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00:00Vos enfants, vos petits-enfants, subissent-ils, ont-ils subi des absences longues de professeurs ?
00:06Venez nous raconter tout cela, vous avez la parole ce matin à 7h45, puisqu'on parle éducation et manque de professeurs.
00:12Oui, des professeurs de maths ou de français, absents.
00:14Certaines classes en ISER n'ont pas eu cours depuis la rentrée de septembre.
00:17On a relayé sur l'antenne d'ICISER quelques témoignages.
00:20On attend les vôtres, aussi un 04-76-46-45-45.
00:24Et puis notre invité a un regard plus global.
00:26Bonjour Florian Stoker.
00:28Bonjour.
00:29Merci d'être en ligne avec nous.
00:30Vous êtes secrétaire départementale du syndicat SNES-FSU,
00:33syndicat majoritaire dans le second degré, les collèges et lycées.
00:37Et on vous a invité ce matin parce que vous avez mené un recensement partout en ISER
00:41des absences non remplacées pour aller un peu plus loin que ces alertes ponctuelles
00:46qu'on a relayées ici aussi, pour avoir un tableau plus global.
00:49Et ce tableau, il n'est pas très reluisant, expliquez-nous.
00:53Oui, effectivement, on s'est intéressé à savoir dans quels établissements
00:58il y avait des classes qui pouvaient être sans professeur.
01:01Donc déjà pour rappeler que ces absences, enfin ce qu'on appelle nous absence,
01:06il y a deux sortes.
01:07Il y a effectivement des absences longues d'enseignants pour des raisons souvent médicales,
01:10des temps partiels thérapeutiques, des prévisions d'opérations ou des maladies longues durées.
01:15Et on a également ensuite un autre phénomène qui est les postes non pourvus.
01:19C'est-à-dire que tout simplement, le rectorat était incapable de nommer
01:23un professeur titulaire ou un contractuel sur le poste qui était prévu.
01:27Donc de la part des parents, que ce soit l'un ou l'autre, on n'aura pas de différence.
01:31Donc on a enquêté sur toute l'ISER et on a pu observer un peu que c'était un phénomène
01:37qui était loin d'être effectivement anecdotique.
01:39Oui, loin d'être anecdotique puisqu'on a plus de 10% des collèges et lycées ISER-OI
01:43qui ont au moins un enseignant manquant depuis le début de l'année.
01:46Les difficultés, est-ce qu'elles se situent sur les marges entre guillemets de l'ISER ?
01:52Est-ce que Grenoble est privilégié dans ce tableau ou pas forcément ?
01:56Quand ça arrive ponctuellement, ces absences de longue durée,
02:02il semblerait que ce soit à peu près équitable sur le département.
02:05Bien que Grenoble soit un petit peu mieux pourvu parce qu'il y a une proximité
02:11du bassin de recrutement pour les contractuels,
02:14disons que c'est plus facile de se déplacer et de venir à Grenoble.
02:17C'est aussi des endroits où les parents se mobilisent un peu plus pour réclamer des moyens.
02:22Les territoires un peu plus périphériques ont tendance à avoir un petit peu plus de problèmes.
02:26C'est vrai qu'on l'observe notamment sur les absences de longue durée depuis la rentrée.
02:31C'est là où on concentre un petit peu plus les difficultés.
02:35On va essayer d'expliquer un peu tout cela et de dresser le tableau avec vous Florian Stoker.
02:39On fait d'abord un détour par le standard d'ici ISER Mathieu.
02:42Christophe nous appelle de Voiron pour réagir justement à cette situation
02:46et au manque de professeurs dans l'éducation nationale.
02:49Bonjour Christophe !
02:50Bonjour !
02:51Alors Christophe expliquez-nous, quelle est votre situation ?
02:53Alors moi je suis enseignant formateur depuis à peu près une dizaine d'années dans le supérieur,
02:57droit, économie, management et CEGM.
03:00Et puis j'en avais un peu marre.
03:01Donc j'avais, suite à un appel de madame Emmanuelle Bougier,
03:05la nouvelle proviseure du lycée Morestel,
03:08m'a proposé un poste d'enseignant SMTG première année en économie, droit et management.
03:14Toutes les matières que je connais.
03:16Et le rectorat bloque ma candidature depuis septembre.
03:21D'accord. Parce que vous êtes titulaire ? Vous avez le CAPES ?
03:25Non, je suis contractuel.
03:28Mais vous êtes dans l'enseignement supérieur, en université quoi en gros ? C'est ça l'idée ?
03:31Dans le privé.
03:33D'accord.
03:34Et vos demandes, répétez, ça fait longtemps que vous demandez, entre guillemets,
03:38ou qu'on vous appelle pour intervenir ?
03:41Depuis le mois de septembre, je réitère sans nouvelles.
03:46J'ai essayé de faire intervenir monsieur Noder.
03:50Votre député est désormais une liste de la santé.
03:53Voilà. Il était député avant.
03:57J'ai essayé de faire intervenir monsieur Vial, le maire de Morestel, pour expliquer un peu.
04:02Surtout que moi, ma candidature avait un sens.
04:07Je pouvais préparer ces jeunes lycéens à réussir le baccalauréat,
04:11parce que je maîtrise absolument ces trois matières,
04:13et surtout je pouvais les amener à un enseignement supérieur en première année,
04:16où on s'aperçoit qu'il y a quand même 85-90% de taux d'échec en première année supérieure,
04:22parce qu'ils n'ont pas les bases.
04:24Ils n'ont pas les bases.
04:25Donc vous dites que par moment, on marche un peu sur la tête dans cette gestion-là ?
04:29Là, on marche vraiment sur la tête.
04:31Je n'ai pas le temps de vous expliquer pourquoi le rectorat bloque ma situation,
04:34mais si vous la connaissiez, vous diriez que c'est possible.
04:37Ce n'est pas possible.
04:38En tout cas, merci d'être passé, Christophe, pour cet exemple.
04:41Rapidement aussi, on a des témoignages sur notre page Facebook, Laurent Gallien.
04:45Oui, des témoignages de certains d'entre vous, dont les enfants notamment,
04:49n'ont pas eu d'enseignants pour passer le bac de français.
04:52C'est le cas de Joss.
04:53Il y a Frédéric qui nous dit que les enseignants manquants, effectivement, c'est fréquent.
04:59On a Christine qui nous explique que ce manque d'enseignants est assez récurrent
05:04et qu'elle-même n'a pas pu faire d'anglais à l'époque
05:07parce qu'elle n'avait tout simplement pas d'enseignants en anglais.
05:11Alors, on a des réactions très vives.
05:14On a Colette qui nous dit que tout va mal, mais là, c'est le pompon.
05:17Et on a Éliane qui nous dit que c'est un désastre.
05:20Christine, dont je parlais tout à l'heure, nous pose quand même une question aussi.
05:23Où sont les priorités ?
05:24Et c'est peut-être là que notre invité ce matin a un avis.
05:280476464545 pour nous appeler rapidement si vous voulez encore aussi réagir.
05:32Peut-être témoigner d'un manque.
05:34Notre invité, Florian Stocker, secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU,
05:38syndicat majoritaire dans le second degré.
05:40D'abord, pour revenir au témoignage de Christophe,
05:42qui est contractuel et veut intervenir.
05:45Le bassin de contractuel, il est quand même important.
05:48Comment on explique qu'on n'arrive pas à mettre des enseignants devant chaque classe ?
05:53Il y a plusieurs choses.
05:54C'est d'une part le fait qu'on ne recrute pas assez de contractuels.
05:57Il faut souligner qu'ils sont eux-mêmes victimes de précarité
06:00parce que la paye n'est pas forcément excellente.
06:03Ils ont souvent plus d'heures de travail que les fonctionnaires.
06:06Et ils ont aussi un déficit de formation.
06:09Quand on en trouve, il faut déjà qu'ils restent en poste.
06:12Il faut également qu'ils soient affectés.
06:13Comme le soulignait, c'est que des fois, il y a des problèmes au niveau du rectorat.
06:16On a eu encore l'an dernier, et probablement cette année aussi,
06:19je n'ai pas vérifié parce que j'étais en congé paternité,
06:21mais on avait eu, par exemple, le cas de contractuels
06:24qui avaient recevu leur première paye à partir du mois de décembre
06:26et souvent parce qu'ils se mobilisaient.
06:28Ce n'est pas le cas de tous, mais n'empêche que ça peut être un frein.
06:31La précarisation est un obstacle au fonctionnement du vivier de remplacement.
06:37C'est vrai que nous, au SNES FSU, on a tendance à préférer
06:40les titulaires de zones de remplacement,
06:42donc des fonctionnaires qui sont affectés à des zones de remplacement.
06:44Mais pour en avoir un nombre suffisant et qu'ils soient correctement affectés,
06:47ça veut dire qu'il faut faire le plein au concours.
06:49On a l'impression, en tout cas de l'extérieur, qu'il faut se battre.
06:53Effectivement, on avait parlé sur l'antenne d'Icizère du cas de Krol, par exemple,
06:57où les parents avaient même menacé d'aller en justice contre le rectorat.
07:01Est-ce que c'est le cas, effectivement ?
07:03Est-ce qu'il faut se battre pour avoir un enseignant devant chaque classe ?
07:08Malheureusement, aujourd'hui, effectivement,
07:10c'est-à-dire qu'on est mis en face d'un dysfonctionnement des services publics
07:15et aujourd'hui l'État n'assume plus ses responsabilités
07:17qui est celle de fournir à tous les élèves l'enseignement obligatoire,
07:21puisqu'on rappelle que c'est obligatoire jusqu'à 16 ans,
07:23qui est dû à tous les élèves.
07:24Alors, ce n'est pas juste un caprice de vouloir que tous les élèves aient cours,
07:27c'est parce qu'à la base, on a un objectif émancipateur de l'école
07:31qui est de confronter les élèves à une vie sociale,
07:33de la culture, à des connaissances qui vont leur permettre de devenir des futurs citoyens.
07:38Donc, on se dit que c'est quand même un enjeu démocratique de taille
07:41et c'est inquiétant aujourd'hui que l'État ne soit pas en mesure d'assurer ça.
07:45L'Académie Grenoble répond que les difficultés de recrutement
07:50se situent majoritairement sur des temps partiels,
07:53des temps de service peu importants, 4h, 6h, parfois 9h,
07:56ce qui rend le remplacement plus difficile.
07:58Est-ce que c'est le cas ?
08:00Est-ce que c'est ce que vous vérifiez aussi dans votre étude ?
08:03Oui, c'est tout à fait vrai.
08:05C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les moyens ne comptent pas,
08:09on ne demande pas des enseignants par établissement
08:11comme c'était le cas il y a 20 ou 30 ans.
08:12Aujourd'hui, on optimise ces moyens.
08:14Donc, un enseignant qui doit 18h, par exemple,
08:16si on va calculer qu'il doit faire 15h dans son état d'établissement
08:20et 3h dans un autre,
08:21si on ne trouve pas un petit bout de 3h, ça va être compliqué.
08:23Donc, les règles de gestion elles-mêmes compliquent ces remplacements.
08:27On entend l'argument que c'est un peu moins grave
08:30parce que c'est que des petits bouts.
08:31Effectivement, si on comptait le nombre d'heures totale
08:33sur les 52 000 élèves, ça ne touche pas grand monde.
08:35Mais en vrai, quand ça tombe sur votre enfant
08:38où il n'y a pas de prof,
08:39au final, lui, ça peut être toute l'année.
08:41On a le cas de certains établissements
08:43où ça a été pendant deux ans
08:44où il n'y avait pas de professeur de français.
08:46C'est absolument inacceptable.
08:48Notre invité ce matin, Florian Stoker,
08:50secrétaire départemental du syndicat SNES-FSU,
08:52qui a mené, on l'entend, une grande étude dans le département
08:54sur les absences de remplacement de professeur.
08:57Merci, monsieur Stoker, d'être venu nous en parler ce matin.
09:00Ça pèse parfois sur les autres enseignants.
09:03C'est ce que nous dit un des témoignages
09:04qu'on a reçus également sur Facebook.
09:06C'est Namjan qui nous explique que sa fille de 3e
09:08a commencé l'année sans professeur de français.
09:10Et qu'au mois de novembre, finalement,
09:12ce sont les autres enseignants qui se sont organisés
09:14pour quand même arriver à faire des cours de français.
09:16Ce sont les autres enseignants qui, finalement,
09:18bouchent les trous.
09:19L'enseignante en question a été remplacée en décembre.
09:21Voilà pour un autre exemple de ces difficultés
09:23dont on a parlé ce matin.

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