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00:00 7h45, vous passez cette matinée en notre compagnie et avec vous ce matin, on vous donne la parole.
00:08 La parole pour justement parler de ce problème.
00:11 Ce matin, on ouvre la porte des salles de classe de l'ISER.
00:14 Théo H, y a-t-il un professeur devant chaque classe ?
00:16 Oui, c'est la question qu'on vous pose ce matin.
00:18 On attend vos témoignages sur le remplacement ou le non remplacement des professeurs absents plus ou moins longtemps.
00:24 La polémique autour de la ministre Amélie Houdet à Casterat relance le débat.
00:28 Elle avait expliqué avoir placé ses enfants dans le privé en raison d'absences non remplacées.
00:33 Une version qui a été démentie ensuite par des professeurs et des parents d'élèves.
00:37 On vous pose cette question. Quelle est la situation pour vous, pour vos enfants ?
00:40 On a déjà eu des témoignages ce matin, mais venez nous raconter.
00:44 Si justement vous êtes déjà dans une absence longue en ce moment, si vous avez été confronté à ça,
00:48 qu'est-ce que vous avez fait pour "résoudre le problème" ?
00:52 Alors résoudre, c'est un bien grand mot, mais est-ce que vous avez dû prendre un professeur particulier ?
00:57 Est-ce que vous vous avez compensé à la maison ?
00:59 Comment vous avez fait ? Ou est-ce que vos enfants sont un peu livrés à eux-mêmes ?
01:02 0476 46 45 45, vous avez la parole pour nous parler de cette situation.
01:07 Alors n'hésitez pas à nous appeler maintenant.
01:08 Et pour nous éclairer ce matin, notre invité Florian Stoker, secrétaire départemental du SNES-FSU, principal syndicat d'enseignants.
01:16 Bonjour Monsieur Stoker.
01:18 Bonjour.
01:18 Merci d'être avec nous.
01:20 Des parents d'élèves se mobilisent en ce moment au lycée Léonard de Vinci à Villefontaine.
01:24 On l'entendait dans le journal de 7h30, parce que leurs enfants n'ont pas de professeur de français depuis trois mois.
01:30 C'est un congé maternité non remplacé.
01:32 Est-ce que selon vous c'est un cas isolé ou c'est un dysfonctionnement chronique ?
01:37 Eh bien on est plutôt malheureusement sur la tendance chronique.
01:40 C'est-à-dire que dans les retours d'établissements qui nous ont été faits depuis la rentrée,
01:46 et c'est la même chose déjà depuis plusieurs années,
01:48 on se rend compte qu'il y a une majorité des établissements qui ont affaire à une pénurie, au moins temporaire, d'enseignants.
01:55 Alors le paradoxe dans la situation c'est quand on écoute par exemple Monsieur Dazaine,
01:59 dans le rassemblement de l'ISER.
02:01 Je vous coupe Monsieur Stoker un instant simplement,
02:04 parce que l'académie de l'ISER nous a effectivement donné quelques chiffres sur les remplacements pour le second degré collège et lycée.
02:10 Ils assurent que 94% des absences de longue durée sont remplacées.
02:15 C'est exactement le chiffre que j'allais vous dire.
02:18 Donc effectivement, en majorité nous avons des personnes devant les élèves,
02:21 mais le problème c'est bien que pour les élèves qui sont concernés par ça,
02:25 ça peut être des fois des effets importants.
02:27 Par exemple, c'est peut-être le cas justement au lycée à Villefontaine,
02:31 où on peut avoir par exemple un professeur de spécialité en philosophie qui n'est pas présent,
02:35 enfin on n'a personne à mettre devant les élèves pendant toute l'année.
02:38 Donc en gros, les conséquences pour certains élèves, des fois ça peut être deux ans sans transfer,
02:42 ça peut être pas de spécialité pour le bac,
02:44 donc en gros c'est des conséquences qui touchent peu d'élèves,
02:47 mais par contre qui sont vraiment dramatiques au niveau personnel.
02:50 Donc nous on insiste bien sûr que, comme on a affaire à un service public d'éducation,
02:54 la priorité du gouvernement ça doit être de s'assurer que nous ayons des remplaçants disponibles,
02:58 que le rectorat fonctionne correctement pour affecter les personnels qui seraient recrutés,
03:02 afin que chaque élève puisse bénéficier d'une scolarité optimale
03:05 et non pas, s'il a la mauvaise chance, s'en trouver avec des horreurs.
03:09 Je vais vous faire entendre Monsieur Stoker le témoignage d'une auditrice qui nous a appelé ce matin,
03:14 elle s'appelle Frédérique, elle nous a appelé de Dolomieu,
03:17 et justement sa fille a eu des soucis de remplacement.
03:20 Alors l'anglais elle a eu trois semaines l'année dernière,
03:23 et cette année, pareil, c'est physique chimie, c'était un congé maternité,
03:27 donc a priori ça n'a pas pu être anticipé non plus.
03:30 Ma physique chimie, malheureusement elle est un petit peu autonome,
03:34 elle fait comme elle peut avec des cours de copine,
03:37 et puis le professeur d'anglais, je lui paye des cours particuliers.
03:40 Voilà, elle paye des cours particuliers pour sa fille, on voit bien les conséquences sociales,
03:45 tout le monde ne peut pas se permettre ça.
03:47 Est-ce qu'il y a, Monsieur Stoker, des endroits, ou des niveaux, ou des matières
03:51 où les difficultés sont les plus prégnantes ?
03:54 Oui, on a effectivement des disciplines où la pénurie est chronique,
04:00 parce que, soit le concours n'a pas été ouvert, par exemple en technologie,
04:03 c'est-à-dire qu'aujourd'hui on ne recrute plus de professeurs de technologie,
04:06 donc forcément il y a des manques.
04:07 On compense souvent en demandant à des professeurs de sciences et d'ingénieurs
04:11 de venir enseigner en collège en technologie.
04:13 On a également dans les langues, comme en allemand par exemple, ou en italien,
04:16 où le concours fait souvent, il y a moins de 50% des postes qui sont pourvus au moment du concours.
04:22 On a également en mathématiques,
04:26 alors en mathématiques ça s'explique aussi parce qu'on a une très forte concurrence avec le privé,
04:30 dans le sens pas éducatif, et dans le sens, quand vous avez des diplômes élevés en maths,
04:35 on préfère être ingénieur et payer avec le concours.
04:37 - Ça rémunère bien mieux en général.
04:39 - C'est ça.
04:40 Donc effectivement il y a plusieurs disciplines sur lesquelles on est concerné,
04:43 mais par contre tout ce qu'on observe sur la tendance générale,
04:45 c'est qu'avec toutes les réformes qui sont engagées par Emmanuel Macron,
04:48 on est sur une tendance à la baisse,
04:49 on est à près deux fois moins nocés au concours qu'il y a trois ou quatre ans.
04:52 Donc nous on pose une véritable question,
04:53 il y a une urgence à répondre à la problématique du recrutement,
04:56 parce que ce qui aujourd'hui reste peut-être marginal,
05:00 avec toutes les conséquences que ça a pour les familles qui sont concernées,
05:03 risque de se généraliser peut-être,
05:05 à moins que le gouvernement n'ait la grande solution
05:08 de supprimer des postes plus vite que les trous n'apparaissent.
05:11 Ça c'est aussi un risque qui arrive.
05:13 Par exemple l'année dernière, ils ont supprimé une heure technologie,
05:15 ce qui a miraculeusement résolu temporairement
05:17 les problèmes de disponibilité des collègues de technologie.
05:20 Donc il y a ce risque-là aussi de supprimer des enseignements,
05:23 tout simplement parce qu'on ne se donne pas les moyens de les pourvoir.
05:27 - Et face à cette inquiétude, vous appelez à la grève le 1er février prochain,
05:30 on va y revenir, Florian Stoker, secrétaire départemental du SNES-FSU.
05:34 - Et on compte sur vous pour venir nous raconter à quel point ça vous touche.
05:38 Est-ce que vous avez été confronté à ça, vos enfants ou vos petits-enfants d'ailleurs ?
05:42 Est-ce qu'ils ont connu cet absentéisme, ce non-remplacement plutôt des professeurs,
05:46 et qu'ils ont dû composer avec ?
05:48 Comment ça se passe à la maison ? Comment vous faites ?
05:50 04-76-46-45-45 ?
05:52 Appelez-nous dès maintenant parce qu'il reste quelques minutes,
05:54 et on aimerait quand même bien entendre votre témoignage
05:56 pour savoir un peu comment ça se passe.
05:58 - On va écouter le témoignage, justement, celui d'Alain May.
06:00 Bonjour, monsieur May.
06:02 - Bonjour.
06:03 - Vous êtes vice-président de la PEP, Association de Parents d'Élèves,
06:06 et votre fils, en terminale STMG au lycée Aristide-Berges à Sécine-et-Parisais,
06:11 a eu justement des problèmes de remplacement, plutôt de non-remplacement.
06:16 - Oui, c'est ça. Son prof de management et son de gestion étaient absents pendant 3 mois.
06:21 Heureusement que j'ai mis en place quelques cours de soutien,
06:25 mais c'était un sparadrap, et puis quand même l'enseignant, il faut le dire,
06:28 avait un sens professionnel très marqué,
06:31 puisqu'en janvier et février, il a organisé des cours de rattrapage,
06:36 qui n'ont évidemment malheureusement pas été payés par les heures sub par le rectorat,
06:41 et puis bon, malheureusement, il n'y a que 50% des élèves qui étaient présents.
06:46 Et puis la peau de philo, absent d'huit mois,
06:50 il y a eu quatre professeurs successifs qui ont remplacé cette peau de philo.
06:55 Mais évidemment, ça n'a pas laissé un si bon souvenir que ça.
06:59 Et puis les notes, évidemment, de la classe n'ont pas été tellement bonnes.
07:02 - Vous en voulez à qui, entre guillemets, monsieur,
07:05 mais on entend, vous dites, le professeur qui était absent a un grand sens professionnel,
07:09 si je vous entends bien, vous en voulez pas au professeur,
07:12 mais plutôt à l'organisation, à l'éducation nationale ?
07:15 - Oui, c'est l'organisation, je crois qu'on a cet article récent du Monde,
07:19 il y a quelques jours, qui indiquait qu'il y a quatre fois moins de profs remplaçants
07:23 que dans les années 70.
07:25 Donc l'éducation nationale n'est plus en mesure, apparemment,
07:29 enfin apparemment, on voit les chiffres, de faire des remplacements.
07:33 Et puis bon, il y a le problème de l'absence de plus de résultats
07:37 au niveau de l'éducation nationale et de l'État.
07:40 Mais bon, c'est un débat beaucoup plus vaste que simplement l'éducation nationale.
07:45 Il faut que les parents soient réalistes, les solutions de soutien privé peuvent être organisées.
07:52 Mais vous imaginez bien que ça demande pas mal de temps, d'énergie, aussi de l'argent.
07:57 - Et d'argent, effectivement.
07:59 - Et puis le redoublement dans les émissions privées,
08:02 c'est la fuite de l'honneur privé qui est parfois la solution privilégiée,
08:05 puisque quand un élève n'a pas eu de prof pendant une année,
08:09 l'éducation nationale n'accède pas le redoublement,
08:12 il faudrait que l'élève ait été malade, vous voyez.
08:14 Donc les parents sont vraiment bloqués et les enfants sont marqués à vie.
08:18 - Le redoublement, c'est l'une des pistes qui a été évoquée par Emmanuel Macron,
08:23 notamment lors de sa conférence de presse, remettre un petit peu de redoublement.
08:27 Merci beaucoup Alain May, vice-président de la PEP, Association de parents d'élèves,
08:31 d'avoir témoigné ce matin au micro de France Bleu Isère.
08:34 Je reviens vers vous, Florian Stoker, secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU.
08:40 Les problèmes se situent au niveau du remplacement des absences courtes ou des absences longues ?
08:46 - On a un problème sur principalement les absences longues,
08:49 puisque les absences courtes sont quand même assez peu nombreuses malgré tout.
08:54 Le problème est surtout les absences longues,
08:56 parce qu'effectivement, par exemple pour un congé maternité,
08:58 qui est quand même assez prévisible normalement,
09:00 il y a deux choses qui peuvent arriver.
09:03 Soit il s'agit du fait qu'on n'a personne sous la main pour pouvoir effectuer des heures,
09:07 soit il s'agit aussi des fois de dysfonctionnement tout simplement au niveau du rectorat,
09:10 où on n'est pas capable d'affecter dans les temps une personne au bon endroit.
09:15 - Le rectorat, l'académie de l'Isère, qui nous assure que quasiment 10% des effectifs de professeurs
09:21 dans l'académie sont dédiés aux remplacements, c'est pas assez ? Il en faut plus ?
09:25 - La preuve est que non.
09:27 Nous ce qu'on demande, c'est qu'effectivement, nous avons par exemple des TZR,
09:30 des titulaires de zone de remplacement,
09:32 donc c'est des professeurs qui sont dédiés à effectuer des remplacements de longue durée.
09:35 Ce cortège n'est pas assez fourni,
09:38 et donc il va de pair avec la crise de recrutement,
09:41 il faut absolument parvenir à augmenter le nombre de profs recrutés plutôt que supprimer des postes.
09:46 - Et c'est l'une des revendications de la grève du 1er février ?
09:50 - Exactement.
09:52 Nous, la grève du 1er février, nous appelons à la faire,
09:55 et nous espérons être soutenus également par les organisations de parents d'élèves.
09:59 C'est un appel qui est fait tout d'abord pour des comptes,
10:04 ce sont des problématiques qui sont propres à l'éducation nationale depuis plusieurs années.
10:08 C'est-à-dire qu'il y a la crise de recrutement qui est déjà depuis plusieurs années.
10:11 Donc nous, on l'explique comment ?
10:13 Par le fait que les salaires sont excessivement bas encore par rapport à notre niveau de formation,
10:17 puisque nous sommes en général diplômés d'un Bac +1 quand nous sommes titulaires.
10:21 - Professeur français parmi les plus mal payés d'Europe, effectivement de l'OCDE en tout cas.
10:25 Merci beaucoup, je suis désolé de vous couper Florian Stocard,
10:27 on a bien entendu en tout cas vos arguments et vos revendications pour la grève du 1er février.
10:32 Merci d'avoir été notre invité ce matin. Belle journée.