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  • il y a 3 jours

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00:007h45, des troubles psychologiques, on peut en affronter, on peut y être confronté à plein d'étages différents de la dépression, à la pathologie plus lourde.
00:08Est-ce que ça vous est arrivé face à vous, à un collègue, à un ami ? Comment vous avez géré cette situation ? Appelez-nous 0476 46 45 45.
00:16Et comment la société également regarde ces pathologies ? On en parle avec Thierry Grasset, bonjour.
00:23Bonjour.
00:23Vous êtes président de l'association Bipolarité Stable, association basée en or isère.
00:27Vous êtes vous-même bipolaire, on rappelle rapidement ce que c'est, c'est marqué par une alternance de dépression ou d'euphorie.
00:34Et puis il y a aussi les entre-deux, et ça on en parlera plus en aval, parce que je sais que ça vous tient à cœur.
00:41Il y a des périodes où on n'est pas dans les pics et il faut bien les gérer quand même.
00:44Mais d'abord, l'origine peut-être. On va profiter de votre expérience. Vous avez été diagnostiqué il y a 18 ans je crois, c'est ça ?
00:51Oui, j'ai 62 ans actuellement et il y a 18 ans, donc à 45 ans, ce qui est quand même assez tardif.
00:55Comment ça s'est passé ? Est-ce que quand on a un doute sur sa santé mentale, sur ce qui se passe chez nous, ou quand l'entourage en a un, est-ce qu'on trouve facilement un interlocuteur ?
01:03Vers qui on va ?
01:04Alors non, pas du tout en fait. C'était très difficile, notamment le psychiatre qui me suivait était passé complètement à côté.
01:09C'est mon médecin traitant en fait qui me suivait, qui a même mon dossier, et qui a identifié des passages plutôt hauts, enfin bien je veux dire, et puis des passages bas, plutôt dépressifs.
01:18Donc il m'en a parlé, en fin 2006, quand il m'a parlé de bipolarité, j'ignorais complètement le nom en fait, vous voyez, complètement.
01:27Donc je tombais un peu de massage, j'ai lu des témoignages et là je me suis rendu compte que ça correspond en effet à ce que j'avais vécu pendant pas mal d'années.
01:34Et alors ensuite vous vous êtes tourné vers qui, une fois que le généraliste a posé finalement ce début de diagnostic ?
01:39Alors là il y a eu six mois, je dirais, de sidération, de, pas forcément déni, mais de, parce que j'ai commencé à lire, et c'était quand même assez inquiétant ce que j'ai lu sur la maladie.
01:48Et j'ai essayé de comprendre d'abord ce qui se passe à soi-même.
01:50Voilà, puis accepter, accepter, et puis finalement, voilà, je suis rentré dans le soin, j'ai fait une hospitalisation, une seule, mais qui a été vraiment extrêmement salvatrice.
01:58Et je suis rentré dans le soin, dans un protocole de soin, j'ai réaménagé mon travail pour m'adapter, pour petit à petit mettre en place un rétablissement et stabiliser cette bipolarité.
02:09Je suis arrivé.
02:10Aujourd'hui vous êtes stabilisé, effectivement, j'imagine que c'est un combat quotidien.
02:14Quotidien.
02:15Voilà, mais vous avez un crédo, vous dites avant je me soignais, maintenant je me rétablis, on va en discuter avec vous dans un petit instant.
02:24Peut-être vous rappelez, à vous, auditeurs, si vous avez des témoignages à apporter, n'hésitez pas.
02:29Vous avez pu être confronté, alors, pas forcément à la bipolarité, mais simplement à une crise d'angoisse, à la dépression, ce sont des choses qu'on rencontre relativement fréquemment.
02:370-4-76-46-45-45, et quand on dit y être confronté, pour vous, mais aussi pour votre entourage, un membre de la famille, chez les jeunes, chez les plus anciens, au travail, comment vous avez géré ça ?
02:49Vous passez, vous nous appelez, on écoute vos témoignages, 0-4-76-46-45-45, et si vous pouvez aussi passer sur notre page Facebook, comme certains l'ont fait, Soazic.
02:57Tout à fait, on a Eliane, par exemple, qui nous pose une question, ce matin, sur la page Facebook d'ici Isère, qui nous dit, on entend de plus en plus parler de ces troubles psychologiques,
03:08comment ça se fait qu'on en parle plus aujourd'hui ?
03:10Et puis, je vous parlais de Chantal, tout à l'heure, qui nous a dit qu'elle avait été confrontée, elle-même, à la dépression, elle nous parlait du regard de la société sur ces troubles,
03:18qui restent encore à améliorer, beaucoup trop d'individualisme, voire de la stigmatisation, ajoute-t-elle, la santé mentale en France mérite beaucoup mieux.
03:27Est-ce que vous avez ressenti ce tabou, aussi ? Il n'y en aura pas, chez nous, mais n'hésitez pas à nous appeler pour nous en parler.
03:32Et on va prolonger la discussion avec Thierry Grasset, président de l'association Bipolarité Stable.
03:37Cette question sur l'amélioration, le fait qu'on en parle de plus en plus souvent, est-ce que c'est parce qu'on le prend mieux en charge, le problème sentimentale ?
03:44Il y a plusieurs raisons, je confirme, tout à fait.
03:46Donc, je pense que, oui, il y a un contexte, notamment une stimulation cognitive extrêmement forte,
03:52qui, simplement, joue et accentue un petit peu ces problèmes psychiques.
03:57Il y a également le fait qu'on accepte d'en parler aussi.
04:00Je pense qu'avant, il y a énormément de dépressions, par exemple, qui étaient, en fait, des bipolarités, mais non diagnostiquées.
04:06Donc, on en parle plus, donc ça expliquerait pourquoi on a l'impression, par exemple, qu'il y a plus de bipolaires.
04:10Alors qu'en fait, je ne pense pas que c'est forcément le cas.
04:13Par contre, on en parle beaucoup plus.
04:14Je crois sur 2,5% de la population, c'est ça, la bipolarité ?
04:18À peu près, voilà, avec différentes formes, absolument, ce qui est quand même assez significatif.
04:21Dans la prise en charge, et là, on vient à ce qui fait un peu votre réflexion aujourd'hui,
04:26si vous dites, le soin est nécessaire, il n'y a aucune question là-dessus.
04:32Par contre, il doit être pris dans un ensemble, il n'y a pas que le soin, il y a aussi tous les à-côtés.
04:36Vous parlez de quoi quand vous parlez de ces à-côtés ?
04:38C'est le regard de la famille, le regard de la société, justement ?
04:40Alors, déjà, le soin, donc, est une condition nécessaire, mais pas suffisante.
04:45Voilà.
04:45Et dans le soin, on va mettre les médicaments, les psychothérapies, essentiellement.
04:48Voilà.
04:49Donc, au-delà du soin, on intègre le soin dans ce qu'on appelle le rétablissement,
04:54un processus de rétablissement, dans lequel on va trouver toute une série,
04:58notamment la réabilisation psychosociale, c'est-à-dire, en fait, la psychoéducation,
05:03tout un travail sur le côté psychologique et le côté sociologique de la personne.
05:08Bien sûr, parce que ça n'a pas qu'une influence sur soi, finalement, c'est tout l'entourage qui...
05:11Les facteurs environnementaux sont extrêmement importants dans le déclenchement et le maintien des maladies psychiques,
05:18comme la bipolarité.
05:19Et par exemple, pour une stabilité, est-ce qu'il faut une stabilité autour de soi ?
05:24Non, mais c'est une question pour stabiliser une bipolarité.
05:26Oui, mais j'ai renoncé depuis longtemps à vouloir impacter mon environnement.
05:31Je m'occupe plutôt de moi.
05:32Vous savez, je suis mon meilleur ennemi, mais mon pire ennemi aussi.
05:35Mais oui, bien sûr, il vaut mieux être tricieux et heureux que pour vrai malheureux.
05:38Oui, bien sûr, tout à fait, absolument.
05:40On va prolonger la discussion avec vous.
05:41On va prendre un témoignage qui nous arrive.
05:43Frédéric Aébins.
05:46Bonjour, Frédéric.
05:47Oui, bonjour.
05:48Bonjour, Frédéric.
05:48Vous avez une réflexion, une question ?
05:51Oui, en fait, moi j'ai souffert de dépression suite à des traumas d'enfants,
05:57de la violence familiale, on va dire.
06:01Et on était une tribu de 8 enfants et je n'étais pas le seul à les subir.
06:06Ça m'a amené à approfondir sur la complexité de l'âme humaine.
06:16Et la chance que j'ai, c'est que je suis complètement allergique à tout médicament.
06:20J'ai essayé, mais ça ne fonctionne pas.
06:23Antidépresseur et somnifère.
06:25Et il s'avère que moi, ce qui me sauve, c'est l'activité physique.
06:32On dit qu'on est kinesthétique, c'est-à-dire qu'il y a un accord entre l'âme et le physique.
06:38Alors j'ai la chance d'avoir eu malgré tout des parents, malgré le contexte qui nous ont beaucoup sorti.
06:45Et je fais un métier dans le bâtiment.
06:50Vous avez trouvé un moyen de passer ces soucis grâce au sport.
06:54On dit que la dépendance au sport, c'est la seule dépendance qui est bonne.
06:58Oui, alors après, il ne faut pas...
07:00En l'occurrence, tout est dans l'équilibre.
07:02Enfin, pas que le sport.
07:05Ça peut être de la marche, ça peut être de la peinture.
07:08L'activité, globalement.
07:09Ça a été la manière pour vous de...
07:10Vous avez réussi à surmonter.
07:13Et par contre, c'est extrêmement difficile à sortir de ça, parce que c'est très mal accepté.
07:19Et on revient là sur le regard, effectivement, que porte la société sur ces choses-là.
07:24Et peut-être aussi...
07:25Moi, je suis resté 5 ans pratiquement sans parler, en travaillant.
07:29Et les gens ne comprenaient pas.
07:32Mes enfants non plus.
07:33Mais ils ont toléré.
07:34Et puis maintenant, c'est pas mal.
07:35Il y a le regard de son entourage, il y a le regard de la société.
07:38Il y a peut-être aussi le regard du monde.
07:40Médical.
07:41Et là, je reviens vers vous, Thierry Grasset.
07:47Effectivement, vous êtes d'accord avec cette question de kinesthétique,
07:51du rapport entre le bien-être du corps et de l'esprit ?
07:55Complètement.
07:56Et je dirais même, revenant sur le témoignage de Frédéric,
08:00il a trouvé ça ou ses recettes.
08:02Ça, c'est génial.
08:03Ça, c'est vraiment exactement ça.
08:04Ils sont spécifiques.
08:05On a chacun nos recettes.
08:06Qui sont spécifiques et qui sont, pour le coup, hors soins ou autour du soin,
08:11puisqu'il a dit qu'il y avait aussi...
08:12Alors, je le mettrais dans le rétablissement.
08:13Dans le rétablissement.
08:14C'est ce que vous appelez, vous, le rétablissement.
08:16Il se rétablit par une activité physique intense,
08:18qui est très bien, d'ailleurs.
08:19Ce qui est une très, très bonne démarche.
08:20Je le conseillerais à tout le monde, bien sûr.
08:22Est-ce qu'aujourd'hui, cette démarche de rétablissement au-delà du soin,
08:25elle vous paraît être prise en compte par le système psychiatrique et le système médical ?
08:30Alors, il y a un noyau dur.
08:32Notamment, je pense au centre de réhabilitation de Grenoble.
08:35Je pense à Winatia à Lyon, au CHE également à Grenoble.
08:38Il y a des pôles de santé qui sont dans le rétablissement.
08:42Mais ça reste encore minoritaire.
08:44Donc, un noyau dur très dur, mais minoritaire.
08:46Qui regarde le malade sous sa globalité, en fait.
08:48Absolument, une approche holistique, bio-psycho-sociale de la maladie.
08:53Malheureusement, la majorité de la psychiatrie
08:55a plutôt une approche très bio, centrée essentiellement sur le médicament.
09:00Donc, un très bon noyau dur, mais quand même,
09:03beaucoup d'efforts à faire pour que plus de médecins
09:05puissent avoir cette approche rétablissement holistique global.
09:08On a encore des progrès à faire.
09:09C'est aussi une question de moyens.
09:10Ça, c'est une autre discussion qu'on aura peut-être un jour
09:12sur la santé psychiatrique en France.
09:15Merci Thierry Grasset, président de l'association Bipolarité Stable,
09:19d'être venu apporter ce matin votre connaissance du sujet,
09:22finalement, et votre expérience.
09:24Je pense que ça parle à tout le monde,
09:25au-delà même de la bipolarité, simplement, si je peux dire.
09:28Merci à vous.
09:29Merci.

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