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  • il y a 3 jours

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00:00Pour rendre le métier d'enseignant attractif,
00:02confronté au manque de professeurs,
00:04mais aussi à vos expériences personnelles,
00:06vous n'hésitez pas à nous appeler 0476 46 45 45
00:10et on va parler avec notre invité ce matin, Laurent Gallien.
00:12Il vient d'arriver dans l'Académie de Grenoble
00:14et nous dit-il ce matin, il a quasiment eu le temps d'en faire le tour,
00:17Philippe Dulbecco, bonjour.
00:19Bonjour.
00:19Vous êtes le nouveau recteur d'Académie de Grenoble,
00:21qui on le rappelle regroupe l'ISERM,
00:23mais aussi les Deux Savoies, la Drôme, l'Ardèche,
00:25ça fait pas mal de terrain à couvrir pour un recteur.
00:28Vous êtes là depuis deux semaines,
00:30vous avez vu à peu près tout le monde,
00:31vous avez pris la dimension de cette académie.
00:34Oui, une belle académie,
00:36beaucoup de personnes compétentes,
00:38une grande diversité des territoires en effet,
00:40et puis la nécessité pour les 659 333 élèves
00:46de les accompagner, de leur offrir à tous,
00:49à chacun, un projet personnel.
00:51Et de mettre également des enseignants,
00:53on va aussi pouvoir en parler ce matin, en phase 2.
00:56Le problème, les problèmes de l'Académie de Grenoble,
00:58est-ce qu'il y a une particularité déjà ?
01:00Est-ce qu'il manque plus d'enseignants qu'ailleurs ?
01:02Le manque d'enseignants, il n'est pas tant, il est réel, on est d'accord.
01:05Bon, d'abord, il faut dire que c'est une académie qui va plutôt bien.
01:10Il faut dire à vos auditeurs que les résultats
01:13aux différents examens, aux différentes évaluations
01:16dans cette académie sont au-dessus de la moyenne nationale.
01:18Donc il faut quand même rassurer toutes celles et tous ceux
01:21qui nous écoutent.
01:23Mettre les enfants à l'école dans l'Académie de Grenoble,
01:25c'est plutôt une académie dans laquelle
01:28toutes les chances de réussite sont garanties.
01:29Après, pour autant, je n'élude pas la question.
01:32On a trois sujets, je crois, dans cette académie.
01:35Le premier sujet, en effet, c'est l'attractivité du métier d'enseignant.
01:38Alors, il se pose dans cette académie, comme dans toutes les autres,
01:40et on va pouvoir en parler.
01:42On a un sujet qui me tient à cœur, qui est le sujet du bien-être
01:45des élèves et des personnels.
01:47Pour moi, c'est une priorité qu'il faut absolument poursuivre.
01:52Et je sais qu'Hélène Incel, qui était à ma place
01:54il y a quelques semaines, était...
01:57Et puis, il faut naturellement continuer sur la voie de l'excellence,
02:01puisque c'est une académie qui a de bons résultats.
02:03Et donc, nous devons aller encore plus loin.
02:05Alors, effectivement, le manque d'enseignants,
02:07c'est un des problèmes criants, vous l'avez dit.
02:10Une des dimensions, en tout cas, de cette académie.
02:14Il vous en manque combien d'enseignants ?
02:15Est-ce qu'on peut chiffrer comme ça le nombre d'enseignants manquants
02:19qu'il faudrait recruter à court terme ?
02:21Ce n'est pas comme ça que les choses se posent.
02:22Il y a 37 000 enseignants dans cette académie.
02:25Et donc, naturellement, et je me mets à la place des auditeurs,
02:28lorsqu'il y a un prof qui est absent dans un établissement,
02:30ça se voit, et c'est normal que...
02:32C'est tous les absences de longue durée, on est bien d'accord.
02:34Il y a plusieurs absences.
02:35Il y a les absences liées aux maladies...
02:38Là, on parle d'enseignants manquants sur plusieurs mois, parfois.
02:40Et puis, il y a ceux qui, effectivement, sont des enseignants
02:43qui, pendant plusieurs semaines, sont absents.
02:46Il faut comprendre une chose.
02:47Les deux phénomènes peuvent être liés.
02:49Vous savez, quand on est malade,
02:52on n'est pas obligé de dire pourquoi on est malade,
02:54et d'ailleurs, on ne le dit pas.
02:55On dépose un certificat médical,
02:59et puis, c'est la semaine d'après que l'on sait si l'enseignant va rentrer.
03:03Et s'il ne rentre pas, il dépose à nouveau un certificat médical.
03:05Et les deux sont liés.
03:06On peut avoir des maladies de longue période,
03:09et ça met, effectivement, l'académie en difficulté.
03:11Parce que, dans ces cas-là, on ne peut pas procéder directement
03:14au remplacement et mettre, par exemple, un contrat actuel sur le poste.
03:17Alors, effectivement, il y a des questions...
03:19Ça, c'est une question RH, de remplacement,
03:21qui se poserait à n'importe quelle entreprise, finalement, du remplacement.
03:25Mais on se souvient tous d'une époque où il y avait des remplaçants.
03:29Et ça ne posait pas ce problème-là de remplacer,
03:33et les arrêts maladie étaient les mêmes, déjà.
03:35Tout à fait.
03:36Il y a une question qui est la question d'attractivité du métier.
03:39C'est une question nationale,
03:41et qui se pose ici, dans l'académie de Grenoble,
03:45selon une logique un peu particulière.
03:47Vous savez qu'il y a des zones,
03:49plus on se rapproche de la Suisse, plus c'est difficile.
03:54Plus on se rapproche de Lyon, dans le Nord-Isère, plus c'est difficile.
03:57Et certaines zones, en Drôme et en Ardèche,
03:59dans lesquelles, effectivement, structurellement,
04:02utilisons le mot, on est en difficulté pour trouver des enseignants,
04:06et on est en difficulté pour trouver des remplaçants.
04:08Ça, c'est vraiment une des priorités sur lesquelles nous devons travailler.
04:11Vous savez que la ministre d'État,
04:14ministre de l'Éducation nationale, a lancé quand même une initiative,
04:17qui est de changer les modalités de recrutement des enseignants.
04:20Ce n'est pas simplement les former autrement,
04:22c'est aussi pouvoir constituer des viviers,
04:25qui seront, on l'espère, plus importants.
04:27Puisque, dès le baccalauréat, à partir de la prochaine rentrée,
04:30nous allons solliciter les jeunes en disant,
04:32si vous voulez rejoindre les métiers d'enseignement,
04:34vous venez avec nous dès le baccalauréat,
04:36on vous forme pendant trois ans,
04:38et ensuite, on vous met le pied à l'étrier pour entrer dans le métier.
04:42Donc, il y a des mesures qui sont des mesures nationales,
04:45et nous devons, nous, mettre en place des mesures à l'échelle de l'académie,
04:49c'est-à-dire les zones dont je viens de vous parler.
04:51Il n'y a aucune raison que les choses s'améliorent demain si on ne fait rien.
04:55Et donc, c'est une des priorités sur lesquelles je souhaite engager.
04:58On va reparler de ces zones, et notamment d'une...
05:01Dans un instant, on va donner la parole à un auditeur, une auditrice,
05:04je ne sais pas ce que le prénom...
05:05Tout à fait, c'est Claude qui nous appelle de rire,
05:07pour parler d'attractivité du métier.
05:09On va peut-être justement parler de ça avec vous.
05:11Claude, bonjour !
05:12Bonjour !
05:13Claude, vous êtes enseignante, c'est ça ?
05:16Oui, j'ai travaillé à mon compte depuis 1977,
05:21en maths, français, anglais.
05:24D'accord, très bien.
05:25Et alors, racontez-nous un petit peu.
05:27Donc, j'ai travaillé il y a 25 ans.
05:29C'est impressionnant, c'est la première fois que je passe à la radio.
05:32Ah, ben vous inquiétez pas, on ne mort pas, personne n'a été blessé,
05:35donc vous allez très bien.
05:36Vous ne risquez rien, rien du tout.
05:38Si vous voulez poser une question, il faut lever la main.
05:40Exactement, vous avez les beaux réflexes.
05:42Alors, dites-nous, Claude, vous, vous avez été enseignant.
05:44Alors, vous avez eu une expérience un peu compliquée.
05:49Racontez-nous ça.
05:50Donc, il y a 25 ans, j'ai travaillé au Collège des Pires Plantées à Montaigne-aux-Derciaux.
05:55J'étais là deux semaines avant la rentrée,
05:59parce que la titulaire était en dépression.
06:03J'avais quatre classes dans un préfabriqué.
06:05Deux de sixième, une de quatrième et...
06:08Non, c'est une de sixième, une de quatrième et deux de troisième.
06:12Trois classes se sont bien passées.
06:14La quatrième et la troisième, bien sûr, m'ont pris en grippe.
06:18Ce n'étaient pas des maghrébins,
06:19ce sont des petits blancs avec des survêtements et des baskets blanches.
06:22Ils m'ont mis deux fois le feu à ma classe, un préfabriqué.
06:26Ils m'ont volé mes lunettes de vue et m'ont trouvé un surnom méchant.
06:29J'ai pardonné.
06:31Je voudrais saluer notre maître à tous, Serge Papagali, le loup-kini dauphinois.
06:36Une dernière chose, j'accepterais de travailler dans l'éducation.
06:39Non, l'éducation nationale,
06:43mais à des conditions avec un vigile, avec un chien et avec une assistance sociale.
06:48C'est peut-être un peu beaucoup, Claude, le vigile, le chien.
06:52On va revenir, en tout cas, vous avez vécu une expérience
06:55qui était peut-être à la fois heureuse sur certains points
06:57et malheureuse sur d'autres, qui touche aux conditions de travail.
07:01Je reviens vers vous, Philippe Dulbeco.
07:03Vous avez parlé tout à l'heure de la souffrance des enseignants.
07:06Dans le recrutement, il y a la question des conditions de travail.
07:08Il y a la question aussi du salaire.
07:10Qu'est-ce qui manque, finalement, pour recruter plus de gens dans l'éducation nationale ?
07:14C'est des volontaires ou c'est de l'argent et de meilleures conditions ?
07:17J'ai parlé du bien-être des élèves et des enseignants et pas forcément de la souffrance,
07:20même si la souffrance, je peux la mesurer.
07:24Ce type de situation ne peut pas se produire, ne doit pas se produire.
07:29Et vous savez qu'aujourd'hui, on est davantage armés
07:33pour faire face à ce type de situation.
07:34Nous avons des équipes mobiles de sécurité.
07:37Nous avons des personnels de vie scolaire qui ont été, au fil du temps, formés à ce type de situation.
07:42On peut le regretter parce que ça veut dire aussi que les difficultés sociales sont rentrées dans l'école.
07:47Et donc, ce type de situation ne doit pas se produire.
07:50On doit effectivement être plus attractif.
07:51Et je crois effectivement que les conditions d'exercice du métier sont absolument essentielles.
07:56Après, pour revenir à ce dont nous parlions tout à l'heure,
07:59il y a des zones dans cette académie où le pouvoir d'achat et notamment la capacité à se loger
08:04fait que cela peut dissuader des enseignants de se rendre dans ces zones.
08:08Et donc, nous devons travailler parce que ça ne va pas s'améliorer demain.
08:12Et nous n'allons pas travailler seuls parce que l'éducation nationale toute seule ne pourra pas résoudre l'ensemble de l'équation.
08:17Vous savez, vous me dites que ça fait une semaine que je suis là, j'ai déjà rencontré une dizaine de maires.
08:21J'ai discuté longuement avec le président du conseil régional.
08:24J'ai discuté avec les préfets.
08:26Nous devons, sur ces zones-là, prendre la main de manière à trouver des dispositifs
08:30permettant aux enseignants de se loger dans de meilleures conditions.
08:33Commençons par le logement.
08:35On aura déjà, je pense, traité une partie du sujet.
08:37Je reviens sur le Nord-Isère, notamment la limite avec Lyon,
08:41parce que c'est un cas qui dure depuis des années et des années.
08:45Le Nord-Isère est un peu éloigné du centre de formation qu'était Grenoble.
08:49Des enseignants et des enseignants qui ne veulent pas forcément se déplacer.
08:51Et à côté, des enseignants lyonnais qui voudraient peut-être venir parce qu'ils sont à 20 minutes,
08:55mais qui ne peuvent pas parce qu'il y a une frontière académique.
08:57Elles existent toujours ces frontières académiques dans le recrutement ?
08:59Franchement, de moins en moins.
09:01Vous savez qu'on a créé une région académique,
09:03la région académique qui correspond à la région administrative.
09:07Et vous voyez, pas plus tard qu'hier soir,
09:09j'étais en conversation téléphonique avec la rectrice de Lyon,
09:11rectrice de région académique, pour évoquer ce type de situation.
09:15Parce que les frontières académiques sont des frontières purement administratives.
09:19Mais rassurez-vous, la question est traitée de manière très coordonnée entre les deux académies.
09:25On va prendre une auditrice qui nous appelle également d'Ayrieux ce matin.
09:28Bonjour Evelyne.
09:30Bonjour.
09:31Votre témoignage ou votre question assez rapidement,
09:34parce qu'on arrive presque au bout du temps avec M. le recteur.
09:36Allez-y Evelyne.
09:37Je voulais juste, moi, apporter un petit signalement.
09:41Moi, j'ai deux proches qui sont enseignants,
09:44une en enseignement secondaire et une en enseignement primaire.
09:48Et toutes les deux, malheureusement, ont eu des maladies.
09:51Et du coup, on prévenu en amont qu'elles allaient avoir un arrêt.
09:55Elles avaient les dates, puisqu'il y avait des interventions.
09:57Il y avait vraiment une hospitalisation qui était prévue.
10:00Et le remplacement n'a pas été effectué.
10:03Alors qu'elles ont prévenu en amont, le remplacement a été mis en place après,
10:09une fois que l'arrêt est arrivé, et deux, trois jours après.
10:12Bon, c'est-à-dire que les élèves ont bâti de cette absence,
10:15alors que les professeurs avaient prévenu de leur absence.
10:19Merci Evelyne pour votre témoignage à Ayrieux.
10:22Alors, effectivement, deux, trois jours,
10:23on va presque dire que ce n'est pas très long par rapport à d'autres absences
10:26qui peuvent être déplorées dans les établissements.
10:28Il faut attendre forcément que l'arrêt soit déposé pour remplacer un enseignant ?
10:31Vous voyez, c'est la parfaite illustration de ce que nous nous disions tout à l'heure, monsieur.
10:35C'est-à-dire qu'il y a des modalités administratives, juridiques,
10:38qui s'imposent à nous et qui font qu'on ne peut pas déclencher un remplacement
10:42tant que, formellement, on n'a pas reçu le certificat, il y a des règles.
10:46Bon, ça, il faut l'améliorer.
10:48Il faut l'améliorer et ça doit se faire au plus proche du terrain.
10:51Cette académie, comme je l'ai dit, elle mobilise 37 000 enseignants.
10:55La direction des ressources humaines et la gestion des ressources humaines
10:58ne peut pas se faire depuis Grenoble.
10:59Elle doit se faire au plus proche du terrain.
11:01Dans chacun des départements ?
11:02Au-delà ! Au-delà des bassins d'enseignement.
11:06Parce que les départements encore, regardez le département de l'ISER,
11:09ce n'est pas forcément la maille appropriée pour aller gérer les situations au plus près du terrain.
11:14Et c'est ce vers quoi nous irons, monsieur.
11:17Merci beaucoup, Philippe Dubeco, d'être venu nous voir ce matin,
11:20nouveau recteur d'académie de Grenoble, pour remplacer.
11:23Il faut aussi des candidats au remplacement et on a vu que c'était ce qui pouvait manquer également.
11:27Merci à vous pour vos messages.
11:28Vous pouvez continuer de nous en laisser sur la page Facebook.
11:31Le débat est toujours ouvert.
11:32Merci à Evelyne et à vos commentaires également, que l'on continue de lire avec attention.

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