donc, c'est sans doute ça qui a créé l'impatience et l'exaspération.
01:04:06 Alors, je crois qu'il y a un agriculteur qui prend la parole depuis Agen.
01:04:08 Je ne sais pas si on peut l'écouter.
01:04:09 C'est ce que je demande à David Pougeol qui est en régie,
01:04:12 puisque Agen, il y a beaucoup de colère.
01:04:15 Écoute, on va...
01:04:16 Vous, comment vous le prendriez ?
01:04:18 On est d'accord ?
01:04:20 Ça fait longtemps qu'on n'a pas vu des agriculteurs aussi énervés.
01:04:23 Ah oui, oui. Depuis 2014, je pense, ici à Agen, à peu près.
01:04:27 Qu'est-ce qui a fait que cette fois-ci, c'était la goutte d'eau ?
01:04:32 C'est la goutte d'eau trop.
01:04:33 Toutes ces normes, la PAC, la paperasse.
01:04:37 On a plus de papiers comme président de la République.
01:04:40 C'est un enfer, en fait.
01:04:41 Nous, la journée, on travaille et le soir, on rentre.
01:04:43 Mon oncle, il rentre le soir, il fait les paperasses jusqu'à minuit, 1h du matin.
01:04:47 Ce n'est pas une vie.
01:04:48 Il a des enfants, les paysans ont des enfants.
01:04:51 Ils ne peuvent plus vivre comme ça. Aujourd'hui, ce n'est plus possible.
01:04:53 Et un jeune agriculteur, aujourd'hui, ce n'est plus possible de vivre comme ça non plus.
01:04:57 Aujourd'hui, il y a trois paysans qui partent à la retraite pour une installation.
01:05:01 Au bout d'un moment, ce n'est plus possible.
01:05:03 Et au bout d'un moment, quand les pays de l'Est nous diront stop,
01:05:07 on n'en a plus de marchandises,
01:05:08 M. Macron viendra nous voir pour dire qu'on produise.
01:05:10 Mais sauf qu'on ne sera plus là. Donc, il se démerdera.
01:05:13 Et à ce moment-là, les Français creveront, eux, la bouche ouverte.
01:05:16 Contrairement à nous.
01:05:17 La agriculture française, elle est morte, elle est en train de mourir ?
01:05:20 Elle est en train de mourir aujourd'hui, oui.
01:05:22 Elle est en train de mourir aujourd'hui.
01:05:24 Vous avez vos collègues agricoles à faire pareil comme vous comme aujourd'hui ?
01:05:27 Bien sûr. Mais dans toute la France, c'est fait aujourd'hui.
01:05:30 Ils le font aujourd'hui. Ils bloquent les autoroutes.
01:05:32 En Allemagne, il faudrait faire comme eux.
01:05:34 Nos collègues allemands sont très mobilisés.
01:05:37 5 000 tracteurs, je crois qu'il y a.
01:05:39 Tout le Berlin, tout est bloqué.
01:05:41 Il faudrait faire pareil qu'eux.
01:05:43 Même, je crois, en Belgique aussi, il y a des manifestations.
01:05:46 À Lyon, partout, il y a des manifestations en passant.
01:05:49 Et il faudrait qu'on monte tous à Paris. Tous à Paris.
01:05:52 A rendre monté à Paris, ils vont mettre le feu comme ça dans la culture, dans tous les départements ?
01:05:55 Pour leur faire peur, oui.
01:05:56 Montez tous à Paris.
01:05:58 On a cet agriculteur qui s'exprime à Agen devant cette préfecture.
01:06:02 Il y a des pneus qui brûlent.
01:06:04 Du lisier qui a été épandu absolument partout sur la façade.
01:06:07 Paul Mougenot, vous êtes agriculteur dans l'Aisne.
01:06:09 C'est un spectacle que vous regrettez, mais qui est nécessaire, indispensable.
01:06:13 Vous dites que vous êtes quasiment en état de mort, les agriculteurs ?
01:06:18 Oui, c'est ce que nous avons dit hier au Premier ministre.
01:06:22 C'est qu'il est minuit moins une.
01:06:24 Et en fait, il y a un tel ras-le-bol, si vous voulez, dans nos campagnes.
01:06:31 Nos campagnes étaient silencieuses et vertueuses.
01:06:34 Mais là, c'est fini.
01:06:36 On a une agricultrice et sa fille qui sont mortes pour défendre leur exploitation agricole, leur emploi.
01:06:42 En fait, c'est inimaginable.
01:06:44 C'est l'euthanasie du monde agricole.
01:06:46 Aujourd'hui, vous avez un agriculteur sur deux, pardon, un agriculteur tous les deux jours qui se suicide.
01:06:53 C'est inimaginable, inacceptable.
01:06:55 Parce qu'il n'y a pas d'autre solution pour ceux qui se suicident ?
01:06:58 Ils se disent "on n'y arrivera pas de toute façon".
01:07:00 Mais si vous voulez, c'est ce qu'on évoque depuis tout à l'heure.
01:07:03 Vous avez évidemment des annonces qui doivent être faites de façon nationale par le gouvernement.
01:07:09 La question du GNR, il faut stopper cet impôt supplémentaire sur le GNR.
01:07:12 La question du moratoire et pendant un an, si vous voulez, de stopper cette forme d'inquisition sur les normes.
01:07:20 Ce sentiment d'inquisition dans nos fermes sur les contrôles permanents.
01:07:24 Et évidemment, cette question à moyen et long terme sur la transmission des exploitations familiales.
01:07:30 Mais vous l'avez dit, il y a cette concurrence européenne déloyale.
01:07:33 Aujourd'hui, on parlait de transition environnementale, transition écologique.
01:07:37 On aime tous nos animaux.
01:07:39 Je ne suis pas éleveur, la présidente de la coordination, Véronique Lefloch, est éleveuse.
01:07:43 Elle aime ses bêtes.
01:07:44 Elle va retourner chez elle pour s'en occuper.
01:07:46 Et on nous fait des poulaillers dans les pays de l'Est de 72 hectares.
01:07:49 Et après, on nous parle de bientraitance animale.
01:07:53 Et si vous voulez, il y a un tel décalage.
01:07:55 Et effectivement, il y a ce sentiment de dire qu'à un moment donné, on utilise les mots, l'empathie.
01:08:02 Et on est presque en état de mort en France et en Europe.
01:08:06 Et à côté de ça, on vous fait venir de la viande de Nouvelle-Zélande,
01:08:09 qui ne respecte pas les mêmes normes que les nôtres.
01:08:12 Mais en fait, on marche sur la tête.
01:08:14 On marche sur la tête.
01:08:15 Et c'est ce que vous dites depuis longtemps, vous, les paysans.
01:08:18 Vincent Arouet est avec nous.
01:08:19 On a entendu cet aquaculteur expliquer que ce n'est pas seulement un problème français.
01:08:23 C'est un problème européen.
01:08:25 C'est un problème de tous les pays, d'une partie de cette Union européenne,
01:08:29 qui décidément, promote l'Union, qui est contrainte.
01:08:32 Oui, on a vu monter en Allemagne, mais aussi en Roumanie, en Bulgarie, etc.
01:08:37 Toutes sortes de manifestations depuis quelques semaines.
01:08:39 Il y a quelque chose d'ailleurs qui est très curieux.
01:08:42 C'est une sorte d'absence de synchronisation.
01:08:45 C'est-à-dire qu'il y a huit jours à peine, on était en train de tous commenter
01:08:50 l'avènement d'un nouveau gouvernement, d'un Premier ministre
01:08:54 qui n'est jamais sorti des neuf premiers arrondissements de Paris.
01:08:58 Et tout le monde trouvait ça absolument épatant.
01:09:01 Un sursaut, une fraîcheur.
01:09:04 L'année commençait bien.
01:09:06 Mais en même temps, si vous voulez, le malaise paysan,
01:09:10 vous parliez du suicide à l'instant, monsieur le sud des paysans,
01:09:13 c'est la pointe immergée de la souffrance paysanne.
01:09:18 Et c'est un sujet qu'on connaît depuis des années,
01:09:22 il y a eu des mesures qui ont été prises.
01:09:25 Parce que qu'est-ce qui suscite ce sont d'ailleurs,
01:09:27 c'est intéressant, ce sont ceux qui font des vaches laitières,
01:09:30 et ceux qui font de la viande, des bovins.
01:09:33 C'est surtout ceux de plus de 65 ans.
01:09:37 C'est très particulier.
01:09:39 Ceux qui se pendent, ce n'est pas les gens qui sont pris à la gorge
01:09:42 obligatoirement par les dettes.
01:09:44 Il y a un vrai malaise paysan qui est spécifique.
01:09:47 Il y a eu des commissions, il y a eu des rapports parlementaires,
01:09:50 il y a eu des mesures, il y a eu des millions qui ont été dégagés.
01:09:53 Mais tout ça, c'est rien parce que ça ne traite pas le cœur du problème
01:09:58 qui est le décalage entre une société,
01:10:02 sur place de télévision, on est assez décalé du monde rural,
01:10:07 et puis la réalité de la ruralité justement.
01:10:10 On va écouter Karine Duc, qui est coprésidente de la coordination rurale.
01:10:14 Elle s'exprime depuis Agen, écoutez-la.
01:10:16 Tout pouvait se passer correctement,
01:10:19 on n'aurait même pas eu besoin de venir ici,
01:10:22 si ils avaient répondu à nos multiples demandes,
01:10:27 et si on avait pu avoir satisfaction,
01:10:30 et s'ils avaient entendu la colère des agriculteurs.
01:10:33 Je vois que le directeur de cabinet du ministère de l'agriculture
01:10:37 demande encore aujourd'hui, cet après-midi, des propositions.
01:10:41 Mais ça veut dire quoi ?
01:10:43 Normalement, le ministère de l'agriculture est censé pouvoir être en mesure,
01:10:47 à l'instant T, d'avoir la mesure de la détresse des agriculteurs
01:10:53 et des besoins des agriculteurs.
01:10:54 C'est leur boulot, 365 jours sur 365.
01:10:57 Donc à un moment donné, là, c'est du foutage de gueule.
01:11:00 Ce soir, on en est là, demain, on verra.
01:11:04 Mais bien sûr, ça va continuer, ça sera crescendo.
01:11:08 Il le faut, c'est comme ça.
01:11:10 Il faut que Gabriel Attal, notre premier ministre,
01:11:13 notre président de la République,
01:11:17 je crois qu'il y a le feu un peu partout en France, si je comprends bien.
01:11:20 Donc si ce n'est pas un sujet majeur,
01:11:23 et si ce n'est pas valable pour faire avancer dans le calendrier
01:11:27 de 24 heures ou 48 heures des déclarations,
01:11:30 j'y comprends plus rien.
01:11:32 C'est complètement négliger la base,
01:11:36 c'est complètement négliger le peuple, les agriculteurs et d'autres.
01:11:40 On a énormément de soutien ici, toutes professions confondues,
01:11:44 qui mesurent l'impolitesse, l'irrespect
01:11:52 et la position infâme que prend l'État
01:11:57 en attendant, en se positionnant encore dans le temps.
01:12:00 Le gouvernement de M. Macron a une sérieuse tendance
01:12:05 à essayer de repousser dans le temps toute prise de décision.
01:12:08 Et ça, aujourd'hui, c'est insupportable.
01:12:10 Ils sont au pied du mur. Nous aussi, on est au pied du mur.
01:12:14 Mais là, nous, on est installés, et ça va durer.
01:12:16 Et ça va durer en intensité, et ça va continuer.
01:12:19 Arrêtez ce jeu qui, finalement, n'aboutit à rien de bon,
01:12:24 ni pour les uns, ni pour les autres.
01:12:26 Écoutez le peuple, faites des annonces.
01:12:28 Maintenant, vous aurez montré que vous êtes attentifs
01:12:31 à ce qui se passe sur le terrain. Et puis, c'est tout.
01:12:34 Si les annonces ne sont pas suffisantes,
01:12:36 si les annonces ne viennent pas,
01:12:38 est-ce qu'il faut faire un pari pour que ça avance un peu ?
01:12:40 Je pense qu'il faut que l'ensemble des agriculteurs
01:12:44 mobilisent et fassent en sorte que toute la France soit bloquée.
01:12:48 C'est bien mieux que d'aller à Paris voir ses énarques.
01:12:51 Voilà pour Karine Duc, qui était évidemment de la coordination rurale,
01:12:59 et qui a dit sa colère, et qui a dit
01:13:01 cette volonté d'aller sur la capitale.
01:13:04 Audrey Bertheau est une de nos envoyées spéciales.
01:13:06 Il est 18h12, on est en direct sur CNews et Europe 1.
01:13:09 Vous vous trouvez sur l'autoroute A16
01:13:12 avec le président de la FDSEA de Loise.
01:13:15 C'est bien ça.
01:13:18 - Bonjour Laurence.
01:13:20 On est toujours sur l'A16 près de Beauvais.
01:13:23 On a parcouru à peu près 15-20 km
01:13:26 pour se placer à nouveau sous un pont.
01:13:29 Ici, les agriculteurs vont passer la nuit.
01:13:32 C'est votre cas.
01:13:34 Régis, ça fait deux jours que vous n'êtes pas rentré chez vous,
01:13:37 deux jours que vous n'êtes pas douché.
01:13:39 Mais pour vous, la mobilisation continue.
01:13:41 Vous n'allez rien lâcher.
01:13:43 - Il y aura toujours moyen de prendre une douche plus tard.
01:13:45 On s'organise, on est très motivés.
01:13:47 On est en train de monter le bivouac.
01:13:49 On prépare le barbecue.
01:13:51 Et puis on avance sur Paris tout doucement.
01:13:53 - Qu'est-ce qui va se passer dans les prochains jours,
01:13:56 dès demain ?
01:13:58 - Demain, on prendra la décision de tous ensemble d'avancer encore.
01:14:01 On verra.
01:14:03 On posera la question aux agriculteurs présents aujourd'hui.
01:14:06 On s'approchera encore de Paris.
01:14:08 On sait que le Premier ministre doit faire des annonces vendredi.
01:14:11 Et à partir de vendredi, on sera aux portes de Paris.
01:14:14 On prendra la décision d'encercler Paris,
01:14:17 en tout cas sur les voies qui sont présentes de notre côté.
01:14:20 - Qu'est-ce que vous attendez concrètement ?
01:14:23 - Des annonces fortes.
01:14:25 Il nous faut des actes forts qui arrivent sur nos exploitations.
01:14:28 Il nous faut des engagements par rapport à l'Europe à long terme.
01:14:31 On sait qu'il y a des choses qui peuvent être prises très rapidement.
01:14:34 Mais il y a aussi d'autres mesures qui seront plus longues à prendre
01:14:37 quand il faut aller négocier avec l'Europe,
01:14:40 quand il faut discuter avec eux.
01:14:43 - Merci beaucoup.
01:14:46 Les agriculteurs sont déterminés pour aller jusqu'au bout.
01:14:49 C'est-à-dire Paris.
01:14:52 - Merci beaucoup.
01:14:55 On voit qu'il y a une forme de convergence des colères.
01:14:58 Il y a les agriculteurs, mais il y a aussi parfois les taxis.
01:15:01 Il y a parfois quelques gilets jaunes qui reviennent.
01:15:04 Les paysans ne veulent pas qu'on les vende.
01:15:07 - C'est ce qui apparaît dans les notes des scénarios.
01:15:10 - Oui, les paysans ne veulent pas qu'on les confonde avec les gilets jaunes.
01:15:13 Mais leur mouvement peut agréger.
01:15:16 - Et puis en Bretagne, il y a le lien éleveur-pêcheur-agriculteur.
01:15:19 Il y a une autre problématique qui concerne les pêcheurs.
01:15:22 - Ils doivent rester à quai pendant un mois.
01:15:25 - Ils doivent rester à quai pendant au moins un mois.
01:15:28 Ils sont indemnisés à hauteur de 80% de leur chiffre d'affaires.
01:15:31 Pour préserver la survie des dauphins dans le golfe de Gascogne.
01:15:34 - C'est un peu comme un pêcheur.
01:15:37 - Oui, la survie des dauphins dans le golfe de Gascogne.
01:15:40 D'autant qu'il y a beaucoup trop de dauphins.
01:15:43 Les pêcheurs n'aiment pas pêcher des dauphins.
01:15:46 C'est un autre sujet.
01:15:49 Mais chaque jour et chaque heure qui passe,
01:15:52 on voit que le mouvement est en train de prendre de l'ampleur.
01:15:55 Il est urgent que Gabriel Attal,
01:15:58 et ce que disent tous les agriculteurs qu'on écoute depuis tout à l'heure,
01:16:01 ils attendent maintenant des annonces.
01:16:04 Maintenant, je crois que le diagnostic est assez clair.
01:16:07 Il y a des choses même précises.
01:16:10 On entend depuis deux jours que les revendications sont très hétérogènes.
01:16:13 Sur le GNR, par exemple, c'est une revendication qui est claire
01:16:16 et qui est partagée par tous.
01:16:19 Je crois que tout ce qu'on vous impose en termes de normes environnementales,
01:16:22 sur la non-utilisation des pesticides, sur le glyphosate,
01:16:25 tout ça, c'est des choses qui reviennent.
01:16:28 Sur les accords de libre-échange, ça c'est quelque chose qui revient
01:16:31 partout. Je pense aussi à la question des bassines.
01:16:34 Et ça, c'est des choses sur lesquelles le gouvernement français a des leviers.
01:16:37 Gabriel Attal peut agir sur ces éléments-là.
01:16:40 Ça peut être des mesures de court terme. On n'est pas obligé d'attendre
01:16:43 des choses incroyables de la part de Bruxelles.
01:16:46 Mais, encore une fois, le sujet va être très politique
01:16:49 puisque les annonces que les agriculteurs attendent du gouvernement
01:16:52 se heurtent au vote, au projet politique européen
01:16:55 d'Emmanuel Macron.
01:16:58 - C'est le début d'une entorse. J'ai écouté ce matin la porte-parole
01:17:01 du gouvernement qui disait qu'elle était attachée à la préservation
01:17:04 de l'exception agricole française.
01:17:07 Si on considère qu'il y a une exception agricole française,
01:17:10 ce n'est pas tout à fait conforme au vote du groupe Rignou,
01:17:13 qui sont les parlementaires macronistes à Bruxelles.
01:17:16 - Ils ont voté aujourd'hui même un accord de libre-échange
01:17:19 avec le Chili. M. Moujnaud va nous amener
01:17:22 9000 tonnes supplémentaires de poulet,
01:17:25 de porc, etc.
01:17:28 C'est de la concurrence déloyale pour vous, les agriculteurs.
01:17:31 - Vous le voyez bien. Le GNR, c'était déjà la goutte de trop.
01:17:34 Là, le sentiment de ras-le-bol est percé.
01:17:37 On n'en peut plus. Qu'est-ce que vous voulez faire de plus ?
01:17:40 Effectivement, le gouvernement, il ne faut pas de Grenelle,
01:17:43 il ne faut pas d'accord, il ne faut pas de réception,
01:17:46 de grande messe, de ségur de l'agriculture.
01:17:49 Il faut des actes. Il faut des actes, très rapidement, vous l'avez dit.
01:17:52 Et je pense que vous l'avez dit une fois de plus,
01:17:55 la question du GNR, c'est stop à cette impôt supplémentaire,
01:17:58 la question du moratoire sur cette forme d'inquisition permanente
01:18:01 dans nos fermes, évidemment,
01:18:04 et la question d'une réflexion sur la transmission
01:18:07 pour conserver des fermes à dimension familiale,
01:18:10 pour éviter cette financiarisation.
01:18:13 Et à un moment donné, un chef s'est fait pour cheffer.
01:18:16 Donc vous allez à Bruxelles et vous défendez la position
01:18:19 pour défendre les Français.
01:18:22 Parce qu'une Union européenne,
01:18:25 on est à quelques mois des élections européennes,
01:18:28 où on n'est pas capable de défendre les intérêts français à Bruxelles,
01:18:31 c'est-à-dire qu'on n'est pas capable de défendre les intérêts français dans le monde.
01:18:34 Et aujourd'hui, demain, on va être obligés d'importer
01:18:37 notre propre alimentation.
01:18:40 Là où Sully disait que labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France.
01:18:43 Notre pays en est réduit à ça.
01:18:46 Donc on va importer notre propre alimentation, nous la France.
01:18:49 - Vincent Hervoit, est-ce qu'on peut retrouver notre souveraineté alimentaire
01:18:52 ou est-ce qu'elle est désormais dans les mains de l'Europe ?
01:18:55 - Non mais c'est plus grave que ça.
01:18:58 Vous pouvez effectivement faire l'histoire de la PAC
01:19:01 et voir à quel point on a un peu reculé.
01:19:04 C'était quand même le deal fondamental au début de la construction européenne.
01:19:07 Mais c'est plus loin que ça.
01:19:10 La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères français
01:19:13 a dit que l'Ukraine était la priorité de la politique étrangère de la France.
01:19:16 Donc l'Ukraine, c'est quoi ?
01:19:19 C'est l'ouverture, c'est l'acceptation de l'Ukraine
01:19:22 qui va obtenir le statut de candidat
01:19:25 à l'adhésion à l'Union européenne.
01:19:28 L'Ukraine, 40 millions d'habitants, grande puissance céréalière,
01:19:31 c'est quoi la conséquence de son adhésion future à l'Union européenne ?
01:19:34 C'est l'ouverture de l'acceptation de l'Ukraine
01:19:37 qui va obtenir le statut de candidat à l'adhésion à l'Union européenne.
01:19:40 Et bien c'est l'importation de céréales.
01:19:43 C'est 20% de bénéfices en moins à l'hectare pour les producteurs français.
01:19:48 Le calcul a été fait, c'est 20% en moins.
01:19:51 Alors il faut savoir si M. Sejourné défend,
01:19:54 fait de l'Ukraine la priorité de la politique étrangère de la France,
01:19:57 ou si le gouvernement français fait de la défense des exploitants agricoles en France
01:20:00 la priorité de sa politique tout court.
01:20:03 C'est en fait des choix qui sont à l'origine de la politique étrangère de la France.
01:20:06 C'est en fait des choix qui ont des conseils.
01:20:11 C'est pas simplement du discours,
01:20:13 c'est pas simplement une espèce de lyrisme diplomatique.
01:20:17 C'est des lignes à défendre très claires.
01:20:21 Vous pouvez pas vouloir le beurre et l'argent du beurre.
01:20:25 Vous pouvez pas à la fois défendre les intérêts égoïstes des Français,
01:20:29 qu'on dénonce toujours à Bruxelles,
01:20:32 et en même temps se vouloir le parangon,
01:20:36 le donneur d'exemples, la vertu incarnée,
01:20:39 et la globalisation en marche.
01:20:42 M. Moujnaud peut-être un mot là-dessus, il joue pas sa parole François.
01:20:45 Il est évident qu'il faut absolument cette exception agriculturelle française.
01:20:50 Aujourd'hui il y a eu un tel décalage européen.
01:20:53 Mais vous l'avez dit,
01:20:56 l'arrivée sur le marché de la céréale européenne de l'Ukraine
01:20:59 serait une catastrophe pour nous.
01:21:02 Aujourd'hui, moi j'ai pas vendu mon blé, les cours s'effondrent,
01:21:05 j'ai encore regardé, on est à 198 euros la tonne.
01:21:08 Je perds de l'argent.
01:21:10 - Vous étiez à combien ? - A 230.
01:21:13 Je l'ai pas vendu. Alors j'ai voulu jouer, j'ai perdu.
01:21:16 Mais aujourd'hui, vous imaginez avec l'arrivée de l'Ukraine ?
01:21:19 C'est fini. Je gagne déjà pas ma vie là.
01:21:22 - Déjà vous ne vivez pas de votre exploitation,
01:21:25 parce que vous avez un deuxième métier, comme nombre d'agriculteurs.
01:21:28 Vous pouvez potentiellement mettre la clé sous la porte ?
01:21:31 - Ah bah oui, on est déjà là. On est à la croisée des chemins.
01:21:34 Et vraiment, il faut des actes très forts.
01:21:37 Parce que vous l'avez vu sur vos vidéos,
01:21:40 il y a un tel sentiment d'abandon dans nos campagnes.
01:21:43 Mais si vous voulez, c'est la goutte d'eau le GNR.
01:21:46 Vous l'avez dit avec l'accord de l'hybréchange avec le Chili pour les alentours.
01:21:49 Mais je veux dire,
01:21:52 en deux ans j'ai été cambriolé trois fois à la campagne.
01:21:55 C'est pas normal.
01:21:58 Vous ajoutez à ça le fait de ne pas gagner sa vie.
01:22:01 De devoir se mettre au milieu de la cour
01:22:04 pour pouvoir téléphoner parce qu'on n'a pas de réseau.
01:22:07 Un tel sentiment d'abandon.
01:22:10 De ne pas être reçu par le préfet.
01:22:13 Qu'on vous dise qu'on attend les directives nationales du Premier ministre.
01:22:16 Mais à un moment donné, il faut des actes forts.
01:22:19 Parce que nous sommes vraiment à la croisée des chemins.
01:22:22 Je ne veux pas vous décourager, mais j'ai le sentiment que les décisions sont jetées.
01:22:25 Ce modèle agricole, on l'a voulu, le libre-échange.
01:22:28 Et on va arriver à une situation qui est surréaliste.
01:22:31 Pour les populations qui n'ont pas les moyens d'acheter,
01:22:34 ils achèteront des produits avec des pesticides
01:22:37 qui viennent d'ailleurs pas trop cher, parce que ça sera l'un.
01:22:40 Et puis ceux qui ont les moyens, on ne peut pas dire les bobos,
01:22:43 ils auront des petits agriculteurs locaux qui vaudront du bio.
01:22:46 Et c'est le modèle qu'on est en train d'inventer.
01:22:49 Vous pouvez y aller, parce qu'en plus, vous pouvez rajouter
01:22:52 que certains écolos vous font passer pour des tortionnaires des animaux,
01:22:55 des pollueurs, et donc ce que vous faites,
01:22:58 bientôt vous empêchez de manger de la viande aussi.
01:23:01 Il y a tout le réseau Kids Vegan qui nous explique qu'il faut arrêter tout ça.
01:23:06 Il nous a même expliqué que les vaches, ça polluait.
01:23:09 On voit bien que ce modèle-là de société, on l'a voulu, assumé.
01:23:12 Malheureusement, c'est vous qui êtes les victimes de tout ça.
01:23:15 Mais on est à la fin d'un processus.
01:23:18 Je ne comprends pas trop que le Premier ministre prenne autant de temps.
01:23:22 Et je crois qu'il prenne autant de temps, parce qu'il n'a pas de réponse
01:23:25 très concrète à apporter. Et qu'il sait très bien que s'il n'éteint pas
01:23:29 l'incendie vendredi, il aurait pu le faire avant,
01:23:32 il ne sait pas où ça va.
01:23:34 Mais ce n'est pas déjà trop tard vendredi, François Buponi ?
01:23:37 Si les agriculteurs montent sur Paris, vous imaginez ?
01:23:39 Et puis vendredi, il faut faire des annonces fortes.
01:23:41 Et j'ai peur qu'il ne puisse pas les faire.
01:23:43 Il n'est pas de quoi faire des annonces fortes.
01:23:45 Jean-François Léjeune, du Gilets jaunes.
01:23:47 C'est vraiment l'agriculteur qui ne veut pas qu'on les compare.
01:23:49 Mais le 17 novembre, date du début du mouvement,
01:23:51 les rémunérations sont les mêmes.
01:23:53 Après, il y a une caricature de mouvement qu'on ne reconnaît plus.
01:23:55 Au début de la crise des Gilets jaunes, souvenez-vous,
01:23:57 on a attendu deux ou trois semaines qu'Emmanuel Macron prenne la parole.
01:24:00 Et on était sur une hausse des taxes sur le carburant.
01:24:03 Et son premier discours, il le fait sur l'écologie et la transition écologique.
01:24:06 C'est-à-dire qu'il répond exactement à l'inverse.
01:24:08 Donc moi, je suis d'accord avec François Buponi.
01:24:10 Ce modèle a été choisi. Nos élites ont envie de nous y emmener.
01:24:12 Elles en sont très heureuses.
01:24:14 Finalement, vous êtes le prix à payer. Je suis désolé de vous le dire comme ça.
01:24:16 Le prix à payer ou le dommage collatéral de ce choix.
01:24:19 Pourquoi ? Je suis d'accord avec ce que vient de dire mon voisin François Buponi.
01:24:23 Pourquoi Gabriel Attal ne répond pas ?
01:24:25 C'est parce que la réponse, il ne l'a pas.
01:24:27 Ou plus exactement, la réponse, si on traduit ce que vous venez de dire,
01:24:30 et ce que disent tous vos camarades et tous les agriculteurs qu'on entend maintenant depuis plusieurs jours,
01:24:35 c'est la rupture avec trois dogmes qui sont des dogmes fondateurs du macronisme.
01:24:39 Et même, en fait, fondateurs de nos élites.
01:24:41 C'est le libre-échange, le marché va tout réguler.
01:24:43 Vous allez voir, ça va très bien s'administrer, ça va être formidable.
01:24:45 On constate qu'en réalité, non, on a besoin de le cadrer,
01:24:48 et notamment de faire du protectionnisme et de la préférence nationale.
01:24:51 L'exception agriculturelle, l'expression me fait rire parce qu'on a l'exception culturelle,
01:24:54 c'est une préférence nationale, ça fait hurler tout le monde, mais c'est le cas.
01:24:57 On a besoin de ça.
01:24:58 Deuxièmement, le dogme européen, là, pour Emmanuel Macron, c'est très important.
01:25:01 On constate, on a écouté tout à l'heure quelqu'un qui était en direct sur place,
01:25:04 qui sont les gens de la Commission européenne pour décider, enfin bref, c'est très révoltant.
01:25:09 Et le dogme écologique, qui est un choix qui a été fait et qui a été réaffirmé plusieurs fois
01:25:13 par le président de la République pour plaire à une forme d'élite culturelle française
01:25:17 au détriment des gens qui vivent vraiment là-dedans.
01:25:19 -Masson Herouet, je vois réagir.
01:25:21 -Oui, parce que le pacte vert pour la neutralité carbone,
01:25:25 c'est une espèce de grande utopie européenne, c'est vrai.
01:25:29 C'est une espèce d'horizon, c'est qu'en 2050, l'Europe soit le continent exemplaire,
01:25:34 le premier à atteindre la neutralité carbone. Le coût humain et les conséquences en cascade
01:25:41 d'un choix pareil. Alors là, on a vu, il y a 75 textes législatifs qui doivent arriver,
01:25:47 mais c'est le début, parce que la réalité, c'est effectivement le démembrement,
01:25:54 si j'ose dire, de toute la politique agricole qui a été menée, productiviste, etc.,
01:25:59 depuis des décennies, en fait, depuis 60 ans.
01:26:04 -Il est 18h25, on est en direct sur CNews et sur Europe 1,
01:26:07 avec toujours cette situation très tendue à Agen, où les agriculteurs ont enflammé des pneus
01:26:12 devant la façade de la préfecture, une façade qui a été maculée de lisiers.
01:26:16 Ils se disent prêts à rester longtemps, à bloquer, à se diriger vers Paris.
01:26:20 On va rejoindre, cette fois, tout près de Lyon, Olivier Madinier,
01:26:23 qui se trouve sur un blocage sur l'autoroute.
01:26:26 Pareil, de votre côté, la situation est simple, Olivier.
01:26:29 Les agriculteurs veulent bloquer la ville de Lyon.
01:26:32 -Oui, absolument. Ils ont décidé de frapper un grand coup.
01:26:38 Ce soir, c'est toute l'agglomération lyonnaise qui est complètement paralysée.
01:26:43 Il faut dire que les agriculteurs ont choisi de bloquer deux axes stratégiques.
01:26:48 D'abord, au sud, le prolongement de l'autoroute A7, au niveau de Givor.
01:26:54 Là, c'est bloqué dans les deux sens.
01:26:57 Et au nord, où nous sommes actuellement, le prolongement de l'A6
01:27:01 est totalement bloqué, là aussi, dans les deux sens.
01:27:04 Donc, il est impossible de venir à Lyon du nord et d'arriver à Lyon
01:27:08 depuis le sud de l'agglomération.
01:27:11 Vous voyez sur les images, les agriculteurs se sont installés
01:27:14 pour passer la nuit. Un bardum a été déployé.
01:27:18 Un feu va être allumé. Ils sont extrêmement déterminés.
01:27:22 Une soixantaine de tracteurs ont été positionnés à l'endroit où je me trouve.
01:27:26 Ce mouvement devrait prendre fin demain, en milieu de journée.
01:27:29 - Merci, Olivier Madinier.
01:27:31 On dit "flex de limonnets" dans le Rhône.
01:27:33 Et quand on regarde la carte, il y a des blocages absolument partout.
01:27:36 Calais, Saint-Malo, Rennes, Beauvais, Strasbourg, Orléans, Bourg, Guéret,
01:27:42 Clermont-Ferrand, Boulazac, Bordeaux, Bayonne...
01:27:44 Toute la carte de France, désormais, qui était clairement clairsemée
01:27:49 en début de semaine, M. Moujnod.
01:27:51 Elle est en train de se remplir.
01:27:53 On a le sentiment que les agriculteurs osent sortir de leurs exploitations,
01:27:56 osent faire entendre leur voix.
01:27:59 - Oui, il y a un tel ras-le-bol qu'il faut absolument que le Premier ministre
01:28:03 prenne des décisions, des actes forts.
01:28:05 Et absolument annoncer des mesures que tout le monde veut entendre.
01:28:10 Et vraiment, stop sur le GNR.
01:28:12 Ça, c'était la goutte qui a fait déborder le vase.
01:28:14 Mais là, il faut aussi prendre une mesure forte.
01:28:18 C'est aller à Bruxelles.
01:28:21 C'est aller à Bruxelles et défendre une autre vision de l'agriculture.
01:28:24 Alors, il y a deux choix.
01:28:26 Soit on prend des décisions tout de suite pour nous dire les choses.
01:28:30 Et vraiment agir avec des actes.
01:28:33 Pas de Ségur, pas de Grenelle de l'agriculture.
01:28:36 Pas d'état généraux de l'agriculture, mais des actes forts.
01:28:38 Et vraiment, aller défendre la France à Bruxelles.
01:28:41 Parce que si un pays ne peut plus se nourrir avec sa propre alimentation,
01:28:44 c'est plus un pays.
01:28:46 – Non, je pense que vous allez être déçus en fait.
01:28:48 Parce que personne n'ira...
01:28:50 Enfin, c'est malheureux, mais je ne vois pas le gouvernement d'Emmanuel Macron
01:28:53 aller défendre ce que vous demandez à Bruxelles.
01:28:56 Parce que ça entraverait totalement le projet politique d'Emmanuel Macron.
01:28:59 Je pense qu'ils vont essayer de faire du en même temps, encore une fois,
01:29:02 qui évidemment ne satisfera personne.
01:29:05 Ne satisfera même pas les écologistes qui font partie,
01:29:08 notamment à Bruxelles, de leur majorité.
01:29:11 Donc, je pense que là, le point de bascule a été atteint.
01:29:15 Et je vois difficilement une issue très positive.
01:29:19 Parce qu'on comprend le décalage de discours qu'il y a entre ce que vous, vous dites,
01:29:24 la réalité que vous décrivez de votre vie, de votre métier,
01:29:27 du fait qu'en fait, vous n'êtes pas là en train de manifester pour un droit supplémentaire.
01:29:32 Vous manifestez parce que vous voulez simplement survivre.
01:29:35 Et donc, par rapport à des cabinets, des hauts fonctionnaires
01:29:38 qui ont l'habitude de voir des manifestations,
01:29:40 avec des gens qui réclament de nouveaux droits,
01:29:42 ils sont complètement perdus.
01:29:43 Ils ne savent pas ce que c'est que des gens qui sont prêts à tout,
01:29:46 pour simplement survivre et vouloir transcrire.
01:29:49 Même si ils ont reçu...
01:29:50 Karim Zerim.
01:29:51 C'est le vrai test politique, le premier test,
01:29:53 mais le vrai test politique pour Gabriel Attal et son gouvernement.
01:29:56 Et effectivement, ce qui surprend dans cette affaire,
01:30:00 c'est que ça part au départ d'une revendication sur le GNR.
01:30:03 Parce que la taxation sur le carburant devait être révisée.
01:30:07 Et avec ces 3 centimes par litre, en plus,
01:30:09 qui plombaient complètement le chiffre d'affaires
01:30:11 et les bénéfices des agriculteurs.
01:30:13 Mais aujourd'hui, au plus le temps passe,
01:30:15 au plus la liste des revendications va s'allonger.
01:30:17 C'est là où je ne comprends pas la position de Gabriel Attal
01:30:21 et de son gouvernement.
01:30:22 Au lieu d'éteindre le feu rapidement et de dire
01:30:25 "Voilà, sur le GNR, ça coûtait 1,7 milliards à Bercy,
01:30:28 OK, on va poursuivre l'effort pendant 18 mois
01:30:31 pour voir si la situation économique et sociale s'améliore pour vous,
01:30:35 mais on va faire le nécessaire."
01:30:36 Non, il ne répond même pas sur cette première revendication
01:30:39 qui a déclenché ce mouvement.
01:30:42 Et derrière s'en suit une démarche plus structurelle des agriculteurs
01:30:46 qui demandent aujourd'hui qu'on fasse face
01:30:49 à cette concurrence déloyale qui les frappe.
01:30:51 Encore une fois, il y a des choses qui sont frappées
01:30:53 du saut du bon sens, en dehors de toute idéologie,
01:30:56 qu'elle soit environnementale ou économique.
01:30:59 Pourquoi nous mangeons des pommes polonaises
01:31:02 qui sont frappées de produits phytosanitaires
01:31:07 et nous interdisons cette même culture à nos agriculteurs ?
01:31:12 Il y a des choses qui me dépassent.
01:31:14 Pourquoi on va manger le poulet qui va être en batterie
01:31:20 avec des procédés que nous remettons en cause
01:31:24 totalement pour nos agriculteurs ?
01:31:26 Il est sur le marché français, ce poulet,
01:31:28 et on interdit à nos agriculteurs de pouvoir
01:31:30 les lever de la même manière.
01:31:32 Enfin, la moindre des choses, en dehors de toute idéologie,
01:31:35 c'est de faire partir nos agriculteurs
01:31:37 sur la même ligne de départ que les autres.
01:31:39 Même ça, on n'est pas capables.
01:31:41 Même ça, on n'est pas capables de le dire
01:31:43 du côté du gouvernement.
01:31:45 Et donc, on poursuit cette politique de concurrence déloyale.
01:31:48 Derrière, il y a des prix de l'énergie, des prix du carburant
01:31:51 qui plombent l'économie de nos agriculteurs.
01:31:54 Encore une fois, comme je le disais, il y a 20% des agriculteurs
01:31:57 qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.
01:31:59 En 30 ans, c'est 40% de leur revenu qui se sont écroulés.
01:32:03 52% vivent avec 22 000 euros par an.
01:32:06 Je veux dire, ils font 70 heures par semaine, ces gens.
01:32:09 Un peu de respect.
01:32:11 Juste, sur le GNR, on voit bien, c'est exactement
01:32:13 la même logique que pour les Gilets jaunes.
01:32:15 C'était, on va taxer le diesel, il faut arrêter
01:32:17 avec les énergies fossiles polluantes.
01:32:19 La seule difficulté, c'est que ça a été annoncé
01:32:21 par le gouvernement le 7 septembre.
01:32:23 Les routiers se sont plus ou moins bien sortis.
01:32:26 Le BTP et après, les agriculteurs, entre guillemets,
01:32:30 ils n'ont pas vu le coup venir.
01:32:32 Enfin, ils l'ont vu venir, mais ils n'ont pas su s'organiser
01:32:34 ou pas pu, c'est compliqué.
01:32:36 Ça a été voté en loi de finances.
01:32:38 Donc là, la seule chose que peut annoncer Gabriel Attal
01:32:40 sur ce sujet-là, c'est une loi de finances
01:32:42 rectificative immédiate.
01:32:44 Il faut un mois pour la faire voter.
01:32:46 Ou on revient sur la mesure.
01:32:48 Il faut voter une loi dérogatoire.
01:32:50 S'ils ne l'annoncent pas tout de suite, effectivement,
01:32:52 le GNR, il n'y a pas de solution.
01:32:54 L'application des lois, les taxes, elles sont là.
01:32:57 Donc il y a urgence.
01:32:59 Après, il n'y a pas que ça.
01:33:01 Il y a d'autres mesures qui sont attendues.
01:33:03 Je pense que le Premier ministre attend un tout petit peu.
01:33:05 D'abord, il veut connaître les remodications
01:33:07 qu'il peut satisfaire.
01:33:09 Il va essayer vendredi, je crois qu'il est en déplacement,
01:33:11 ça va être un peu houleux,
01:33:13 mais il va essayer d'éteindre l'incendie.
01:33:15 Sincèrement, tel que c'est parti,
01:33:17 je ne suis pas sûr que les simples déclarations
01:33:19 vendredi permettront de calmer les choses.
01:33:21 - Monsieur Moujnod, peut-être encore un dernier mot
01:33:23 sur cette situation extrêmement tendue ?
01:33:25 - En fait, une femme est morte avec sa fille
01:33:29 pour défendre son entreprise familiale.
01:33:31 Qui peut accepter ça ?
01:33:34 On parle d'un suicide tous les deux jours.
01:33:37 C'est l'euthanasie du monde agricole.
01:33:39 Mais au-delà de tout ça,
01:33:41 c'est 100 000 exploitations agricoles
01:33:43 qui peuvent fermer l'année prochaine.
01:33:45 On va fermer la lumière, éteindre la lumière
01:33:47 dans 100 000 exploitations,
01:33:49 c'est-à-dire 100 000 familles sur le carreau.
01:33:52 Alors, il faut des actes très forts.
01:33:55 Et je pense qu'évidemment, vous l'avez dit,
01:33:57 la question du GNA est essentielle.
01:34:00 Mais il n'y aura pas que ça.
01:34:02 Et je suis désolé, mais si le gouvernement
01:34:04 n'est pas capable d'aller défendre les agriculteurs français
01:34:06 à Bruxelles, en fait, il n'est capable de rien.
01:34:09 - Il y a aussi ce sentiment d'être incompris,
01:34:11 d'être délaissé, d'être abandonné,
01:34:13 d'être méprisé. - Méprisé.
01:34:15 - Bien sûr. Il y a un sentiment d'abandon.
01:34:17 Il y a un vrai sentiment d'abandon dans nos campagnes.
01:34:20 Mais il faut aussi sortir du 6e arrondissement.
01:34:24 Si vous voulez, je veux dire,
01:34:28 on est cambriolés, on n'a pas de téléphone.
01:34:31 Et maintenant, il faut faire des démarches en ligne.
01:34:34 Aujourd'hui, l'agriculteur, il n'a pas envie
01:34:36 de passer ses journées dans son bureau.
01:34:38 Si l'agriculteur, c'est parce qu'il aime la campagne,
01:34:41 la vie au plein air.
01:34:43 Aujourd'hui, vous passez votre vie au bureau
01:34:45 pour faire des démarches administratives.
01:34:47 Vous avez peur du contrôle dans votre ferme.
01:34:50 Vous avez peur de l'inquisition du contrôle.
01:34:54 Donc, il faut absolument donner des gages là-dessus.
01:34:57 Un an sans contrôle.
01:34:59 Vous pouvez contrôler, mais vous ne sanctionnez pas
01:35:01 pendant un an. Ça, tous les agriculteurs.
01:35:03 Si vous voulez, il y a un tel sentiment d'abandon.
01:35:06 Aujourd'hui, vraiment, on est à la croisée des chemins.
01:35:11 - Tout peut basculer pour vous.
01:35:13 - Oui, mais il y a déjà deux morts.
01:35:16 - Plus tous les suicidés dont vous nous parlez.
01:35:19 - Bien sûr.
01:35:21 - Il est presque déjà trop tard.
01:35:23 - J'ai une petite-fille de 2 ans et demi.
01:35:25 On aurait pu se trouver là aussi.
01:35:27 Il y a déjà deux morts.
01:35:29 C'est ce qu'on a dit hier.
01:35:31 - Merci beaucoup, M. Moujnod, d'être venu ce soir dans Pöncheng.
01:35:34 On va écouter un autre de vos collègues,
01:35:37 qui est agriculteur et qui dit "On ne lâchera rien.
01:35:40 La mobilisation nationale grandit chaque jour".
01:35:43 On sauvera ensuite Michel Onfray.
01:35:45 - On avancera palier par palier.
01:35:47 Il y a une mobilisation nationale qui grandit de jour en jour.
01:35:51 Encore une fois, tant que le gouvernement n'agit pas,
01:35:55 ce n'est pas que des paroles que l'on attend,
01:35:58 ce sont des actes, aujourd'hui, oui, on avancera,
01:36:01 dès aujourd'hui, vers Paris, petit à petit.
01:36:04 Et tant qu'on n'aura pas des décisions qui seront prises,
01:36:08 on continuera d'avancer, direction Paris, évidemment,
01:36:11 et on verra où ça nous mène.
01:36:13 Mais on ne s'arrêtera pas, on ne lâchera pas cette mobilisation.
01:36:17 - Voilà, on ne lâchera pas cette mobilisation.
01:36:20 Michel Onfray, bonsoir. - Bonsoir.
01:36:22 - Merci d'être avec nous, philosophe, bien sûr.
01:36:25 On est évidemment au coeur de cette actualité,
01:36:28 cette grande colère des paysans,
01:36:30 ce sentiment d'abandon qu'ils nous disent,
01:36:33 ces mots qui sortent.
01:36:35 Vous avez été propriétaire de la compagnie de l'Agriculture
01:36:38 depuis des années.
01:36:40 Comment est-ce que vous vivez cette crise des agriculteurs ?
01:36:43 - D'abord, moi, je suis fils d'ouvrier agricole.
01:36:46 Ouvrier agricole, c'est-à-dire mon père n'était pas propriétaire.
01:36:49 Il possédait juste sa force de travail.
01:36:51 Et je connais le travail, je sais ce que ça signifie,
01:36:54 je sais ce que ça veut dire, être au quotidien dans la campagne,
01:36:57 avoir des animaux, c'est-à-dire travailler tout le temps,
01:37:00 en permanence, et puis avoir un maître, un patron,
01:37:03 et vous allez être ruiné parce que la grêle, par exemple,
01:37:06 va supprimer des cultures, etc.
01:37:09 Une espèce de grande précarité.
01:37:11 Et un assistant de la paysannerie, une partie du moins,
01:37:14 il y a des grands céréaliers qui, eux, n'ont pas de problème d'argent,
01:37:17 tous ces gens qui s'arrangent bien de l'Europe et des chèques qu'on leur donne,
01:37:20 puisque finalement les chèques sont donnés en fonction de ce que vous possédez,
01:37:23 que ce soit la tête de bétail ou l'hectare.
01:37:26 Et puis de l'autre côté, des gens qui parlent de dignité.
01:37:29 Et moi, je suis très touché par les gens qui parlent de dignité.
01:37:32 On m'a raconté, on m'a enseigné quand j'étais enfant,
01:37:35 la dignité, l'honneur, le sens de l'honneur, le sens du travail.
01:37:38 Travailler et vivre de son travail.
01:37:40 Ces gens ne demandent que ça, ils ne demandent pas à travailler moins,
01:37:43 à prendre des vacances, à ne pas être payé plus,
01:37:46 ils demandent juste à pouvoir travailler et vivre de leur travail.
01:37:49 Moi, j'ai beaucoup d'émotions à chaque fois que je les entends et que je les vois.
01:37:52 J'ai beaucoup d'émotions, ils ont tout mon soutien.
01:37:54 - Et ce sentiment de mépris qu'ils expriment aussi.
01:37:57 On a des élites parisiennes, des bobos, qui disent "le droit à la paresse".
01:38:00 Mais c'est un gag pour eux, le droit à la paresse.
01:38:02 - Bien sûr. Vous savez, le logiciel de gauche de ces gens-là,
01:38:05 c'est un logiciel marxiste qui suppose qu'il y a l'avant-garde éclairée du prolétarien,
01:38:09 c'est-à-dire les ouvriers politisés, syndicalisés,
01:38:12 et que ce sont eux qui sont le fer de lance de la révolution.
01:38:15 Et puis après, vous avez les paysans. Il y a une haine des paysans chez Marx.
01:38:18 Il y a une détestation des paysans parce que ce sont des petits bourgeois,
01:38:21 attachés à leur terre, à leur propriété, ce sont des propriétaires terriens.
01:38:24 Il y a un vrai mépris pour le marxisme.
01:38:28 Et tous ces gens-là sont encore... La nupèce est encore imprégnée de marxisme.
01:38:32 Il y a toujours cette idée que les ploucs, les paysans, les pécores,
01:38:35 on les choisit parfois d'ailleurs sur certaines chaînes de télévision,
01:38:38 il faut absolument qu'ils ressemblent aux tuches, il faut absolument qu'on les ridiculise.
01:38:41 On cherche des accents, on cherche des allures, on cherche des trognes, etc.
01:38:45 Alors qu'il y a le bon sens, moi je crois au bon sens paysan.
01:38:48 C'est-à-dire à cette idée qu'on regarde le réel, le réel nous donne des leçons,
01:38:51 et si on joue avec le réel en disant que le réel a tort, le réel se rattrape.
01:38:54 Et si le réel vous dit "c'est ainsi, il y a du gel, il y a de la grêle,
01:38:59 on détruit votre agriculture, votre production", c'est ainsi, le réel fait la loi.
01:39:04 Il y a ce qui se passe à Agen, cette préfecture, avec des pneus enflammés,
01:39:08 ce lisier répandu sur la façade de la préfecture, tout un symbole.
01:39:12 Parce que ce que disent les paysans, c'est "à l'état, vous nous avez abandonnés,
01:39:16 et ça fait des années que vous nous avez abandonnés". Vous le comprenez comme ça ?
01:39:19 Oui, il y a ça, mais il manque aussi un peu de...
01:39:22 enfin, si vous permettez, une lecture philosophique un peu de l'ensemble,
01:39:25 c'est-à-dire de se dire "mais qu'est-ce qui se passe dans cette aventure ?"
01:39:28 On peut évidemment dire "on est pour, on est contre", etc.
01:39:30 Je veux dire que tous les gens de la pensée européiste sont tous des gens...
01:39:34 Regardez Xavier Niel, par exemple, il est très impliqué dans Mediapart ou dans Le Monde,
01:39:37 c'est aussi quelqu'un qui travaille à la viande cellulaire.
01:39:39 C'est-à-dire que veut l'Europe ? La destruction de la paysannerie française.
01:39:42 Que veut le libéralisme ? C'est effectivement faire de telles sortes
01:39:45 qu'on puisse industrialiser la production alimentaire.
01:39:48 C'est-à-dire qu'il faut en finir avec les campagnes, avec les terroirs,
01:39:51 avec l'enracinement, avec la terre qui est aillement tout le temps, etc.
01:39:54 Et on vous dit "mais on prend de la culture cellulaire aujourd'hui,
01:39:57 vous prenez une cellule, cellule souche, et puis vous la faites grandir,
01:39:59 vous faites une tumeur, on appelle ça un beefsteak, c'est de la viande cellulaire."
01:40:02 Et vous avez toute l'idéologie des écologistes qui nous disent
01:40:05 "mais vous êtes contre la souffrance animale, bien sûr."
01:40:08 Évidemment, on est contre la souffrance animale.
01:40:10 Eh bien, on a la possibilité de vous faire des beefsteaks sans faire souffrir des animaux.
01:40:13 Donnez ça à l'industrie, l'industrie sait faire.
01:40:15 Et on n'a pas besoin de paysans. On n'a pas besoin de ploucs,
01:40:17 on n'a pas besoin de ces terriens qui sont des demeurés, qui sont des ruraux.
01:40:20 Laissez faire l'industrie. Et quand on aura l'industrie, ce sera formidable.
01:40:23 On pourra produire, alors avec du matériel qui coûte très cher,
01:40:27 et qui en plus pollue considérablement les ordinateurs, les centrifugeuses,
01:40:30 les frigidaires, les congélations, etc.
01:40:32 Alors là, il n'y a pas de problème, ça ne dégage pas de pollution, ce genre de choses.
01:40:35 Et on nous dit "mais c'est ça l'avenir."
01:40:37 Donc l'avenir, c'est l'éradication de cette paysannerie.
01:40:39 La meilleure façon d'éradiquer cette paysannerie, c'est de dire "priorité internationale."
01:40:44 Priorité internationale. Aller chercher la viande dans l'Amérique du Sud,
01:40:47 c'est beaucoup mieux que de sauver des agriculteurs.
01:40:50 Ils se pendent, "oh là là, c'est formidable le courage de ces gens-là."
01:40:54 Il y a une espèce de fausse compassion, une fausse empathie.
01:40:56 Tous les gens qui ont défendu Maastricht et la politique qui est derrière ça,
01:41:00 défendent les pendaisons des paysans qui eux sont ruinés par cette idéologie-là.
01:41:05 Industrialiser l'alimentation, garder cette espèce de truc débile
01:41:10 des véganes ou des végétariens qui vous expliquent qu'il y a du steak végane
01:41:15 ou qu'il y a du lait de soja.
01:41:17 Mais non, si on n'aime pas la viande, il n'y a pas de steak de soja,
01:41:19 il n'y a pas de lait de soja non plus.
01:41:21 Arrêtez de parler de fromage végane, arrêtez de parler de foie, de faux gras,
01:41:27 pour ne pas parler du foie gras, etc.
01:41:29 C'est-à-dire qu'on utilise les gens avec l'empathie,
01:41:32 en leur disant "vous ne voulez pas de la souffrance animale,
01:41:34 mais vous avez quand même envie de manger une entrecôte."
01:41:36 Laisser faire l'industrie qui, à partir de cellules qui vont proliférer,
01:41:39 s'appelle des tumeurs.
01:41:40 On vous demande de manger du cancer quand on vous fabrique de la viande cellulaire.
01:41:44 Et c'est ça qu'il y a derrière le projet.
01:41:46 Le projet, c'est ça.
01:41:47 Donc laissez-les, ils vont mourir les uns après les autres.
01:41:49 Et puis on va les subventionner, ils se tairont,
01:41:51 et puis un jour on pourra manger du steak végane et ce sera formidable.
01:41:54 Le coup de gueule de Michel Onfray.
01:41:55 Une question de Geoffroy Lejeune du JDD.
01:41:57 Bonsoir Michel Onfray.
01:41:58 On assiste peut-être en direct à la naissance d'un mouvement social
01:42:01 qui est aussi très politique, un peu comme celui des Gilets jaunes
01:42:03 il y a quelques années.
01:42:04 Et on se souvient que les Gilets jaunes,
01:42:06 ils avaient été dans un premier temps caricaturés,
01:42:08 après détournés, puis finalement éteints.
01:42:10 Pas la colère, mais le mouvement.
01:42:12 Comment vous voyez la suite pour ce qui se passe aujourd'hui avec les agriculteurs ?
01:42:15 La grande erreur des Gilets jaunes, c'est d'avoir obéi,
01:42:18 enfin entendu, les sirènes jacobines.
01:42:20 C'est-à-dire que quand ils occupaient des ronds-points,
01:42:23 ils étaient imprenables.
01:42:24 Ils étaient imprenables d'un point de vue de la stratégie,
01:42:26 de la tactique militaire.
01:42:27 Le jour où ils ont obéi aux sirènes,
01:42:29 qui étaient d'ailleurs les sirènes de la Nupes,
01:42:31 c'est-à-dire que tout au départ c'était des ploucs, des paysans,
01:42:33 qui avaient été extrêmement méprisants.
01:42:35 On n'a plus jamais retrouvé ces images.
01:42:37 Quelques semaines plus tard, ils ont récupéré le mouvement,
01:42:40 en disant "c'est formidable, s'il y a une contestation, on est derrière".
01:42:43 Et là ils ont dit "on va vous prêter des mégaphones, des structures, etc."
01:42:46 "Venez à Paris, montez à Paris, les Champs-Élysées, vous allez voir, c'est formidable."
01:42:49 "Il faut prendre l'Élysée comme si c'était Versailles, etc."
01:42:52 Et ils se sont laissés avoir,
01:42:54 avec quelques-uns qui ont été politisés, des grandes gueules,
01:42:56 qu'on a installées sur les plateaux de télévision,
01:42:58 et d'un seul coup, les Gilets jaunes ont perdu leur substance,
01:43:00 avec quelques-uns qui finalement étaient devenus détestables,
01:43:03 récupérés par cette gauche-là,
01:43:05 et ça a été facile après d'envoyer la troupe.
01:43:07 C'est facile, vous avez vu, la police, l'armée,
01:43:09 qui font leur travail, et qui font très bien leur travail.
01:43:11 Si on leur dit "il faut y aller", ils y vont,
01:43:13 si on leur dit "il ne faut plus y aller", ils n'y vont plus.
01:43:15 Si on leur dit "il faut taper", ils tapent,
01:43:17 si on leur dit "il faut taper fort", ils tapent fort,
01:43:19 et il y a eu des mains arrachées, des gens énucléés,
01:43:21 et on a réglé le problème des Gilets jaunes de cette manière-là.
01:43:23 On les a criminalisés.
01:43:25 Vous avez vu tous les tags sur l'Arc de Triomphe,
01:43:27 il y a eu des photos qui ont été montrées,
01:43:29 où on avait effacé les tags, sauf "Gilets jaunes vaincront",
01:43:31 pour montrer que finalement, les Gilets jaunes,
01:43:33 c'était des délinquants, pendant qu'on entendait bien
01:43:35 que ceux qui grimpaient dans l'Arc de Triomphe,
01:43:37 à ce moment-là, ils n'avaient pas vraiment
01:43:39 l'accent du Cantal ou de la Normandie,
01:43:41 et donc on les a criminalisés,
01:43:43 et c'est ce qui risque d'arriver.
01:43:45 S'ils pensent qu'en allant à Paris,
01:43:47 s'ils pensent qu'en centralisant ce qui est décentralisé,
01:43:49 le girondin que je suis, trouve formidable tout ce qu'ils font.
01:43:51 Il dit simplement, si vous venez à Paris,
01:43:53 alors là, ils vous attendent, et ça va être la fin.
01:43:55 Plus des gens qui vont être achetés personnellement,
01:43:57 qui vont dire "on a été reçus par le ministre,
01:43:59 on a des promesses, ça va être formidable".
01:44:01 Et puis c'est comme ça qu'on détruit les mouvements.
01:44:03 Mais il peut y avoir aussi quelques radicaux,
01:44:05 parce que quelques-uns sont en train de déborder les syndicats,
01:44:07 c'est une chose qui peut inquiéter le pouvoir.
01:44:09 Oui, Dragnel, question à Michel Onfray.
01:44:11 En fait, il y a 30 ans, Michel Onfray,
01:44:13 c'était l'industrie, 40 ans même,
01:44:15 qui a été abandonnée par la France et par l'Europe.
01:44:17 Aujourd'hui, on voit les agriculteurs
01:44:19 qui crient leur désespoir,
01:44:21 leur envie surtout de survivre et de ne pas mourir.
01:44:23 C'est quoi la prochaine étape,
01:44:25 après les agriculteurs ?
01:44:27 Ça fonctionne ensemble,
01:44:29 c'est-à-dire qu'il faut détruire le peuple français,
01:44:31 il faut détruire l'identité française,
01:44:33 il faut détruire la culture française,
01:44:35 il faut détruire la paysannerie française,
01:44:37 on a détruit l'industrie française,
01:44:39 enfin voilà, il faut tout détricoter.
01:44:41 On a un chef de l'État qui ne sert qu'à ça,
01:44:43 c'est-à-dire ne pas défendre ses paysans,
01:44:45 ne pas défendre ses ouvriers,
01:44:47 c'est des pêcheurs à qui on demande
01:44:49 de rester à quai.
01:44:51 Vous vous rendez compte ?
01:44:53 Ces gens qui ont une dignité du travail,
01:44:55 qui vont travailler dans des conditions pas possibles,
01:44:57 c'est incroyable d'être un pêcheur.
01:44:59 - Qui mettent leur vie en danger.
01:45:01 - Vous allez récupérer 3 dauphins, c'est terrible.
01:45:03 Et en même temps, on préfère sauver des dauphins
01:45:05 et tuer des ouvriers.
01:45:07 On préfère sauver le pic prune, par exemple,
01:45:09 plutôt que des paysans.
01:45:11 C'est pas grave que des paysans se pendent
01:45:13 pourvu qu'on sauve le pic prune,
01:45:15 c'est pas grave que ça se prend pour la tête.
01:45:17 Et les écologistes qui tiennent un double discours
01:45:19 sont les gens qui sont justement le fer de lance
01:45:21 de cette destruction de la paysannerie.
01:45:23 Oui, il faut effectivement moins utiliser
01:45:25 les produits chimiques que mon père a traités
01:45:27 dans les champs, effectivement,
01:45:29 c'était en quantité industrielle,
01:45:31 il faut arrêter tout ça, bien sûr.
01:45:33 Les insectes ont disparu, puisque les insectes ont disparu,
01:45:35 les fleurs aussi, puis il n'y a plus de pollinisation,
01:45:37 puis il n'y a plus d'abeilles, donc il n'y a plus non plus
01:45:39 de... la chaîne alimentaire est détruite,
01:45:41 donc vous n'avez plus de gibier, ce sont du gibier
01:45:43 qui se lance dans les pieds des chasseurs et on dit
01:45:45 c'est l'ouverture de la chasse d'aller pouvoir tuer des faisans
01:45:47 et ils n'ont jamais vu la nature telle qu'elle est.
01:45:49 C'est ça la destruction.
01:45:51 Donc on a commencé en disant à faire du remembrement,
01:45:53 puis après il va falloir
01:45:55 rentabiliser les productions,
01:45:57 puis après on dit mais il y a plein de choses à faire
01:45:59 pour que votre blé, les rendements à l'hectare
01:46:01 soient supérieurs, alors évidemment d'un seul coup
01:46:03 il n'y a plus de coquelicots, il n'y a plus de bleuets,
01:46:05 mais il n'y a plus non plus d'insectes, donc il n'y a plus d'oiseaux,
01:46:07 il n'y a plus rien de tout ça. Donc évidemment,
01:46:09 ils le savent très bien, ils le savent très bien qu'ils ont été
01:46:11 les complices de ça. Et mon père à la fin de son existence,
01:46:13 il m'a dit à 89 ans, il me disait mais on nous a fait faire des choses,
01:46:15 on a détruit la nature. Mais c'est quoi ça ?
01:46:17 C'est la politique américaine de la libération.
01:46:19 Quand les américains sont arrivés le 6 juin 1944,
01:46:21 ils ont amené des farmales,
01:46:23 le fameux plan Marshall,
01:46:25 les tracteurs on les appelait des Marshall.
01:46:27 Et c'est plus tard que j'ai compris comme enfant
01:46:29 qu'il a fallu détruire la paysannerie à l'ancienne
01:46:31 et cette paysannerie à l'ancienne,
01:46:33 on l'a transformée par de l'industrie,
01:46:35 et par de la mécanique, c'est-à-dire que
01:46:37 mes grands-parents qui étaient maraîchers au ferrand,
01:46:39 et bien eux, ça n'a pas été le cas,
01:46:41 mais ils sont devenus mécaniciens agricoles.
01:46:43 Et puis ils se sont mis à réparer des tracteurs,
01:46:45 et puis voilà, et puis après les paysans,
01:46:47 ils ont été obligés de s'endetter, ça coûte cher un tracteur,
01:46:49 ça coûte cher une moissonneuse-bateuse,
01:46:51 ça coûte cher tout le matériel agricole, donc ils s'endettent.
01:46:53 Les banques disent "on vous prête de l'argent,
01:46:55 il n'y a aucun problème", et à un moment donné,
01:46:57 ils disent "il va falloir nous payer",
01:46:59 et ils ne peuvent plus, voilà pourquoi ils se pendent, parce qu'ils sont endettés.
01:47:01 C'est-à-dire que la France
01:47:03 ne soutient pas la paysannerie.
01:47:05 La France, les gens qui...
01:47:07 L'État français, quand il est gouverné par des maastrichtiens,
01:47:09 disons-le plutôt comme ça,
01:47:11 et il faut le dire, il faut arrêter de croire
01:47:13 ces gens qui nous disent "il faut sauver la paysannerie,
01:47:15 on vous écoute, on vous rencontre", etc.
01:47:17 Non, c'est un projet global de société
01:47:19 dans laquelle il est question d'exterminer la paysannerie française.
01:47:21 - Vincent Herouette, d'Europe, a une question,
01:47:23 peut-être pour Michel Onfray. - Non, je suis épaté,
01:47:25 parce que la façon dont vous présentez les choses,
01:47:27 c'est vrai, quand on regarde avec un peu
01:47:29 de surplomb historique, il y a eu le remembrement,
01:47:31 et puis vous avez raison de dire
01:47:33 qu'il n'y a qu'un maître pour un paysan, c'est la nature,
01:47:35 mais il y a aussi des contre-maîtres.
01:47:37 Il y a, par exemple, aujourd'hui,
01:47:39 on défend non plus le remembrement,
01:47:41 mais le contraire, la nécessité
01:47:43 de faire pousser des haies
01:47:45 pour protéger la biodiversité.
01:47:47 Mais faire pousser une haie, il faut répondre
01:47:49 à 14... Les Échos,
01:47:51 hier, racontaient ça très bien,
01:47:53 il y a 14 réglementations différentes
01:47:55 à laquelle un agriculteur
01:47:57 doit se soumettre avant de
01:47:59 toucher à sa haie, et même pour la couper,
01:48:01 c'est entre le 15 mars
01:48:03 et le 15 août, c'est-à-dire qu'il y a
01:48:05 une accumulation... - Pour préserver la nidification.
01:48:07 - C'est ubesque,
01:48:09 c'est-à-dire que c'est un système,
01:48:11 c'est une mâchoire absolument infernale
01:48:13 d'utopie et
01:48:15 en même temps de flicage
01:48:17 permanent de toute liberté
01:48:19 individuelle, celle du paysan
01:48:21 notamment. - C'est surtout
01:48:23 l'incapacité à entrer dans le cerveau
01:48:25 d'un paysan. S'ils disent des choses de bon sens,
01:48:27 c'est parce qu'ils savent que la nature leur apprend des choses.
01:48:29 Alors là, on dit "nidification",
01:48:31 mais évidemment, tout le monde est pour la nidification,
01:48:33 donc on va pas toucher aux haies, on va pas les couper, on va pas les tailler,
01:48:35 mais les paysans savent tous ça. Ils vont pas détruire
01:48:37 la plupart du temps quelques-uns sont chasseurs aussi,
01:48:39 ça vient qu'ils vont pas détruire le gibier non plus.
01:48:41 Les écologistes appellent les "forêts longitudinales".
01:48:43 Donc effectivement, on fait des forêts
01:48:45 longitudinales, mais sans savoir
01:48:47 comment ça fonctionne, c'est-à-dire les écologistes,
01:48:49 qui sont souvent des parisiens, qui sont souvent des urbains
01:48:51 plutôt que des parisiens, ignorent
01:48:53 le propos du rural qui est présenté comme un crétin.
01:48:55 Mais si on écoute le rural, lui, au quotidien,
01:48:57 il sait ce que c'est, la météo, ça veut dire
01:48:59 quelque chose pour lui. La nidification, ça veut dire
01:49:01 quelque chose aussi, c'est la suite.
01:49:03 Souvent, il tient la chasse de son grand-père ou de son père
01:49:05 et il transmet à ses enfants en se disant
01:49:07 "mais on s'inscrit dans un lignage,
01:49:09 on n'a pas envie qu'il y ait plus de gibier". Donc effectivement,
01:49:11 il pense dans ces termes-là. Mais c'est
01:49:13 très exactement le contraire de la pensée d'un Natal
01:49:15 ou d'un Macron. - Michel, on ferait au fond,
01:49:17 on parle de civilisation, de notre
01:49:19 civilisation. C'est ce que vous développez dans votre
01:49:21 dernier livre, "Patience dans les ruines",
01:49:23 aux éditions bouquins. Vous dites l'urgence
01:49:25 aujourd'hui de défendre ce qui
01:49:27 existe, notre civilisation.
01:49:29 Elle est remise en cause, elle est
01:49:31 en danger, elle est en train de vaciller.
01:49:33 - Oui, bien sûr. Je pense que
01:49:35 Saint-Augustin a été à la
01:49:37 croisée de deux chemins, la fin d'un monde
01:49:39 qui était l'Empire romain et l'avènement
01:49:41 d'un nouveau monde, l'Empire chrétien. Il ne savait pas
01:49:43 qu'il serait d'ailleurs le penseur de
01:49:45 l'Empire chrétien. Et donc, les basculements de civilisation
01:49:47 se font comme ça. Nous sommes dans une période
01:49:49 contemporaine intellectuellement de
01:49:51 Saint-Augustin. On voit bien le monde qui s'en va.
01:49:53 Ce monde-là, qui est là, nous montre
01:49:55 ce qu'était le monde ancien. Et encore,
01:49:57 la paysannerie, la ruralité avant la guerre,
01:49:59 elle était majoritaire. Maintenant, elle est minoritaire
01:50:01 et on voudrait que cette minorité disparaisse.
01:50:03 Et je crois que le monde qui
01:50:05 advient, je vais raconter ça dans "Le fétiche et la marchandise",
01:50:07 mais c'est un monde, effectivement, dans lequel
01:50:09 il y aura une forte
01:50:11 puissance donnée à la mécanique,
01:50:13 à l'industrie, à la chimie,
01:50:15 à tout ce qui est aujourd'hui informatique.
01:50:17 Tout ça va fonctionner de cette manière-là.
01:50:19 Il s'agit, Elon Musk nous l'a dit,
01:50:21 de quitter cette Terre qui va devenir inhabitable.
01:50:23 Et il est sérieux quand il le dit,
01:50:25 parce que, de fait, ça va avoir lieu, le réchauffement.
01:50:27 - Pour aller sur Mars, sur la Lune, peu importe.
01:50:29 - Soit dans des vaisseaux spatiaux qui permettront
01:50:31 de fonctionner de manière
01:50:33 autonome. Et là, vous faites comment si vous voulez du lait
01:50:35 ou de la viande dans un vaisseau spatial ?
01:50:37 Eh bien, on vous dit, il n'y a pas de problème, vous emmenez
01:50:39 une espèce de banque de cellules, et puis vous allez
01:50:41 faire proliférer ces cellules, et puis
01:50:43 apprenez ces choses-là.
01:50:45 Je suis venu en train tout à l'heure, il y avait une petite fille,
01:50:47 à l'âge de ma petite fille, à peu près 3-4 ans,
01:50:49 enfin ma petite fille a 4-5 ans, mais
01:50:51 elle était déjà en train de jouer avec le téléphone portable
01:50:53 de sa mère, et je voyais la dextérité, je me disais
01:50:55 le cerveau qui était en train de se fabriquer
01:50:57 est un cerveau numérique. Et je pense
01:50:59 qu'à un moment donné, on lui dira qu'il y a
01:51:01 une nourriture numérique, et que jadis,
01:51:03 on faisait souffrir les animaux, qu'on mangeait
01:51:05 des animaux qui étaient vivants, que c'était quand même
01:51:07 terrible, et là on dit "mais tu peux manger ton steak"
01:51:09 et il ne procède
01:51:11 d'aucune souffrance animale.
01:51:13 Et je pense qu'il faut écouter Elon Musk,
01:51:15 parce que c'est lui qui nous dit un peu ce que sera
01:51:17 cette civilisation vers laquelle nous nous dirigeons.
01:51:19 - Vous allez plus loin dans ce livre, vous dites qu'il faut défendre
01:51:21 la civilisation judéo-chrétienne.
01:51:23 Vous dites "je suis du côté des chrétiens
01:51:25 qu'on persécute", expliquez-nous.
01:51:27 - Oui, parce que les civilisations
01:51:29 sont vivantes, c'est-à-dire que
01:51:31 tout le monde le sait, mais personne ne veut
01:51:33 en convenir, tout le monde connaît les pyramides
01:51:35 en Égypte, tout le monde connaît les alignements de Karnak,
01:51:37 tout le monde connaît l'acropole
01:51:39 à Athènes, ou le Forum à Rome,
01:51:41 et les cathédrales de l'Europe.
01:51:43 Donc on sait très bien que, enfin, les cathédrales
01:51:45 sont toujours dans une civilisation vivante, je dirais,
01:51:47 mais toutes ces civilisations précédentes,
01:51:49 elles sont mortes. On ne vit plus comme à l'époque
01:51:51 de Cosquer ou de Lascaux. Tout le monde convient
01:51:53 que ces civilisations ont disparu. Donc ça, c'est
01:51:55 une grande leçon de Hegel, aucune civilisation
01:51:57 ne dure éternellement. Il y a eu
01:51:59 les grecs, puis il y a eu les gréco-romains qui ont fabriqué
01:52:01 une civilisation gréco-romaine. Il y a eu
01:52:03 les juifs, puis les chrétiens qui ont fabriqué une civilisation
01:52:05 judéo-chrétienne. Puis il y a eu les gréco-romains et les judéo-chrétiens
01:52:07 qui ont fait ce que nous sommes.
01:52:09 C'est-à-dire ce qu'on mange, ce qu'on boit,
01:52:11 ce qu'on pense, la façon qu'on a
01:52:13 d'aimer telle musique ou de regarder telle peinture
01:52:15 ou d'apprécier plutôt Proust ou Maupassant.
01:52:17 Je relis actuellement tout Maupassant, c'est génial.
01:52:19 J'avais lu ça quand j'avais 20 ans
01:52:21 et je reprends tout de suite.
01:52:23 Et ça fabrique une civilisation.
01:52:25 Le statut des femmes, la possibilité de se maquiller,
01:52:27 de porter des jupes, d'être...
01:52:29 Alors, je ne suis pas pour la civilisation des terrasses
01:52:31 en imaginant que quand je bois
01:52:33 une bière, je résiste
01:52:35 à l'islamisme, ce genre de choses.
01:52:37 Ça m'a paru un peu court à une époque.
01:52:39 Mais c'est toute une civilisation qui est en train de disparaître.
01:52:41 Il y avait jadis le respect, le dialogue,
01:52:43 l'échange. Je me rappelle,
01:52:45 moi, jeune homme, d'avoir vu
01:52:47 Bernard-Henri Lévy, par exemple, dans l'émission de Bernard Pivot
01:52:49 avec Maurice Bardèche,
01:52:51 grand collaborateur, enfin collaborateur notoire.
01:52:53 C'était possible à l'époque que Béatrice Béatrice et Béatrice Bardèche
01:52:55 se parlent, s'écoutent, s'entendent.
01:52:57 – C'est plus possible aujourd'hui ? – Bien sûr que c'est possible.
01:52:59 – Il n'y a plus de dialogue possible. – Non, c'est fini.
01:53:01 C'est bien vous qui faites à CNews des dialogues,
01:53:03 qui rendez possible des dialogues.
01:53:05 Vous voyez les problèmes de gens qui vous disent
01:53:07 qu'au nom de la tolérance et de la liberté d'expression,
01:53:09 ils ne veulent pas de ces dialogues.
01:53:11 On n'invite pas
01:53:13 Sylvain Tesson, par exemple,
01:53:15 parce qu'il est réactionnaire.
01:53:17 Il aurait préfacé un livre qu'il n'a pas préfacé.
01:53:19 C'est pas du moins celui-ci qu'il a préfacé.
01:53:21 Mais dialoguons avec lui.
01:53:23 Et expliquons-nous. Pensons, réfléchissons ensemble.
01:53:25 Ça ne se fait plus.
01:53:27 Ça aussi, c'était une civilisation.
01:53:29 La disputation dans la scolastique de notre époque,
01:53:33 c'est-à-dire les philosophes de l'époque scolastique et médiévale,
01:53:35 on discutait.
01:53:37 On avait un propos, on prenait le propos inverse,
01:53:39 on commentait le propos, on commentait le commentaire du propos.
01:53:41 C'est comme ça que l'intelligence se fabriquait.
01:53:43 Aujourd'hui, on est dans l'insulte, on est dans le mépris,
01:53:45 on est "je like ou je nique".
01:53:47 Et puis l'affaire est réglée.
01:53:49 – Mais alors, qu'est-ce qui a changé tant en 20 ans
01:53:51 pour que nous n'arrivions plus à dialoguer,
01:53:53 même si on le fait sur CNews et Europe 1 tous les soirs ?
01:53:55 Michel Onfray.
01:53:57 – Le libéralisme fait la loi,
01:53:59 et le libéralisme, c'est le marché qui fait la loi.
01:54:01 Et si le marché fait la loi, ce n'est plus l'intelligence.
01:54:03 C'est-à-dire que si le marché fait la loi à l'école,
01:54:05 ce n'est plus l'instruction qui fait la loi.
01:54:07 Si le marché fait la loi à l'hôpital, ce n'est pas la santé publique qui fait la loi.
01:54:09 Si le marché fait la loi dans les services secrets,
01:54:11 ce n'est plus l'intérêt national qui fait la loi.
01:54:13 Et en matière de culture, c'est ça aussi.
01:54:15 C'est-à-dire qu'on voit aujourd'hui que ce n'est pas l'intelligence
01:54:17 qui fait la loi, c'est l'idéologie.
01:54:19 Alors ça, c'est un peu long, il faudrait reprendre pourquoi,
01:54:21 quand De Gaulle reprend le pouvoir en 1946, enfin, reprend,
01:54:25 oui, arrive au pouvoir à nouveau,
01:54:27 il faut recycler tout le monde sauf les collaborateurs.
01:54:29 Il recycle y compris des gens qui ont été vichistes et pétinistes.
01:54:31 Bien comprendre que vichy et pétin,
01:54:33 ce n'est pas forcément complètement la collaboration.
01:54:35 Et quand il faut donner des ministères
01:54:37 à qui on donne la défense, par exemple,
01:54:41 quand on a des communistes, est-ce que quand on a des communistes au gouvernement,
01:54:43 on va leur donner la défense ou la politique étrangère ?
01:54:47 Bien sûr que non. – Bien sûr que non.
01:54:49 – Et on leur laisse la culture, la culture de l'intelligence,
01:54:51 l'école, l'instruction, etc.
01:54:53 D'où l'idéologisation à gauche qui fait que laisser les choses sérieuses à la droite,
01:54:57 la gestion des entreprises, l'industrie, etc.,
01:54:59 la défense nationale, la politique étrangère,
01:55:03 et puis la culture, laissons ça à la gauche.
01:55:05 Et il se fait que cette gauche-là a failli sur tout ce temps-là,
01:55:09 parce que tout le monde n'est pas allé du côté de Malraux.
01:55:11 Je vois avec un certain plaisir Rachida Dati se citer Malraux à nouveau
01:55:15 et nous faire savoir que la culture,
01:55:17 c'est de permettre au plus grand nombre d'accéder aux chefs-d'œuvre de l'humanité
01:55:21 et notamment aux chefs-d'œuvre français.
01:55:23 Je me dis que c'est quand même quelque chose qui a été perdu.
01:55:26 Parce que communisme, trotskisme, maoïsme, structuralisme dans les années post-68,
01:55:31 et on a tout ça, faites le total de tout ça,
01:55:33 et vous avez effectivement une espèce d'effondrement de l'intelligence qui est redoutable.
01:55:37 – Une dernière question rapide de Geoffroy Lejeune.
01:55:39 – Vous ne serez pas forcément très confiant sur la survie de notre civilisation.
01:55:42 Moi j'ai deux questions.
01:55:43 Est-ce que vous pensez qu'elle peut encore se sauver ?
01:55:45 Et surtout, est-ce que vous pensez qu'elle le veut ?
01:55:47 – Je pense qu'elle ne le peut plus et qu'elle ne le veut pas.
01:55:50 Et que peut-être parce qu'elle ne le veut pas, elle ne le pourra pas.
01:55:52 Elle ne pourra pas, elle ne le voudra pas non plus.
01:55:54 Ça peut aussi fonctionner comme ça.
01:55:56 C'est-à-dire que c'est des discussions que j'ai pu avoir avec Éric Zemmour
01:55:58 qui pensait que son élection aurait pu suffire,
01:56:00 avec un grand homme, à inverser le cours de l'histoire.
01:56:03 Il me disait "mais c'est la dernière fois qu'on peut sauver la civilisation".
01:56:06 Je lui dis "mais comment peux-tu imaginer qu'un homme seul peut sauver la civilisation ?"
01:56:11 C'est comme quelqu'un qui vous dirait,
01:56:13 voilà quelqu'un qui a 98 ans et un médecin qui vous dit
01:56:16 "moi j'ai quelques bonnes médications qui permettront à ce monsieur
01:56:19 de courir le marathon dans 6 mois".
01:56:21 Vous ne le croiriez pas.
01:56:22 Il y a un moment de décomposition civilisationnelle
01:56:25 qui fait que personne ne peut reprendre la main en disant "on va restaurer tout ça".
01:56:29 Non, cette civilisation s'en va et hélas,
01:56:32 la petite fille que j'ai vue dans le train ce matin,
01:56:35 elle aura sa part de pouvoir dans quelques temps
01:56:37 et elle pensera que nous étions des dégénérés ou des demeurés.
01:56:40 Seuls les citoyens peuvent reprendre le pouvoir en réalité.
01:56:43 Moi je suis girondin, c'est-à-dire que je pense effectivement
01:56:45 qu'on doit pouvoir, là où on est, fabriquer des micro-résistances.
01:56:49 Reprendre éventuellement les propos des Foucault et des Deleuze
01:56:52 qui nous parlaient de micro-fascisme et de micro-résistance.
01:56:54 Je vais créer une université populaire dans mon village natal
01:56:57 en disant qu'on peut, là où on est, fabriquer des choses nouvelles,
01:57:00 c'est-à-dire un restaurant et puis travailler avec les paysans,
01:57:03 leur permettre d'écouler leurs produits, des bons produits, des bonnes nourritures, etc.
01:57:07 Des micro-sociétés dans lesquelles on peut dire "ça passera pas par nous".
01:57:10 Le nihilisme ne passera pas par nous.
01:57:12 - Le sursaut de toute la société est possible ?
01:57:14 - Contre les robots ?
01:57:16 - Non, sûrement pas.
01:57:17 - Donc c'est terminé ?
01:57:18 - J'aurais tendance à le penser, mais c'est ainsi.
01:57:21 C'est-à-dire qu'il y a un moment donné où il nous reste l'élégance,
01:57:23 ce qui n'est pas rien, un certain nombre de valeurs, l'honneur, la dignité.
01:57:27 C'est quand même pas mal pour finir sa vie.
01:57:29 - Allez, merci beaucoup.
01:57:30 - Un peu plus optimiste quand même.
01:57:31 - On aurait de quoi faire une autre émission avec vous.
01:57:33 D'ailleurs vous reviendrez.
01:57:34 Merci beaucoup Michel Onfray.
01:57:35 "Patience dans les ruines", Saint-Augustin, Urbi, être Orbi, aux éditions Bouquin.
01:57:40 Merci beaucoup d'être venu ce soir au cœur de cette actualité brûlante pour les agriculteurs.
01:57:44 Merci Vincent Herouet, Louis Doregnel et Geoffroy Lejeune.
01:57:46 Merci à vous chers auditeurs.
01:57:48 Tout de suite c'est Céline Giraud que vous retrouvez pour Europe Un Soir
01:57:50 et Christine Kelly pour Face à l'Info sur CNews.
01:57:53 Bonne soirée à vous sur nos deux antennes et à demain.
01:57:55 [Musique]